Grand Prix automobile d'Italie 1966
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Le Grand Prix d'Italie 1966 (XXXVII Gran Premio d'Italia), disputé sur l'Autodromo nazionale di Monza le , est la cent-quarante-huitième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la septième manche du championnat 1966.
Nombre de tours | 68 |
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Longueur du circuit | 5,750 km |
Distance de course | 391 km |
Météo | temps chaud et ensoleillé |
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Vainqueur |
Ludovico Scarfiotti, Ferrari, 1 h 47 min 14 s 8 (vitesse moyenne : 218,748 km/h) |
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Pole position |
Mike Parkes, Ferrari, 1 min 31 s 3 (vitesse moyenne : 226,725 km/h) |
Record du tour en course |
Ludovico Scarfiotti, Ferrari, 1 min 32 s 4 (vitesse moyenne : 224,026 km/h) |
Le championnat du monde
Après cinq années de Formule 1 1 500 cm3, formule dérivée de l'ancienne Formule 2 en vigueur de 1957 à 1960, la Commission sportive internationale (C.S.I.) a décidé lors de son comité exécutif de décembre 1963 de porter à trois litres la cylindrée des nouvelles F1, mesure entrée en vigueur le 1er janvier 1966. Le nouveau règlement autorise à nouveau l'utilisation de moteurs suralimentés, avec un coefficient deux pour la cylindrée (soit un maximum de 1 500 cm3 en cas d'utilisation d'un compresseur volumétrique ou d'un turbocompresseur). La réglementation s'appuie sur les points suivants[1] :
- pas de cylindrée minimale
- cylindrée maximale : 3 000 cm3 si moteur atmosphérique ou 1 500 cm3 si moteur suralimenté
- poids minimal : 500 kg (à sec)
- roues non carénées
- double circuit de freinage obligatoire
- arceau de sécurité obligatoire (le haut du cerceau devant dépasser le casque du pilote)
- démarreur de bord obligatoire
- carburant commercial obligatoire
- ravitaillement en huile interdit durant la course
- distance minimale d'un Grand Prix : 300 km
- distance maximale d'un Grand Prix : 400 km
- distance minimale pour être classé : 90% de la distance parcourue par le vainqueur
Alors qu'en début d'année la plupart des spécialistes prévoyaient une nette domination de la Scuderia Ferrari et de son premier pilote John Surtees, les monoplaces italiennes étant les seules à disposer d'un moteur «trois litres» éprouvé et à haut rendement, Jack Brabham a déjoué les pronostics en imposant une monoplace agile et parfaitement au point, dotée d'un V8 dérivé d'un moteur Oldsmobile de série dont la souplesse et la fiabilité sont parvenues à compenser le manque de puissance. Grâce à ses quatre victoires consécutives aux Grands Prix de France, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et d'Allemagne au volant de sa Brabham BT19, le pilote-constructeur est déjà pratiquement assuré de remporter le championnat 1966, tandis qu'au sein de la Scuderia Ferrari l'éviction (mi-juin) de John Surtees a grandement compromis les résultats de l'équipe. Alors que trois manches restent à disputer, seul Surtees (vainqueur en Belgique et second en Allemagne) peut encore empêcher Brabham de conquérir un troisième titre mondial. Ses chances sont cependant bien minces, le Britannique, courant désormais pour l'équipe Cooper, devant pour ce faire impérativement remporter les trois dernières courses et, même dans ce cas, une seule deuxième place suffirait à l'Australien pour être champion.
Le circuit
Créé au cœur du parc de la ville de Monza en 1922, l'autodrome national italien est constitué d'un circuit routier de 5,75 kilomètres et d'un anneau de vitesse ovale de 4,25 kilomètres, les deux tracés pouvant être utilisés séparément ou combinés (l'ensemble développant alors dix kilomètres[2]). Les vitesses atteintes sur l'ovale impliquant des problèmes de sécurité, les monoplaces de Formule 1 sont cantonnées, depuis 1962, au seul circuit routier. Auteur d'un tour à 214,7 km/h au volant de sa Lotus lors de l'édition 1965 du Grand Prix, Jim Clark détient le record de la piste[3].
- Lotus 33 & 43 "Usine"
Au sein du Team Lotus, Jim Clark dispose pour la première fois du modèle 43 à moteur seize cylindres BRM, utilisé en début de saison par Peter Arundell. Après des premières sorties désastreuses, BRM a passé deux mois à mettre au point et à fiabiliser le seize cylindres, également utilisé sur ses propres monoplaces. Alimenté par injection indirecte Lucas, il délivre plus de 400 chevaux à 10000 tr/min mais se révèle très lourd (250 kg[4]). Dotée d'une boîte de vitesses ZF à cinq rapports, la Lotus 43 accuse environ 700 kg sur la balance. Arundell pilote à nouveau sa Lotus 33 à moteur V8 BRM (1998 cm3, près de 260 chevaux) tandis que la 33 à moteur V8 Climax FWMV MkIX (1970 cm3, 240 chevaux à 8800 tr/min[5]) auparavant utilisée par Clark sera confiée au pilote local Geki. Également pourvues d'une boîte cinq ZF, les Lotus 33 pèsent un peu plus de 500 kg. Les trois voitures sont chaussées de pneus Firestone[6].
