Géographie de la Bretagne
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Cet article décrit la géographie de la Bretagne des points de vue physique, humain et régional. La Bretagne est une péninsule qui se trouve à l’ouest de la France. Sa position et sa dimension jouent un rôle important dans son climat, son territoire et son organisation territoriale.
Avec son littoral très découpé, elle possède la plus grande façade maritime de France métropolitaine. Les quatre départements de la région Bretagne (Finistère, Côtes-d'Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine) et la Loire-Atlantique ont chacun un large accès à la mer, soit au golfe de Gascogne de l’océan Atlantique soit à la Manche.
Le relief et la géologie de la Bretagne sont marqués par le Massif armoricain. Ce massif hercynien est très raboté par l’érosion. Deux lignes de crêtes de direction est-ouest émergent à des altitudes plus élevées : les monts d'Arrée et les montagnes Noires.
Situation
La péninsule bretonne se situe à l’extrême ouest de la France et au centre de l’Arc atlantique[n 1]. Elle s’étend sur une zone plus importante que celle de la région Bretagne mais inférieure à celle du Grand Ouest français.
Le Massif armoricain a formé cette péninsule lors du Tournaisien (au tout début du Carbonifère inférieur, il y a environ 360 Ma). Elle se trouve actuellement à l’ouest de la plaque tectonique eurasiatique, face à la dorsale médio-atlantique qui s'agrandit d'environ 2 à 3 centimètres.
Relief et géologie
Description générale
Géologie
Le Massif armoricain s'étend sur 65 000 km2 sur les régions Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie occidentale et Poitou.
Le Massif armoricain a été façonné par deux grands orogenèses, le cycle cadomien et le varisque, permettant de distinguer le domaine cadomien au nord et centre armoricain au centre, peu affectés par l'orogenèse hercynienne, et le domaine hercynien au sud du massif.
L'orogenèse cadomienne est suivie par une pénéplanation totale. Le rifting cambro-ordovicien (tectonique distensive nord-sud conjuguée à la distension de Rodinia), associé à l’ouverture de l’océan Rhéique entre la micro-plaque Avalonia et Gondwana, favorise un volcanisme effusif acide, un magmatisme à l'origine de granitisations et une subsidence (notamment la sédimentation ordovicienne dominée par le grès armoricain) liée à l'ouverture de grabens qui enregistrent, comme les gouttières synclinales, la transgression par une mer venant de l’est. Depuis le Carbonifère, le Massif armoricain est marqué par sa continentalité. Longtemps émergé, il est d’abord soumis à l'érosion, prédominante au Permien, puis à une altération à l'origine d'un épais manteau d'altérites. Le contre-coup de l'ouverture de l'océan Atlantique puis de la tectonique compressive alpin et pyrénéenne est associé au basculement nord-sud du massif (d'où une Bretagne à côtes, à falaises élevées au nord, à rivages plus bas au sud, et un écoulement des fleuves suivant la direction nord-sud) tandis que les déformations à grand rayon de courbure favorisent la transgression de la mer des Faluns au Miocène[1].
Le Cénozoïque voit s'installer un réseau fluviatile sur un socle qui réagit au plissement alpin en rajeunissant les reliefs anciens et en mettant en valeur la plupart des affleurements granitiques. Enfin la pénéplaine est recouverte par des dépôts quaternaires qui façonnent les paysages que nous connaissons aujourd'hui. Lors des périodes périglaciaires, des heads empâtent les reliefs tandis que les vents glacés, soufflant sur la Manche asséchée, déposent un épais manteau de limon loessique sur la Ceinture dorée. Lors des périodes interglaciaires, le niveau marin remonte, comme l’indiquent les plages anciennes « perchées » observées ici et là sur le littoral. Trois stades transgressifs se sont succédé au cours du Pléistocène moyen et du Pléistocène supérieur, dont le dernier, la transgression flandrienne, ennoie les bordures continentales (plate-forme à écueils) et les basses vallées fluviales (abers). Depuis 7 000 ans, la montée marine rapide repousse les sédiments vers les rivages actuels où les massifs dunaires s’édifient progressivement[2].
