Corée du Nord
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La Corée du Nord (en coréen : 조선 ; hanja : 朝鮮 ; MR : Chosŏn Écouter ou 북한 ; hanja : 北韓 ; MR : Puk'an Écouter), nom usuel de la forme officielle[3],[4],[5] république populaire démocratique de Corée[6] (RPDC ; en chosŏn'gŭl : 조선민주주의인민공화국 et en hanja : 朝鮮民主主義人民共和國 ; RR : Joseon Minjujueui Inmin Gonghwaguk ; MR : Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk Écouter), est un État qui couvre la partie nord de la péninsule coréenne située en Asie de l'Est. Comptant 25,3 millions d'habitants en 2016, soit la moitié de son voisin du Sud, sa capitale est Pyongyang.
Pour les articles homonymes, voir Corée (homonymie).
Ne doit pas être confondu avec République populaire de Corée.
République populaire démocratique de Corée
(ko) 조선민주주의인민공화국
(ko) 朝鮮民主主義人民共和國
(ko-Latn) Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk
(ko-Latn) Joseon Minjujueui Inmin Gonghuaguk
Drapeau de la Corée du Nord |
Emblème de la Corée du Nord |
Hymne | en coréen : 애국가 (Aegukka, « Chant patriotique ») |
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Fête nationale | 9 septembre |
· Événement commémoré |
Territoire revendiqué mais non contrôlé (vert clair)
Forme de l'État |
République De jure État socialiste (juche) à coalition unique De facto dictature totalitaire et héréditaire |
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Revendiqué par | Corée du Sud |
Dirigeant suprême | Kim Jong-un |
Premier ministre | Kim Tok-hun |
Parlement | Assemblée populaire suprême |
Langues officielles | Munhwaŏ et coréen |
Capitale | Pyongyang |
Plus grande ville | Pyongyang |
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Superficie totale |
120 540 km2 (classé 99e) |
Superficie en eau | 0,1 % |
Fuseau horaire | UTC +9 |
Entité précédente | |
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Indépendance | Administration soviétique de la Corée |
Date |
Gentilé | Nord-Coréen, Nord-Coréenne |
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Population totale (2021[1]) |
25 831 360 hab. (classé 51e) |
Densité | 214 hab./km2 |
PIB nominal (2016) | 29,300 milliards USD (96e) |
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Monnaie |
Won nord-coréen (₩) (KPW ) |
IDH (2017) | 0,625[2] |
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Code ISO 3166-1 |
PRK, KP |
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Domaine Internet | .kp |
Indicatif téléphonique | +850 |
Le pays est limitrophe de la Chine (1 416 km de frontières communes) au nord, de la Russie au nord-est (19 km de frontières) et de la Corée du Sud au sud (238 km de frontières). Cette dernière frontière méridionale est bordée de part et d'autre sur 2 km de largeur par la zone démilitarisée (DMZ, pour Demilitarised Zone), qui est en réalité très fortement militarisée, car surveillée au total par plus d'un million de soldats[7]. Le Japon, proche voisin maritime, est séparé de la Corée du Nord par la mer du Japon (que les Nord-Coréens appellent « mer orientale de Corée », ou « mer de l’Est »).
La Corée du Nord est un État avec un « Front uni » dirigé par le Parti du travail de Corée (PTC). L'idéologie officielle du pays est le juche, doctrine fondée sur l'autosuffisance développée par Kim Il-sung, fondateur du régime. Ce régime socialiste fonctionne selon une logique totalitaire[8],[9],[10] et a l'un des plus bas niveaux de droits de l'homme au monde[11] d'après l'ONG américaine Human Rights Watch.
