Basilique Saint-Denis
basilique située en Seine-Saint-Denis, en France / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Basilique Saint-Denis?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Pour la station de métro, voir Basilique de Saint-Denis (métro de Paris).
La basilique-cathédrale Saint-Denis est une église de style gothique située au centre de la ville de Saint-Denis, 1 rue de la Légion-d'Honneur, à cinq kilomètres au nord de Paris dans le département français de Seine-Saint-Denis en région Île-de-France.
Basilique Saint-Denis | |
Façade de la basilique Saint-Denis après les travaux de restauration (2012-2015). | |
Présentation | |
---|---|
Nom local | Basilique de Saint-Denis |
Culte | Catholique romain |
Dédicataire | Saint Denis |
Type | Abbatiale puis Cathédrale |
Rattachement | Diocèse de Saint-Denis (siège) |
Style dominant | Architecture gothique |
Protection | Classée MH (1862, 1926) |
Site web | http://www.saint-denis-basilique.fr/ |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Île-de-France |
Département | Seine-Saint-Denis |
Ville | Saint-Denis |
Coordonnées | 48° 56′ 08″ nord, 2° 21′ 35″ est |
modifier |
Fondée à l'origine en tant qu'abbatiale, elle a le statut de cathédrale du diocèse de Saint-Denis depuis 1966[1].
À ses origines, l'ancienne abbaye royale de Saint-Denis est associée à l'histoire des Francs. L'église abbatiale a été dénommée « basilique » dès l'époque mérovingienne (comme beaucoup d'autres églises). Elle s'élève sur l'emplacement d'un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Le transept de l'église abbatiale, d'une ampleur exceptionnelle, était destiné à accueillir les tombeaux royaux. Elle est ainsi la nécropole des rois de France depuis les Robertiens et Capétiens directs, même si plusieurs rois mérovingiens puis carolingiens avaient choisi d'y reposer avant eux.
La basilique Saint-Denis fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[2]. Le jardin qui l'entoure fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].
La basilique est desservie à 400 mètres par la ligne 1 du tramway et par la ligne 13 du métro à la station Basilique de Saint-Denis.
Christianisation de la Gaule
Dès le Bas-Empire, une nécropole gallo-romaine est attestée sur le site de Saint-Denis par différentes campagnes archéologiques[4]. Selon une tradition peu solide, Denis, saint légendaire, aurait été martyrisé sur l'emplacement de l'actuelle église Saint-Denys de la Chapelle. Une première Passion de saint Denis, un récit du début du VIe siècle, raconte qu'une chrétienne nommée Catulla aurait inhumé son corps dans un champ lui appartenant[4]. Puis, certainement après l'édit de Milan, aurait été élevé un mausolée qui serait rapidement l'objet d'un culte, comme le suggère la présence voisine de plusieurs sarcophages en pierre ou en plâtre d'aristocrates francs. D'après la Vie de sainte Geneviève (source hagiographique rédigée vers 520 et qu'il faut manier avec précaution)[5], la sainte patronne de Paris ayant visité le tombeau du martyr, aurait trouvé qu'il était indigne d'un personnage aussi glorieux. Sainte Geneviève obtient du clergé parisien d'acheter des terres sur le « vicus Catulliacus » et y fait édifier une chapelle gallo-romaine[6] entre 450 et 475[7],[8].
Ces traditions incertaines sont reprises dans La Légende dorée de Jacques de Voragine qui popularise le mythe de saint Denis céphalophore qui, après sa décollation, se serait relevé et aurait marché, la tête dans les mains, jusqu'au lieu où il voulait être enterré, dans le cimetière gallo-romain de Catolacus qu'aurait retrouvé sainte Geneviève[9]. Quoi qu'il en soit, il reste difficile pour la recherche actuelle de démêler la vérité historique et les traditions légendaires[10].
Sous les Mérovingiens et les Carolingiens
L'église sous les Mérovingiens
Un premier agrandissement de la chapelle dans le cimetière gallo-romain de Catolacus apporte une prolongation de 11 mètres à l’ouest. Alors que Michel Fleury le situait entre 540 et 550, soit sous le règne de Childebert Ier, Patrick Périn l’a récemment estimé aux années 451-459, proposant d’y reconnaître la chapelle de sainte Geneviève[11].
De fait, le lieu a à cette époque un grand prestige comme en témoigne la découverte en 1959 du sarcophage de la reine Arégonde, épouse de Clotaire Ier et bru de Clovis, morte entre 573 et 579, première personne royale qui y est enterrée[12]. La pratique de l'inhumation ad sanctos (« près des Saints ») inaugurée par Clovis a donc été rapidement imitée par l'aristocratie. Le développement d'une vaste nécropole ad sanctos sur au moins 8 000 m2 au nord du sanctuaire est la conséquence la plus directe de la promotion du culte de Denis[13].
Les Gesta Dagoberti, rédigés autour de 835 probablement par le jeune Hincmar, alors moine et élève d'Hilduin, racontent la découverte miraculeuse du tombeau des trois martyrs (saint Denis et ses deux compagnons, le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère) par Dagobert Ier et embellissent la tradition selon laquelle le Roi des Francs aurait fait transférer leurs reliques vers la basilique actuelle[15] et aurait fondé un monastère bénédictin. Il y aurait fait placer vers l'an 630 les corps des trois martyrs mais il est plus vraisemblable que leurs corps aient été déplacés sous les règnes précédents, voire qu'ils aient toujours été à cet emplacement[8].
