Remiremont
commune française du département des Vosges / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Remiremont [ʁəmiʁmɔ̃] Écouter, en vosgien de la montagne [rmirmo], en allemand Rümersberg, est une commune française située dans le département des Vosges en région Grand Est, dans la région historique et culturelle de la Lorraine sur le piémont vosgien à 400 m d'altitude, elle marque l'entrée dans la moyenne montagne (massif des Vosges).
Remiremont | |
De haut en bas et de gauche à droite : statue du Volontaire de 1792 ; église Notre-Dame ; panorama de Remiremont depuis le Saint-Mont. | |
Blason |
Logo |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Grand Est |
Département | Vosges |
Arrondissement | Épinal |
Intercommunalité | Communauté de communes de la Porte des Vosges Méridionales |
Maire Mandat |
Jean-Benoît Tisserand 2020-2026 |
Code postal | 88200 |
Code commune | 88383 |
Démographie | |
Gentilé | Romarimontains[1] |
Population municipale |
7 611 hab. (2021 ) |
Densité | 423 hab./km2 |
Population agglomération |
21 248 hab. (2021) |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 01′ 03″ nord, 6° 35′ 26″ est |
Altitude | 400 m Min. 379 m Max. 766 m |
Superficie | 18 km2 |
Type | Commune urbaine |
Unité urbaine | Remiremont (ville-centre) |
Aire d'attraction | Remiremont (commune-centre) |
Élections | |
Départementales | Canton de Remiremont (bureau centralisateur) |
Législatives | Troisième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | remiremont.fr |
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Elle est la ville-centre d'une agglomération de plus de 31 000 habitants comprenant 12 communes ce qui en fait la troisième agglomération urbaine du département après Épinal et Saint-Dié-des-Vosges. Du fait de sa situation, Remiremont représente également le deuxième plus gros centre administratif du département, juste derrière Épinal. La ville se situe à l'extrémité sud du Sillon lorrain, un long axe urbanisé traversant le centre-est de la région du nord au sud. Le Sillon lorrain et la plaine d'Alsace appartiennent à la partie française d'une plus vaste zone économiquement forte appelée l'Europe rhénane.
Remiremont est officiellement surnommée « La belle des Vosges » grâce à son histoire et son architecture héritée de sa riche et puissante abbaye, ayant été pendant des siècles une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique où la ville se nommait Rümersberg[2].
Localisation
Remiremont est située au confluent de la Moselle et de la Moselotte[3] et sur un axe important reliant l'Alsace et la Lorraine (RN66). Elle est située à 27 km d'Épinal, 30 km de Gérardmer, 61 km de Thann, 32 km de Luxeuil-les-Bains à 109 km de l'aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg et à 137 km de l'Aéroport de Strasbourg-Entzheim.
Remiremont est située à environ 100 km à vol d'oiseau de Strasbourg, la capitale régionale du Grand Est.
L'aire urbaine de Remiremont compte près de 32 000 habitants et englobe les communes périphériques de Saint-Nabord, Saint-Étienne-lès-Remiremont, Dommartin-lès-Remiremont, Vecoux, Éloyes, Saint-Amé, Girmont-val-d'ajol, Bellefontaine, Cleurie, Rupt-sur-Moselle, Le Syndicat et Vagney. ce qui en fait la troisième agglomération du département. Seule ville disposant des infrastructures administratives d'une grande partie des Vosges du sud et disposant de nombreuses activités tertiaires, son aire d'influence va donc bien au-delà de son aire urbaine et s'étend à une grande partie des Hautes-Vosges. Regroupant ainsi un bassin de plus de 90 000 habitants, faisant de Remiremont le deuxième centre administratif du département juste derrière Epinal[4].
C'est l'une des villes situées aux portes du parc naturel régional des ballons des Vosges[5],[6] ainsi que des Moyennes puis Hautes-Vosges.
Communes limitrophes
Les communes limitrophes sont Saint-Nabord au nord-ouest, Saint-Étienne-lès-Remiremont au nord à l’est ainsi que Le Val-d’Ajol au sud-ouest par le col du Peutet (645 m). Malgré les apparences, Dommartin-les-Remiremont n’est pas limitrophe de Remiremont.
