Draft 1984 de la NBA
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La draft 1984 de la NBA est la 38e draft organisée par la National Basketball Association. Elle se tient le , en amont de la saison NBA 1984-1985, au Madison Square Garden à New York, dans l'État de New York aux États-Unis. La cérémonie est diffusée aux États-Unis sur la chaîne de télévision câblée USA Network.
Sport | Basket-ball |
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Ligue | National Basketball Association |
Date | |
Lieu | Felt Forum, Madison Square Garden[1] |
Ville | New York |
Premier choix | Akeem Olajuwon[Note 1] |
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Équipe | Rockets de Houston |
Lors de cette draft, les 23 équipes de la NBA choisissent tour à tour des joueurs amateurs issus d'universités américaines ou de l'étranger. Le premier choix est attribué à la franchise des Rockets de Houston, qui a gagné le tirage au sort entre les équipes classées dernières de leur conférence la saison précédente. Toujours sur la base de la saison précédente, les choix suivants sont affectés aux équipes dans l'ordre inverse de leur bilan de victoires et de défaites. La draft se compose de dix tours pour 228 joueurs sélectionnés. Elle est la dernière organisée de cette manière avant la création de la loterie de la Draft de la NBA en 1985.
Elle est considérée comme l'une des drafts NBA les plus relevées avec cinq sélectionnés intronisés par la suite au Basketball Hall of Fame (Hakeem Olajuwon, Michael Jordan, Charles Barkley, John Stockton et, bien qu'il n'ait pas joué en NBA, Oscar Schmidt) ainsi que sept sélectionnés comme All-Star (Olajuwon, Jordan, Barkley, Stockton, Alvin Robertson, Otis Thorpe et Kevin Willis). Si la Draft 1984 de la NBA est souvent considérée comme au-dessus du lot, les drafts NBA 1996 (avec notamment Allen Iverson, Kobe Bryant, Steve Nash, et Ray Allen) et 2003 (avec LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony et Chris Bosh) sont également souvent citées parmi les plus remarquables. Le caractère légendaire de cette draft amène la NBA à produire un long reportage diffusé pendant les play-offs de 2014, 30 ans après les faits.
Toutefois, celle de 1984 est marquée aussi par la sélection de Sam Bowie par les Trail Blazers de Portland avant Michael Jordan. Bien que compréhensible sur le moment, ce choix est contesté a posteriori de par l'importance prise par la carrière de Michael Jordan, qui est considéré comme le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps et au regard des nombreuses blessures de Bowie. Il est donc considéré comme l'une des plus grosses déceptions d'une draft.
Hakeem Olajuwon, 1er choix (Rockets de Houston)
En 1984, l’introduction de la loterie de la draft l'année suivante[2], les deux équipes dernières de leur conférence[3] — Houston (29 victoires pour 53 défaites) et Portland — jouent le premier choix à pile ou face le [livre 1]. Les Blazers disputent ce choix car ils possèdent le premier tour de draft des Pacers de l'Indiana qu'ils ont acquis en 1981. Portland remporte le premier jet de pièce et gagne le droit de choisir pile ou face, mais fait le mauvais choix[livre 2] et c'est la franchise du Texas qui hérite du premier choix de la draft[4]. Le représentant des Rockets, Ray Patterson, remporte pour la troisième fois le tirage après 1969 avec les Bucks de Milwaukee (sélection de Lew Alcindor) et les Rockets (sélection de Ralph Sampson) l'année précédente[livre 3].
Les Rockets utilisent leur premier choix pour sélectionner Hakeem Olajuwon (alors connu sous le nom d'Akeem Olajuwon[Note 1]), un pivot junior de 2,13 m, finaliste des deux derniers tournois NCAA avec les Cougars de Houston[5]. Né au Nigeria, Olajuwon est le deuxième joueur étranger à être sélectionné à la première place d'une Draft de la NBA après le bahaméen Mychal Thompson en 1978[6]. Le coach texan Bill Fitch avait confié à son ami Dean Smith qu'il sélectionnerait Michael Jordan en 2e position si sa franchise avait perdu le tirage au sort, mais la franchise de l'Oregon eut un raisonnement différent[livre 4].
