Lisieux
commune française du département du Calvados / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Lisieux est une commune française située dans le département du Calvados en région Normandie et peuplée de 19 807 habitants[Note 1] appelés Lexoviens et Lexoviennes.
Lisieux | |
Le chevet de la cathédrale Saint-Pierre. | |
Blason |
|
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Calvados (sous-préfecture) |
Arrondissement | Lisieux (chef-lieu) |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Lisieux Normandie (siège) |
Maire Mandat |
Sébastien Leclerc (LR) 2020-2026 |
Code postal | 14100 |
Code commune | 14366 |
Démographie | |
Gentilé | Lexoviens |
Population municipale |
19 807 hab. (2021 en diminution de 4,64 % par rapport à 2015) |
Densité | 1 515 hab./km2 |
Population agglomération |
28 123 hab. (2017) |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 08′ 44″ nord, 0° 13′ 32″ est |
Altitude | Min. 32 m Max. 152 m |
Superficie | 13,07 km2 |
Unité urbaine | Lisieux (ville-centre) |
Aire d'attraction | Lisieux (commune-centre) |
Élections | |
Départementales | Canton de Lisieux (bureau centralisateur) |
Législatives | Troisième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | ville-lisieux.fr |
modifier |
Lisieux est la capitale du pays d'Auge, région caractérisée par ses vallées et son bocage.
Situation
Lisieux est située au confluent de la Touques et de plusieurs de ses affluents : l'Orbiquet, le Cirieux et le Graindain.
La ville est située en plein cœur du pays d'Auge dont elle est la capitale. Elle est donc entourée du caractéristique bocage normand où se mêlent l'élevage (principalement de vaches laitières) et la culture de la pomme à cidre (dont on tire le cidre et le calvados, et aussi le pommeau).
Communes limitrophes
Ouilly-le-Vicomte, Saint-Désir |
Ouilly-le-Vicomte | Rocques |
Saint-Désir | Hermival-les-Vaux, Glos | |
Saint-Désir | Saint-Martin-de-la-Lieue, Beuvillers | Beuvillers |
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Normandie et Climat du Calvados.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[3]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Côtes de la Manche orientale » et « Normandie (Cotentin, Orne) »[4]. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat contrasté des collines », correspondant au Pays d’Auge, Lieuvin et Roumois, moins directement soumis aux flux océaniques et connaissant toutefois des précipitations assez marquées en raison des reliefs collinaires qui favorisent leur formation[5].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,5 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 12,7 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 800 mm, avec 12,8 jours de précipitations en janvier et 8,2 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020 la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 11,7 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 881,4 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 2,4 | 2,3 | 3,5 | 4,9 | 8,3 | 11,2 | 13 | 12,8 | 10,2 | 8,2 | 5,1 | 2,9 | 7,1 |
Température moyenne (°C) | 5,5 | 6 | 8,1 | 10,4 | 13,6 | 16,7 | 18,6 | 18,5 | 15,8 | 12,7 | 8,6 | 6 | 11,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,5 | 9,7 | 12,6 | 15,9 | 18,9 | 22,2 | 24,3 | 24,2 | 21,4 | 17,1 | 12,2 | 9 | 16,3 |
Record de froid (°C) date du record |
−12 02.01.1997 |
−14,8 11.02.12 |
−9,3 13.03.13 |
−5 04.04.1996 |
−1 14.05.10 |
3 10.06.01 |
0 31.07.1970 |
5 28.08.1998 |
0,2 30.09.18 |
−7 30.10.1997 |
−7 24.11.1998 |
−11 29.12.1996 |
−14,8 2012 |
Record de chaleur (°C) date du record |
17,5 27.01.03 |
21,3 27.02.19 |
26,1 30.03.21 |
28,4 19.04.18 |
31,8 27.05.05 |
37,7 18.06.22 |
40,5 18.07.22 |
40 10.08.03 |
34,3 13.09.16 |
29,4 02.10.23 |
23,1 01.11.15 |
17,6 31.12.22 |
40,5 2022 |
Précipitations (mm) | 82,2 | 69,3 | 64,2 | 62,1 | 65,5 | 67,9 | 56,4 | 66,4 | 68,5 | 85,6 | 87,2 | 106,1 | 881,4 |
Typologie
Lisieux est une commune urbaine[Note 2],[9]. Elle fait en effet partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[10],[11]. Elle appartient à l'unité urbaine de Lisieux, une agglomération intra-départementale regroupant onze communes[12] et 30 313 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[13],[14].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lisieux, dont elle est la commune-centre[Note 3]. Cette aire, qui regroupe 57 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[15],[16].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (64,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (56,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (49,8 %), prairies (31,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (14,9 %), zones agricoles hétérogènes (2,5 %), terres arables (1 %)[17]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Accès et transports
La ville de Lisieux est desservie par un réseau d'autobus qui se nomme Astrobus (sept lignes). Elle est aussi reliée aux autres agglomérations par le réseau des Bus verts du Calvados.
