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positionnement idéologique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le terme « extrême droite » est employé en politique pour désigner les mouvements, organisations et partis politiques (ainsi que leurs membres et électeurs) siégeant le plus à droite dans les hémicycles parlementaires ou, à défaut de représentants, portant les idées « les plus à droite ».
L'extrême droite est très diverse. Ses fondements idéologiques reposent principalement sur trois points[1] :
Au début du XXe siècle, l'extrême droite était par exemple représentée par un mouvement comme l'Action française, nationaliste et royaliste, qui défendait une doctrine royaliste, raciste et antisémite[2],[3]. Ceux qui se réclament de ces idées aujourd'hui y sont toujours classés. On y trouve des néofascistes et des néonazis, ainsi que des courants identitaires et national-populistes[1]. Enfin, les courants traditionalistes comme le royalisme, la réaction et l'intégrisme en font également partie.
Des partis français comme le Rassemblement national[4],[5],[6] ou le parti Reconquête[7],[8] sont classés à l'extrême droite. En Europe, le parti Frères d'Italie[9],[10] en Italie, ou le Parti de la liberté d'Autriche[4],[11] en sont d'autres exemples. On trouvera aussi des partis d'extrême droite à l'étranger, notamment dans les républiques démocratiques du Moyen-Orient comme en Égypte (Al Nour), ou en Israël (Otzma Yehudit), où ces partis siègent également le plus à droite de l'hémicycle parlementaire.
Le qualificatif d'« extrême droite » peut être utilisé de manière stigmatisante et péjorative, en assimilant toutes ses tendances au fascisme et au nazisme. Comme le relève le politologue Jean-Yves Camus, en France, le terme n'est quasiment jamais assumé par ceux qui en font partie, le Rassemblement national y préférant par exemple les termes de « droite nationale » ou de « mouvement national »[12].
Pour les politologues spécialistes de l'extrême droite Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, l'expression « extrême droite » est utilisée pour qualifier des événements très différents en Europe et est donc ambigüe, car généralement utilisée par des adversaires politiques de manière disqualifiante ou stigmatisante en assimilant toutes ses tendances au fascisme et au nazisme[13]. Selon Pierre-André Taguieff, l'expression « extrême droite » constitue « une étiquette polémique plutôt qu’une catégorie conceptuellement élaborée ou un modèle d’intelligibilité utilisable dans les travaux savants ». Mais l'expression est néanmoins utilisée en sciences politiques pour les analyses électorales, où elle permet « d’identifier d’une façon vague mais fortement stigmatisante telle ou telle formation politique ». Le passage de l'expression « extrême droite » de l'usage politique commun au vocabulaire des sciences politiques explique en partie les difficultés de définition[14] : selon Cas Mudde, outre sa fonction de catégorisation descriptive, le terme remplit aussi dans l'usage commun une fonction de délimitation d'un « ennemi politique »[15]. D'après Taguieff, les mouvements nommés « extrême droite » ont sur certains sujets, comme le rejet de la « mondialisation libérale », une position « plus proche de la gauche, voire de la gauche révolutionnaire ou radicale, que de la droite libérale ou de la droite conservatrice »[16].
Le qualificatif « extrême droite » n'est quasiment jamais assumé par ceux qui en font partie, préférant s'autoqualifier de « droite nationale » ou « mouvement national ». La littérature scientifique reconnaît cependant l’existence d’une famille de partis d’extrême droite, mais cette analyse est surtout adaptée à l’Europe de l’Ouest[13].
