Canada
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Le Canada (prononcé en français standard /kanada/[7] Écouter ; en anglais /ˈkænədə/[8] Écouter) est un pays d'Amérique septentrionale. Constitué de dix provinces et trois territoires, il s'étend dans les océans Atlantique à l'est, Arctique au nord et Pacifique à l'ouest ; cette façade maritime lui offre la huitième plus vaste zone économique exclusive du monde, avec comme particularité qu'elle soit moins vaste que ses eaux territoriales. Le pays a des frontières terrestres avec les États-Unis d'Amérique et le Danemark (Groenland). Sa frontière sud et ouest avec les États-Unis, qui s'étend sur 8 891 km, est la plus longue frontière terrestre binationale du monde tandis que sa frontière avec le Danemark, qui s'étend sur environ un kilomètre, est la deuxième plus petite au monde après celle entre le Botswana et la Zambie. Le Canada partage également une frontière maritime avec la France, en Atlantique nord, et une autre dans l'Arctique avec la Russie, est contestée.
Pour les articles homonymes, voir Canada (homonymie).
Canada
Drapeau du Canada |
Armoiries du Canada |
Devise | en latin : A mari usque ad mare (« D'un océan à l'autre ») |
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Hymne |
Ô Canada |
Fête nationale | 1er juillet |
· Événement commémoré |
Naissance de la Confédération canadienne (1867) |
Plus grande ville | Toronto |
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Superficie totale |
9 984 670 km2 (classé 2e) |
Superficie en eau | 8,62 % |
Fuseau horaire | UTC -3:30 à -8 |
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Exploration par les Européens | XVe siècle–XVIe siècle |
Prise de possession de la baie de Gaspé par les Français | |
Colonisation française | – |
Prise de possession de Terre-Neuve par les Anglais | |
Colonisation britannique | – |
Guerres intercoloniales | – |
Conquête britannique | – |
Guerre de 1812 | – |
Confédération | |
Statut de Westminster | |
Rapatriement de la Constitution |
Gentilé | Canadien, Canadienne |
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Population totale (2023[1]) |
40 720 593 hab. (classé 36e) |
Densité | 4,1 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
2221,218 milliards de $ +11,57 %[2] (9e/62) |
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PIB (PPA) (2022) |
2236,928 milliards de $ +10,44 %[3] (12e/62) |
PIB nominal par hab. (2022) |
57405,931 $ +10,22 %[3] (8e/30) |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
57811,943 $ +9,11 %[3] (9e/30) |
Taux de chômage (2022) |
5,8 % de la pop. active -20,81 %[3] |
Dette publique brute (2022) |
Nominale : 2 853,207 milliards $ CA +2,00 %[3] Relative : 101,809 % du PIB -9,14 %[3] |
Monnaie |
Dollar canadien (CAD ) |
IDH (2021) | 0,936[4] (très élevé ; 15e) |
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IDHI (2021) | 0,860[4] (14e) |
Coefficient de Gini (2018) | 32,5 %[5] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,069[4] (17e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 50,0[6] (49e) |
Code ISO 3166-1 |
CAN, CA |
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Domaine Internet | .ca |
Indicatif téléphonique | +1 |
Organisations internationales |
ONU : OTAN : OIF : Commonwealth : OCDE : OEA : OMC : G7 et G20 |
Couvrant une superficie de 9,98 millions de kilomètres carrés, il est le deuxième plus grand pays du monde en superficie, derrière la Russie. Sa capitale est Ottawa et ses trois plus grandes régions métropolitaines sont Toronto, Montréal et Vancouver. Les langues officielles du pays sont l'anglais et le français.
Ce qui constitue aujourd'hui le territoire canadien est habité par les autochtones du Canada depuis plusieurs milliers d'années. À partir de la fin du XVe siècle, des expéditions britanniques et françaises explorent puis colonisent la côte atlantique. Après plusieurs guerres intercoloniales, la France cède la quasi-totalité de ses colonies d'Amérique septentrionale en 1763. À la suite de la guerre d'indépendance des États-Unis en 1783, de nombreux loyalistes américains sont expulsés et migrent vers l'Amérique du Nord britannique, correspondant à l'actuel Canada. Les colonies parviennent à repousser une tentative d'invasion américaine en 1812. Au cours du XIXe siècle, les Britanniques élargissent l'espace colonial en explorant puis en établissant des colonies sur la côte pacifique.
