Tulle
commune française du département de la Corrèze (chef-lieu) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Pour les articles homonymes, voir Tulle (homonymie).
Tulle (en occitan : Tula[1]) est une commune du sud-ouest de la France, préfecture du département de la Corrèze dans la région Nouvelle-Aquitaine. Les habitants de la ville sont appelés les Tullistes (ou Tullois).
Tulle | |||||
L'hôtel de préfecture à Tulle. | |||||
Blason |
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Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Nouvelle-Aquitaine | ||||
Département | Corrèze (préfecture) |
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Arrondissement | Tulle (chef-lieu) |
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Intercommunalité | Communauté d'agglomération Tulle Agglo (siège) |
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Maire Mandat |
Bernard Combes 2020-2026 |
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Code postal | 19000 | ||||
Code commune | 19272 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Tullistes | ||||
Population municipale |
13 992 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 573 hab./km2 | ||||
Population agglomération |
21 099 hab. (2021) | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 45° 16′ 02″ nord, 1° 45′ 56″ est | ||||
Altitude | 323 m Min. 185 m Max. 460 m |
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Superficie | 24,44 km2 | ||||
Type | Commune urbaine | ||||
Unité urbaine | Tulle (ville-centre) |
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Aire d'attraction | Tulle (commune-centre) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton de Tulle (bureau centralisateur) |
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Législatives | Première circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Corrèze
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
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Liens | |||||
Site web | ville-tulle.fr | ||||
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Surnommée « la ville aux sept collines », la cité a construit sa renommée sur le développement de son industrie et de son artisanat : elle est devenue l'un des centres de fabrication de la dentelle (avec son festival international), des armes (Manufacture d'armes) et de l'accordéon (Accordéons Maugein).
Étirée sur plus de trois kilomètres dans l'étroite et tortueuse vallée de la Corrèze, Tulle étage ses vieux quartiers au flanc des collines dominant la rivière, tandis qu'émerge, du cœur de la cité, l'élégant clocher de pierre de la cathédrale Notre-Dame.
Troisième ville du Limousin, derrière Limoges et Brive-la-Gaillarde, Tulle est située dans une partie très encaissée de la rivière Corrèze, à sa confluence avec plusieurs de ses affluents, la Solane et la Céronne en rive droite, et la Saint-Bonnette et la Montane en rive gauche[2]. Elle s'étire sur une bande très étroite, longue de plusieurs kilomètres du nord-est (près du stade) au sud-ouest (au-delà de la gare). Elle est située à la croisée de plusieurs voies de communication :
- axe Bordeaux - Lyon : RD 1089 et l'autoroute A89 ;
- axe Uzerche - Sévérac-le-Château : liaison entre l'A20 et l'A75 en passant par Tulle, Argentat, Aurillac, Montsalvy, Espalion et Laissac. Ce qui correspond à emprunter la RD 1120 puis les départementales 920 et 28 et enfin la RN 88 ;
- ligne ferroviaire Bordeaux - Clermont-Ferrand via Périgueux, Brive-la-Gaillarde et Ussel, partie sud de Lyon-Bordeaux.
Point de rencontre entre le Sud-Ouest de la France et le Massif central, Tulle est l'ancienne capitale du Bas-Limousin[3], dont les limites correspondent approximativement à l'actuel département de la Corrèze.
La ville est située au nord de l'isoglosse du « cha/ca » et au sud de l'isoglosse du « ja/ga », dans une zone de transition progressive du dialecte occitan limousin (rencontré dès Seilhac) au dialecte languedocien (rencontré dès Nonards).
Communes limitrophes
Naves | Gimel-les-Cascades | |
Chanac-les-Mines | ||
Chameyrat | Sainte-Fortunade | Laguenne |
Distances de Tulle aux grandes villes françaises
Limoges | Clermont-Ferrand | Bordeaux | Toulouse | Montpellier | Lyon | Nantes | Paris | Marseille | Lille | Strasbourg |
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89 km | 143 km | 230 km | 237 km | 327 km | 336 km | 415 km | 478 km | 497 km | 694 km | 714 km |
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Nouvelle-Aquitaine et Climat de la Corrèze.
