Guerre russo-ukrainienne
conflit prolongé entre la Russie et l'Ukraine, commencé en février 2014 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La guerre russo-ukrainienne, souvent appelée guerre d'Ukraine est un important conflit post-soviétique, militaire et diplomatique, opposant l'Ukraine d'une part, à la Russie alliée aux forces séparatistes ukrainiennes pro-russes d'autre part[Note 3]. Elle a commencé en , à la suite de la révolution ukrainienne de 2014, et s'est initialement concentrée sur le statut de la Crimée et de certaines parties du Donbass, internationalement reconnues comme faisant partie de l'Ukraine. Les huit premières années du conflit ont vu l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et la guerre du Donbass (commencée dès 2014 entre l'Ukraine et les séparatistes ukrainiens, militairement soutenus par la Russie), ainsi que des incidents navals, la cyberguerre et des tensions politiques. À la suite du renforcement militaire russe à la frontière entre la Russie et l'Ukraine à partir de la fin 2021, le conflit s'est considérablement étendu lorsque la Russie a envahi l'Ukraine le .
Pour les articles homonymes, voir Guerres russo-ukrainiennes.
Cet article concerne une guerre en cours.
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- Territoire contrôlé par la fédération de Russie (forces armées)
- Territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien (forces armées)
- Territoire contrôlé par la Russie puis récupéré par l'Ukraine
Date |
Depuis le (10 ans, 1 mois et 8 jours)[Note 1] |
---|---|
Lieu |
Ukraine, Russie, Mer noire (avec des retombées en Pologne, Moldavie et Biélorussie) |
Casus belli |
|
Issue | En cours ; la Russie envahit l'Ukraine (au-delà de la Crimée et du Donbass) le |
Changements territoriaux |
Avant l'invasion de l'Ukraine en 2022
Après l'invasion de l'Ukraine en 2022
|
Ukraine
Soutiens : |
Russie
Soutiens : Biélorussie (depuis 2022)[14] |
Volodymyr Zelensky (depuis 2019) Petro Porochenko (2014-2019) Arseni Iatseniouk (2014-2016) Oleksandr Tourtchynov (2014) |
Vladimir Poutine Valeri Guerassimov Denis Pouchiline (depuis 2018) Leonid Passetchnik (depuis 2017) Alexandre Loukachenko |
Ukraine et ses alliés : 4 619 tués[15],[16] 9 700-10 700 blessés[17] 70 disparus[18] 2 768 capturés[19],[20],[21] 9 268 ont rejoint les forces russes après l'annexion[22] 300+ chars T-64[23] |
Russie et ses alliés : 5 768 tués[17],[24][Note 2] 12 700-13 700 blessés[17] |
Victimes civiles :
3 393 tués[26]
7 000-9 000 blessés[17]
Voir Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022 pour les pertes résultant de l'invasion de 2022 (non incluses dans le présent article).
