Mouvement MeToo
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Le mouvement #MeToo (ou mouvement Me Too[n 1]) est un mouvement social encourageant la prise de parole des femmes, dans le but de faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est souvent supposé, et de permettre aux victimes de s'exprimer sur le sujet. Il est parfois présenté comme ayant débuté en 2007, mais n'est particulièrement connu que depuis octobre 2017 à la suite de l'affaire Weinstein.
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Le mouvement #MeToo a été un moyen de revendication alternatif des droits des femmes […] Il est important de préciser que #MeToo ne se cantonne pas à une simple dénonciation d’agresseurs sexuels[1]. Il prend en compte les violences sexuelles et sexistes en général, ainsi que la nécessité d’adopter des réformes concernant certaines politiques et lois. Propulsé en premier lieu par les médias occidentaux, le mouvement #MeToo a ainsi déclenché une prise de conscience quant au respect des droits des femmes et précisément quant au caractère inacceptable des violences sexuelles et de harcèlement sexuel[1].
#MeToo est également associé à d’autres enjeux inscrits dans les revendications du féminisme parmi lesquelles : la discrimination basée sur le sexe et lié à l’abus de pouvoir, et la prise de conscience des actes de violences à caractère sexuelle endurés silencieusement par les victimes. Ce dernier a été une revendication clé du mouvement. Le mouvement a attiré l’attention des victimes sur la dénonciation de nombreux comportements inappropriés, minimisés, ignorés voire acceptés en raison de leur normalisation par la société patriarcale. Ainsi, les plaintes des victimes étaient dans la plupart des cas vaines et les responsables restaient impunis. Ces tendances générales reflètent les idéologies dominantes entourant les rôles de genre et les agressions sexuelles : la culture du viol blâme les femmes pour les agressions sexuelles et échoue souvent à tenir les hommes responsables de leur propre comportement[2]. Le mouvement a servi de tribune aux nombreuses victimes car il a soulevé des débats sur la culture de l’impunité.
#MeToo a eu un impact significatif dans plusieurs domaines comme l’industrie du divertissement, l’arène politique….
Bien que le mouvement #MeToo soit mondial, il existe des variantes locales du hashtag, selon les langues et la culture. Ce mouvement est parfois désigné par d'autres noms suivant les pays, généralement en traduisant l'expression dans la langue nationale, comme #MoiAussi au Québec, et parfois en créant une autre expression comme #BalanceTonPorc en France.
Premières campagnes
Une première campagne Me Too est lancée en 2007 par Tarana Burke , une travailleuse sociale afro-américaine, pour dénoncer les violences sexuelles, notamment à l'endroit des minorités visibles[3],[4],[5]. La date de popularisation du mot-dièse est située précisément le 5 octobre 2017[6].
Entre 2007 et 2017, des campagnes de témoignages sur les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel ont lieu sur les réseaux sociaux, par exemple YesAllWomen (en) en 2014[7],[8].
À la suite de la libération de la parole des actrices d'Hollywood sur les pressions sexuelles exercées à leur encontre, naissent les hashtags ; #BeBrave, lancé par l'actrice Rose McGowan le 5 octobre 2017[9]. De son côté #myHarveyWeinstein créé par l'avocate féministe le 6 octobre 2017, Ann Olivarius (en)[10]
Dans ce contexte, le #BalanceTonPorc est lancé en France le 13 octobre 2017 par la journaliste Sandra Muller. Dans celui-ci, elle indique : « #BalanceTonPorc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d'un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. »[11] Alyssa Milano, ayant jouée son premier rôle dans Tendres Années (film, 1984), reprend elle aussi ce message et en le traduisant en anglais le 15 octobre 2017 sur Twitter : « If you've been sexually harassed or assaulted write 'me too' as a reply to this tweet »[12]. Si certaines actrices dénoncent directement les agissements de Harvey Weinstein à leur encontre, ce n'est pas le cas d'Alyssa Milano, à la base de la version 2 du #MeToo mouvement. Cette dernière indique dans une interview qu'elle était amie avec la femme du producteur décrié, Georgina Chapman. Dans thecut.com, elle indique que parler contre Weinstein est : « Compliqué pour moi pour raisons personnelles. Harvey Weinstein a une femme avec qui j'ai eu le privilège de travailler ces 5 dernières années sur le Project Runway All Stars »[13]. Dans une autre interview datée du 12 octobre, avant qu'elle lance le #MeToo, elle indique : « même avec ces sentiments forts - pas que Weinstein mais à propos du sexisme au travail en général - Cette déclaration est compliquée pour des raisons personnelles »[14].