En France, Jean-Marie Le Pen déclare par exemple être « économiquement de droite, socialement de gauche et nationalement de France »[17] ou encore en 1978 : « L'extrême droite, le mot est équivoque dans la mesure où il comporte le mot extrême. Nos adversaires confondent volontairement, et dans l'intention de tromper, une position géographique sur l'échiquier politique avec une position d'extrémisme politique. Or notre philosophie, notre principe d'action et notre programme ne sont pas extrémistes et par conséquent nous occupons la place qui est libre. Je crois qu'il n'y a pas de droite, le centre actuel n'est pas la droite, bien qu'une grande partie du peuple de droite vote pour les candidats du centre et même de la gauche »[18]. Le MSI, parti néofasciste italien, utilisait l'expression « droite nationale », tandis que ses adversaires le désignaient simplement comme la « droite », le mot n'ayant pas la même portée dans le vocabulaire politique italien : l'appellation « extrême droite » était plutôt réservée, en Italie, aux groupes subversifs ou néonazis. L'appellation « droite nationale » a été également utilisée par le Front national en France. En Autriche, le FPÖ, sous la présidence de Jörg Haider, préférait se décrire comme la « troisième force » opposée à la fois aux socialistes et aux conservateurs ; ses membres se présentaient comme des « libertaires »[19].
Il sera donc question d’« extrême droite traditionnelle »[20] à propos de la tendance activiste et protestataire issue directement des mouvements fascistes, nazis et racistes des années 1930 à 1960. Le terme de « nouvelle droite national-populiste »[21] sera utilisé pour les partis constitués plus récemment autour de problématiques liées à la crise : chômage, immigration, identité nationale, etc. et qui mettent en œuvre des stratégies de prise de pouvoir électorale[22].
La science politique anglo-saxonne parle plus volontiers de droite radicale[source insuffisante][23] signifiant par là qu'elle se situe à la limite de la droite démocratique, libérale ou conservatrice.
Pour se distinguer de l'extrême droite, la droite traditionnelle a historiquement entretenu un refus d'alliance, dont une illustration est le « cordon sanitaire » en Belgique[24]. Cette politique est remise en question depuis quelques années : dans certains pays, comme en Autriche ou en Israël, des alliances se sont parfois nouées[25],[26],[27]. Fin 2018, un scrutin régional en Espagne voit le Parti populaire conclure une double alliance remarquée, d'un côté avec Ciudadanos, de l'autre avec Vox, petit parti d'extrême droite qui venait de faire une percée électorale notable[28]. En février 2020, c'est en Allemagne qu'une alliance entre les partis de gouvernement FDP et CDU et l'AfD d'extrême droite fait un tollé, entraînant des démissions et des manifestations[29].
Certains mouvements d'extrême droite peuvent être liés à la droite classique, mais finissent par être classés à l'extrême droite du fait d'une radicalisation (par exemple le Fidesz hongrois). D'autres mouvements d'extrême droite s'avèrent n'avoir aucun lien avec les mouvements de droite classique, comme les factions anticapitalistes de l'extrême droite. Ces dernières s'avèrent être plus radicales et parfois en conflit avec les mouvements de la droite conservatrice radicalisées[réf. nécessaire].
Certaines personnalités ou structures politiques peuvent évoluer considérablement comme l'illustre, en Italie, la trajectoire du Mouvement social italien (néo-fasciste) devenu Alliance nationale (centre-droit). En France, Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian et Hervé Novelli sont des figures politiques de droite ayant commencé leur engagement au sein du mouvement d'extrême droite Occident[30].
Il existe de nombreuses divergences entre les extrêmes droites, notamment sur le plan économique, certaines factions sont libérales tandis que d'autres sont socialisantes[31].
En religion, on trouve également des extrêmes droites religieuses chrétiennes (Civitas catholique, Ku Klux Klan protestant, Pamiat orthodoxe)[32], musulmanes (Front de la stabilité de la révolution islamique[33] et l'Alliance Fatah chiites, Hamas sunnite), juives (Lehava, Front national juif) et hindoues (RSS) qui peuvent être antagonistes.
Si la majorité des mouvements d'extrême droite sont anticommunistes, certains mouvements prônent une forme de Communisme mêlé à du Conservatisme sociétal comme le National-bolchevisme et les eurasistes.
Concernant leur rapport à la religion, certains mouvements sont favorables à la présence de la religion dans la société. D'autres sont plutôt laïcs et certains sont franchement théocrates[réf. nécessaire].