La gare de Lisieux est située à l'intersection des lignes Paris - Cherbourg et Lisieux - Trouville-Deauville. Ces lignes sont empruntées par les trains Intercités Normandie en provenance ou à destination de la gare de Paris-Saint-Lazare, de Cherbourg ou Saint-Lô via Caen, ou de Trouville-Deauville. Elle est également desservie par le TER Normandie (Caen - Rouen-Rive-Droite). Une seconde halte ferroviaire, la gare du Grand-Jardin, est également desservie par les TER reliant la gare de Lisieux à celle de Trouville-Deauville.
En matière d'axes routiers, la ville est principalement traversée d'est en ouest par la D 613 (ancienne route nationale 13, qui va de Paris à Cherbourg). Depuis les années 1990, la ville s'est dotée d'une rocade qui permet son contournement par le sud, fluidifiant ainsi la circulation dans le centre (notamment sur le boulevard Sainte-Anne). L'autre axe principal de la ville est la D 579 permettant de rejoindre l'autoroute A13 à Pont-l'Évêque, Honfleur, Deauville vers le nord et le département de l'Orne via Livarot vers le sud.
Le nom de la localité est attesté sous les formes Noviomagus au IVe siècle[18], civitas Lexoviorum vers 400[19], ecclesiae Lixovi episcopus en 538[19], ecclesiae Lixoviensis en 549[19], civitate Loxovia et Loxovias en 614[19], Lisoio en 991 et 996[19], Lisiue en 1024[19], Lysoie en 1025[19] et Lisieues en 1160[20].
Le toponyme Lisieux est issu de l'ethnonyme du peuple gaulois des Lixovii ou Lexovii qui habitait la région et dont elle était la civitas à l'époque gallo-romaine. Le nom de la ville est mentionné en tant que Noviomagus Lexoviorum, c'est-à-dire « Noviomagos des Lexovii », ce qui signifie « le nouveau marché des Lexovii ». Noviomagos est constitué des éléments celtiques noviios « neuf » (cf. breton nevez) et magos « plaine » puis « marché » (cf. vieil irlandais mag « plaine »)[21]. Il explique les différents Noyon, Nogent, etc. et, selon un processus courant au Bas Empire, il a complètement disparu au profit du seul nom du peuple gaulois (cf. Paris, Bayeux, Sées, Évreux, Avranches, etc.). L'ethnonyme Lexovii explique également le gentilé des habitants de Lisieux, nommés Lexoviens et Lexoviennes qui est une création savante relativement récente. Les Lexovii ont aussi donné leur nom au Lieuvin, du bas latin (pagus) lexovinum, « (pays) des Lexovii ».
Dans le film Saint-Cyr de Patricia Mazuy (2000), on entend une petite fille qui dit (en normand, et la phrase est sous-titrée en français) qu'elle veut retourner à Lisieux. À plusieurs reprises, elle prononce le nom de la ville : « Liju ».