Géologie et relief
La ville offre un joli panorama sur les Hautes-Vosges et les vallées environnantes, notamment l'embouchure de la vallée de la Haute Moselle. À l'est à un peu plus de 3 km à vol d'oiseau domine le Fossard surplombant Saint-Étienne-lès-Remiremont à 812 m d'altitude reconnaissable à son antenne-relais, il domine l'agglomération de Remiremont et ses environs. Juste au pied du Fossard entre les communes de Saint-Étienne-lès-Remiremont et Saint-Amé se trouve le célèbre Saint-Mont culminant à 672 m.
Dans le territoire même de Remiremont se trouve l'unique vallée du Fouchot et son massif, dans lequel se trouvent le Parmont (593 m), derrière lui la Tête des Ânes (633 m) puis le Bambois de Remiremont à 685 m et en direction de la vallée de la Haute Moselle, le Haut de Corroy (715 m) et sa célèbre Roche Tocquaine, puis en continuant, moins connu, se trouve le Haut du Sapenois qui est le point culminant de la commune avec 766 m d'altitude[7],[8].
Géologiquement, la ville est construite dans un environnement assez varié, constitué d'alluvions récentes, mais aussi de roches magmatiques (granites, microgranites…) et de roches métamorphiques au faciès granulite, ainsi que de roches sédimentaires notamment du Trias, avec des roches déposées précisément au Buntsandstein moyen, vers le sud de Remiremont (conglomérats, grès relativement grossiers, et paléosols).
Le site du Massif vosgien, inscrit au titre de la loi du 2 mai 1930, regroupe 14 Schémas de cohérence territoriale (SCOT) qui ont tout ou partie de leur territoire sur le périmètre du massif des Vosges[9].
Hydrographie et eaux souterraines
La commune est située pour partie dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse et pour sa partie sud-ouest dans le bassin versant de la Saône au sein du bassin Rhône-Méditerranée-Corse[10]. Elle est drainée par la Moselle, l'Augronne, la rigole d'alimentation du réservoir de Bouzey, le ruisseau du Fouchot et le ruisseau le Moulin[11],[Carte 1].
La Moselle, d’une longueur totale de 560 kilomètres, dont 315 kilomètres en France, prend sa source dans le massif des Vosges au col de Bussang et se jette dans le Rhin à Coblence en Allemagne[12].
L'Augronne, d'une longueur totale de 28,6 km, prend sa source à l'étang du Renard au sud-ouest de la commune et se jette dans la Semouse à Saint-Loup-sur-Semouse, après avoir traversé neuf communes[13].
La rigole d'alimentation du réservoir de Bouzey, d'une longueur totale de 41,5 km, prend sa source dans la commune de Saint-Étienne-lès-Remiremont et se jette dans l'Avière à Chaumousey, alimentant le réservoir de Bouzey, après avoir traversé douze communes[14].
Le plan d’eau de Remiremont, d'un peu plus de neuf hectares et créé en 1988, accueille les touristes en quête de verdure et de loisirs. Outre l'observation des oiseaux et la pêche, de nombreuses activités sont proposées autour du plan d'eau : plongée, canoë-kayak, baignade (surveillée pendant les mois d'été), pétanque et planche à voile. C'est aussi le point de départ d'une voie verte menant à Cornimont et à Bussang.
Le pont le Prieur, enjambant la Moselle, relie les communes de Remiremont et Saint-Étienne-lès-Remiremont[15],[16],[17],[18].
La commune est limitrophe du parc naturel régional des Ballons des Vosges et est traversée par le GR 7 et de nombreux chemins de randonnées.
La qualité des eaux de baignade et des cours d’eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l’eau et l’Agence française pour la biodiversité[Carte 2].
Hydrogéologie et climatologie : Système d’information pour la gestion des eaux souterraines du bassin Rhin-Meuse :
- Territoire communal : Occupation du sol (Corinne Land Cover); Cours d'eau (BD Carthage),
- Géologie : Carte géologique; Coupes géologiques et techniques,
- Hydrogéologie : Masses d'eau souterraine; BD Lisa; Cartes piézométriques.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat du Grand Est et Climat des Vosges.