Batailles
Contexte- Odessa
- Troubles pro-russes à Kharkiv (uk)
- Troubles pro-russes à Louhansk (uk)
- Bataille de la rue Rymarska (uk)
- Proclamation de la république de Crimée
- Prise de Donetsk (uk)
- Proclamation de la RP de Donetsk
- Proclamation de la RP de Kharkiv
- Proclamation de la RP d'Odessa (hu)
- Proclamation de la RP de Lougansk
- Affrontements à Odessa du 2 mai (uk)
- Incendie de la Maison des syndicats d'Odessa
Offensive de Kiev (Jytomyr, Kiev)
Offensive du Nord (Tchernihiv, Soumy)
Campagne de l'Est (Donetsk, Louhansk, Kharkiv)
- Avdiïvka
- Marioupol
- Bombardements : de l'hôpital
- du théâtre
- de l'école d'art
- 1re Kharkiv
- Bombardements : en février
- en mars
- en avril
- du bâtiment administratif
- Starobilsk
- Volnovakha
- Izioum
- Donetsk
- Horlivka
- Roubijné
- Vouhledar
- Svitlodarsk
- Popasna
- Marïnka
- Kramatorsk
- Sloviansk
- Kreminna
- Siversk
- Sievierodonetsk
- Bilohorivka
- Bakhmout
- Tochkivka
- Lyssytchansk
- 2e Kharkiv
- Pisky
- Soledar
- Oblast de Louhansk
- (Ligne Svatove-Kreminna
- Serebrianka
- 2e Koupiansk)
- Pavlivka
- Makiïvka
- Contre-offensive de 2023
Campagne du Sud (Mykolaïv, Kherson, Zaporijjia)
Frappes aériennes dans l'Ouest de l'Ukraine
Guerre navale
Débordement
- Attaques en Russie occidentale
- Aéroport de Millerovo
- Sabotages en Russie
- Attaques en Transnistrie
- Sabotage des gazoducs Nord Stream
- Terrain d'entraînement militaire de Soloti
- Explosions en Pologne
- Bases aériennes de Dyagilevo et Engels-2
- Base aérienne de Minsk-Matchoulichtchi
- Crise russo-moldave de 2023
- Incident de drone de 2023 en mer Noire
- Rébellion du groupe Wagner
Massacres
L'origine du conflit remonte au , à la suite de la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne[27]. Des manifestations de grande ampleur (l'Euromaïdan ou la Révolution de la Dignité) se déclenchent alors et aboutissent le à la fuite du président ukrainien Viktor Ianoukovytch, remplacé par décision de l'Assemblée nationale ukrainienne (la Rada de Kiev) par Oleksandr Tourtchynov. Un nouveau gouvernement, dirigé par Arseni Iatseniouk, est mis en place. En réaction, des groupes armés russes prennent le contrôle du Parlement de Crimée, qui élit un nouveau Premier ministre favorable à l'union avec la Russie. Un référendum, organisé sous le contrôle de la Russie, aboutit à un vote favorable au rattachement de la Crimée à la Russie, provoquant une crise diplomatique internationale. Plusieurs autres provinces ukrainiennes à forte population russophone, notamment le Donbass, connaissent des soulèvements similaires et organisent à leur tour des référendums d'autodétermination afin de se séparer du gouvernement ukrainien en place.
Ces derniers évènements débouchent sur la guerre du Donbass, la Russie, pays frontalier, étant accusée de soutenir militairement les insurgés en y menant une guerre hybride[28],[29].
Le , le vol Malaysia Airlines 17 est abattu près de la frontière russo-ukrainienne alors qu'il survole le Donbass. La destruction de cet avion civil amplifie la crise diplomatique, l'armée ukrainienne et les séparatistes ukrainiens s'en accusant mutuellement. Une enquête identifie les tireurs comme appartenant à l'armée russe[30],[31], pourtant censée ne pas être présente sur le terrain.
Le , dans le cadre de la crise russo-ukrainienne de 2021-2022, le président russe Vladimir Poutine annonce la reconnaissance russe de l'indépendance des « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et les forces armées russes pénètrent dans l'Est de l'Ukraine contrôlé par les républiques séparatistes[32],[33]. Le au soir, Poutine annonce lancer une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Dans la nuit du 23 au 24, le territoire ukrainien est bombardé et les troupes russes commencent l'invasion générale du territoire ukrainien[34].
Les Russes occupent rapidement l'oblast de Kherson et une grande partie de l'oblast de Zaporijjia lors d'une offensive au Sud qui réussit, mais sont repoussés lors d'offensives infructueuses contre Kiev et contre Kharkiv. Les Russes occupent Marioupol après une bataille de trois mois, prenant le contrôle de toute la côte de la mer d'Azov. Une nouvelle offensive du Donbass fait passer l'oblast de Louhansk sous contrôle russe.
