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dramaturge français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Emmanuel Théaulon, né le à Aigues-Mortes et mort le à Paris 2e, est un librettiste et dramaturge français.
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Marie-Emmanuel-Marguerite-Guillaume-Mathieu Théaulon |
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La vocation dramatique de Théaulon s’est déclarée très tôt : enfant, il composait des couplets[alpha 1], dont quelques uns ont longtemps été chantés dans sa ville natale. Dans la maison d’éducation d’un instituteur particulier à Montpellier où il avait été envoyé, il a fait peindre à ses condisciples des coulisses, et monter un petit théâtre, sur lequel on jouait des pièces de théâtre de sa façon. À 13 ans, il avait rédigé une tragédie en cinq actes et en vers[1]. Pendant les vacances, étant allé voir ses sœurs qui faisaient leur éducation dans la petite ville de Sommières, il a composé, pour la distribution des prix, un vaudeville intitulé les Joûtes, représentées par les jeunes pensionnaires, et dans lequel il s’était réservé le rôle principal[2].
À la création des lycées, il les a achevé ses études à celui qui été ouvert à Montpellier, grâce à une bourse obtenue par la protection de Cambacérès, et qui était alors second consul de la République, et dont il était parent[3], et auquel il devait dédier ses premiers poèmes donnés au public, en 1806, la Bataille d’Iéna, que venait de remporter Napoléon[4], et le Temple de l’immortalité[1].
Sa famille, dont certains membres avaient exercé la charge de juge royal et de premier consul, le destinait tout naturellement au barreau[2]. Placé, dans cette optique, chez un avocat de Nîmes, à dix-huit ans, pour y étudier le droit mais, mais rebuté en quelques mois, il est retourné chez ses parents, qui ont cédé à ses instances en le laissant monter, en février 1808, à Paris, où Cambacérès lui a rapidement proposé un emploi d’inspecteur des douanes. Cependant, aussi attiré par l’administration que la magistrature, il a négligé d’aller retirer sa commission, préférant s’adonner à la littérature, de la poésie et du théâtre[3].
En collaboration avec Armand d'Artois, auquel il s’était lié à Paris, il a fait ses premiers essais au théâtre du Vaudeville, en 1808 et 1809 avec les Fiancés, les Femmes soldats, et les Femmes volantes, qui ont assez bien réussi. Ces succès ne suffisant pas à ses besoins de l’auteur, il a accepté, toujours de Cambacérès, une commission d’inspecteur des hôpitaux militaires en Allemagne. Muté aux mêmes fonctions en Italie, il a fait représenter, pendant son séjour, un vaudeville à Milan, le Retour de l’armée, qui lui a valu, de la part du prince Eugène, une gratification de cinquante napoléons, dans une boite ornée de son chiffre[4].
De retour en France, parti rejoindre son ami Jean Vigne-Malbois (d) , qui étudiait le commerce à Lyon, où il a passé quelque temps et fait représenter, en , sur le théâtre des Célestins, le Mariage de Cendrillon, une pièce en trois actes, et un vaudeville en trois actes, Bayard à Lyon ou le Tournoi[2]. Remonté à Paris, il a recommencé à écrire pour le théâtre. Après avoir fait représenter les Fiancés ou l’amour et le hasard, au début de 1809, il s’est entièrement consacré, seul ou en collaboration, au théâtre, pour composer plus de trois cents pièces de divers genres[5], dont un grand nombre ont eu un grand succès, notamment Kean, ou Désordre et génie, avec Frédéric de Courcy et Alexandre Dumas[6], le Petit Chaperon rouge, qui remet le conte et le merveilleux féerique au théâtre[7], M. Jovial, le Bénéficiaire, le Centenaire, etc[1]. Deux comédies en cinq actes, et vers, notamment, représentées sur le second Théâtre-Français, l’Artiste ambitieux et l’Indiscret, et surtout la première, ont prouvé qu’il était bien supérieur aux genres secondaires, et son style faisait espérer en lui un auteur comique distingué, mais l’incendie du second Théâtre-Français l’a condamné au vaudeville[8]. Il a aussi fourni des articles aux revues d'art et aux journaux politiques[9].