Sur les deux premières années de sa carrière, Olajuwon soutient la comparaison avec Jordan puisqu'en 1984-1985 les Rockets gagnent 19 matches de plus en saison régulière (bilan passé de 29 victoires - 53 défaites à 48 victoires - 34 défaites)[7] contre 11 de plus pour les Bulls (bilan passé de 27 victoires et 55 défaites à 38 victoires et 44 défaites[8]). Si Jordan est élu rookie de l'année, Olajuwon (20,6 points, 11,9 rebonds et 2,68 contres[9]) et lui (28,2 points par rencontre avec une adresse de 51,5 %) remportent chacun trois fois la récompense de rookie du mois. Lors de la saison suivante, Jordan manque 64 rencontres en raison d'une blessure au pied et les Bulls n'accrochent que d'extrême justesse leur place en play-offs et sont battus au premier tour par les Celtics[10] quand les Rockets réalisent l'exploit de battre les champions sortants les Lakers de Los Angeles en finales de conférence puis de faire bonne figure en Finales NBA contre des Celtics de Boston dont l'équipe de 1985-1986 est souvent considérée comme une des toutes meilleures de l'histoire de la ligue[11]. Toutefois, les 63 points de Jordan en play-offs face aux Celtics lancent sa légende[12]. Olajuwon et Ralph Sampson, pivot de 2,24 m décalé en ailier fort, forment un duo inédit par sa taille : les Twin Towers — le jeu de mots faisant référence aux tours jumelles du World Trade Center de New York. Dominant la Conférence Ouest, ils vont cependant suivre des voies divergentes : diminué par des problèmes au genou Sampson est transféré, alors qu'Olajuwon prend toute sa dimension[13].
Après plusieurs saisons solides mais sans retrouver les Finales, Olajuwon et les Rockets remportent le titre de champion NBA en 1994 et 1995. À titre individuel, Olajuwon est désigné les deux années meilleur joueur des Finales et, en 1994, meilleur joueur de la saison régulière. Olajuwon finit meilleur contreur de l'histoire de la ligue avec 3 830 contres. De plus, il est élu meilleur défenseur en 1993 et 1994 ainsi que douze fois sélectionné au All-Star Game, ce qui fait de lui un très bon premier choix d'une draft[14]. En 2015, il reste l'un des quatre joueurs de la NBA à avoir réalisé un quadruple-doubles avec 29 points, 18 rebonds, 10 passes décisives et 11 contres, le , méritant son surnom de « The Dream »[15].
Sam Bowie, 2e choix (Trail Blazers de Portland)
Sortant d'une saison réussie (48 victoires et 34 défaites), les Trail Blazers de Portland détiennent cependant le deuxième choix[3] car en 1981 ils transfèrent leur vétéran Tom Owens aux Pacers de l'Indiana (où il ne jouera qu'une saison, puis une autre aux Pistons avant de prendre sa retraite[16]) contre leur premier tour de draft de 1984. Or, les Pacers se classent derniers de leur conférence, ce qui donne l’opportunité à Portland de tirer à pile ou face le premier choix avec Houston[17]. Les Blazers choisissent Sam Bowie des Wildcats du Kentucky, alors que Michael Jordan est encore sélectionnable[17]. Ce choix est considéré, au vu des carrières ultérieures des deux hommes, comme l'une des plus grosses erreurs de jugement d'une Draft de la NBA[18],[19],[20]. Cependant, à l'époque, il n'était pas attendu que Michael Jordan fasse une carrière si brillante, probablement parce que le système de l'entraîneur Dean Smith aux Tar Heels de la Caroline du Nord, basé sur le jeu collectif, ne mettait peut-être pas assez en avant le jeu individuel de Jordan[21], Smith plaisantera par la suite en se décrivant comme la seule personne ayant su limiter Jordan à 18 points de moyenne[17].