En 1910, la Corée est annexée par l'empire du Japon. Lors de la capitulation japonaise en 1945, marquant un terme à la Seconde Guerre mondiale, la péninsule se trouve divisée en deux zones : le Nord de la péninsule est administré par l'Union soviétique et le Sud par les États-Unis. Les négociations en vue d’une unification des deux zones échouent et, en 1948, des gouvernements distincts sont formés : la république populaire démocratique de Corée (au régime socialiste) au nord et la république de Corée (au régime capitaliste) au sud. Une invasion du Sud de la péninsule par la Corée du Nord conduit à la guerre de Corée, qui dure de 1950 à 1953. L'accord d'armistice est un cessez-le-feu, mais aucun traité de paix n'est signé.
Le fondateur du pays, Kim Il-sung, mort en 1994, a pour successeur son fils Kim Jong-il, auquel succède en 2011 le fils cadet de ce dernier, Kim Jong-un[12], ce qui fait du régime nord-coréen la seule dynastie socialiste de l'histoire[13],[14]. Kim Il-sung — proclamé après sa mort « président éternel »[15],[16] — et ses deux successeurs font l'objet d'un culte de la personnalité dans le pays.
Après la dislocation de l'Union soviétique et une série de catastrophes naturelles, la Corée du Nord subit dans les années 1990 une famine faisant de 600 000 à un million de morts[17],[18],[19]. Kim Jong-il adopte alors la politique du Songun (ce qui signifie « l'armée d'abord »), afin de garantir la sécurité du pays et du gouvernement.
La Corée du Nord est le pays le plus militarisé au monde selon le critère de la proportion de la population sous les drapeaux[20],[21]. Le pays développe un programme spatial[22], et est également accusé de pratiquer de nombreuses activités illicites à l'échelle internationale[23],[24]. La Corée du Nord dispose de l'arme nucléaire depuis les années 1990, et effectue régulièrement des tests de missiles balistiques depuis les années 2010.
Une commission d'enquête de l'ONU en 2014 estime que des centaines de milliers d'opposants politiques ont péri dans des camps pendant les 50 années précédentes, ce que la commission qualifie de crime contre l'humanité, et que de 80 000 à 120 000 prisonniers politiques sont détenus dans les camps au moment de l'enquête[25]. La Corée du Nord est par ailleurs confrontée à de longues périodes de sécheresse qui menacent sa sécurité alimentaire[26].
La forme courte est Corée du Nord[27], Puk Chosŏn (en Hangul 북조선 ; en Hanja 北朝鮮)[28] ; on trouve aussi dans les médias sud-coréens Pukhan (en Hangul : 북한 ; en Hanja : 北韓). La forme longue officielle est république populaire démocratique de Corée (RPDC, Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk ; en Hangul : 조선민주주의인민공화국 ; en Hanja : 朝鮮民主主義人民共和國). Le nom officiel de Chosŏn (Corée, ou Pays du matin frais traduit improprement en Pays du Matin calme) en Corée du Nord correspond à celui de la dernière dynastie indépendante coréenne avant l'invasion japonaise, la dynastie des Yi ou Chosŏn (1392 – 1910). En Corée du Sud, le nom coréen du pays est Hanguk, lequel fait référence au « pays (guk) des Han », nom de populations préhistoriques d'agriculteurs du sud de la péninsule. Quant au nom occidental de Corée, il provient du nom du royaume de Goryeo qui a administré la plus grande partie de la péninsule coréenne de 918 à 1392.
