Istanbul
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Istanbul (/istɑ̃bul/[alpha 1] ; en turc : İstanbul[alpha 2], /isˈtanbuɫ/[alpha 3] Écouter), appelé officiellement ainsi à partir de 1930 et auparavant Byzance et Constantinople, est la plus grande ville et métropole de Turquie et la préfecture de la province homonyme, dont elle représente environ 50 % de la superficie mais plus de 97 % de la population. Quatre zones historiques de la ville sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985. Istanbul est le principal centre économique (pôle financier, commercial et industriel) de la Turquie[2] mais aussi la vitrine culturelle du pays, la capitale de la Turquie étant Ankara.
Istanbul | ||||
Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut : pont de Galata sur la Corne d'Or, tour de Léandre, quartier d'affaires de Maslak et Sainte-Sophie. | ||||
Administration | ||||
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Pays | Turquie | |||
Région | Région de Marmara | |||
Province | Istanbul | |||
Maire Mandat |
Ekrem İmamoğlu (CHP) 2019- |
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Préfet | Ali Yerlikaya 2018 - |
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Code postal | 34 | |||
Indicatif téléphonique international | +(90) | |||
Indicatif téléphonique local | 212 (Europe) et 216 (Asie) | |||
Plaque minéralogique | 34 | |||
Démographie | ||||
Gentilé | Stambouliote ou Istanbuliote | |||
Population | 15 840 900 hab. (2021) | |||
Densité | 2 982 hab./km2 | |||
Population de l'agglomération | 15 840 900 hab. (2021[1]) | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 41° 00′ 44″ nord, 28° 58′ 34″ est | |||
Altitude | 24 m |
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Superficie | 531 300 ha = 5 313 km2 | |||
Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Géolocalisation sur la carte : région de Marmara
Géolocalisation sur la carte : province d'Istanbul
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Liens | ||||
Site de la mairie | www.istanbul.gov.tr | |||
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Istanbul est la plus grande agglomération du pays. La population de l'ensemble de l'agglomération stambouliote est évaluée à 15 millions d'habitants en 2020[3],[4] ce qui en fait l'une des plus grandes aires urbaines du monde. Forte d'un héritage culturel et historique important, ville cosmopolite, Istanbul est un haut lieu du tourisme, étant l'une des villes les plus visitées d'Europe[5].
Située en bordure de la mer de Marmara et de part et d’autre du détroit du Bosphore — donc, d'après certaines approches politiques (voir Limites de l'Europe), à cheval sur deux continents, l’Europe et l’Asie — Istanbul est généralement considérée comme porte d'entrée de l'Europe parce que la ville historique est située sur la rive occidentale du détroit. Sa situation sur le détroit du Bosphore, qui relie la mer Noire et la mer de Marmara en même temps qu'il sépare l’Asie et l’Europe, donne à la ville une importance géopolitique assez élevée.
Appelée officiellement İstanbul depuis le , elle a porté d'autres noms durant son histoire (encore parfois utilisés selon les contextes), notamment Byzance au moment de sa fondation, puis Constantinople (à partir du en l'honneur de l'empereur romain Constantin Ier).
Fondée sous le nom de Byzantion, la ville peut se prévaloir de 2 600 ans d'histoire. Appelée aussi la « Deuxième Rome », Istanbul appartint d'abord à la Thrace, puis à l’Empire romain dont elle fut la seconde capitale après 395, (devenu l'Empire romain d'orient et appelé au XVIe siècle « byzantin » par Hieronymus Wolf[alpha 4]), ensuite à l’Empire ottoman depuis le , et enfin, juste après la chute de celui-ci le , à la république de Turquie, dont elle fut capitale jusqu'au , lorsque cette fonction administrative fut transférée à Ankara. Les anciens noms de la ville, Byzance puis Constantinople, témoignent de cette longue histoire. Seules quelques autres grandes villes ont eu trois noms au cours de leur histoire. Du point de vue historique, il est possible de considérer qu'avec Athènes et Rome, Constantinople est l'une des trois capitales antiques les plus importantes. En tant que siège du patriarcat œcuménique et — jusqu'en 1924 — du califat ottoman, Istanbul fut également un centre important du christianisme orthodoxe et de l'islam sunnite pendant des siècles.
