Gordes
commune française du département de Vaucluse / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Gordes (prononcé [gɔʁd]) est une commune française située dans le département de Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Gordes | |||||
Vue du village par le sud-ouest. | |||||
Blason |
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Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Provence-Alpes-Côte d’Azur | ||||
Département | Vaucluse | ||||
Arrondissement | Apt | ||||
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Luberon Monts de Vaucluse | ||||
Maire Mandat |
Richard Kitaeff 2020-2026 |
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Code postal | 84220 | ||||
Code commune | 84050 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Gordiens | ||||
Population municipale |
1 666 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 35 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 43° 54′ 43″ nord, 5° 12′ 03″ est | ||||
Altitude | Min. 111 m Max. 635 m |
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Superficie | 48,04 km2 | ||||
Type | Commune rurale | ||||
Unité urbaine | Avignon (banlieue) |
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Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes | ||||
Élections | |||||
Départementales | Canton d'Apt | ||||
Législatives | Cinquième circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Vaucluse
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
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Liens | |||||
Site web | gordes-village.com | ||||
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Le bourg est l'un des villages les plus visités du Parc naturel régional du Luberon. Il se situe aux confins du Parc et précisément dans les Monts de Vaucluse, qui font face au versant nord de la montagne du Luberon.
Perchée sur un rocher, la commune cotise à l'association Les Plus Beaux Villages de France pour son patrimoine riche et varié : deux abbayes, un château, de très nombreux hameaux anciens, et plusieurs centaines de cabanes en pierre sèche ou bories, plusieurs moulins à eau et à vent, des fontaines, des lavoirs et des aiguiers.
Selon le classement des plus beaux villages du monde publié le 12 février 2023 sur le site du magazine de voyages américain Travel + Leisure, Gordes est considéré comme le « plus beau village du monde[1],[2] », devançant le village japonais de Shirakawa-go et Giethoorn aux Pays-Bas.
Gordes, située entre la réserve de biosphère du Parc naturel régional du Luberon et celle du mont Ventoux, possède un patrimoine naturel riche, encadré par des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Après avoir connu un certain niveau d'artisanat jusqu'au XIXe siècle, la commune fut vidée d'une partie de ses habitants, pour renaître, tout d'abord à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale sous l'impulsion de personnalités artistiques, puis dans les années 1980 avec le développement de l'immobilier et des transports ferroviaires.
Situation
Gordes est située dans le centre du département de Vaucluse, sur le flanc sud des monts de Vaucluse, dominant du haut d'un piton rocheux la vallée du Calavon et faisant face à la montagne du Luberon.
La commune de Gordes est limitrophe de celles de Venasque, Le Beaucet et Murs au nord, Joucas et Roussillon, à l'est, Goult, Saint-Pantaléon, Beaumettes et Oppède au sud et Cabrières-d'Avignon et Saumane-de-Vaucluse à l'ouest. Elle se situe à mi-chemin entre Cavaillon et Saint-Saturnin-lès-Apt par la route départementale 2.
Saumane-de-Vaucluse | Venasque | Murs |
Cabrières-d'Avignon | Joucas Roussillon | |
Oppède | Ménerbes , Beaumettes | Saint-Pantaléon Goult |
Topographie
Située à cheval entre deux ensembles géographiques, Gordes est une des communes les plus étendues de la région avec 4 804 hectares.
Le nord de la commune est formé par les monts de Vaucluse. C'est là que se situe le point culminant de la commune à 635 mètres d'altitude, à proximité de la « Pouraque » et des « Trois Termes ». Le sud de la commune est formé de la plaine du Calavon (dite aussi « vallée Nord Luberon ») et des collines du secteur dit de la « Garrigue » où se trouve le point le plus bas de la commune à 111 mètres d'altitude, au sud-ouest de la municipalité, au niveau du « plan de l'Alba ».
Le village de Gordes se trouve quant à lui à la limite entre ces deux reliefs, sur un promontoire calcaire des monts de Vaucluse, dominant la plaine du Calavon de 120 mètres en culminant à 370 mètres d'altitude.
Hydrographie et les eaux souterraines
Gordes est en partie situé sur les monts de Vaucluse, connus pour être riches en eau (Fontaine-de-Vaucluse se trouve à quelques kilomètres à l'ouest seulement). Plusieurs cours d'eau parcourent la commune, aussi bien en surface que sous terre[3].
