Grand Prix automobile de Monaco 1958
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Le Grand Prix de Monaco 1958 (XVIe Grand Prix de Monaco), disputé sur le circuit de Monaco le , est la soixante-sixième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la seconde manche du championnat 1958.
Nombre de tours | 100 |
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Longueur du circuit | 3,145 km |
Distance de course | 314,500 km |
Météo | temps chaud et ensoleillé |
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Vainqueur |
Maurice Trintignant, Cooper-Climax, 2 h 52 min 27 s 9 (vitesse moyenne : 109,414 km/h) |
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Pole position |
Tony Brooks, Vanwall, 1 min 39 s 8 (vitesse moyenne : 113,447 km/h) |
Record du tour en course |
Mike Hawthorn, Ferrari, 1 min 40 s 6 (vitesse moyenne : 112,545 km/h) |
Le championnat du monde
La saison 1958 de Formule 1 est la cinquième à se disputer sous la réglementation 2,5 litres (moteur 2 500 cm3 atmosphérique ou 750 cm3 suralimenté). Un important changement a toutefois été mis en place, avec l'utilisation obligatoire du carburant de type 'Avgas', un carburant proche de l'essence du commerce mais avec un taux d'octane de 130. Les motoristes ont donc dû adapter leurs moteurs, jusqu'alors alimentés par des carburants libres à base de méthanol et de nitrométhane, comportant éventuellement du benzol. Cette modification a été introduite par la CSI dans un but d'uniformisation et afin de limiter la puissance des moteurs.
Au niveau de l’organisation des épreuves mondiales (hormis les 500 miles d'Indianapolis qui se courent sous la réglementation américaine, inchangée), la durée a été limitée à trois heures et trois cents kilomètres, contre cinq cents les années précédentes, avec pour effet immédiat l'apparition de monoplaces plus petites avec réservoirs réduits.
Quintuple champion du monde, l'as argentin Juan Manuel Fangio a décidé, à près de quarante-sept ans, de ne pas remettre son titre en jeu ; bien qu'ayant participé en janvier aux épreuves organisées dans son pays, remportant à l'occasion le Grand Prix de Buenos Aires, il n'a signé aucun contrat professionnel et n’apparaîtra plus qu'épisodiquement cette saison. Dauphin de Fangio de 1955 à 1957 et vainqueur de la manche inaugurale en Argentine, le Britannique Stirling Moss semble tout désigné pour lui succéder.
Le circuit
Seul circuit urbain utilisé dans le cadre du championnat du monde, le circuit de Monaco (exclusivement utilisé à l'occasion du Grand Prix) est tracé dans les rues de la principauté de Monaco, avec un parcours pratiquement inchangé depuis sa création en 1929. L'étroitesse de la piste, l'enchaînement de virages difficiles et l'absence de dégagements font la spécificité de ce circuit très technique, demandant aux pilotes une concentration extrême, le moindre écart de trajectoire étant souvent lourd de conséquences. Avec une moyenne horaire en course de l'ordre de 105 km/h, le Grand Prix de Monaco est l'épreuve la plus lente du championnat. Dernier vainqueur en date, Juan Manuel Fangio s'y est imposé à deux reprises.
- Ferrari Dino 246 "Usine"
Comme en Argentine, la Scuderia Ferrari a engagé trois Dino 246 pour Luigi Musso, Peter Collins et Mike Hawthorn. Pesant environ 650 kg, elles sont animées par le moteur Dino 246, V6 de 2 400 cm3 développant près de 290 chevaux à 8 500 tr/min. Quatrième pilote de l'équipe, Wolfgang von Trips dispose d'un châssis identique mais équipé de la version deux litres du V6 (Dino 206, environ 240 chevaux), le directeur sportif préférant garder un moteur 246 en réserve durant les essais, avec possibilité de le monter sur la quatrième voiture le jour de la course[1].