Géographie physique
Le pays se situe en Asie orientale, au nord de la péninsule de Corée, dont il occupe environ 55 % des terres[29]. D'une superficie de 120 538 km2, il est bordé au nord par la Chine (frontière de 1 416 km), au nord-est par la Russie (frontières de 19 km) et au sud par la Corée du Sud (frontières de 238 km). Ses frontières maritimes sont marquées à l'est par la mer du Japon (appelée « mer de l'Est » par les Coréens du Sud et « mer orientale de Corée » par ceux du Nord) et à l'ouest par la mer Jaune, mer bordière de la mer de Chine orientale (laquelle mer de Chine fait partie de l’océan Pacifique). La ville la plus importante est Pyongyang, qui est la capitale ; les autres villes principales sont Ch'ŏngjin, Wonsan, Nampo, Kaesŏng et Hamhŭng. Les principaux fleuves sont le « Amnok » (nommé Yalu en chinois), long de 790 km et le Tumen, dont le cours atteint 521 km, qui est le seul fleuve important à se jeter dans la mer du Japon. Tous deux servent de frontière avec la Chine sur la plus grande partie de leur parcours. En raison de la topographie de la péninsule, les fleuves sont assez courts et peu adaptés à la navigation fluviale[30]. Plus au centre du pays, le Taedong (439 km) arrose Pyongyang et l'Imjin partage son estuaire avec le fleuve Han aux portes de la Corée du Sud. Sur le grand plateau de Kaema, au nord-est du pays, s'élève le mont Paektu (2 750 m), point culminant du pays. Dans le paysage désolé et grandiose du cratère de cet ancien volcan s'étend le lac Chon. Par ailleurs, cinquante montagnes dépassent 2 000 m (pour la plupart situées dans le Hamgyong). Les trois quarts du pays sont montagneux ou constitués de plateaux en majeure partie recouverts de forêts (conifères, chênes, châtaigniers, etc.).
Climat
Le climat est de type tempéré continental, caractérisé par une amplitude annuelle de 35 °C à Pyongyang (la température moyenne au mois de janvier est de −8 °C et celle du mois de juillet est de 28 °C) et des étés chauds et humides. Les précipitations annuelles atteignent 916 mm à Pyongyang et 1 400 mm à Wonsan, sur la côte est. En 1967, 1995, 2006, 2007 et 2016, le pays a été soumis à de très fortes inondations qui ont entraîné de lourdes pertes humaines et matérielles. Le climat est caractérisé par un hiver long, froid, neigeux et un été humide avec une longue période de sécheresse. Les deux tiers des précipitations annuelles interviennent durant l'été, de juin à septembre. À l'automne, les typhons ne sont pas rares[31].
Faune et flore
La faune nord-coréenne fait partie d'un ensemble plus vaste qui regroupe le nord-est de la Chine et l'est de la Sibérie. Elle compte notamment des daims, des antilopes, des léopards, des panthères, des ours bruns et noirs, des tigres (dont le tigre de Corée appartenant à la sous-espèce du tigre de Sibérie), des zibelines, des cerfs et des sarcelles du lac Baïkal. Parmi les espèces avicoles, le pic-vert noir à ventre blanc est propre au nord de la Corée[32]. Pour la flore, la Corée du Nord abrite plusieurs parcs naturels, en particulier dans les régions des monts Chilbo, Paektu, Kuwol, Myohyang et Kumgang[33].
Géographie administrative
La Corée du Nord compte neuf provinces, deux villes sous statut administratif propre et trois régions administratives spéciales.
Neuf provinces
- Kangwŏn, au sud-est (chef-lieu de province : Wonsan, autre ville importante : Kosong), où se situent les monts Kumgang ou Kumgangsan (san signifie montagne en coréen) ;
- Chagang, au nord-ouest, frontalière avec la Chine (chef-lieu de province : Kanggye) ;
- Ryanggang, au nord (chef-lieu de province : Hyesan), le Mont Paektu, point culminant de la Corée du Nord à la frontière sino-coréenne, appartient au Ryanggang ;
- Pyongan du Nord au nord-ouest (chef-lieu de province : Sinŭiju, à la frontière chinoise) ;
- Pyongan du Sud, à l'ouest (chef-lieu de province : Pyongsong, autre ville importante : Kangso) ; les monts Myohyang se situent à la limite de la province du Jagang ;
- Hamgyŏng du Nord (chef-lieu de province : Ch'ŏngjin) à l'extrême nord-est ;
- Hamgyŏng du Sud, au nord-est du pays (chef-lieu de province : Hamhŭng, autre ville importante : le port de Sinpo dans le Sud Hamgyong) ;
- Hwanghae du Nord, au sud du pays (chef-lieu de province : Sariwŏn) ;
- Hwanghae du Sud, à l'extrême-sud-est du pays (chef-lieu de province : Haeju).