Selon Dom Doublet, auteur de l'Histoire de l'abbaye de Saint-Denys en France[16], la construction de la nouvelle chapelle aurait débuté en 632 et la dédicace le . Dagobert est le premier roi des Francs à être inhumé en l'église de Saint-Denis. Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, cette nécropole royale partage ce privilège avec d'autres églises. C'est probablement à partir du VIIe siècle, sous l'impulsion des rois mérovingiens, que la communauté desservant la basilique adopte le mode de vie monastique, celle-ci comptant tout au long du Moyen Âge, environ cent cinquante religieux. Vers 650, est construit le monastère et au nord de la chapelle une série de sanctuaires secondaires dédiés à saint Barthélemy, saint Paul et saint Pierre[8].
L'église sous la dynastie des Carolingiens
Les liens privilégiés que l’abbaye de Saint-Denis entretient avec la royauté mérovingienne se renforcent sous les Carolingiens qui font des abbés les archi-chapelains du roi, puis de l'empereur, grade le plus élevé de tous les hauts fonctionnaires de cette dynastie. De cette époque naît « la vocation de l'abbaye comme historiographe et gardienne des traditions chrétiennes franques »[17].
Charles Martel confie l'éducation de ses fils aux moines sandionysiens et ses funérailles en 741 inaugurent une deuxième série d’inhumations royales dans la basilique[18].
Il semble qu'à l'occasion de son second sacre à Saint-Denis, en 754, Pépin le Bref fasse vœu de bâtir à neuf l'antique basilique. L’abbé Fulrad, en tant que représentant de Pépin, a effectué plusieurs voyages à Rome d’où il tire son inspiration pour reconstruire Saint-Denis, notamment en prenant comme modèles les basiliques romaines de Saint-Pierre-aux-Liens et Saint-Paul-hors-les-Murs. Les travaux ne débutent qu'après sa mort, vers 768-769, et la consécration a lieu en présence de Charlemagne le . Cette nouvelle église, toujours dédiée à saint Pierre[19], longue de près de 80 mètres, est de plan basilical à trois nefs.
Elle comprend un transept faiblement débordant et ouvrant à l’est sur une abside semi-circulaire. La nef présente deux files de colonnes, neuf travées et mesure intérieurement 20,70 mètres de large[20]. Certains fûts de colonnes torsadées sont prélevés dans des monuments antiques d’Italie, notamment plusieurs fragments de marbre de Synnada (Anatolie). Sous l’abside, une crypte annulaire, bâtie à la manière de celles de Rome, permet aux pèlerins d’accéder à une confession dans laquelle sont exposées les reliques de saint Denis et de ses deux compagnons, l’archiprêtre saint Rustique et l’archidiacre saint Eleuthère. On peut encore voir dans la crypte actuelle les vestiges de ce corridor qui longeait l’intérieur de l’abside[21].
Vers 800, sont aménagés un baptistère dédié à saint Jean Baptiste ou saint Jean-le-Rond, et une chapelle dédiée à la Vierge en 832 qui devient le caveau royal au XIXe siècle.
En 832, l’abbé Hilduin agrandit la crypte vers l’est. Il fait édifier une chapelle à trois vaisseaux dédiée à la Sainte Vierge, à saint Jean et à tous les saints. Les murs de la partie centrale conservaient les reliques de la Passion et étaient décorés de pierres dorées. Il y avait aussi un puits aux eaux réputées curatives.
En 857, le monastère de Saint-Denis subit plusieurs rapines de la part des Vikings qui assiègent Paris depuis décembre 856. Le Vendredi Saint , deux bandes normandes partent de Jeufosse à cheval en se dirigeant, l'une vers l'abbaye de Saint-Denis, l'autre vers l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, pour capturer leurs abbés et demander une forte rançon. À Saint-Denis plusieurs hommes d'Église sont enlevés dont l'abbé et son demi-frère Gauzlin (834-886), évêque de Paris[22]. De façon générale, le IXe siècle est marqué par de nombreux troubles causés par les raids des Vikings remontant par la Seine jusqu'à Paris et ses alentours. L'abbaye est dévastée par les Normands à la fin du IXe siècle[23].
En 867, l'implication dans la vie politique et le prestige des abbés est tel que Charles II le Chauve s’approprie le titre d’abbé de Saint-Denis[Note 1].
En 869, Charles II le Chauve devant la menace des invasions des Vikings fortifie le monastère.
Seuls quelques colonnes et des chapiteaux de marbre, aujourd'hui dans la crypte de l'abside ou dans les magasins de l'église, subsistent des constructions de Dagobert et de Charlemagne[23].
Reconstruction de la nécropole royale des Capétiens
XIe siècle
Robert II le Pieux, qui prenait part aux offices des religieux, a certainement tenté de restaurer l'église en ruine. L'architecture de la partie centrale de la crypte avec des arcs en plein-cintre, des colonnes courtes, des chapiteaux à personnages datent de la première moitié du XIe siècle[24].
