Groupe Manouchian-Boczov-Rayman
groupe de résistance communiste / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Le Groupe Manouchian-Boczov-Rayman désigne les 23 résistants communistes des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), condamnés à mort le et fusillés quatre jours après au mont Valérien, sur fond d'une vaste campagne de propagande antisémite, tous médias confondus, organisée du 18 au sous le nom de « l'armée du crime », dont une des déclinaisons est l'Affiche rouge, placardée sur les murs de Paris et d'autres villes, où sept des dix résistants incriminés sont juifs.
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Idéologie |
Le « Groupe Manouchian-Boczov-Rayman »[1] devient en 1951 « Groupe Manouchian-Boczov » puis en 1954 « Groupe Manouchian »[1],[2]. Cette dénomination est utilisée la première fois lors du procès en 1944 par la propagande allemande[2]. Un « processus d'occultation de la mémoire MOI » dure ensuite « près de quarante ans », jusqu'aux années 1990, la « mémoire communiste » s'étant « longtemps focalisée sur la figure de Missak Manouchian[2] pour l'arrimer à « l'histoire de l'Arménie soviétique »[2].
Le nom initial du groupe vient des trois ouvriers communistes et internationalistes, l'Arménien Missak Manouchian, le juif polonais Marcel Rayman, de l’équipe spéciale chargée des opérations importantes[3] et le juif hongrois Joseph Boczov, chef du détachement des dérailleurs d'où venaient neuf des 23[2], devenu ingénieur chimiste[3]. La majorité est très jeune[4], 22 ans ou moins. La moitié est constituée de Juifs et un tiers, de Polonais. Le groupe compte aussi trois Français[2], des Italiens de nationalité ou d'origine[4], parmi lesquels Rino Della Negra, footballeur du Red Star et deux Arméniens[5], de 38 et de 45 ans[2].
Le 25 février 1945, « toute la presse communiste, locale ou nationale » couvre la commémoration du premier anniversaire de leur exécution, qui réunit 10 000 personnes au cimetière d'Ivry-sur-Seine, ville d'où sont originaires quatre d'entre eux[6]. Les photos de l'Agence Roger Viollet montrent une grande banderole souhaitant la « gloire » aux « héros immigrés du procès Manouchian-Boczov » [7]. Dans L'Humanité du jour, Boris Holban salue le « suprême hommage rendu par le peuple de Paris aux 23 héros du procès Manouchian-Boczov » [8].
Leur histoire est racontée en 1951[9] par le poème Légion de Paul Éluard[10],[11],[12], précédé dès février par les 200 Pages de gloire des 23, illustrées en couleurs et grand format, rédigées par David Diamant[13], pour le « comité français pour la défense des immigrés » (CFDI) et l'Association des anciens FTP, avec préface et postface de leurs présidents Justin Godart et Charles Tillon[14], soulignant la participation immigrée à la Résistance[15]. Entre-temps, le CFDI est devenu le MRAP, impliqué contre la répression du nationalisme algérien, qui mène au massacre du 14 juillet 1953 à Paris. La journaliste Madeleine Riffaud suit cette question à la La Vie Ouvrière (CGT) avec son compagnon Roger Pannequin, autre héros de la Résistance, en charge de la MOI au PCF. Charles Tillon rédige la préface de son document de mai 1951 sur les mineurs résistants du Nord. Roger Pannequin et lui sont victimes de brimades du PCF après ces deux livres, vus comme des « provocations » par Staline, alors en pleine répression antisémite et contre les ex-Résistants : en 1951, 11 des 14 accusés de ce qui deviendra en 1952 le procès de Prague sont juifs, comme la plupart des accusés du complot des blouses blanches de 1952-1953. En réaction, les Éditions de Moscou rééditent un recueil de lettres de fusillés de 1946, mais dont sont expurgées celles des FTP-MOI, la préface d'Aragon gommant leur place dans la Résistance. Aragon accepte d'éditer un autre recueil, cette fois de nouvelles, dont une consacrée aux 23, mais en exigeant que tous leurs noms soient francisés[16],[17], condition acceptée par les auteurs, Claude Lévy et son frère Raymond Lévy, père de l'écrivain à succès Marc Levy[18], qui obtiennent le prix Fénéon 1953. En 1961, l'histoire des 23 est chantée par Léo Ferré, dans L'Affiche rouge, sur un texte d'Aragon publié par L'Humanité pour l'inauguration en 1955 d'une rue du Groupe-Manouchian, réclamée dès 1951, avec un titre éponyme qu'Aragon change dès l'année suivante.