Deux villes
Trois régions administratives spéciales
- la région touristique des monts Kumgang ;
- la région administrative spéciale de Sinuiju à la frontière avec la Chine ;
- la zone industrielle de Kaesong, près de la Corée du Sud.
Géographie humaine
Les premiers peuplements de la Corée datent de l'époque paléolithique, il y a plus d'un million d'années. Les premières populations d'hommes modernes, de type Homo sapiens, sont présentes il y a 30 000 à 40 000 ans dans les provinces du Nord Hamgyong et du Pyongan du Sud, situées aujourd'hui dans le nord de la péninsule coréenne. Comme en Europe, en Inde et au Proche-Orient, les hommes y ont édifié des dolmens. Ceux de Corée du Nord datent du Ier millénaire av. J.-C.[34]. L'unité territoriale de la Corée et l'identité morphologique des Coréens sont attestées il y a 7 000 ans[34]. Sur le plan linguistique, le coréen n'a toujours pas pu être relié avec certitude à une autre famille de langues, elle est donc encore considérée comme un isolat. Au niveau de la génétique, les haplogroupes O2 (en) et O3 (en) prédominent[35],[36].
À la suite de la première guerre sino-japonaise, la Corée passe sous la domination de l'empire du Japon[37].
Au lendemain de la capitulation du Japon le , la Corée est déjà séparée en deux : Soviétiques et Américains se font face sur le 38e parallèle. Kim Il-sung, qui avait dirigé l'un des groupes de résistance à l'occupation japonaise, est imposé par les occupants soviétiques en tant que chef du gouvernement provisoire proclamé au nord du pays. Au sud, l'administration militaire américaine organise des élections le , qui conduisent à la proclamation de la « république de Corée » le suivant. Après la tenue à Pyongyang d'une conférence réunissant des organisations du Nord et du Sud en , des élections législatives (organisées clandestinement au Sud) sont tenues le . Le , l'Assemblée populaire suprême proclame la « république populaire démocratique de Corée » à Pyongyang.
Kim Il-sung devient en 1949 le secrétaire général du Parti du travail de Corée, issu de la fusion du Parti du travail de Corée du Nord et du Parti du travail de Corée du Sud.
La guerre de Corée (1950-1953) est déclenchée par l'attaque de la Corée du Sud par la Corée du Nord, après que Kim Il-sung a persuadé Staline et Mao de le soutenir, dans le but de réunifier de force tout le pays sous son égide. Cette guerre, qui entraîne plus de deux millions de morts, dont plus de la moitié au Nord, s'achève par un armistice, en 1953, qui laisse les deux Corées séparées par une zone démilitarisée. Par la suite, la Corée du Nord s'industrialise et cherche à atteindre l'autosuffisance politique, économique et militaire conformément aux principes de la théorie du juche. En l'absence de traité de paix après la guerre de Corée, des tensions internationales émaillent la politique extérieure de l'État nord-coréen. Entre autres, le , des agents du Nord attaquent le palais présidentiel sud-coréen à Séoul et, la même année, un navire-espion américain, le Pueblo, est arraisonné dans les eaux territoriales nord-coréennes. Dans le domaine intérieur, Kim Jong-il, fils du président Kim Il-sung, est préparé officiellement à prendre sa succession dès 1980. Après le décès de ce dernier en 1994, et à la suite d'un deuil national de trois ans conforme à la tradition coréenne après la mort du père, il accède officiellement aux plus hautes fonctions de l'État en 1997. Le , la Corée du Nord a procédé au lancement d'un satellite artificiel, le Kwangmyŏngsŏng 1 depuis un missile balistique Taepodong-1. Malgré l'annonce officielle du succès de ce vol[38], des spécialistes américains affirment n'avoir trouvé aucune trace du satellite et estiment que l'étage supérieur serait tombé en panne avant la mise en orbite[39].