L'invasion provoque la réaction des pays de l'Occident, menant à l'isolement sans précédent de la Russie par la mise en place progressive de milliers de sanctions notamment économiques. Les membres de l'OTAN — principalement les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni — et les pays de l'Union européenne, soutiennent l'Ukraine au moyen d'une assistance économique et militaire massive comprenant notamment des livraisons d'armements et de munitions de toutes sortes ainsi que des aides à la formation technique et militaire des nouveaux combattants ukrainiens mobilisés en grand nombre.
À la chute de l'URSS, l'Ukraine, comme la Russie ou d'autres États de l'Europe de l'Est, connait un fort développement de la corruption dans tous les rouages de la société, et la mainmise d'oligarques sur l'économie et le pouvoir. Ces oligarques bénéficient d'une impunité qui révolte la population (entre autres, l'affaire Oksana Makar[35]). La population aspire à plus de justice, y compris économique.
Statut de la Crimée
Le , le Præsidium du Comité central du Parti communiste décide de transférer la Crimée de la république socialiste fédérative soviétique de Russie à la république socialiste soviétique d'Ukraine[36]. Le , le Præsidium du Soviet suprême de l'URSS transféra la Crimée de la Russie à l'Ukraine[36]. Bien que la ville de Sébastopol — qui avait cessé de faire officiellement partie de la région administrative de Crimée en 1948 — ne soit pas spécifiquement mentionnée dans les documents, elle devient une partie de la république soviétique ukrainienne avec le reste de la péninsule de Crimée. Sébastopol devient — comme Kiev — une ville à statut spécial, un statut mentionné explicitement dans la Constitution ukrainienne de 1978 (uk)[36]. L'île de Touzla — au milieu du détroit de Kertch et comprise dans la région de Crimée — est également reconnue comme faisant partie du territoire de la république soviétique ukrainienne[36].
L'initiative est venue de Nikita Khrouchtchev, même si le président du Præsidium et successeur officiel de Joseph Staline est Gueorgui Malenkov. La discussion solennelle du 19 février (11e point à l'ordre du jour) dure un quart d'heure. Il n'y a pas de consultation publique en Crimée[36]. En planifiant le transfert, Khrouchtchev avait plusieurs raisons[Note 4]. Formellement, le transfert fait partie de la célébration du 350e anniversaire du traité de Pereïaslav (1654), célébré comme le tricentenaire de l'union de l'Ukraine à la Russie (en)[36].
Le , la Crimée est devenue l'unique république autonome au sein de la RSS d'Ukraine, dans le cadre de l'Union soviétique[36].
Après la déclaration d'indépendance de l'Ukraine du 24 août 1991, le sort de la flotte de la mer Noire de l'ancienne marine soviétique occasionne de nombreux différends. Les officiers des forces terrestres de l'ancienne Armée rouge avaient été relativement facilement répartis entre les nouveaux États indépendants. Les officiers de la marine de la mer Noire reconnaissent que l'Ukraine ne peut pas maintenir une vaste flotte et qu'il y aurait plus d'opportunités de promotion et d'avancement dans la marine russe que dans la marine ukrainienne[36]. La division de la flotte de la mer Noire est le début des appels en Russie au « retour » de la Crimée[36]. Le vice-président russe Alexandre Routskoï est le premier haut responsable de la Russie post-soviétique à préconiser le transfert de la Crimée à la Russie[36]. En 1992, le Soviet suprême de la fédération de Russie adopte une résolution déclarant annulé l'acte de transfert de la Crimée à l'Ukraine. Cette décision continue d'influencer la diplomatie russe[36].