Les deux principaux cours d'eau superficiels de Gordes ont joué un rôle primordial dans la vie et l'implantation des sites. La Sénancole[4], située à l'ouest de la commune, est à l'origine du choix du lieu d'implantation de l'abbaye de Sénanque. La Véroncle[5], située à l'est de la commune, a permis par un système de barrages et de canaux de diriger l'eau jusqu'à des moulins afin d'actionner des meules et développer l'activité économique du secteur. Mais la modernisation et les nombreux tremblements de terre (dont celui du qui détruisit, entre autres, le barrage principal) ont eu raison de cette activité. Le cours d'eau est depuis en partie souterrain. La Véroncle rejoint en bordure est de la commune, venant de Joucas vers Goult, le Carlet qui, comme la Roubine, se jette dans l'Imergue[5] qui quitte la commune après avoir frôlé le Moulin des Roberts, ancien moulin à eau présent sur les cartes de Cassini selon l’appellation « moulin de Robert » et qui fut le plus important moulin de la commune au XVIIIe siècle[6].
Les cours d'eau souterrains de Gordes sont nombreux. Certains, comme dans le « vallon » au nord du village, avaient même été canalisés pour permettre à de plus grandes quantités d'eau d'arriver vers les lieux de vie. C'est ainsi que de nombreuses galeries et mines d'eau sont encore partiellement visibles (privé) sur les hauteurs, en amont du village.
Géologie
Avec une forte variation du relief, la géologie des sols de la commune se divise en plusieurs zones distinctes.
Ainsi, il existe au nord, sur les monts de Vaucluse, des sols datant principalement du Jurassique supérieur composés de calcaires à faciès urgonien et de calcaires argileux. On trouve aussi, en très faible proportion et très localisé au-dessus de Sénanque, des couches datant de l’éocène–oligocène composées de calcaires, de sables et d'argiles.
La géologie au sud du village est plus complexe avec la plaine sous Gordes (sud-est) composée de sols datant du quaternaire (dépôts fluviatiles, colluvions et éboulis) et de sols du jurassique supérieur–crétacé (calcaires argileux et marnes bleues aptiens) ; les collines du secteur de « la garrigue » (au sud du village) composées de sols datant du crétacé–paléocène (calcaires gréseux, calcaires lacustres, sables argileux bariolés, sables blancs et ocrés ainsi que quelques cuirasses ferrugineuses) et du miocène (molasses calcaires, sables et marnes) ; enfin le sol du territoire descendant vers la plaine du Calavon avec une partie légèrement plus en hauteur datant du miocène (molasses calcaires, sables et marnes) et une plus basse du quaternaire (dépôts fluviatiles, colluvions et éboulis)[7].
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de Provence-Alpes-Côte d'Azur et Climat de Vaucluse.
En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen franc, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[8]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 h/an), un été chaud (21,5 °C), un air très sec en été, sec en toutes saisons, des vents forts (fréquence de 40 à 50 % de vents > 5 m/s) et peu de brouillards[9].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 13,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 784 mm, avec 6,4 jours de précipitations en janvier et 2,9 jours en juillet[8]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Cabrières d'Avignon », sur la commune de Cabrières-d'Avignon à 5 km à vol d'oiseau[10], est de 14,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 696,9 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 43,2 °C, atteinte le ; la température minimale est de −15,2 °C, atteinte le [Note 1],[11],[12].
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[13]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[14].
Voies de communication et transports
La route d'accès principale de Gordes est la route départementale D 2 venant de Cavaillon puis la route départementale D 15 qui continue au nord sur Murs après avoir traversé le village. C'est de cette route, par-dessus le rocher Bel-Air, que l'on peut observer le plus connu et le plus photographié des points de vue sur le village.
Gordes se situe à 38 kilomètres à l'est d'Avignon et de sa gare TGV, à 75 kilomètres de l'aéroport de Marseille Provence et à 87 kilomètres de Marseille. Les gares SNCF les plus proches sont à L'Isle-sur-la-Sorgue et Cavaillon, bien qu'il fût un temps où Coustellet était aussi desservi par une voie ferrée qui liait, entre autres, Apt à Cavaillon. Cette voie est actuellement entièrement désaffectée et dédiée aux cyclistes, marcheurs et patineurs.