Contexte
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Contexte américain
Aux États-Unis, la campagne victorieuse de Donald Trump à l'élection présidentielle de 2016, face à la première femme candidate Hillary Clinton, avait suscité un début de mobilisation pour protéger les droits des femmes[15],[16]. Ainsi, dès le lendemain de son investiture, la marche des femmes rassemble plusieurs centaines de milliers de personnes à Washington, D.C., et ailleurs dans le monde le [17]. C'est une des plus grandes manifestations de l'histoire américaine d'après Time[18].
Violences liées au sexe en France
Les violences sexuelles commises envers les femmes et les hommes sont présentes, à différents degrés, dans tous les pays du monde. En France, une enquête menée en 2006 indique que 16 % des femmes et 5 % des hommes déclarent avoir subi des rapports sexuels forcés ou des tentatives de rapports forcés au cours de leur vie (6,8 % des femmes déclarent des rapports forcés et 9,1 % des tentatives, et respectivement 1,5 % et 3 % des hommes). Une jeune femme sur 10 de moins de 20 ans déclare avoir subi des attouchements au cours de sa vie, et près d’une sur 10 (respectivement 8,9 et 8,4 %) des conversations à caractère pornographique ou des tentatives de rapport forcé. Les attouchements surviennent très majoritairement pendant l’enfance et l’adolescence : 50 % des femmes concernées les ont subis avant l’âge de 10 ans et 50 % des hommes avant l’âge de 11 ans. Près de la moitié des attouchements ont été immédiatement suivis d’une tentative de rapport forcé, ou d’un rapport forcé (50 % pour les femmes, 44 % pour les hommes)[19].
Les 18 et , un sondage réalisé auprès des seuls internautes indique qu'une femme internaute sur deux, et un homme internaute sur dix, auraient été victimes d'agression sexuelle (attouchements, mains aux fesses, baisers forcés…) ou de harcèlement sexuel (propos déplacés, insultes, propositions sexuelles…) au cours de leur vie[20]. La même étude précise que dans le milieu professionnel, 17 % des internautes femmes, et 7 % des internautes hommes, auraient subi un fait de harcèlement sexuel au travail.
Effet Weinstein
Le , après la publication des enquêtes accusant Harvey Weinstein d'agressions sexuelles, après la création des #BeBrave, #myHarveyWeinstein et #BalanceTonPorc, l'actrice américaine Alyssa Milano propose de partager les témoignages de violences sexuelles et de la violence contre les femmes dans différents milieux, sous le hashtag déjà existant depuis 2007 de #MeToo[8],[21],[22],[23].
En France, précédemment, le , la journaliste française Sandra Muller propose sur Twitter le mot-dièse francophone #balancetonporc[24] afin que « la peur change de camp » ; il est repris 200 000 fois en quelques jours[25]. La journaliste s'est inspirée du titre d'un article sur Harvey Weinstein paru dans Le Parisien[26]. Le mot « porc », dans son acception familière, est ici utilisé pour désigner un personnage grossier[27].
Selon le philosophe Thomas Schauder, la quantité et la diversité des témoignages indiquent que le problème n'est pas causé par des individus isolés, mais constitue un fait social collectif pouvant être étudié et susceptible d'évoluer[28].