Les habitants de la Byzance antique étaient appelés Byzantiotes et ceux de Constantinople, les Constantinopolitains ou les Politains. Par contre, aucun citoyen de l'Empire romain d'Orient ne s'est jamais appelé Byzantin : ils se définissaient comme « Romains » et lorsqu'ils sont devenus sujets de l'Empire ottoman, celui-ci les a organisés dans le milliyet de Rum. Les habitants d’Istanbul sont les Stambouliotes ou les Istanbuliotes[alpha 5].
La « Sublime Porte » ou simplement « la Porte » était le nom français de la porte d'honneur monumentale du grand vizir à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman.
Localisation
Istanbul s'étend sur les rives asiatique et européenne du Bosphore, qui sépare l’Asie de l’Europe, et relie la mer Noire à la mer de Marmara. La Corne d'Or, une anse du Bosphore qui coule à l'ouest, sépare la partie européenne en une zone sud et nord. Historiquement, la ville a été idéalement située pour le commerce et la défense : la confluence de la mer de Marmara, du Bosphore et de la Corne d’Or offre à la fois une défense idéale contre les attaques ennemies et une barrière de péage naturelle[6]. La partie sud est une péninsule entre la mer de Marmara et la Corne d'Or avec le noyau historique de la ville. Au nord se trouvent les quartiers jouxtant les historiques Galata et Pera. À l'ouest comme au nord et à l'est, la métropole se développe bien au-delà des quartiers historiques. Malgré le mythe selon lequel sept collines composent la ville, il y a, en fait, plus de 50 collines dans les limites de la ville. La plus haute colline d’Istanbul, Aydos, culmine à 537 mètres[6].
Au sud-est se trouvent les îles des Princes appartenant à Istanbul.
Structure
La zone urbaine a une extension d'environ cinquante kilomètres en direction nord-sud et d'environ cent kilomètres en direction est-ouest. L’étalement urbain d’Istanbul a été fort à partir de 1950, principalement vers le nord-est et le sud-ouest[7]. La zone administrative de la région métropolitaine est identique à la province d'Istanbul et a une superficie de 5 343,02 km2, dont seulement 1 830,92 (34,2%) appartiennent à la ville proprement dite. Le reste, avec 3 512,1 km2 (65,8%) en 2009, était constitué de banlieues et de zones à structure rurale. La zone administrative de la commune métropolitaine (Büyükşehir Belediyesi) d'Istanbul est divisée en trente-neuf districts (İlçe). Parmi ceux-ci, vingt-cinq sont dans la partie européenne et quatorze dans la partie asiatique.
Sismicité
La ville d’Istanbul se situe tout près de la faille nord-anatolienne. Celle-ci est une faille active qui a déjà produit plusieurs séismes très destructeurs à l’époque contemporaine. L’étude de la sismogenèse locale laisse craindre avec une forte probabilité qu'un séisme important frappera Istanbul au cours des prochaines décennies. Une étude faite par des géologues mexicains donne une probabilité de 85 % pour un tremblement de terre majeur avec une magnitude jusqu'à 7,5 avant 2025[8].
Par ailleurs, la difficulté de faire appliquer des règles de construction parasismiques en Turquie fait penser que la plupart des habitations, notamment celles des quartiers populaires, ne résisteront pas. La ville connut plusieurs séismes importants dont particulièrement ceux de 1509 (appelé « la Petite Apocalypse »), 1763, 1894 et 1999.
Climat
Istanbul bénéficie d'un climat tempéré, influencé par des zones continentales, mais aussi par les masses maritimes au nord et au sud. Le climat d'Istanbul étant un climat de transition entre le climat océanique (classification de Köppen : Cfb), le climat subtropical humide (classification de Köppen : Cfa) et le climat méditerranéen (classification de Köppen : Csa). Les étés sont assez chauds, avec un air humide mais des pluies limitées (plus de 295 heures de soleil par mois en juin, juillet et août). Les hivers sont froids et humides, avec beaucoup de pluies et souvent de la neige, mais ils sont rarement glaciaux (moins de 76 heures de soleil par mois en décembre, janvier et février). Les printemps et les automnes sont doux et modérément humides.