- Lotus 25 & 33 privées
L'équipe de Tim Parnell a engagé sa Lotus 33 à moteur V8 BRM 2 litres (version P60 à échappement central, 260 chevaux) et boîte de vitesses Hewland à cinq rapports pour Mike Spence. À la demande de la Scuderia Sant'Ambroeus, présidée par Eugenio Dragoni, Parnell a mis sa Lotus 25, équipée d'un moteur identique, à disposition de Giancarlo Baghetti[7]. Ces deux monoplaces utilisent des pneus Firestone[6].
- BRM P83 & P261 "Usine"
BRM n'ayant plus aucune chance de remporter le championnat du monde, Alfred Owen a décidé de remiser les anciennes P261 à moteur V8 (deux litres, 260 chevaux) utilisées jusqu'alors et de concentrer les efforts de l'équipe sur les modèles P83 à moteur seize cylindres. Ces monoplaces à structure monocoque sont dotées d'une boîte de vitesses à six rapports et pèsent 695 kg. Celle de Graham Hill bénéficie de la dernière évolution du système d'allumage, chaque cylindre s'allumant tour à tour, tandis que celle de Jackie Stewart conserve l'ancien système (allumage simultané de deux cylindres). Une troisième P83 avait été prévue en réserve, mais sa transmission a lâché lors d'une séance d'essais libres au cours de la semaine précédent le Grand Prix[8]. Depuis quelques courses, les pneus Goodyear sont préférés aux pneus Dunlop utilisés en début de saison[9].
- BRM P261 privée
Bob Bondurant dispose de la P261 à moteur deux litres engagée par Bernard White.
- Brabham BT19 & BT20 "Usine"
Jack Brabham étrenne à Monza son nouveau châssis BT20, identique à celui utilisé par son coéquipier Denny Hulme depuis le Grand Prix de France. Le pilote-constructeur australien a toutefois également amené la BT19 qu'il utilise depuis janvier et avec laquelle il vient de remporter quatre victoires consécutives. Les modèles BT19 et BT20 sont pratiquement identiques, la principale différence se situant au niveau du cockpit, renforcé sur la BT20 qui bénéficie également de disques de freins de plus grand diamètre que ceux de la BT19. Ces monoplaces à châssis multitubulaire sont motorisées par un V8 Repco alimenté par un système d'injection indirecte Lucas développant 300 chevaux à 6800 tr/min. La transmission est assurée par une boîte cinq vitesses Hewland[10]. Dotées de jantes de quinze pouces et chaussées de pneus Goodyear, les Brabham-Repco pèsent 540 kg à vide[11].
- Brabham BT11 privées
Bob Anderson pilote son habituelle Brabham BT11 à moteur quatre cylindres Climax de 2,7 litres (260 chevaux à 6800 tr/min), tandis que Chris Amon, ne pouvant disposer de la McLaren sur laquelle il était engagé, disposera d'une BT11 à moteur V8 BRM de la MGM, dans le cadre du tournage du film Grand Prix.
- Ferrari 312 & 246 "Usine"
La Scuderia Ferrari a procédé à de longues séances d'essais à Monza la semaine précédant le grand prix, peaufinant la mise au point de la dernière évolution de ses moteurs V12, désormais dotés de 36 soupapes (2 d'admission et une d'échappement par cylindre). La puissance disponible est désormais de 380 chevaux à 9500 tr/min, soit un gain d'une vingtaine de chevaux par rapport à la version à 24 soupapes. Lorenzo Bandini, Mike Parkes et Ludovico Scarfiotti disposent chacun d'une 312 dernière évolution. Ces monoplaces à structure semi-monocoque, dotées d'une boîte cinq vitesses, pèsent 620 kg à vide. La 246 à moteur V6 de 260 chevaux, utilisée par Scarfiotti en Allemagne, sert de mulet. L'équipe italienne utilise habituellement des pneus Firestone[12].
- Cooper T81 "Usine"
Les deux T81 confiées à John Surtees et Jochen Rindt sont dotées des nouveaux moteurs V12 Maserati, avec distributeurs d'allumage placés au centre du vé (et non plus latéralement) afin de réduire la trainée aérodynamique, la puissance escompté par le motoriste étant de 360 chevaux à 9000 tr/min. Ces monoplaces à structure monocoque sont équipées d'une boîte de vitesses ZF à cinq rapports. Elles pèsent 620 kg à vide et sont chaussées de pneus Dunlop[13].