Sur la stratégie électoraliste, certains prônent le réformisme tandis que d'autres prônent la stratégie révolutionnaire[34] ou contre-révolutionnaire selon les tendances[35],[36].
Sur le rôle de l'État, certains soutiennent l'étatisme tandis que d'autres sont anti-étatistes[réf. nécessaire].
Sur la politique étrangère, une grande partie se divise au sujet du conflit israélo-arabe. De nombreux mouvements soutiennent le nationalisme arabe ainsi que les palestiniens[37],[38],[39],[40]. Ainsi, l'Espagne franquiste soutenait activement les nationalistes arabes[41], d'autres factions antisionistes d'extrême droite affichent une proximité avec le Hezbollah libanais et l'Iran khomeiniste sans forcément être musulmans, ainsi l'Alliance pour la paix et la liberté, parti d'extrême droite européen qui appelle à la défense de la chrétienté soutient ouvertement les mouvements islamistes chiites pro-iraniens[42], tandis que d'autres mouvements et partis soutiennent le sionisme[43]. Beaucoup de mouvements en Europe sont aussi anti-américains[44] tandis que d'autres, plus proches du néoconservatisme sont pro-américains.
Selon les chercheurs Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, le cœur de la vision du monde de l'extrême droite est l'organicisme, l'idée selon laquelle la société fonctionne comme un être vivant complet, organisé et homogène. Adapté à la communauté qu'ils souhaitent constituer ou reconstituer (qu'elle soit fondée sur l'ethnicité, la nationalité, la religion ou la race), le concept les amène à rejeter toute forme d'universalisme au profit de l'autophilie et de l'altérophobie, soit en d'autres termes l'idéalisation d'un « nous » à l'exclusion d'un « ils »[45]. L'extrême droite tend à absolutiser les différences entre nations, races, individus ou cultures puisqu'elles perturbent leurs efforts vers l'utopie rêve d'une société « fermée » et naturellement organisée, perçue comme la condition pour assurer la renaissance d'une communauté enfin reconnectée à sa nature quasi éternelle et rétablie sur de solides fondations métaphysiques[46],[47].
Considérant leur communauté dans un état de décadence facilité par les élites dirigeantes, les partisans d'extrême droite se présentent comme une élite naturelle, sensée et alternative, avec pour mission rédemptrice de sauver la société de la catastrophe promise. Ils rejettent à la fois leur système politique national et l'ordre géopolitique mondial (y compris leurs institutions et leurs valeurs, par exemple le libéralisme politique et l'humanisme égalitaire) qui sont présentés comme devant être abandonnés ou purgés de leurs impuretés, afin que la « communauté rédemptrice » puisse éventuellement quitter la phase actuelle de crise liminale pour inaugurer une nouvelle ère[45],[47]. La communauté elle-même est idéalisée à travers de grandes figures archétypales (les âges d'or, le sauveur, la décadence et les théories du complot mondial) car elles glorifient des valeurs non rationalistes et non matérialistes comme la jeunesse ou le culte des morts[45].
Le politologue Cas Mudde soutient que l'extrême droite peut être considérée comme une combinaison de quatre concepts largement définis, à savoir l'exclusivisme (par exemple le racisme, la xénophobie, l'ethnocentrisme, l'ethnopluralisme, le chauvinisme, y compris le chauvinisme social), les traits antidémocratiques et non-individualistes (par exemple le culte de la personnalité, le hiérarchisme, le monisme, le populisme, l'anti-particratie, la vision organique de l'État), un système de valeurs déplorant la disparition des cadres de référence historiques (par exemple l'ordre public, la famille, la communauté et la nation ethniques, linguistiques et religieuses ainsi que l'environnement naturel) et un programme socio-économique associant corporatisme, contrôle étatique de certains secteurs, agrarisme, et un degré variable de croyance dans le libre jeu des forces socialement darwinistes du marché. Mudde propose ensuite une subdivision de la nébuleuse d’extrême droite en tendances modérées et radicales, selon leur degré d'exclusionnisme et d'essentialisme[48],[49].
