Attentats du 13 novembre 2015 en France
série d'attentats ayant eu lieu en Île-de-France / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Les attentats du 13 novembre 2015 en France, revendiqués par l'organisation terroriste État islamique (Daech), sont une série de fusillades et d'attaques-suicides islamistes perpétrées dans la soirée à Paris et dans sa périphérie par trois commandos distincts. Le bilan officiel des victimes fait état de 130 morts et de 413 blessés hospitalisés, dont 99 en situation d'urgence absolue. Ces attentats sont les plus meurtriers perpétrés en France et les deuxièmes en Europe (hors attentats aériens), après les 191 morts des attentats de Madrid du 11 mars 2004.
Pour les articles homonymes, voir Treize-Novembre.
Attentats du en France | |
À gauche, et de haut en bas : recueillement à La Belle Équipe, forces d'intervention à Saint-Denis, véhicules de police devant le Bataclan, recueillement place de la République. À droite, et de haut en bas : illumination tricolore de la tour Eiffel, devise de Paris : Fluctuat nec mergitur. | |
Première attaque | |
---|---|
Localisation | Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) |
Cible | Abords du Stade de France (3 explosions) |
Coordonnées | 48° 55′ 28″ nord, 2° 21′ 36″ est |
Deuxième attaque | |
Localisation | Paris 10e |
Cible | Restaurant Le Petit Cambodge et bistrot Le Carillon |
Coordonnées | 48° 52′ 18″ nord, 2° 22′ 04″ est |
Troisième attaque | |
Localisation | Paris 11e |
Cible | Brasserie Café Bonne Bière et restaurant Casa Nostra |
Coordonnées | 48° 52′ 07″ nord, 2° 22′ 06″ est |
Quatrième attaque | |
Localisation | Paris 11e |
Cible | Bataclan |
Coordonnées | 48° 51′ 48″ nord, 2° 22′ 13″ est |
Cinquième attaque | |
Localisation | Paris 11e |
Cible | Bar La Belle Équipe |
Coordonnées | 48° 51′ 14″ nord, 2° 22′ 55″ est |
Sixième attaque | |
Localisation | Paris 11e |
Cible | Bistrot-restaurant Comptoir Voltaire |
Coordonnées | 48° 51′ 01″ nord, 2° 23′ 35″ est |
Date | Du à 21 h 16 au à 0 h 58 (UTC+1) |
Type | Attentats-suicides, fusillades, prises d’otages, tueries de masse |
Armes | Fusils d'assaut Kalachnikov, ceintures et gilets d'explosifs comportant du TATP[1] |
Morts | 130 ou 131[2] (et 7 terroristes) : - Abords du Stade de France : 1 (et 3 terroristes) |
Blessés | 413 (dont 99 grièvement) |
Participants | 9 |
Organisations | État islamique |
Mouvance | Terrorisme islamiste |
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Une première attaque a lieu à Saint-Denis, aux abords du Stade de France, où se joue un match amical de football France-Allemagne, auquel assiste le président de la République François Hollande. Le personnel de sécurité leur refusant de pénétrer dans l'enceinte du stade, trois terroristes se font exploser dans ce qui constitue les tout premiers attentats-suicides en France. D'autres attaques ont ensuite lieu à Paris, dans plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements, où trois individus mitraillent des terrasses de cafés et de restaurants ; deux d'entre eux prennent la fuite, le troisième se fait exploser. L'attaque la plus longue et la plus meurtrière, comptant 90 morts, a lieu dans la salle de spectacle du Bataclan (également dans le 11e arrondissement), où environ 1 500 personnes assistent au concert du groupe américain de rock Eagles of Death Metal et où trois autres djihadistes ouvrent le feu sur le public, avant qu'un assaut des forces de l'ordre y mette fin et tue les terroristes.
Un communiqué de Daech ainsi que l'enquête policière laissent supposer qu'un quatrième attentat aurait pu être commis dans le 18e arrondissement. L'enquête atteste qu'un attentat-suicide était programmé cinq jours plus tard dans le quartier d'affaires de La Défense. « C'est un acte de guerre commis par une armée terroriste, Daech », déclare le président François Hollande la nuit des attentats.
