Académie française
institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Académie française?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
L'Académie française, fondée en 1634 et officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu, est une institution culturelle française dont la mission est de « contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres » et la fonction de tenir à jour un dictionnaire de référence du français, et d'approuver la publication au Journal officiel d'équivalents francophones de termes techniques étrangers dans la langue française[2]. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs, et est la première des cinq académies de l'Institut de France.
« À l'immortalité » |
Fondation |
1634 pour les premières réunions, 1635 pour les lettres patentes[1] |
---|
Type | |
---|---|
Forme juridique | |
Domaine d'activité | |
Objectif |
« Veiller sur la langue française et accomplir des actes de mécénat. » |
Siège | |
Pays | |
Langue | |
Langue de travail |
Membres |
40 membres élus par leurs pairs |
---|---|
Fondateur | |
Secrétaire perpétuel | |
Protecteur | |
Branche | |
Affiliation | |
Site web |
SIREN | |
---|---|
Annuaire du service public |
La mission qui lui est assignée à l’origine, et qui sera précisée par lettres patentes de Louis XIII le , est de travailler à « donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Dans cet esprit, elle compose un Dictionnaire de l'Académie française, dont la première édition est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration. Elle attribue également des prix littéraires, dont le plus renommé est le Grand prix de littérature de l'Académie française.
L'Académie française rassemble des personnalités qui ont illustré la langue française : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens, scientifiques, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.
Il n'existe aucune condition de titres ou de nationalité pour entrer dans la Compagnie, sinon celle d'avoir illustré la langue française.
L'utilité de l'Académie française, qui n'a plus d'autorité normative mais seulement morale aujourd'hui, est parfois contestée[2]. Sa légitimité est aussi remise en question[3] : un seul linguiste a compté parmi les membres (qui sont pour la plupart écrivains), Gaston Paris, mort en 1903[4]. Les critiques concernent également l'éthique de l'institution, qui offre de nombreux avantages à ses membres[5].
À l'origine, les réunions d'un groupe de lettrés
Les origines de l'Académie se trouvent dans les réunions informelles d'un groupe littéraire, le « cercle Conrart », qui se rassemblait depuis 1629 au numéro 135 de la rue Saint-Martin, domicile de Valentin Conrart, protestant calviniste et néanmoins conseiller de Louis XIII et habitué de l'hôtel de Rambouillet où se rencontraient déjà ces hommes de lettres. Ces réunions littéraires secrètes (comme auparavant l’Académie de musique et de poésie fondée en 1570 par Jean-Antoine de Baïf et Joachim Thibault de Courville sous le règne de Charles IX et qui, tout en restant secrète, devient en 1574 l’Académie du palais sous Henri III) inspirent à Richelieu, dont les idées prennent un caractère de grandeur, le projet de créer l'Académie française en transformant ces réunions en une compagnie littéraire sous l'autorité royale, prenant pour modèle l’Accademia della Crusca fondée à Florence en 1582 et ayant déjà publié son Vocabolario en 1612[6]. Les registres des réunions sont tenus par Conrart dès le [7],[8].
Constitution en Académie à l'inspiration de Richelieu
Les statuts sont élaborés durant toute l'année 1634[9], statuts à caractère prescriptif visés par le Cardinal en 1635[10]. Conrart en dresse les lettres patentes signées par Louis XIII le (date traditionnellement attribuée pour la naissance officielle de l'Académie française)[1] et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637[11]. Les statuts et règlements sont signés le [12]. Treize nouveaux membres, appelés jusqu’en 1636 du nom d’« Académistes » (« académiciens » à partir du ), sont admis à siéger avec le groupe initial des 9 membres. Valentin Conrart en devient le premier secrétaire perpétuel de 1634 à 1675, Richelieu est nommé « père et protecteur » de ces lettrés au départ quelque peu rétifs (depuis le protectorat de Louis XIV, chaque chef de l'État français demeure le protecteur de l'Académie, approuvant ou non l'élection d'un membre)[13]. Un des premiers travaux de cette Académie est d'arbitrer la querelle entre Georges de Scudéry et Pierre Corneille concernant Le Cid. En 1637, sur l'insistance de Richelieu, Jean Chapelain rédige Les sentiments de l'Académie Française sur la tragi-comédie du Cid[14],[15].