L'Encyclopédie politique : La gauche et la droite déclare que la politique d'extrême droite comprend « des personnes ou des groupes qui ont des opinions extrêmement nationalistes, xénophobes, racistes, fondamentalistes religieuses ou autres opinions réactionnaires ». Bien que le terme d'extrême droite soit généralement appliqué aux royalistes absolutistes, aux fondamentalistes et aux fascistes, il a également été utilisé pour désigner ceux qui se situent à droite du courant dominant de la politique de droite[50].
Si les mouvements ou partis d'extrême droite sont divers, leurs socles idéologiques comportent des points communs : un chauvinisme[4], un souverainisme[4] et un traditionalisme encore plus poussés qu'à droite [réf. nécessaire], un discours autoritariste affirmé, et un programme économique et social hétéroclite, parfois plus favorable aux milieux populaires que celui de la droite traditionnelle, usant largement d'une rhétorique antisystème et de dénonciation des élites[51]. La xénophobie et le racisme[4] font aussi partie de ce socle commun et se traduisent souvent par une opposition à l'immigration[52]. Enfin, on y retrouve un anticommunisme marqué[1]. Le fondamentalisme religieux est aussi classé à l'extrême droite.
Les groupes et partis d'extrême droite sont souvent nationalistes voir ultranationalistes[53], toutefois, plusieurs formes d'extrême droite ne sont pas nationalistes, certains sont également antinationalistes à l'instar de certains mouvements royalistes absolutistes, des libertariens conservateurs[54] ou de groupes pan-islamistes[55] comme Hizb ut-Tahrir[56].
Ainsi, selon le docteur en science politique Benjamin Biard, l'opposition à l'immigration, l'autoritarisme en matière de politique intérieure et la rhétorique populiste antisystème et hostile aux partis traditionnels sont les trois caractéristiques communes à toute l'extrême droite, et qui permettent donc de la reconnaître[1].
Le politologue néerlandais Cas Mudde montre que la plupart des analyses de l'idéologie d'extrême droite mettent en avant des combinaisons diverses des cinq aspects suivants : nationalisme, racisme, xénophobie, opposition à la démocratie, revendication d'un État fort[15]. Pour Pascal Delwit et Andrea Rea, « deux sujets essentiels cristallisent le vote d'extrême droite : la xénophobie et le discours sécuritaire »[57].
Au-delà de ces fondements idéologiques, les références parfois hétéroclites et les itinéraires variés des mouvements d'extrême droite expliquent des positions parfois contradictoires[51]. Ainsi, dans le domaine spirituel, certains défendent un traditionalisme-intégrisme religieux[58], d'autres un athéisme exacerbé ou un néo-paganisme[59]. De plus, comme le souligne la géopolitologue Béatrice Giblin-Delvallet, l'existence de ressorts communs à l'extrême droite moderne ne doit pas empêcher de comprendre l'évolution des différents partis en relation avec des contextes nationaux particuliers. Par exemple en matière économique, « le nouveau nationalisme russe rejette toute intervention économique et sociale étatique (du fait d’un mauvais souvenir du centralisme soviétique ?). En revanche, le RN nouveau prône le rôle actif et protecteur de l’État contre les capitalistes prédateurs qui appauvrissent les plus faibles »[60].
Selon le sociologue Alain Bihr, la pensée d'extrême droite est fondamentalement inégalitariste : elle considère que les inégalités sociales relèvent de l'ordre naturel des choses, d'où son goût pour les chefs, l'autorité et la hiérarchie. Selon cette famille politique, la société a dévié de l'ordre naturel, et elle doit absolument y revenir. L'organicisme, c'est-à-dire la comparaison entre la nation et un organisme vivant, y est également très présent. Cet organisme biologique doit, selon l'extrême droite, être protégé de la maladie qu'est la décadence, et des agents pathogènes qui l'encouragent. Enfin, on y retrouve souvent un culte de la force et de la combativité, censé entretenir le vitalisme de la nation[61].
