Abeille
insecte hyménoptère, espèces réparties dans différents groupes / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Anthophila
« Anthophila » redirige ici. Pour le genre de lépidoptères, voir Anthophila (genre).
Pour les articles homonymes, voir Abeille (homonymie).
Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la super-famille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France métropolitaine[2]. L'espèce la plus connue est probablement Apis mellifera, qu'on élève dans des ruches pour la pollinisation des cultures et la production de miel. Cependant, la majorité des espèces d'abeilles se nourrit du nectar des fleurs et ne produit pas de miel.
Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie: domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons, en revanche, sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
Les abeilles, et les autres espèces de pollinisateurs, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est « de 100 à 1 000 fois plus élevé que la normale », selon l'ONU[5].
Lors de la Journée mondiale des abeilles du , l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs: l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
Étymologie
Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6]. D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla «petite abeille», diminutif d'apis «abeille»[8]. Cette forme est aussi attestée dans de nombreuses autres langues: le francoprovençal avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], l' espagnol abeja[12], etc.
Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis; Ce mot, manquant de corps, s'est vu intégré dans le composé mouche-ep, tandis que eps employé par Montaigne, se perpétue avant de sortir de l'usage. Malgré tout, encore au début du XIXe siècle, l’Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous la forme é dans quelques localités du nord, alors qu'elle est supplantée par le composé mouche à miel dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne mouche à mièl, Normandie septentrionale mouque à mié, Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine mouche é mi, Bourgogne), mouchette dans la frange est (Lorraine orientale mouchette, mohhâte, Franche-Comté du nord môtchotte), abeille dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge aboeille) et avette dans le val inférieur de la Loire[13].
D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche: « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la langue française informatisé (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
Pourtant, parmi les insectes appelés «abeille» en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu, voire pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la «famille des Apidés», explique qu'elle vit en société et produit du miel.
Noms vernaculaires et taxons correspondants
Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
Note: certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
- Abeille - en Europe Apis mellifera[18] et plus largement Apidae spp.[7] ou Apis spp.[réf. nécessaire].
- Abeille africaine - voir Abeille jaune d'Afrique[19]
- Abeille africanisée[20] - voir Abeille tueuse [21]
- Abeille allemande - voir Abeille européenne[19]
- Abeille asiatique - voir Abeille indienne[18]
- Abeille brune - voir Abeille européenne[19]
- Abeille-caillou - Apis mellifera ligustica, Apis graeca et Apis italica (Nouvelle-Calédonie)[22]
- Abeille carniolienne - Apis mellifera carnica[18]
- Abeille caucasienne (en) - Apis mellifica caucasia (en)[18],[23]
- Abeille charpentière
- Abeille commune - voir Abeille européenne[18]
- Abeille cotonnière - Anthidium manicatum[24]
- Abeille coucou ou Abeille-coucou[18]
- Abeille coupeuse de feuille - Voir Abeille découpeuse[25],[19]
- Abeille découpeuse - Megachile spp.[25],[26].
- Abeille découpeuse de la luzerne - Megachile rotundata[25]
- Abeille domestique - voir Abeille européenne[27],[28]
- Abeille euglossine - Euglossini spp.[réf. nécessaire]
- Abeille européenne - Apis mellifera [27]
- Abeille à face jaune - voir Abeille plâtrière[29]
- Abeille fouisseuse - Anthophora spp.[18]
- Abeille géante - Apis dorsata[18],[1],[28]
- Abeille indienne ou Abeille des Indes - Apis cerana[28],[18]
- Abeille italienne - Apis mellifera ligustica[30]
- Abeille jaune ou Abeille jaune d'or - voir Abeille italienne[30],[19]
- Abeille jaune d'Afrique - Apis mellifica adansonii (syn. Apis mellifera adansonii)[18]
- Abeille loup - Philanthus spp.[réf. nécessaire]
- Abeille maçonne - Osmia spp.[réf. nécessaire]
- Abeille masquée - voir Abeille plâtrière[29]
- Abeille mellifique ou abeille mellifère - voir Abeille européenne[18],[1],[28],[19]
- Abeille à miel
- Abeille naine - Apis florea[18],[1],[28]
- Abeille noire - Apis mellifera mellifera[18]
- Abeille noire d'Afrique - Apis mellifica unicolor[18]
- Abeille à orchidée - voir Abeille euglossine[réf. nécessaire]
- Abeille perce-bois - Xylocopa violacea[18]
- Abeille plâtrière - Colletidae spp.[29]
- Abeille des ruches - voir Abeille européenne[28]
- Abeille russe[réf. nécessaire]
- Abeille des sables - Andrenidae spp.[31]
- Abeille sans dard - Meliponini spp.[réf. nécessaire]
- Abeille de la sueur - Halictidae spp.[29]
- Abeille des terres alcalines - Nomia melanderi[32]
- Abeille tapissière - Megachilidae spp.[33]
- Abeille tisserande[réf. nécessaire]
- Abeille tueuse - hybride : Apis mellifera scutellata x Apis mellifera ssp[34],[21]
- Abeille vraie - Apinae spp. ou uniquement genre Apis spp.[18]
- Abeille xylocope - voir Abeille perce-bois[18]
- etc.
Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
L'histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[35].
On ignore encore quel est l'ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d'années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[36]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[37].
