Affaire de l'Ange blond
De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Vous lisez un « article de qualité » labellisé en 2016.
L’affaire de « l'Ange blond », ou de la petite Maria, a pour point de départ la recherche des parents biologiques d'une fillette blonde repérée par la police grecque dans un camp de Roms, le . Huit jours plus tard, après avoir pris une dimension internationale avec la mise à contribution d'Interpol et l'appel à témoins lancé par l'association de protection infantile « Le Sourire de l'enfant », l'enquête débouchait sur l'identification des parents, Atanas et Sacha Roussev, dans un camp rom de Bulgarie. Tous deux confirmaient avoir confié leur fille peu après sa naissance à Christos Salis et Eleftheria Dimopoulou, le couple auprès duquel elle avait été trouvée. Le , ces derniers étaient acquittés de l'accusation d'enlèvement, faute de preuves. La petite Maria Roussev restait en Grèce, à la garde de l'association.
L'affaire a entrainé des mesures de contrôle dans l'administration grecque, les lacunes de l'état civil ayant été pointées comme l'un des facteurs de la situation de l'enfant. Elle fit surtout l'objet, dans le monde et en particulier en Europe, d'une dizaine de jours de médiatisation intense, avant de disparaitre de l'actualité une fois les parents biologiques retrouvés. Sa couverture médiatique a suscité l'apparition de plusieurs cas similaires à travers le continent, notamment en Irlande où deux autres « anges blonds » furent enlevés à leurs parents roms par les autorités. Elle a été suivie de réactions officielles et associatives visant le plus souvent, à l'instar de celle du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, à dénoncer les risques de stigmatisation attachés à la diffusion de préjugés fondés sur des stéréotypes.
Fait divers qui vit une enquête policière provoquer un emballement médiatique aussi intense que fugace, l'affaire a donné lieu à des analyses multiples. Celles qui visent à en éclairer le contexte mettent en valeur, selon l'angle choisi, la vulnérabilité des minorités roms devant le trafic d'enfants, le poids particulier des discriminations qu'elles subissent en Grèce, « l'invisibilité officielle » qui les entoure dans l'ensemble de l'Europe ou un climat politique marqué par le durcissement, à l'échelle du continent, des politiques nationales dont elles sont l'objet. Du point de vue du travail social et au regard des intentions policières et associatives en matière de protection de l'enfance, l'affaire apparait comme emblématique des effets pervers inhérents au déclenchement et à l'exploitation d'une « panique morale ». L'analyse de son traitement par les médias fait notamment ressortir la place qu'y ont occupée les représentations sur les Roms, que ce soit dans les facteurs explicatifs de l'engouement médiatique, dans la dramatisation initiale de l'affaire par la presse grecque ou dans les défaillances qualitatives de sa couverture européenne, et à travers la diversité des situations nationales. L'examen de ces représentations conduit à mettre en avant les présupposés raciaux auxquels renvoie l'image de « l'Ange blond » et la nature fantasmatique de celle du Rom voleur d'enfants, qui contraste avec les atteintes concrètes subies par les familles et les communautés roms.
En Grèce
Le [1], dans un camp rom proche de Pharsale, au centre de la Grèce[2], des policiers qui effectuaient une perquisition de routine[1] à la recherche de drogue et d'armes[2] sont frappés par l'apparence d'une fillette de quatre à six ans : ses cheveux blonds, sa peau très pâle et ses yeux verts la distinguent tant des quatre enfants au teint mat avec lesquels elle joue[1] que du couple de bruns à la peau foncée[3] qui loge à proximité[1]. Christos Salis et Eleftheria Dimopoulou, alors âgés de respectivement 39 et 40 ans[2], se présentent comme les parents adoptifs de la petite Maria[1], sans qu'aucun des deux ne puisse en apporter de preuve[4]. La police retire la fillette du camp[5] et la confie à la garde de l'association « Le Sourire de l'enfant »[1].