En mars 2008, la Russie a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud vis-à-vis de la Géorgie, une action condamnée par les Occidentaux. Le 13 août 2008, les autorités ukrainiennes imposent des restrictions aux mouvements de la flotte de la mer Noire, impliquée dans la guerre russo-géorgienne[37]. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dénonce lors d'un entretien à Europe 1 la campagne russe en Géorgie, notant qu'« il y a d'autres objectifs que l'on peut supposer être les objectifs de la Russie, en particulier la Crimée, l'Ukraine, la Moldavie »[37],[38],[39],[40]. Son homologue, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accuse Kouchner d'une « imagination malade »[41],[38]. Fin , pendant la guerre russo-géorgienne et en prévision d'un sommet ministériel européen extraordinaire à Bruxelles, le journaliste Thomas Roth de l'ARD allemande réalise une interview de Poutine[42],[43],[44],[45],[46],[47],[48],[49]. Roth demande si Sébastopol et la Crimée seront le prochain objectif de la Russie. Poutine le nie et déclare : « La Crimée n'est pas un territoire contesté. Il n'y avait pas de conflit ethnique là-bas, contrairement à l'Ossétie du Sud et à la Géorgie. Et la Russie a depuis longtemps reconnu les frontières de l'Ukraine d'aujourd'hui. Nous avons essentiellement mis fin à nos discussions sur les frontières. Il s'agit de questions de démarcation, mais ce sont des choses techniques. Pour moi, la question d'objectifs similaires de la Russie envers l'Ukraine ressemble à une provocation »[trad 1],[44],[43],[45],[46],[47],[48],[49].
Statut de l'île de Touzla et du détroit de Kertch
Le détroit de Kertch est le seul débouché de la mer d'Azov vers la mer Noire, et donc stratégiquement important pour la Russie et l'Ukraine. Au milieu du détroit se trouve l'île de Touzla, plus proche toutefois du côté russe que du côté de la Crimée, mais qui n'y est plus rattachée depuis 1925, lorsque la mer a provoqué l'érosion totale de l'isthme. Depuis 1954, l'île de Touzla fait partie de la RSS d'Ukraine, avec le reste de la région de Crimée. En conséquence, toute la partie navigable du détroit appartient aux eaux territoriales de l'Ukraine conformément au droit de la mer. Certains politiciens russes contestent cela, affirmant que Touzla est en fait un cordon littoral (en russe : коса, kosa), et donc une partie du continent russe. Si l'île devait faire partie du continent russe, la frontière maritime russo-ukrainienne passerait par le milieu du détroit de Kertch[36].
Les autorités du kraï de Krasnodar en Russie commencent à construire une chaussée reliant le territoire russe à Touzla, entraînant le crise frontalière d'octobre 2003. Pendant un certain temps, les gardes-frontières se sont fait face de l'autre côté du détroit et la situation ressemblait à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud[36]. Le président ukrainien Leonid Koutchma autorise à tirer pour tuer si les Russes tentent de prendre le contrôle de l'île[50]. La crise est résolue, le statut de Touzla ne change pas. Les deux gouvernements conviennent de l'utilisation conjointe du détroit de Kertch et acceptent d'exclure les navires de pays tiers sans consentement mutuel. Le président russe Vladimir Poutine accepte d'arrêter la construction, et un accord est trouvé entre Nestor Choufrytch, le ministre ukrainien des Urgences et son homologue russe Sergueï Choïgou[36],[51]. En 2007, l'isthme artificiel incomplet a été érodé. À cette époque, sa construction a de nouveau été suggérée par Oleg Mitvol, chef adjoint du Rosprirodnadzor (en), dans le contexte d'une marée noire en mer Noire[51].
Opinions de Vladimir Poutine sur l'URSS et son effondrement
Selon l'agence de presse russe Tass, Poutine parle depuis des décennies de ми́ны (« mines ») posées au cours de l'histoire de l'Union soviétique. Dans sa première interview publique en 1991, lors de l'effondrement de l'URSS, Poutine décrit les dirigeants de la révolution d'Octobre comme ayant posé une mine sous la Russie. Poutine accuse les Bolcheviks d'avoir « divisé notre patrie en principautés séparées qui n'apparaissaient pas du tout auparavant sur la carte du monde, doté ces principautés de gouvernements et de parlements, et maintenant nous avons ce que nous avons »[trad 2],[52].