La gravité de la situation est telle que le gouvernement décrète l'état d'urgence sur tout le territoire national, une première depuis le putsch d'Alger de 1958. La police et la gendarmerie effectuent de nombreux contrôles dans tout le pays pour traquer les criminels en fuite et prévenir de futures attaques, tandis que le président de la République rencontre tour à tour les grands dirigeants mondiaux afin de tenter de mettre sur pied une coalition élargie pour « détruire Daech » dans ses fiefs de Syrie et d'Irak. Le Belgo-Marocain Abdelhamid Abaaoud, qui selon les autorités françaises joue un « rôle déterminant » dans l'organisation de ces attentats, est tué en même temps que deux complices le , lors d'un assaut donné par les forces de police à Saint-Denis. À la suite de ces attentats liés à la Belgique, les autorités belges placent l'agglomération bruxelloise en état de siège du 21 au 26 novembre 2015, craignant des attaques imminentes dans la capitale belge. L'unique survivant des commandos responsables de ces attaques, Salah Abdeslam, est capturé par la police belge dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean le , après quatre mois de fuite.
La même cellule terroriste franco-belge, constituée autour d'Abdelhamid Abaaoud et dirigée depuis Raqqa, prépare, coordonne et commet les attentats déjoués à Verviers en janvier 2015, la tentative d'attentat du train Thalys le 21 août 2015 et les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Le commanditaire belgo-marocain Oussama Atar, tué en 2017 en Syrie, souhaite également l'organisation d'un attentat à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol le jour du . Selon de Volkskrant, il envoie à cet effet le Tunisien Sofien Ayari et le Suédois Osama Krayem sur place, plus tard arrêtés, leurs plans ne se concrétisant pas pour une raison encore inconnue. Ces deux terroristes, ainsi que 18 autres accusés (dont six sont présumés morts en Syrie et quatorze comparaissent physiquement, dont le seul survivant du commando responsable des attaques, Salah Abdeslam), sont jugés à Paris à partir du 8 septembre 2021. Le 2022, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France livre son verdict. Les vingt peines vont de 2 ans de prison à la perpétuité incompressible, cette dernière est appliquée à Salah Abdeslam ainsi que 5 terroristes présumés morts.
Terrorisme en France et à l'étranger
En janvier 2015, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, qui se réclament respectivement d'Al-Qaïda au Yémen et de l'État islamique, commettent une série d'attentats et d’autres actes criminels — de l'attaque contre Charlie Hebdo à la prise d'otages dans le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes — faisant dix-sept morts.
D'autres attentats ont suivi : en , Sid Ahmed Ghlam échoue dans son projet d'attentat, mais tue néanmoins Aurélie Châtelain à Villejuif (Val-de-Marne). Le , Yassin Salhi étrangle et décapite son patron, puis tente de faire exploser une usine de production de gaz industriels et médicaux de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Le , quatre jeunes de 16 à 23 ans, dont un ancien militaire, sont soupçonnés de projeter une attaque contre le camp militaire du fort Béar, à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), et de vouloir filmer la décapitation d'un officier. Un attentat dans un train Thalys, le , aurait pu avoir des conséquences bien plus graves sans l'intervention de voyageurs. Enfin, le , un autre projet d'attaque visant des militaires de la Marine nationale à Toulon (Var) est déjoué[3].
La France n'est pas la seule touchée. Les 14 et , les fusillades de Copenhague tuent deux personnes, et, en mars et en juin en Tunisie, l'attaque du musée du Bardo et l'attentat de Sousse, revendiqués par l'organisation État islamique (EI), en tuent respectivement vingt-deux et trente-neuf. Le Premier ministre du Royaume-Uni David Cameron annonce en septembre qu'un attentat de l'EI visant Élisabeth II a été déjoué[4].
