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anthropologue français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Bizot, né le à Nancy[1], est un anthropologue français, spécialiste du bouddhisme du Sud-Est asiatique (Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Laos, Sud-Yunnan) à l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) et à l'École pratique des hautes études (EPHE).
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Catherine Becchetti-Bizot (d) |
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Formation : Collège de la Malgrange (Jarville), École des géomètres de Nancy, stages au Musée du Fer de Nancy (Albert France-Lanord) et au Musée du Louvre (Michel Petit), séminaires de Jean Filliozat (Philologie indienne) et d’André Bareau (Philologie bouddhique) à l’École pratique des Hautes études (EPHE), et de Georges Condominas (Ethnologie et sociologie de l’Asie du Sud-Est) à l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS).
En 1965, François Bizot est recruté par l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) et détaché à la Conservation d’Angkor (Cambodge), chargé du relevé topographique des monuments extérieurs et de l’atelier des restaurations. Parallèlement, sous la direction de Jean Filliozat, alors directeur de l’EFEO, il prépare une thèse de recherche sur le bouddhisme des Khmers. Son travail à la Conservation lui fournit l’occasion de pénétrer dans l’arrière-pays. Il s’installe dans un village d’Angkor (Srah Srang) où il partage le quotidien des habitants et se marie. Après la destitution de Sihanouk et l’invasion du site des temples par les Nord-vietnamiens, la Conservation cesse ses activités. Au début des années 1970, il est nommé à Phnom Penh pour représenter l’École.
Le , lors d'un déplacement dans la région d'Oudong, il est arrêté avec deux de ses assistants cambodgiens par des miliciens khmers rouges et conduit dans un camp d'extermination (M13) dirigé par Kang Kek Ieu, alias Douch qui deviendra, entre 1975 et 1979, le directeur du centre d'interrogatoire de Tuol Sleng (S21). Le , après deux mois et demi de détention dans des conditions difficiles qu'il décrira dans son livre Le Portail, il arrivera à convaincre ses geôliers que son séjour au Cambodge est motivé par des raisons ethnologiques et non politiques et sera libéré. Ses collaborateurs capturés avec lui seront exécutés[2],[3].
Trois ans plus tard, le , quand Phnom Penh tombe aux mains des troupes khmers rouges, François Bizot est dans la capitale cambodgienne d'où il assiste à l'évacuation de la ville. De nombreux étrangers et Cambodgiens viennent alors se réfugier à l'ambassade de France où il utilisera ses connaissances de la langue khmère pour assister le consul Jean Dyrac (l'ambassadeur avait été rappelé en 1971) en tant qu'interprète. Il aura ainsi à transmettre la demande des nouvelles autorités qui exigeront qu'on leur livre toutes les personnes qui ne détiennent pas un passeport étranger[4]. François Bizot quittera finalement le Cambodge le dans le dernier convoi à destination de la Thaïlande.
Il a relaté ces quelques années et ce parcours dans son livre Le Portail[5],[6], récompensé par le prix Louis de Polignac de l’Académie française, 2000; le prix littéraire de l’Armée de terre Erwan Bergot, 2000; le prix des Deux-Magots, 2001[7]; le prix Marianne 2001; le prix des Bibliothèques pour tous, 2001; le Grand Prix Jules Verne, 2001; le prix des lectrices de Elle, catégorie Essai, 2001; le Grand Prix international Tiziano Terzani, 2005. Son aventure au Cambodge a aussi inspiré deux films, Derrière le portail[8] de Jean Baronnet, sorti en 2004, et Le Temps des aveux de Régis Wargnier sorti en 2014. François Bizot a trois enfants, Hélène, Charles et Laura; sa fille Hélène a donné naissance à un fils avec l’acteur Gérard Depardieu[9]: Jean, né le 14 juillet 2006.
