Déni du changement climatique
attitude de déni face au consensus scientifique sur le réchauffement climatique / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Le déni du changement climatique (ou réchauffement climatique) est une attitude de dénégation face au consensus scientifique sur le changement climatique.
Certaines personnes admettent qu'il y a un réel changement, allant dans le sens d'un réchauffement global, mais nient que ce changement a une origine ou une part anthropique ; ils l'attribuent exclusivement aux variations naturelles du climat. D'autres nient que ce changement affecte déjà négativement les écosystèmes ou qu'il puisse affecter les sociétés humaines, estimant parfois que le CO2 ou le réchauffement est même une chance pour le tourisme ou l'agriculture. Ils jugent donc inutile toute démarche de lutte contre le dérèglement climatique, et promeuvent plutôt l'adaptation au retour des températures du Crétacé[1].
Certains « négateurs » approuvent le terme de « déni », mais beaucoup préfèrent se dire « climatosceptiques »[2], « climato-sceptiques »[3] ou « climato-réalistes ». Cependant de nombreux scientifiques estiment que le mot « scepticisme » est désormais inexact pour qualifier l'attitude de négation du dérèglement climatique anthropique[4] et préfèrent le terme « climato-dénialistes »[5],[6], « climato-négationnistes »[7] ou encore « négateurs du changement climatique (anthropogène) »[8].
Au sens large, ce déni peut aussi être « implicite » : quand des individus ou des groupes sociaux acceptent les hypothèses et démonstrations scientifiques, mais sans parvenir à les traduire en action ou en changements de comportements[9]. Plusieurs travaux de sciences sociales ont analysé ces attitudes, en les classant comme des formes de négationnisme[10] voire de pseudoscience[11]. Toutes ces formes de déni alimentent la controverse sur le changement climatique, et inversement.
Des campagnes visant à saper la confiance du public dans les sciences du climat ont été mises en évidence, en Amérique du Nord notamment. Elles ont été décrites comme une « machine à produire du déni », construite, financée et entretenue par des intérêts industriels, politiques et idéologiques, trouvant des relais dans les médias conservateurs et les « blogueurs sceptiques » afin de créer l'impression qu'il existe une grande incertitude autour des données montrant que la planète se réchauffe[12].
Selon des observateurs tels que Naomi Klein (2011, journaliste altermondialiste), ces campagnes de déni sont soutenues par ceux qui prônent des politiques économiques conservatrices, et par des intérêts industriels opposés à la réglementation ou la taxation des émissions de CO2 (et équivalent CO2)[13], en particulier les lobbies du charbon et plus généralement des énergies fossiles, les frères Koch, des groupes de défense de l'industrie ainsi que des think tanks conservateurs et libertariens, souvent américains[14]. Plus de 90 % des articles « sceptiques » sur le changement climatique proviennent de groupes de réflexion classés à droite[15].
Depuis les années 1960, les sociétés pétrolières sont arrivées au cours de leurs recherches à des conclusions correspondant largement au consensus scientifique sur le réchauffement de la planète. Par exemple, Marion King Hubbert, conseiller géologue en chef de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell, écrit dès 1962 : « Il est prouvé que l’utilisation croissante des combustibles fossiles contamine sérieusement l’atmosphère terrestre avec du CO2. Il est possible que cela produise déjà un changement climatique séculaire avec des températures moyennes plus élevées. ».
Quand à la firme française Total, dans un numéro de « Total information », la revue interne du groupe, le géographe François Durand-Dastès écrit en 1971 : « Un air plus riche en gaz carbonique absorbe donc davantage de radiations, et s’échauffe davantage. […] Il n’est pas impossible, selon certains, d’envisager une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôles, dont résulterait à coup sûr une montée sensible du niveau marin. Ses conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer… »
Malgré cette connaissance des effets de l'utilisation des énergies fossiles sur le climat, certaines sociétés pétrolières ont organisé des campagnes de déni du changement climatique — durant plusieurs décennies — en s'appuyant sur une stratégie qui a été comparée au déni organisé sur les dangers du tabagisme par l'industrie du tabac[16].
Le déni du changement climatique et la controverse politique sur le réchauffement ont eu une forte incidence sur les politiques en matière de réchauffement de la planète, sapant une partie des efforts déployés pour lutter contre le changement climatique ou pour s'y adapter[17].
Ceux qui encouragent ou créent ce déni utilisent couramment des tactiques et moyens rhétoriques donnant l’apparence d’une controverse scientifique, là où il n’y en a pas[18].