Chișinău
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Chișinău, également orthographiée Chisinau (prononcé en roumain[2] : /ki.ʃi.ˈnəw/ Écouter), est la capitale de la république de Moldavie et la ville principale de la Bessarabie, qui est une partie de la région historique de Moldavie.
Chisinau
Chișinău Kișinöu (gag) | |
Héraldique |
Drapeau |
Administration | |
---|---|
Pays | Moldavie |
Maire | Ion Ceban |
Code postal | MD-20xx |
Plaque d'immatriculation | C |
Indicatif | 22 |
Démographie | |
Gentilé | Chisinovien, Chisinovienne[1] |
Population | 492 894 hab. (2011) |
Densité | 4 107 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 00′ 00″ nord, 28° 55′ 00″ est |
Altitude | 85 m |
Superficie | 12 000 ha = 120 km2 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.chisinau.md |
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Étymologie
Les hypothèses linguistiques placent l’émergence du nom et de la localité dans le contexte des attaques des Tatars contre la principauté de Moldavie, alors alliée de la Hongrie. En 1436, sur le flanc (ou côté) sud de la grand-route qui longe la rive droite de la rivière Bîc, menant du Khanat de Crimée (et avant, de la Horde d'or) vers le cœur de la principauté, le prince Iliaș posta un fortin de soldats Sicules (Magyars de Transylvanie) pour faire face aux attaques venues de l’Est. Les fondations de ce fortin supportent l’actuelle église de Mazarache. Dans les langues oghoures, « flanc » ou « côté » se dit yänäk[3] et le nom sicule Kis-Jenő (/ˈkiʃ.jɛ.nøː/, Chișinău en moldave[4]) signifierait donc « le petit flanc ».
Durant la période communiste, l’étymologie qui a été proposée par les philologues soviétiques combinait le tatar kychla (« hivernage ») au moldave nouă (« nouvelle »)[5] mais cette thèse a été abandonnée depuis. Une autre étymologie, proposée par le philologue roumain Iorgu Iordan, partait des mots magyars Kis-Jenő interprétés par lui comme signifiant « petite-source » ou « petit-Eugène ».
Orthographe et translittération
Pendant les périodes russe (1812-1917) et soviétique (1940-1941 et 1944-1991), Chișinău était désignée par le nom russifié de Кишинёв (Kichinev), utilisé dans les textes français entre 1945 et 1991. Cette forme est encore utilisée dans les pays de la Communauté des États indépendants et par l’Association du transport aérien international (IATA).
En France, la Commission nationale de toponymie recourt à l’orthographe diacritée Chișinău[6] tandis que la Commission d'enrichissement de la langue française recommande Chisinau[1].
Chișinău se situe au centre de la République de Moldavie. La municipalité se situe sur sept collines et s’étend sur 120 km2.
Structure géologique
La ville est située dans la partie centrale du plateau moldave, structure géologique de l’Europe du Sud-Est dont le socle est constitué de boucliers de granit et de gneiss protérozoïques et paléozoïques (boucliers pannonien, moesien et moldave) d'une profondeur d’env. 1 150 m en dessous du niveau de la mer. La partie supérieure de la stratigraphie de cette structure est représentée par des roches sédimentaires du Silurien précoce, Dévonien, Mésozoïque (avec localement des hiatus (de)), Paléogène et Néogène. L’érosion récente entaille l’argile, le lœss, les sables et calcaires lacustres du Cénozoïque supérieur. Du nord au sud, la ville est traversée par une couche de récifs marins tropicaux développés au Sarmatien (équivalent local du Miocène moyen et supérieur). Des couches d'argile, lœss et de sable sont présentes dans toute la ville, à une profondeur de 2 à 30 m. Sur les pentes de la vallée de la rivière Bîc se trouvent des terrasses alluviales d’une largeur allant jusqu’à 1,3 m. Des perturbations tectoniques mineures (glissements de terrain à la suite de la déglaciation post-würmienne ou à des séismes) ont été enregistrées au nord-ouest de la ville.