En 1975, après son expulsion par les Khmers rouges qui ont mis à sac la bibliothèque et les implantations de l’École, Bizot est affecté en Thaïlande et poursuit ses recherches sur le bouddhisme. Il récupère à Bangkok les vieux textes manuscrits sur lesquels il travaillait au Cambodge, expédiés par la valise diplomatique, et soustraits in extremis aux autodafés des révolutionnaires. Sur place, il se cantonne d’abord dans un village de la région de Surin (Ta Tiou) puis, sur un terrain français inoccupé laissé à sa disposition par l’ambassade de France, il initie, dans la maison qu'il construit à Chiang Mai, les premières bases d’un centre de travail en appui à ses recherches. Son implantation dans l’ancienne capitale du Lanna se concrétise par l’inventoriage des manuscrits du bouddhisme local, la constitution d’une bibliothèque de travail et d’une photothèque, ainsi que d’une équipe constituée de jeunes chercheurs et d'érudits locaux. Il fait l’acquisition d'un matériel d'édition informatique destiné à la publication d'ouvrages spécialisés dans les écritures régionales, dont l’objectif est de «sauver et de faire connaître» les textes du bouddhisme de la Péninsule, à commencer par ceux du Cambodge. Il crée lui-même, par le moyen du langage Postscript, les caractères électroniques appropriés aux multiples graphies du khmer, du thaï (yuan), du môn, du birman, du lao, parvenant ainsi à surpasser les possibilités de l’imprimerie classique dont les fontes coulées au plomb s’adaptent difficilement aux variétés des écritures manuscrites; une cinquantaine de polices, chacune comprenant plus de 150 signes, sont numérisées.
En 1987, François Bizot est chargé de conférences («Philologie des textes bouddhiques khmers») à la 4e Section de l’EPHE (Sciences historiques et philologiques) dans le cadre de la direction d’études de Claude Jacques. En 1988, il retourne au Cambodge pour y préparer la réouverture d’une antenne de l’EFEO. Avec le concours de Catherine Becchetti, il crée le «Fonds pour l’Édition des Manuscrits» (FEM), dont la mission est de reproduire les textes du bouddhisme au Cambodge (FEMC), en Thaïlande (FEMT) et au Laos (FEML), dans le cadre des publications de l’École. Le , soit avant la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Cambodge, il signe au nom du FEMC, un accord de coopération avec le Ministère de la Culture. C’est le retour officiel de l’École française d’Extrême-Orient, dont la première urgence est de microfilmer et de restaurer les tout derniers manuscrits réchappés des Khmers rouges. Il pose les nouvelles bases d'une antenne de l'École, avec l'assistance in situ d’Olivier de Bernon. En 1992, il est membre de l'URA 1025 (Centre de recherche linguistique sur l'Asie orientale, Alain Peyraube) CNRS et collabore l'année suivante avec l'URA 1735 (Centre d'Étude de l'Écriture, Anne-Marie Christin) CNRS / Paris VII. Le , il est désigné par Léon Vandermeersch, directeur de l’École, pour ouvrir un autre poste de l’École au Laos, avec l’assistance de François Lagirarde sur place. Le , il obtient des Domaines que le terrain français de Chiang Mai, où s’élève désormais le premier Centre de recherche de l’École en Thaïlande, soit transféré à l’EFEO à titre de dotation. Il est ensuite affecté à Vientiane et poursuit ses recherches dans les provinces du Nord-Laos, jusque dans les zones de parlers taï du Sud-Yunnan en Chine. La même année, il est élu directeur d’études à la 5e Section de l’EPHE (Sciences religieuses), titulaire de la chaire «Bouddhisme d’Asie du Sud-Est». En 1998, il est nommé membre du Conseil national des Sciences humaines et sociales. En 2008, il devient directeur d’études émérite à l'École française d'Extrême-Orient.
Par une longue immersion dans les cultures locales et l’introduction d’une démarche proprement ethnographique dans le champ des études bouddhiques, François Bizot a mis au jour l’existence d’un fonds de manuscrits en écritures vernaculaires, totalement inédit, rattaché à la fois aux doctrines tantriques du Vajrayāna et à l’évolution en Inde des préceptes du bodhisattva (Mahāyāna). Ces textes, peu divulgués, voire niés dans les sphères officielles, restaient jusqu’à une date récente pleinement assumés par l’ensemble des communautés locales, qui continuaient à en produire d’innombrables copies. Les liens qu’il a nourris avec les savants du cru lui ont donné des clés d’accès indispensables pour aborder cette littérature ésotérique dont les sources anciennes sont liées à l’époque où le bouddhisme existait toujours dans le sous-continent indien.
Ses enquêtes de terrain sur l’histoire des écoles (nikāya), les signes monastiques, la symbolique obstétrique du costume religieux, le rituel des ordinations et l’ascèse des moines forestiers (dhūtang) montrent, à l’appui de ses travaux à l’EFEO et de ses conférences à l’EPHE, l’existence d’un bouddhisme ésotérique de type tantrique[10], en marge du bouddhisme officiel issu des réformes du Mahāvihāra cingalais (XIIe siècle) et sans doute antérieur aux premiers témoignages épigraphiques du pāli à Angkor (XIVe siècle), mais commun sur le fond à l’ensemble des populations indianisées de la péninsule indochinoise[11].
Récits & roman :
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