La moyenne annuelle des températures est de 14 °C. Janvier et février sont les mois les plus froids avec une moyenne de 6 °C ; juillet et août les plus chauds avec une moyenne d'environ 23 °C. Il y a par an vingt-et-un jours de gel répartis de novembre à mars comme les dix-neuf jours de neige.
Les précipitations annuelles moyennes sont de 850 mm par an. Elles sont irrégulièrement réparties tout au long de l'année, plus élevées entre l'automne et l'hiver et plus basses entre le printemps et l'été. Mais la pluie est présente toute l'année et il n'y a pas de saison sèche, parce qu'il y a assez de précipitations pendant le printemps et l'été, et le temps est très humide[9]. L'humidité relative moyenne annuelle et plus de 70 % et est élevée toute l'année[9]. Il neige presque chaque hiver et les chutes de neige abondantes sont assez fréquentes mais habituellement de façon courte. Après chaque chute de neige, la neige reste seulement quelques jours[9].
Le brouillard est très fréquent toute l'année, de vingt-deux jours par mois entre novembre et avril à seize jours par mois de mai à octobre pour un total en moyenne de 228 jours par an[9].
Malgré un climat généralement clément, des épisodes extrêmes sont enregistrés. La température la plus élevée a été enregistrée le avec 40,5 °C[10]. La température la plus froide a été enregistrée le avec −16,1 °C[10]. Le , on a mesuré plus de 212 mm de pluie en vingt-quatre heures[10]. En , plus de 60 cm de neige ont été relevés à la côte, avec une hauteur maximale de 80 cm, ce qui a complètement paralysé la ville[10],[11].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 2,9 | 2,8 | 3,9 | 7,7 | 12 | 16 | 18,5 | 18,7 | 15,5 | 12 | 8,5 | 5,3 | 10,3 |
Température moyenne (°C) | 5,8 | 5,9 | 7,6 | 12,1 | 16,7 | 21 | 23,4 | 23,6 | 20,2 | 16 | 11,9 | 8,2 | 14,3 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,7 | 9,1 | 11,2 | 16,5 | 21,4 | 26 | 28,4 | 28,5 | 25 | 20,1 | 15,3 | 11,1 | 18,4 |
Record de froid (°C) | −10,4 | −16,1 | −7 | −0,6 | 3,6 | 8 | 10,5 | 8,2 | 5,2 | 1 | −4 | −9,4 | −16,1 |
Record de chaleur (°C) | 18,3 | 24 | 26,2 | 32,9 | 33 | 40,2 | 40,5 | 38,8 | 33,6 | 34,2 | 27,2 | 21,2 | 40,5 |
Ensoleillement (h) | 74,4 | 75,6 | 139,5 | 180 | 251,1 | 297 | 325,5 | 294,5 | 237 | 161,2 | 102 | 71,3 | 2 210,1 |
Précipitations (mm) | 101,2 | 79,3 | 69,8 | 45,4 | 35,2 | 37,5 | 38,9 | 48,9 | 62,7 | 100,8 | 108,5 | 124,5 | 850,3 |
Nombre de jours avec précipitations | 20 | 17 | 16 | 14 | 12 | 8 | 5 | 6 | 7 | 12 | 16 | 19 | 152 |
Humidité relative (%) | 77 | 75 | 74 | 71 | 72 | 70 | 67 | 68 | 68 | 72 | 74 | 76 | 72 |
Nombre de jours avec neige | 6 | 6 | 3 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 4 | 19 |
Flore
Istanbul est situé dans une des régions botaniques les plus riches de l'Asie, de l'Europe et du monde, avec plus de 10 000 espèces de plantes en Turquie, dont 2 500 endémiques à Istanbul[17],[18]. La couverture forestière de la province d'Istanbul est de 45 %[19],[18].
