Charles Quint
monarque et empereur d'origine flamande / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Charles de Habsbourg, né le à Gand (comté de Flandre[3]) et mort le au monastère de Yuste (Espagne), élu en 1520 empereur sous le nom de Charles V, couramment en français Charles Quint[4],[5], fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, héritier par son père des possessions de la maison de Habsbourg (royaume de Hongrie, royaume de Bohême, archiduché d'Autriche, etc.) ainsi que des dix-sept provinces des Pays-Bas et de la Franche-Comté, par sa mère des royaumes de Castille et d'Aragon (sous le nom de Charles Ier) et de l'empire colonial espagnol, ainsi que du royaume de Naples (Charles II), est le monarque européen le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle.
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Cette accumulation de territoires et de pouvoirs est en partie le résultat du hasard (la mort de sa tante, Isabelle d'Aragon, princesse des Asturies, en 1498, puis du fils de cette dernière, l'infant Miguel de la Paz, en , ont fait de sa mère l'héritière des deux couronnes espagnoles), mais surtout le résultat d'une politique délibérée d'alliances matrimoniales qui a fait de lui l'héritier de quatre dynasties : petit-fils de la duchesse Marie de Bourgogne, de Maximilien d'Autriche, d'Isabelle la Catholique, reine de Castille, et de Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon et de Naples, il est duc de Bourgogne sous le nom de Charles II, roi des Espagnes sous le nom de Charles Ier (en espagnol Carlos I), mais est surtout passé à la postérité comme l'empereur romain germanique Charles V (en allemand Karl V.).
Il apparaît comme le dernier empereur qui ait souhaité réaliser le rêve carolingien d'un empire à la tête de la chrétienté unie. Cette volonté d'unité chrétienne face à la progression de l'Empire ottoman dans les Balkans et en Méditerranée a été systématiquement combattue par les rois de France François Ier et Henri II, qui recherchent volontiers l'alliance turque, et remise en cause par la Réforme protestante, initiée par Martin Luther à partir de 1517. À ces problèmes qui se posent pendant tout son règne s'ajoutent des révoltes en Castille, dans le Saint-Empire, en Flandre et en Brabant.
Au terme d'une vie de combats, miné physiquement et désabusé par ses échecs face à la France, aux luthériens et à sa propre famille, il se dépouille volontairement de ses pouvoirs. Par une série de conventions avec son frère Ferdinand, il lui cède les États autrichiens et la dignité impériale. Le , à Bruxelles, il abdique ses droits sur les Pays-Bas, unis par la Pragmatique Sanction (1549) et séparés de l'Empire par la transaction d'Augsbourg, en faveur de son fils Philippe, déjà duc de Milan et roi de Naples, et lui cède enfin ses droits sur l'Espagne en 1556. Il se retire alors dans le Monastère de Yuste pour ses dernières années de vie. Il y meurt le 21 septembre 1558, âgé de 58 ans. Ses restes sont transférés en 1574 de ce monastère à la nécropole royale de l'Escurial, édifiée par son fils Philippe à 40 km de Madrid.
Origines familiales
Charles naît le au palais aujourd'hui disparu du Prinsenhof de Gand, alors la plus grande ville du comté de Flandre et des Pays-Bas bourguignons[6].
Son père est Philippe de Habsbourg, dit « Philippe le Beau » (1478-1506), duc de Bourgogne et souverain des Pays-Bas, fils de Marie de Bourgogne (1457-1482), elle-même fille de Charles le Téméraire (1433-1477), de la maison de Valois-Bourgogne, et de l'archiduc Maximilien d'Autriche (1459-1519), de la maison de Habsbourg, futur empereur.
Sa mère est Jeanne de Castille, dite « Jeanne la Folle » (1479-1555)[6], fille de la reine Isabelle de Castille (1451-1504) et du roi Ferdinand d'Aragon (1452-1516), les « Rois catholiques ». Jeanne devient reine de Castille en 1504 et reine d'Aragon en 1516, réunissant les deux royaumes, mais compte tenu de ses problèmes psychiques, sous la tutelle de son père (1504-1516), puis de son fils (1516-1555).
Le jeune prince est porté sur les fonts baptismaux par Marguerite d'York (1446-1503), belle-mère de Marie de Bourgogne et veuve de Charles le Téméraire, dont il reçoit le prénom, et par un aristocrate néerlandais, Guillaume de Croÿ, marquis d'Aerschot, qui sera son précepteur.
La fratrie compte cinq autres enfants, dont deux nés en Espagne et trois aux Pays-Bas, comme Charles :
- Éléonore (1498-1558), née à Louvain ;
- Isabelle (1501-1526), née à Bruxelles ;
- Ferdinand (1503-1564), né à Alcalá de Henares (royaume de Castille) ;
- Marie (1505-1558), née à Bruxelles ;
- Catherine (1507-1578), née à Torquemada (royaume de Castille).