Sommets
Les points les plus élevés du massif armoricain (mont des Avaloirs, signal d'Écouves) dépassent légèrement les 400 mètres et se trouvent à l’est du massif du côté de la frontière entre la Mayenne et l’Orne. Le point culminant de la Bretagne est le Roc'h Ruz qui s’élève à 385 mètres. Plusieurs autres sommets des monts d'Arrée atteignent des altitudes similaires (Ménez Kador 385 m, Roc'h Trevezel 385 m, Roc'h Trédudon 385 m, mont Saint-Michel de Brasparts 381 m). Les montagnes Noires dépassent légèrement les 300 mètres d'altitude au Roc'h Toullaëron. Le reste de la péninsule se trouve majoritairement en dessous des 300 mètres d’altitude. Le mont Bel-Air dans les Côtes-d'Armor avec ses 339 m constitue le point culminant des monts du Mené.
Littoral et îles
Le littoral breton présente une grande diversité. Il alterne rias et abers encaissés ; baies, plages et côtes basses ; côte rocheuse moyenne et falaise[4]. La falaise la plus haute se trouve à Plouha dans les Côtes-d'Armor : elle culmine à 100 m.
Le trait de côte est découpé de façon fractale donc, par nature, sa longueur dépend de l'échelle utilisée pour la mesurer, elle est dite « infinie ». L'estimation qui est le plus souvent retenue et qui prend en compte tous les littoraux des îles bretonnes, se situe entre 2 000 et 3 000 km (2 470 km selon le référentiel Histolitt[5] d'après Cerema) ce qui représenterait environ le tiers du littoral de France métropolitaine[6].
Chaque portion de côte porte un nom touristique lié à un élément local. De la baie du mont Saint-Michel au nord à l’estuaire de la Loire au sud, on trouve :
- la Côte d'Émeraude (de Cancale au cap Fréhel) comprenant notamment Saint-Malo, Dinard et Saint-Cast-le-Guildo.
- les Côtes Penthièvre et Goëlo (du cap Fréhel à Perros-Guirec) comprenant notamment Erquy, Le Val André, Saint-Brieuc et Paimpol.
- la Côte de granit rose (de Perros-Guirec à Trébeurden) comprenant notamment Ploumanac'h.
- la Ceinture dorée (de Trébeurden à Brignogan-Plages) comprenant notamment Locquirec, Carantec et Roscoff.
- la Côte des Légendes et les Abers (de Brignogan-Plages à Plougonvelin) comprenant notamment Kerlouan et Saint-Pabu.
- la Côte d'Iroise (de Plougonvelin à la Pointe du Raz) comprenant notamment Brest, Crozon et Douarnenez.
- la Côte de Cornouaille (de la Pointe du Raz à Pont-Aven) comprenant notamment Penmarch, Bénodet et Concarneau.
- la Côte des Mégalithes (de Pont-Aven à Mesquer comprenant notamment Lorient, Quiberon, Carnac et Vannes
- la Côte d'Amour (de Mesquer jusqu’à la Loire) comprenant notamment Le Croisic, La Baule-Escoublac et Saint-Nazaire.
- et la Côte de Jade (de la Loire à Les Moutiers-en-Retz) comprenant notamment Saint-Brevin-les-Pins et Pornic.
La Bretagne concentre 70 % des îles de France métropolitaine[7]. Réparties tout le long du littoral, les îles ou îlots[n 2] (800 à 1 000 selon le référentiel utilisé) représentent un linéaire de près de 700 kilomètres[8]. Le recensement de 2005 établit que la population totale insulaire s'élève à 11 000 habitants[9].
La plus grande de toutes est Belle-Île-en-Mer[10] au large de la presqu'île de Quiberon.