Les richesses minérales
Sur le territoire de Chișinău et de ses environs se trouvent de nombreux gisements de matières premières utilisées pour la construction : de la chaux, du calcaire, de la pierre brute, de l'argile, du sable, du gravier. Cinq carrières de pierre et de chaux sont exploités : Mileștii Mici, Chișinău, Făurești, Goian, Cărămida. Les tuiles sont fabriquées à partir de matières premières extraites des carrières de Bubuieci et Mileștii Mici et à partir de sable, de galets et de gravier extraits à Cobușca et Vadul-lui-Vodă.
De même, dans la ville sont exploitées d’autres ressources qui sont utilisées dans la production de semi-conducteurs, l’industrie de la microélectronique. L’exploitation des gisements de ces mines est effectuée par la société Mezon (orthographe phonétique du français « maison »).
Hydrographie
Les cours d’eau coulant à Chișinău font partie du bassin hydrographique du Dniestr. Le plus important est le Bîc, rivière d’une longueur de 155 km, affluent du Dniestr à 1 km du village Gura Bîcului dans le district d’Anenii Noi.
Les réserves d’eau souterraine de la municipalité de Chișinău permettent l’approvisionnement partiel de l’eau potable dans la ville. Sur la quantité totale d’eau utilisée, 20 % provient des eaux phréatiques situées dans les couches du Sarmatien. Ce sont des eaux minérales utilisables pour le traitement des maladies gastro-intestinales.
Dans la banlieue, les réservoirs d’eau de la ville ont été creusés dans les villes de Ghidighici et Ialoveni, au milieu de bases de loisirs.
Au début des années 1950, dans la vallée des Moulins (Valea Morilor) au sud-ouest de Chișinău a été créé un lac de barrage baptisé Komsomol (aujourd’hui Valea Morilor) d’une superficie est de 34 hectares. Autour, une allée circulaire de 2,5 km du parc de Valea Morilor fait le tour du lac, sur lequel les Chisinéens font du canotage et de la voile.
La partie centrale du parc de la vallée des Roses (Valea Trandafirilor), parc situé à Botanica, est aussi décorée de lacs et d’une cascade. L’étendue d’eau est de 9 hectares.
Le parc Izvor s’étend sur 150 hectares : créé en 1972, il est également composé de cascades et d’étangs.
En tout, il y a 23 lacs répartis autour du centre-ville, offrant à Chișinău des espaces de loisir et de détente.
Climat
Le climat de Chișinău est tempéré continental, la ville est située dans la zone « Dfb ». En hiver la température moyenne descend jusqu’à −2,5 °C en janvier et l’été elle grimpe jusqu’à 20,8 °C en juillet. La neige recouvre le sol en moyenne 63 jours par an. L’été est la saison qui reçoit le plus de précipitations, sous forme d’orages principalement.
- Température record la plus froide : −28,9 °C (février 1954)
- Température record la plus chaude : 39,4 °C (juillet 1907)
- Nombre moyen de jours avec de la neige dans l'année : 53
- Nombre moyen de jours de pluie dans l'année : 128
- Nombre moyen de jours avec de l'orage dans l'année : 33
- Nombre moyen de jours avec tempête de neige dans l'année : 3
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −4,2 | −3 | 0,7 | 6,3 | 11,8 | 15,9 | 17,9 | 17,5 | 12,5 | 7,1 | 2,1 | −2,5 | 6,8 |
Température moyenne (°C) | −1,8 | −0,2 | 4,5 | 11 | 16,8 | 20,7 | 22,9 | 22,6 | 17 | 10,8 | 4,8 | −0,2 | 10,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 1,1 | 3,4 | 9,2 | 16,4 | 22,3 | 26,1 | 28,4 | 28,3 | 22,3 | 15,5 | 8,1 | 2,7 | 15,3 |
Record de froid (°C) date du record |
−28,4 1963 |
−28,9 1954 |
−21,1 1917 |
−6,6 1904 |
−1,1 1915 |
3,6 1911 |
7,8 1908 |
5,5 1966 |
−2,4 1977 |
−10,8 1912 |
−21,6 1892 |
−22,4 1946 |
−28,9 20/2/1954 |
Record de chaleur (°C) date du record |
15,5 1971 |
20,7 1990 |
25,7 1994 |