Charles porte dès la naissance le titre d'archiduc d'Autriche, du fait qu'il est un Habsbourg. Pour des raisons de prestige, plusieurs empereurs ayant porté ce titre[pas clair], son père lui confère également celui de duc de Luxembourg, délaissant celui de comte de Charolais, traditionnel dans la dynastie des ducs de Bourgogne[7] pour l'héritier présomptif.
Enfance aux Pays-Bas
En 1504, ses parents quittent les Pays-Bas pour prendre possession du trône de Castille. Mais Philippe le Beau meurt prématurément le , apparemment d'une fièvre typhoïde. Charles, âgé de 6 ans, devient le souverain des fiefs de l'héritage des ducs de Bourgogne[8]. En ce qui concerne la régence, les États généraux refusent Maximilien, avec lequel ils ont eu de sérieux démêlés par le passé et c'est sa fille Marguerite (1480-1530) qui est nommée régente. Elle réside à Bruxelles ou à Malines.
Jeanne, très affectée par la mort de son époux, décide de rester près de lui en Espagne, sans faire venir ses quatre enfants restés aux Pays-Bas. Charles, Éléonore, Isabelle et Marie se trouvent donc sous la tutelle de Maximilien qui confie la responsabilité de leur éducation à Marguerite. En revanche, Ferdinand reste en Espagne, sous la tutelle de Ferdinand d'Aragon. Catherine, née en 1507, est élevée par Jeanne.
Formation
Précepteurs
Charles reçoit comme principal précepteur Adrien Floriszoon, recteur de l'université de Louvain, devenu pape sous le nom d'Adrien VI de janvier à août 1522, le dernier pape non italien jusqu'à Jean-Paul II[9]. Il lui doit [10] : « une piété profonde, un christianisme essentiel, non confessionnalisé, contemporain des frères de la Vie commune » et de la devotio moderna".
Deux membres de la puissante[réf. nécessaire] maison de Croÿ : Charles, comte de Chimay, puis Guillaume, seigneur de Chièvres, seront aussi chargés de son éducation. Le dernier lui sera d'un grand dévouement[9] et le servira jusqu'à sa mort[9].
Une éducation en français exaltant la maison de Bourgogne
Il est principalement éduqué en français, langue des ducs de Bourgogne, des Pays-Bas bourguignons et des élites néerlandophones[11],[12]. Maximilien s'exprime principalement en français.
Charles est aussi élevé dans une perspective exaltant la grandeur des ducs de Bourgogne, dont il porte le titre, et qui depuis le début du XVe siècle et l'assassinat de Jean sans Peur, étaient en conflit quasi permanent avec les rois de France, leurs cousins.
Maximilien lui inculque aussi le respect des traditions de la cour de Bourgogne, en relation avec un idéal chevaleresque de respect à la dame de son cœur. Marie de Bourgogne lui a légué selon Pierre Chaunu[13] :
« la mémoire d'un passé porteur d'une identité forte, entretenue par la méfiance à l'égard de la branche aînée [de la maison de Valois] et le maintien - cahin-caha - du fragile héritage bourguignon. L'idéal chevaleresque de Maximilien y trouve un sens : sauver la dame de son cœur et les trois quarts au moins de son héritage. »
Charles a un livre de prédilection, dont il a toujours un exemplaire près de lui, le Chevalier délibéré, poème épique du Bourguignon Olivier de la Marche, qui renforce son attachement à la lignée brisée des ducs Valois-Bourgogne que lui a transmis aussi Maximilien, ainsi que sa méfiance vis-à-vis des rois de France, que l'héritage italien des rois d'Aragon et l'élection impériale de 1519 ne feront qu'amplifier[pas clair].
Selon Pierre Chaunu[14] l'opposition avec le royaume de France est aussi liée à une opposition sur le mode de dévolution des héritages. Avec la loi salique, seuls les enfants mâles peuvent hériter. Or, Charles Quint tient une large partie de son héritage de deux femmes Marie de Bourgogne et Jeanne la Folle.
Une formation chevaleresque plutôt qu'humaniste
Son éducation est plus proche de celle des chevaliers que de celle qui est prônée par les humanistes. S'il a un penchant pour les armes, les exercices physiques et les chevaux, il n'en regrettera pas moins durant sa vie adulte de n'avoir pas réellement appris le latin[15] qui est alors la langue de la culture écrite[15].
À la fin de sa vie, il maîtrisera suffisamment le castillan pour superviser la traduction dans cette langue du Chevalier délibéré. Il a aussi appris l'allemand des camps militaires[13].
Problèmes de santé
Charles souffre de la promandibulie habsbourgeoise, déformation congénitale de la mâchoire, qui va empirer dans les générations ultérieures des membres de la Maison de Habsbourg. Héritage de ses aïeux bourguignons, c'est une maladie liée aux mariages consanguins qui se pratiquent alors dans les familles régnantes[16].