La Belgique est également particulièrement touchée par le terrorisme. Le premier attentat commis par l'organisation État Islamique en Occident est perpétré le au musée juif de Bruxelles, causant la mort de quatre personnes. Après les attentats de janvier, le pays a mis en place l'opération Vigilant Guardian sur le modèle de l'opération Sentinelle. De plus, la filière belge est citée dans la plupart des attentats récents perpétrés ou déjoués en France et en Europe. Les armes utilisées par les terroristes pour commettre la plupart de ces actes ont été achetées ou obtenues en Belgique. Enfin, des attentats visant des commissariats de police ont été déjoués de justesse notamment l'élimination de la cellule terroriste dite « de Verviers » ou encore la nuit du Nouvel An[5]. Dans le cadre des vagues de perquisitions conduites dans le pays à la suite des attentats du 13 novembre, la police a découvert que des djihadistes présumés espionnaient un haut responsable nucléaire, ce qui a poussé les autorités à craindre des attaques contre des centrales nucléaires. La Belgique est même qualifiée par certains médias de « plaque tournante » du terrorisme en Europe. En effet, le pays est, en Europe, celui qui compte le plus grand nombre de personnes parties combattre en Syrie ou en Irak, proportionnellement à sa population. Le pays, très proche de la France, fait face à une menace terroriste parmi les plus fortes d'Europe[6],[7],[8],[9]. Le , sa capitale Bruxelles est frappée par une série d'attentats-suicides à l'aéroport et dans une rame de métro à la station Maelbeek — très proche des institutions européennes —, faisant 35 morts et 340 blessés.
À la suite de l'attentat du Thalys en août déjoué in extremis, François Hollande déclare : « Nous devons nous préparer à d'autres assauts et donc nous protéger[10]. » Plusieurs semaines avant les attentats, le juge du pôle antiterroriste Marc Trévidic prévenait également : « Les jours les plus sombres sont devant nous […] Le terrorisme est une surenchère ; il faut toujours aller plus loin, frapper plus fort. Et puis, il reste le « prix Goncourt du terrorisme » à atteindre, et je fais là référence aux attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center. Je n'imagine pas un instant qu'un homme tel qu'Abou Bakr al-Baghdadi et son armée vont se satisfaire longtemps d'opérations extérieures de peu d'envergure. Ils sont en train de penser à quelque chose de bien plus large, visant en tout premier lieu l'Hexagone[11]. »
La France, un pays devenu cible
Les attentats de novembre 2015 sont inspirés par le djihadiste Abou Moussab al-Souri qui dans son « appel à la résistance islamique mondiale » recommandait dès 2005 de commettre des attaques terroristes en Europe via la jeunesse musulmane immigrée afin d'« enclencher la dislocation finale de l'Occident, préalable au triomphe mondial de l'islamisme »[12]. Selon lui, des attentats répétés engendreraient une réaction hostile à l'islam, qui pousserait en réaction les musulmans de France à rejoindre leurs rangs[13].
Alors qu'au début du millénaire la France n'était pas une cible des djihadistes du Moyen-Orient, notamment de par son refus de cautionner l'attaque américaine de l'Irak en 2003, la tonalité change progressivement entre le vote de la loi sur les signes religieux dans les écoles en 2004 et celui de l'interdiction du port du voile intégral en 2010[14]. Le jet d'une grenade lacrymogène à proximité de la mosquée Bilal à Clichy-sous-Bois attise les émeutes de 2005, puis la republication l'année suivante par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet fait de la France une nouvelle cible des djihadistes, bien que les projets d'attentats ne parviennent pas à se concrétiser[14]. Aussi, le , le théologien en chef d'Al-Qaïda Abou Yahya al-Libi exhorte à frapper trois pays européens où ces caricatures sont republiées, dont la France[14]. Élu président de la République en 2007, Nicolas Sarkozy finit d'aligner la France sur les États-Unis en procédant au retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN et en renforçant le contingent français en Afghanistan[14].
Le , au Caire, un groupe de jeunes touristes français est visé par un attentat à la bombe, faisant quinze blessés et une morte, âgée de 17 ans. Au cours de l'enquête, des interpellations (dont celle du belge Farouk Ben Abbes) par les autorités égyptiennes aboutissent à l'information selon laquelle la France était visée par des projets d'attentat[15] au Bataclan[16]. Cette menace était liée au fait que les propriétaires juifs de la salle de spectacle avaient prévu, en janvier 2009, d'organiser un gala de soutien à l'Armée Israélienne, comme en 2007[17] et 2008. Des associations de soutien à la Palestine avaient manifesté contre ces événements.