Le golfe du Morbihan compte une cinquantaine d’îles[11] dont les principales sont :
Liste des principales îles bretonnes, hors golfe du Morbihan :
- Archipel et île de Bréhat
- Archipel des Sept-Îles
- Île-de-Batz
- Ouessant
- Archipel et île de Molène
- Île de Sein
- Archipel des Glénan
- Groix
- Belle-Île-en-Mer
- Houat
- Hœdic
- Île Dumet
L'attirance pour le littoral breton (littoralisation) se traduit par le phénomène d'haliotropisme qui s'accélère depuis les années 1960[n 3]. L'artificialisation du littoral breton dans les années 1970-80 va de pair avec le développement du tourisme de masse. En 2012, les surfaces artificialisées (logements à l'origine de la rurbanisation littorale au plus près du rivage[n 4], routes, zones industrielles et portuaires, etc.) occupent en moyenne 14,6 % des communes littorales, soit 2,6 fois plus que la moyenne métropolitaine[12]. « Les phénomènes conjugués de la périurbanisation et de la rurbanisation d’une part, de colonisation des rivages d’autre part, se combinent ici en même temps, densifiant brutalement les territoires, ennoyant ces noyaux urbains dans un paysage « d’urbanité » mais non de réelle urbanisation[13] ».
Hydrographie
La péninsule se trouve presque intégralement dans le district hydrographique de l’agence de l'eau « Loire-Bretagne ». Quelques communes au nord-est se trouvent dans l’agence de l’eau Seine Normandie. On peut distinguer la partie Ouest et la côte Nord qui comptent une vingtaine de bassins versants de la partie Est où l’on trouve deux grands bassin : celui de la Vilaine et celui de la Loire.
La Bretagne compte de nombreux fleuves côtiers. Ils sont souvent courts et leurs embouchures forment des abers ou rias.
Nom | Longueur en km |
---|---|
La Sélune | 91,4 |
Le Couesnon | 97,8 |
La Rance | 102 |
L’Arguenon | 53 |
Le Gouessant | 41 |
Le Gouët | 46,6 |
Le Trieux | 71,8 |
Le Leff | 62,4 |
Le Léguer | 60 |
Le Douron | 27 |
Le Queffleut | 19 |
Le Penzé | 35 |
L’Aber-Wrac'h | 33,6 |
L’Aber-Benoît | 31,1 |
L’Aber-Ildut | 24 |
L’Élorn | 57 |
L’Aulne | 140 |
L’Éllez | 27,3 |
L’Hyères | 48,4 |
Le Goyen | 36 |
L’Odet | 62 |
L’Aven | 37 |
La Laïta | 17 |
L’Isole | 48,1 |
L’Ellé | 60 |
Le Scorff | 78 |
Le Blavet | 148,9 |
L’Ével | 55,8 |
La rivière d'Auray ou Loc'h | 56,4 |
La Vilaine | 218 |
La Loire | 1013 |
Le bassin de la Vilaine occupe 11 000 km2 dont en Ille-et-Vilaine, en Morbihan et en Loire-Atlantique. La Loire est le plus long fleuve de France.
On trouve également plusieurs ouvrages artificiels, barrage écluse et canaux. Les deux principaux canaux sont le canal de Nantes à Brest et le canal d'Ille-et-Rance reliant Rennes à la Manche.
Climats
Températures et ensoleillement
Le climat dominant de la Bretagne est le climat océanique caractérisé par des étés plutôt beaux et doux et des hivers souvent pluvieux, ventés (mais avec régulièrement de belles journées calmes et lumineuses) et doux. Les écarts de températures sont faibles et les jours de gel en hiver sont rares. Les précipitations sont assez fréquentes et sont réparties toute l’année, ce qui donne une fausse réputation de « mauvais temps » en Bretagne. Globalement le temps breton est souvent variable, changeant, sans excès de températures. Car en Bretagne le climat est très variable aussi d'un secteur à un autre.