Antiquité
Lisieux est l'ancienne capitale du peuple gaulois, les Lexovii. César mentionne, dans son œuvre Commentaires sur la guerre des Gaules, un oppidum gaulois. Il a été localisé au lieu-dit le Castellier (commune de Saint-Désir)[22], à 3 km au sud-ouest de la ville. Son enceinte fortifiée entourait un espace de 200 hectares[23], extension importante pour l'époque.
À l'arrivée des Romains, ces derniers favorisent l'abandon du site gaulois et développent une cité à l'emplacement de la ville actuelle. Un peu avant 275, la population se retranche à l'intérieur d'un castrum de plan quadrangulaire de 400 × 200 mètres. Selon F. Cottin, cette enceinte de taille réduite, 8 hectares, englobait l'emplacement de la cathédrale Saint-Pierre au nord, ne dépassant pas le boulevard Sainte-Anne au sud, et à l'ouest entre la rue du Pont-Mortain et l'avenue Victor-Hugo. La bourgade établit au nord-est de l'oppidum, devenue une riche cité gallo-romaine avec un théâtre, des thermes et une colonne votive (Noviomagus Lexoviorum), occupée lors des invasions barbares, se réfugie dans un castrum à l'emplacement du faubourg Saint-Désir. La cité détruite par les pirates saxons est déplacée et rebâtie au IVe siècle[23].
Des vestiges de thermes et d'une riche villa gallo-romaine ont été mis au jour à proximité de l'hôpital dans les années 1980 et sont visibles dans le Jardin archéologique de l'hôpital.
Au IVe siècle, présence de Lètes germaniques, avec femmes et enfants, auxiliaires de l'armée romaine, dont les tombes ont été mises au jour dans la nécropole « Michelet ». Certaines recèlent un mobilier typique de la Germanie du Nord.
Moyen Âge
Ce n'est qu'après la chute de l'Empire romain que la ville devient siège épiscopal sous la dépendance du métropolitain de Rouen. La juridiction de l'évêque de Lisieux s'exerçait sur l'actuel Lieuvin et le pays d'Auge. Elle correspondait probablement au cadre administratif du pouvoir romain, lui-même dans les limites de l'ancien territoire des Lexovii selon un processus fréquent ailleurs. L'évêque, chose rare en France de l'Ouest, était aussi titulaire d'un comté comprenant les trois paroisses de la ville, Saint-Germain, Saint-Jacques et Saint-Désir, et sept paroisses de sa banlieue : Beuvillers, Ouilly-le-Vicomte, Rocques, Les Vaux, Saint-Martin-de-la-Lieue, Saint-Hippolyte-du-Bout-des-Prés et Saint-Germain-de-Livet (qui fut ajoutée au comté au XIIe siècle) ; auxquelles on rajoute La Pommeraye, succursale de Saint-Désir[24]. Les évêques possédaient plusieurs résidences dont une à Rouen dit Hôtel de Lisieux ou encore un manoir à Canapville dit Manoir des évêques.
Certains historiens font remonter l'origine de l'évêché de Lisieux au IVe siècle, puisque Saint Lithare, évêque de Lisieux, aurait assisté au concile d'Arles en 314[25]. Toutefois, le premier évêque de Lisieux cité dans un acte public est Thibaut qui assista au concile d'Orléans en 538[26]. Quelques-uns sont restés célèbres, à l'instar de Fréculf au IXe siècle, ami de Raban Maur, abbé de Fulda en Allemagne[27].
Lors des incursions des Vikings, le siège épiscopal est délaissé et reste vacant pendant plus d'un siècle, de 876 à 980[22].