Vedette de son lycée, avec un jeu étonnamment délié pour un grand gabarit — faisant penser à celui de Kevin Garnett[22] —, Sam Bowie devait être une des figures de proue de l'équipe olympique américaine qui aurait dû participer aux JO de 1980 à Moscou. Son projet était alors de passer professionnel après sa deuxième année universitaire pour s'inscrire à la draft de 1981 avant qu'il n'en soit empêché par une blessure au tibia gauche contractée dans un match contre les Commodores de Vanderbilt. Après deux années de convalescence, il réussit son retour lors de la saison 1983-1984, à l'issue de laquelle Kentucky accède au Final Four[17].
Responsable des choix de la draft, le chef du personnel des Blazers Stu Inman est très respecté dans la ligue et ses avis scrutés par ses concurrents[23]. Bien que son ami Bobby Knight, coach de l'équipe universitaire des Hoosiers de l'Indiana et de la sélection olympique de 1984, lui conseille de choisir Jordan, il lui répond qu'il a besoin d'un pivot, ce à quoi Knight rétorque « Alors, fais jouer Jordan comme pivot[17] ! » L'avis de l'ailier Mychal Thompson, qui se propose de jouer pivot si la franchise draftait Jordan (« Avec Michael et Clyde, nous aurions la meilleure ligne arrière de l'histoire »), n'est pas plus écouté que celui de Bobby Knight[17].
Les Blazers préfèrent Bowie à Jordan parce qu'ils ont déjà un arrière performant avec Jim Paxson et un autre jeune joueur très prometteur, Clyde Drexler, pour prendre sa succession sur le même poste[24],[25] sans oublier le récent renfort de Kiki Vandeweghe en ailier shooteur[26] échangé contre le meneur Fat Lever[27] et l'ailier Calvin Natt. La franchise recherche alors un successeur à Bill Walton, leur pivot et leader en 1976-1977, la seule année où les Blazers remportent le titre NBA[23], afin d'épauler Mychal Thompson à l'intérieur[26].
Le transfert de deux futurs All-Stars contre le seul Kiki Vandeweghe peut être d'autant plus critiqué[28] qu'il laisse un vide important au poste de meneur de jeu jusqu'à l'arrivée un an plus tard de Terry Porter[27], alors que Fat Lever connaitra six brillantes saisons, avec une profusion de triple-doubles, aux Nuggets de Denver avec notamment deux sélections All-Star en 1988 et 1990 et une sélection dans le second meilleur cinq de la ligue en 1987, lors d'une saison avec 18,9 points, 8,9 rebonds, 8,0 passes décisives et 2,5 interceptions par rencontre[28] et que Calvin Natt, déjà bon scoreur dans l'Oregon (16,2 points par match en 1983-1984), sera également encore meilleur dans le Colorado avec 23,3 points la saison suivante et même une sélection pour le NBA All-Star Game 1985[29]. Enfin la justesse du choix de Bowie par rapport à d'autres intérieurs comme Charles Barkley voire Michael Cage ou Sam Perkins peut être mis en doute si on note que Bowie était parmi les bons intérieurs de la draft 1984 celui qui présentait la plus faible moyenne de points et le plus grand nombre de balles perdues[27]. Sélectionné lors de la draft 1983, Drexler connaît une carrière couronnée de succès. En revanche, bien qu'élu dans le cinq des meilleurs rookies de 1984-1985, celle de Bowie est écourtée par des blessures. Cette fragilité physique était perceptible dès l'université[30].
En dépit d'une durée de dix ans avec une moyenne de 10,9 points et 7,5 rebonds par match, la carrière de Bowie en NBA est interrompue cinq fois par des opérations chirurgicales de la jambe, ce qui le limite à 139 matchs en cinq ans pour les Blazers[31],[32]. Si sa première saison professionnelle peut être évaluée comme correcte avec 10,0 points, 8,6 rebonds et 2,7 contres de moyenne en 30 minutes et 76 matchs disputés, elle reste médiocre pour un deuxième choix de la draft, qui plus est dans une saison avec 42 victoires contre 48 l'année précédente[livre 5]. La situation empire durant la saison 1985-1986, puisqu'il ne dispute que 38 rencontres même si sa moyenne de points progresse légèrement à 11,6 points par match[21]. Il ne joue ensuite que 25 matchs en trois ans, ne disputant donc qu'une saison pleine sur cinq passées à Portland[21], se brisant successivement le tibia gauche, le droit, puis de nouveau le gauche[17].