Problématiques environnementales
D'une part, Istanbul est de plus en plus exposée au risque de pénuries en eau, notamment en raison des conséquences du réchauffement climatique, d’une forte augmentation de sa population et d’une politique privilégiant le développement économique rapide sur les préoccupations environnementales. Ainsi, la construction d'un nouvel aéroport en 2018 a bouleversé l’environnement dans le nord d’Istanbul en abattant 2,5 millions d’arbres et en détruisant d’importants bassins versants. D'autre part, le président Recep Tayyip Erdoğan prévoit des travaux considérables visant à dédoubler le détroit du Bosphore, risquant d’aggraver une situation déjà préoccupante. Des lacs et des nappes phréatiques seraient détruits, et de nombreuses stations d’épuration et de traitement de l’eau de la zone devraient être déplacées[20].
De plus, l'environnement marin du détroit d'Istanbul et de la mer de Marmara est confronté à une grave dégradation en raison de la pollution maritime générée principalement par les pétroliers et les cargos[21]. Des conditions naturelles difficiles telles que la géométrie complexe du détroit d'Istanbul, des virages serrés sur la route de navigation et des conditions météorologiques compliquées sont couplées à un trafic maritime de plus en plus dense et créent un risque sérieux d'accident[21].
Diverses hypothèses existent quant à l'origine du nom « Istanbul » :
- la première en fait une déformation des mots grecs εἰς τὴν Πόλιν (prononciation byzantine Is tím boli(n)), signifiant « vers la Ville » ou « à la Ville », car « Ville » (Πόλις / Pólis) est l’appellation abrégée de Constantinople en grec. Constantinople était en effet considérée comme l'archétype de la ville, celle qu'on ne désigne que par ces mots, « la Ville », comme l'ancienne Rome était appelée Urbs, la Ville par excellence. De même Smyrne (en grec ancien Σμύρνη, Smýrni) est ainsi devenue phonétiquement « Izmir », et Nicée (en grec ancien Νίκαια, Níkaia) est devenue « İznik », par l'ajout de la préposition εἰς (is « vers ») ou de la voyelle d'appui « i »[22] ou de l'article défini féminin ἡ (hê, prononcé [i] depuis l'ère chrétienne). Un géographe arabe au Xe siècle transcrit le grec en istan Bulin, qui deviendra Istanbul. Les Ottomans ont donc repris ces termes parce que le grec était la langue de l'Empire byzantin[23] ;
- une autre interprétation suggère que le nom proviendrait de la contraction turque du nom grec Κωνσταντινούπολις (Kônstantinoúpolis), à laquelle aurait été ajoutée la voyelle d'appui i. Mais la chute de toutes ces syllabes non accentuées est difficile à admettre dans la mesure où la langue turque procède plutôt habituellement par élision (ou aphérèse) : « Selânik » pour Θεσσαλονίκη (Thessaloníkê, Thessalonique).
Jusqu'en 1930, l'agglomération d'Istanbul s'appelait officiellement « Constantinople », et « Stamboul » ne désignait que la Vieille Ville (la péninsule historique). Ce nom fut étendu à toute la ville sous la forme moderne d'« İstanbul » à la suite de la réforme de la langue et de l'écriture turque par Atatürk en 1928 (la révolution des signes).
Les Turcs d'origine arménienne appellent Istanbul Bolis, et les Grecs Polis (« la Ville »). « Politis » désigne l'habitant de Constantinople. Les peuples slaves sous la domination byzantine puis ottomane l'ont appelée et l'appellent toujours Tzarigrad (serbe et bulgare : Цариград) : « la ville de l'Empereur ». Enfin les Varègues, qui la fréquentaient à l'époque byzantine, la nommaient en vieux norrois : Miklagarðr (« grande ville ») : l'un d'eux a laissé une inscription en runes sur le lion actuellement placé à l'entrée de l'arsenal de Venise.
En français, « Istanbul » est aujourd'hui la forme la plus utilisée ; les formes « Istamboul » et « Istanboul », rares, sont en voie de disparition[24].