Kim Jong-il encourage des mesures de libéralisation économique depuis 2002, tout en renforçant la capacité militaire du pays, dans un contexte international tendu, en application de la politique de Songun. Le , la Corée du Nord annonce avoir effectué son premier essai nucléaire, augmentant ainsi les tensions envers la communauté internationale. Le , Kim Jong-il décède. Sa succession à la tête du pays est assurée par son fils Kim Jong-un alors âgé de 27 ans[40]. Le , Pyongyang a annoncé avoir lancé une fusée à longue portée depuis son centre spatial de Sohae (dans le nord de la province de Pyongan) et placé en orbite un satellite qui est la deuxième version du Kwangmyongson-3. Ce lancement fait suite à l'échec d' qui avait vu la fusée Unha-3 se désintégrer peu après le décollage et tomber dans la mer[41],[42]. Selon l'astronome Jonathan McDowell, qui suit les lancements de fusées dans le monde, le satellite était sur une orbite un peu plus élevée que celle de la Station spatiale internationale[43].
En 2019, une sécheresse « extrême » risque de provoquer des pénuries alimentaires pour des millions de personnes. Les chutes de pluie et de neige en Corée du Nord sont tombées à leur plus bas niveau depuis 37 ans. Selon un rapport de l'ONU, la Corée du Nord a enregistré en 2018 ses pires récoltes agricoles depuis 10 ans[44].
Démographie
Données démographiques
Selon des données publiées par la CIA, la population nord-coréenne est estimée à environ 24 983 205 habitants en 2015[1], soit une densité d'un peu moins de 204 hab./km2. Environ 61 % de la population est citadine[1]. L'âge médian est de 32,9 ans et 22,4 % de la population a moins de 14 ans, 68,6 % entre 15 et 64 ans et 9,1 % plus de 65 ans[1]. L'indice synthétique de fécondité est estimé en 2011 à 2,02 enfants par femme, pour un taux d'accroissement naturel estimé à 0,538 %. Le taux de natalité est estimé à 14,51 pour mille et celui de mortalité à 9,08 pour mille en 2011. Le taux de mortalité infantile est estimé à 27,1 pour mille en 2011[1], une valeur comparable à celles observées dans les pays du Maghreb[45].
L'espérance de vie en 2011 est estimée à 68,9 ans, ce qui la place après le Bangladesh et juste avant l'Ukraine, soit à la 149e position sur 222 États (pour comparaison l’espérance de vie en Corée du Sud est de 79,05 ans qui la place en 41e position)[46]. De 1990 à 2002, l’état alimentaire et sanitaire du pays s’était considérablement dégradé, du fait de l'aggravation de la situation économique, faisant régulièrement apparaître des risques de famine (voir la section Situation alimentaire).
Accusations d'eugénisme coercitif
Selon le rapport publié en par l'Institut coréen pour l'unification nationale, organisme étatique sud-coréen, le gouvernement de la Corée du Nord aurait pratiqué l'eugénisme et de la stérilisation contrainte : les nains devaient subir une vasectomie et être mis en quarantaine et dans les années 1980, des opérations contraceptives se pratiquaient aussi sur des femmes de moins de 1,50 mètre[47].