Bien qu'il existe des espaces héliports privés et hôteliers aux alentours et un aéroclub sur Cabrières-d'Avignon à proximité directe de la commune, Gordes n'en possède aucun. L'aéroport le plus proche proposant des vols réguliers vers l'étranger est celui d'Avignon, puis pour un aéroport international de grande taille, celui de Marseille Provence.
Typologie
Gordes est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[15],[16],[17]. Elle appartient à l'unité urbaine d'Avignon, une agglomération inter-régionale regroupant 59 communes[18] et 455 711 habitants en 2017, dont elle est une commune de la banlieue[19],[20]. La commune est en outre hors attraction des villes[21],[22].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (49 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (50,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (36,9 %), zones agricoles hétérogènes (27,2 %), cultures permanentes (12,1 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (12,1 %), terres arables (8 %), zones urbanisées (3,7 %)[23]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Morphologie urbaine
Autour du bourg se trouvent de nombreux hameaux anciens. Leurs noms viennent principalement des familles (Gros, Imbert, Martin, Cortasse, etc.) occupant les lieux ou de l'activité pratiquée (les bouillons, les bouilladoires).
Les Imberts est le plus gros des anciens hameaux de Gordes. Il est situé dans la plaine directement au pied des monts de Vaucluse, à l'ouest de la commune et en bordure de celle de Cabrières-d'Avignon, à l'ancienne frontière entre la Provence et le Comtat Venaissin. Celui-ci possède sa propre église, construite entre 1785 et 1792 après que — fait rare pour une seule et même commune — l'ancienne église du hameau des Imberts eut accédé au statut de paroisse en 1777 sans pour autant qu'il y ait séparation administrative avec le village. Outre cette église, on trouve quelques éléments et façades du XVIIIe siècle. C'est dans ce hameau que se trouvent les deux stades de football de Gordes, un pour les matchs officiels et un pour l'entraînement, la crèche, une école et après avoir eu plusieurs petits commerces simultanés (boulangerie, épicerie, etc.) il ne reste en 2011 qu'un garage/station essence.
Les Gros et les Martins sont deux anciens hameaux protestants assez proches l'un de l'autre, entre les Imberts et la commune des Beaumettes. Le hameau des Gros possède un temple protestant du XIXe siècle. Son cœur est composé d'un îlot ancien entouré d'une corolle de maisons lui servant de protection. Au hameau des Martins, l'une des maisons a une meurtrière couvrant la rue principale menant au cœur du hameau afin de les protéger des éventuelles attaques des catholiques.
À côté des Martins, entre Gordes et les Beaumettes, se trouvent les deux hameaux des Bouilladoires et des Bouillons, lesquels tiennent leur nom du fait qu'on y faisait autrefois bouillir les peaux. Aux Bouillons, deux lieux sont à relever : le Musée du vitrail et l'histoire du verre[24], né de la collection personnelle de Frédérique Duran et retraçant l'histoire du verre et exposant de nombreuses œuvres, et le moulin des Bouillons[24], moulin à olives construit en 1762 qui fonctionna jusqu'en 1920, classé monument historique depuis le grâce notamment à son pressoir en état[25]. C'est un moulin utilisant une « presse à sang », en raison du fait que ni l'eau, ni le vent, mais un être vivant (par exemple, un mulet) actionne le mécanisme.
Dans la plaine au sud-est du village, les Sauvestres, les Pourquiers, les Marres ou encore les Cortasses (qui tient son nom d'une famille qui demeurait à Joucas dès avant 1432 et qui y possédait de nombreuses terres[26]) sont d'autres hameaux de Gordes avec en leur cœur des bâtiments dont les origines remontent quelquefois à plusieurs centaines d'années.
La répartition des sols de la commune est la suivante[27] (donnée pour un total de) :
Type d'occupation | Pourcentage | Superficie (en hectares) |
---|---|---|
Zones urbaines | 9,19 % | 451,34 |
Zones agricoles | 34,43 % | 1 690,74 |
Zones naturelles | 56,38 % | 2 768,14 |
Total | 100 % | 4 910,22 |
Les zones naturelles sont principalement formées par les forêts méditerranéennes et garrigues couvrant les monts de Vaucluse. Les zones agricoles sont formées de vergers de fruitiers (oliviers, amandiers, etc.), des champs de lavandin, des vignes (AOC ventoux) et des chênaies truffières situées en zones naturelles.
Logement
Gordes comptait 1 641 logements en 1999, 1 805 logements en 2008 et 1 874 logements en 2013[28].