Il est loin d’être uniforme : « Les frileux, même quand ils ne sont pas des intégristes du culte solaire, éviteront Brest. Et Saint-Brieuc aux vents particulièrement primesautiers. Ils se réfugieront à Vannes, à qui le golfe du Morbihan vaut une lumière quasi insulaire. Mais les amateurs de grand large et de nuées bousculées par le vent choisiront Saint-Malo pour les plus beaux couchers de soleil de Bretagne [...] »[14]
Le sud est plus ensoleillé que le nord. La moyenne annuelle des températures donne un léger avantage à Vannes sur Saint-Brieuc (2 degrés environ). La température de l’eau est en moyenne plus élevée au sud (19 à 20 °C en moyenne l’été) qu'au nord et à l'ouest (15 à 18 °C) en raison des fonds marins et du courant de marée en Manche et Iroise.
De nombreux sites connaissent un climat particulièrement doux. Ainsi, l’île d’Ouessant grâce à sa position excentrée, l’île de Bréhat, le golfe du Morbihan, Belle-Île connaissent un climat très doux : gelées très rares à Ouessant (seulement quelques jours par an), grande douceur à Bréhat, fort ensoleillement à Belle-Île, etc. En général les littoraux sont cléments, en particulier la Côte Atlantique à l'est de Concarneau et au nord sur la Côte d'Émeraude : dans ces secteurs, les étés sont déjà assez chauds, l'ensoleillement généreux, de l'ordre de 1 800 à 2 080 heures par an (soit un record français à ces latitudes) et les précipitations dans les normales françaises voire au-dessous : 758 mm vers Saint-Malo, 895 mm vers Lorient.
Il y a une véritable différence entre l'ouest intérieur et l'est intérieur : ainsi une ville comme Rennes, dans l'est de la Bretagne, connait un climat déjà continentalisé avec des hivers frais ou froids (gelées fréquentes) et des étés déjà chauds et une pluviométrie nettement inférieure à la moyenne nationale (il y pleut autant qu'à Toulouse ou Toulon soit environ 650 à 700 mm par an) et des températures qui sont plus proches de celles que connait Strasbourg (située à 700 km) que de celles de Brest (à 220 km) !
A contrario l'ouest intérieur de la Bretagne connait une humidité quasi constante, des précipitations fréquentes (souvent supérieures à 1 000 mm), pouvant dépasser 1 500 mm sur les points culminants des Monts d'Arrée (387 m d'altitude) concernant un nombre de jours de pluies dépassant toujours les 150 par an voire 250 dans les secteurs les plus humides (le Centre-Nord du Finistère). Les journées nuageuses sont très nombreuses, les hivers plutôt doux dans les vallées mais frais voire froids dès 200 mètres d'altitude environ, les chutes de neige (7 à 14 jours par an) - pouvant être abondantes sur les hauteurs en cas de vague de froid sur la France (42 cm ont été atteints au cours de l'hiver 2010-2011 à Rostrenen[15]). Les étés sont frais, souvent variables et les précipitations, bien que plus faibles que l'hiver, restent assez fréquentes. L'ensoleillement y est faible, le plus faible de Bretagne, avec seulement entre 1 450 et 1 600 heures de soleil par an.
En résumé le climat breton est fortement contrasté suivant les secteurs : il n'y a pas un mais plusieurs climats bretons avec quantités de microclimats. La Bretagne est certainement la région française de plaine qui connait la plus importante diversité de climats : certains secteurs sont très frais et humides (les zones de "« montagne »"), d'autres hyper-océanique donc douces (littoral de l'ouest); d'autres doux, plus secs et ensoleillés (littoraux du sud-est) ou continentalisés (bassin rennais). En Bretagne, pour ce qui est du climat, il y a davantage une différence entre ouest et est qu'une différence entre nord et sud.