Migrations humaines
Les Nord-Coréens n'ont pas le droit de quitter leur territoire sans autorisation, mais il est possible pour le voyageur étranger de visiter, dans un certain cadre, le pays[48]. Des étudiants nord-coréens sont autorisés à faire leur cursus universitaire en France, au Royaume-Uni, en Suisse et dans d'autres pays d'Europe. 93 000 Coréens du Japon favorables à Pyongyang, et appartenant à l'association Chongryon sont venus s'installer dans le pays, principalement entre 1959 et 1962, parfois accompagnés d'un conjoint japonais[49] dans des conditions alors critiquées par l'association Mindan des Sud-Coréens du Japon[50]. La Corée du Nord compte ainsi une petite communauté japonaise estimée à 1 800 personnes. En outre, une minorité chinoise de 50 000 personnes est présente, ainsi qu'une communauté d'origine vietnamienne[51]. Mais depuis plusieurs années le taux d'immigration est extrêmement faible et l'estimation de 2009 est négative. Cela fait de la Corée du Nord un pays très homogène sur le plan ethnique[1]. Au sein de l'importante diaspora coréenne (présente notamment en Chine, aux États-Unis, au Canada, au Kazakhstan), plus d'un tiers des quelque 600 000 Coréens du Japon sont citoyens de la république populaire démocratique de Corée. Ils sont regroupés au sein de l'association générale des Coréens résidant au Japon, généralement désignée par son acronyme Chongryon (nom japonais : Chôsen Soren), lequel peut également être orthographié Chongryun.
Depuis la famine des années 1990, un grand nombre de Nord-Coréens ont fui en Chine en traversant le fleuve Tumen. Beaucoup se cachent dans la zone frontalière. Selon le bulletin La Lettre de Corée de l'association d'amitié Corée-France (favorable à la Corée du Sud et hostile à la Corée du Nord) jusqu'à 300 000 Coréens du Nord « se cacheraient » en Chine et 1 285 réfugiés nord-coréens sont parvenus en Corée du Sud en 2003[52]. Les spécialistes estiment plus vraisemblable le chiffre de 100 000 Nord-Coréens présents en Chine, voire moins, en observant que « l'immigration illégale n'est, par nature, pas enregistrée officiellement » et qu'« une grande partie des mouvements de population le long de la frontière sont légaux, avec des personnes allant travailler ou étudier à l'étranger »[53]. Pour une estimation du nombre de Nord-Coréens présents en Chine inférieure à 100 000 personnes, Tim Beal cite notamment Lee Young-jong et Ser Myo-ja, Pyongyang regime is stable, says top aide on North Korea, dans JoongAng Ilbo, 2004. La fuite de plus de 450 Nord-Coréens arrivés à Séoul le a été qualifiée de « kidnapping planifié et un crime de terrorisme flagrant » par les autorités nord-coréennes[54]. Des Nord-Coréennes, réfugiées en Chine, sont forcées de se prostituer ou sont mariées de force à des paysans chinois. Une Nord-Coréenne est vendue entre 700 et 1 400 €, 2 000 € pour les plus jolies[55],[56].
Depuis les années 1990, plus de 10 000 Nord-Coréens partent chaque année pour l'Extrême-Orient russe dans les camps de déboisement et des chantiers de construction afin de payer la dette nord-coréenne à la Russie[57]. Une résolution adoptée par l'ONU en demande le retour des travailleurs nord-coréens envoyés à l'étranger.
Religions
Les religions pratiquées étaient traditionnellement le bouddhisme et le chamanisme dans une société fondée sur le néo-confucianisme. Le christianisme a commencé à se répandre plus ou moins clandestinement à partir de la fin du XVIIIe siècle depuis la Chine suivi par le cheondoïsme, la religion de la voie céleste initiée en 1860 par Choe Je-U.
Cependant, depuis l'installation d'un régime communiste et la fondation de la république populaire démocratique de Corée dans les années 1940, l'influence des religions a été fortement réduite, éclipsée par le culte de la personnalité voué à la dynastie Kim, par l'idéologie du juche qui ne tolère pas de concurrence et qui est considérée comme une religion[58],[59] et par la persécution organisée par le régime communiste qui, dès sa prise de pouvoir, mena une politique virulente de persécution religieuse[60],[61]. Bien que la liberté religieuse soit garantie par la constitution[62], la Corée du Nord a été considérée pendant près de 20 ans par l'association Portes ouvertes comme le pays du monde où les chrétiens sont les plus persécutés[63].