En 1999, les constructions anciennes mais également neuves sont bien plus présentes que la moyenne française : 13,0 % des résidences principales dataient de 1990 et plus contre 10,4 % en France et 38,1 % dataient d'avant 1949 contre 32,9 % en France. En revanche, la commune connaît un important déficit de constructions des années 1950 aux années 1970 qui s'explique par l'exode rural, compensé depuis par la construction de résidences secondaires en particulier. Depuis 1999, le volume de constructions nouvelles reste important, toutefois limité par le manque de terrains constructibles disponibles à la vente qui s'est épuisé en absence de l'arrivée d'un plan local d'urbanisme pour remplacer un plan d'occupation des sols datant du début des années 80.
En 1968, on comptait 599 résidences principales pour 159 résidences secondaires. En 1982, la proportion est de 605 résidences principales pour 394 résidences secondaires, soit en quatorze ans un nombre à peu près équivalent (plus un point seulement) de résidences principales alors que l’on a une augmentation de presque deux fois et demi le nombre de résidences secondaires[29].
En 1999, les résidences principales représentent 901 logements soit 54,9 % du parc, réparties à 98,5 % en maisons individuelles et à 1,5 % en appartements (respectivement 56,8 % et 43,2 % en France métropolitaine). Les propriétaires de leurs logements constituent 65,6 % des habitants contre 20,6 % qui ne sont que locataires (respectivement 54,7 % et 40,7 % en France métropolitaine). La commune ne compte par ailleurs aucun logement HLM[30],[31],[32],[33].
En 2008, il y a 944 résidences principales, 729 résidences secondaires et 132 logements vacants. En 2013, on dénombre 889 résidences principales, 813 résidences secondaires et 172 logements vacants[28].
Architecture
Les normes de construction sont très strictes sur l'ensemble de la commune. La pierre est omniprésente et toute nouvelle construction doit en respecter la mise en œuvre traditionnelle en plus d'enterrer les lignes électriques et téléphoniques. Cette obligation de construire en pierre, tout comme l'utilisation de tuiles canal pour les toits, la forte limitation de la hauteur, le respect de certaines normes de construction parasismique, etc., s'appliquent même dans le cadre de bâtiments agricoles.
Murs et murets sont, par tradition, toujours faits de pierres locales. Ils sont dits de « pierre sèche » lorsqu'ils sont sans mortier ou à « joints vifs » lorsqu'ils sont sans joints apparents. Parfois, les pierres de la rangée supérieure sont posées sur la tranche afin de stabiliser les dernières assises (certains murs dépassent parfois les deux mètres de haut) mais aussi de différencier un mur en bordure de propriété d'un simple mur et de délimiter ainsi les parcelles. Enfin, ce dispositif permettait d'écarter certains animaux comme les loups, maintenant disparus, car les pierres ainsi posées sont plus coupantes qu’à l’horizontale.
La commune s'écrit Gòrda en provençal selon la norme classique et Gordo selon la norme mistralienne.
Préhistoire et antiquité
Les abris de Baume Brune, dans une falaise sur Joucas et Gordes[34], sont un ensemble de 43 abris préhistoriques dont seulement 8 sont ornés. Apparemment rien ne justifie la sélection de ces 8 abris - sauf l'écholocation. Des études d'archéoacoustique ont montré que les seuls abris décorés sont ceux émettant des sons réfléchis ; et l'abri no 12, le plus décoré et le seul décoré avec de la peinture noire, est aussi celui pour lequel les sons réfléchis sont les plus forts[35],[36],[37].
L'origine de Gordes est liée au peuple celte des Vordenses qui érigent un oppidum défensif pour Cavaillon au sommet du roc où se trouve actuellement le village. Le lieu est ensuite occupé par les Romains. Le nom de Gordes viendrait de Vordense qui se transforma en Gordenses puis Gordae et enfin Gordes[38].
Il reste encore plusieurs traces de l'importante occupation romaine[39] comme le passage de la voie romaine de Carpentras à la vallée d'Apt au quartier des Cousins, les vestiges gallo-romains du quartier des Bouisses (squelettes, amphores, colonnes) ou les substructions gallo-romaines au hameau des Gros.
Moyen Âge
Au VIIIe siècle, l’abbaye bénédictine de Saint-Chaffret est fondée par des moines de l'abbaye de Saint-Chaffre de Monastier-en-Velay sur les restes d'une ancienne cella détruite lors des invasions arabes[40].