L'Amérique du Nord britannique commence à s'unifier le par le biais de la Confédération, avec l'union de trois colonies donnant naissance au Dominion du Canada. Au fil du temps, le dominion s'étend et obtient de plus en plus de souveraineté vis-à-vis du Royaume-Uni, grâce notamment au statut de Westminster de 1931, puis à la Loi de 1982 sur le Canada, qui rompt les derniers liens de dépendance juridique du Canada vis-à-vis du Parlement du Royaume-Uni. À noter que contrairement aux autres provinces, le Québec n'a pas signé la Loi de 1982. La relation du Canada avec les États-Unis comme voisin a eu un impact significatif sur son histoire, son économie et sa culture.
Le Canada est une monarchie constitutionnelle et une démocratie parlementaire s'inscrivant dans la tradition de Westminster. Le chef du gouvernement est le premier ministre et il est nommé par le gouverneur général, représentant le monarque, qui est le chef d'État. Le pays est un royaume du Commonwealth. Il figure en haut des classements internationaux en termes de transparence gouvernementale, de libertés civiles, de qualité de vie, de liberté économique, d’égalité des sexes et d'éducation. En 2023, la population canadienne est de 40 millions d'habitants. La majorité de la population est blanche, mais elle comporte également plusieurs minorités, en raison d'une diversification de l'immigration depuis l'introduction du multiculturalisme en 1971.
En tant que pays développé, le Canada possède le 24e PIB nominal par habitant le plus élevé au monde et occupe le quinzième rang en termes d'indice de développement humain. Son économie est dixième au niveau mondial et est principalement basée sur d'abondantes ressources naturelles, ainsi que sur des réseaux commerciaux internationaux développés. Le Canada est membre de plusieurs grandes organisations internationales, dont l'ONU, l'OTAN, le G7, le G10, le G20, l'OCDE, l'OMC, le Commonwealth, le Conseil de l'Arctique, l'OIF, l'APEC et l'OEA.
Étymologie
Le nom du Canada provient du mot iroquois « kanata », le « k » se prononçant comme un « g » et le « t » comme un « d » (soit « ganada », ce qui signifie « village », « établissement » ou « terre »)[9],[10],[11]. En 1534, les habitants indigènes de l'actuelle ville et région de Québec utilisèrent ce mot pour guider le navigateur breton Jacques Cartier jusqu'au village de Stadaconé. Cartier utilisa par la suite le mot « Canada » non seulement pour désigner ce village, mais également pour l'ensemble des terres de Donnacona, chef de Stadaconé.
Le comte de Castelnau donne une autre étymologie du nom Canada dans le récit de son voyage dans l'Amérique septentrionale[12], en reprenant une théorie énoncée par Louis Hennepin en 1704 : « les Espagnols ont fait la première découverte du Canada : ayant mis pied à terre, ils n'y trouvèrent rien de considérable ; cette raison les obligea d'abandonner ce pays, qu'ils appelèrent il capo di nada, c'est-à-dire Cap de rien ; d'où est venu par corruption ce nom de Canada[13]. »
La France du XVIe siècle adopta donc le mot « Canada » pour désigner ce qui correspondait alors à la vallée du fleuve Saint-Laurent, ceci se reflétant dans les écrits et sur les cartes produites. Certaines références permettent de décrire davantage le contexte dans lequel ceci se matérialisa[14],[15],[16],[17].
En juillet 1534, au terme de son premier voyage, Jacques Cartier convainquit deux jeunes Amérindiens dans la vingtaine, Domagaya et Taignoagny, fils du chef Donnacona, de l’accompagner en France[18]. Il s’agissait d’une décision stratégique, Cartier savait que ceux-ci apprendraient le français et deviendraient des guides très utiles lors du prochain voyage qu’il planifiait déjà. Les deux frères furent ainsi en contact avec des Français pendant un an et acquirent une certaine connaissance de la langue.
Mai 1535, deuxième départ de Cartier, accompagné de ses deux guides iroquoiens. En arrivant sur la côte nord-américaine, Cartier navigua les premiers jours dans des secteurs qu’il avait déjà vus l’année précédente. Puis arrive l’étape capitale de ce deuxième voyage et même un jalon important de l’exploration de l’Amérique du Nord. La flottille atteint la pointe ouest de l’île d’Anticosti que Cartier prend, comme tous les autres explorateurs européens avant lui, pour une péninsule.