En 1811, il a publié une Ode sur la naissance du roi de Rome, qui lui a valu une gratification impériale surpassant celle du prince Eugène. Néanmoins, appelé, quelque temps après, par une conscription supplémentaire, il a refusé de marcher[4]. Malgré ses liens familiaux avec le grand chancelier de l’Empire, il a été l’un des premiers à arborer la cocarde blanche, en 1814. La première chanson en faveur des Bourbons chantée en France à cette époque est de lui, et son vaudeville, les Clefs de Paris ou le descendant de Henri IV, est la première pièce à avoir été jouée à Paris en leur honneur[4]. Le , il surfe sur l’air du temps en donnant, avec Armand d’Artois, le vaudeville la Vénus hottentote[10].
Son engagement en faveur de la cause légitimiste l’a placé dans une position embarrassante, en 1815, lors des Cent-Jours. Toutefois, il s’est fait inscrire sur la liste des volontaires royaux, et n’a pas hésité à suivre Louis XVIII en exil à Gand. Il n’a effectué aucun service militaire, se bornant à lancer le premier et unique numéro d’un journal intitulé : le Nain rose, qui n’a eu que quelques jours d’existence[4]. Au retour du roi, il a rédigé et fait afficher des proclamations en l’honneur de Louis XVIII[11].
En 1821, il a fait la preuve de son dévouement à la cause royale en réussissant le tour de force de faire représenter sur les trois principaux théâtres de Paris, et presque le même jour, trois pièces à l’occasion du baptême du duc de Bordeaux, à savoir : le Panorama de Paris ou C’est Fête partout ! divertissement en 5 actes, à l’Opéra-Comique ; Blanche de Provence ou la Cour des Fées, opéra en un acte, à l’Opéra ; et Jeanne d’Albret ou le Berceau, comédie en un acte et en vers au Théâtre-Français. Ce zèle lui a valu de recevoir la croix de la Légion d’honneur, par ordonnance du , sans en avoir fait la demande[1].
La même année, il a fondé, avec Cyprien Bérard (d) et Armand d'Artois, un journal royaliste intitulé la Foudre, qui ne ménageait pas ses critiques au parti libéral. Il s’est ensuite rapidement séparé de ses collaborateurs pour publier seul une nouvelle feuille hebdomadaire, appelée l’Apollon, dans laquelle il continuait de défendre la cause légitimiste, mais avec plus de mesure et de retenue, qu’il composait seul, en signant chacun des articles d’un pseudonyme différent[2], et qui a paru du au [1].
À cette époque, il a été appelé à Berlin pour y rédiger le livret d’Alcidor, opéra composé par Gaspare Spontini à l’occasion du mariage de Louise de Prusse avec Frédéric d'Orange-Nassau. Ce grand événement ayant été retardé, le séjour de Théaulon en Prusse s’est longtemps prolongé, mais il en est revenu comblé de présents et d’honneurs. À son retour, il a fait un voyage en Provence et en Languedoc, faisant jouer Owinska, ou la Guerrière polonaise à Toulon[4].
Revenu à Paris, il y a repris ses travaux dramatiques, notamment avec Les Femmes romantiques ou Lord, comédie-vaudeville en 1 acte avec Ramond de la Croisette, en 1824[12], jusqu’à la Révolution de 1830, qui lui a causé un grand préjudice et placé dans une position fâcheuse, lorsque toutes les pièces de circonstances qu’il avait composées ont cessé d’être représentées une fois ces circonstances changées[13]. Trois pièces du même genre qu’il avait achevé ont ainsi été interdites à la représentation. La première d’entre elles était tirée de l’histoire du roi Clovis ; la seconde intitulée le Traité d’Amiens, et la troisième, Henri V, ou l’An 1880. Il a cependant eu encore quelques succès, reprenant notamment, six mois après Mélesville[alpha 2], un thème balzacien, dans la Folle de la Bérésina[14], au théâtre qu’il n’a abandonné que peu de temps avant sa mort[4].