Depuis le XIe siècle, la masse impressionnante de son château couronne le village de Gordes. Guillaume d'Agoult, l'un des premiers ancêtres de cette puissante famille féodale qui couvrit de fortifications tous les villages environnants, le mentionne dans une charte datée du (texte original contenu dans le cartulaire de Saint-Victor de Marseille). Ses successeurs le renforcent jusqu'à en faire en 1123 un nobile castrum, le seul ainsi dénommé parmi les très nombreux châteaux avoisinants. Assiégé en vain par le baron des Adrets durant les guerres de religion, il est le fief des marquis de Simiane puis des ducs de Soubise et au XVIIIe siècle des princes de Condé[41].
Au XIIIe siècle, Gordes rallie la maison de Savoie en se mettant sous la protection de Béatrix de Savoie à la suite d'une brouille avec le royaume de France. Celle-ci y établira une garnison (citée en 1258)[42].
Au milieu du XIVe siècle, tout comme dans les villages environnants, les premiers remparts se dressent au pied des maisons. C'est l'une des répercussions de la peur engendrée par la guerre de Cent Ans[43]. François Joseph de Rémerville de Saint-Quentin décrit en 1690 le village en ces termes : « Gordes, gros bourg fermé de murailles », mais également des guerres locales comme celles de Raymond de Turenne (célèbre sous le nom de « Fléau de Provence ») contre le pouvoir papal d'Avignon, à la fin du XIVe siècle ou celui-ci pilla Gordes et la région.
À la suite de la mort du roi René, le comté de Provence est incorporé au royaume de France sous l'appellation de « province royale française » en 1481. Une insurrection éclate dans les anciens états des d'Agoult-Simiane et l'ancien comté de Forcalquier. Gordes se distingue par une forte opposition au centralisme français, mais paie lourdement ses prétentions d'indépendance. Un an plus tard, pour le mariage de son fils, Jacques Raybaud de Simiane prend le titre de « baron de Gordes ». Par la suite, l'ensemble de sa descendance garde ce titre sans qu'aucun texte connu ne parle d'une transformation de la seigneurie en baronnie.
Temps modernes
En 1544, des Vaudois incendient le monastère de Sénanque, abbaye cistercienne fondée en 1148 lors du mouvement de renaissance spirituelle et religieuse qui touche la région aux XIIe et XIIIe siècles[44].
Gordes est l'un des premiers villages à accepter la réforme protestante, choix très osé à l'époque vu la proximité d'Avignon[45]. En 1615, Gordes est érigé en marquisat par Louis XIII en faveur de Guillaume de Gordes Simiane. Au XVIIIe siècle le marquisat passe aux Rohan-Soubisse, puis aux Condé.
En 1709, plusieurs documents attestent d'un hiver très rude qui a fortement pénalisé la population en détruisant récoltes (dont les oliviers), pots de stockage, cuves en pierre, etc.[46]. En 1720, la peste arrive à Marseille, l'année suivante, elle frappe déjà toute la Provence et arrive en Comtat Venaissin[47].
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l'entretien des remparts qui entourent le bourg est peu à peu abandonné. L'un des cimetières est transféré en dehors de l'enceinte en 1755 à son emplacement actuel, mais il n'est solennellement béni que le .
XIXe siècle
À la suite du décret du , le département de Vaucluse est créé le . Il est alors constitué des districts d'Avignon et de Carpentras mais aussi de ceux d'Apt (dont Gordes fait partie) et d'Orange, qui appartenaient aux Bouches-du-Rhône, ainsi que du canton de Sault, qui appartenait aux Basses-Alpes.
De la fin du XVIIIe siècle à la deuxième moitié du XIXe siècle, l'activité économique autour de Gordes est forte et la commune est alors bien peuplée[48].
Au début du XIXe siècle, la transformation du grain en farine est réalisé dans cinq moulins, tous à eau. Le plus important est le moulin des Roberts[6], situé sur l'Imergue, en bordure de la commune de Goult.
Dans le domaine de la production agricole, on note la culture de la garance, l'oléiculture ou encore la culture des figues et des amandes. Il y a aussi l'élevage de vers à soie servant à l'artisanat.