Dispositifs antiterroristes
- Depuis le , le plan Vigipirate était placé au niveau « alerte attentat » en Île-de-France, sur décision du Premier ministre.
- Depuis le , le président de la République, chef des armées, déploie à l'échelle nationale l'opération Sentinelle (toujours en cours), pour faire face à la menace terroriste et protéger les points sensibles du territoire.
À la suite des attentats, la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement est votée, élargissant l'arsenal de mesures antiterroristes dont dispose l'État, notamment en matière de surveillance des communications[18].
Politique extérieure
En 2014, au cours des guerres civiles en Syrie et en Irak, l'État islamique prend le contrôle de larges territoires dans ces deux pays. En , une offensive des djihadistes (en) dans le Kurdistan irakien provoque une intervention militaire des pays occidentaux. Une coalition se forme et lance une campagne de frappes aériennes contre l'EI ; en Irak à partir du , puis en Syrie le [19],[20]. La France, de son côté, intervient au sein de cette coalition en menant l'opération Chammal, d'abord en Irak le , puis en Syrie le [21],[22].
Avec le début des frappes aériennes de la coalition internationale, l'État islamique passe d'une logique de « djihad régional » — focalisé à la lutte contre les États de la région — à une logique de « djihad global », en se déclarant en lutte contre le reste du monde et en particulier contre l'Occident[23],[24],[25]. Alors que l'État islamique n'avait jusque-là jamais menacé l'Europe, le Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l'État islamique, publie un message où il appelle au meurtre des citoyens des pays de la Coalition, « surtout les méchants et impurs Français »[26],[27],[28].
Dans la journée du 13 novembre, avant les attentats, la France rétablit des contrôles aléatoires à ses frontières métropolitaines, dans le cadre des mesures de sécurité prévues pour la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) qui doit s'ouvrir le 30 novembre au parc des expositions de Paris-Le Bourget[29].
Le , le porte-avions français Charles de Gaulle quitte son port d'attache de Toulon en direction de l'est de la mer Méditerranée afin de soutenir les opérations de bombardement menés par la coalition internationale[30]. Cette décision avait été prise avant les attentats de novembre, mais est accélérée par ces événements. Ces avions sont opérationnels à partir du lundi [31],[32] et entrent en action sur des sites en Syrie et aussi en Irak.
Contexte extérieur
Plusieurs spécialistes signalent que la concurrence pour le « djihad mondial » entre Al-Qaïda et l'État islamique est de plus en plus importante, au bénéfice de la seconde organisation[33]. Des individus se réclamant de l'État islamique commettent au moins cinq attentats dans le monde occidental depuis 2014, cependant ils ne sont pas tous officiellement revendiqués par l'État islamique :
- l'attentat du musée juif de Belgique, le ;
- la fusillade d'Ottawa, au Canada, le ;
- la prise d'otages de Sydney, les 14 et ;
- la prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, en France, le ;
- les fusillades de Copenhague au Danemark, les 14 et .
Le 31 octobre, un avion russe s'écrase au Sinaï peu après le décollage. L'État islamique en revendique la destruction. Les constatations techniques confortent l'hypothèse d'une destruction brutale par une explosion interne. Après maintes tergiversations, la Russie admet le au matin qu'il s'agissait d'un attentat à la bombe, sans préciser la responsabilité de l'État islamique. Elle intensifie les attaques en Syrie[34] à Raqqa, fief de l'État islamique[35].
Le 12 novembre, l'État islamique revendique un double attentat contre un quartier chiite de Beyrouth (bilan : quarante-trois morts et deux cent trente-neuf blessés[36]). Un bourreau de l'organisation, Jihadi John, est tué le même jour par un drone américain[37]. Le 13 novembre, l'État islamique est bouté hors de Sinjar (Irak) par les combattants kurdes[38]. La série d'attentats du 13 novembre a lieu la veille d'une conférence internationale sur la Syrie[39] et du G20 2015.