En 2016, Poutine accuse Vladimir Ilitch Lénine d'avoir « planté une bombe atomique sous le bâtiment qui s'appelle la Russie, puis elle a explosé »[trad 3],[52],[53]. En 2020, Poutine fait référence à « mine à action retardée, plantée en 1922 lors de la formation de l'Union soviétique »[trad 4] en préconisant les amendements (en) à la Constitution russe de 1993 et le référendum constitutionnel russe, qui, selon lui, renforceraient l'État russe et empêcheraient son effondrement de la même manière que l'URSS[52],[54].
En 2021, dans son essai De l'unité historique des Russes et des Ukrainiens, Poutine décrit le droit des républiques soviétiques à quitter l'Union soviétique comme « la mine à action retardée la plus dangereuse »[trad 5],[52],[55]. En 2022, Poutine déploie à nouveau cette métaphore dans son allocution télévisée du 21 février, Discours concernant les événements en Ukraine (en) : « Du point de vue du destin historique de la Russie et de ses peuples, les principes léninistes de construction de l'État »[trad 6] qu'il considère comme ayant conduit à leur séparation d'avec la Russie, étaient « bien pire qu'une erreur »[trad 7],[52]. Selon Poutine, bien que « sous un régime totalitaire »[trad 8] l'URSS ait maintenu l'unité de l'État, « le bacille de l'ambition nationaliste n'avait pas disparu, et la mine originelle qui avait été posée pour miner l'immunité de l'État contre la contagion du nationalisme n'attendait que ça. Cette mine, je le répète, était le droit de faire sécession de l'URSS »[trad 9],[52],[56].
Au Club Valdaï en , Poutine déclare que « le seul vrai garant de la souveraineté de l'Ukraine ne peut être que la Russie »[trad 10],[57].
Opinions de Vladimir Poutine sur l'Empire russe
En 2008, avant le début de la guerre russo-géorgienne, Poutine et Viktor Iouchtchenko discutent du prochain tricentenaire de la bataille de Poltava. Iouchtchenko appelle à la réconciliation historique entre l'Ukraine et la Russie, notant le cas des relations polono-ukrainiennes et recommandant le film Par le fer et par le feu ; historiquement, les relations étaient sanglantes mais s'étaient améliorées avec des excuses mutuelles. Selon Iouchtchenko, Poutine répond : « Viktor Andriyevich, pourquoi voulez-vous que la Russie s'excuse pour le régime tsariste !? »[58]. Iouchtchenko dit à Poutine qu'ils ne peuvent pas être présents sur le champ de bataille de Poltava sans visiter ensemble le site du massacre de Batouryn[58].
En juin 2022, Poutine compare la guerre russo-ukrainienne à la grande guerre du Nord, qui établit l'Empire russe sous Pierre Ier le Grand : « On a l'impression qu'en combattant la Suède, il s'emparait de quelque chose. Il ne s'emparait de rien, il reprenait. » Se référant aux conquêtes du tsar à Narva et dans la région où il fera construire Saint-Pétersbourg, Poutine a déclaré « Lorsqu'il a fondé une nouvelle capitale, aucun des pays d'Europe ne reconnaissait ce territoire comme appartenant à la Russie. Tout le monde le considérait comme faisant partie de la Suède. Mais depuis des temps immémoriaux, des Slaves vivaient là-bas aux côtés des peuples finno-ougriens. »... « Il reprenait et renforçait »[59],[60]. S'exprimant à Saint-Pétersbourg à l'occasion du 350e anniversaire de Pierre le Grand, Poutine conclut : « Apparemment, il nous incombe aussi de reprendre et de renforcer »[59],[60]. En décembre 2022, après les invasions et annexions de la Crimée et des oblasts de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson, Poutine se vante d'avoir fait de la mer d'Azov une mer intérieure russe, une ambition qu'il partageait avec Pierre le Grand[61].