Des tests ADN confirment que les deux Roms ne sont pas les parents biologiques de l'enfant. Interrogés, ils fournissent successivement plusieurs explications : selon l'une, elle leur aurait été confiée en Crète par son père, ressortissant canadien ; selon une autre, ils l'auraient trouvée à l'entrée d'un supermarché[1] ; pour finir, ils déclarent en avoir reçu la garde de sa mère, une Rom bulgare qui ne pouvait s'en occuper, peu après la naissance[6]. Suspectés d'avoir kidnappé ou acheté la fillette pour tirer profit des aides sociales et, à terme, d'un mariage forcé[4], ils sont inculpés le pour enlèvement, ainsi que pour constitution de faux documents lors de la déclaration de naissance faite en 2009 à la mairie d'Athènes. Le couple est placé en détention provisoire dans l'attente de son procès[6].
Internationalisation
En saisissant Interpol, les autorités grecques internationalisent l'affaire[1]. Le directeur de la police pour la région de Larissa, Vassilis Halatsis, déclare à la presse : « Les informations que nous recevons de toute l'Europe montrent que ce problème, celui des enfants qui disparaissent et qui tombent entre les mains de gitans, est un problème qui se pose à l'échelle du continent[n 1]. »[7] Pour déterminer si la fillette a été victime d'enlèvement ou de trafic d'enfant[8], l'organisation de coopération policière internationale compare d'abord son profil génétique à ceux enregistrés dans sa base de données mondiale. Faute d'obtenir une correspondance, elle demande à ses 190 pays membres de procéder à la même vérification dans leurs bases nationales[9]. Maria n'est retrouvée dans aucune des listes d'enfants recherchés[10].
De son côté, l'association « Le Sourire de l'enfant » lance un appel à témoins qui reçoit quelque 8 000 à 9 000 réponses[1]. De celles-ci sont extraits huit cas d'enfants disparus[10], originaires de plusieurs pays dont les États-Unis, la Suède, la Pologne et la France, et qui font l'objet d'un examen approfondi[6]. Parmi eux figurent celui d'une petite Lisa, portée disparue en 2011 à l'âge de 11 mois[1] par un couple du Kansas, qui témoigne de ses souffrances à la télévision américaine ; ainsi que celui de parents grecs, dont l'un d'origine scandinave, ayant perdu à la naissance, en 2009, une fille dont le corps ne leur a jamais été remis, et qui après en avoir obtenu l'exhumation ont trouvé son cercueil vide[10].
En Bulgarie
La dernière version donnée par les deux suspects permet aux recherches de remonter jusqu'à un camp rom de Bulgarie, à Nikolaevo. De nombreux habitants y présentent les mêmes caractéristiques physiques que la fillette. Aux dires d'un voisin, une nommée Sacha Roussev s'est montrée émue en voyant l'enfant trouvée à la télévision. Interrogée le , elle reconnait sur photo le couple auquel elle a confié sa fille en 2009. Des tests ADN confirment que son mari Atanas Roussev et elle sont bien les parents biologiques de Maria[1]. Une vérification à l'hôpital de Lamía permet de retrouver le certificat de naissance, en date du [11].
La justice bulgare ouvre une enquête pour abandon d'enfant[1]. Les autorités envisagent de retirer aux Roussev sept de leurs enfants pour les placer dans différentes structures d'accueil[12]. Le témoignage d'Anton Kolev[3], un cousin, éclaire leur comportement au moment de la naissance de leur fille : ils étaient alors en Grèce pour la cueillette des poivrons, en situation illégale et sans les moyens nécessaires à l'obtention des papiers permettant de la ramener en Bulgarie avec eux[r 1]. Ils affirment n'avoir reçu aucune contrepartie financière, invoquant à l'appui la précarité de leurs conditions de vie depuis lors ; selon un proche, ils auraient néanmoins touché les 300 euros nécessaires à leur propre retour en Bulgarie[1]. Le couple explique qu’il n’était pas, à l’époque, en mesure de prendre soin de la fillette, mais qu'il souhaite désormais en reprendre la responsabilité[2].
En parallèle, Maria Roussev, prise en charge par l'association « Le Sourire de l'enfant », passe plusieurs jours à l'hôpital où elle subit une série de tests médicaux. Il est alors question qu'elle soit accueillie en Bulgarie dans un centre d'assistance sociale, pour quelques semaines ou quelques mois, avant d'être placée dans une famille d'accueil bulgare[1].