Domagaya et Taignoagny, qui avaient l’expérience de faire de la pêche dans ce secteur, reconnaissent des lieux qui leur sont familiers et ne veulent pas que Cartier fasse demi-tour pour continuer vers le nord. Le 13 août 1535, Cartier apprend de la bouche de ses guides que cette terre est en fait une île et que, s’il continue de naviguer au sud-ouest de celle-ci, il fera alors face au chemyn de Canada, expression qu’ils ont utilisée et qui signifiait le fleuve qui mène au « lieu » appelé Canada. Donc, en cette journée, deux faits majeurs, le mot Canada était entendu pour la toute première fois par un Européen et Cartier venait d'être mis au courant de l'existence de cette immense voie d'entrée dans l'Amérique du Nord[19],[20].
Les deux images affichent l'écriture de Cartier du mot Canada. Première image : Chemyn de Canada ; deuxième image : extrait de la page 13 du journal de Cartier, le mot Canada apparaît sur les 2e et 3e lignes, il a exactement la même épellation qu'aujourd'hui.
La flottille commence à s’exécuter, elle va en zigzaguant, Cartier semble hésiter, mais ses deux guides insistent : selon eux, il s'agit bien du « chemyn » qui mène vers « Canada » et « Hochelaga », le cours d’eau ira en se rétrécissant et personne n’en n’aurait encore vu l’extrémité. Ces paroles font grandir l’intérêt du navigateur breton.
Jacques Cartier écrira le mot « Canada » à 22 reprises dans son journal de voyage totalisant 134 pages[21]. [Seconde navigation faicte par le commandemen et vouloir du tres chrestien Roy Francoys Premier de ce nom…]. Parfois, il l’utilise pour désigner le fleuve sous le nom « Rivière de Canada ». Il ne s’agissait donc pas d’une occurrence unique ou accidentelle, mais d’un mot significatif. Domagaya et Taignoagny se sont référés à ce terme à plus d’une reprise.
Cartier et ses guides se côtoient depuis maintenant un an, ils séjournent sur le même navire depuis 3 mois, ces derniers parlent un certain niveau de français et Cartier connait des mots iroquoiens. On peut soupçonner que Cartier et ses guides avaient développé entre eux une capacité de communiquer à un niveau intelligible.
Après avoir navigué une semaine sur le fleuve, le 7 septembre 1535, la flottille atteint l’île d’Orléans, Cartier déclare dans ses écrits que c’est « le commencement de la terre et prouvynce de Canada »[22],[23]. Cartier n’étant jamais venu à cet endroit précis auparavant, il n’aurait vraisemblablement pu faire une telle assertion sans l’entendre de la part de ses guides.
C’est ainsi que, dans les écrits et sur la carte de Cartier, le mot Canada prit une place prépondérante qui finit par désigner la terre de l’ensemble de la vallée du Saint-Laurent. Cartier n’en est pas moins conscient du sens premier du mot. Il crée en effet un lexique de 140 mots iroquoiens à la fin de son journal. Ainsi, il écrit : « Ilz appellent une ville – Canada »[24]. Le Canada de l’époque correspondait à l’établissement autour de Stadaconé, c’est-à-dire le site actuel de la ville de Québec, et dont le chef était Donnaconna, celui-ci étant identifié comme Sieur de Canada dans les écrits de Cartier.
Après son retour en France, les écrits de Cartier devinrent la référence dans le milieu de la Cour, le roi François Ier lui-même était enthousiaste du projet du Nouveau Monde. Ainsi, en 1538, un mémoire de planification élaboré lui fut présenté en vue de la préparation d’une expédition beaucoup plus ambitieuse : Mémoire des hommes et provisions nécessaires pour les Vaisseaux que le Roy voulait envoyer au Canada[25].
Jusqu’ici, la nomenclature de Cartier demeurait d’une diffusion limitée à la Cour de France. Le toponyme Canada en tant que pays de la vallée du Saint- Laurent et sa diffusion à travers l’Europe, sinon de par le monde, prit son envol sous l’impulsion de la réputée École de cartographie de Dieppe qui produisit successivement, à partir de 1541, une série de cartes et de mappemondes illustrant de façon explicite le nom et la position du Canada : en 1541 (Nicolas Desliens), en 1542 (dite Harléenne), en 1543 (anonyme), en 1547 (Nicolas Vallard), en 1550 (Pierre Desceliers) et d’autres par la suite[26],[27].