Il a abordé tous les genres, pièces, couplets, ariettes, duos, morceaux d’ensemble, avec succès et une prolixité[15], que seul Scribe a égalée[alpha 3]. Il avait même tant écrit de pièces que Jules Janin a rapporté l’avoir surpris un jour riant aux éclats et battant des mains à une comédie qu’il avait faite depuis tellement longtemps qu’il avait oublié qu’il en était l’auteur[17]. Outre Alcidor pour Gaspare Spontini à Berlin, il a également rédigé des livrets pour les compositeurs les plus célèbres : Blanche de Provence, de Luigi Cherubini, Jeanne d’Arc à Orléans de Michele Carafa, Charles de France, le Petit Chaperon rouge de François-Adrien Boieldieu, les Rosières, la Clochette de Ferdinand Hérold, le Roi et la ligue de Nicolas-Charles Bochsa, Don Sanche ou le château d’amour de Franz Liszt, Alcidor de Gaspare Spontini[18].
De sa première femme, Virginie Gontier de Bury, élevée aux frais de l’impératrice Joséphine, qu’il a perdue en 1818, il avait eu un fils, mort à l’âge de dix ans, boursier au collège de Nîmes. Il s’est remarié avec la fille de l’actrice du Vaudeville, Thérèse-Nicole Desmares, qui l’a soigné pendant les longues années de maladie qui ont précédé sa mort. Il a néanmoins travaillé jusqu’à son dernier souffle, à tel point qu'il a fallu retarder d’un jours la première de sa dernière pièce, l’Ingénue de Paris[8], qui devait être jouée au théâtre du Vaudeville, le soir de ses obsèques[19]. D’une excessive générosité tous ceux qui l’entouraient, famille, amis, son imprévoyance et son laisser-aller étaient tels qu’après avoir gagné plus de 800 000 francs par la représentation de ses pièces de théâtre, il est mort sans laisser de quoi payer les frais de sa sépulture. Une souscription, ouverte par l’association des auteurs dramatiques, a pourvu aux frais des funérailles[2]. Plus de cent-cinquante hommes de lettres, directeurs de théâtres ou artistes dramatiques l’ont accompagné à sa dernière demeure au cimetière de Montmartre, à l’issue du service funèbre à Saint-Roch[18]. Peu de temps après sa mort, la commission dramatique a annoncé l’ouverture d’une souscription destinée à élever un monument à sa mémoire[20], mais Hippolyte Rolle a écrit que ces résolutions sont restées lettre morte[2].
« Opéras, comédies, vaudevilles, pièces de circonstances, il a tout abordé et toujours avec bonheur, et avec une fécondité qui n'a de comparable que la fécondité de Scribe[16] »
« Le premier il soumit le vaudeville à l’influence des idées nouvelles qui tendaient à régénérer le théâtre. Il tenta plus d’une révolution dans le paisible empire de Momus. Il fut le Hugo du couplet et le Shakespeare de la ritournelle[21]. »
« Écrites avec une extrême hâte, la plupart [de ses pièces] ne sont que des esquisses ; le style laisse souvent à désirer ; mais l’agrément et la gaieté n’y manquent pas, et l’on cite de lui deux comédies en cinq actes, en vers ; L’Artiste ambitieux (1820) et L’Indiscret (1825), jouées à l’Odéon, qui s’élèvent quelquefois jusqu’au vrai comique[11] »
« Lope de Vega avait cent comédies, qu’il estimait cent écus pièce, en réserve pour la dot de sa fille. Théaulon a laissé plus que de cent pièces de théâtre à sa pauvre et désolée veuve. Reste à savoir si un directeur reconnaissant voudra acheter ses manuscrits au poids du papier[22] »
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