XIIe siècle
Dans la première moitié du XIIe siècle, entre 1135 environ et 1144, l'abbé Suger, conseiller des rois Louis VI et Louis VII et abbé de Saint-Denis de 1122 à 1151, souhaite rénover la vieille église carolingienne afin de mettre en valeur les reliques de saint Denis dans un nouveau chœur et accueillir les pèlerins de plus en plus nombreux à venir aux tombeaux des martyrs[25]. Il décide de la reconstruction de l'église avec une élévation importante et des baies qui laissent pénétrer la lumière[26]. Il s'inspire entre autres du prieuré voisin de Saint-Martin-des-Champs à Paris[27].
En 1135, il fait édifier un nouveau massif occidental, en s'inspirant de la façade harmonique, modèle normand de l'âge roman comme celle de l'abbatiale Saint-Étienne de Caen. Il agrandit l'abbatiale en remaniant le narthex d'une façade dotée pour la première fois d'une rose et de trois portails de grandes dimensions. Dédicacée le , cette façade est flanquée de deux tours réunies par un parapet crénelé évoquant la Jérusalem céleste[28].
Il modifie aussi le chœur en lui ajoutant des chapelles rayonnantes. Reprenant le principe du déambulatoire à chapelles rayonnantes mais en le doublant, Suger innove en prenant le parti de juxtaposer les chapelles autrefois isolées en les séparant par un simple contrefort. Chacune des chapelles comporte de vastes baies jumelles munies de vitraux filtrant la lumière. La voûte adopte la technique de la croisée d'ogives qui permet de mieux répartir les forces vers les piliers.
Toujours par les soins de Suger, qui surveille lui-même l'extraction des pierres, le choix des bois de charpente et la confection des vitraux, l'autel reçoit une décoration en laques d'or historiées ; le chœur et le trésor se meublent de châsses, de croix et d'objets précieux. Il compose en distiques latins les inscriptions à graver sur le métal ou à tracer autour des compartiments des verrières[25].
Une double dédicace a lieu en 1140 et en 1144[25] ; le chevet est consacré le . L'église inaugure le francigenum opus, appelé plus tard l'art gothique. L'abbaye bénédictine de Saint-Denis devient dès lors un établissement prestigieux et riche.
Dans la deuxième moitié du siècle, des tours sont ajoutées sur la façade[29] ; la tour sud existe jusqu'à aujourd'hui.
C'est à partir du règne de Louis VI que les rois de France se rendent à l'église pour lever l'oriflamme de Saint-Denis avant de partir en guerre ou en croisade.
XIIIe siècle
Au XIIIe siècle, le besoin d’espace pour la nécropole royale impose la reprise des travaux de reconstruction là où Suger les a arrêtés. L’église présentait jusqu’ici une nef carolingienne, vétuste, coincée entre l’avant-corps et le chevet de Suger. Elle n’a été reconstruite au XIIe siècle qu’à ses deux extrémités. On entreprend donc la reconstruction de la nef (dont la voûte s'élève à 30 m de hauteur) et d’un vaste transept, ainsi que le rehaussement du chœur de Suger et la reconstruction des deux tours de la façade, dont la flèche nord élevée en 1190-1230[30] qui culminait à 85[30] ou 86[31] mètres de hauteur (ou 90 avec sa croix[30] et qui avait été conçue ainsi pour dépasser celle de Notre-Dame[31]. Cette flèche est attaquée par la foudre en 1837 puis déstabilisée en 1845[32] ou 1846[30] par une tornade dite « Trombe de Gonesse » qui fait également choir douze clochers de la région. La flèche est alors démontée pierre par pierre par Viollet-le-Duc, qui était alors en conflit avec François Debret qui l’avait restaurée[31].
De l’église du XIIe siècle, on ne conserve donc que la façade harmonique et la partie basse du chevet. Des travaux de grande ampleur sont menés de 1231 à 1281, soit en moins de cinquante ans. La reconstruction est entreprise grâce à l’association de trois figures d’exception : le jeune roi Louis IX, sa mère Blanche de Castille, régente durant la minorité de Louis et durant sa première croisade, et l'abbé de Saint-Denis, Eudes Clément (1228-1245).
Le maître d'œuvre décide de conserver la façade occidentale et les tours, le porche intérieur, la porte du croisillon nord et le déambulatoire de Suger[25] et les chapelles rayonnantes mais fait détruire les parties hautes du chœur de Suger. L’abbé Eudes Clément veut que le nouveau plan puisse s’ajuster à la hauteur de la façade de Suger, avec un chœur et un transept plus hauts. Ainsi, les colonnes de Suger sont enlevées et remplacées par des supports plus lourds composés d’une série de tambours horizontaux avec des fûts en saillie orientés vers l’autel. La croisée du transept, plus large que le chœur, entraîne un évasement de la première travée du chœur vers le transept à l’ouest, aussi bien du côté nord que du côté sud.
L’idée du nouvel architecte est de raccorder les constructions conservées de l’église de Suger, abside et narthex, avec le plan plus large du nouvel édifice. La jonction du transept et de la nouvelle nef à l’ancien chevet aboutit d’ailleurs à une astuce de l’architecte : les arcs des arcades s’élèvent au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’ouest. En outre, la base du triforium monte aussi dans chaque travée en direction des piliers de la croisée. Les dimensions changent donc graduellement depuis les volumes intimes du chœur de Suger, jusqu’au projet monumental et définitif du transept et de la nef. Ce changement est accompli avec une grande subtilité pour que la transition ne puisse pas se voir.