Plusieurs autres attentats ont lieu dans les semaines suivantes : à l’hôtel Radisson Blu de Bamako (20 novembre, 22 morts, revendiqué par Al-Mourabitoune)[40], contre la police en Tunisie (24 novembre, douze morts, revendiqué par l’EI[41]), triple-attentat au Tchad (5 décembre, 27 morts, revendiqué par Boko Haram)[42], etc. Un autre aurait été déjoué en décembre à Orléans (Loiret)[43].
Durant le week-end du 21 au 22 novembre, la région de Bruxelles-Capitale passe en alerte maximale, avec métro, musées et magasins fermés et forces de l'ordre massivement déployées, blindés et forces armées dans les rues, les autorités craignent une menace « imminente ». Cet état de siège se prolonge le lundi suivant où le métro et toutes les écoles et universités de la capitale restent fermés[44]. Les établissements d'enseignement et le métro rouvrent progressivement à partir du mercredi. Le , Bruxelles est frappée par une vague d'attentats-suicides à l'aéroport de Bruxelles ainsi que dans le métro causant la mort de 35 personnes et blessant 340 autres[45].
Crise migratoire
L'Europe est touchée par une crise migratoire de grande ampleur, provoquée par la chute du régime de Kadhafi en Libye — lequel contrôlait l'accès à la mer Méditerranée — et aggravée par la guerre civile en Syrie. À partir de l'été 2015, des centaines de milliers d'extra-européens, dont un flux important de Syriens issus des camps de réfugiés turcs, arrivent dans l'espace Schengen, pénétrant, pays par pays, vers l'Europe du Nord-Ouest, en particulier l'Allemagne, afin d'y demander asile[46]. Ils progressent à pied et par les moyens de transports fournis par divers États et ONG, qui distribuent également des vivres.
Une vive polémique déchire à l'automne 2015 les démocraties européennes quant aux causes de cette immigration, aux actions des différents gouvernements et à leurs responsabilités. Pressé sur la question de savoir si l'État islamique pourrait profiter de l'opportunité, Bernard Cazeneuve, ministre français de l'Intérieur, affirme sur Europe 1 le 13 septembre : « Je ne peux pas exclure que des terroristes profitent de ces flux de réfugiés pour venir en Europe. Ce n'est pas le cas pour l'instant[47]. » Le , il déclare que des auteurs des attentats « ont profité de la crise des réfugiés, notamment au moment de ce chaos, peut-être, pour certains d'entre eux, se glisser »[48].
Des fausses informations évoquent des migrants se réclamant de l'État islamique, en s'appuyant sur une photographie détournée, tirée en réalité d'une manifestation islamiste de 2012 à Solingen. D'abord massivement rejetée par les médias (France Télévisions[49], La Libre Belgique[50], etc.) et qualifiée de « propagande », de « fantasme »[49], de « mythe »[51] ou de « rumeurs »[52],[53], l'hypothèse que certains terroristes auraient profité de la crise migratoire pour s'y dissimuler est progressivement envisagée. Pascal Bories de Causeur dénonce le « zèle étonnant » des médias à minimiser la menace terroriste avant de la reconnaître, après les attentats, comme une « question légitime[54] ». Ainsi, le directeur du Centre français de recherches sur le renseignement Éric Denécé déclare : « Il ne faut pas exagérer la rumeur d'infiltration de terroristes parmi les réfugiés, car elle peut être utilisée par les anti-migrants, qui veulent que l'Europe se barricade en disant que seuls des islamos vont entrer, mais on ne peut être sûr qu'il n'y en a pas du tout »[55]. Le phénomène est attesté, bien qu'à un pourcentage « infinitésimal » selon Boris Thiolay de L'Express[56]. Pour Dominique Thomas, spécialiste des mouvements salafistes et djihadistes, « la crise des migrants a constitué un effet d'aubaine pour l'État islamique. Il ne s'agit pas d'une démarche extrêmement planifiée, mais plutôt d'un opportunisme. L'utilisation des routes migratoires permet à des djihadistes de toutes nationalités de se fondre dans la masse. Mais il faut garder à l'esprit que ces hommes n'agissent pas seuls : arrivés en Europe, ils s'appuient sur un réseau local qui connaît les lieux ciblés et effectue les repérages[56] ».