Il souffre aussi de crises d'épilepsie[17] et de la goutte, vraisemblablement liée à un régime alimentaire fondé sur les viandes rouges[18].
Lorsqu'il se retire au monastère de Yuste, il doit utiliser une sorte de chaise roulante pour se déplacer. Pour faciliter l'accès à ses appartements, on lui construit une rampe[19].
Un homme politique
Selon Salvador de Madariaga son génie est de ne pas en avoir, de le savoir et d'accepter de s’entourer des meilleurs sans prendre ombrage de leur génie propre[20]. Peu préparé sur le plan intellectuel à l'exercice de la fonction royale, il en a néanmoins appris une certaine pratique à Gand, Bruxelles et Malines[21].
Du fait de la dispersion de ses territoires et d'un mode de gestion très décentralisé, de 1517 à 1558, il a passé un quart de son règne en voyage. Il a été en campagne durant cinq cents jours et a passé deux cents jours en mer[20]. Si l'on prend en compte son temps de présence dans chacun de ses territoires, il a séjourné dix-sept ans en Espagne, dix ans aux Pays-Bas, moins de neuf ans dans l'Empire et deux ans et demi en Italie[20].
Charles Quint et les femmes
Charles Quint se marie le en son palais de Séville avec sa cousine l'infante Isabelle de Portugal (1503-1539), sœur du roi Jean III de Portugal, lui-même marié peu de temps auparavant avec Catherine d'Autriche, sœur cadette de Charles Quint, pour conforter son alliance avec l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique. De cette union naissent :
- Philippe (-) qui épouse en 1543 sa cousine, Marie de Portugal (1527-1545), puis en 1554, sa cousine, la reine Marie Ire d'Angleterre (1516-1558), puis en 1559, Élisabeth de France (1545-1568), puis en 1570 sa nièce, Anne d'Autriche (1549-1580) ;
- Marie (-) qui épouse en 1548 son cousin Maximilien II d'Autriche (1527-1576) ;
- Ferdinand (-13 juillet 1530), mort jeune ;
- Fils sans nom (29 juin 1534) ;
- Jeanne (-) qui épouse en 1552 son cousin Jean-Manuel prince héritier de Portugal (1537-1554) ;
- Jean (-), comte de Flandre ;
- Fils sans nom (mort-né le ).
On lui connaît également des enfants illégitimes mais tous sont nés avant son mariage ou lors de son veuvage :
- Isabelle (1518-?), fille de Germaine de Foix, reine douairière d'Aragon (1488-1538)
- Marguerite (1522-1586), fille de Jeanne van der Gheynst
- Jeanne (1522-1530)
- Thadée (1523-1562), fille d'Orsolina della Penna (it)
- Juan (1547-1578), fils de Barbara Blomberg (1527-1597)
L'héritier de quatre dynasties
De 1506 à 1519, Charles de Habsbourg hérite des biens et titres de quatre dynasties, représentées par chacun de ses grands-parents[22] :
- la maison de Valois-Bourgogne (Marie de Bourgogne, 1457-1482, puis Philippe le Beau, 1479-1506) : les restes de l'État bourguignon, c'est-à-dire les Pays-Bas bourguignons et le comté de Bourgogne, ensemble de fiefs du Saint-Empire, regroupés dans le cercle impérial de Bourgogne et de fiefs français rassemblés par les ducs de Bourgogne de la maison de Valois (avènement en 1515) ;
- la maison d'Aragon (Ferdinand II d'Aragon, 1453-1516) : royaume d'Aragon et ses dépendances en Italie (royaume de Naples, notamment), ainsi que la Haute-Navarre (Pampelune) conquise en 1512 par Ferdinand d'Aragon (avènement en 1516 à la mort de Ferdinand d'Aragon) ;
- la maison de Castille (Isabelle Ire de Castille, 1451-1504, puis Jeanne Ire de Castille, 1479-1555) : royaume de Castille et León, avec ses dépendances outre-mer : les îles Canaries ; les vice-royautés d'Amérique, celle du Pérou et celle de Nouvelle-Espagne, qui inclut les Philippines (avènement en 1516, conjointement avec sa mère, héritière légitime, mais incapable[23]) ;
- la maison de Habsbourg (Maximilien d'Autriche, 1459-1519) : ensemble de fiefs impériaux du sud-ouest du Saint-Empire, notamment l'archiduché d'Autriche et l'Autriche antérieure (avènement en 1519, à la mort de Maximilien).
En octobre 1520, il prend aussi la succession de Maximilien comme empereur romain germanique, et est couronné par l'archevêque Hermann V de Wied au trône de Charlemagne[24] dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle[25].