Après l’achèvement du grand transept et de la nef dans les années 1260 par Mathieu de Vendôme, le nouveau programme des monuments funéraires royaux vise à faire apparaître la continuité des trois races royales franques. En 1267, Louis IX inaugure le nouvel ensemble sépulcral. La disposition a été conçue pour illustrer visuellement l’explication des liens entre les trois dynasties royales décrite par un érudit dominicain, proche de la famille royale, Vincent de Beauvais[Note 2]. Vincent affirme le « retour du royaume des Francs à la race de l’empereur Charlemagne » en la personne de Louis VIII, père de Louis IX, dont le sang carolingien lui avait été transmis par sa mère Isabelle de Hainaut. Les monuments de Philippe Auguste et de Louis VIII situés au centre de l'édifice témoignent donc de l'union en leur personne des lignages mérovingien et carolingien d'une part (dont les rois ont leurs tombeaux au sud) et capétien d'autre part (dont les rois ont leurs tombeaux au nord)[33].
Le transept aux tombeaux royaux fait ainsi le lien entre le haut chœur où se trouvaient les reliques à l’est, et le chœur des moines à l’ouest où retentissaient quotidiennement les prières au saint patron de la monarchie.
Le , une bulle du pape Nicolas IV, datée d'Orvieto, confirmant elle-même une bulle de Célestin III, accorde aux religieux de Saint-Denis le privilège de n'être soumis à aucune sanction canonique, émanée de qui que ce fût, hormis de leurs abbés, sans une licence spéciale du souverain pontife.
Des chapelles latérales sont élevées au nord de la nef dans le cours du XIVe siècle. D'après le plan primitif du XIIIe siècle, les collatéraux de la nef sont décorés d'une arcature aveugle ; des chapelles longues de deux travées existent à la jonction de la nef avec le transept, au nord celle de saint-Hippolyte et au sud celle de Saint-Michel[34]
Du XIVe au XVIIIe siècle
En 1378, Charles IV, empereur du Saint-Empire romain germanique, s'arrête à l'abbaye pour se faire présenter les reliques et joyaux du trésor ; celui-ci jouit auprès des amateurs d'art d'un prestige croissant.
Le , pendant les guerres de Religion (France), les protestants et les catholiques s'y livrent une furieuse bataille. En 1568, les travaux de la rotonde des Valois débutent, chapelle dont la construction est décidée par Catherine de Médicis et dont la vocation est d'accueillir les sépultures des souverains et prince de la maison de Valois, attribuée à Philibert Delorme, jamais achevée et démolie en 1719[34].
En 1593 Henri IV y abjure le protestantisme.
En 1633, la réforme de la Congrégation de Saint-Maur est imposée à l'abbaye de Saint-Denis par une sentence du Conseil d'État royal rendue le . Dès le mois d'août, les moines de la nouvelle congrégation prennent possession des lieux.
En 1665, Colbert demande à François Mansart de concevoir un projet de chapelle funéraire pour les Bourbons. Commandée un an avant la mort de l'architecte, cette chapelle n'est jamais édifiée. Son projet pour la chapelle des Bourbons aurait abouti à l'édification d'une vaste composition à plan central coiffée d'un dôme à l'extrémité est de la basilique qui en possédait déjà un, celui de la chapelle inachevée des Valois. Un certain nombre de chapelles à dôme, pour abriter les tombeaux, se seraient groupées autour de cet espace central circulaire qui devait être recouvert d'un dôme tronqué complexe, éclairé à l'intérieur par des fenêtres invisibles. Jules Hardouin-Mansart, qui fut formé tout jeune par son grand-oncle, s'inspire souvent des dessins de celui-ci. En particulier, son plan pour la chapelle à dôme des Invalides doit beaucoup au projet non exécuté pour une chapelle des Bourbons à la basilique Saint-Denis.
En 1691, Louis XIV supprime le titre d'abbé. À partir de cette époque, les supérieurs de l'abbaye prennent le titre de grands prieurs. Les revenus de l'abbaye sont confiés à la maison d'éducation de Saint-Cyr.
En 1698, Dom Arnoult de Loo, grand prieur de 1696 à 1702 et de 1708 à 1711, s'adresse à Robert de Cotte, pour dresser les plans de nouveaux bâtiments conventuels. Ce projet, qui entraîne la destruction de tous les bâtiments anciens, à l'exception de la porte de Suger et de l'enceinte ouest, est approuvé par le chapitre général de la congrégation. Le plan publié en 1727 par Jean Mariette présente un grand quadrilatère se développant autour d'un cloître, avec deux ailes en retour au sud. Dans les angles formés par ces ailes, l'architecte place, comme Jules Hardouin-Mansart aux Invalides, deux pavillons hors-œuvre, contenant à l'est le grand escalier monumental conduisant au dortoir et à l'ouest les cuisines. Il établit à l'est un parterre. Ce dessin est conforme à l'esprit classique par sa régularité et à la tradition monastique par la disposition des bâtiments. Par son ampleur, il traduit la double fonction du lieu, abbaye et palais.