Les messages liés au mouvement #MeToo font état de « violences sexuelles de tous types, allant de l’interpellation salace au harcèlement, à l’agression ou au viol »[29].
Les victimes évoquent des faits survenus au travail, dans le cadre familial et à l'école[8]. Elles indiquent parfois leur âge au moment des faits, montrant la jeunesse des victimes de ces pratiques[8]. Les milieux professionnels décrits comptent aussi bien le monde du divertissement que la politique, la finance, le sport et les nouvelles technologies[15].
Après les accusations portées contre Harvey Weinstein, de nombreuses célébrités sont nommément accusées d'inconduite sexuelle[29], dont Jean Lassalle[30],[31], Claude Lanzmann[32],[33] ou Gilbert Rozon[34].
Le mouvement #MeToo s'est diffusé dans au moins 85 pays[35].
Afrique subsaharienne francophone
Coumba Kane a révélé le combat des militantes africaines qui dénoncent depuis de nombreuses années l'atteinte aux droits des femmes, en Côte d'Ivoire, Sénégal, Guinée, Cameroun et Bénin[36].
Chine
En Chine, dans le domaine professionnel et selon une étude de 2018, 70 % des femmes interrogées indiquent faire l’objet de harcèlement[37].
Corée du Sud
Début , la Corée du Sud, à son tour, a été secouée par l'onde de choc #MeToo. Seo Ji-hyeon, une représentante du ministère public, a révélé, sur la chaîne de télévision JTBC, qu'un collègue, supérieur hiérarchique et membre du Parti démocrate de Corée, lui a imposé des attouchements. Son témoignage a suscité un élan national de soutien, l'amplification d'un mouvement #MeToo coréen naissant et a forcé le ministère de la Justice à ouvrir une enquête[38],[39]. Dans une société dominée par les hommes et où les victimes de violences sexuelles préfèrent se taire par honte et crainte de représailles, des voix de femmes se sont élevées pour dénoncer des agressions sexuelles. Des personnalités politiques, du monde de la culture, de l'enseignement, du sport et de l'Église catholique ont dû présenter des excuses et démissionner de leur poste. Parmi ces hommes, plusieurs ont été poursuivis en justice[39],[40]. En , l'agresseur de Seo Ji-hyeon a été condamné à deux ans de prison[39]. En juillet 2020, la mort de Park Won-soon, maire de Séoul, accusé de harcèlement sexuel, a exacerbé l'antagonisme social entre des féministes remontées contre une société patriarcale et de jeunes hommes décriant leurs exigences et les avancées sociales qu'elles ont obtenues[38].
Égypte
En Égypte, Nadeen Ashraf est à l'origine du mouvement MeToo après avoir créé le compte Instagram Assault Police le .
France
Pour des articles plus généraux, voir Violences sexuelles et sexistes dans le cinéma français et Violences sexuelles et sexistes dans le sport français.
La variante française, parfois appelée #BalanceTonPorc, est l'une des rares à encourager les utilisateurs à partager les noms des agresseurs sexuels[41]. D'autres hashtags ont vu le jour en 2021, à la suite du scandale qui touche Sciences Po, tels que #SciencesPorcs, #Metooinceste, et de la sortie du livre La familia grande de Camille Kouchner en janvier 2021, #Metoopolitique[42] ou encore #Metoogay utilisé par des hommes victimes d'autres hommes, créé à la suite des scandales d'abus sexuels sur des garçons concernant Maxime Cochard[43], Olivier Duhamel, Claude Lévêque et Gérard Louvin[44].
Le « Mouvement MeToo » se caractérise ensuite par une diffusion dans de nombreux pays, où cohabitent souvent des enquêtes de « journalisme d'investigation », des enquêtes internes dans les institutions où ont été dénoncées les pratiques, et, parfois, des enquêtes de justice.