Les attentats sont planifiés à Raqqa en Syrie par l'Amn al-Kharji, la branche de l'Amniyat, le service de renseignement de l'État islamique, chargée des opérations terroristes en dehors des territoires contrôlés par le califat[57]. L'opération est montée sous le patronage d'Abou Mohammed al-Adnani et de son adjoint Abou al-Bara al-Iraki[57]. Elle est supervisée par Oussama Atar, chef de l'Amn al-Kharji, et par Boubaker El Hakim[57]. Abou Lôqman, le chef de l'Amniyat, semble également y avoir été associé[57]. Sur le terrain, le commando est dirigé par Abdelhamid Abaaoud[57]. D'autres responsabilités sont déléguées : Abou Walid al-Souri, responsable de la formation des forces spéciales, est chargé de l'entraînement du commando ; Abou Mahmoud al-Chami, artificier de l'Amn al-Kharji, est chargé de la vérification des explosifs ; Abou Maryam al-Iraki, est chargé du transfert des membres du commando vers la Turquie[57].
L'enquête initiée après les attentats permet de rassembler des éléments sur la préparation des attaques. Il en ressort que les préparatifs se sont étendus sur plusieurs mois. Début septembre, deux appartements « conspiratifs » sont loués en Belgique. Dans l'un d'eux, des traces de l'explosif utilisé dans les ceintures explosives des terroristes sont retrouvées[58]. Le 9 septembre, Salah Abdeslam est contrôlé à la frontière austro-hongroise en provenance de Budapest. Il se trouve en compagnie de Mohamed Belkaïd et Najim Laachraoui, munis de deux fausses cartes d'identité belges au nom de Samir Bouzid et Soufiane Kayal. Ces deux hommes, soupçonnés d'avoir ensuite coordonné les attaques depuis Bruxelles le 13 novembre, mourront à Bruxelles en mars 2016 dans le cadre de la traque de Salah Abdeslam et de l'attentat à l'aéroport international de Bruxelles[59]. Le 5 octobre, une autre maison est louée en Belgique par l'équipe chargée de préparer les attentats[58]. Les trois voitures utilisées par les commandos du 13 novembre sont louées quelques jours avant le début des opérations en Belgique. Les 10 et 11 novembre, Salah Abdeslam est repéré par deux fois à bord de l'un de ces véhicules, une Clio noire, sur des autoroutes françaises, entre Paris et la Belgique[60]. Le 12 novembre, l'équipe de terroristes rejoint depuis Bruxelles son objectif parisien à bord des trois voitures, via Charleroi où le troisième véhicule rejoint les deux autres[61]. Ils arrivent à Paris en début de soirée et se répartissent entre deux logements loués par les frères Abdeslam. Le commando du Bataclan loge à Alfortville, tandis que les équipes du Stade de France et des terrasses se rendent dans un pavillon de Bobigny[61]. À 19 h 40, l'équipe du Bataclan se met en route pour sa destination à bord de la Polo. Les trois kamikazes du Stade de France conduits par Salah Abdeslam prennent le départ de Bobigny à bord de la Clio à 20 h 29, puis l'équipe des terrasses part dix minutes plus tard avec la Seat[61]. Les attaques sont coordonnées depuis Bruxelles, possiblement par les deux individus contrôlés à la frontière austro-hongroise avec Salah Abdeslam[59]. Les coordinateurs communiquent avec le commando du Bataclan et avec Abdelhamid Abaaoud le soir du 13 novembre. Les deux lignes utilisées sont géolocalisées au même endroit en Belgique[59].
Selon le journal néerlandais de Volkskrant, un Tunisien et un Suédo-Syrien, tous deux âgés de 23 ans, sont envoyés le à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol par Oussama Atar pour perpétrer un attentat parallèle[62]. Leur projet échoue à se concrétiser pour une raison inconnue. Ils sont arrêtés en 2016 avec Salah Abdeslam.