Des années plus tard, dans un documentaire, Bowie déclare qu'il n'a pas été tout à fait franc lors de son examen médical : « Je me souviens d'eux avec un petit maillet, quand ils ont frappé sur mon tibia gauche et que je leur ai dit « Je ne sens rien ». Mais au fond de moi, j'avais mal[33] ». Cependant les Blazers ne pouvaient ignorer la fragilité de Bowie qui avait manqué deux saisons universitaires à Kentucky et que ses statistiques en sophomore étaient de 17,4 points en 1980-1981, mais seulement de 10,5 points pour sa cinquième année en 1983-1984[33]. Interrogé par le journal The Oregonian, Sam Bowie nie avoir menti ou triché et affirme que ces propos extraits d'une heure d'entretien ont été exagérés[Note 2]. Rappelant qu'il avait subi une batterie de tests médicaux : des scanners, des radiographies, des IRM, et avait obtenu un avis final favorable du docteur Robert Cook, il déclare : « Mon inconfort n'était pas au point où j'allais dire aux Portland Trailblazers ou à quiconque « Ma jambe est extrêmement douloureuse. Je ne me choisirais pas à la draft. Je ne crois pas que je puisse faire carrière en NBA.»[34] »
Les Blazers se font rarement remarquer par leur chance ou leur clairvoyance à la draft. Déjà lors de la draft 1972, ils avaient fait l'erreur de prendre LaRue Martin comme premier choix alors que le second Bob McAdoo entrera au Hall of Fame[23], puis de nouveau ils préfèrent au futur MVP Kevin Durant un Greg Oden dont la carrière sera minée par les blessures[17]. Également drafté en 1984, le joueur, puis coach Jim Petersen analyse : « Il s’agissait d’avoir un big man à intégrer dans une équipe déjà talentueuse (...) Portland a toujours été maudite avec ses choix de draft. Quand ce n’est pas Mychal Thompson qui se casse une jambe pour sa première année, c’est Sam Bowie à qui il arrive ce que l’on sait. Ensuite, évidemment, il y a eu Brandon Roy avec ses problèmes[35], enfin Greg Oden[36]. Donc oui, ils ne sont pas vernis quand on regarde leur historique à la draft, mais à l’époque, Sam Bowie n’était pas un problème[37] ».
Pour Bill Fitch, alors coach des Rockets, « Jack Ramsay [le coach des Blazers] a fait ce qu'il fallait pour son équipe. Sam Bowie était un joueur spécial. Je n'avais jamais vu un pivot passer la balle mieux que Sam[38]. » D'après le journaliste Filip Bondy, le choix d'un joueur « physique », sur un joueur capable de « faire le jeu » des Blazers, n'est pas aussi évident dans les drafts suivantes[livre 5]. Cela l'incite à affirmer que la draft 1984 a changé la façon de penser les drafts suivantes[livre 5]. Il cite par exemple la création de la loterie de la Draft de la NBA dès l'année suivante ou les changements sur le plafond salarial, apparu en 1984. Alors que les cinq derniers champions NBA disposaient d'une équipe avec un pivot dominant (Moses Malone en 1982-1983, Kareem Abdul-Jabbar en 1981-1982 et 1979-1980, Robert Parish et Kevin McHale en 1980-1981, Jack Sikma en 1978-1979)[23], le manager général des Bulls Rod Thorn « introduit l'idée de pouvoir avoir un grand joueur qui ne soit pas un pivot et d'avoir encore une équipe dominante[39] ».