Conclusions judiciaires
Le , le tribunal de Larissa décide de laisser la petite Maria aux soins de l'association grecque « Le Sourire de l'enfant ». Son président, Kostas Giannopoulos, précise n'avoir pas effectué de demande en ce sens, pas plus que les parents biologiques, la seule réclamation ayant été formulée par l'agence bulgare de protection de l'enfance. La décision de justice est motivée notamment par le souci d'épargner « un nouveau changement d'environnement » à la fillette[13], qui vit dans un foyer avec une vingtaine d'autres enfants, roms ou de langue grecque[14]. Alors qu'elle ne s'exprimait qu'en romani[r 2], elle a appris, selon l'association, à parler couramment les deux langues[14]. Les deux accusés ont, entretemps, été remis en liberté, en attente de leur jugement[13].
Le , la cour d'appel de Larissa acquitte Christos Salis et Eleftheria Dimopoulou de l'accusation d'enlèvement, faute de preuves. Pour utilisation de faux documents, ils sont condamnés respectivement à 18 mois et à deux ans de prison, avec sursis. Maria Roussev, à la même époque, toujours prise en charge en Grèce par « Le Sourire de l'enfant »[2], a entamé sa scolarité. Selon les psychologues qui la suivent, elle se remet progressivement des traumatismes subis[15].
Dans l'administration grecque
L'arrestation du couple de suspects a mis en lumière les failles du système d'enregistrement des naissances[16], pointées comme l'une des causes de l'affaire[8]. Au moment des faits, le registre centralisé n'existe que depuis cinq mois[10]. Eleftheria Dimopoulou a enregistré six enfants à l'état civil de Larissa depuis 1993 et quatre autres, sous une autre identité, à Trikala, également en Thessalie. Christos Salis, de son côté, a fait inscrire quatre enfants à Pharsale. Sur les quatorze enfants déclarés par le couple (dont dix s'avèrent par ailleurs introuvables[10]), six sont prétendument nés en moins de dix mois. Maria a pu être enregistrée au-delà du délai légal de cent jours après la naissance et sa mère adoptive a utilisé une fausse identité pour l'un des deux témoignages nécessaires. Au total, le couple perçoit ainsi 2 790 euros d'allocations familiales par mois[16].
Le procureur chargé du dossier souligne que le cas n'est pas nécessairement unique, qu'une affaire semblable aurait pu arriver ailleurs dans le pays[8]. Le maire d'Athènes lance un audit du registre local d'état civil ; plusieurs des employés chargés des naissances sont suspendus[16] et leur directeur limogé[6]. Au niveau national, la Cour de cassation ordonne une enquête sur tous les certificats de naissance établis depuis 2008[8], hormis pour celles déclarées par les hôpitaux[16]. À la suite de cette mesure, plusieurs cas de déclarations de naissance considérées comme suspectes par les autorités sont examinés par la justice[17].
Dans les médias
L'affaire connait, sur le moment, une médiatisation d'une ampleur inhabituelle. En Grèce, la découverte et les caractéristiques physiques de la petite Maria alimentent une intense activité médiatique[18]. Les médias du pays diffusent largement des photos de la fillette, qu'ils baptisent « l'Ange blond ». Le surnom est repris par la presse mondiale[1] quand elle s'empare, trois jours plus tard, du sujet[10] répercuté par les agences de presse (AFP, AP et Reuters notamment) : le , le visage de l'enfant est visible dans une grande partie des médias, en Europe et au-delà[5]. À côté des réponses à son appel à témoins, l'association « Le Sourire de l'enfant » enregistre 200 000 visites sur son site web, et un demi-million sur sa page Facebook[1].