Historiquement, la commune est exposée à un climat montagnard[4]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne et est dans la région climatique Ouest et nord-ouest du Massif Central, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 900 à 1 500 mm, maximale en automne et en hiver[5].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,8 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 125 mm, avec 12,4 jours de précipitations en janvier et 7,4 jours en juillet[6]. Pour la période 1991-2020 la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 12,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 236,1 mm[7],[8]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 0,5 | 0,1 | 2,5 | 4,9 | 8,3 | 11,6 | 13,2 | 13 | 9,6 | 7,3 | 3,3 | 0,9 | 6,3 |
Température moyenne (°C) | 4,6 | 5,2 | 8,6 | 11,2 | 14,8 | 18,3 | 20,2 | 20,2 | 16,4 | 12,9 | 7,9 | 5 | 12,1 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,7 | 10,4 | 14,7 | 17,5 | 21,4 | 25 | 27,2 | 27,3 | 23,2 | 18,5 | 12,4 | 9,2 | 18 |
Record de froid (°C) date du record |
−21 18.01.1987 |
−16,1 06.02.12 |
−13 06.03.1971 |
−7 03.04.1970 |
−2,4 06.05.19 |
−0,5 07.06.1969 |
4,7 15.07.16 |
2 20.08.1972 |
0 14.09.1996 |
−5,4 25.10.03 |
−10 24.11.1998 |
−15,5 11.12.1967 |
−21 1987 |
Record de chaleur (°C) date du record |
18,1 01.01.23 |
25 27.02.19 |
27 30.03.21 |
30,1 30.04.05 |
34 16.05.1992 |
39,7 27.06.19 |
40,8 18.07.22 |
40,5 12.08.03 |
36,7 12.09.22 |
31,4 02.10.23 |
25,8 08.11.15 |
20,2 19.12.15 |
40,8 2022 |
Précipitations (mm) | 117,5 | 95,7 | 97 | 111,2 | 101,4 | 93,1 | 77,4 | 78,1 | 92,2 | 110,3 | 130,5 | 131,7 | 1 236,1 |
Typologie
Tulle est une commune urbaine[Note 1],[10]. Elle fait en effet partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[11],[12].
Elle appartient à l'unité urbaine de Tulle, une agglomération intra-départementale regroupant 6 communes[13] et 21 889 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[14],[15].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Tulle, dont elle est la commune-centre[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 44 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[16],[17].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (42,3 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (46,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (28,5 %), zones urbanisées (24,2 %), zones agricoles hétérogènes (21,7 %), prairies (20,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,9 %)[18].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Voies de communications et transports
Transport routier
Transport ferroviaire
La gare de Tulle constituait jusqu'en 1970 un nœud ferroviaire local important comme :
- Point de rebroussement de la ligne PO Clermont-Ferrand à Brive, partie sud de la ligne Lyon-Bordeaux ;
- Point de départ de la ligne métrique PO-Corrèze de Tulle à Argentat et de Tulle à Uzerche et Treignac, supprimée le 31 mai 1970 ;
- Point de départ de la ligne métrique des Tramways de la Corrèze de Tulle à Ussel. Ligne supprimée le 31 décembre 1959.
Actuellement, la gare de Tulle est desservie par :
- des trains TER Nouvelle-Aquitaine vers Bordeaux-Saint-Jean (1 aller-retour quotidien), Brive-la-Gaillarde (15 allers-retours quotidiens) et Ussel (7 allers-retours quotidiens) ;
- des autocars TER Nouvelle-Aquitaine vers Uzerche et Limoges-Bénédictins (10 allers-retours quotidiens) ;
- des autocars départementaux vers Argentat-sur-Dordogne, Beaulieu-sur-Dordogne, Brive-la-Gaillarde, Chamberet, Marcillac-la-Croisille et Saint-Pardoux-la-Croisille[19].
Transports urbains
TuT' Agglo est le réseau de transport en commun de la Communauté d'agglomération Tulle Agglo qui dessert les 44 communes du territoire autour de 3 lignes urbaines et d'un service de transport à la demande.
Le nom de la localité est attesté sous les formes locum Tutela en 894, in Tutelensi ecclesia peu après, puis de Tuella en 1030 (dans cette dernière forme, le -t- intervocalique s'est déjà amuï).