Précipitations
Vents
Environnement
Paysages et espaces naturels
Occupation du sol
Il existe quatre types de paysage dominant en Bretagne :
- le bocage : les zones de bocage constituent le « fonds du paysage[16] » de l'Ouest de la France, avec un parcellaire délimité par des haies bocagères pluristratifiées[17] à talus[18], même s'il existe de vastes espaces dénués de haies (tel le pourtour du fond de la baie de Saint-Brieuc ou des haies entourant non des champs individuels mais des groupes de champs ouverts (méjous du littoral Finistérien ; champagnes, campagnes, landelles, plaines, quartiers dans la Bretagne du Nord ; bandes, gaigneries, domaines, dans la Bretagne du Sud), structures peut-être liées au climat atlantique où la rapide pousse de l'herbe permet d'éviter les solutions de discipline rurale, collective et stricte, que connut l'Europe centrale[19]. Les historiens, géographes et archéologues de la seconde moitié du XXe siècle ont remis en cause l'idée reçue de la pérennité du paysage rural à travers les millénaires[20], notamment celle de l'histoire des bocages de l'Ouest qui est beaucoup moins longue qu'une tradition ancienne a relayé[21]. Dans la Bretagne intérieure, aux sols pauvres, l'agriculture médiévale privilégie le seigle et l'avoine (seules les terres mieux fumées autour de la maison portent du froment). Ce n'est que la spécialisation précoce vers l'élevage bovin au XVe siècle qui amène une extension du bocage afin de protéger les cultures des divagations du bétail, le système bocager se développant surtout au cours de l'époque moderne, culminant au milieu du XIXe siècle, et se développant jusqu'en 1950 du fait de la répartition foncière et des besoins en bois[22]. Même si le remembrement dans les années 1960 aux années 1980 en a fait disparaître l’essentiel, surtout dans le Finistère, la région reste une des dernières terres françaises où l'on trouve du bocage dense, avec 114 500 km de haies bocagères en 2019[23]. Bien qu'elle ait perdu 12 % de linéaire bocager entre 1996 et 2008, la Bretagne est encore dominée aux deux tiers par des paysages bocagers en 2015 (15,5 % de bocage dense et prairies sur collines, 11,4 % de bocage à maille élargie, 12,7 % de plateaux avec paysages ouverts et bocage résiduel, 8, 4 % de plateaux avec talus ou haies basses, 22,4 % de plaines avec bocage à ragosse déstructuré)[24]. 40 % de la Bretagne est constituée d'un bocage au maillage serré[25] (sols granitiques à l’ouest de la région et au nord de l’Ille-et-Vilaine), 30 % de maillage intermédiaire[26] (zones schisteuses au sol plus fertile), 30 % de maillage lâche[27] (quart sud-est de la région)[28]. « Il a fallu les catastrophes écologiques de ces dernières années : inondations, lessivage de sols, marées vertes, pour que l’on commence à s’apercevoir que le bocage avait son utilité, qu’il retenait les eaux et les terres, qu’il préservait la bio-diversité, qu’il tempérait le climat. »[29]. Des incitations pécuniaires à la reconstitution de haies bocagères sont organisées à l’échelle communale. En 2018, le bocage dense, diversifié et interconnecté représente 45 % des réservoirs régionaux de biodiversité faunistique et floristique à l’échelle de la Bretagne[30].