L'idéologie politique de Charles Quint
Du point de vue politique, Charles Quint était un monarque favorable à l'autorité et au catholicisme. Voici quelques éléments de l'idéologie politique de Charles Quint :
Catholicisme : Charles Quint était un fervent catholique. Son règne a été fortement influencé par le contexte de la Réforme protestante. Il a cherché à défendre et à préserver la foi catholique contre les mouvements protestants émergents, notamment en s'opposant à Martin Luther. Autoritarisme et centralisation du pouvoir : Charles Quint a cherché à renforcer l'autorité monarchique et à centraliser le pouvoir. Il a fait face à des défis de fragmentation de l'Empire, avec diverses entités régionales cherchant à préserver leur autonomie. Son objectif était de maintenir l'unité et la cohésion de son empire. Affirmation du pouvoir impérial : En tant qu'empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint a cherché à consolider et à renforcer le pouvoir impérial. Il a été confronté à des conflits avec les princes allemands et les autorités locales cherchant à affirmer leur propre autonomie. Politique étrangère : Charles Quint a été impliqué dans des conflits importants en Europe, y compris les guerres d'Italie et les guerres contre la France et l'Empire ottoman. Sa politique étrangère visait souvent à préserver la stabilité de son empire et à défendre les intérêts catholiques. Il est essentiel de noter que les conditions politiques et religieuses de l'époque ont grandement influencé les choix de Charles Quint. Son règne a été caractérisé par des défis complexes liés aux divisions religieuses et aux rivalités politiques en Europe. Son abdication en 1556 a marqué la fin de son règne et son retrait de la vie politique active.
- traditions chevaleresques de la maison de Bourgogne, face à la France
- unité chrétienne, face aux Ottomans, chefs de file de l'islam
- unité de l'Église catholique, face à la Réforme
- monarchie universelle[26].
Né et élevé à la cour bourguignonne des Pays-Bas[27], il deviendra par son souci de l'unité de la chrétienté et par ses incessants voyages à travers des possessions réparties dans toute l'Europe de l'Ouest un personnage de dimension européenne, transcendant les appartenances nationales.
Sa devise en français, Plus Oultre (« Encore plus loin »), créée par un médecin italien pour illustrer la tradition chevaleresque bourguignonne, est devenue sous sa forme latine « Plus Ultra » la devise nationale de l'Espagne.
Problèmes d'ensemble des possessions de Charles Quint
- problèmes de communication : notamment entre l'Espagne et les Pays-Bas, séparés par le royaume de France (en général ennemi) ; entre l'Italie et les Pays-Bas, communications plus faciles à travers la Savoie (alliée), le comté de Bourgogne, l'Alsace ou la Lorraine.
- problèmes de gouvernement : impossibilité pour un seul homme de vraiment gouverner tous ces territoires ; nécessité de déléguer (système des régences).
- problème des politiques à suivre : problème du respect des autonomies locales, de la répartition des charges par rapport aux besoins (par exemple : les guerres menées en Italie ne concernent pas du tout les habitants des Pays-Bas).
L'héritage bourguignon : des Pays-Bas bourguignons aux Dix-Sept Provinces
À partir de la fin du XIVe siècle, les ducs de Bourgogne de la maison de Valois[28]) rassemblent de nombreux fiefs français ou impériaux, qui deviennent au cours du XVe siècle un puissant d'État (de fait), réparti sur deux régions : les Pays-Bas (« Pays de par deçà ») et la Bourgogne (« Pays de par delà »).
De Charles le Téméraire à Charles Quint (1477-1515)
La mort du duc Charles le Téméraire en janvier 1477 déclenche la guerre entre Louis XI et la duchesse héritière Marie de Bourgogne (1457-1482). Celle-ci épouse en juin 1477 l'archiduc Maximilien d'Autriche (1459-1519), de la maison de Habsbourg. La France l'emporte d'abord et par le traité d'Arras de 1482 reprend plusieurs fiefs bourguignons, notamment le duché de Bourgogne et le comté d'Artois. Mais dans la décennie suivante, Maximilien d'Autriche (devenu régent du duché de Bourgogne) rétablit la situation et, par le traité de Senlis (1493), obtient quelques rétrocessions de la part de Charles VIII, mais pas celle du duché (les Habsbourg continuent cependant d'utiliser le titre de « duc de Bourgogne »).
En 1482, l'héritage bourguignon passe à l'enfant né en 1478, Philippe de Habsbourg, dit Philippe le Beau, sous la régence de Maximilien jusqu'à sa majorité. Lorsque Philippe meurt en 1506, c'est son fils Charles, né en 1500, qui devient héritier, de nouveau sous la régence de Maximilien (qui la délègue à sa fille Marguerite).