En France, apparait à cette période un #MeTooMedia quand le quotidien Libération fait sa Une du 8 novembre 2021 sur une enquête de huit pages recoupant les accusations de plusieurs femmes contre Patrick Poivre d'Arvor, ancienne star du Vingt heures de TF1[45], puis une enquête d'Envoyé Spécial consacrée à une autre ex-star des médias et personnalité politique, Nicolas Hulot, nourrie aussi par des investigations approfondies sur les abus sexuels.
Italie
En Italie, les femmes affichaient des histoires de harcèlement et les agressions sous le hashtag #QuellaVoltaChe (littéralement « #LaFoisOù »)[46],[47].
Japon
Selon le Forum économique mondial, sur le plan de l'égalité hommes-femmes, le Japon se situe, en 2019, au 121e rang mondial, parmi 153 pays, soit onze places de moins par rapport à son classement 2018[48],[38]. La vie sociale japonaise est organisée par un patriarcat traditionnel bien ancré dans les mœurs et le féminisme est marginal et mal vu[48].
En 2015, une journaliste, Shiori Itō, dénonce publiquement l'auteur d'une agression sexuelle sur sa personne : le biographe de Shinzō Abe, Premier ministre du Japon. À l'issue de quatre années de procédure judiciaire, l'homme échappe à toute condamnation pénale. Débouté des poursuites en diffamation intentées contre sa victime présumée, il est contraint de verser à celle-ci un dédommagement de 27 000 euros[38],[48],[49]. Au cours du déroulement de l'affaire, relayé par les médias, Shiori Itō, créatrice, en février 2018, du hashtag #WeTooJapan (« Nous aussi au Japon »)[38], devient la figure de proue d'un mouvement #MeToo japonais de faible ampleur[48],[50]. Sa prise de parole publique lui vaut des insultes et des menaces, l'obligeant à s'exiler au Royaume-Uni[38],[49]. Dans son pays d'origine, les victimes de viols sont le plus souvent réduites au silence — un sondage gouvernemental de 2017 montre qu'au Japon, seuls 2,8 % des personnes victimes d'un viol ont déposé une plainte auprès de la police, et 58,9 % des personnes interrogées ont tu les faits, même à leur entourage proche[51]. Bien que l'affaire Harvey Weinstein soit couverte par les médias, le mouvement #MeToo a peu d'écho[51]. En 2017, la Diète du Japon étend le périmètre d'application et rend plus sévère une loi de 1907 portant sur les délits et crimes sexuels[38],[51].
Début 2019, dans le sillage du mouvement #MeToo, naît le mouvement #KuToo, un mouvement social de protestation contre l'obligation faite aux femmes japonaises de porter des chaussures à talon sur leur lieu de travail[48].
Monde arabe
Le mot-dièse est traduit en arabe en Tunisie, en Égypte et à Dubaï[7].
Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique
À la suite d'un « #MeToo politique fin 2021 »[52], de nombreuses femmes travaillant dans le milieu politique et universitaire rédigent une tribune dans Le Monde invitant à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes » de la vie politique[53].
Plusieurs femmes autrices de cette tribune — notamment Fiona Texeire, Mathilde Viot et Alice Coffin — cofondent en l'« Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique », une association loi de 1901[54] visant à « recenser, documenter et soutenir les femmes victimes » d’agissements sexistes et d’agressions de la part de personnalités politiques[55].
En , l'observatoire reçoit une lettre d'une femme témoignant « de faits de viol concernant Damien Abad », qui est transmise aux instances dirigeantes des Républicains et de La République en marche, ainsi qu'au procureur de la République[56].
Palestine
En Palestine, le hashtag '' #ana kaman ''= #MoiAussi a commencé à se répandre le .