- les landes (formant avec les friches 2,6 % des paysages bretons)[31] constituent un habitat où les contraintes environnementales sont le moteur du fonctionnement de l'écosystème, et, par conséquent, de sa stabilité ou de sa dynamique[32],[33] : l'activité humaine passée a contribué à augmenter leur oligotrophisation (fauche de la lande pour la production de litière, de « fumier d'étable » et de « fumier de rue » ; étrépage puis enlèvement des mottes ; brûlis et plus encore les écobuages dans un but de fertilisation, pour une meilleure repousse de l'herbe en vue du pâturage ou pour une mise en culture très temporaire de seigle ou de sarrasin avant le retour de la lande) et à leur régression au XIXe siècle grâce aux amendements calcaires[34]. La surfréquentation touristique et ses conséquences, piétinement et pollution, mettent en danger ce milieu naturel, d'où les mesures de restauration de sentiers et de guidage des piétons. Du million d'hectares estimé dans les cinq départements bretons historiques à la fin du XVIIIe siècle, il ne reste que 30 000 ha au début du XXIe siècle[35]. Elles restent cependant importantes dans certains secteurs, contribuant au charme du pays, puisque « les ajoncs et les genêts, deux fois par an, nous couvrent d’or » grâce à leur floraison[36] en partie synchrone dans la deuxième partie de l'été et au début de l'automne[37]. Sur des sols essentiellement siliceux se développe une couche de terre pauvre et légère typique, à laquelle on a donné le nom de terre de bruyère. La flore et la faune présentent des adaptations biologiques et écologiques à ce milieu pauvre : les ajoncs hébergent des bactéries symbiotiques fixatrices d'azote au niveau des racines. Les bruyères tirent profit d'une association symbiotique avec des mycorhizes éricoïdes qui facilitent l'absorption de tous les éléments minéraux. Le nanisme de ces plantes, la petite taille des feuilles pérennes chez les bruyères, ou leur substitut, les aiguilles chez les ajoncs, caractérisent une adaptation de défense contre le vent (particularité des landes littorales) et une adaptation xérophile (réduction de la surface d'évaporation foliaire pour réduire les pertes d'eau par transpiration)[38]. Leur faible taux de croissance est en adéquation avec l’infertilité du sol (landes littorales et landes de l'intérieur). Les plantes adoptent des moyens naturels de défense (épines, présence de tanins) vis-à-vis des consommateurs[39]. La profondeur du sol et la dynamique de l’eau permettent la différenciation de quatre grands types de landes. Dans les secteurs d’affleurements rocheux, ou sur des pentes fortes, le sol xéromorphe détermine des landes sèches composées de bruyère cendrée ou, plus localement, le ciste en ombelles. À l’opposé, dans les bas de pente, parfois en plateau sommital peu perméable, l’excès d’eau crée des conditions d’hydromorphie et d’anoxie où la lande à bruyère tétragone et ajoncs nains se développe. Si le temps de saturation en eau du sol en surface augmente, la lande tourbeuse à bruyères et sphaignes y croît. Les sols plus profonds à l'humidité moyenne (bien pourvus en eau mais sans excès) sont occupés par les landes à bruyère ciliée et, localement, à bruyère vagabonde. La callune, les ajoncs (Ulex spp.), la molinie sont les espèces compagnes de la plupart de ces types de landes. Les arbustes et arbrisseaux des landes littorales exposés à de forts vents dominants (aubépine, prunellier) présentent de fortes anémomorphoses. Associée à ces espaces et habitats ouverts, une faune spécifique utilise en priorité les landes bretonnes : oiseaux (busard cendré, busard Saint-Martin, faucon hobereau, courlis cendré, engoulevent, fauvette pitchou, tarier pâtre, linotte mélodieuse, bruant jaune), invertébrés (cicindèle champêtre, criquet à pattes orange, adiante fougère, argiope frelon et autres libellules, dont le sympètre noir). Enfin, de nombreux serpents sont les hôtes des landes (vipère péliade, couleuvre à collier et, surtout, coronelle lisse et lézard vivipare)[40].
- les forêts sont en recul depuis l'âge du fer, les espaces forestiers étant réduits à la portion congrue depuis longtemps[41]. Les forêts à dominante de feuillus ne représentant que 1,4 % des paysages bretons et les forêts à dominante de résineux 2 %[31].
- les marais : la Brière, le marais breton, le marais de Goulaine, lac de Grand-Lieu, marais de Muzillac.
L’urbanisation progresse constamment, sauf au centre de la région, mais « La meilleure façon de vivre en Bretagne est de se figurer le réseau des villes comme les différents quartiers d’une même agglomération, tout juste séparés par de splendides espaces verts. »[42]
Espaces protégés
La région Bretagne compte deux Parcs naturels régionaux : Le PNR d'Armorique classé en 1969 et celui du le golfe du Morbihan crée en 2014, un troisième PNR est en projet autour de la vallée de la Rance et de la côte d'Émeraude. Contiguë avec le PNR d'Armorique, un parc naturel marin protège la Mer d'Iroise, ces deux entités sont chevauchées par une réserve de biosphère qui englobe l'archipel de molène, l'île d'Ouessant ainsi que la mer environnante.