Maximilien, devenu empereur en 1493, est à l'origine d'une institution nouvelle dans le Saint-Empire, les cercles impériaux (Reichskreise), et notamment du cercle de Bourgogne (Burgundischer Reichskreis) qui regroupe les territoires bourguignons du Saint-Empire détenus à cette date par les Habsbourg[29], ainsi que quelques territoires indépendants limitrophes, comme celui de la ville libre de Besançon.
L'avènement (1515)
Le , les États généraux des Pays-Bas, réunis au palais du Coudenberg à Bruxelles, proclament la majorité de Charles qui est reconnu le même jour en l'église Sainte-Gudule comme duc de Bourgogne[29], devenant ainsi le souverain régnant sur les provinces bourguignonnes (aux Pays-Bas : duché de Brabant, comté de Hainaut, comté de Flandre, comté de Hollande, etc. ; en Bourgogne : comté de Bourgogne, comté de Charolais). Marguerite d'Autriche reste titulaire de la régence en cas d'absence du souverain)[30].
Charles effectue alors un voyage au cours lequel il est reçu officiellement dans plusieurs grandes villes des Pays-Bas, selon le rituel de la Joyeuse Entrée des débuts de règne, jurant de respecter, voire d'augmenter, les privilèges des villes et des provinces[31].
L'ensemble dont Charles de Habsbourg prend possession compte alors 3 à 4 millions d'habitants. Il s'agit d'un ensemble créateur de richesses, mais réticent à subvenir aux besoins financiers du prince : les États généraux et les États provinciaux exercent en effet un contrôle sur la création des impôts. Au début du règne, c'est le cœur de l'empire mais, vers 1530-1540, celui-ci passera en Espagne, qui compte alors 6 millions d'habitants et est en pleine expansion coloniale[32].
Charles devant devenir roi effectif de Castille et d'Aragon à la mort de Ferdinand d'Aragon, une opposition apparaît dans son entourage entre Marguerite d'Autriche et Guillaume de Croÿ à propos des moyens d'assurer les communications entre l'Espagne et les Pays-Bas[33] en cas de guerre avec la France[34]. La première, qui se méfie des Français, pense qu'il faut s'allier aux Anglais pour s'assurer d'une liaison maritime sûre alors que l'autre fait confiance aux Français.
La révolte d'Arum (1515-1523)
De 1515 à 1523, a lieu une révolte connue sous le nom de Arumer Zwarte Hoop (« masse noire d'Arum »). Cette rébellion conduite par Pier Gerlofs Donia et Wijerd Jelckama connaît d'abord des succès, mais est finalement défaite : ses chefs sont capturés et décapités en 1523.
L'extension et approfondissement de la souveraineté des Habsbourg sur les Pays-Bas (1520-1549)
Durant son règne, Charles augmente ses territoires néerlandais grâce à plusieurs annexions : le Tournaisis (république urbaine vassale du roi de France jusqu'en 1521), le comté d'Artois, la province d'Utrecht (1528), la province de Groningue et le duché de Gueldre (1543). C'est à cette date que les Habsbourg détiennent dix-sept provinces des Pays-Bas, la seule exception importante étant la principauté de Liège, détenue par les évêques de Liège, avec un statut de protectorat.
Une des clauses du traité de Madrid de 1526, conséquence de la capture de François Ier à Pavie en 1525, indique que le roi de France renonce à sa suzeraineté (théorique) sur les comtés de Flandre et d'Artois, qui entrent ensuite dans le cercle impérial de Bourgogne.
En 1548, agissant en tant qu'empereur, Charles Quint obtient de la diète d'Empire réunie à Augsbourg son accord sur un statut particulier des fiefs du cercle de Bourgogne détenus par les Habsbourg : c'est la transaction d'Augsbourg (26 juin 1548), qui, tout en maintenant ces fiefs au sein de l'Empire, leur donne une complète indépendance judiciaire, sous l'égide du Grand Conseil de Malines.
Puis, le 4 novembre 1549, par la Pragmatique Sanction, Charles unifie le régime successoral des dix-sept provinces[35]. Il a alors presque réussi à constituer un nouvel État au sein du Saint-Empire ; la réforme des diocèses sous le règne de Philippe II complètera ce processus en 1560.
La révolte de Gand (1539)
Les habitants des Pays-Bas ont été en général été loyaux à Charles, si on excepte la rébellion de la ville de Gand en 1539 en protestation contre des impôts exigés par Charles Quint pour financer la guerre contre la France.
Cette révolte est durement matée par le duc d'Albe[35], qui n'hésite pas à humilier les rebelles[36],[37].