En 1737, Dom Castel fait reprendre les travaux interrompus douze ans plus tôt et modifie le projet pour l'aile ouest. Il souhaite la mettre au goût du jour en l'agrémentant d'un avant-corps central et l'ouvrir vers la ville en supprimant l'enceinte et la porte de Suger, qu'il veut remplacer par une grille « comme aux Invalides ». Mais le dessin de Robert de Cotte est conservé pour le reste des élévations.
En 1752, frère René Laneau, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur à Saint-Germain-des-Prés, approuve « le plan du rez-de-chaussée de ce qui [restait] à faire à l'abbaye royale de Saint-Denis pour fermer le cloître et ouvrir les communications avec l'église ». Le cloître est ainsi doté de ses quatre galeries.
En 1771, le trumeau et une partie du tympan de la porte centrale de la façade occidentale sont démolis pour faciliter le passage du dais des processions. Des colonnes latérales à motifs géométriques remplacent les vingt statues-colonnes des ébrasements des trois portes de la façade[35],[36].
En 1774, Dom François Boudier s'adresse aux architectes Nicolas Lenoir, François Franque et Charles De Wailly pour dresser le plan de la nouvelle cour d'entrée. Le projet de De Wailly est retenu. Il reprend le parti déjà utilisé par lui au château de Montmusard : un portail monumental en arc de triomphe avec porte-cochère entre deux portes piétonnes, donnant accès à une cour d'honneur en hémicycle. Cette cour, bordée de bâtiments à un étage, est rythmée par des arcades en plein cintre semblables à celles qui règnent dans l'ensemble du bâtiment. Ainsi, malgré quatre-vingts ans de travaux, l'abbaye de Saint-Denis présente un décor architectural d'une grande homogénéité.
Fin de l'abbaye
La nationalisation des biens ecclésiastiques est décidée le 2 novembre 1789. La suppression des ordres monastiques est décrétée le 13 février 1790 et ne devient définitive que le 17 août 1792. Le dernier office monastique est célébré dans l'abbatiale de Saint-Denis le 14 septembre 1792. L'abbatiale devient église paroissiale le 6 septembre[37].
En 1790, l'abbaye est supprimée et il est décidé de créer un dépôt de farines dans l'édifice. En 1791, le Directoire du département décide aussi de s'installer dans les bâtiments monastiques.
Profanation de la basilique en 1793
Suite de la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis pendant la Terreur[38], en août, septembre et octobre 1793[35], les révolutionnaires jettent les cendres de quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes, dix serviteurs du royaume, ainsi que d’une trentaine d’abbés et de religieux divers, « entre des lits de chaux », dans des fosses communes de l’ancien cimetière des moines alors situé au nord de la basilique.
Le trésor de la basilique est enlevé et porté à Paris[35] ; une partie est transformée en monnaie. Quant aux gisants, chefs-d’œuvre de l'art funéraire remontant au bas Moyen Âge pour les plus anciens, ils sont en grande partie détériorés. Celui de Charles V le Sage perd son sceptre, et celui de son épouse Jeanne de Bourbon quant à lui disparait. Son gisant d'entrailles (sépulture contenant les viscères) provenant de l'église des Célestins de Paris est installé à sa place au XIXe siècle.
L'église sert de temple de la Raison jusqu'en avril 1794. L'église est si dévastée que le nouveau culte est transféré dans l'ancienne chapelle des Carmélites. En 1796, un projet prévoit de détruire une grande partie de l'édifice pour installer des boutiques pour le temps des foires sur les bas côtés et les chapelles, et à faire passer une rue entre les deux tours, sur l'emplacement de la nef et de l'abside[39].
Après un pèlerinage aux ruines de Saint-Denis, Chateaubriand dit dans les Mémoires d'outre-tombe que l'église est découverte, que la pluie pénètre dans les nefs et qu'il n'y a plus de tombeaux[40].
Napoléon Ier
En 1805, Napoléon Ier fixe le nouveau destin de l'édifice avec l'établissement du Chapitre de Saint-Denis : symbole de la continuité du pouvoir monarchique, il doit devenir le mémorial des quatre dynasties ayant régné sur la France. Le , il demande qu'on lui fasse connaître l'état de l'abbatiale et deux jours plus tard que le ministère de l'Intérieur procède à sa restauration[41]. En 1805, Jacques-Guillaume Legrand reçoit la charge de restaurer l’ancienne église abbatiale de Saint-Denis[42]. Son premier travail est de rétablir la couverture de l'abbatiale qui a été supprimée en 1794 pour récupérer le plomb et les vitraux. Il découvre pendant les travaux deux corridors de la crypte carolingienne. Il dirige les travaux jusqu'à sa mort et doit être remplacé par Jacques Cellerier. Un devis de 247 830 francs est dressé, la toiture entreprise, le dallage du sol commencé (l'église était entièrement décarrelée), la crypte et les caveaux déblayés. L’empereur précise sa pensée en demandant que[43] :
- trois autels expiatoires, « en mémoire des trois races de rois dont les mânes ont été dispersées » soient dressés ;
- l'église de Saint-Denis soit consacrée à la sépulture des empereurs ;
- l'église soit dotée d'un chapitre de dix chanoines dont les membres soient choisis parmi d'anciens évêques âgés de plus de soixante ans ;
- le grand aumônier de l'Empire soit le chef de ce chapitre ;
- quatre chapelles soient érigées dans l'église, dont « trois dans l'emplacement qu'avaient occupé les tombeaux des rois des trois races » et la quatrième pour la quatrième dynastie dans l'emplacement destiné à la sépulture des empereurs ;
- l'ancien caveau des Bourbons (chapelle d'Hilduin) soit transformé en caveau impérial : la brèche des violeurs de tombe soit remplacée par une porte de bronze[Note 3].