L'emballement médiatique dure une dizaine de jours. Une grande partie de la presse européenne souscrit à l'hypothèse policière de l'enlèvement[5] et reprend le thème des Roms voleurs d'enfants[18]. Dans les journaux britanniques, en particulier dans les tabloïds comme The Sun, The Daily Mail, The Daily Mirror ou The Daily Telegraph, qui publient chacun des dizaines d'articles en une semaine, la thèse de l'enfant volé est mise en relation avec les dossiers d'enfants disparus qui y sont régulièrement suivis[5]. L'intérêt pour la petite Maria se nourrit, en particulier, de la disparition fortement médiatisée de deux enfants britanniques blonds : Madeleine McCann au Portugal, en 2007, et en Grèce Ben Needham, en 1991[8]. Pour « Maddie » McCann, la justice portugaise est au même moment sur le point de rouvrir le dossier classé cinq ans auparavant[10].
À la reprise massive des dépêches d'agence, les médias et en particulier la presse écrite, en Europe et ailleurs, ajoutent souvent un contenu rédactionnel propre. Des envoyés spéciaux comme celui du Sun décrivent le cadre de vie qu'offrent les camps de Roms[5]. Le portrait de la petite Maria connait des variations. Alors qu'initialement elle est le plus souvent décrite comme une blonde aux yeux verts, parfois gris-vert, des articles les déclarent bientôt de couleur bleue. D'autres complètent son histoire : la fillette a été élevée « pour être donnée en mariage à ses 12 ans », ou enlevée « pour être vendue » ; elle a été forcée de mendier dans les rues ou de danser devant les familles du camp ; une vidéo de mauvaise qualité, où une enfant blonde fait quelques pas de danse avec un couple d'adultes, est censée montrer « Maria, en train de se trémousser le teint pâle, les yeux hagards »[10].
Certains journaux mettent l'accent sur les clichés auxquels les Roms sont en butte et dénoncent, dans le traitement tant policier que médiatique de l'affaire, une dimension raciale ou raciste. The Guardian critique l'emballement des médias et leur recours aux stéréotypes. Le Monde et Libération, après avoir relayé les dépêches initiales, s'attachent à déconstruire les préjugés qui sous-tendent le thème de « l'Ange blond » et la thèse de l'enfant volé[5].
Quand les soupçons d'enlèvement largement partagés par la police grecque et les médias sont démentis, l'intérêt s'éteint. Maria Roussev disparait de l'actualité début novembre[5].
Autres « anges blonds »
Le est annoncée la découverte, la veille, dans un camp rom d'Irlande, d'un deuxième « ange blond »[10] : à Tallaght, dans la grande banlieue de Dublin[19], après une dénonciation anonyme faite sur Facebook[4], la police retient pendant deux jours une fillette de sept ans[19], malgré le certificat de naissance et le passeport produits par la famille[8]. Un scénario similaire se produit pour un garçon de deux ans retenu pendant cette même journée, à Athlone, dans le centre du pays[19]. Dans les deux cas, les autorités irlandaises retirent un enfant à une famille rom parce qu'il est blond aux yeux bleus, à la différence de ses frères et sœurs ; jusqu'à ce que des tests ADN concluent qu'il est bien l'enfant de ses parents[1].
Ces nouveaux cas d'« anges blonds » ont été suscités par la couverture médiatique de l'affaire grecque, à propos de laquelle les médias irlandais avaient commencé, comme ailleurs, par suivre le mouvement impulsé par leurs homologues grecs. En leur emboitant le pas, la police déclenche un renversement d'orientation. À partir du , les quotidiens consacrent des dizaines d'articles à dénoncer les préjugés contre les Roms et les drames familiaux qu'ils entrainent, ainsi que le dérapage de services officiels accusés de se livrer au profilage racial. Ces critiques suscitent un retour sur l'affaire grecque, où sont dénoncés les mêmes travers[5].
Dans des communautés marginalisées comme en Serbie, des Roms relèvent une recrudescence de la discrimination raciale[8]. À Novi Sad, des skinheads tentent d'enlever un enfant devant son domicile parce que son père rom, Stefan Nikolic, a le teint moins clair que lui[r 3] ; cependant les agresseurs prennent la fuite quand le père menace d'appeler la police[20].