31,6 1899 |
35,9 1950 |
37,5 2012 |
39,4 2007 |
39,2 2012 |
37,3 1946 |
32,6 1952 |
23,8 2019 |
18,3 1903 |
39,4 19/7/2007 |
Ensoleillement (h) | 75 | 80 | 125 | 187 | 254 | 283 | 299 | 295 | 226 | 169 | 75 | 58 | 2 126 |
Précipitations (mm) | 36 | 31 | 35 | 39 | 54 | 65 | 67 | 49 | 48 | 47 | 43 | 41 | 555 |
dont neige (cm) | 7 | 6 | 3 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 3 | 20 |
Nombre de jours avec précipitations | 8 | 7 | 11 | 13 | 14 | 14 | 12 | 10 | 10 | 11 | 12 | 10 | 132 |
Humidité relative (%) | 82 | 78 | 71 | 63 | 60 | 63 | 62 | 60 | 66 | 73 | 81 | 83 | 70 |
Nombre de jours avec neige | 13 | 13 | 8 | 1 | 0,03 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0,4 | 5 | 11 | 51 |
Nombre de jours d'orage | 0,1 | 0,04 | 0,3 | 2 | 5 | 7 | 8 | 6 | 2 | 1 | 0,2 | 0,1 | 32 |
Nombre de jours avec brouillard | 7 | 6 | 4 | 2 | 1 | 1 | 0,3 | 0,4 | 1 | 4 | 7 | 7 | 41 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
1,1 −4,2 36 | 3,4 −3 31 | 9,2 0,7 35 | 16,4 6,3 39 | 22,3 11,8 54 | 26,1 15,9 65 | 28,4 17,9 67 | 28,3 17,5 49 | 22,3 12,5 48 | 15,5 7,1 47 | 8,1 2,1 43 | 2,7 −2,5 41 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Voies de communications et transports
L’agglomération possède un réseau de bus et de trolleys, avec une vingtaine de lignes. Le transport urbain est en outre assuré par des taxis collectifs suivant des trajets précis mais s’arrêtant à la demande.
Une gare ferroviaire internationale permet des connexions vers Bucarest, Kiev, Minsk, Moscou, Odessa, Samara, Varna et Saint-Pétersbourg. Des lignes interurbaines d'autocars desservent les autres principales villes du pays et des lignes internationales relient Chișinău à Odessa en Ukraine et Bucarest en Roumanie.
L’autoroute M14, qui relie les villes ukrainiennes d’Odessa au sud-est, à Cernăuți au nord-ouest, traverse la Moldavie et passe au nord-est de Chișinău[9].
Chișinău possède un aéroport international d’une capacité de 1 200 000 passagers par an, dont le code IATA est KIV[10]. L’aéroport comporte une piste de 3 kilomètres.
Des origines roumaines
À l’abri du fortin de Kis-Jenő s’éleva aux alentours du XVe siècle la bourgade moldave de Chișinău où les paysans et les viticulteurs des environs tenaient marché. Les historiens n’ont pas de réponse précise quant à la date où commence l’histoire de la ville, mais le nom Кішіɴъȣ (Chișinău) est mentionné dans une charte, datée du , d’Alexandre le Bon, prince de Moldavie succédant à Iliaș.
Il est probable que l’histoire de la ville commence avant cette époque mais elle ne se distinguait pas encore des villages alentour. Un certain nombre de documents datant de XVIe et XVIIe siècles présentent le bourg, orthographié Кішіɴъȣ, Kischenau, Kiszinou ou Chiscinao, comme un simple marché sans rôle politique. Dans les anciennes cartes de la principauté de Moldavie, comme sur la carte de Reychersdorffer de 1541 ou celle Iacobo Castaldo en 1584, Chișinău n’apparaît pas, alors que figurent des villes comme Orhei, Tighina (Teghenaccio), Lăpușna (ro), Soroca ou Hotin. Toutefois, le bourg prend de l’importance au fil des siècles car les différends fonciers portant sur des sources, des moulins à vent ou à eau, initialement arbitrés par les magistrats moldaves de Lăpușna (ro), capitale du Ținut (comté moldave) dont dépendait Chișinău, le sont ensuite par les princes de Moldavie eux-mêmes, et finalement par l’Assemblée moldave (Sfatul domnesc) : ainsi, le prince de Moldavie Vasile Lupu envoie, le , les principaux magistrats de Lăpușna « au village de Chișinău pour y faire justice ». L’extension du bourg au-delà de ses premières limites provoque les plaintes des villageois voisins[11].