Ce nom de lieu évoque le nom de la divinité romaine Tutela, chargée d'assurer la conservation, la protection du lieu[20][réf. non conforme] ; même si localement aucune trace de sa vénération n'a été retrouvée.
Antiquité
Les origines de la ville sont encore aujourd'hui sujettes à débat mais il semblerait que l'actuel puy Saint-Clair, un éperon rocheux aux pentes abruptes séparant la vallée de la Corrèze de celle de la Solane, ait constitué un emplacement idéal pour l'établissement d'un oppidum gaulois. Depuis longtemps, il semblerait que la ville ait été un carrefour important sur la route entre Armorique et Méditerranée et sur celle entre Aquitaine et Massif central qui toutes deux franchissaient la Corrèze par un gué en ce lieu.
Avec l'occupation romaine, le lieu aurait été aménagé en nécropole et un temple en l'honneur de Tutela[21], puissance divine romaine à laquelle on confiait la protection des personnes, des choses et surtout des lieux, aurait été bâti. C'est de cette déesse romaine, protectrice des voyageurs qui empruntaient le gué, que proviendrait le nom de la ville. Le temple de Tutela devait se trouver dans le quartier du Trech, dont le nom désigne la traversée d'une rivière. Le réel pôle urbain de la région se déplaça quelques kilomètres au nord, sur la commune de Naves et le site de Tintignac, devenu lieu de croisement entre les voies romaines reprenant les anciens itinéraires de l'époque celte.
Fondation historique
L'époque mérovingienne aurait vu la christianisation de la ville et l'établissement de trois lieux de culte dédiés à saint Martin, saint Pierre et saint Julien. La ville n'entre officiellement dans l'Histoire qu'avec la transformation au VIIe siècle de l'église dédiée à saint Martin en un monastère sous l'impulsion de Calmine, déjà fondateur du monastère de Mozat en Auvergne. Autour des lieux de culte commencent à se grouper les habitants du pays et Tulle redevient un pôle urbain, un statut perdu depuis la conquête romaine.
La ville est pillée à plusieurs reprises par les Vikings, bien que située à plusieurs centaines de kilomètres de la mer, et c'est à l'occasion de l'un de ces saccages, en 846, que le premier monastère est détruit. Pour prévenir les habitants de la ville de l'arrivée des Vikings, un poste de surveillance est bâti sur un promontoire rocheux à Cornil, à quelques kilomètres en aval de la Corrèze. Le lieu était pourtant considéré comme sûr par beaucoup d'églises de la côte atlantique qui y avaient envoyé leurs reliques pour les préserver des pillages, notamment celles de saint Clair, de saint Lô ou de saint Baumard. Le monastère est par la suite reconstruit mais disparaît au XIe siècle. En 1989, des fouilles entreprises sous la nef de l'actuelle cathédrale ont permis de dégager les vestiges d'une absidiole datant de l'époque carolingienne ainsi qu'un portail polylobé d'influence mozarabe.
Moyen Âge
De nouvelles constructions sont entreprises pour l'abbaye, désormais dédiée à saint Martin et convertie à la règle bénédictine au XIe siècle. En visite à Tulle en 1095, le pape Urbain II lui accorde sa protection. La première pierre de la nouvelle abbatiale est posée en 1130 mais l'édifice n'est terminé que deux siècles plus tard. La flèche du XIIe siècle culmine à une hauteur de 75 mètres, faisant d'elle la plus haute du Limousin. En 2005, lors de la construction aux abords de la cathédrale, des fouilles ont permis la mise au jour du mur nord de l’église médiévale de Saint-Julien, la découverte d'un cimetière et de 3 sarcophages en granit datant du Haut Moyen Âge[22]. Par ailleurs, on peut toujours admirer le cloître gothique, le seul conservé en Limousin.