Le , Napoléon Ier écrit depuis Tilsit à Cambacérès pour accélérer les travaux de rénovation de la basilique. En effet, il vient de perdre son neveu et héritier putatif, Napoléon-Charles, fils aîné de son frère Louis, roi de Hollande, et souhaite placer son corps dans la basilique[44]. La dépouille, déposée en attendant dans une chapelle de Notre-Dame de Paris, n'ira finalement pas à Saint-Denis, le retour des Bourbons en 1814-1815 plaçant les préoccupations funéraires pour d'autres défunts. Napoléon-Charles Bonaparte repose à l'église de Saint-Leu-la-Forêt.
En 1809, Napoléon Ier décide de faire de l'ancienne abbaye une maison d'éducation de la Légion d'honneur. L'abbaye est aménagée par l'architecte Peyre le Jeune. Il conserve la salle capitulaire, aujourd’hui salle de Dessin, fait construire une nouvelle chapelle à l'emplacement de l'ancienne, transforme les cellules en dortoirs[45]. L'école est inaugurée le ; Napoléon Ier et Marie-Louise lui rendent visite le 5 août suivant.
La même année, il fait construire une nouvelle sacristie indispensable au service canonial au flanc sud du chœur, selon un axe oblique imposé par la présence des anciens bâtiments abbatiaux. Jacques Cellerier mène le gros œuvre en érigeant un parallélépipède rectangle couvert d'un berceau en plein cintre et éclairé par deux lunettes demi-circulaires dans l'axe longitudinal[Note 4],[Note 5]. Vivant Denon préconise que le caveau impérial qui avait été recouvert de peinture rapidement dégradée par l'humidité soit revêtu de marbre pour ses murs et de porcelaine blanche couverte d'abeilles d'or pour ses voûtes.
En 1811, Napoléon Ier demande la réalisation d'un appartement au rez-de-chaussée de la maison d'éducation, « pour les grandes cérémonies ». Il demande que les noms des rois qui avaient eu leur sépulture à Saint-Denis soient gravés sur des tables de bronze ou de marbre[46]. Après avoir hésité à faire installer à nouveau les monuments funéraires des rois, il renonce à cette idée, finalement mise en œuvre sous la Restauration. Opposé à ce que l'on donne à la décoration un aspect trop funéraire, Napoléon Ier fait enlever les ajouts de marbre noir ou blanc[47]. Par ailleurs, après la visite effectuée par le comte de Montalivet, ministre de l'Intérieur, le , et à l'inspiration de Vivant Denon[48], un projet de décoration pour la nouvelle sacristie est arrêté : dix toiles encastrées dans des compartiments réservés entre les colonnes doriques, célèbrent l'histoire de Saint-Denis. Ce programme est destiné au regard des chanoines-évêques et des visiteurs de marque. Napoléon y apparaît comme le continuateur des rois des premières dynasties. Il compte effacer les traces des violences et du désordre révolutionnaires tout en écartant le souvenir des Bourbons[Note 6].
XIXe siècle
Le musée des monuments français d'Alexandre Lenoir est supprimé par une ordonnance de Louis XVIII le qui est confirmée le quand le couvent des Petits-Augustins est attribué à l'école des Beaux-Arts. La liquidation du musée a duré plusieurs années et la restitution des pièces de mobilier, les tombeaux et les vitraux qui y étaient déposés s'est faite dans un grand désordre[49] dans la basilique réhabilitée. Le , Louis XVIII fait ramener les restes de ses prédécesseurs, récupérés dans les fosses, dans la crypte de la basilique, où ils sont rassemblés (car la chaux a empêché leur identification) dans un ossuaire scellé par des plaques de marbre sur lesquelles sont inscrits les noms des personnages inhumés. L'ossuaire est situé dans la crypte, dans l’ancien caveau où se trouvait jusqu'en 1793 le corps de Turenne (sous l’ancienne chapelle de Notre-Dame-la-Blanche).
Par la suite, les travaux de restauration sont lancés, pour aboutir à l'état que nous connaissons aujourd'hui, notamment sous la direction d'Eugène Viollet-le-Duc — qui a par ailleurs entrepris la restitution de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, elle aussi profanée.
Trois architectes dirigent à la restauration de la basilique de 1813 à 1879. De 1813 à 1819, Jacques Cellerier est le premier à réutiliser le style gothique depuis l'achèvement de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. La basilique Saint-Denis se voit ainsi dotée d'une chapelle gothique richement décorée.