Chișinău, présentée par les voyageurs comme une ville médiévale à l’aspect rural, a brûlé en 1739, 1788, 1789 et 1793, au point qu’une partie de la population a été contrainte de migrer à Buiucani. Malgré les incendies, les rues irrégulières et les logis dispersés, malgré les guerres russo-turques, malgré les rivalités voisines, la ville continue de se développer et englobe les villages alentour.
Un développement sous influence russe
Le traité de Bucarest de 1812 scelle la partition de la Moldavie (toujours d’actualité au début du XXIe siècle) et l’annexion de sa moitié orientale par l’Empire russe qui en fait son gouvernement de Bessarabie, dont Chișinău devient la capitale sous le nom russifié de Kichinev (en russe : Кишинёв, également transcrit Kichiniov). En fait, pour donner une capitale impériale à leur nouvelle province (dirigée au début de manière autonome et selon le droit moldave par le hospodar Scarlat Sturdza (ro)), les autorités russes adjoignent cinq villages voisins au bourg de Chișinău (initialement situé autour de la butte où s’élève l’église Măzărache) : Buiucani-Vovinţeni fusionnés, Hrușca, Visterniceni, et ultérieurement Râșcani et Muncești. Ce regroupement en une seule municipalité s’accompagne de la construction, sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave, d’une ville nouvelle en damier peuplée de colons venus de tout l’Empire russe : russes bien sûr (surtout fonctionnaires et militaires), mais aussi ukrainiens (ouvriers, jardiniers), juifs (commerçants, artisans), arméniens (idem), allemands (charpentiers, menuisiers, maçons…) ou polonais (idem)[12].
En 1834, est établi un plan hippodamien pour la nouvelle ville, aux rues se coupant à angle droit. L’un des principaux architectes de la seconde moitié du XIXe siècle est Alessandro Bernardazzi (Alexandru Bernardați en moldave, Александр Осипович Бернардаций en russe), d’origine tessinoise mais né en Russie, auteur entre autres de l’Hôtel de ville de Chișinău).
Durant le XIXe siècle, les Russes construisent des casernes, des bâtiments administratifs, une cathédrale russe et le chemin de fer pour écouler les produits agricoles vers Odessa. Après plusieurs années de sécheresse, la situation économique se dégrade ; en 1903 et 1905 ont lieu deux pogroms, prélude aux assassinats de Juifs[13] pendant la Seconde Guerre mondiale, une trentaine d'années plus tard. La population de la ville reste très cosmopolite jusqu’en 1940 (avec de nombreux réfugiés russes blancs, juifs, grecs fuyant l’URSS, ukrainiens fuyant la famine et arméniens fuyant l’Asie mineure, pris en charge par l’Office international Nansen pour les réfugiés)[14]. Les déportations et les massacres des années 1940-1950 par les régimes fasciste roumain et stalinien soviétique diminuent la population ; cette diminution est numériquement compensée à partir de 1945 par l’afflux de Russes, Ukrainiens et Juifs venus de toute l’URSS et de Moldaves venus de la campagne environnante[15].
Capitale de la Moldavie indépendante
Lors de la dislocation de l'URSS et de l’indépendance de la Moldavie en 1991, Chișinău devient la capitale de la Moldavie indépendante.
C’est alors et depuis lors la plus grande ville moldave, avec 752 000 habitants en 2002 et 469 000 habitants en 2014, et un important centre industriel et tertiaire (commerces, services).