En 1317, le pape Jean XXII crée le diocèse de Tulle en détachant cinquante-deux paroisses du diocèse de Limoges et l'abbatiale devient cathédrale. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais prennent la ville en 1346 avant d'en être chassés un mois plus tard par le comte d'Armagnac, subissant coup sur coup deux sièges éprouvants au cours desquels les habitants sont réduits à la famine. En 1370, la ville prend le parti du roi de France, Charles V, ce qui lui vaut une exemption d'impôts et l'anoblissement de plusieurs familles bourgeoises. Mais en 1373, le duc de Lancastre se présente devant la ville et exige qu'on lui en ouvre les portes, et, en l'absence de quelconque commandement, c'est une assemblée représentative de la population qui est réunie et qui décide de s’exécuter pour se prémunir d'un nouveau saccage. Le pardon du roi de France pour cette trahison a lieu en 1375.
La peste noire touche la ville en 1348 et, le soir du , dans le désespoir, les autorités religieuses et de la ville décident d'organiser une procession derrière une statue de saint-Jean pour faire cesser ce qui était considéré comme un fléau divin. La peste cessant peu après, les Tullistes promirent de renouveler cette procession tous les ans, par une confrérie de pénitents gris la veille, et de pénitents blancs le jour anniversaire même[23] ; elle est encore aujourd'hui perpétuée et appelée « procession de la Lunade ».
Au début du XVe siècle, la ville est victime de ceux que l'on appelle les « routiers », des brigands comme Jean de La Roche qui incendia la ville en 1426 ou Rodrigue de Villandrando à qui la ville dut verser une forte rançon afin d'être épargnée en 1436. En 1430, l'évêque reconnaît le pouvoir de trente-quatre prud'hommes, aussi appelés « boniviri » et dotés de pouvoirs militaires et financiers mais qui s'occupaient en réalité des affaires de la communauté de façon officieuse depuis le XIIIe siècle. En 1443, Charles VII réunit à Tulle les États généraux du Bas-Limousin.
La ville est divisée entre l'Enclos, le quartier autour de l'abbatiale où résident les nobles, les bourgeois et les clercs, et la ville haute, où réside la plus grande partie de la population, autour du château, située sur le puy Saint-Clair et qui se caractérise, toujours aujourd'hui, par ses ruelles étroites et pentues, parfois en escaliers. Au XIVe siècle, plusieurs familles nobles (Saint-Martial de Puy-de-Val, Rodarel de Seilliac...) commencent à étendre la ville sur la rive gauche de la Corrèze, en face de la Cathédrale, dans le quartier de l'Alverge, sur la route de l'Auvergne. Le XVe siècle voit la ville s'étendre à l'extérieur de ses remparts, dans des faubourgs situés le long des routes vers l'Aquitaine et le Midi (la Barrière et le Pilou), vers Limoges et Paris (la Barussie, le Trech, le Fouret, la Rivière) et vers l'Auvergne (l'Alverge et le Canton).
Époque moderne
L'abbaye est pratiquement désaffectée avec la sécularisation de 1514. L'évêque se fait construire un château et le réfectoire devient le siège du tribunal. En 1566, le roi Charles IX dote la ville d'une mairie et d'un consulat venant définitivement réduire le pouvoir de l'évêque.
Au cours des guerres de Religion, Tulle tient pour les catholiques ; la ville résiste une première fois aux huguenots en 1577, mais les troupes du vicomte de Turenne prennent une sanglante revanche en 1585. Ils mettent la ville à sac et la dévastent, après un assaut que le poète protestant Agrippa d'Aubigné a relaté.
Au XVIe siècle, les nobles et bourgeois de Tulle se livrent à une véritable compétition architecturale dont subsistent aujourd'hui des bâtiments aux façades finement ouvragées dans un style Renaissance comme l'hôtel de Lauthonye (1551), l'hôtel de Ventadour ou la maison Loyac aussi surnommée « maison de l'Abbé » et décrite par Prosper Mérimée en 1838. Au XVIe siècle, un collège fut créé et en 1620, l'enseignement fut confié aux Jésuites. En 1670, la ville fut dotée d'un hôpital général.
De nombreuses congrégations religieuses s'installent dans la ville, les Récollets (1601), les Clarisses (1605), les Feuillants (1615), les Ursulines (1618), les Bernardines (1622), les Visitandines et les Carmes (1644) ainsi que les Bénédictines en 1650. En 1705, la sœur Marcelline Pauper fonde à Tulle une maison de la congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, pour soulager la misère du peuple et apprendre à lire aux enfants.