En amont de la draft, Stu Inman tournait sa préférence vers Akeem Olajuwon ou le pivot des Hoyas de Georgetown, Patrick Ewing. La franchise fut d'ailleurs sanctionnée d'une amende de 250 000 dollars pour contacts illégaux avec Olajuwon et Ewing[40]. Mais contre toute attente, et faisant en cela un choix inverse à ceux d'Olajuwon, Barkley et Jordan[41], Patrick Ewing décide d'effectuer son année senior[livre 1], ce qui amène les Blazers à envisager le « choix Bowie » dans leur quête d'un pivot[17]. Ewing sera le premier choix de la draft 1985 et le franchise player des Knicks de New York[42]. Selon le dirigeant des Blazers Harry Glickman, aucun média ni responsable de la NBA n'a critiqué le choix de Bowie sur le moment. Pour lui, leur alternative à Bowie n'était d'ailleurs pas Jordan : « Si nous n'avions pas pris [Bowie], nous n'aurions pas sélectionné Jordan. Nous aurions probablement retenu Charles Barkley[34]. »
Le magazine spécialisé Mondial Basket dresse son palmarès des plus grandes déceptions de la draft et accorde la première place à Sam Bowie, devant Darko Miličić, 2e choix de la draft 2003 et Michael Olowokandi, 1er choix en 1998[43].
Michael Jordan, 3e choix (Bulls de Chicago)
Ayant eu la certitude, grâce à ses relations avec les coachs NBA, que Jordan figurerait parmi les trois premiers choix s'il se présentait, Dean Smith conseille à son joueur de ne pas effectuer son année senior[livre 6], tout comme à James Worthy (1er choix en 1982) et Phil Ford, qui déclinera la proposition et sera 2e choix en 1978 après son année senior[livre 6]. Les Bulls de Chicago choisissent donc le meilleur joueur universitaire de l'année Michael Jordan, junior des Tar Heels de l'université de Caroline du Nord[1],[30].
Dès son année rookie, il est élu pour le All-Star Game[44]. Il remporte le titre de recrue de l'année devant Sam Bowie et est déjà sélectionné dans le deuxième meilleur cinq de la All-NBA Team [24]. Blessé au pied la plus grande partie de sa deuxième saison, il est de retour pour aider les Bulls à se qualifier de justesse pour les play-offs et affronter les Celtics, les futurs champions, au premier tour. Jordan inscrit 49 points sur le premier match et surtout 63 au second. Malgré la victoire, le coach de Boston K.C. Jones dira : « Je n'ai pas de mot pour [décrire ce que j'ai vu] aujourd'hui[12]. » En 1986-1987, Jordan devient le seul joueur après Wilt Chamberlain à inscrire plus de 3 000 points en une saison avec 37,1 points par match[45]. Les Bulls sont cependant éliminés avant les Finales NBA. Il faut attendre l'arrivée de Phil Jackson à la tête des Bulls pour qu'un jeu d'équipe plus structuré permette à Chicago de remporter le titre NBA en 1991, le premier des six titres de Jordan[12], considéré comme « le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps »[46],[47].
Le palmarès de Jordan, surpasse celui du premier choix de la draft Olajuwon : déjà champion NCAA en 1982[48], il remporte six titres de champions NBA, six trophées de meilleur joueur des finales, cinq de meilleur joueur de la saison régulière, un de meilleur défenseur de l'année, onze sélections All-NBA Team et quatorze sélections au All-Star Game[24]. Après son premier titre olympique en 1984 qui le révèle aux Américains[49], la popularité de Jordan prend une dimension planétaire avec le parcours victorieux de la Dream Team aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone[50]. Les Américains le considèrent désormais comme le meilleur sportif de tous les temps[51].
Ayant fini la saison NBA 1983-1984 sur le bilan de 27 succès pour 55 revers, les Bulls manquent les play-offs pour la troisième fois de rang[livre 7]. Selon le responsable du scouting des Bulls, Mike Thibault, le choix de Jordan n'était pas si évident et la direction de la franchise était initialement plutôt favorable à un échange de choix de draft : « J’étais à la tête de la draft pour les Bulls avec le GM Rod Thorn et la décision de sélectionner Michael Jordan était conjointe. Les fans peuvent penser que c’était une décision facile à prendre mais à l’époque, nos dirigeants souhaitaient nous voir négocier avec Portland pour passer de la 3e à la 2e place afin de choisir Sam Bowie. Nous ne voulions pas courir ce risque et savions que nous tenions un joueur d’exception. J’ai eu la chance de bien connaître Dean Smith, le coach de North Carolina, qui nous a laissé superviser Jordan à plusieurs reprises et cela nous a permis de le voir en dehors des matchs des Tar Heels. Et déjà à l’époque, il dégageait quelque chose de très spécial[52] ». Le manager général des Bulls Rod Thorn étudie le jeu de Jordan et échange avec Dean Smith : « Il était un extraordinaire compétiteur et son sentiment était qu'il deviendrait encore meilleur et serait un meilleur joueur professionnel qu'il n'avait été un joueur universitaire ». Pour lui aussi, Jordan était le bon choix[39].