Métropole à cheval entre l'Europe et l'Asie, carrefour des routes continentales et maritimes, l'histoire a façonné le destin de cette ville aux deux empires (empire byzantin et ottoman), comme le prouvent les différents toponymes qui ont été attribués à cette ville aux trois noms, Byzance, Constantinople et Istanbul qui unissent l'antiquité gréco-romaine, le christianisme grec médiéval et la fascination musulmane[25].
Byzance (VIIe siècle av. J.-C. à 324)
Période romaine (324 à 1453)
Constantinople fut fondée par l’empereur romain Constantin Ier en 330 sur le site de l’ancienne colonie grecque Byzance qui existe depuis le VIIe siècle av. J.-C. La ville fut baptisée Constantinople en l'honneur de l'Empereur (ce n’est que le que le nom d’Istanbul devint officiel). La ville devint la capitale orientale de l’Empire romain jusqu'à sa chute en 1453.
Période ottomane (1453 à 1923)
Après la chute de Constantinople le , elle fut incorporée à l’Empire ottoman par Mehmed II et en devint la nouvelle capitale pendant cinq siècles, remplaçant Edirne (Andrinople) en Thrace.
La ville connut une période de profondes mutations à partir de la fin des années 1850. La campagne de modernisation urbaine alors engagée permit notamment la création d'un réseau de tramways et un système d'adduction d'eau, tandis que la population augmentait à un rythme soutenu jusqu'au début du XXe siècle.
Période de la République (1923 à nos jours)
La ville a perdu la fonction de capitale le , en faveur d'Ankara, capitale de la république de Turquie. Elle est occupée par les Alliés au lendemain de la Première Guerre mondiale (1921-1923), ce qui motive en partie le déplacement de la capitale. En 1959, la ville est récompensée du Prix de l'Europe[26].
À la suite de migrations à partir des années 1950 depuis les villages d'Anatolie, la ville devint rapidement l'une des plus importantes agglomérations d'Europe. La ville comptait 700 000 habitants en 1927, un million en 1950, deux millions en 1960, trois millions et demi en 1970 et finalement plus de quatorze millions en 2020. La population de l'ensemble de l'agglomération stambouliote est évaluée à 15 millions d'habitants en 2015, soit 18 % de la population turque[4].
En 2013, dans un Istanbul gagné par la spéculation immobilière, la perspective de perdre l'un des derniers espaces verts du vieux centre suscite un grand mouvement protestataire à partir du Parc Gezi[27].
Tout au long de la majeure partie de son histoire, Istanbul s'est classée parmi les plus grandes villes du monde. En l'an 500, Constantinople comptait entre 400 000 et 500 000 habitants, devançant son prédécesseur, Rome, comme plus grande ville du monde[28]. Constantinople a rivalisé avec d'autres grandes villes historiques, telles que Bagdad, Chang'an, Kaifeng et Cordoue pour la position de ville la plus peuplée du monde jusqu'au XIIe siècle. Elle n'est jamais redevenue la plus grande du monde, mais est restée la plus grande ville d'Europe de 1500 à 1750, lorsqu'elle a été dépassée par Londres[29]. La population est passée de 680 000 habitants en 1927 à 1,3 million en 1955, 2,5 millions en 1975, 9,8 millions en 2005, 13,1 millions en 2010 et 14,7 millions en 2015. Avec 15 millions d'habitants en 2020, elle représente 19% de la population turque[30]. Elle constitue ainsi l'une des plus grandes agglomérations urbaines du monde[31], et l'une des deux plus importantes d'Europe, aux côtés de Moscou[32].
Sur les 15 519 267 habitants de 2020, environ 65% vivaient dans la partie européenne d'Istanbul et environ 35% du côté asiatique[30].
Istanbul a connu une croissance particulièrement rapide au cours de la seconde moitié du XXe siècle, sa population ayant décuplé entre 1950 et 2000[33]. Cette croissance démographique provient en partie d'une expansion des limites de la ville - en particulier entre 1980 et 1985, lorsque le nombre de Stambouliotes a presque doublé. La croissance remarquable était, et est toujours, largement alimentée par les migrants de l'est de la Turquie à la recherche d'un emploi et de meilleures conditions de vie.