Les couronnes espagnoles
La nouvelle de la mort de Ferdinand d'Aragon parvient à Bruxelles le . Le , lors d'une cérémonie aussi grandiose que peu espagnole dans la collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles, Charles se proclame, conjointement avec sa mère, « roi des Espagnes ». S'il avait obtenu gain de cause en étant couché sur le testament du roi d'Aragon comme son unique héritier, le testament d'Isabelle la Catholique avait fait de Jeanne la seule héritière du plus important royaume d'Espagne, le royaume de Castille et de León. Charles ne peut être, tout au plus, qu'un régent dans ces territoires. Il bafoue donc les droits de sa mère, recluse au palais-couvent de Tordesillas, en se proclamant roi au même titre qu'elle. Ce « coup d'État » (selon l'expression de Joseph Pérez) suscite en Castille des mécontentements qui assombrissent les premières années du règne.
Le nouveau roi termine sa tournée inaugurale bourguignonne et prépare son départ pour l'Espagne. Il débarque sur la côte asturienne le , accompagné de ses conseillers flamands et de quelques exilés castillans. À peine arrivé, il fait renvoyer aux Pays-Bas son jeune frère Ferdinand, qui s'est porté à sa rencontre. À Valladolid, le faste de la cour bourguignonne déployé lors du couronnement choque beaucoup les Espagnols, habitués à une monarchie moins cérémonieuse. En , Charles y ouvre les Cortès de Castille, afin de recevoir le serment d'allégeance des délégués du royaume ainsi que d'importants subsides. L'assemblée accepte, sous diverses conditions : Charles devra apprendre le castillan (il s'avère incapable de s'adresser aux Cortès dans cette langue) ; les offices de gouvernement devront être réservés à des régnicoles ; aucun métal précieux ne devra sortir du royaume sous forme de monnaie ; enfin, la reine légitime devra être maintenue dans ses droits et bien traitée.
Bien informé du caractère plus compliqué de sa reconnaissance en Aragon (il faut répéter la cérémonie d'allégeance des Cortès dans chacun des territoires constituant la couronne d'Aragon), Charles reste peu de temps à Valladolid et se rend à Saragosse puis à Barcelone, pour y être reçu en tant que roi d'Aragon et comte de Barcelone. Au cours de son premier voyage, il passe plus de temps en Aragon qu'en Castille et multiplie les maladresses : il nomme de nombreux Bourguignons à des postes clés du gouvernement, réclame subside sur subside, se montre ignorant des usages et des langues locales. En à peine une année, il déçoit profondément ses nouveaux sujets malgré le large capital de sympathie dont il bénéficiait en tant que petit-fils des Rois catholiques. En outre, il quitte la péninsule dès qu'il apprend son élection au trône impérial, ce qui fait craindre aux Espagnols que leurs royaumes ne deviennent qu'une simple annexe d'un empire tourné vers le nord.
Charles doit faire face à plusieurs troubles dans ses États espagnols. Entre 1520 et 1521, il affronte une révolte en Castille, où ses sujets n'acceptent pas le régent nommé par ses soins, Adrien d'Utrecht (récompensé en 1516 par la charge d'archevêque de Tortosa), et sa cour burgondo-flamande. La rébellion menée par Juan de Padilla est définitivement écrasée lors de la bataille de Villalar le . Entre-temps, sur les conseils d'Adrien d'Utrecht, Charles associe deux « Grands », le connétable et l'amiral de Castille, au gouvernement du royaume. Par la suite, il associe une plus grande part de Castillans à son Conseil et revient s'installer en Castille où il réside sept ans sans discontinuer, de 1522 à 1529. Il donne en outre satisfaction à ses sujets en épousant en 1526 une princesse perçue comme espagnole : sa cousine germaine Isabelle de Portugal.
Entre 1519 et 1523, Charles doit également faire face à un soulèvement armé dans la région de Valence, les Germanías, du nom de ces milices locales dont la constitution est autorisée depuis un privilège accordé par Ferdinand le Catholique pour lutter contre les Barbaresques. En 1520, profitant de l'abandon de la ville par la noblesse à la suite d'une épidémie de peste, ces milices prennent le pouvoir sous le commandement de Joan Llorenç et refusent la dissolution prononcée par Adrien d'Utrecht. Les îles Baléares sont contaminées à leur tour par le mouvement, qui n'est vaincu par la force qu'en 1523.
L'empire espagnol d'Amérique et d'Asie
Sous le règne de Charles Quint, la conquête du Nouveau Monde, initiée par Christophe Colomb sous le règne des Rois catholiques (Hispaniola en 1493), se poursuit. L'expansion coloniale européenne est alors régie par le traité de Tordesillas (1494) répartissant le monde entre une aire portugaise et une aire castillane, auquel s'ajoute le traité de Saragosse en 1529, destiné à clarifier le statut des îles Moluques, objectif essentiel du voyage de Magellan en 1519-1522. Les autres pays européens sont encore peu impliqués, sauf la France qui s'installe au Canada dès les années 1530.
