Herbert Hoover
président des États-Unis de 1929 à 1933 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Herbert Clark Hoover /ˈhɝbɚt klɑɹk ˈhuvɚ/[alpha 5], dit Herbert Hoover, né le à West Branch (Iowa) et décédé le à New York (État de New York), est un homme d'État américain. Membre du Parti républicain, il est le 31e président des États-Unis, en fonction de 1929 à 1933. La quasi-totalité de sa présidence fut marquée par la Grande Dépression.
D'origine modeste et orphelin très jeune, Herbert Hoover est l'incarnation du rêve américain. Diplômé en géologie en 1895, il parcourt le monde et fait fortune dans l'industrie minière. Lors de la Première Guerre mondiale, il met sa carrière de côté et se consacre à l'aide humanitaire. Son activité le conduit à prendre la tête de l'aide alimentaire aux États-Unis lorsque le pays s'engage dans le conflit. Engagé au Parti républicain, il soutient Warren G. Harding lors de l'élection présidentielle de 1920. Progressivement, il gravit les échelons au sein du parti et exerce les fonctions de secrétaire au Commerce pendant sept ans. Très populaire et artisan du boom économique du pays durant la décennie, il est logiquement élu président lors de l'élection présidentielle de 1928.
Son mandat est marqué par la Grande Dépression et la dégradation des relations internationales des États-Unis avec l'Europe. Incapable de résorber les effets de la crise, il est vaincu par Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection présidentielle de 1932. Il passe les trente-deux années suivantes à restaurer son image, dégradée par sa gestion de la crise. Internationaliste de raison, il est isolationniste de 1930 à 1941. Après la mort de Roosevelt, il parvient à revenir sur le devant de la scène, étant à la tête de deux commissions chargées d'améliorer l'efficacité du gouvernement fédéral. Hoover est considéré comme un président moyen, étant généralement classé dans la troisième tranche dans les classements réalisés par les historiens et la presse.
Jeunesse
Herbert Hoover est né le à West Branch, une petite ville située à cheval entre les comtés de Cedar et Johnson dans l'Iowa. Il est le fils de Jesse Hoover, maréchal-ferrant, et de Hulda Randall Minthorn[1]. Il a des origines allemandes, anglaises et suisses par son père et anglaises et irlandaises par sa mère[1],[2]. Sa mère a grandi à Norwich en Ontario au Canada avant de déménager dans l'Iowa en 1859. Comme la plupart des habitants de West Branch, ses parents étaient des Quakers[1],[3],[4].
À l'âge de deux ans, il contracte ce qu'on appelle un croup, une affection respiratoire, dont il ne réchappa que grâce à l'intervention de son oncle médecin et homme d'affaires, John Minthorn[5]. Son père meurt en 1880 à 34 ans, alors qu'il n'a que six ans[6]. Sa mère meurt quatre ans plus tard, le laissant orphelin avec son frère aîné Theodore et sa petite sœur May[7],[8]. En 1885, il quitte l'Iowa avec son frère et sa sœur pour rejoindre Newberg en Oregon, où habite son oncle John[1]. Comme à West Branch, une importante communauté Quakers habitait à Newberg[9]. Quittant très tôt l'école, il apprit les mathématiques en autodidacte[1],[10].
Formation et carrière professionnelle
En 1891, après plusieurs échecs, il parvint à intégrer l'université Stanford, principalement grâce à sa réussite à l'examen de mathématiques[1],[11]. Il s'inscrit d'abord en génie mécanique puis en géologie et obtient son diplôme en 1895[1]. Il y rencontre sa future épouse, Lou Henry, en 1893. C'est elle qui le convainc de s'expatrier en Australie pour trouver du travail comme ingénieur des mines et géologue[1]. Son côté autodidacte et son obsession de la réussite le poussèrent à s'opposer à l'introduction du salaire minimum et à une assurance en cas d'accident au sein de son entreprise qui exploitait des mines d'or[1]. Il demanda Lou en mariage en 1898 en lui envoyant un télégramme, après avoir appris qu'elle avait obtenu son diplôme en géologie. Ils se marièrent le . La même année, son entreprise Bewick, Moreing & Co. lui proposa un nouveau poste en Chine, à la suite d'un conflit avec son patron, Ernest Williams[12]. Il dut gérer de nombreuses mines d'or dans la région de Tianjin et apprit le mandarin, tout comme son épouse Lou Henry[1]. Il déplorait un manque d'efficacité des ouvriers chinois et les considérait comme étant d'une race inférieure[13]. Néanmoins, il tenta d'introduire de nouvelles méthodes de travail ainsi que de récompenser les ouvriers les plus méritants[14]. La révolte des Boxers et la bataille de Tien-Tsin abrégèrent le séjour des Hoover en Chine, qui retournèrent en Australie. Herbert aida même les troupes américaines présentes sur place pour mater la rébellion[1].
En 1905, il fonda sa propre compagnie, la Zinc Corporation Limited, près de Broken Hill en Nouvelle-Galles du Sud et mis au point de nouvelles méthodes d'extraction[1],[15]. Dans le même temps, il commença à s'éloigner de Bewick, Moreing & Co. après que le gouvernement britannique ait lancé des enquêtes sur les pratiques et les actions financières de l'entreprise. Il récupéra ses parts en 1908.