Les villes d'Anatolie dont les Turcs ont le plus émigré vers Istanbul sont les suivantes : Sivas (681 214), Kastamonu (516 556), Giresun (455 393), Ordu (453 197), Tokat (396 840)… Hakkari est la ville dont les habitants ont le moins émigré vers Istanbul (6 957). La ville abrite une population originaire de Sivas, Kastamonu, Sinop, Bayburt, Giresun, Ardahan et Erzincan, supérieure à la population même de ces villes.
Entre 2007 et 2008, environ 375 000 personnes ont immigré vers Istanbul : ce sont les habitants de Tokat qui ont le plus immigré à Istanbul (17 374), suivent ensuite Ankara (14 173), Ordu (13 897), Mardin (12 125, en particulier la communauté syriaque), Samsun (11 227), Erzurum (10 898), Kocaeli (10 829), Izmir (10 663), etc. À la même période, environ 350 000 personnes ont émigré d'Istanbul vers les villes d'Anatolie : 17 383 vers Tekirdağ, 15 780 vers Tokat, 15 776 vers Kocaeli, 12 178 vers Ankara, 10 946 vers Samsun, 10 312 vers Giresun, etc.
Évolution démographique
Depuis 1925, l'évolution démographique de Istanbul a été :
2017 | 2019 | 2022 | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|
15 029 231 | 15 519 267 | 15 907 951 | - | - | - |
1925 | 1927 | 1935 | 1940 | 1945 | 1950 |
---|---|---|---|---|---|
881 000 | 691 000 | 740 800 | 793 900 | 845 300 | 983 000 |
1960 | 1965 | 1970 | 1975 | 1980 | 1985 |
---|---|---|---|---|---|
1 459 500 | 1 743 000 | 2 132 400 | 2 547 400 | 2 853 500 | 5 494 900 |
1990 | 1994 | 1997 | 2000 | 2007 | 2015 |
---|---|---|---|---|---|
6 620 200 | 7 615 500 | 8 260 400 | 8 831 800 | 11 174 200 | 14 657 434 |
Histogramme de l'évolution démographique de Istanbul |
Minorités
Les Kurdes et les Zazas forment ensemble le plus grand groupe de minorités ethniques à Istanbul, avec de 2 à 4 millions de personnes[35],[36]. Les Arabes constituent l'autre grande minorité, avec 2 millions de personnes estimées[37]. Le nombre de réfugiés Syriens suite à la guerre civile syrienne est estimé à près d'un million dans la ville[38]. Les Arméniens sont le plus nombreux des groupes de population chrétienne qui y vivent : le gouvernement évalue le nombre d'Arméniens à Istanbul à 50 000, ce qui correspond à environ 0,36% de la population[39]. Environ 17 000 Araméens constituent le deuxième plus grand groupe ethnique chrétien[40]. Les 15 000 Juifs constituent la deuxième plus grande minorité religieuse[41],[42],[43]: ils étaient cependant près de 100 000 en 1950, avant l'émigration massive en Israël[44]. Certains des quelque 25 000 Allemands du Bosphore proviennent de familles ayant souvent vécu en permanence à Constantinople ou à Istanbul depuis la première moitié du XIXe siècle. Certains des 1 650 Grecs y vivent depuis de nombreuses générations. Le nombre de Russes est, selon le journal Neue Zürcher Zeitung, estimé à environ 100 000, celui des Chinois serait encore plus élevé. Istanbul était aussi un havre pour les Russes en raison de la Révolution communiste d'octobre, et l'est redevenue suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ou près de 80 000 Russes se seraient installés.
Les autres groupes de population sont les Lazes, les Arabes, les Circassiens et les Roms. La ville compte également une communauté syriaque jacobite évaluée à 10 000 personnes. Istanbul est aussi peuplée de communautés chaldéennes, melkites, des Bulgares catholiques, des Géorgiens catholiques en nombre réduit. Les Polonais, réfugiés au milieu du XIXe siècle à la suite de la répression russe dans leur pays, ont créé en 1842 le village d'Adampol (aujourd'hui Polonezköy) sur la rive asiatique d'Istanbul. La population polonaise de ce village ne dépasse guère 200 personnes actuellement.