À la suite de vents violents en 1842 et 1843, des lézardes apparaissent dans la tour nord, reconstruite sous la direction de François Debret (1813-1846) après avoir été frappée par la foudre en 1837 (Menaçant la stabilité de l’édifice, la flèche sera par la suite déposée en 1847[50]). Cette restauration controversée précipite la chute de Debret et à la suite de cette mésaventure, il parut évident que l'École des Beaux-Arts ne formait pas des architectes capables d'intervenir sur les bâtiments anciens. De là découlera l'idée d'une formation spécifique pour les architectes qui se destinent à intervenir sur les monuments historiques classés à cette époque[51]. La responsabilité de Debret semble en fait difficile à juger par manque de preuves archéologiques et il se peut qu'il ait été victime de la querelle des Anciens et des Modernes[52]. En 2018, une exposition « La splendeur retrouvée de la basilique Saint-Denis » retrace ces rénovations où dans un esprit romantique et novateur une large place est donnée à la polychromie, aujourd'hui disparue, dans les décors[53].
Eugène Viollet-le-Duc (1846-1879) prend en main l'édifice, chargé par le gouvernement de réparer les erreurs de ses devanciers[54], et le sauve sans doute de la ruine, en achevant la restauration et en gommant une partie des interventions de Debret, jugées fantaisistes. Il réorganise les tombes royales, les ramenant dans l'église haute pour les remettre, autant que possible, à la place que chaque monument avait occupé autrefois, telles qu'elles se trouvent actuellement. Il fait appel au ferronnier d'art Pierre François Marie Boulanger pour réaliser de nombreux travaux de serrurerie et de ferronnerie, pour restaurer et compléter la crête en plomb au sommet des combles et forger deux crosses de suspension selon ses dessins[55]. C'est l'enduit qu'a fait apposer Viollet-le-Duc qui rend la façade de la Basilique si noire, avec le temps[réf. nécessaire]. Viollet-le-Duc projette également de reconstruire la façade occidentale, comme en témoigne un dessin de janvier 1860. Mais trop coûteuse, cette dernière opération ne peut être menée à bien avant sa mort. Il fait reparaître les parties romanes de la crypte masquées par des placages modernes, rétablit l'ancien niveau de la nef et de l'abside[54].
Sous le Second Empire, Napoléon III décide que la basilique Saint-Denis abriterait sa sépulture, celle de son épouse et de ses successeurs, à la différence des autres princes de la famille impériale auxquels serait affectée la crypte de l'église Saint-Augustin[48]. Ce nouveau caveau impérial n'est pas celui prévu par Napoléon Ier, l'ancienne chapelle d'Hilduin dont Louis XVIII fit un caveau royal. En 1859, il fait donc aménager par Eugène Viollet-le-Duc un nouveau caveau impérial situé à l'ouest du précédent, sous le maître-autel. Cette très grande chapelle souterraine est démolie en 1952.
XXe siècle et XXIe siècle
Un ensemble de fouilles sont conduites par Sumner McKnight Crosby (en)[56], de 1939 à 1977, par Jules Formigé puis par Édouard Salin[57] et Olivier Meyer[58] depuis la seconde moitié du XXe siècle.
Le , la basilique est promue cathédrale lors de la création du diocèse de Saint-Denis[59]. Le bâtiment est universellement connu comme « basilique de Saint-Denis » : même s'il n'a pas le titre de basilique mineure[60], il réunit bien les caractéristiques de cette appellation qui désigne dès le VIe siècle une église construite hors les murs et avec une destination funéraire (sanctuaire élevé sur la tombe d'un saint)[61].
Dégradation de la basilique au XXIe siècle
Si la basilique a bénéficié de plusieurs campagnes de restauration depuis le XIXe siècle et si plusieurs vitraux ont fait l'objet de nettoyage au début du XXIe siècle, la dégradation de la nécropole n'a pas été interrompue pour autant.
Ainsi, malgré la réfection du chevet, le maire de Saint-Denis déplore à l'occasion des Journées du patrimoine de 2006 l'absence de projets de réfection de la façade sud (14 millions d'euros), de la pierre et des portails romans de la façade ouest, alors que des vitraux ont été remplacés en 2003 par du plastique[62].
De plus, sous l’effet des travaux de prolongement de la ligne 13 du métro, qui ont profondément modifié le cours de rivières souterraines, le sanctuaire royal est miné par une série d’infiltrations dont l’action se conjugue à la dissémination des sels de salpêtre et à la pollution moderne[63]. La solidité des caveaux est gravement compromise et nombre de monuments funéraires sont détériorés sous l’effet de l’humidité. Les ossuaires de tous les rois de France scellés en 1817 par des plaques de marbre sont victimes de graves infiltrations[64].
Par ailleurs, les cercueils de la crypte des Bourbons sont particulièrement détériorés. Certains sont posés sur de simples tréteaux, d’autres ont été brisés et éventrés sous l’effet de l’humidité, laissant apparaître des ossements. La crypte n’est pas du tout mise en valeur, la grille d’accès en est fermée, il n’y a aucun éclairage ou information destinée au public[65].
En outre, aucun plan de sauvetage n’a été programmé pour préserver un site qui, par ailleurs, n'avait plus bénéficié depuis vingt ans des crédits budgétaires qui lui permettraient de financer la reprise d’un chantier de fouilles pourtant jugées prometteuses par de nombreux historiens. Les chantiers de fouilles archéologiques du sous-sol sont arrêtés depuis les années 1990. Des sarcophages mérovingiens, comme le cercueil intact de la reine Arégonde, n’ont pas fait l’objet d’études approfondies. Les spécialistes souhaiteraient pouvoir accéder au sous-sol de l’entrée où se trouve la tombe du roi Pépin, père de Charlemagne. Certains archéologues ont proposé d’utiliser les caméras utilisées par les égyptologues pour étudier les nécropoles royales des pharaons et les pyramides[63]. Enfin, le projet d’inscrire la basilique Saint-Denis et sa nécropole royale au patrimoine mondial de l’UNESCO semble bloqué, alors que la basilique est la première église au monde construite dans le style dit gothique[63].