Les moyens mis en œuvre par les partis ou organisations d'extrême droite sont divers :
La base électorale de l'extrême droite reste avant tout les milieux populaires : petits commerçants, artisans, ouvriers[71], etc. Elle suit en effet une ligne « anti-élite » (voire parfois contre-révolutionnaire[72]), se différenciant ainsi de la droite conservatrice et libérale.
En France, par exemple, et selon la géographe Catherine Bernié-Boissard (coauteur du livre Vote FN, pourquoi ?), « le vote FN exprime un désarroi, un sentiment de déclassement. Les scores les plus élevés, on les retrouve dans des communes où le taux de diplômés et le niveau d’éducation sont les plus faibles, où la présence des services publics est moindre »[73]. Les partis d’extrême droite sont souvent accusés par l'opposition de jouer avec les peurs et les frustrations de couches populaires précarisées, notamment en érigeant l'étranger ou les jeunes de quartiers populaires en boucs-émissaires[74]. Le sentiment d'insécurité est aussi un élément récurrent mis en avant dans ces discours[75].
Selon une étude dirigée en 2000 par l'Église réformée de France, l'électorat de l'extrême droite est majoritairement masculin, peu diplômé et anti-politique[76].
Lors de l'élection présidentielle de 2017, le Figaro rend compte des profils socio-culturels des électeurs des différents candidats au premier tour. Si le score auprès des ouvriers et employés pour les alliés du second tour Dupont-Aignan et Le Pen dépasse les 40 %, le vote des cadres pour ces candidats est de 18 %, contre 33 % pour Macron, 20 % pour Fillon, 19 % pour Mélenchon, et 8 % pour Hamon[77].
En 2005, à partir d’une enquête menée dans cinq pays européens (Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas) auprès de militants d’extrême droite, des chercheurs de l'Université libre d'Amsterdam résument les traits caractéristiques qui structurent leur identité politique :
À partir du cas de la France, l'historien Michel Winock dans son ouvrage Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France (2004)[79], donne les neuf caractéristiques suivantes aux mouvements d’extrême droite qui découlent du discours de la décadence, « vieille chanson que les Français entendent depuis la Révolution » :
Les interprétations qu’il en donne sont de quatre ordres :
Pour Jean-Yves Camus, dans un contexte de mondialisation[80] et de montée des inégalités, l'extrême droite « s'impose plus que jamais comme principale force de contestation du consensus idéologique imposé par le modèle social ultralibéral »[81]. Mais un anticapitalisme de façade était déjà, selon Alain Bihr, l'un des arguments démagogiques du fascisme[82].
L'extrême droite est composée de divers courants (convergents ou antagonistes) parmi lesquels :
D'autres formations sont selon certains observateurs considérées comme d'extrême droite, mais cette classification peut être davantage controversée :
Selon les pays et les contextes, le terme « extrême droite » est, de fait, utilisé pour trois types de visions ou de mouvances :
La présence de ces mouvements par pays est aussi très variable. La situation des États-Unis, avec une extrême droite à l'influence marginale s'oppose ainsi à celles de plusieurs pays européens, (Autriche, Norvège, Danemark, Suède, etc.) où leur présence parlementaire est de plus en plus marquée. De façon intermédiaire, des pays tels que le Japon disposent de mouvements d'extrême droite non parlementaires, mais ayant une forte capacité d'influence sur le principal parti au pouvoir.
Dans certains pays, comme l’Autriche, Israël et plus récemment la Norvège, l’extrême droite participe parfois aux coalitions gouvernementales avec la droite et le centre-droit, et possède donc à l’occasion des ministres. Au Danemark, l'extrême droite a, au début des années 2000, apporté son soutien à un gouvernement, sans toutefois y participer.
Depuis 2000, une dizaine de pays européens ont connu des participations de l'extrême droite au gouvernement ou bien un soutien parlementaire à des gouvernements, pouvant être de centre-droit ou de centre-gauche : Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), Parti national slovaque (SNS), Patriotes unis de Bulgarie, Parti pour la liberté des Pays-Bas (PVV), Parti populaire danois, Parti du Progrès norvégien, les Vrais Finlandais, Union démocratique du centre en Suisse, la Ligue du Nord italienne et l'Alerte populaire orthodoxe (LAOS) en Grèce[89].