En 2021, d'après Jacques Leclerc du CEFAN de l'Université Laval — qui met en garde sur les données disponibles — environ 68% de la population serait sans religion. Le pourcentage restant pratique essentiellement des religions traditionnelles de Corée, notamment le cheondoïsme ou, pour 4%, le catholicisme, le protestantisme et le bouddhisme[62].
Dans ce contexte, bien que la liberté religieuse soit inscrite dans la Constitution, elle n'est que théorique et, dans la pratique, les religions n'ont pas de droit de cité en Corée du Nord[64].
Langues et dialecte
Langue officielle
La seule langue officielle de la Corée du Nord est le coréen (en coréen : 조선말, chosŏnmal, litt. « langage ou parole de Chosŏn », en référence à la période Chosŏn).
C'est également la langue officielle de la Corée du Sud et de Yanbian (Chine) bien qu'elle porte une appellation différente et des distinctions.
Caractéristiques linguistiques du coréen
La plupart des linguistes considèrent la langue coréenne comme un isolat[65], bien que quelques-uns la regroupent dans la famille controversée des langues altaïques[66]. Le coréen a cependant plus de locuteurs que tous les autres isolats linguistiques additionnés[67].
Dialectes
L’aire géographique du coréen se partage en 9 zones correspondant chacune à un parler, du Sud de la province du Kilim, en Mandchourie (Chine) à l’île de Jeju. Dans chacune des deux Corées, un parler a été choisi comme langue officielle. La péninsule est extrêmement montagneuse, et le « territoire » de chaque parler correspond étroitement aux frontières naturelles entre les différentes régions géographiques. La plupart des noms des parlers correspondent par conséquent aux régions qu’ils représentent.
Il y a intercompréhension plus ou moins grande entre tous ces parlers, en fonction de la distance, à l’exception de celui de l’île de Jeju. Les parlers de la péninsule ne sont donc pas tous des dialectes.
Le parler de Pyongan - Pyongyang est le parler officiel en Corée du Nord et est parlé à Pyongyang, la région de Pyongyang, et la province de Chagang. Il existe trois autres parlers dans le pays :
Différences avec la Corée du Sud
Depuis la séparation des des Corées, des différences sont apparues entre le coréen parlé en Corée du Sud et celui parlé en Corée du Nord. Les Coréens du Nord ne communiquent pas avec ceux du Sud. La presse sud-coréenne est interdite en Corée du Nord, tout comme les antennes paraboliques. En Corée du Nord, la langue coréenne évolue donc en un isolat.
Appellation
Le coréen de Corée du Nord s'appelle officiellement chosŏnmal (조선말), littéralement « langage ou parole de Chosŏn », en référence à la période Joseon. Le coréen de Corée du Sud s'appelle officiellement han'gugŏ (한국어), littéralement : « langue Han », en référence à l'ethnie Han coréenne à ne pas confondre avec les Hans de Chine.
Le chosŏnmal et le han'gugŏ utilisent le même alphabet appelé chosŏn'gŭl en Corée du Nord et hangeul en Corée du Sud[28].
Orthographe
Il existe deux facteurs à l'origine des différences orthographiques entre le chosŏnmal et le han'gugŏ. Le coréen est une langue agglutinante qui emploie des particules qui viennent se coller aux mots.