L'évêque Herbert, devenu évêque en 1026, serait le premier à porter le titre de comte de Lisieux, donné par le duc de Normandie Guillaume le Bâtard[26]. L'abbaye bénédictine Notre-Dame-du-Pré fut fondée en 1050 dans le faubourg Saint-Désir par la mère de l'évêque Hugues d'Eu, successeur d'Herbert, Lesceline[22],[28]. Hugues d'Eu dédicaça la nouvelle cathédrale romane en 1055 ; une partie de l'enceinte romaine de la ville fut détruite pour permettre l'édification de cette grande cathédrale et de nouveaux quartiers d'habitations furent construits en dehors. L'enceinte ne fut pas reconstruite avant le XVe siècle ce qui fut un handicap majeur pour la ville, désarmée face aux attaques[22].
Geoffroy Plantagenêt assiégea Lisieux et s'en empara en 1141, après que l'évêque Jean eut soutenu Étienne de Blois pour succéder à Henri Ier au titre de duc de Normandie. Les troupes bretonnes qui défendaient la place préférèrent l'incendier plutôt que de tenter de résister à l'assaut de Geoffroy[22],[29].
La reconstruction totale de la cathédrale dans un style nouveau, à savoir le gothique, débuta vers 1160-1170, commanditée par l'évêque Arnoul. La Maison-Dieu de Lisieux fut fondée vers 1160 par un bourgeois, Roger Aini. La chapelle de la Maison-Dieu fut consacrée par Arnoul en invoquant un proche, Saint Thomas de Cantorbéry, peu après son assassinat le ; en effet, celui-ci lui aurait conseillé avant sa mort de consacrer la chapelle « sous le nom du prochain martyr. L'évêque Jourdain du Hommet fit appel à un ordre religieux pour gérer la Maison-Dieu : les Mathurins en prennent possession après sa mort en 1220[30] ».
Après avoir débarqué à Barfleur en , Richard Cœur de Lion qui se dirige sur Verneuil fait étape à Lisieux. Là, il reçoit la visite de son frère félon Jean qu'il accueille par ces mots : « Jean, n'ayez crainte. Vous êtes un enfant ; vous vous êtes mis en mauvaise garde. Mal pensaient ceux qui vous donnèrent des conseils. Levez-vous d'ici et allez manger. »[31].
Lors de l'invasion de la Normandie par le roi Philippe II Auguste, ce dernier entra à Lisieux sans combat en 1203[29].
En 1315 et 1316 eut lieu une terrible famine[29].
En 1345, l'évêque Guillaume de Charmont, trouvant la ville trop étroite dans ses remparts, lui annexa le quartier des Coutures[29].
Le , au début de la guerre de Cent Ans, la ville sur le passage des Anglais lors de la chevauchée d'Édouard III est ravagée[32].
Nicole Oresme, évêque de Lisieux de 1377 à sa mort en 1382, a laissé son nom comme érudit et précepteur de Charles V.
En 1417, Henri V d'Angleterre qui a débarqué le dans l'embouchure de la Touques avec une armée forte de 10 000 hommes marche en direction de Caen, et traverse Lisieux dont la population a fui la ville prenant les routes de l'exode[33]. Sous l'occupation anglaise, Pierre Cauchon, qui briguait l'archevêché de Rouen, est en fait élu à Lisieux en 1432, où il sera enterré dans la chapelle axiale de la cathédrale qu'il avait fait ériger.
L'évêque Thomas Basin établit la Commune en 1447, en disposant que quatre députés choisis par les habitants se réuniront une fois par semaine avec les conseillers, procureurs, ménagers et receveurs, pour « traiter des affaires et besognes de la ville », recevoir les comptes des receveurs, etc. La même année fut établie une chambre de ville[34].
En 1449, l'armée royale de Charles VII prend la ville au bout de trois jours[35]. La ville est entourée d'une véritable enceinte précédée de douves profondes en 1491. L'enceinte était flanquée de vingt tours et percée de quatre portes. On peut suivre approximativement son tracé en parcourant le quai des remparts, les boulevards Carnot, Duchesne, Fournel, Jeanne-d'Arc et Sainte-Anne, passant en partie sur l'enceinte romaine. Il subsiste de nos jours deux tours : l'une sur le quai des remparts, la tour Lambert et la seconde, boulevard Sainte-Anne[23].