Politique et économie de l'Ukraine
Depuis 1991, les États-Unis financent des groupes politiques pro-européens en Ukraine par l'intermédiaire d'ONG comme la Fondation Carnegie pour la paix internationale[62]. La diplomate américaine Victoria Nuland, représentante du Bureau des affaires européennes et eurasiennes (en) à Washington, indique que ce financement a dépassé 5 milliards de dollars entre 1991 (date de l'indépendance de l'Ukraine) et 2013[63],[64]. D'après le site de « factchecking » Politifact, qui s'appuie sur les précisions de la porte-parole du département d'État des États-Unis Nicole Thomson, ce montant inclut notamment le soutien à la croissance économique (1,1 milliard de dollars), l'assistance humanitaire (300 millions), la lutte contre le trafic de drogue. Il ne s'agit donc pas du financement « à des groupes politiques pro-européens », mais des financements sur des soutiens économiques, sociaux et d'appui à la démocratie[65].
Alors que l'Ukraine est proche du défaut de paiement et qu'elle enregistre de plus une récession de 2 % en 2013[66], il lui reste, fin , 18,79 milliards de dollars de réserves de change et elle doit en 2014 rembourser 7 milliards de dollars à ses créanciers, la Russie lui réclamant par ailleurs 17 milliards de dollars de facture de gaz naturel[67]. Le , le président russe Vladimir Poutine annonce la levée des barrières douanières entre l'Ukraine et la Russie, ainsi que son intention de baisser le prix de son gaz et de proposer au gouvernement ukrainien un prêt de 15 milliards de dollars[68]. Lors des négociations entre l'Union européenne et l'Ukraine, le premier ministre ukrainien Mykola Azarov avait demandé à l'Union européenne un prêt de 20 milliards d'euros, qui lui fut refusé, l'Union européenne promettant néanmoins une aide financière.
Selon un sondage en , 44,7 % de la population ukrainienne s'était dite favorable à une adhésion de leur pays à l'UE tandis que 35,2 % des sondés s'y étaient dits opposés[69]. Les sondages effectués portant sur l'adhésion à l'Union européenne et non sur un accord d'association avec elle, des citoyens ont pu être induits en erreur sur les enjeux de cet accord d'association.[réf. nécessaire]
Les présidents élus successivement ne réduisent pas significativement la corruption, voire l'aggravent[réf. nécessaire] : ainsi le fils du président Viktor Ianoukovytch devient en un an l'homme le plus riche d'Ukraine[70]. Ianoukovytch est considéré très corrompu[71].
En août 2012, Ianoukovytch, qui parle mal l'ukrainien, désire faire de sa langue maternelle, le russe, la seconde langue administrative officielle de l'Ukraine, ce qui n'est plus le cas depuis la chute de l'URSS a minima[72]. L'Ukraine utilise alors (et utilise actuellement) une seule langue administrative officielle (l'ukrainien) et reconnait comme légales 13 autres langues dont le russe[réf. nécessaire].
Le Donbass est lui peuplé d'une forte minorité russe (à ne pas confondre avec les ukrainiens russophones), héritage de la conquête par l'empire tsariste, et surtout de l'attraction qu'offrait cette région riche en industries et emplois du temps de l'URSS (environ 1/3 de Russes, 2/3 d'Ukrainiens dont russophones), minorité encore plus forte dans certaines villes (Donetsk, environ 48 % de Russes et 47 % d'Ukrainiens).
Les manifestations naissent de l'échec des négociations entre l'Ukraine et l'Union européenne et du « ras-le-bol » contre la corruption au sommet de l'État.
Dès cet échec, les manifestants demandent le départ de Ianoukovytch, qu'ils accusent d'avoir « vendu le pays pour s'acheter un poste de gouverneur dans l'empire russe »[73]. Sur la place de l'Indépendance, les drapeaux ukrainien et européen se côtoient, montrant l'attrait pour l'Union européenne, perçue comme amenant plus de démocratie et moins de corruption dans un pays qui en souffre[74].