- Vanwall VW "Usine"
Dans l'équipe de Tony Vandervell, l'adaptation du moteur quatre cylindres au carburant aviation a été laborieuse, la mise au point de l'alimentation par injection ayant nécessité plus de temps que l'adaptation des carburateurs chez les concurrents. Dans sa version 1958, le moteur Vanwall développe 270 chevaux à 7 500 tr/min (contre 290 à la fin de la saison passée[2]), un handicap d'une vingtaine de chevaux face aux monoplaces italiennes que le constructeur britannique espère compenser grâce à un poids moindre (630 kg), un freinage à disques particulièrement efficace et une plus grande finesse aérodynamique. Pour l'épreuve monégasque, elles adoptent un nez raccourci muni d'une barre de protection horizontale[3]. Monaco constitue le premier rendez-vous de l'année pour cette équipe, qui a engagé trois voitures pour ses pilotes habituels Stirling Moss, Tony Brooks et Stuart Lewis-Evans.
- BRM P25 "Usine"
Tout comme Vanwall, l'équipe BRM doit faire face à une perte d'une vingtaine de chevaux du fait de l'utilisation du carburant aviation, le moteur quatre cylindres de la marque, dans sa nouvelle version à cinq paliers, plafonnant à 245 chevaux en ce début de saison 1958[4]. Toutefois, grâce à un poids de seulement 550 kg et à son excellente maniabilité, la P25 devrait se montrer à l'aise sur le tortueux circuit monégasque. Trois voitures ont été engagées pour Jean Behra, Harry Schell et Ron Flockhart, mais ce dernier n'est pas certain de pouvoir disposer de la troisième voiture dont la préparation a pris du retard.
- Cooper T45 "Usine"
John Cooper a engagé deux exemplaires de sa nouvelle T45, évolution de la T43 de l'année précédente, conçue pour la formule 2. Par rapport à sa devancière, la T45 bénéficie d'une suspension améliorée et d'un carter de boîte de vitesses renforcé d'après les directives de Jack Brabham, pilote numéro un de l'équipe. Pour Monaco, Brabham dispose de la version 2 200 cm3 du moteur quatre cylindres Coventry Climax, donné pour 195 chevaux[5]. Roy Salvadori pilote la seconde voiture, équipée de la version deux litres du moteur Climax (environ 175 chevaux). Le Rob Walker Racing Team dispose également d'une nouvelle T45 à moteur deux litres, confiée à Maurice Trintignant, tandis que la T43 victorieuse en Argentine, désormais dotée des améliorations techniques de la T45, sert de mulet.
- Lotus 12 "Usine"
Devant l'insistance de ses pilotes Cliff Allison et Graham Hill et encouragé par le succès du moteur Climax FPF deux litres en Argentine, Colin Chapman s'est finalement résolu à suivre la même voie que Cooper, et a équipé deux de ses Lotus 12 de formule 2 de ce même moteur FPF donné pour 175 chevaux[6].
- OSCA "Usine"
Fondateurs en 1947 de la marque OSCA très impliquée en endurance 1 500 cm3, les frères Maserati ont pu engager deux 'Sport' en catégorie formule 2, bien que ces voitures ne soient pas des monoplaces. Elles sont confiées aux pilotes italiens Giulio Cabianca et Luigi Piotti.
- Maserati 250F
Bien que le constructeur italien ait officiellement renoncé à la formule 1, la marque est toujours la mieux représentée, avec huit 250F à moteur six cylindres (270 chevaux) présentes aux mains de pilotes privés. Parmi ceux-ci, on note la présence de l'Italienne Maria Teresa De Filippis, première femme à tenter de prendre le départ d'une épreuve mondiale de F1. Le champion du monde moto Keith Campbell, qui a en début de saison pris le départ des 200 Miles d'Aintree sur sa 250F personnelle[7], avait également annoncé sa participation, mais a finalement déclaré forfait. Le service courses de l'usine avait aussi préparé une monoplace pour Fangio au cas où le champion du monde reviendrait sur sa décision de ne pas courir, en vain[8].