Pays scandinaves
En Suède, des dizaines de milliers de femmes, représentant plus de 70 professions, ont fait part publiquement de remarques sexistes et d'agressions sexuelles dont elles ont été victimes[57]. Dès , dans le milieu intellectuel, 18 témoignages de femmes accusent un Français, Jean-Claude Arnault, époux de la poétesse et académicienne Katarina Frostenson, et se disant influant sur l'attribution du prix Nobel de littérature, d'agressions sexuelles, de tentatives de viols et même d'un viol, sur une période courant de 1996 à 2017[58],[59],[60],[61]. Le scandale secoue l'Académie suédoise, provoquant des départs remarqués dans cette Académie qui détermine chaque année l'attribution de ce prix littéraire de notoriété mondiale. La secrétaire perpétuelle de cette académie, Sara Danius, qui avait diligenté une enquête interne, est poussée à son tour à la démission par les partisans d'un statu quo[62]. En mai 2018, l'attribution du prix Nobel de littérature 2018 doit être, de fait, reportée d'un an[63].
Au Danemark, dans un premier temps, les plus grands journaux du pays ont publié des articles souvent négatifs sur le mouvement MeToo. « Les femmes qui osaient parler étaient considérées comme des pleurnicheuses, et accusées de casser l’ambiance hygge »[57]. Mais, en 2020, lors d'une retransmission télévisée d'un gala annuel de récompenses de performances télévisuelles et artistiques, la maîtresse de cérémonie, Sofie Linde, dénonce le sexisme de ce milieu de l'audiovisuel et du cinéma danois, et mentionne également des chantages et harcèlements sexuels dont elle a fait l’objet pendant sa carrière[57].
Québec
Dans les régions francophones du Canada, principalement au Québec, le hashtag #AgressionNonDénoncée, de la Fédération des femmes du Québec existe depuis 2014[64]. Les gens peuvent aussi employer le hashtag « #MoiAussi »[65].
Tout commence avec Julie Miville-Dechêne. Cette femme, présidente du Conseil du statut de la femme, fait une révélation sous #BeenRapedNeverReported sur les ondes de Radio-Canada. Elle dénonce son agression sexuelle pendant l’adolescence. Par la suite, Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), livre, sur Twitter, qu’elle a été agressée à trois répétitions[66].
Le 5 novembre 2014, sur Twitter, des centaines de femmes révèlent chacune leur histoire d’agressions sexuelles sous #AgressionNonDénoncée[67]. Ce hashtag québécois a été créé par le FFQ et la fondatrice du blogue Je suis indestructible. Cette alliance a permis de créer un endroit qui permet aux femmes de dénoncer et de rompre le silence sur leurs agressions sexuelles. De plus, ce mouvement permet de déconstruire les fausses croyances sur les agressions sexuelles ainsi que de sensibiliser à la culture du viol.
Le 16 octobre 2017, les Québécoises ont suivi la vague de dénonciation qui se produisait entre autres aux États-Unis et en France. Sous le #MoiAussi et #MeToo, elles ont raconté leur histoire. Le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)[68] fait paraître un communiqué qui exprime l’ampleur de la masse des révélations sous les hashtags. De plus, il y a un manque d’argent pour répondre aux appels d’aides des victimes. Aussi, il y a un engorgement dans les RQCALACS, ce qui entraine un délai d’attente. À la ressource Viol-Secours, il y a une liste d’attente qui se crée. C’est une première depuis 1980. Plus précisément, c’est surtout à la suite des agressions sexuelles et des intrusions à l’Université de Laval au pavillon Alphonse-Marie-Parent.
À l'été 2020, #MoiAussi mène directement à la création de l'initiative Dis son nom.
Sur les campus universitaires
En 2012, à la suite des manifestations du « printemps érable », plusieurs étudiantes dénoncent leurs agressions. Des scénarios tels que des militantes conduites à l’extérieur du groupe qui se font agresser par d’autres militants sont racontés[69]. Plus précisément, la vague de dénonciation est plus concentrée en 2013. C’est par dizaines que les femmes dénoncent. En premier lieu, cela est sur les réseaux sociaux, sur leur page personnelle. Par la suite, la gent féminine dénonce anonymement sur la plateforme créée par Alerta feminista[70].