La ville fut toujours un centre important pour les religions chrétienne et musulmane. En 1453, le sultan Mehmed II qui venait de conquérir la ville et de mettre fin à l'Empire romain d'Orient, décida de perpétuer le rôle de Constantinople comme centre spirituel du monde chrétien orthodoxe grâce à la nomination du patriarche grec Gennadios à la tête du patriarcat œcuménique. Dans le même ordre, un patriarcat arménien apostolique s’établit en 1461 également par ordre du sultan Mehmed II. Aujourd'hui, la grande majorité de la population pratique l'islam. Au tournant du XIXe au XXe siècle, la majorité de la population était non-musulmane, par exemple les chrétiens orthodoxes grecs, les araméens orthodoxes syriens, les chrétiens arméniens et les juifs séfarades. Ils ne forment plus que de petites minorités.
Istanbul devint en 1517 le siège du califat après la conquête de l'Égypte par les Ottomans et le transfert des symboles califaux à la capitale impériale qu'est Istanbul. Cependant, le titre de calife fut porté par les sultans et une institution califale en tant que telle n'a jamais existé séparément en dehors du système étatique. Le califat fut aboli en par Mustafa Kemal Atatürk. Tous les groupes musulmans sont représentés, bien que la grande majorité soit sunnite. On compte au total 2 562 mosquées et 215 petites mosquées (Mescit en turc[réf. nécessaire]). Il y a aussi à Istanbul une grande minorité de personnes de religion chiite : les Alévis.
En 1492, à la suite de l’autorisation du sultan Bayézid II, Istanbul accueillit de nombreux Juifs persécutés par l'inquisition espagnole et chassés d’Espagne par Isabelle la Catholique. La ville abrite toujours la communauté juive la plus importante du pays (22 000 personnes sur 25 000 en 2008, 15 000 personnes en 2016[45]). La communauté possède seize synagogues (dont la plus grande est Neve Shalom et la plus ancienne est Ahrida), un hôpital (Or haHayim), une école (UOML), une maison de retraite et un hebdomadaire bilingue (turc-ladino, voir Judéo-espagnol) : Şalom. Le chef de la communauté est le grand rabbin Isaac Haléva. La ville abrite également la plupart des Sabbatéens de Turquie, partisans de Sabbataï Tsevi.
L’exarchat bulgare orthodoxe avait pour siège Istanbul entre 1870 et 1912.
La nuit du , durant laquelle deux cent quarante intellectuels arméniens furent arrêtés à Istanbul, marque le début du génocide arménien et de la quasi-disparition des minorités chrétiennes de l’Empire ottoman. Cette date est commémorée chaque année en mémoire des 1 200 000 victimes[alpha 6]. Toutefois, les Arméniens stambouliotes, à la différence de ceux qui habitaient Smyrne ou Alep, ne furent pas l'objet du génocide perpétré en Anatolie. Aujourd’hui, la communauté arménienne d'Istanbul, évaluée à 45 000 personnes (sur 60 000 dans tout le pays)[46], possède trente-trois églises apostoliques, douze églises catholiques et trois églises protestantes, deux hôpitaux (Sourp Pirgitch et Sourp Agop), deux orphelinats, dix-neuf écoles et trois journaux en langue arménienne, dont Jamanak (fondé en 1908) actuellement le plus vieux quotidien de Turquie. Les leaders de la communauté sont le patriarche apostolique Mesrob II Mutafyan (depuis 1998) et l’archevêque catholique Hovhannes Tcholakian (depuis 1961). L'émigration des Arméniens de Turquie vers l'étranger a perdu son caractère massif dans les années 1980 mais leur nombre continue de diminuer en raison de l'émigration des jeunes, des taux de mortalité élevés et des taux de natalité faibles dus au vieillissement de cette population[47]. L'attention sur la situation de la minorité arménienne a été ravivée par l'assassinat du journaliste Hrant Dink à Istanbul en 2007. Son assassinat a eu pour effet d'augmenter de nouveau le taux d'émigration des Arméniens[47].