On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis: datée de 100 Ma, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les «abeilles» et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 Ma, dans l'actuelle région de la mer Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant, l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de soies et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (genre Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles: l'expression «abeille domestique» est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[27], mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'humain. Par opposition, on nomme «abeille sauvage» une abeille non domestiquée. L'expression «abeille sociale» désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une «abeille solitaire» constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des «abeilles parasites» ou «abeilles coucous» qui pratiquent le cleptoparasitisme.
Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés: miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés: de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des «abeilles à miel».
La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg[réf. nécessaire].
- Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
Grands types d'abeilles
Abeilles solitaires
La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] sont solitaires: elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l'halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des «rubicoles» (au sens strict «qui habitent les ronces») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des «xylicoles» qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
- Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
- Andrena vaga sur une feuille.
Abeilles parasites
Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d'autres espèces.
Abeilles sociales
Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes:
- la reine, l'unique femelle fertile du groupe, mère de toute la colonie. À sa naissance, elle élimine les quelques cellules contenant d'autres reines. Elle effectue un vol nuptial au cours duquel sa spermathèque est remplie pour toute sa vie par environ une quinzaine de mâles. Elle émet les phéromones de reine assurant la cohésion du groupe et passe sa vie à pondre. La reine ne sort plus de la ruche jusqu'à ce que se produise un essaimage. Son espérance de vie est d'environ trois à quatre ans;
- une majorité d'ouvrières, femelles non fertiles qui assurent l'entretien et le ravitaillement du nid, ainsi que les soins au couvain (sorte de maternité où se développent les futures abeilles). Elles assurent successivement toutes ces tâches au cours d'une vie durant de quelques semaines à quelques mois. Au départ, les œufs pondus fécondés sont tous les mêmes; ce sont les soins et[45] la nourriture donnés par les nourrices à la larve avant operculation de la cellule de gestation qui détermine si ce sera une reine ou une ouvrière qui naîtra : la future reine est toujours nourrie avec de la gelée royale alors que ce n'est le cas que 3 jours pour les futures ouvrières et ensuite elles sont nourries avec du "pain d'abeille" (mélange de pollen et de salive). La nourriture influence le développement des femelles via notamment des modifications de la méthylation de l'ADN (modifications épigénétiques)[46].
- des mâles (ou faux bourdons), dont le seul rôle connu est la fécondation des futures reines. Ils meurent après l'accouplement. Le mâle vient au monde par un mode de reproduction appelé parthénogenèse gamophasique. Il naît donc d'un œuf pondu, non fécondé par la spermathèque de la reine pondeuse. Cette découverte est due à l'abbé Jan Dzierżon qui démontra, en 1845, que la reine donne naissance à des mâles par parthénogenèse. Il existe une autre source de mâles. L'absence (mort de la reine) de phéromones royales déclenche chez les abeilles nourrices un réflexe d'élevage de nouvelles reines. Si cet élevage de nouvelles reines échoue, l'absence de la phéromone royale qui inhibait le développement des ovaires des ouvrières n'existe plus, alors certaines abeilles ouvrières vont développer leurs ovaires et se mettre à pondre. Comme elles n'ont pas été fécondées, elles ne vont donner naissance qu'à des mâles. On dit que la ruche est bourdonneuse, la colonie est condamnée. Les abeilles pondeuses vont émettre la même phéromone que la reine, l'acide 9-céto-décènoïque.
Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
Un essaim d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
Abeilles à miel
L'expression «abeille à miel» ou «abeille mellifère» est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel, mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces, ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions d'Asie.
Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
Abeilles à miel sans dard
Certaines abeilles sans dard, autochtones et endémiques d'Amérique, produisent du miel. C'est le cas des abeilles de la tribu des Meliponini, regroupant notamment les genres Melipona et Trigona, qui produisent de petites quantités de miel, le miel de mélipone, considéré comme un miel rare.
- Vue dorsale des trois principales espèces.
- Vue latérale des trois principales espèces.
- Abeille à miel d'Europe et d'Afrique: Apis mellifera.
- Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire: Apis mellifera mellifera.
- Abeille à miel asiatique: Apis cerana.
- Abeilles à miel géantes: Apis dorsata.
Systématique
Histoire de la classification
Avant Carl von Linné, on ne connaissait comme abeille que la «mouche à miel». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758, il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
Les connaissances sur ces insectes progressant, le seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Willian Kirby et Pierre-André Latreille, suivis par Alexandre Schenk et Carl Gustaf Thomson, les classifications gagnent en précision: Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles: les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles «vraies»). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
Classification au XXIe siècle
Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[28] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
Familles actuelles
Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[36] et Hedtke et al. 2013[réf. nécessaire], en concordance avec ITIS[53]:
- Apidae Latreille, 1802 - abeilles «vraies» ou «abeilles sociales»
- Andrenidae Latreille, 1802 - abeilles des sables
- Colletidae Lepeletier, 1841 - abeilles à face jaune ou abeilles plâtrières.
- Halictidae Thomson, 1869 - abeilles de la sueur.
- Megachilidae Latreille, 1802 - abeilles découpeuse
- Melittidae Michener, 2000 - famille de l'abeille à culotte
- Stenotritidae Michener, 2000
Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
Place au sein des guêpes apoïdes
Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[54] :
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Phylogénie interne
Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[55]
Anthophila |
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Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées.
Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue: le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[56]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[57]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[58]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[59]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population: parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle des insecticides[60] et non concluant pour les ondes électromagnétiques autres que la lumière[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En , l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
Interactions écologiques
La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées: l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
Le les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme «un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques»[63].
Les abeilles comme vecteur de maladies des plantes
En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64] ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].