Taïwan
Marginal en 2018, le mouvement se développe particulièrement en 2023 après la sortie de la série Wave Makers, traitant entre autres des questions de harcèlement sexuel dans les partis politiques et dans la société taïwanaise[71],[72].
Liste des hashtags alternatifs suivant les langues et les pays
Pays/Langue | Hashtag utilisé | Traduction en français |
---|---|---|
Albanie | #TaniTregoj[73] | MaintenantRaconte |
Macédoine du Nord | #СегаКажувам[73] | |
Arabe | أنا_كمان# | MoiAussi |
Canada | #MoiAussi | |
Chine | #我也是 | |
Corée du Sud | #미투 | |
Croatie | #JaIsto[73] | |
Espagne | Espagne : #YoTambién
Catalogne : #JoTambé Pays basque: #NiEre Galice: #EuTamén | |
Inde | #मैंभी[74] | |
Iran | #من_هم_همینطور | |
Japon | #私も ou #WatashiMo | |
Pakistan | #میں_بھی | |
Royaume-Uni | #MeToo | |
Russie | #МеняТоже ou #Ятоже | |
Suède | #JagOckså[75] | |
Taiwan | #我也是 ou #WoYeShi | |
Tunisie | #EnaZeda[76],[77] | |
Vietnam | #TôiCũngVậy | |
Brésil | #Nãoénão | NonC'estNon |
Finlande | #Memyös | NousAussi |
France | #BalanceTonPorc | |
Israël | גםאנחנו#
#גםאני ou #גמאני |
NousAussi
MoiAussi |
Italie | #QuellaVoltaChe | CetteFoisOù |
Argentine | #NiUnaMenos | Même pas une de moins |
Norvège | #Stilleføropptak | SilenceAvantDénonciation |
Le , la journaliste et féministe américano-égytienne Mona Eltahawy lance le hashtag #MosqueMeToo (« MosquéeMoiAussi ») pour dénoncer les agressions sexuelles lors du hajj, qui est repris 6 000 fois par la suite[78].
Le mouvement est unique dans l'histoire du féminisme car il mobilise de très nombreuses femmes sans émaner d'une organisation militante spécifique[29]. Il ouvre des débats dans l'espace privé, permettant aux femmes de raconter à leurs proches des agressions subies[79]. La démarche va parfois jusqu'à aborder le sujet dans le monde du travail, voire à s'engager dans des associations militantes comme Osez le féminisme ![79].
Les témoignages dénoncent une atmosphère et des agressions omniprésentes, faisant s'interroger de nombreux hommes sur leur silence coupable jusque-là[80].
Europe
Le Parlement européen a convoqué une session directement en réponse à la campagne #MeToo, après qu'elle a donné lieu à des accusations d'abus au Parlement et dans des bureaux de l'Union européenne à Bruxelles, selon Cecilia Malmstrom, le Commissaire Européen pour le Commerce[81]. Au Royaume-Uni, où un scandale touche de nombreux parlementaires (en), la première ministre Theresa May a demandé au président de la chambre des communes de prendre des mesures pour mettre fin à ces comportements, et encourager les victimes à les dénoncer[82].
En France, les plaintes pour violences sexuelles déposées auprès de la gendarmerie augmentent de 30 % en [16]. Afin de donner une visibilité au mouvement en dehors des réseaux sociaux, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes de France le , rassemblant jusqu'à 2 500 personnes à Paris[31]. En France, les plaintes pour agressions sexuelles connaissent une progression de 31,5 % au quatrième trimestre 2017 (+ 18 % pour les viols) par rapport à la même période de 2016, cette hausse étant interprétée non comme une recrudescence de faits commis mais comme une moindre résignation à laisser les agressions sans suite[83].