En 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[19]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Lorraine, plateau de Langres, Morvan » et « Vosges »[20].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,4 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,8 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 212 mm, avec 13,3 jours de précipitations en janvier et 10,8 jours en juillet[19]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Vagney », sur la commune de Vagney à 9 km à vol d'oiseau[21], est de 8,8 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 472,7 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 34,5 °C, atteinte le ; la température minimale est de −19,4 °C, atteinte le [Note 2],[22],[23].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −1,9 | −1,7 | 0,7 | 4,3 | 7,4 | 10,9 | 12,7 | 12,4 | 9,3 | 6,2 | 2,4 | −0,6 | 5,2 |
Température moyenne (°C) | 0,5 | 1,2 | 4,4 | 8,7 | 11,7 | 15,4 | 17,2 | 16,9 | 13,5 | 9,6 | 5,2 | 1,8 | 8,8 |
Température maximale moyenne (°C) | 2,9 | 4,1 | 8 | 13,1 | 16 | 19,8 | 21,7 | 21,3 | 17,7 | 13,1 | 7,9 | 4,1 | 12,5 |
Record de froid (°C) date du record |
−12,9 05.01.10 |
−17,5 05.02.12 |
−11 24.03.08 |
−7,7 04.04.22 |
−2 06.05.19 |
2,3 05.06.12 |
4,9 02.07.11 |
4,1 11.08.16 |
0,8 17.09.08 |
−6,2 29.10.12 |
−10,2 30.11.10 |
−19,4 20.12.09 |
−19,4 2009 |
Record de chaleur (°C) date du record |
15,4 01.01.22 |
19,3 27.02.19 |
21,9 30.03.21 |
26,3 28.04.12 |
28,6 25.05.09 |
33,9 26.06.19 |
34,5 25.07.19 |
34,4 07.08.15 |
30 05.09.23 |
24,7 23.10.19 |
21 08.11.15 |
16,9 28.12.15 |
34,5 2019 |
Précipitations (mm) | 156,2 | 116,3 | 105,9 | 76,3 | 130,9 | 128,7 | 108 | 122,2 | 106,9 | 123,1 | 131,9 | 166,3 | 1 472,7 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
2,9 −1,9 156,2 | 4,1 −1,7 116,3 | 8 0,7 105,9 | 13,1 4,3 76,3 | 16 7,4 130,9 | 19,8 10,9 128,7 | 21,7 12,7 108 | 21,3 12,4 122,2 | 17,7 9,3 106,9 | 13,1 6,2 123,1 | 7,9 2,4 131,9 | 4,1 −0,6 166,3 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[24]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[25].
Typologie
Remiremont est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 3],[26],[27],[28]. Elle appartient à l'unité urbaine de Remiremont, une agglomération intra-départementale regroupant 6 communes[29] et 21 248 habitants en 2021, dont elle est ville-centre[30],[31].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Remiremont, dont elle est la commune-centre[Note 4]. Cette aire, qui regroupe 12 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[32],[33].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (71,1 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (70,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (71,1 %), zones urbanisées (16,6 %), prairies (5,4 %), zones agricoles hétérogènes (4,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (2,3 %), mines, décharges et chantiers (0,4 %)[34]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Voies de communication et transports
Voies routières et voies vertes
Remiremont est située au carrefour des routes nationales 66 (E512), 57 (E23) et départementale 417 (ancienne route nationale 417).
La vallée de la Moselle devient la vallée de la Haute Moselle et communique au-delà du col de Bussang avec la vallée de la Thur par la RN 66.
La Voie Bleue, Moselle-Saône à vélo, Lorvélo de Remiremont à Épinal[35].
Voies ferroviaires
Nom | Destinations | Distance |
---|---|---|
Aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg[36] | France Europe Afrique | 109 km |
Aéroport d'Épinal-Mirecourt[37] | France Europe | 71 km |
Aéroport de Metz-Nancy-Lorraine[38] | France Europe | 141 km |
La ville est bien desservie par la voie ferroviaire notamment avec deux allers-retours quotidiens à Paris en TGV depuis la gare de Remiremont[39].
Transports aériens
En fonction des destinations, plusieurs aéroports (cf. tableau ci-contre).
Le nom de la localité est attesté sous les formes Montis Romarici (640), Romerici montem (870), Remeremont & Remerimont (1246), Remeiremont & Remelimont (1290), Romarimont (1336), Rümersberg (1339), Rimelsperg (1404), Remyremont (1505), Mont Rolland (1538), Remiremonde (1644), Remiremont (1711), Libremont (an II).