Le han'gugŏ emploie des espaces entre les différents termes faisant partie d'un groupe nominal ce qui n'est pas le cas en chosŏnmal. Par exemple le nom officiel de la Corée du nord en chosŏnmal s'écrit 조선민주주의인민공화국 (Chosôndémocratiepopulairerépublique). En han'gugŏ il s'écrit 조선 민주주의 인민공화국 (Chosôn démocratie populaire république)[28].[source insuffisante]
Certaines lettres de l'alphabet coréen se prononcent différemment en Corée du Nord et en Corée du Sud. La Corée du Sud a adapté l'orthographe afin que cela se rapproche plus de la prononciation standardisé sud-coréenne. Par exemple le nom de l'ex-président sud-coréen Roh Moo-hyun s'écrit 노무현 No Mu Hyôn au sud tandis qu'au Nord il s'écrirait 로무현 Ro Mu Hyôn. Les Sud-coréens trouvant la prononciation du R en début de mot difficile, ont peu à peu modifié l'orthographe et ont remplacé les R par des L.
Vocabulaire
Depuis la mise en place de l'idéologie de Juche en Corée du Nord, le régime maintient une ligne politique pro-coréenne et proscrit donc tout ce qui est étranger et met en avant ce qui est coréen. La Corée du Sud, qui est restée longtemps sous la tutelle des États-Unis et qui entretient avec ce pays des relations importantes, notamment au niveau militaire, a très vite intégré des mots d'anglais. Par ailleurs, comme les autres pays voisins de la Chine, elle a intégré au cours de l'histoire beaucoup de vocabulaire dit sino-coréen, originaire des caractères chinois utilisés par la Corée avant l'invention du système alphabétique coréen par Sejong le Grand. La Corée du Nord a donc inventé de nouveaux mots pour se débarrasser des mots sino-coréens et anglais.
Exemple : œsophage se dit 식도 (sikdo) en hangeul de Corée du Sud et provient des caractères hanja 食道. Les nords-coréens ont créé le mot 밥길 (babgil) qui signifie littéralement le trajet/la route de la nourriture et qui signifie par la même occasion œsophage.
Certains nouveaux mot ainsi créés eurent du succès, d'autres ne furent finalement pas utilisés, jugés peu élégants[28].
Francophonie
La présence du français dans le monde de l'éducation en Corée du Nord est un fait. Comme la France n'entretient pas de relations officielles avec le pays, c'est actuellement la Suisse qui comble la demande de celui-ci en termes de ressources francophones dans le monde de l'éducation[68].
De plus, cette présence de la langue française y est également renforcée par les relations que certains pays francophones d'Afrique tels l'Algérie ou la Guinée entretiennent avec Pyongyang[69],[70].
On peut aussi mentionner l'association d'amitié franco-coréenne qui vise à renforcer les relations entre le peuple français et ceux des deux Corées[71],[72].
Enfin, on retrouve également différents départements de langue française à l'université Kim Il-sung et à l'université des études étrangères de Pyongyang[68],[73],[74].
Droits des femmes
En 1949, la loi garantissant l'égalité des sexes est introduite. Elle donne aux femmes le droit de voter, d'étudier, de recevoir à travail égal les mêmes salaires que les hommes et bénéficier des mêmes droits sur l'héritage ; les mariages forcés et la prostitution sont interdits et le divorce est légalisé[75]. Néanmoins, la société reste patriarcale et les femmes cumulent la double fonction de travailleuse pour la patrie et de mère[76].
Néanmoins, le comité de l'ONU chargé du suivi de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes rapporte en 2017 que les femmes nord-coréennes sont désavantagées en matière d'éducation et d'emploi, et qu'elles font souvent l'objet de violences domestiques et d'agressions sexuelles au travail[77].
S'appuyant sur une centaine de témoignages de femmes et d'officiels ayant fui le pays, l'ONG Human Rights Watch dénonce en 2018 les violences sexuelles et sexistes qui seraient commises sur les femmes nord-coréennes par des hommes, en particulier ceux en position d'autorité (policiers et autres représentants de l'État)[78],[79],[80]. En 2015, une femme ayant fui la Corée du Nord, interrogée par le média sud-coréen NK News, relate que le pays est patriarcal et que la seule promotion de l'égalité par l'État a visé à ce que les femmes travaillent davantage pour reconstruire l'économie après la guerre de Corée[81].