Toutefois, des travaux de restauration de la façade occidentale ont été lancés en 2012 et achevés en 2015[66],[67], qui ont permis de retrouver toute la qualité plastique et l'authenticité de ses trois portails sculptés. Cette restauration a été placée sous la direction de Jacques Moulin, architecte en chef des Monuments historiques[68]. Parallèlement, la Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France a également entamé la restauration des vitraux du déambulatoire, le réaménagement du chœur liturgique (en association avec le diocèse pour le mobilier liturgique), la remise en place dans la basilique d'anciennes boiseries néogothiques auparavant stockées en réserve et la poursuite de la restauration de la façade sud de la nef. La restauration de la rose sud du transept, étayée depuis 2006, est envisagée dans les toutes prochaines années.
- Maquette présentant l'état de la basilique et de l'abbaye vers 1600.
- Les grandes orgues de la basilique.
- Le projet de François Mansart pour la chapelle des Bourbons.
Reconstruction de la tour et de la flèche Nord
En 1992, sous l'impulsion de l'ancien maire communiste de Saint-Denis Marcelin Berthelot, est constitué un Comité pour la reconstruction de la tour et de la flèche nord. Jusqu'à son démontage en 1847, la flèche nord était en effet le symbole de la ville de Saint-Denis. Les promoteurs du projet, annoncé lors d'une conférence de presse à la mairie en mars 2013, assurent que sa faisabilité technique et son modèle économique sont en cours d'étude.
En 2012, dans la foulée du très important chantier de restauration de la façade et de ses trois portails alors engagé, il est envisagé que la flèche de Saint-Denis, haute de 90 mètres, pourrait à nouveau s'élever vers le ciel[69],[70],[71].
Mais ce projet de rétablissement de la flèche divise les spécialistes. En effet, la reconstruction à l’identique est souvent contestée par les professionnels de la conservation monumentale, qui voient là à la fois une entorse à la charte de Venise, une négation de l’histoire et une falsification de l’œuvre. Dans cette même optique, des débats très vifs ont accompagné la reconstruction de l’église Notre-Dame de Dresde, ou celle du château de Berlin.
Si, dans ce cas particulier de Saint-Denis, Olivier de Rohan-Chabot ou Stéphane Bern promeuvent le projet de reconstruction de la tour et de la flèche disparues il y a près de deux siècles, d’autres personnalités tout aussi concernées par la sauvegarde du patrimoine, comme Alexandre Gady ou Didier Rykner y sont énergiquement opposées. Ce dernier, depuis 2013, fait inlassablement valoir ses arguments au travers de La Tribune de l'Art, trouvant notamment disproportionnés des investissements de prestige pour des opérations non indispensables, alors que d’autres monuments, en France, menacent de s’écrouler faute d’entretien, ou sont même démolis[72].
En 2015, le remontage de la flèche prend un nouvel élan lors des Journées du patrimoine : alors en visite à la basilique Saint-Denis, le président de la République François Hollande, accompagné de la ministre de la Culture Fleur Pellerin et de différents élus locaux, « marque son intérêt pour le projet »[73]. Après un feu vert de l'État en mai 2016, le projet est annoncé le par le maire de Saint-Denis Didier Paillard[30]. Les travaux pourraient durer dix ans et seraient entièrement financés par les visites de chantier, sur le modèle de la construction du château de Guédelon[31].
Après les réserves émises le par la Commission nationale des monuments historiques au regard des principes généraux de restauration des monuments et de l’ancienneté du démontage de la flèche, la nouvelle ministre de la culture Audrey Azoulay demande des études complémentaires et pose trois conditions :
- faire la preuve du caractère exceptionnel du chantier en matière d’utilité sociale, d’adhésion et de participation populaire ;
- s'assurer que le massif occidental de la basilique pourra supporter sans dommage le chantier, et le poids de la tour reconstruite ;
- un autofinancement de l’opération par les recettes des visites du chantier et du mécénat[74].
Estimant ces conditions remplies, François Hollande se rend une seconde fois sur place le pour soutenir le projet[75].
Le , Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture, valide le lancement du projet[76] : le chantier est prévu pour démarrer en 2022 et pour durer dix ans, jusqu'en 2032. Entre-temps, tailleurs de pierre et autres artisans effectueront des travaux préparatoires et organiseront des ateliers éducatifs avec l'association Suivez la flèche[77].
En décembre 2020, le maire Mathieu Hanotin et le président du conseil départemental Stéphane Troussel annoncent que le projet bénéficie, de la part du fonds de solidarité et d'investissement interdépartemental des départements d’Île-de-France, d'un soutien de 20 millions d'euros, soit la moitié du budget total estimé pour la reconstruction[78].
En 2021, une accélération du chantier est décidée, afin d'enrichir la candidature de Saint-Denis au titre de Capitale européenne de la culture pour 2028[79].
En 2023, dans le cadre de la consolidation des fondations[80], des fouilles sont réalisées en amont de la reconstruction[81].