Remiremont est un hagiotoponyme caché. D'un nom de personne Romaric(us) et montem[40], le « mont de Romaric » (saint Romaric).
Origine
Le nom de la ville de Remiremont dérive par décalque du nom de l'institution abbatiale prestigieuse, qui s'y installe initialement entre la fin du VIIIe siècle et le IXe siècle, cette dernière avait été fondée aux temps mérovingiens sur l'actuel Saint-Mont, qui se nommait autrefois en latin ecclésiastique Sancti Romarici mons, abrégé en Romarici mons, le « mont de (saint) Romaric ». Romaric était selon la légende hagiographique un noble leude de la cour d’Austrasie à Metz, qui abandonna les affaires de cour pour la vie monastique, sous l’influence d’Amé de Remiremont, moine prédicateur disciple de saint Colomban[41]. Ils fondèrent vers 620 deux monastères sur le mont Habendum (Pays d'Havend) que possédait Romaric[42],[43], l’un d’hommes, et l’autre au sommet de femmes. Saint Romaric vécut pendant trente ans dans cette abbaye du Saint-Mont[44], jusqu’à sa mort en 653[45].
L'institution mixte de Romaric est progressivement démantelée et transférée au pied du Saint-Mont, puis sur l'autre rive pour favoriser le peuplement et améliorer le contrôle de la communauté religieuse, sous l'égide des derniers maîtres du palais pépinides à l'origine de la dynastie carolingienne, ceci provoque à long terme le développement de Remiremont[46].
L'abbaye suit une règle approuvée par Louis le Débonnaire et publiée en 816 au 4e concile d’Aix-la-Chapelle.
La refondation carolingienne est aussi transformée de manière préférentielle en communauté de chanoinesses, séculière et souveraine, le chapitre de Remiremont dirigé par une abbesse héritière spirituelle des filles de Romaric, l'institution féminine dénommée abbaye de Remiremont est désormais réservée aux jeunes filles de la haute noblesse d'Empire. Jusqu'à une cinquantaine de nobles dames pouvaient y vivre avec de riches prébendes car l’abbaye érigée par les carolingiens au rang de principauté ecclésiastique incluant forêt et pâturages avait de nombreuses possessions et l’abbesse souveraine avait rang de princesse du Saint-Empire romain germanique lors des cérémonies royales ou impériales[47].
Dès le XIIe siècle, les ducs de Lorraine, avoués de l'abbaye d'Empire, commencent à grignoter des parties cruciales de pouvoir princier aux abbesses et aux chanoinesses, en accaparant des biens et des droits stratégiques. L'administration ducale s'interpose souvent en façonnant des alliances politiques avec les populations montagnardes, justifiant a posteriori leurs interventions constantes et en s'immisçant dans l'administration de territoires limitrophes, parfois annexés promptement.
Au XVe siècle, l'État lorrain établit de facto une suzeraineté de ses dirigeants sur les territoires de l'abbaye et du chapitre, les ducs prenant le titre symbolique de comtes de Remiremont.
L'abbaye d'Empire, encore auréolée de prestige, est ravalée au rang d'une simple seigneurie ecclésiastique, jouissant de biens fonciers encore considérables et gardant un simulacre d'indépendance par sa petite administration relictuelle, placée sous surveillance ducale.
Michel de Montaigne, qui s'arrêta à Remiremont en 1580, lors de son voyage en Italie et en Allemagne, relate dans son journal de voyage[48] que l'abbesse et les chanoinesses lui firent le plus aimable accueil et lui firent envoyer des artichauts, des perdrix et un baril de vin pour restaurer sa petite équipée.
Il faut attendre le dernier quart du XVIe siècle pour que l'administration étatique de Lorraine accapare les derniers droits de contrôle des chanoinesses et abbesses, en l'occurrence sur les bois dits "répandise" et les chaumes. La cartographie orchestrée par le président de la chambre des comptes Thierry Alix en fait foi entre 1576 et 1578[49].
La guerre de Trente Ans
Pendant la guerre de Trente Ans, l'abbesse Catherine de Lorraine[50], fille du duc Charles III de Lorraine, fit preuve d'initiative et de courage. En juillet 1638, lors du siège de Remiremont par les Français commandés par Turenne, elle entraîne ses chanoinesses et la population de Remiremont à la résistance et en quelques heures les trois brèches ouvertes par les canons français dans les murs de la ville se trouvent réparées.