À partir du XVIIe siècle, de nouvelles activités économiques apparaissent, les moulins sur la Corrèze et la Solane servant ainsi à produire du papier par exemple. L'artisanat de la dentelle se développe et le « poinct de Tulle » se développe jusqu'à voir sa renommée devenir mondiale, le tulle étant fréquemment utilisé pour les robes de mariées notamment. C'est aussi le début de l'industrie de l'armement à Tulle avec l'établissement d'une manufacture en 1691 résultant de la collaboration entre le maître-arquebusier Pauphile et le financier Fénis de Lacombe[24]. La fabrique d'armes à feu deviendra manufacture royale en 1777.
Les mutilations de la cathédrale et des bâtiments abbatiaux seront très importantes pendant la Révolution car, converties en manufacture d'armes, toutes les ferrures, y compris les fers de soutènement de la coupole, sont arrachés pour récupération, ce qui provoque l'effondrement de la coupole, du chevet, du transept et de la galerie nord du cloître en 1796. Le palais épiscopal, deux églises paroissiales et plusieurs chapelles dans les faubourgs sont détruites au cours de la Révolution. L'église est rouverte au culte en 1803 mais ne retrouvera son titre de cathédrale qu'en 1823 tandis que la coupole ne sera jamais reconstruite, la nef étant simplement close et l'espace dégagé servant à l'aménagement d'une promenade le long de la Corrèze sur l'actuel quai Edmond-Perrier.
Époque contemporaine
Du XIXe siècle au début du XXe siècle
Au cours du XIXe siècle, la physionomie de la ville de Tulle évolue beaucoup. Le quartier de Souilhac accueille la gare en 1871 et la ville est alors reliée au réseau national de chemin de fer via Brive-la-Gaillarde. En parallèle, ce quartier accueille de nouvelles industries, notamment la manufacture d'armes à feu. En 1886, celle-ci est nationalisée et s'installe dans le nouveau quartier de Souilhac, le long de la Céronne, une rivière qui lui fournira de l'électricité avec la construction d'une centrale hydroélectrique en 1888. À partir de 1917, les trains passant sur les voies toutes proches alimenteront la centrale thermique en charbon au niveau de l'actuel Centre socio-culturel. Jusqu'à 5 000 employés vont travailler à la "Manu'" comme on la surnomme alors. Véritable poumon économique de la ville, elle influe sur la composition sociale de la population tulliste qui se teinte d'une forte coloration ouvrière.
La jonction urbaine entre le quartier ouvrier de Souilhac et le quartier historique de la Cathédrale se fait par l'urbanisation de l'actuelle avenue Victor-Hugo. Comme dans beaucoup d'autres villes françaises inspirés par les rénovations du baron Haussmann à Paris, la fin du XIXe siècle voit la ville s'ouvrir avec notamment le percement de l'actuelle avenue du Général-de-Gaulle dans le quartier du Trech ou l'agrandissement de la place de la Cathédrale. Des travaux sont entrepris au même moment pour limiter les fréquentes inondations et assainir la ville en enfouissant la Solane[25] qui coulait jusqu'alors aux pieds des bâtisses. La ville se dote aussi de nouveaux bâtiments publics incombant à son rôle de préfecture et de principale ville du département avec par exemple la construction de la Mairie (ancien évêché), de la Préfecture, de l'Hôtel Marbot (ancien Grand Séminaire), du Palais de Justice, de la Poste, de la Halle-Gymnase (actuelle salle Latreille) et du Lycée Edmond-Perrier dont beaucoup dans un style Art nouveau. Achevé en 1899, le Théâtre est un monument d'Anatole de Baudot, la première réalisation de ce genre au monde en ciment armé[26]. À partir du début du XXe siècle, la ville commence à s'étendre sur les très escarpés versants de la vallée et l'urbanisation s'étend.
Tulle devient une ville de garnison à partir de 1841 où un régiment d'infanterie s'installe dans l'ancienne caserne située sur le Champ-de-Mars, à l'emplacement actuel de la Cité administrative, le long de la Corrèze. À la fin du XIXe siècle, la caserne de la Botte est construite et le couvent des Récollets est transformé en caserne. En 1912, le Grand Séminaire devient l'Hôtel Marbot (actuel Conseil général) et accueille en son sein l'École des Enfants de Troupe.