Deux autres cas, qui apparaissent pendant la même semaine, constituent en même temps des relances de l'affaire Ben Needham. Dans le nord de la Grèce, à Thessalonique, un jeune Rom aux cheveux clairs est soupçonné d'être l'enfant blond disparu le sur l'ile de Kos : il est soumis à des tests ADN. Parallèlement, la police de Kos reçoit la vidéo d'une cérémonie religieuse filmée près de Limassol, dans le sud de Chypre : au milieu d'un groupe de Roms, apparait un jeune homme aux cheveux châtain clair et aux yeux bleus, ressemblant au portrait-robot du disparu[21]. Alertée par Interpol, la police chypriote publie des avis de recherche illustrés d'images de la vidéo. Le , un jeune homme qui y a reconnu sa photo se présente aux policiers de Limassol et accepte de se prêter à un prélèvement ADN. Comme dans le cas précédent, le résultat des tests est négatif[22].
Réactions
En Italie, la Ligue du Nord réagit aux soupçons d'enlèvement portés sur le couple qui a élevé Maria en réclamant l'inspection de toutes les communautés roms du pays, pour y vérifier la présence d'enfants perdus. Gianluca Buonanno, député de la Ligue, annonce l'envoi au ministère de l'Intérieur d'une pétition exigeant un contrôle d'identité des habitants des camps[r 3].
Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muižnieks déclare : « Dans le cas des enfants trouvés dans des familles roms en Grèce et en Irlande, la plupart des médias, et pas seulement en Europe, ont insisté sur l’appartenance ethnique des personnes incriminées, diffusant le vieux mythe qui fait passer les Roms pour des ravisseurs d’enfants »[23] ; il dénonce dans cette attitude une « couverture irresponsable », susceptible de conséquences importantes sur la vie de millions de Roms[18]. Son rapport d'activité annuel 2013 reprend cette position, tout en resituant les affaires en cause dans le contexte de « l’hystérie suscitée par le prétendu mouvement de masse imminent des Roms de Roumanie et de Bulgarie vers d’autres pays de l’Union européenne dû à la fin toute proche des restrictions à la libre circulation des citoyens de ces pays[r 4]. »
Plusieurs organisations non gouvernementales attentives aux problèmes des Roms utilisent l'affaire pour montrer la présence dans la société européenne de stéréotypes et de préjugés négatifs à leur égard[r 5]. Soulignant le risque que les affaires d'« anges blonds » réveillent les haines ancestrales, Dezideriu Gergely, responsable du Centre européen pour les droits des Roms (CEDR), basé à Budapest, rappelle que tous les Roms n'ont pas la peau sombre, que certains ont la peau claire et les yeux verts[8] ; il déplore dans les cas irlandais l'effet de la propagation de préjugés hostiles. Le Centre dénonce les généralisations qui alimentent la stigmatisation dont la communauté est victime dans beaucoup de pays d'Europe[1].
Kondylia Gogou, chargée de la Grèce et de Chypre à Amnesty International, accuse les médias grecs de favoriser la désinformation et les discriminations en affirmant que les Roms ne peuvent pas s'intégrer[23]. À l'occasion de son rapport de 2014 sur les violences racistes que subissent les Roms en Europe, l'organisation revient sur l'affaire qu'elle crédite d'avoir mis au premier plan le traitement qui leur est réservé en Grèce. Le désintérêt des médias, une fois établi que l'enfant était rom, y est pris comme « signe emblématique de l'hostilité et du rejet à l'égard d'une communauté déjà marginalisée[r 6]. »
À propos des deux « anges blonds » irlandais, dans un rapport publié en , l'Ombudsman des enfants, Emily Logan, conclut qu'il y a bien eu profilage racial, que les soupçons d'enlèvement n'avaient pas d'autre fondement que les idées préconçues avalisées sous l'influence de l'hystérie médiatique autour de l'affaire grecque et qu'aucune urgence immédiate ne justifiait les actions entreprises. Les deux familles reçoivent des excuses officielles des autorités concernées[24]. Par la suite, une formation visant à prévenir toute forme de discrimination ou de profilage ethnique est introduite dans la police nationale, la Garda[25] ; en , les parents du garçon d'Athlone, qui ont intenté une action en justice contre le ministère de la Justice, le commissaire de la Garda et l'État, obtiennent 60 000 euros de dommages et intérêts pour faits de négligence, emprisonnement arbitraire et préjudice affectif[26].