Auguste Digot dans son Histoire de la Lorraine en fait le récit[51] : … le sieur de la Jonchette, gouverneur d'Épinal, avait engagé le vicomte (Turenne) à se diriger sur Remiremont, pour y rétablir l'autorité du roi. Il disait que la ville ne pouvait tenir plus d'une demi-journée… Turenne chargea La Jonchette d'attaquer Remiremont, et le siège commença le 2 juillet. Il n'y avait que trente soldats dans la place, mais les bourgeois avaient pris les armes, avec la résolution de se bien défendre. Le 3,le marquis de Ville parvint à s'échapper et gagna les montagnes, où il tâcha de rassembler du monde pour secourir les assiégés. La Jonchette ordonna deux assauts, fut repoussé avec pertes et dressa une batterie, qui ouvrit, en peu d'heures, une brèche large de vingt pas. Comme les soldats et les bourgeois n'étaient pas en état de garder les murailles et d'exécuter les ouvrages indispensables pour empêcher l'ennemi de pénétrer dans les rues, le commandant lorrain mit les femmes en réquisition ; elles refusèrent de sortir de chez elles ; mais la princesse Catherine, qui se trouvait heureusement dans la ville, accourut, avec les chanoinesses, et donna l'exemple de l'obéissance et du travail. À ce spectacle, chacun, voulut mettre la main à l'œuvre, et le dégât fut promptement réparé. Le 5 juillet, une compagnie de cavalerie lorraine, venant de la Franche-Comté, réussit à se jeter dans Remiremont ; le marquis de Ville y fit entrer cent cinquante hommes d'infanterie, et les Français, rebutés par l'opiniâtre résistance des assiégés, décampèrent, le 8, après avoir perdu plus de 700 hommes : tués, blessés ou prisonniers.
Jacques de Huvé[52], capitaine châtelain de la ville et du comté de Fontenoy-le-Château, à la tête des sujets de sa capitainerie, participa glorieusement à la levée du siège[53].
De la Révolution française à la Libération
À la Révolution française : dès juillet 1789, la dernière abbesse, Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, princesse du sang, rejoignit son père et émigra, comme certaines des chanoinesses. D'autres choisirent de retourner dans leur famille. Le 7 décembre 1790, l'église abbatiale fut fermée après onze siècles d'existence.
Pendant quelques années, la ville fut débaptisée et s'appela Libre-Mont. Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.
Vers 1801 des Juifs s'installèrent à Remiremont[54]. Ils venaient des pays de l'Est et d'Alsace ; leur nombre ne cessa de s'accroître jusqu'en 1881. Ils exerçaient les métiers de fabricant de tissu, boucher, marchand de bétail, de chiffons.
La synagogue construite dans un style orientaliste a été inaugurée en 1873[55], et l'année suivante la communauté de Remiremont devient le siège d'un rabbinat alors qu'elle dépendait précédemment du rabbin d'Épinal. La présence d'un important cimetière israélite atteste l'importance de la communauté juive pendant plus d'un siècle.
Après la guerre franco-allemande de 1870, un fort fut érigé au-dessus de la ville, le fort du Parmont. Il est ouvert en 1876 après deux ans de travaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, il tombe aux mains de l'armée allemande le . Après cette guerre, il sera utilisé jusqu'en 1960 par l'armée américaine comme dépôt de munition. Laissé à l'abandon, il est restauré depuis 2005 par des bénévoles.
L'Aviso Remiremont était un bâtiment de la marine nationale française, il a sillonné les mers de 1920 à 1936, puis a servi pour l'entraînement des jeunes recrues. Il était sorti des Forges et chantiers de la Gironde.
Quarante-et-un juifs romarimontains périrent lors de la Shoah, et 24 personnes nées à Remiremont sont mortes en déportation[56].
À la Libération, seulement une demi-douzaine de familles rescapées de la Solution finale reviennent à Remiremont. De ce fait la synagogue est vendue à un particulier et détruite. Ses seuls vestiges visibles se trouvent actuellement à la synagogue-musée de Bruyères et les bancs des fidèles servent dans l'oratoire de la synagogue d'Épinal.
La ville fut libérée le 23 septembre 1944[57]. Les troupes américaines sont arrivées ce jour-là par la route qui s'appelle aujourd'hui rue des États-Unis.