- Connaught Type B
Manager de Stuart Lewis-Evans, Bernie Ecclestone a engagé les deux Connaught Type B qu'il fait habituellement courir dans les épreuves britanniques[7]. Lewis-Evans étant pilote officiel Vanwall pour les épreuves mondiales, ce sont Bruce Kessler et Paul Emery qui ont été retenus pour la manche monégasque.
- Bernie Ecclestone avait initialement engagé les deux Connaught Type B qu'il avait rachetées en octobre 1957 lors de la liquidation de la marque[10], mais en a amené une seule à Monaco, que vont se partager Bruce Kessler et Paul Emery[11]. Ecclestone est inscrit en tant que pilote de réserve.
Les séances d'essais qualificatifs se déroulent les vendredi et samedi précédant la course. Le vendredi matin, Tony Brooks se montre d'emblée le plus rapide au volant de sa Vanwall et profite des conditions idéales (piste froide et entièrement dégagée) pour réaliser un tour à plus de 113 km/h de moyenne, battant de près de trois secondes le temps réalisé par Juan Manuel Fangio l'année précédente. Personne ne sera en mesure de contester la supériorité de Brooks, d'autant que son chef de file Stirling Moss n'est pas parvenu à assurer sa qualification, aux prises avec une voiture affectée d’un sérieux problème de tenue de route et ne disposant pas d’un moteur délivrant toute sa puissance. Malgré une attaque permanente, Jean Behra (BRM) est relégué à une seconde, précédant de très peu les deux Cooper d'usine de Jack Brabham et Roy Salvadori, créditées du même temps, un dixième de seconde devant la Cooper de l'équipe de Rob Walker, pilotée par Maurice Trintignant. Troisième pilote de l'équipe Vanwall, Stuart Lewis-Evans est à deux secondes. Au sein de la Scuderia Ferrari, seul Mike Hawthorn semble satisfait de sa voiture, ses coéquipiers Peter Collins et Luigi Musso se plaignant d'un manque de puissance, tandis que Wolfgang von Trips, qui ne dispose pour les essais que d'un moteur deux litres, parvient néanmoins à réaliser un temps suffisamment probant pour lui valoir une place au départ.
Le samedi, bien que n'ayant pu faire monter un nouveau moteur sur sa voiture (l'avion qui devait le convoyer d'Angleterre ayant été accidenté[3] !), Moss parvient à assurer sa qualification malgré une piste maculée d'huile et de dépôts de gomme. Son compatriote Ron Flockhart ne va pas avoir cette chance : initialement engagé sur la troisième BRM (qui n'a pu être préparée à temps[12]), il a finalement obtenu le volant de la Cooper de réserve de Rob Walker mais son dix-septième temps le relègue au rang de premier-non qualifié. Parmi ceux-ci, on trouve également de nombreux pilotes de Maserati (seuls Giorgio Scarlatti et Joakim Bonnier étant parvenus à se hisser parmi les seize premiers) et les deux pilotes OSCA. De même, pas plus Bruce Kessler que Paul Emery n'a été en mesure d'établir un temps probant au volant de la Connaught engagée par Bernie Ecclestone ; mécontent de ses pilotes, ce dernier finira par tenter de la piloter en personne, mais ne parviendra qu'à effectuer un seul tour au ralenti[12] !
Brooks s'élancera donc de la pole position, Behra et de Brabham complétant la première ligne. Avec Salvadori et Trintignant en seconde ligne, ce sont cinq monoplaces britanniques qui monopolisent les premières places. Respectivement treizième et quinzième des essais sur leurs formules 2 équipées d'un moteur deux litres, Cliff Allison et Graham Hill ont obtenu leur qualification, permettant à la marque Lotus de débuter en Grand Prix.