L'expansion de l'empire sous Charles Quint
La fin du règne de Ferdinand est marquée par la conquête de la Jamaïque en 1509 et de Cuba en 1511. Cuba devient le point de départ des expéditions vers l'Amérique centrale, notamment vers le Mexique, largement dominé par l'Empire aztèque, et vers l'isthme de Panama et l'océan Pacifique, découvert en 1513.
Parti de Cuba en février 1519, Hernán Cortés fonde la ville de Vera Cruz (juillet 1519), où il reçoit les ambassadeurs de différents peuples, notamment ceux de l'empereur aztèque Moctezuma. Dès 1519, il envoie en Espagne des objets d'art aztèques qui lui ont été offerts ; ces objets, emmenés en 1520 à Bruxelles par Charles Quint, en marche vers Aix-la-Chapelle pour son couronnement comme roi des Romains (23 octobre 1520), sont exposés au palais du Coudenberg, où ils sont vus notamment par le peintre Albert Dürer[38]. Par la suite, les relations entre Espagnols et Aztèques se tendent et Cortès, après avoir subi le revers de la Noche Triste (30 juin 1520), finit, avec l'aide d'indigènes hostiles aux Aztèques, par s'emparer de la capitale, Mexico-Tenochtitlan, le 13 août 1521. Prenant assez rapidement le contrôle de tout l'Empire aztèque, il établit la colonie de Nouvelle-Espagne dont la capitale est Mexico, refondée en 1524, qui devient en 1535 le siège de la vice-royauté de Nouvelle-Espagne.
En 1519, le Portugais passé au service de la Castille Fernand de Magellan part de Séville pour trouver un passage occidental vers les Indes (le projet initial de Christophe Colomb), et plus précisément vers les Moluques, les « îles des épices », où les Portugais sont présents depuis 1511, mais que Magellan estime devoir revenir aux Castillans, si on prolongeait dans le Pacifique le méridien défini au traité de Tordesillas dans l'océan Atlantique. Longeant la côte de l'Amérique du Sud, inconnue aux Européens à partir du Río de la Plata, il découvre le détroit de Magellan, puis traverse l'océan Pacifique et atteint les Philippines, où il est tué par des indigènes. Juan Sebastián Elcano prend alors la tête de l'escadre, réduite à deux navires, et parvient aux Moluques quelques semaines plus tard. Ayant réussi à charger des épices, le navire d'Elcano part vers l'ouest, à travers l'océan Indien, clairement dévolu aux Portugais, tandis que le deuxième part vers l'est, vers l'Amérique. C'est pourtant Elcano qui réussit à rentrer à Séville, réalisant le premier tour du monde par mer en 1522, l'autre navire étant ramené aux Moluques par les vents contraires et arraisonné par les Portugais.
À la suite de Magellan, deux autres expéditions sont organisées vers les Moluques (García Jofre de Loaísa, à partir de Séville, en 1526 ; Álvaro de Saavedra, à partir de Zihuatanejo en Nouvelle-Espagne en 1527, à l'initiative de Hernan Cortès) : toutes deux échouent totalement. Charles Quint décide alors de traiter avec le roi de Portugal, Jean III, dont il a épousé la sœur en 1526 : en 1529 est signé le traité de Saragosse, qui définit la ligne de partage dans le Pacifique, placée nettement à l'est des Moluques, ainsi reconnues comme portugaises, moyennant une indemnité versée à la Couronne de Castille. De plus, le Portugal accepte que les Philippines, découvertes par Magellan au nom du roi de Castille, soient colonisées par les Espagnols, bien que situées à l'ouest de la ligne de partage. Un poste est aussi établi dans les îles Mariannes.
Dès 1524, Francisco Pizarro, un parent de Cortès, se lance dans l'exploration de la côte pacifique de l'Amérique du Sud, à partir de l'isthme de Panama. Une seconde expédition a lieu en 1526, qui atteint le Pérou. En 1530, Pizarro repart avec une armée et soumet l'Empire inca (capitale : Cuzco) en 1532. Cette nouvelle colonie devient la vice-royauté du Pérou (Lima) en 1542.
À la suite du voyage de Magellan, les Espagnols s'installent aussi au sud de la zone portugaise du Brésil. En 1536, Pedro de Mendoza fonde Buenos Aires sur la rive droite du Río de la Plata. En 1537, Juan de Salazar (en) et Gonzalo de Mendoza fondent Asuncion, qui devient le centre de la conquête et de l'administration dans cette région.
En 1538, Gonzalo Jiménez de Quesada prend le contrôle du royaume des Chibchas (actuelle Colombie).
Organisation de l'empire
Ces immenses territoires sont, formellement, des dépendances de la Couronne de Castille, assurant à celle-ci des revenus en métaux précieux, notamment l'argent dont l'extraction s'accroît dès cette époque. La couronne a droit à un cinquième des métaux extraits (Quinto real), part dont une grande partie est amenée à Séville, où se trouve l'organisme central du commerce colonial, la Casa de Contratación. Cette manne permet à Charles Quint de financer sa politique européenne en garantissant, notamment, ses opérations de change, d'emprunt et de transfert de fonds auprès des banquiers d'Augsbourg, de Gênes et d'Anvers. Anvers, dans le duché de Brabant, devient grâce au commerce colonial la plus grande ville des Pays-Bas, le plus grand port et la plus grande place financière d'Europe à la fin de son règne.