La première réserve de France a été créée en Bretagne, au Sept-îles pour protéger les oiseaux marins dont notamment le Macareux moine.
Le réseau Natura 2000 est également présent dans les quatre départements bretons : Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan. Par ailleurs, chacun des départements sus-nommés a mis en place une stratégie de création d'Espace naturel sensible.
Faune
Flore
Depuis 1990, le conservatoire botanique national de Brest est responsable de l'inventaire du patrimoine végétal de la région en vue de la préservation de la diversité biologique[43].
1 800 plantes sauvages poussant en Bretagne y ont été répertoriées, du rarissime panicaut vivipare à l'omniprésent ajonc d'Europe[44].
Activité sismique
Ancienne chaîne de montagne (le massif armoricain)[45], la Bretagne est régulièrement secouée par des séismes intraplaques de faible intensité, ne dépassant généralement pas une magnitude de 2 à 3. Plus de 500 séismes ont été recensés entre 2000 et 2014[46]. La Bretagne est la troisième région la plus sismique de France[47] derrière la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie[48]. Entre 1900 et 2017, le Rénass a comptabilisé 1 069 séismes ayant secoué la Bretagne[49], dont deux séismes d'une magnitude de 7 (intensité correspondant à des dommages aux constructions) : l'épicentre du premier se situait à Meucon (), celui du second à Melgven (), les deux sur le Cisaillement Sud-Armoricain[50]. Au XXIe siècle, le séisme le plus important (de magnitude 5,4), a lieu à Hennebont le (épicentre à Languidic)[51].
Les cartes de localisation des tremblements de terre[52] indiquent l’existence d’une ceinture a forte densité de séismes, large d’environ 100 km, sur une distance de 600 km, orientée principalement N130 dans le sud du Massif armoricain et N150 dans sa partie centrale (failles de la famille « Kerforne[53] »)[54]. Son activité apparaît concentrée sur ses bordures, qui délimitent un couloir central faiblement sismique et qui correspondent à une zone de forte production de chaleur crustale traduisant les épisodes successifs d’enrichissement de la croûte en éléments radiogéniques, liés à l’orogenèse cadomienne et à son érosion, puis aux derniers épisodes magmatiques de l’orogenèse hercynienne. Sa bordure orientale longe la Faille de Quessoy-Nort-sur-Erdre (d'âge post-hercynien) jusqu’à la vallée de la Loire où elle présente une virgation vers l’Est. Sa bordure occidentale correspond a une zone comprise entre la ligne de côte et la branche sud du Cisaillement Sud-Armoricain d'âge tardi-hercynien. Les failles hercyniennes ou post-hercyniennes les plus sismogènes sont localisées en bordure de domaines à forts contrastes rhéologiques déterminés par ces zones à forte production de chaleur crustale et qui guident la déformation de la croûte[55]. Le socle du Massif armoricain a en effet subi depuis la fin de l'orogenèse hercynienne un régime de déformation lié aux contraintes dues à l'ouverture, toujours en cours, de l'océan Atlantique[56], rifting océanique qui a réactivé le relief armoricain, la tectonique compressive pyrénéenne et alpine finalisant ce rajeunissement du relief par le processus de flambage lithosphérique de grande longueur d'onde[57],[54] ».
La définition de la profondeur de la zone sismogène comme marquant la limite au-dessus de laquelle se produisent 80 % des séismes indique que celle-ci est de l’ordre de 15 à 16 km dans le Massif armoricain, ce qui correspond à la zone de transition fragile-ductile définie par le début de la plasticité du quartz (300 °C, 15 km)[55].