Avant la draft, les Bulls avaient envisagé des transferts pour engager les pivots Jack Sikma ou Tree Rollins, montrant que le pari d'un arrière n'était pas un choix limpide. Ainsi le Chicago Tribune du , deux jours avant la draft écrit : « L'absence de pivot dominant est la raison majeure pour laquelle les Bulls ont perdu 111 matchs les deux dernières saisons, mais il n'y a que deux pivots à ne pas rater et ils seront partis une fois que les Bulls auront à choisir[26]. » Le quotidien explique qu'un transfert entre trois équipes avec les Clippers de Los Angeles et les Mavericks de Dallas pour récupérer Terry Cummings n'avait pu se concrétiser après avoir échoué à faire venir Sikma de Seattle. Quant à Rollins, le montant du transfert d'Atlanta était trop élevé, alors que celui de Joe Barry Carroll se heurtait à son manque d'envie de quitter les Warriors de Golden State[26].
Connaissant par Stu Inman sa préférence pour Bowie en second choix, Rod Thorn se réjouit du tirage au sort[livre 8]. D'après Irwin Mandel longtemps vice-président des Bulls : « Nous avons eu la quasi-certitude d'obtenir Jordan lorsque Houston a remporté le tirage au sort face à Portland. Si Portland avait gagné le tirage au sort, ils auraient pris Olajuwon et Houston aurait probablement choisi Jordan. Je me rappelle comment Rod Thorn était excité[livre 8]. » Une fois le choix de Jordan arrêté, Thorn assure qu'il n'aurait pas varié si Bowie n'avait pas été sélectionné dans les deux premiers choix : « Même si Bowie avait été là, j'aurais pris Michael. L'année précédente, nous avions choisi un arrière nommé Ronnie Lester, qui a eu des problèmes à la jambe. Nous ne pouvons pas prendre un autre pari avec Bowie[38],[53]. » De fait, quelques jours avant la draft, le choix de Jordan est déjà probable, le coach de Chicago Kevin Loughery affirmant à la presse : « Comment pourrait-on ne pas retenir Michael Jordan ? »[40].
Si les Sixers apprécient le jeu de leur future recrue Charles Barkley, ils pensent que Jordan lui était supérieur. Resté proche de Dean Smith, le coach de Philadelphie Billy Cunningham, lui-même ancien des Tar Heels, avait l'intention de le drafter s'il avait été encore disponible afin de prendre la relève de Julius Erving. Titulaires du choix des Clippers, les Sixers pouvaient espérer décrocher l'un des deux premiers choix de la draft, avant que les Angelinos n'évitent la dernière place de leur conférence lors de la dernière journée et que la franchise de Pennsylvanie n'hérite finalement du 5e choix. Les Sixers proposèrent même d'échanger le choix des Bulls avec le leur en y ajoutant Andrew Toney et leur 10e choix, mais Chicago déclina la proposition pour pouvoir choisir Jordan si Olajuwon était déjà pris[38]. Ayant perçu le potentiel de Jordan, le manager général des Mavericks de Dallas Rick Sund offrit après la draft de l'échanger avec le confirmé Mark Aguirre, qui sort alors d'une saison avec une moyenne de 29,5 points inscrits par match[54], mais les Bulls ne donnèrent pas suite[livre 9].
Si le recrutement d'un pivot dominant semble être jusqu'en 1984 la règle de toute franchise rêvant du titre NBA[23], les Bulls font évoluer cette idée avec le recrutement d'un arrière comme Jordan qui sera MVP puis couronné champion à plusieurs reprises sans grand pivot à ses côtés[39]. Les pivots demeureront le choix le plus recherché avec 31 centres choisis parmi les quatre premiers choix des drafts de 1985 à 2014[55], mais leur profil a évolué vers plus de polyvalence au tir et plus de rapidité[56].