Au XVe siècle, après la guerre de Cent Ans, l'industrie drapière s'installe dans la ville et elle conserve la protection royale par Louis XI[36].
Époque moderne
Du au eut lieu une émeute des protestants dans la ville ; sept des émeutiers furent exécutés[29].
Le , une troupe de protestants est repoussée de Lisieux ; envoyée depuis Caen par l'amiral de Coligny pour s'emparer de la ville, elle se dirigea finalement vers Bernay qu'elle prit et pilla le surlendemain[29].
Lors du massacre de la Saint-Barthélemy, le et les jours suivants, à Lisieux, les vies des protestants furent épargnées. Certains ont attribué cela à la bonne volonté de l'évêque Jean Le Hennuyer, pourtant celui-ci était un des plus virulents persécuteurs des protestants, ayant toujours refusé de faire appliquer l'Édit de tolérance du dans son diocèse. En réalité, ce sont les magistrats municipaux, qui avaient à leur tête le capitaine Guy Longchamps de Fumichon, qui refusèrent les exactions à l'encontre des protestants et les protégèrent d'éventuels assassins envoyés par le Roi[29].
En 1590, lors de la huitième guerre de Religion, Henri IV doit conquérir son royaume. Lorsqu’il arrive à Lisieux, la garnison s’enfuit, et il prend la ville sans combat[37].
En 1692, fut nommé le premier maire de la ville, Claude de Mongouin, prenant le titre de conseiller du Roi et maire perpétuel. Le corps municipal était composé du maire, de deux échevins, d'un procureur du Roi, de son substitut et de conseillers. Auparavant, les fonctions du maire étaient assurées par le sénéchal ou bailli de l'évêque[38].
Époque contemporaine
La ville est intégrée au département du Calvados nouvellement créé au moment de la Révolution française. Elle en devient une ville mineure par rapport à Caen puisqu'elle n'obtient qu'un siège de chef-lieu d'arrondissement. Elle n'a donc pas obtenu la tête d'un sixième département normand comme le réclamaient ses habitants[22]. De plus, alors qu'elle était depuis le Moyen Âge le siège d'un des sept évêques de Normandie, relevant de la province de Rouen, elle perd cette fonction en 1791. L'évêché est toutefois recréé et fusionné avec celui de Bayeux en 1855, l'évêque portant désormais le titre de « Bayeux et Lisieux ». Lisieux fait partie des deux seuls sièges épiscopaux, avec celui d'Avranches, à avoir été supprimés en Normandie.
La principale église paroissiale, Saint-Germain, située devant le parvis de la cathédrale, est démolie en 1798 et remplacée par une place[39]. L'église Saint-Désir est également détruite pendant la Révolution ; l'église abbatiale de Notre-Dame-du-Pré la remplace comme église paroissiale, après que les bénédictines sont chassées de leur couvent, et le restera même après le retour des moniales[28],[40].
- Un séchoir de frocs à Lisieux.
- Le jardin des plantes de Lisieux.
Dès le , le journal Le Lexovien évoque l'arrivée du chemin de fer à Lisieux. En , le Corps législatif décide de la construction de la ligne de Paris à Cherbourg via Lisieux[41]. La gare, établie au sud de la ville, est mise en service le [42] ; elle devient un nœud ferroviaire le avec la création d'un embranchement vers Pont-l'Évêque, qui se prolongera vers Honfleur en 1862 et vers Trouville - Deauville en 1863[43]. La ligne d'intérêt local de Lisieux à Orbec est mise en service le (elle fermera aux voyageurs le et aux marchandises le [44]). Une halte au lieu-dit du Grand-Jardin, plus au nord de la ville, ouvrit en 1879 sur la ligne de Lisieux à Trouville - Deauville[45].