Ces zones de transition sont associées à des failles réactivées par un flambage lithosphérique de grande longueur d'onde issue de l'orogenèse pyrénéenne et alpine (compression, en direction du nord de l'Europe, de ces deux chaînes qui continuent de s'élever, d'environ 1 mm/an) et par la dorsale médio-atlantique (vitesse d'expansion de 2-3 cm/an) qui repousse la Bretagne et l'Europe vers l'Est. Ces deux poussées font bouger le Massif armoricain vers le nord-est[58].
Démographie
Population et densité
Chiffres au :
Territoire | Population municipale décret no 2012-1479 du |
Superficie km2 |
Densité hab/km2 |
---|---|---|---|
Côtes-d’Armor | 591 641 | 6 878 | 86 |
Finistère | 897 628 | 6 733 | 133 |
Ille-et-Vilaine | 988 140 | 6 775 | 146 |
Morbihan | 721 657 | 6 823 | 106 |
Région Bretagne | 3 199 066 | 27 208 | 117 |
Loire-Atlantique | 1 282 052 | 6 815 | 188 |
« Avec 36 400 naissances et 30 000 décès, le bilan de la démographie bretonne en 2005 est conforme aux précédents. La fécondité est désormais proche de 2 enfants par femme. Le solde naturel s’établit à 6 400 personnes. Cette progression est plus importante dans les zones urbaines et périurbaines, tandis qu’une large partie du territoire enregistre plus de décès que de naissances : 36 % des communes bretonnes sont en déficit naturel en 2005. »[59]. Accroissement de 0,24 %[60].
Les aires urbaines
Découpage du territoire
Aucun découpage administratif ne correspond exactement à la péninsule bretonne. La principale division est la région Bretagne qui est divisée en quatre départements : Finistère, Côtes-d'Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine. Le département de la Loire-Atlantique fait actuellement partie de la région Pays de la Loire mais son territoire faisait historiquement partie de la province de Bretagne jusqu’en 1941 (traité de Vichy). La question du rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne est un débat récurrent.
Chaque département est découpé en communes, regroupées en cantons, en arrondissements et en diverses intercommunalités (EPCI « communauté », syndicat intercommunal, ou pays d’aménagement du territoire). Chacune de ces différentes subdivisions correspond à des besoins et des compétences particulières (le canton servant aux élections cantonales).
Il existe également d’autres découpages militaire, judiciaire ou religieux. Jusqu'en 2011, la région terre Nord-Ouest (RTNO) était basée à Rennes et couvrait les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Centre, Basse-Normandie et Haute-Normandie. La Préfecture maritime de l'Atlantique, basée à Brest, couvre toute la façade atlantique. Judiciairement, le ressort de la Cour d'appel de Rennes s’étend sur les cinq départements bretons tandis que la Cour administrative d'appel de Nantes s’étend plus largement les régions Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie et Centre. Enfin, depuis 2007, la province ecclésiastique de Rennes regroupe les neuf diocèses des régions Bretagne et Pays de la Loire.
Administration et aménagement du territoire
Les langues de Bretagne
Tableau général
Secteur primaire
Agriculture
Métiers de l'eau
« La pêche professionnelle emploie 5 200 pêcheurs, soit plus de 28 % des emplois de la pêche en France (2011). La Bretagne est la première région française pour la pêche, avec plus de 49 % des captures de la France… Elle représente également 90 % de la production nationale d’algues marines. La Bretagne compte 1 400 bateaux de pêche dont 80 % de bateaux inscrits en petite pêche ou pêche côtière… La conchyliculture représente plus de 4 000 emplois, répartis dans 670 entreprises pour un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros (2011). Plus de 45 % des surfaces conchylicoles françaises sont concentrées en Bretagne[61] ».
Le tourisme littoral est devenu[n 5] l'un des secteurs majeurs de l'économie bretonne (4,8 % de l’emploi salarié régional en 2011). La Bretagne accueille 9 millions de touristes par an surtout pendant l’été qui concentre 85 % de la fréquentation (entre avril et septembre). C'est la quatrième région française pour le nombre de touristes annuels[62].
Forêts, mines et exploitations marines
Exploitation forestière, activités minières et exploitations marines