Chopped and screwed
technique de remix de la musique hip-hop / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Le chopped and screwed (screwed and chopped ou slowed and throwed) désigne une technique de remix du hip-hop lancée dans les années 1990 dans la scène hip-hop de Houston, aux États-Unis. Elle s'effectue par le ralentissement du tempo entre 60 et 70 battements par minute et par l'usage de techniques telles que le scratching, le stop-time (en), et la modification d'une partie d'une chanson pour en faire une version « hâchée » (chopped-up). DJ Screw est très largement reconnu pour avoir lancé le genre chopped and screwed[2]. La technique clé de DJ Screw est de jouer le même morceau sur les deux platines avec un écart d'un temps (noire) en bougeant rapidement le crossfader d'un côté à l'autre. Cela crée un effet dans lequel les mots ou les sons sont répétés dans la musique, mais gardent toujours le même tempo.
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Contexte
Dans les années 80, le rap du sud des États-Unis est réputé pour être majoritairement uptempo, comme la Miami Bass. À Houston, il y a, dès les années 80, des rappeurs qui posent sur des tempos lents, comme les Geto Boys.
L'une des composantes du chopped and screwed et de ralentir des morceaux hip-hop. Cette pratique a été initiée en Floride par des DJ de sound-system comme Disco Dave[3]. Les Chopstars reconnaissent que la pratique du ralentissement de la musique vient de Floride, probablement de Tampa[4].
Années 90
Le courant chopped and screwed nait de la pratique de DJ Screw, qui enregistre des tapes de hip-hop ralenties à partir du début des années 90[3]. Son cousin Big Bub raconte que le premier morceau que DJ Screw aurait ralentie est un disque de Mantronix, lors d'une soirée en 91[5]. D'autres témoignages rapportent que DJ Screw essayait alors de reproduire la sensation de la consommation de lean sous forme sonore[6].
Autour de 92-93, DJ Screw commence à commercialiser des tapes de hip-hop en version chopped and screwed. Vendues à 10 dollars pièces, ces tapes parfois appelées "Gray Tapes" à cause de la couleur grise des cassettes, deviennent très populaires localement[3]. La plus vendue se serait écoulée à plus de 50 000 exemplaires[5]. Pour quelques dollars de plus, les acheteurs pouvaient choisir les morceaux de la tape, et enregistrer des dédicaces directement sur la tape. Les dédicaces vont bientôt devenir des freestyles, et un crew de rappeurs se forment autour de DJ Screw : Screwed Up Clique[5].
Au départ, le courant chopped and screwed met en avant les rappeurs de Houston Sud, mais au cours des années 90, Michael "5000" Watts initie un mouvement chopped and screwed à Houston Nord, avec des artistes comme Paul Wall et Mike Jones. Watts a contribué à populariser le mouvement hors de Houston, via des passages radio et à sa pratique de DJ de soirées[5].
À la fin des années 90, DJ Screw va lancer un label Screwed UP Entertainement, et un magasin Screwed Up Records and Tapes où se vendent les cassettes de son label. DJ Screw meurt en 2000, ce qui endeuille le mouvement[3].
Années 2000 et suite
Alors que l'on entre dans les années 2000, le son chopped and screwed s'est déjà popularisé dans le sud des états unis, à Atlanta, Miami et dans la Nouvelle-Orléans. Après la mort de DJ Screw, le chopped and screwed va continuer à se populariser. À Memphis, la Three Six Mafia commence a sortir des versions alternatives de leur albums, en versions chopped and screwed (préparée par Michael Watts). Le rappeur Slim Thug signe des albums 100% chopped and screwed et en 2003 David Banner devient le premier rappeur a sortir un projet chopped and screwed chez une major[5].
Au cours des années 2000, le son chopped and screwed s'infiltre dans d'autres genres de musiques, notamment le RNB avec le morceau "Oh!" de Ciara et Ludacris[5], ou "Chopped and Skrewed" de T-Pain. Ce dernier sera joué en live lors de l'émission Saturday Night Live, assurant une portée nationale.
The Chopstars
Au cours des années 2000 un collectif de DJ et producteurs de chopped and screwed se forment sous la bannière du label Swishahouse. Considéré comme le nouvel ambassadeur du genre, ce collectif, appelé The Chopstars, publie des versions retravaillées d'albums déjà parus[7]. Ils travaillent avec Chamillionaire en 2005[5] puis avec Drake sur son album Take Care et d'autres comme Megan Thee Stallion,[8] Don Toliver, Beyoncé, Frank Ocean, Brent Faiyaz, Thundercat[9] ou 21 Savage.