- Cooper T81 privées
Rob Walker aligne sa T81 pour son pilote Joseph Siffert, Joakim Bonnier disposant d'un modèle identique au sein de sa propre structure. Tous deux utilisent les anciennes versions du V12 Maserati (avec distributeurs d'allumage latéraux), mais Bonnier a préféré l'usage de pneumatiques Firestone aux habituels pneus Dunlop[14].
- Honda RA273 "Usine"
Partenaire de Brabham en Formule 2, Honda avait également envisagé de fournir son nouveau V12 de 3 litres au pilote-constructeur australien pour la saison 1966 de Formule 1, mais celui-ci, déjà bien engagé avec le motoriste Repco, avait alors décliné l'offre. Le constructeur japonais, qui n'avait initialement pas prévu de réaliser une monoplace complète pour la nouvelle réglementation, a donc également dû concevoir un châssis mais a manqué les premières courses de l'année, la RA273 n'ayant effectué ses premiers tours de roues que fin juillet, sur la piste de recherche d'Arakawa River, aux mains de Richie Ginther. Après des essais intensifs sur le circuit de Suzuka, le pilote américain va la piloter pour la première fois en course à Monza. Imposante (plus de 2,50 mètres d'empattement, 745 kg), cette monoplace dont la structure monocoque est constituée de tôles d'aluminium rivetées, a été conçue sous la direction de Yoshio Nakamura, la partie châssis ayant été confiée au tout jeune ingénieur Tekeda qui s'est inspiré de celui de la Lotus 38[15]. Contrairement aux précédentes monoplaces de la marque, le moteur V12, couplé à une boîte cinq vitesses, est disposé longitudinalement. Alimenté par un système d'injection indirecte Honda et bénéficiant d'une distribution à quatre soupapes par cylindre, il développe environ 420 chevaux à 10500 tr/min. L'équipe utilise exclusivement des pneus Goodyear[16].
- McLaren M2B "Usine"
Bruce McLaren espérait bénéficier des versions fiabilisées des moteurs V8 Ford initialement conçus pour les 500 miles d'Indianapolis, mais ceux-ci ne sont toujours pas au point et le pilote-constructeur a annulé en dernière minute son engagement et celui de son coéquipier Chris Amon[17].
- Eagle T1F & T1G "Usine"
Dan Gurney dispose pour la première fois du V12 Weslake conçu par Aubrey Woods. Monté sur un nouveau châssis baptisé T1G, il est alimenté par un système d'injection directe Lucas et délivre 350 chevaux à 10000 tr/min, les développements attendus devant porter sa puissance à 400 chevaux. Dotée d'une boîte cinq vitesses Hewland, la T1G, à structure monocoque, pèse environ 600 kg à vide. Phil Hill dispose quant à lui de la T1F utilisée par Gurney lors des courses précédentes. Semblable à la T1G et utilisant la même boîte de vitesses, elle est motorisée par un quatre cylindres Climax FPF de 2,7 litres (développant 255 chevaux à 8000 tr/min). Elle pèse 570 kg à vide. Les Eagle ont une structure monocoque et sont chaussées de pneus Goodyear[18].
- BRP MkII privée
Ayant racheté une des BRP MKII lors de la liquidation de l'entreprise britannique, John Willment l'a adaptée à la nouvelle réglementation en y montant un moteur V8 Climax de deux litres[19]. Le pilote australien Frank Gardner aurait dû piloter cette voiture à Monza mais l'équipe a déclaré forfait.
- Durant les essais, la Lotus 43 de Jim Clark portait le numéro 20, le numéro 22 n'ayant été apposé que le jour de la course, une fois que Clark eut décidé de prendre le départ sur cette voiture. La Lotus 33 finalement attribuée à Geki portait le numéro 22 pendant les essais et le numéro 20 en course.
- La Lotus 33 de Mike Spence était initialement engagée sous le numéro 42 mais a disputé la course sous le numéro 32, Spence jouant la doublure de l'acteur James Garner (dans le rôle du pilote fictif Pete Aron) pour le tournage du film Grand Prix, en remplacement de Chris Amon non qualifié sur la Brabham BT11 numéro 32 de la Metro-Goldwyn-Mayer. Chris Amon devait initialement piloter une McLaren.
- La deuxième Eagle de l'équipe AAR s'est vu attribuer le numéro 34, numéro initialement destiné au pilote-constructeur Bruce McLaren, forfait[9].
- Engagé sous le numéro 44 sur une Lotus 25 du team Parnell avec laquelle il a disputé la première séance d'essais, Giancarlo Baghetti s'est ensuite vu proposer le volant de la Ferrari 246 par le directeur sportif de la Scuderia Ferrari pour la deuxième séance d'essais et pour la course[21].