Sur le plan politique, les affaires coloniales sont traitées d'abord par la Commission[39] des Indes (Junta de Indias, 1511-1524), puis par le Conseil des Indes (Concejo de Indias), qui, à partir des années 1540, comprend deux sections : celle de la vice-royauté de Nouvelle-Espagne (incluant en plus du Mexique, la Floride, les Caraïbes, le Venezuela, l'Amérique centrale et les Philippines), siégeant à Mexico, et celle de la vice-royauté du Pérou (Lima).
C'est Charles Quint qui organise l'empire, d'abord en créant des audiencias (organismes juridico-politiques), afin de discipliner les conquistadors : la création de l'audiencia de Mexico en 1527 instaure un premier contrôle réel sur Hernan Cortès, jusque là seul maître de la colonie (capitaine général) ; puis en 1535, la vice-royauté de Nouvelle-Espagne regroupe plusieurs audiencias, incluant la vieille colonie d'Hispaniola. Elle est confiée, non pas à Cortès, mais à Antonio de Mendoza, d'une famille de plus haut rang.
Charles Quint et les problèmes de la colonisation
Les problèmes :
- système de l'encomienda
- travail forcé et réduction en esclavage ; début de l'utilisation d'esclaves d'origine africaine (la traite en Afrique étant, légalement, réservée aux Portugais) ;
- conditions de la christianisation, etc.
- abus divers
Législation
- législation des Rois catholiques : cédule de 1503 ; Lois de Burgos (1512), Requerimiento (1513)
- législation de Charles Quint : édit de 1526, Lois nouvelles (Leyes Nuevas) de 1542
Un événement important
- la controverse de Valladolid (1550-1551) à laquelle participe le « défenseur des Indiens », Bartolomé de Las Casas, opposé au théologien Juan Ginés de Sepúlveda.
L'héritage des Habsbourg
La dignité impériale
L'élection (1520)
Le , la mort de l'empereur Maximilien ouvre la succession à la couronne impériale. Cette couronne, certes prestigieuse et garante d'une grande aura au sein de la chrétienté, constitue, à bien des égards, un poids plus qu'un avantage pour son titulaire : elle ne lui permet pas de lever des fonds, et lui donne le droit de lever une armée féodale inadaptée aux nouvelles exigences de la guerre, les troupes des princes allemands étant hors de son contrôle. Charles, en tant que candidat naturel à la succession de son grand-père, a été élevé dans la perspective de l'élection impériale et doit affronter la candidature des rois d'Angleterre Henri VIII et de France François Ier, ainsi que le duc albertin Georges de Saxe, dit « le Barbu ».
La compétition se résume vite à un duel entre le roi de France et l'héritier de Maximilien. Pour convaincre les sept princes-électeurs allemands, les rivaux usent tour à tour de la propagande et d'arguments sonnants et trébuchants.
Le parti autrichien présente le roi Charles comme issu du véritable « estoc » (lignage impérial), mais la clef de l'élection réside essentiellement dans la capacité des candidats à acheter les princes-électeurs. François Ier, soutenu par les Médicis et les Italiens de Lyon, prodigue les écus d'or français qui s'opposent aux florins et ducats allemands et espagnols, dont Charles bénéficie grâce à Marguerite d'Autriche (sa tante) qui obtient l'appui déterminant de Jacob Fugger et de la famille Welser, richissimes banquiers d'Augsbourg. Ceux-ci émettent des lettres de change payables « après l'élection » et « pourvu que soit élu Charles d'Espagne », qui profite en outre des richesses de l'empire américain[40]. Charles, qui dépense deux tonnes d'or (contre une tonne et demie pour François Ier), et pour qui Marguerite d'Autriche entoure la ville de l'élection d'une armée destinée à faire pression, est élu « roi des Romains » le et couronné à Aix-la-Chapelle le [N 1].
Très vite, il s'aperçoit qu'il ne peut pas être le pasteur unique de la chrétienté, selon les idéaux de « monarchie universelle » dont tentent de le convaincre ses conseillers, tels Mercurino Gattinara. Élu empereur, il tente de mettre de l'ordre dans les affaires de son grand-père et renvoie les musiciens de la chapelle impériale dont Ludwig Senfl. Il hérite des ennemis du Saint-Empire, menacé sur son flanc sud-est par la menace turque[41] ; mais il doit également compter sur la rivalité française, incarnée dans un premier temps par François Ier, puis par son fils Henri II.