En Espagne, des artistes et des associations ont rejoint le mouvement[84]. Ils transcendent progressivement les noms des références dans le monde de la politique et des affaires[85].
En Suède, après la formation d'un groupe de discussion grâce au hashtag #metoo, 456 actrices signent le un ensemble de témoignages anonymes dans le Svenska Dagbladet, provoquant des réactions de la ministre de la Culture Alice Bah Kuhnke et du théâtre dramatique royal Dramaten[86]. D'autres groupes de centaines, voire milliers de femmes leur emboîtent le pas, touchant tous les secteurs d'activité, y compris l'Église de Suède. Le premier ministre Stefan Löfven parle de « rompre la dépendance aux schémas patriarcaux », tandis que la responsabilité collective des hommes et l'éducation des garçons sont citées pour arrêter les agressions envers les femmes[87]
Canada
À Montréal, la police met en place une ligne téléphonique dédiée aux cas de harcèlement sexuel, qui reçoit 463 appels en moins de trois semaines en , dont 98 mènent à ouvrir un dossier d'agression sexuelle[88].
États-Unis
Des actrices américaines lancent le le mouvement Time's Up (« il est temps » ou « c'est fini » en anglais), pour soutenir financièrement les victimes de harcèlement et agressions sexuels au travail[89]. En un mois, le fonds a levé 20 millions de dollars, et a reçu un millier de demandes d'aide[90]. En , les fonds récoltés s'élèvent à 24 millions de dollars, et plus de 3 600 personnes ont été mises en relation avec des avocats pour préparer d'éventuelles poursuites judiciaires[91]
Ponctuellement, quelques États ont modifié leur législation pour offrir une meilleure protection contre le harcèlement sexuel aux personnes les plus susceptibles d'en être victimes : extension de la protection aux travailleurs indépendants et aux salariés domestiques dans l'État de New York[n 2], extension aux relations avec certaines catégories professionnelles (dont les producteurs) en Californie, augmentation du salaire minimum légal (2,13 dollars) pour les employés payés au pourboire dans 7 États. Au niveau fédéral, le Be Heard Act, initié à la suite de mouvements de travailleurs domestiques réclamant une meilleure protection n'a pas donné suite à leur demande[92], il a toutefois validé la suppression de la clause de non-divulgation qui empêchait les victimes ayant reçu des dédommagements financiers lors d'accords secrets de parler des faits subis, y compris au sein de leur famille[91].
Le Congrès a adopté un règlement excluant le paiement par fonds publics des accords financiers conclus par ses membres en cas de harcèlement sexuel, les sommes dépensées à titre entre 2003 et 2008 s'étant élevées à 300 000 dollars[91].
Un changement dans les mentalités a été observé à la suite de deux sondages successifs sur une affaire ayant confirmé au pouvoir un membre de la Cour suprême, Brett Kavanaugh, accusé d'agression sexuelle, 49 % des votants et 74 % des démocrates y décelant un effet de caste des hommes blancs protégeant leur pouvoir[91].
Moyen-Orient
Le , la chanteuse israélienne Netta Barzilai remporte le concours Eurovision de la chanson 2018 avec sa chanson Toy, inspirée du mouvement #meToo[93].
Le , le collectif #NousToutes organise une trentaine de marches en France qui ont regroupé plusieurs centaines de manifestants[94].
Plaintes
À la suite de l'engouement qui suivit la mise en ligne du hashtag #BalanceTonPorc, le nombre de plaintes pour harcèlement sexuel ou agressions sexuelles augmente provisoirement de 20 à 30 % à Paris, avant de revenir quatre mois plus tard au niveau d'avant la création du hashtag[95].
Parmi ces plaintes, Henda Ayari accusant Tariq Ramadan de l'avoir violée et menacée, celui-ci est poursuivi dans le cadre de l'affaire Tariq Ramadan[96].