Le livre Histoire de l'Académie françoise[16] (premier volume paru en 1653) écrit par un de ses membres, Paul Pellisson (le second de l'abbé d'Olivet relatant son histoire est paru en 1729), rédigé à partir des registres de l'Académie française et sous l'influence des académiciens (d'autant plus que Pellisson souhaite intégrer la compagnie), est la source unique sur la fondation de l'Académie. Pellisson considère qu'elle n'a aucune finalité savante — comme l'académie de Baïf fondée en 1570 et l'académie de Mersenne — ou finalité politique — comme l'académie des frères Dupuy[17] —, mais son récit omet que le cercle Conrart réunit des hommes de plume, de grands aristocrates et a aussi pour vocation de s'échanger des informations pour offrir au groupe une position privilégiée sur l'espace socio-politique de l'époque[18]. De plus, l'Académie donnant son avis sur les œuvres littéraires (voir son intervention dans la « querelle du Cid »), Richelieu y voit un moyen de contrôle sur la vie intellectuelle et littéraire française. Dans sa volonté de rassembler, Richelieu veut que la langue française soit l'affaire des représentants des divers domaines du savoir (ecclésiastiques[N 1], militaires — le premier est le duc Armand de Coislin en 1652 —, diplomates, puis écrivains et philosophes — le premier est Montesquieu en 1727 — sous Louis XV qui menace de supprimer l'Académie qui prend son indépendance grâce aux Lumières) et décide que l'Académie s'ouvre à quarante membres égaux et indépendants, donc qu'elle ne soit pas subventionnée[19].
Le caractère officiel de cette compagnie de « beaux esprits » étant établi, elle se réunit d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Pierre Séguier, rue du Bouloi, à partir de 1639. Elle est hébergée à la mort de Richelieu en 1642 par Anne d'Autriche grâce à l'intervention de l'académicien Vincent Voiture, interprète de la reine mère[20], sur les conseils de Colbert elle est transférée au Louvre à partir de 1672.
En 1694 paraît la première édition du Dictionnaire de l'Académie française.
Parenthèse révolutionnaire et installation quai de Conti
En 1793, par décret daté du , la Convention supprime toutes les académies royales (« royaume des lettrés, titrés, mitrés » selon la formule de Chamfort), y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Pendant la Terreur, l'abbé Morellet sauve les archives de l'Académie en les cachant chez lui. En 1795, par décret daté du , ces Académies sont remplacées par une seule entité : l'Institut de France, dont la loi Daunou arrête l'organisation[N 2].
En 1803, par arrêté du 3 pluviôse an XI (), le Premier consul Bonaparte décide de restaurer les anciennes académies, mais simplement comme classes (divisions) de l'Institut de France. La seconde « classe de langue et littérature françaises » correspond de facto à l'ancienne Académie française. Bonaparte avait en 1800 opposé un refus à son frère Lucien, alors ministre de l'Intérieur et rêvant d'être académicien, qui lui avait suggéré de restaurer l'Académie[N 3].
En 1805, l'Académie s'installe enfin au collège des Quatre-Nations — devenu Institut de France en 1795 —, où elle demeure toujours[21].
À travers les conflits du XXe siècle
Le patriotisme issu de la Première Guerre mondiale favorise l'élection de plusieurs maréchaux, dont le premier est le maréchal Lyautey en 1912.
Sous l'Occupation, certains membres de l'Académie s'engagent dans la collaboration (Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, et le maréchal Pétain). Élu provisoirement secrétaire perpétuel en 1942, Georges Duhamel fait suspendre les élections, comme en 1790, évitant ainsi la subordination de l'Académie au régime de Vichy[22]. Une légende veut que François Mauriac ait été l'âme de la Résistance académique. À la Libération, le monde intellectuel est dans les mains du Comité national des écrivains qui est actif dans l'Épuration et souhaite supprimer l'Académie. Georges Duhamel défend avec succès la cause de l'institution auprès du général de Gaulle, la loi d'indignité nationale prévoyant que toute personne frappée d'indignité nationale et appartenant à un corps constitué soit automatiquement exclue, excluant de fait les collaborateurs de l'Académie.
L'Académie s'est longtemps montrée très réticente à permettre à des femmes de la rejoindre. En 1980, l'historien Pierre Gaxotte va jusqu'à affirmer : « Si on élisait une femme, on finirait par élire un nègre... » La majorité de ses collègues partageait cette position, sans pour autant l'exprimer aussi crûment. Dans les années 1980, l'institution refuse la féminisation des noms de métier, jugeant le genre féminin « discriminatoire »[23].
Histoire récente
L'Académie retrouve sa pleine indépendance (politique et financière)[24] vis-à-vis de l'Institut de France par la loi de programme pour la recherche de 2006[19].
Définir les normes de la langue française
La création de l'Académie française s'inscrit dans la continuité de l'institution du français comme langue officielle de la nation, traduite en particulier par l'ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François Ier en 1539, dont les articles 110 et 111 sur la langue française sont toujours en vigueur. Son rôle est de contribuer à l'harmonisation de la langue française, pour qu'elle soit compréhensible par tous les Français et aussi par tous les Européens qui l'adoptent alors comme langue commune. L'Académie est donc garante de la précision de la langue française, en ayant pour objectif d'éviter qu’une confusion dans les mots n'entraîne une confusion dans les idées[25].