Pos. | Pilote | Écurie | Temps | Écart |
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1 | Tony Brooks | Vanwall | 1 min 39 s 8 | |
2 | Jean Behra | BRM | 1 min 40 s 8 | + 1 s 0 |
3 | Jack Brabham | Cooper-Climax | 1 min 41 s 0 | + 1 s 2 |
4 | Roy Salvadori | Cooper-Climax | 1 min 41 s 0 | + 1 s 2 |
5 | Maurice Trintignant | Cooper-Climax | 1 min 41 s 1 | + 1 s 3 |
6 | Mike Hawthorn | Ferrari | 1 min 41 s 5 | + 1 s 7 |
7 | Stuart Lewis-Evans | Vanwall | 1 min 41 s 8 | + 2 s 0 |
8 | Stirling Moss | Vanwall | 1 min 42 s 3 | + 2 s 5 |
9 | Peter Collins | Ferrari | 1 min 42 s 4 | + 2 s 6 |
10 | Luigi Musso | Ferrari | 1 min 42 s 6 | + 2 s 8 |
11 | Harry Schell | BRM | 1 min 43 s 8 | + 4 s 0 |
12 | Wolfgang von Trips | Ferrari | 1 min 44 s 3 | + 4 s 5 |
13 | Cliff Allison | Lotus-Climax | 1 min 44 s 6 | + 4 s 8 |
14 | Giorgio Scarlatti | Maserati | 1 min 44 s 7 | + 4 s 9 |
15 | Graham Hill | Lotus-Climax | 1 min 45 s 0 | + 5 s 2 |
16 | Joakim Bonnier | Maserati | 1 min 45 s 0 | + 5 s 2 |
17 | Ron Flockhart | Cooper-Climax | 1 min 45 s 9 | + 6 s 1 |
18 | Francisco Godia | Maserati | 1 min 46 s 0 | + 6 s 2 |
19 | Ken Kavanagh | Maserati | 1 min 49 s 0 | + 9 s 2 |
20 | Gerino Gerini | Maserati | 1 min 49 s 8 | + 10 s 0 |
21 | Bruce Kessler | Connaught-Alta | 1 min 50 s 5 | + 10 s 7 |
22 | Paul Emery | Connaught-Alta | 1 min 50 s 8 | + 11 s 0 |
23 | Maria Teresa De Filippis | Maserati | 1 min 50 s 8 | + 11 s 0 |
24 | André Testut | Maserati | 1 min 51 s 4 | + 11 s 6 |
25 | Giulio Cabianca | OSCA | 1 min 52 s 0 | + 12 s 2 |
26 | Luigi Piotti | OSCA | 1 min 52 s 4 | + 12 s 6 |
27 | Horace Gould | Maserati | 1 min 54 s 0 | + 14 s 2 |
28 | Bernie Ecclestone | Connaught-Alta | 6 min 05 s 0 | + 4 min 25 s 2 |
1re ligne | Pos. 3 | Pos. 2 | Pos. 1 | ||
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Brabham Cooper 1 min 41 s 0 |
Behra BRM 1 min 40 s 8 |
Brooks Vanwall 1 min 39 s 8 | |||
2e ligne | Pos. 5 | Pos. 4 | |||
Trintignant Cooper 1 min 41 s 1 |
Salvadori Cooper 1 min 41 s 0 |
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3e ligne | Pos. 8 | Pos. 7 | Pos. 6 | ||
Moss Vanwall 1 min 42 s 3 |
Lewis-Evans Vanwall 1 min 41 s 8 |
Hawthorn Ferrari 1 min 41 s 5 | |||
4e ligne | Pos. 10 | Pos. 9 | |||
Musso Ferrari 1 min 42 s 6 |
Collins Ferrari 1 min 42 s 4 |
||||
5e ligne | Pos. 13 | Pos. 12 | Pos. 11 | ||
Allison Lotus 1 min 44 s 6 |
Trips Ferrari 1 min 44 s 3 |
Schell BRM 1 min 43 s 8 | |||
6e ligne | Pos. 15 | Pos. 14 | |||
G. Hill Lotus 1 min 45 s 0 |
Scarlatti Maserati 1 min 44 s 7 |
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7e ligne | Pos. 16 | ||||
Bonnier Maserati 1 min 45 s 0 |