De 1917 à 1922, la ville de Tulle est le théâtre d'une dramatique affaire de mœurs sociales, dite Affaire du corbeau de Tulle, source d'inspiration en 1943 pour le film Le corbeau, de Henri-Georges Clouzot.
Seconde Guerre mondiale
Grande terre de résistance, la Corrèze est victime depuis le début de l'année 1944 d'une sévère répression des autorités allemandes dont sont aussi victimes les civils. Le , les FTP dirigent une première attaque sur la ville au cours de laquelle les nazis abattent 18 garde-voies à la gare. Le , les SS de la division Das Reich commandée par le général Lammerding rentrent dans Tulle, libérée la veille par les FTP. Par rétorsion et pour terroriser la population d'une des « capitales du maquis », les SS procèdent à une rafle de 3 000 hommes dans la ville qu'ils réunissent dans la manufacture d'armes. Cent hommes sont désignés parmi les raflés, 99 d'entre eux sont ensuite pendus aux balcons de la ville. Les nazis désignent ensuite 149 autres hommes en vue d’être déportés : 101 vont en périr.
Lammerding, général responsable des deux massacres de Tulle et Oradour, n'a jamais été extradé en France par l’Allemagne, bien que condamné. Tous les 9 juin, une grande procession d'hommage est organisée entre la place de la Gare, puis celle de Souilhac — autour de laquelle furent pendus les otages — et le champ des Martyrs, la décharge sur la route de Brive où leurs corps furent jetés.
Depuis les années 1960
Après le putsch des généraux du 21 avril 1961, la prison de Tulle accueille dix-huit responsables militaires putschistes dont les quatre généraux instigateurs Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Maurice Challe, André Zeller, ceux-ci ayant tenté un coup d'État en réaction à la politique du président Charles de Gaulle et de son gouvernement sur l'Algérie française. Ont également été emprisonnés à Tulle, Hélie de Saint-Marc, Jean-Louis Nicot, Jacques Faure, Charles-Gilbert de la Chapelle, Georges Masselot et Pierre Guillaume. Salan, le dernier occupant, est amnistié le 15 juin 1968 par de Gaulle à la suite des événements de mai 68. Il semblerait que le choix de Tulle soit dû aux tendances républicaines, voire communistes de la population, et ce afin de compliquer l'implantation de filières d'évasion de l'OAS[27].
En la ville accueille l'annexe de École d'Enseignement Technique de l'Armée de Terre (EETAT). Au quartier Marbot sont formés les électromécaniciens et à la Bachellerie les comptables et mécaniciens monteurs. En , l'EETAT devient l’École Nationale Technique de l'Armée de Terre (ENTSOA). En 1984 l'annexe de Tulle ferme, elle est remplacée par l’École de gendarmerie de Tulle, implantée dans la caserne de la Bachellerie et qui accueille aujourd'hui environ 1 100 élèves gendarmes.
Aujourd'hui, Tulle, préfecture de la Corrèze et évêché, n'est plus le siège d'une manufacture d'armes. Jusque dans les années 1980, celle-ci avait été le premier employeur du Limousin mais l'entreprise publique Giat Industries, devenue Nexter, a opéré de multiples restructurations au cours des dernières décennies jusqu'à réduire le site historique de production de Tulle à 120 employés. Un musée des armes a été créé en 1979 par le personnel de la manufacture[28].
Depuis 1973, le centre-ville est doté d'une tour, la tour de la cité administrative, composée de 22 niveaux et d'une hauteur de 86 m (côté rivière).
En 1996, Tulle a accueilli l'arrivée d'une étape du Tour de France partie de Super-Besse (Puy-de-Dôme). Tulle avait déjà accueilli une arrivée d'étape du Tour en 1976 (étape Ste Foy la Grande - Tulle) remporté par le Français Hubert Mathis. Cette étape avait également vu l'abandon de Bernard Thévenet.
Le , le président nouvellement élu, François Hollande, maire de Tulle entre 2001 et 2008, prononça sur la place de la Cathédrale son premier discours en tant que président de la République française, attirant plusieurs milliers de personnes dont quelque 400 journalistes français et étrangers et plusieurs hélicoptères[29].