À l'inverse, la forte augmentation - 10 000 sur les 39 000 enregistrées en France entre janvier et - des plaintes de femmes pour coups et blessures volontaires, en premier lieu dans la sphère familiale, est attribuée à une « libération de la parole » rendue possible par l'effet #MeToo[97].
Sandra Muller et Éric Brion
Le , l'initiatrice du mouvement #BalanceTonPorc, Sandra Muller, est poursuivie en justice par Éric Brion, directeur général de la chaîne Equidia. Elle l'accusait de harcèlement dans les premiers hashtags de ce nom[98],[99]. Tout en reconnaissant avoir « effectivement tenu des propos déplacés envers Sandra Muller, lors d'un cocktail arrosé très tard dans une soirée, mais à une seule reprise », il réclame « le droit à la vérité et à la nuance ». Il demande 50 000 euros de dommages et intérêts, des publications judiciaires et 10 000 euros de frais d'avocat[100],[101].
En première instance, le , Sandra Muller est condamnée pour diffamation. Le , elle avait écrit le tweet « #balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent [sic] sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends », tout en faisant suivre ce message d'un autre qui contenait l'identité de la personne qu'elle accusait[102]. Ce jugement est conforme à la plaidoirie des avocats de l'accusation, qui estimaient que l'expression « Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. » relève de la « drague lourde » et de « propos déplacés », mais pas de harcèlement[103]. Pour le tribunal ; Sandra Muller a tenu des « propos diffamatoires — le délit de harcèlement étant constitué par « une répétition ou une pression grave » », elle « a manqué de prudence dans son tweet, notamment en employant des termes virulents tels que “porc” pour qualifier le demandeur et “balance”, […] l'exposant ainsi à la réprobation sociale ; elle a dépassé les limites admissibles de la liberté d'expression, ses propos dégénérant en attaque personnelle[104] ». En 2020, Éric Brion revient sur cette affaire dans le livre Balance ton père. Lettre à mes filles du premier accusé de #balancetonporc (Albin Michel) ; il y raconte comme cette histoire l'a conduit à tomber dans la « poubelle digitale »[105]. En appel du [106], la condamnation est annulée, la cour estimant que « même si Éric Brion a pu souffrir d'être le premier homme dénoncé sous le #balancetonporc, le bénéfice de la bonne foi doit être reconnu à Sandra Muller »[107],[108]. Le jugement est confirmé par la Cour de cassation[109].
Asia Argento
Le , le quotidien The New York Times révèle que Asia Argento aurait payé 380 000 dollars à Jimmy Bennett. Le jeune homme accusait l'actrice italienne, tête de proue du mouvement #MeToo, de l'avoir agressé sexuellement dans une chambre d'hôtel en Californie le , alors qu'il n'avait que 17 ans. Le versement aurait été effectué suivant un calendrier accepté par les deux parties en [110].
Avita Ronell
Le , le quotidien The New York Times révèle qu'en l'université de New York a reconnu la philosophe féministe Avital Ronell coupable de harcèlement sexuel sur un de ses élèves, Nimrod Reitman. Cette condamnation fait suite à une enquête de onze mois diligentée par l'université dans le cadre du Title IX, un amendement qui impose aux universités d'enquêter sur les harcèlements sexuels qui ont lieu dans leurs établissements. Le journal titre son article « Qu'advient-il de #MeToo lorsque l'accusée est une féministe ? », et note que pour défendre l'agresseuse présumée, nombre de soutiens utiliseraient les mêmes techniques que celles dénoncées par le courant féministe : intimidation de la victime, remise en cause de sa parole, minimisation de la gravité de l'acte reproché, mise en avant des conséquences d'une plainte sur la carrière de l'auteur(e) de l'agression. Il est aussi reproché à la victime d'utiliser contre la militante féministe le Title IX qui est considéré comme un outil féministe[111],[112].