Le film Moonlight de Barry Jenkins comporte du chopped and screwed dans sa bande son, ce qui a amené le son à une nouvelle audience[10]. Les Chopstars ont signé une version chopped and screwed de la bande son complète de Moonlight[11] et d'If Beagle Street Could Talk, autre film de Jenkins[12]. Barry Jenkins est membre du collectif The Chopstars.
Future Screw
Au début des années 2010, un nouveau courant apparait sur Soundcloud, le Future Screw, lancée par le producteur Trill Scott Heron. Son idée est d'appliquer les techniques du chopped and screwed sur des productions modernes, de la trap à la musique électronique. Trill Scott Heron est à la tête du collectif de producteur Future Screw Crew[13],[14].
Technique
Le chopped and screwed repose sur deux techniques. La première est de ralentir un morceau, pour donner une apparence plus profonde et grave aux voix, et créer une atmosphère vaporeuse. Le but de DJ Screw était d'imiter la sensation de l'écoute de la musique en consommant du lean[6]. Bien que la technique de ralentissement soit issue de la scène hip-hop de Floride, elle a été rapidement adoptée à Houston. La technique chopped, initiée par DJ Screw, consiste à jouer deux fois le même morceau en le décalant légèrement. Le son se dédouble et se répète, comme une forme de bégaiement[6].
Lean
L'histoire du chopped and screwed est liée au lean, la légende veut que le premier morceau retravaillé par DJ Screw ait été fait après avoir consommé du lean[6]. À Houston, on trouve des traces de consommation de lean chez les musiciens dès les années 60, dans le blues. Les années 90 marquent un retour de la popularité de ce mélange, avec un pic de consommation en 91 et 92[5].La lean est mentionnée dans de nombreux morceaux, noms d'albums et notes liées au chopped and screwed. On la mentionne sous de nombreux noms (Drank, Purple, Lean, Syrup'...), souvent associé avec la couleur violette[15].
Voitures
La musique chopped and screwed est aussi pensée pour accompagner les longs trajets en voiture, décrite comme de la "slow ride music", et qui convient donc à Houston, une ville particulièrement étendue où l'on passe beaucoup de temps à rouler[5]. Les voitures modifiées, surnommées "SLAB" font partie de la culture hip-hop de Houston, et sont donc également liées au chopped and screwed[6].
- (en) Chopped & Screwed: A History : [Page 2], MTV.com. Of course, it wasn't just the slower pace of Southern life that was simpatico with chopped and screwed music. It was also the drug culture springing up in Houston at the time—specifically, the one centering on the consumption of the prescription cough syrup Promethazine, which includes codeine. The elixir goes by a number of names—syrup, drank, Texas tea—and its depressant qualities were the catalyst to an illicit subculture built around its abuse and the lethargic beats of chopped and screwed.
- Briana Cheng, « 10 CHOPPED AND SCREWED SONGS THAT NEVER GET OLD », Pigeons and Planes (consulté le ).
- (en) Lance Scott Walker, DJ Screw: A Life in Slow Revolution, Texas, University of Texas Press, , 312 p. (ISBN 9781477321171, lire en ligne), p. 57
- (en) LBJ, « Interview: OG Ron C »
- (en) Joseph Patel, « Chopped and Screwed : An History », (consulté le )
- (en) Vice, « Screwed In Houston »
- (en) Allison Hussey, « Megan Thee Stallion’s Suga Gets ChopNotSlop Remix Treatment: Listen »
- (en) Brian Kolada, « Thundercat releases chopped and screwed version of his album Drunk »
- (en) Andrew Flanagan, « 'Moonlight' Director Boosts A Chopped And Screwed Version Of Its Soundtrack »
- (en) WILL BUNDY, « Listen To A Chopped And Screwed Mix Of The Moonlight Soundtrack »
- (en) Jordan Darville, « Rap Blog: DaeMoney and Babyface Ray’s reliable excellence »
- (en) StrangeFlow, « What the Fuck is FUTURE SCREW? ((Yes! Free Mixtapes from Trill Scott Heron and 8oh8 »
- (en) Minimz, « ANYONE MAKING "FUTURE SCREW" MUST READ THIS! »
- Julien Perocheau, « Comment les rappeurs sont devenus obsédés par la lean »