Épillet
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L'épillet est l'inflorescence élémentaire caractéristique des plantes de la famille des Poaceae (graminées) et de la famille voisine des Cyperaceae. Les fleurs sont également groupées en épillets dans les familles voisines (appartenant également à l'ordre des Poales) des Restionaceae, Anarthriaceae, Ecdeiocoleaceae et Centrolepidaceae[1].
C'est un petit épi, réduit à quelques fleurs incomplètes, appelées « fleurons » chez les Poaceae, jusqu'à une dizaine, rarement plus de 40, souvent deux ou trois, parfois une seule, selon les espèces. Les épillets sont regroupés eux-mêmes en inflorescences composées, par exemple des épis (cas du blé) ou des panicules (cas de l'avoine).
Dans les descriptions en agrostologie, on appelle « fertile » un épillet comprenant au moins un fleuron hermaphrodite, conduisant à la production d'un caryopse, et « stérile » un épillet composé seulement de fleurons mâles (staminés) ou asexués[2].
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les botanistes utilisaient le terme « locuste » (du latin lōcusta signifiant « langouste, sauterelle »[3]) pour désigner la « réunion ou assemblage de fleurs dont le nombre est indéterminé (1 à 20 et plus) dans une enveloppe commune »[4], remplacé plus tard par le terme « épiet », puis « épillet » qui vient du latin spīcŭla (« petit épi »), le diminutif de spīca (« pointe, épi »)[5] lequel a aussi donné le terme de « spicule »[Note 1].
Locuste est par ailleurs — aujourd'hui comme au XVIIIe siècle et conformément à son étymologie — un nom vernaculaire ambigu appliqué en français à plusieurs espèces de criquets grégariaptes, et les « locustes de mer » désignent encore plusieurs espèces de langoustes et de crevettes ; mais Locusta est aussi un des premiers genres de criquets scientifiquement décrit (Linnaeus 1758), ainsi que l'épithète spécifique dans le nom de plusieurs espèces animales et végétales (voir notamment la section « Sciences et techniques »). Toujours est-il que peut-être l'extension de sens qui faisait appliquer comme acception générique le mot « locuste » à l'épillet, par les botanistes du XVIIIe siècle, relevait-elle d'un usage métaphorique de ce terme par ressemblance approximative de forme, ou d'un usage métonymique par proximité spatiale (les sauterelles se trouvant souvent dans l'herbe parmi les épillets).
Dans le midi de la France, en français méridional, ils sont encore très largement désignés sous leur appellation d'espigaou, parfois abrégé en spigaou[6], au plus près de son étymologie latine (car les deux mots sont eux aussi issu de spīcŭla[5]). Ces mots de spigaou et d'espigaou sont tirés de l'occitan espigau (/ɛs.pi.ɡaw/) qui signifie « épi qui a échappé au dépicage, mal égrené »[7].
Autre appellation vernaculaire : en certaines régions, on nomme parfois les épillets des « voyageurs »[6] ; outre le fait que le vent peut les emporter et les disséminer au loin après leur « désarticulation[8] », la raison en est aussi leur tendance — une fois qu'ils se sont accrochés à la fourrure d'un animal ou à une partie de vêtement — à « cheminer » et à progresser au gré des mouvements de la personne ou de l'animal, en raison de la présence de petits barbillons orientés vers l'arrière qui interdisent tout retour en arrière, par un effet mécanique proche de celui qu'on observe à échelle macroscopique avec l'hameçon ou le harpon. Si l'épillet pénètre par un orifice du corps de l'animal il peut « voyager » jusqu'à une grande profondeur, voire s'insérer sous sa peau au moyen de sa pointe effilée et dure[9] ; il peut alors causer de graves lésions[6].
- Épillet de Briza media (brize intermédiaire).
- Épillet de Triticum aestivum (froment).
- Épillet d'Amphipogon turbinatus (Arundinoideae).
- Épillets de Monachather paradoxus.