Durant ses rares moments de temps libre, Hoover écrivait des essais techniques sur la gestion des mines ou sur d'autres choses. Son essai Principles of Mining, publié en 1909, fut longtemps un classique. Dans son ouvrage, il défendit le principe de la journée de huit heures ainsi que la possibilité pour les travailleurs de fonder un syndicat. En 1912, il traduisit avec son épouse Lou Henry le De re metallica[16] du savant allemand Georgius Agricola[1],[17]. La traduction est encore une référence actuellement. Il rejoignit également le conseil d'administration de l'université Stanford, et parvint à faire élire l'ancien titulaire de la chair d'archéologie de l'université, John Casper Branner (en)[18].
Investissement dans l'humanitaire en Europe (1914-1920)
En 1914, les Hoover se trouvent à Londres. Ils y vivent plutôt bien, la fortune personnelle d'Herbert étant estimée à 4 millions de dollars (soit l'équivalent de 102,1 millions de dollars en 2019)[4],[19],[20]. L'Europe continentale est menacée d'un nouveau conflit armé, quarante ans à peine après la guerre franco-prussienne. Les crises de Tanger puis d'Agadir ont ravivé les tensions entre la Triplice et la Triple Entente, tout comme les guerres balkaniques. 100 000 Américains vivaient alors en Europe. L'attentat de Sarajevo le fut le détonateur qui mit fin à la paix fragile qui existait. La Première Guerre mondiale venait de commencer, et déjà le président Woodrow Wilson était inquiet de la situation des Américains expatriés. Pour autant, il signa dès le une déclaration de neutralité et invitait deux semaines plus tard ses concitoyens à rester neutres « en actes comme en pensées »[21]. Avec d'autres Américains basés à Londres, Hoover organisa le rapatriement de 20 000 de ses compatriotes aux États-Unis[8],[22]. En plus de cela, il fonda la Commission for Relief in Belgium pour fournir nourriture à la Belgique, occupée par l'Empire allemand[22]. Rapidement, le pays connut une situation alimentaire chaotique. Entre les pillages menés par l'armée impériale allemande, le blocus décidé par la Triple Entente, la dépendance au blé importé et les mauvaises récoltes (liées à l'entrée en guerre), la Belgique connut dès septembre 1914 une situation de pénurie, à laquelle les forces d'occupation n'étaient pas préparées[22]. Rapidement, les organisations caritatives locales se trouvèrent dépourvues de ressources pour subvenir aux besoins de la population. Le baron Colmar von der Goltz, chef des forces d'occupation en Belgique, donna son accord pour qu'une commission neutre prenne en main la logistique pour ravitailler le pays en vivres. Ainsi, un Américain nommé Millard K. Shaler, résidant à Bruxelles, fut envoyé à Londres pour acheter des denrées alimentaires pour quelques milliers de dollars[22]. Une fois sur place, il rencontra Hoover, qui avait fait parler de lui en organisant le rapatriement de ses compatriotes bloqués en Europe. L'attitude négative de la Grande-Bretagne renforça la relation entre Shaler et Hoover, qui conseilla à Shaler de passer par l'ambassade américaine[22]. L'ambassadeur américain Walter Hines Page joua alors un rôle décisif dans le ravitaillement de la Belgique. La Commission for Relief in Belgium fut ainsi fondée le . Elle avait pour mission de favoriser le transport de nourriture dans les territoires occupés de Belgique et du Nord de la France[22]. C'est à la suite d'une requête du gouvernement de René Viviani que la commission commença en 1915 à acheminer des vivres dans le Nord de la France[23]. Elle fut active jusqu'en 1919 et permit de livrer 5,1 millions de tonnes de vivres pour 9 millions de personnes (dont 2 millions de Français). Le montant total des vivres acheminées est estimé à 812 millions de dollars[22]. Il déclara bien plus tard, à propos de son engagement humanitaire :
« Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment, mais le 3 août 1914 j'ai mis un terme à ma carrière d'ingénieur pour me lancer sur la pente glissante de la vie publique. »
En plus de ses activités d'aide humanitaire pendant la Première Guerre mondiale, Hoover fut chargé par le président Wilson d'assurer les approvisionnements alimentaires des États-Unis après l'entrée en guerre du pays[3],[19]. Hoover organisa le rationnement en imposant une journée sans viande (le mardi), puis une journée sans blé (le mercredi) et enfin une journée sans porc, tandis que la consommation de sucre fut ramenée à trois livres par personne et par mois[24]. À propos de ces restrictions, il déclarait :
« Dans cette urgence, seul le mode de vie le plus simple est patriotique[24]. »
Encore après la fin de la Première Guerre mondiale, Hoover revint à l'aide humanitaire, aidant tous les pays touchés par le conflit, vainqueurs comme vaincus, y compris la Russie de Lénine[19]. Impressionné par ses capacités d'organisateur, le Parti démocrate tenta de le convaincre d'adhérer au parti. Même son futur successeur à la Maison-Blanche Franklin Delano Roosevelt voyait en lui un candidat potentiel pour l'élection présidentielle de 1920. Il n'en fut rien, et Hoover rejoignit le Parti républicain[19].