Mais simultanément, les cartographes espagnols furent bien renseignés sur les observations de Cartier. Ainsi, la Real Academia de la Historia de Madrid possède une carte (anonyme) datant de 1541[28]. Elle représente le fleuve Saint-Laurent et ses rives avec l’identification de « Canada » à l’endroit approximatif de l’établissement iroquoien de Stadaconé, un peu à côté de l’île d’Orléans, qui fut elle aussi nommée par Cartier. Cette carte rapporte même les nombreux Français de l’équipage de Cartier y étant morts à l’hiver 1535-1536.
Ces cartes s’appuyaient sur les écrits et sur la carte de Cartier produits lors de son deuxième voyage en Amérique (1535-1536). Ces cartes servirent de référence pour les décennies à venir à d’autres cartographes européens de calibre. Sous l’impulsion de la France, l’existence d’une terre dite « Canada » fut ainsi consacrée pour les siècles à venir. Ci-joint un extrait de la mappemonde dite Harléenne (vers 1542-1544), qui affiche trois fois le nom Canada, comme pour indiquer à la fois son sens territorial global et sa référence à l'établissement de Stadaconé.
Usage et évolution
En 1541, des documents et des cartes espagnoles commencent à désigner cette région par le mot « Canada »[29].
Grâce à la circulation des cartes, l’usage du terme Canada est ainsi devenu courant auprès de ceux qui faisaient commerce avec le nouveau continent : notaires, marchands, marins puis avec les habitants des régions côtières de la France[30]. Un témoignage pertinent vient du jésuite François Du Creux (1596-1666) qui a publié en 1664 : Historiae Canadensis. Il a relaté que : «…Il est clair cependant que c’est un mot ancien [Canada] car il était employé de façon usuelle quand j’étais un jeune garçon, il y a 60 ans. »[31].
Au XVIIe et au XVIIIe siècle, le mot « Canada » désigne l'une des colonies formant la Nouvelle-France, qui se situait le long du fleuve Saint-Laurent et de la rive nord des Grands Lacs. C'était néanmoins celle qui abritait, et de loin, le plus de colons français, mais presque qu'exclusivement le long des rives du fleuve. Pour l'administration royale française, elle porte le nom de « Province de Canada » comme on peut le voir sur un document qu'elle a émis le 15 mai 1722 : « Arrest du Conseil d'Estat du Roy »[32]. Aux deux dernières lignes du bas de la première page, on peut lire « Province de Canada ».
Cependant, l’usage du mot Canada par les cartographes français illustre une réalité un peu différente. La consultation d’une quarantaine de cartes datant du Régime français[33] indique une variabilité dans les titres retenus : parfois « Nouvelle-France » seulement, parfois « Canada » seulement, mais le plus fréquemment, « Canada ou Nouvelle-France » ou « Nouvelle-France ou Canada » ou encore « Nouvelle-France dite Canada ».
Une carte qui représente à merveille cet état de chose est celle datant de 1656 de Nicolas Sanson d’Abbeville, géographe ordinaire du roi à Paris, et ayant pour titre « Canada ou Nouvelle-France »[34].
Donc, pour les cartographes, les termes « Canada » et « Nouvelle-France » sont devenus interchangeables, sinon des quasi-synonymes. Ceci se confirme d’ailleurs dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Denis Diderot (début des années 1750)[35]. On y trouve en effet sous la rubrique Canada : Canada ou Nouvelle France, (Géog.) pays fort vaste de l'Amérique septentrionale, borné à l'est par l'Océan, à l'ouest par le Mississipi, au sud par les colonies Angloises, & au nord par des pays deserts & inconnus… Donc, le Canada de l'époque de Jacques Cartier a gagné beaucoup de superficie en 200 ans.
Mais pour les colons français habitant les rives du fleuve, « Canada » devient beaucoup plus qu'une référence géographique ou administrative. Observant leurs particularités par rapport à leurs cousins restés en France, ils commencent à se nommer « Canadiens » ou « Canadois » vers les environs de 1670, et Canada prend ainsi le sens de patrie. Comme les habitants de la colonie voisine de l'Acadie se sont identifiés Acadiens, ceux de Canada s'identifièrent Canadiens. La première mention en français (et non en latin) faisant référence à une identité canadienne[36]propre est bien connue, elle provient d'une lettre de Mère Marie de l'Incarnation datée du 16 octobre 1666. Elle y mentionne « ...nos jeunes François-Canadois... ». Une autre formule distinctive à l'époque est « habitant du Canada ».