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Lisieux voit l'essor de l'industrie textile, avec la fabrication de draps, de toiles, de frocs fait à partir de laine ou de lin transformés en molleton ou en flanelle[46]. Plusieurs entreprises vont être fondées dans cette période, à l'instar de l'usine textile d'Orival, inaugurée le par Jean-Lambert Fournet[47], qui avait également construit une filature de lin en 1841 (connue aujourd'hui sous le nom d'usine Leroy)[48]. Vers 1880, le coton va détrôner la laine et le lin[46].
Entre 1872 et 1874, un projet d'annexion vit le jour, à l'avantage de Lisieux et aux dépens des communes voisines de Saint-Jacques et de Saint-Désir, la ville ayant un besoin urgent de s'étendre : en 1872, 12 520 Lexoviens vivaient sur 88 hectares, soit une densité de 140 habitants par hectare lorsqu'elle n'était que de 102 au Havre, de 56 à Rouen, et de seulement 19 à Caen. La ville était saturée, et la population n'y avait augmenté que de 10 % de 1856 à 1872, tandis que celle de ses voisines Saint-Jacques et Saint-Désir avait doublé. Le , Patrice de Mac Mahon, alors président de la République française, signa un décret d'annexion qui déposséda la commune de Saint-Jacques de 129 ha de son territoire, et celle de Saint-Désir de 38 ha, qui revinrent à Lisieux[49].
Avec le développement du culte de sainte Thérèse au XXe siècle, une grande église néo-byzantine lui est dédiée sur une des collines entourant la ville. Elle supplante vite en renommée l'ancienne cathédrale, convertie en église paroissiale.
La dévotion à sainte Thérèse, qui vécut au carmel de Lisieux, en fait la deuxième plus importante ville de pèlerinage de France (après Lourdes). En 1907 a lieu le premier décollage d'un hélicoptère, réalisé par Paul Cornu.
La basilique Sainte-Thérèse est bénie le par Eugenio Pacelli, légat du pape et futur Pie XII.
Avant 1944, Lisieux était surnommée la « capitale du bois sculpté », car ses rues étroites étaient bordées de maisons médiévales à pans de bois sculptés en encorbellement et aux façades ouvragées, abritant des commerces centenaires[50].
- Vieilles maisons à colombages de la place du Marché-au-Beurre au début du XXe siècle.
- Les rives de la Touques et l'église Saint-Désir au début du XXe siècle.
- La place Victor-Hugo au début du XXe siècle.
- Le boulevard Herbet-Fournet sur une carte postale de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.
- La Grande rue (devenue rue Henry-Chéron) sur une carte postale de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.
- La rue de la Paix (disparue aujourd'hui).
Les et , les bombardements alliés font plus de 800 victimes et détruisent la ville aux deux tiers, notamment le monastère bénédictin, où vingt religieuses sont tuées[51]. Les troupes alliées libèrent la ville le .
Le projet de reconstruction est confié à l'architecte Robert Camelot ; le plan de reconstruction définitif est validé le . Entretemps, les travaux de déblaiement ont débuté en pour s'achever en 1946. La reconstruction fut lente au début en raison de manque de moyens humains et techniques, d'une faible sécurité des ouvriers, de la présence de restes d'engins explosifs dans les décombres et d'hivers rigoureux de 1948 à 1950 ; elle s'accéléra à partir de 1950-1952. Il a fallu plus de dix ans pour reconstruire intégralement la ville[52].
Par décret du , Lisieux absorbe en grande partie la commune limitrophe de Saint-Jacques[53]. Cette absorption permet « une opération de grande envergure » pour l'architecte Georges Duval et le maire Robert Bisson, sur le plateau Saint-Jacques surplombant la ville. En effet, le , la ZUP d'Hauteville est créée, à l'origine pour loger un peu plus de cinq cents familles ; le , la première pierre du nouveau quartier est posée par le ministre de la Construction Jacques Maziol. Les premiers habitants arrivent dans les immeubles et pavillons neufs en 1965[54].
Le , le pape Jean-Paul II vient à Lisieux lors de sa première visite officielle en France comme pape.