Si dans les années 1970, Vera Oredsson (sv) dirigeait une formation d'extrême droite en Suède (le Parti du Reich Nordique), c'est à partir du XXIe siècle que les partis d'extrême droite et de droite populiste européens se féminisent, plusieurs de leurs figures de proue étant des femmes, comme Marine Le Pen (France),Diana Șoșoacă (Roumanie), Siv Jensen (Norvège), Krisztina Morvai (Hongrie), Pia Kjaersgaard (Danemark), Anke Van dermeersch (Belgique), Alessandra Mussolini (Italie) ou encore Eléni Zaroúlia (Grèce). Ces personnalités et leurs partis respectifs ne se situent pas tous sur la même ligne politique, certains étant issus d'une droite radicale populiste, d'autres étant clairement fascisants[90].
En France, l'extrême droite remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle et coïncide avec la fin de la monarchie. Parmi les idées caractéristiques des mouvements classés à l'extrême droite, ont figuré à titres divers notamment l'antiparlementarisme, l'islamophobie, l'antisémitisme, le nationalisme ou bien encore l'homophobie et le sexisme chez certaines personnes. Les mouvements actuellement classés à l'extrême droite en Europe sont souvent accusés de racisme et de xénophobie, en raison de leur hostilité générale à l'immigration et des positions ouvertement racistes revendiquées par certains d'entre eux.
Nada Afiouni et Nicolas Guillet (enseignants-chercheurs en Normandie), dans leur ouvrage Tentatives de banalisation de l'extrême droite en Europe, observent, ces dernières années, un phénomène tout sauf « anodin » de « dédiabolisation » de l'extrême droite en France ; une dédiabolisation qui s'opère aussi bien sur le plan formel, où l'extrême droite « modifie [son] nom, [son] logo, [son] discours public, l'atténue, l'euphémise, se fait le porte-parole du bon sens populaire, emprunte des références aux autres familles politiques tout en [se dépouillant] des siennes », que sur le plan substantiel, où elle devient « une force politique pérenne » et où « les partis politiques classiques [sont conduits] à concurrencer l’extrême droite sur son propre terrain, brisant les digues jusqu'à assurer des passerelles politiques à ses personnalités, à passer des accords électoraux avec elle ou à en reprendre les idées »[91],[92].
Nada Afiouni et Nicolas Guillet constatent toutefois que ce phénomène de dédiabolisation reste « encore très partiel ». Ainsi, ils relèvent qu'Anne-Sophie Leclère, candidate FN aux élections municipales de 2014 à Rethel, avait publié « sur sa page Facebook un photomontage montrant d’un côté un singe, de l’autre Christiane Taubira, avec cette légende : “A 18 mois” et “Maintenant” », qu’Aymeric Chauprade a tenu dans l’une de ses vidéos postées sur son site Internet à la suite de l'attentat perpétré en France contre Charlie Hebdo : « La France est en guerre, avec des musulmans […]. L’islam fait planer sur la France une menace très grave sur son avenir […]. On nous dit qu’une majorité de musulmans est pacifique. Certes. Mais une majorité d’Allemands l’étaient avant 1933 et le national-socialisme allemand » ; ils relèvent un tweet posté par Bruno Lemaire, conseiller économique auprès de Marine Le Pen, évoquant après l'attentat contre Charlie Hebdo la « secte de mohamerde » et amalgamant islam et terrorisme[93].
Les chercheurs constatent, en outre, qu'il n'est « nul besoin de [l’extrême droite] à la direction du pays pour voir une partie [de ses idées] mise en œuvre ou, du moins, pour voir des similitudes entre son programme et les actions des pouvoirs en place », en ce qui concerne, par exemple, « les obsessions sécuritaires, les pamphlets anti-Roms et antimusulmans, les débats officiels sur la patrie »[94].
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