Du côté de la production artisanale, mentionnons le travail du cuir par des tanneurs et de très nombreux cordonniers. À l'époque, l'on portait un modèle unique de chaussure aux deux pieds et l'idée (trouvée et exploitée ailleurs) de différencier les chaussures droite et gauche fit perdre au village le marché militaire, entraînant la chute de cette activité. On note aussi le tissage de la soie, dont Gordes était un centre important, avec deux filatures. Ajoutons enfin plusieurs carderies de laine ainsi que la confection de « cadis » (lainages et draps grossiers).
Concernant la production de matières premières, Gordes est connu avant tout pour ses pierres. Deux variétés ont fait sa renommée : la molasse, qui fut utilisée dans la construction, et la pierre de Gordes, résistante au feu et utilisée pour les fours et les cheminées. Il y eut aussi des mines de fer, une mine de charbon sur la colline de Roques et même une mine de soufre, au bas du village.
En décembre 1851, 50 à 60 républicains de la commune de Gordes participent à l'insurrection contre le coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte[49]. Dirigés par le médecin Appy, qui avait pris le relais de Germain dit Saint-Martin comme meneur local du parti républicain, les « rouges » de Gordes se joignent à la colonne insurrectionnelle, partie d'Apt le matin du lundi , à Coustellet. À ce moment de l'insurrection, les forces républicaines sont évaluées à près de 1600 hommes[50].
Le mardi gras de 1886, un incendie détruit la filature de Fontaine basse. Cette catastrophe économique oblige les fileuses à faire plus de trois heures de marche pour aller travailler à Fontaine-de-Vaucluse. Depuis, le chemin qu'elles empruntaient est appelé le Chemin des fileuses.
De la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, le Luberon subit plusieurs tremblements de terre. Celui du ébranle le clocher et détruit plusieurs maisons, ainsi que tout un secteur de l'activité gordienne, puisque la Véroncle devient souterraine une partie de l'année, privant ainsi d'énergie les cinq moulins. En 1909, un nouveau séisme détruit d'autres maisons encore. En les froids rigoureux de 1890 et 1892 endommagent profondément les productions agricoles.
En 1914, on recense dans la commune 18 moulins à vent, qui ont petit à petit remplacé les moulins à eau.
XXe siècle
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gordes est un important lieu de Résistance, ce qui vaudra au village de recevoir la Croix de guerre avec étoile d'argent.
Le , une semaine après le débarquement sur les côtes de Provence, une patrouille allemande ayant été durement accrochée par le maquis, le village, dès le lendemain, est victime de violentes représailles.
Le 22 août, les Allemands font rentrer dans les maisons les rares habitants qui n'ont pu se mettre à l'abri, tirant sur ceux qui s'attardent ; puis, ayant installé des canons en face sur le rocher de Bel Air, ils bombardent le village, y détruisant une douzaine de maisons, tandis que plusieurs autres sont dynamitées puis incendiées, principalement aux entrées de la cité pour obstruer les carrefours et ralentir ainsi d'éventuels poursuivants. Au total, vingt immeubles ont été détruits par représailles ou par faits de guerre.
La milice avait aussi été active à Gordes et de nombreux immeubles furent, en invoquant cette raison, pillés et incendiés à la Libération, dont la maison du notaire Villevieille qui contenait les archives notariales du village. Toutes ces destructions valurent à la commune le triste privilège de figurer parmi les trois « villes sinistrées » du département de Vaucluse.
Au total, treize personnes sont tuées ou exécutées pendant la Seconde Guerre mondiale et c'est l'intervention d'un moine de l'abbaye de Sénanque auprès de la Kommandantur qui permet d'éviter des sévices encore plus graves. Vingt habitants sont tombés sous les balles ennemies et cinq d'entre eux ont été emmenés en terre étrangère.
À la suite de ces heures tragiques, la ville est citée à l'ordre de la division, le [51]. La Croix de guerre avec étoile d'argent lui est attribuée avec la citation suivante : « Ville martyre qui fut sous l'Occupation un des centres les plus actifs de la Résistance ».
Depuis l'après-guerre et la nécessaire période de reconstruction, le village attire de plus en plus d'artistes dont Marc Chagall ou encore Jean Deyrolle qui découvre le village en 1947 et y entraîne nombre de ses amis (Serge Poliakoff, Vasarely, Dewasne, etc.).
Plus récemment, les principales activités sont liées au tourisme (dont l'hôtellerie, les santons, les tissus, l'art, etc.) et à l'immobilier (vente, construction, décoration, etc.).
Plusieurs galeries d'expositions sont également installées dans le village.