Un personnage qui contribua à la diffusion du nom Canada fut nul autre que Voltaire. Celui-ci était en effet très critique de la colonisation du Canada par la France et il écrivit à plusieurs reprises sur le sujet. Sa répartie la plus célèbre demeure celle du philosophe Martin[37], énoncée dans son conte philosophique Candide (début 1759), au chapitre XXIII, relativement à la France et l’Angleterre :
« Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut[38]. »
Une production littéraire et poétique vit le jour en Nouvelle-France et au Canada durant le régime français, ceci étant relativement peu connu. La consultation de diverses œuvres produites au lendemain de la conquête et du Traité de Paris jette une lumière quant à la perception identitaire de ces nouveaux « conquis ». Citons ici de très courts extraits de quelques-uns de ces écrits.
Quand Georges Trois, prit l’Canada [Anonyme, 1763][39] : Courage mes frères canadiens, Prenons notre sort en chrétiens; Sire Louis, Quinze du nom [Anonyme, 1763][40]: Cher Canadien parle hardiment…Comment les Anglais ont-ils pris Québec? Comment Français, Canadiens et Sauvages, Ont-ils manqué d’hardiesse et de courage? Chanson Nouvelle [Mr. Divertissant, 1765][41] : LE PaÏs du CANADA, A beaucoup fait de Fracas; En Canada est arrivé [Anonyme, 1775][42] : En Canada est arrivé, Une chose à remarquer, Les Canadiens vivaient tranquilles, Les Bastonnais ont décidé, De les soumettre à leur contrée.
Puis vint l’étape historique et déterminante de la signature du Traité de Paris (10 février 1763) qui fit un usage bien précis du terme « Canada » à sept reprises. Ce document fut de nature très officielle puisque signé par les plénipotentiaires des rois des trois plus grandes puissances occidentales de l’époque : la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne[43]. Un traité qui confirme officiellement par son contenu l’existence d’un pays français appelé le Canada et traite aussi du sort spirituel de ses habitants catholiques (donc sous-entendu français). Paradoxalement, ce même document confirme aussi sa disparition en tant que territoire français.
L’article 4 porte principalement sur l’Amérique du Nord. Ainsi, il est dit :
« Sa Majesté Trés Chretienne cede & garantit à Sa dite Majesté Britannique, en toute Proprieté, le Canada avec toutes ses Dependances… »
Un peu plus loin il est mentionné :
« De son Coté Sa Majesté Britannique convient d'accorder aux Habitans du Canada la Liberté de la Religion Catholique. »
Cette dernière concession eut un impact important quant à la survivance du français en Amérique du Nord.
Les autres articles traitent de territoires aux Antilles, en Floride, en Amérique du Sud, en Europe et aux Indes orientales. De façon surprenante, le terme « Nouvelle-France » n’est jamais mentionné. On a vu un peu plus haut que le mot Canada était déjà devenu plus ou moins son synonyme depuis des années.
Le mot désigna par la suite deux colonies britanniques, le Haut-Canada et le Bas-Canada, qui ont été réunifiées en 1841 en la Province du Canada, ou plus communément appelée le Canada-Uni[11].
En 1864, le projet de fédérer plusieurs colonies de l'Amérique du Nord britannique pour former un pays démarre. Lors de la Conférence de Londres, plusieurs noms sont proposés pour désigner le nouveau pays qui allait naître (par exemple Tuponia), et parmi ces diverses propositions, le nom « Canada » est suggéré en février 1867, approuvé et adopté par l'ensemble des délégués. Le , trois colonies de l'Empire britannique se fédérèrent et le nouveau pays devient officiellement le Canada.
La désignation en forme longue est « Dominion du Canada » (en anglais, Dominion of Canada)[44]. Toutefois, le gouvernement fédéral utilise la plupart du temps la simple désignation en forme courte « Canada » sur les divers traités et documents d'État. Ainsi, le mot « dominion » n'apparaît pas dans la loi constitutionnelle de 1982, bien que n'étant pas officiellement supprimé[45]. Par la même occasion, le nom de la fête nationale, la « Fête du Dominion » (en anglais Dominion Day, littéralement le « Jour du Dominion »), est changé en « Fête du Canada » (en anglais Canada Day, le « Jour du Canada »)[45].