La communauté grecque possède encore 95 églises, vingt écoles, un hôpital et deux quotidiens (Apoyevmatini et Iho), mais cette communauté disparaît progressivement en émigrant. On comptait 170 000 Grecs en 1920, 100 000 en 1927, 19 000 en 1959 après les incidents de septembre 1955 et aujourd’hui leur nombre est de 1 650, ce qui fait que la plupart de leurs institutions ne fonctionnent pas vraiment. Leur chef spirituel est le patriarche œcuménique Bartholomée Ier (depuis 1991). Le séminaire de Halki ayant été fermé alors que la loi impose que le patriarche fût de nationalité turque et né en Turquie, le Patriarcat œcuménique risque lui aussi de disparaître, à moins qu'un nouveau compromis puisse être trouvé[48]. Le siège de l'Église orthodoxe turque, non reconnue, se situe dans le quartier de Phanar.
- Un ferry catamaran de l'İDO sur le Bosphore à Istanbul
- Avenue İstiklal, Beyoğlu
- Rue Sıraselviler, Beyoğlu
- Bankalar Caddesi, Galata
- Bağdat Caddesi, Kadıköy
Districts
La ville d'Istanbul est divisée en trente-neuf districts.
Administration municipale
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
Recep Tayyip Erdoğan | FP | |||
Ali Müfit Gürtuna | FP puis AKP | |||
Kadir Topbaş | AKP | Démissionnaire | ||
Mevlüt Uysal | AKP | |||
Ekrem İmamoğlu | CHP | Invalidé[49] | ||
Ali Yerlikaya | Gouverneur, intérim | |||
En cours | Ekrem İmamoğlu | CHP |
Bien qu'Istanbul ait perdu le statut de capitale politique de la Turquie au profit d’Ankara en 1923, elle n'en reste pas moins la ville majeure de Turquie sur le plan économique, industriel, éducatif et culturel, et le plus important centre d’import-export : composée de 25% de la population turque, elle contribue à 40 % des recettes fiscales du pays[3]. Elle abrite également le plus grand port de commerce du pays ainsi que l'unique Bourse des valeurs de Turquie. En 2012, la ville d'Istanbul avait un PIB nominal de 332,4 milliards de dollars soit plus de 20 % du PIB de la Turquie (contre 7 % pour la capitale Ankara)[50],[51].
Selon le magazine Forbes, Istanbul comptait un total de trente-sept milliardaires en 2013, se classant 5e au monde, derrière Moscou (84 milliardaires), New York (62 milliardaires), Hong Kong (43 milliardaires) et Londres (43 milliardaires)[52].
Les quartiers d'affaires traditionnels, qui s'étaient édifiés au XIXe siècle dans l'arrondissement de Beyoğlu, se sont étendus vers le nord au cours des années 1960 et 1970, autour de la place Taksim notamment. Bankalar Caddesi (Rue des Banques) à Galata était le centre financier de l'Empire ottoman. Aujourd'hui, l’axe Levent-Maslak, le long du boulevard Büyükdere, concentre de nombreux sièges sociaux d’entreprises à dimension internationale et tend à devenir le pôle financier de la ville. Ces nouveaux quartiers redessinent la skyline de la ville, qui rappelle désormais celle des villes nord-américaines. Enfin, en tant que seule route maritime entre la mer Noire riche en pétrole et la Méditerranée, le Bosphore est l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde; plus de 200 millions de tonnes de pétrole transitent chaque année par le détroit et le trafic sur le Bosphore est trois fois supérieur à celui du canal de Suez.
- Le Pont des Martyrs du 15-Juillet (anciennement Pont du Bosphore) est le premier pont reliant les rives européenne et asiatique (1973)
- Pont Fatih Sultan Mehmet (1988)
- Un yalı est une demeure construite à proximité immédiate du bord de l'eau (presque exclusivement sur le front de mer) à Istanbul.
- Levent est l'un des principaux quartiers d'affaires d'Istanbul