Île du Diable
île française de Guyane ayant abrité un bagne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'île du Diable est l'une des trois îles du Salut, baptisées ainsi par Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon (ou Chanvallon) en 1763, en Guyane, lorsqu'il y installe des colons survivants des épidémies qui sévissent sur la côte de Kourou. L'île du Diable aurait été baptisée ainsi par les Indiens galibis, qui ont fait de cet îlot rocheux dépourvu de végétation la résidence de l'Iroucan, c'est-à-dire de l'esprit du mal[1].
Île du Diable | ||
Vue de l'île du Diable. | ||
Géographie | ||
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Pays | France | |
Archipel | Îles du Salut | |
Localisation | Océan Atlantique | |
Coordonnées | 5° 17′ 37″ N, 52° 34′ 59″ O | |
Superficie | 0,14 km2 | |
Point culminant | non nommé (40 m) | |
Géologie | Île continentale | |
Administration | ||
Département et région d'outre-mer | Guyane | |
Commune | Cayenne | |
Démographie | ||
Population | 2 hab. | |
Densité | 14,29 hab./km2 | |
Autres informations | ||
Découverte | Préhistoire | |
Fuseau horaire | UTC-3 | |
Géolocalisation sur la carte : Guyane
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Îles en France | ||
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Rattachée administrativement à la commune de Cayenne, cette petite île rocheuse, longue de 1 200 mètres et large de 400, aujourd'hui recouverte de palmiers, a servi de bagne pour les prisonniers politiques de France et les détenus de droit commun.
Parmi les premiers occupants déportés sur l'île, figure Charles Delescluze, futur dirigeant de la Commune de Paris et condamné en 1849 pour complot. Petit à petit, l'île se peuple puis se dépeuple, soit parce que les déportés sont amnistiés, soit parce qu'ils s'évadent, soit parce qu'ils y meurent. Sur les 329 condamnés qui séjournent dans l'île depuis 1852, 76 sont morts, 177 sont revenus en France métropolitaine, 58 se sont évadés et 17 se sont installés en Guyane après leur libération.
En 1866, il ne reste plus qu'un seul condamné, Paolo Tibaldi, envoyé en déportation en 1857 pour complot contre l'empereur. L'île sert alors de léproserie pour les forçats affectés par le bacille, qu'il est nécessaire d'isoler pour éviter les risques de propagation de l'épidémie.
En 1895, la détention d'Alfred Dreyfus lui redonne sa vocation première : être un lieu de déportation politique. Lorsque Dreyfus revient en France métropolitaine pour la révision de son procès, l'administration pénitentiaire s'interroge à nouveau sur la fonction à donner à l'île ; il est prévu d'en faire un sanatorium pour le personnel libre de la colonie, mais l'approche de la Première Guerre mondiale lui redonne son statut de bagne pour déportés[2].
Le bagne est fermé en 1946. La majorité des prisonniers retourne en France métropolitaine, d'autres s'installent en Guyane. De nos jours, l'île appartient au centre spatial guyanais. Les îles sont aussi ouvertes au grand public, sauf en cas de tir des fusées Ariane.
Climat, environnement hostile et pathologies adjacentes étaient les plus sûrs alliés de l'administration pénitentiaire et des gouvernements. Les précipitations sont beaucoup plus importantes que sur le continent, et les taux d'humidité approchent les 85 à 95%. Les cultures sont difficiles avec la forte érosion du sol, l'accès aux terres est difficile, les fonds marins sont très profonds déjà aux alentours des îles, et infestés de requins (plus rares de nos jours à cause de la surpêche).
Le climat est de type équatorial humide. La petite saison des pluies s'étale de décembre à février. Puis vient le petit été de mars. Ensuite débute la grande saison des pluies, d'avril à juillet. Enfin, la grande saison sèche s'éternise d'août à décembre. Le taux d'humidité descend rarement en dessous de 80 %. De fait, les températures minimales sont 22 °C et les maximales 32 °C (en moyenne).
Voici un extrait du journal de Dreyfus au moment de la saison sèche :
« La chaleur y est telle qu'entre 10 h du matin et 15 h de l'après-midi, il est impossible de sortir. »
Le silence règne partout dans l'île (« silence de tombe », dit Dreyfus) hormis le seul bruit répétitif et lancinant du choc des vagues qui déferlent sur les rochers et le bruit du vent.
Voici encore quelques extraits du journal de Dreyfus qui dit percevoir ce climat comme « débilitant ».
Alfred Dreyfus y décrit une pullulation d'animaux dans sa case[3] :
« Les animaux pullulaient dans ma case ; les moustiques, au moment de la saison des pluies, les fourmis en toute saison, en nombre si considérable que j'avais du isoler ma table, en plaçant les pieds dans de vieilles boites de conserves, remplies de pétrole. L'eau avait été insuffisante, car les fourmis formaient chaîne à la surface, et dès que la chaîne était complète, les fourmis traversaient comme sur un pont. La bête la plus malfaisante était l'araignée-crabe[4] ; sa morsure est venimeuse. L'araignée-crabe est un animal dont le corps a l'aspect de celui du crabe, les pattes la longueur de celle de l'araignée. L'ensemble est de la grosseur d'une main d'homme. J'en tuais de nombreuses dans ma case où elles pénétraient par l'intervalle entre la toiture et les murs. »
Fièvres continuelles, embarras gastriques, coups de soleil, coliques sèches sont récurrents, selon le capitaine Dreyfus. Le docteur Rousseau résume ainsi la situation dans son livre de souvenirs :
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