L’article 24 de ses Statuts précise que « la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ».
L'accomplissement de cette mission de normalisation de la langue française se traduit par trois principales actions :
- l'édition d'un dictionnaire lexicographique, qui recueille et fixe l'usage de la langue (nomenclature, orthographe, sens et prononciation des mots) : le Dictionnaire de l'Académie française ;
- l'émission de recommandations et d'avis sur les règles de la langue : publications officielles et publications d'académiciens sur le bloc-notes internet de l'Académie et dans la presse ;
- la participation aux différentes commissions de terminologie[N 4], visant à créer de nouveaux mots dans tous les domaines, en particulier ceux où les inventions et développements de la science sont nombreux. L'Académie donne son aval pour la publication des termes au Journal officiel, qui sont alors aussi publiés sur le site internet FranceTerme, et leur usage devient obligatoire au sein des administrations et des services publics en remplacement des termes étrangers.
L’article 26 des Statuts demande que soient composés « un Dictionnaire, une Grammaire, une Rhétorique et une Poétique sur les observations de l’Académie ». Le Dictionnaire a été et continue d'être édité, la Rhétorique et la Poétique n'ont jamais été publiés, et la Grammaire a été publiée une unique fois en 1930[26]. Rapidement décriée et désavouée, son édition n'a pas été renouvelée[27],[28],[29].
L'Académie française exerce sa mission de normalisation de la langue en recueillant les us et coutumes et en les codifiant en lois sans se donner le droit d'en changer les dispositions, et en participant à la création de nouveaux mots dans les commissions de terminologie, mais elle s'est toujours défendue d'être la créatrice de la langue[21]. Toutefois, la langue étant vivante et donc en constante évolution, l'Académie est aussi parfois perçue comme une autorité déterminant le bon usage de la langue[30]. Cette autorité est concurrencée par les ministères français tels que celui de l'Éducation nationale qui a autorité pour définir les usages acceptés aux examens, par les autorités d'autres pays francophones tels que le Canada et son Office québécois de la langue française, très vigilant à l'usage des anglicismes, voire par une conception libérale qui donne une égale autorité linguistique à tous les éditeurs privés[réf. souhaitée].
Dictionnaire de l'Académie en ligne
En 2019, l'Académie met pour la première fois son Dictionnaire à disposition du public sur un site Internet dédié[31], en accès gratuit. Son ambition première est de rendre accessible sa dernière édition, la neuvième, en cours d'achèvement[32]. Ce site permet aussi de parcourir l'intégralité des neuf éditions du dictionnaire[33].
Illustrer la langue française
La seconde mission de l'Académie est l'illustration de la langue française. Elle est accomplie notamment à travers le mécénat, non prévu dans les statuts d'origine, qui procède de l'exécution des dons et legs qui lui ont été faits et ce dès l'Ancien Régime[N 5].
Œuvres des académiciens
Chacun dans sa spécialité, les membres de l'Académie ont contribué par leurs ouvrages à l'illustration et au prestige de la langue définie par la Compagnie, tels que Corneille, Racine, La Fontaine ou Bossuet[34].
Attribution de prix littéraires
C'est en 1671 que pour la première fois sont attribués des prix par l'Académie : un prix d'éloquence et un prix de poésie[34].
L’Académie française décerne actuellement chaque année environ soixante prix littéraires, dont les dotations sont financées par des donateurs souvent en exécution de legs, parmi lesquels :
- le grand prix de littérature de l'Académie française, depuis 1911 ;
- le grand prix du roman de l'Académie française, depuis 1914 ;
- le grand prix de la francophonie, depuis 1986, qui témoigne de l’intérêt de l’Académie pour le rayonnement de la langue française dans le monde.
Attribution de dons et subventions
L’Académie attribue des subventions à des sociétés littéraires ou savantes, des œuvres de bienfaisance, des aides à des familles nombreuses, aux veuves, aux personnes défavorisées ou qui se sont distinguées par l’accomplissement d’actes de dévouement ainsi qu’un certain nombre de bourses d'études : Zellidja, Neveux, Corblin, Damade.
L'Académie française est une personne morale de droit public à statut particulier gérée par ses membres en assemblée[N 6], c'est-à-dire une institution publique centrale de l'État français.
Elle élit son secrétaire perpétuel qui, comme son nom l'indique, le reste jusqu'à son décès ou à sa démission. Cette permanence en fait le personnage le plus important de l'institution. Après la mort d'Hélène Carrère d'Encausse le 5 août 2023, le poste a été confié à Amin Maalouf le 28 septembre 2023.
Elle élit également, tous les trois mois, un président chargé de présider les séances.