Grand Prix automobile de Monaco 1963
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Le Grand Prix de Monaco 1963 (XXIe Grand Prix de Monaco), disputé sur le circuit de Monaco le , est la cent-douzième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la première manche du championnat 1963. L'épreuve est également dénommée Grand Prix d'Europe 1963[1].
Nombre de tours | 100 |
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Longueur du circuit | 3,145 km |
Distance de course | 314,500 km |
Météo | temps chaud et ensoleillé |
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Vainqueur |
Graham Hill, BRM, 2 h 41 min 49 s 7 (vitesse moyenne : 116,605 km/h) |
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Pole position |
Jim Clark, Lotus-Climax, 1 min 34 s 3 (vitesse moyenne : 120,064 km/h) |
Record du tour en course |
John Surtees, Ferrari, 1 min 34 s 5 (vitesse moyenne : 119,810 km/h) |
Le championnat du monde
Depuis 1961, la Formule 1 suit la réglementation 1 500 cm3 (dérivée de l'ancienne Formule 2 de la période 1957 à 1960). Initialement prévue pour une période de trois ans, la formule vient d'être prolongée de deux années supplémentaires par la Commission sportive internationale, garantissant la stabilité technique jusqu'à fin 1965[2]. La réglementation s'appuie sur les points suivants[3] :
- interdiction des moteurs suralimentés
- cylindrée minimale : 1 300 cm3
- cylindrée maximale : 1 500 cm3
- poids minimal : 450 kg (à sec)
- double circuit de freinage obligatoire
- arceau de sécurité obligatoire (le haut du cerceau devant dépasser le casque du pilote)
- démarreur de bord obligatoire
- carburant commercial
- ravitaillement en huile interdit durant la course
La supériorité de ses moteurs avait permis à la Scuderia Ferrari de dominer la saison 1961 face à une concurrence britannique mal préparée à la nouvelle réglementation, domination éphémère car dès l'année suivante les constructeurs anglais ont retrouvé leur suprématie, leurs agiles et légères monoplaces exploitant parfaitement le potentiel des nouveaux moteurs V8 développés par BRM et Coventry Climax alors que l'écurie italienne, déstabilisée par la perte d'une partie de son encadrement technique, a vécu une saison catastrophique avec une monoplace au châssis totalement dépassé. Le titre 1962 a été très disputé entre Jim Clark, au volant de la révolutionnaire Lotus 25 à châssis monocoque, et son compatriote Graham Hill, sur BRM, qui s'est attribué la couronne mondiale à l'issue de la dernière manche. Les deux hommes se sont partagé les victoires dans les épreuves hors championnat déjà disputées en ce début d'année[4], et seront les principaux acteurs de la saison 1963.
Le circuit
Tracé dans les rues de la principauté, le circuit de Monaco n'est utilisé qu'une fois par an, au printemps, accueillant, outre le Grand Prix de Formule 1, une épreuve de Formule Junior organisée le même week-end. C'est en 1929 qu'eut lieu la première édition de cet évènement, créé à l'initiative d'Antony Noghès, qui avait salué la victoire du Franco-Britannique Williams au volant de sa Bugatti[5]. Pratiquement inchangé depuis sa création, le circuit se caractérise par une succession de virages très serrés et l'étroitesse de la piste ; l'absence de toute zone de dégagement accentue la difficulté du tracé, qui ne permet aucune faute de pilotage et se révèle très éprouvant pour les pilotes et pour les monoplaces. À la suite du carambolage survenu l'année précédente, la ligne de départ a été déplacée après le virage du Gazomètre et les monoplaces seront désormais alignées deux par deux sur la grille. Le record officiel de la piste est détenu par Jim Clark, auteur d'un tour à 118,5 km/h de moyenne au volant de sa Lotus lors de l'édition 1962 du Grand Prix.
- BRM P57 "Usine"
L'équipe championne du monde a commencé la réalisation, sous la direction de Tony Rudd, d'une nouvelle monoplace à structure monocoque, la P61, dont les premiers tours de roues sont programmés courant juin. Pour l'épreuve monégasque, Graham Hill et Richie Ginther utilisent encore leurs P57, à châssis tubulaire, de la saison précédente. Pesant 475 kg, elles sont équipées d'un moteur V8 à injection indirecte Lucas, dont la puissance a été portée à 200 chevaux. La boîte de vitesses, également conçue en interne, est à cinq rapports, la nouvelle boîte à six vitesses n'étant pas jugée utile sur le tourniquet de Monaco[6]. Hill a honoré son titre de champion du monde en s'imposant au Lombank Trophy, à Snetterton, ainsi qu'aux 200 miles d'Aintree, deux courses hors championnat[4]. Lorenzo Bandini aurait dû disposer de la P57 rachetée par la Scuderia Centro Sud, mais l'usine a récupéré la voiture afin que ses pilotes disposent d'un mulet et le jeune Italien a dû déclarer forfait[7].
- Lotus 25 "Usine"
Disposant de la machine la plus performante du plateau grâce à sa structure monocoque, quatre fois plus rigide que les traditionnelles structures multitubulaires, l'équipe de Colin Chapman a principalement œuvré à fiabiliser les Lotus 25 de la saison précédente. Les principales modifications ont surtout porté sur le moteur, l'usine adoptant désormais la version MkII (avec injection indirecte Lucas et vilebrequin renforcé) du moteur V8 Coventry Climax FWMV, développant 198 chevaux à 9500 tr/min. Conçue sur mesure pour Jim Clark, pilote de la taille d'un jockey, la 25 est la plus compacte des monoplaces du plateau ; très basse (71 cm), elle exige une position de conduite très allongée[8]. Équipée d'une boîte de vitesses ZF à cinq rapports, elle pèse 455 kg à sec[9]. Pour l'épreuve monégasque, Clark et Trevor Taylor disposent des nouvelles versions à injection, avec possibilité d'utiliser la voiture de réserve, dotée d'une version MKI du moteur Climax FWMV[10] (quatre carburateurs double corps Weber, 184 chevaux).
- Lotus 24 privées
Après deux années sous le nom UDT Laystall, qui lui apportait un soutien financier, l'écurie British Racing Partnership (BRP) a repris son identité initiale. Toujours dirigée par Alfred Moss et Ken Gregory, BRP a prévu de construire sa propre monoplace pour 1963. En attendant, l'équipe britannique continue à utiliser ses Lotus 24 de la saison précédente (châssis tubulaire, moteur V8 BRM, 455 kg[11]), Innes Ireland étant désormais épaulé par le Texan Jim Hall. Souvent en désaccord avec son employeur Georges Filipinetti la saison passée, Joseph Siffert a racheté la Lotus 24 à moteur V8 BRM à l'écurie, monoplace qu'il engage désormais sous sa propre structure, baptisée «Siffert Racing Team». C'est au volant de cette voiture que le pilote suisse vient de remporter sa première victoire en Formule 1, ayant battu Clark lors du dernier Grand Prix de Syracuse, le mois précédent[12]. Engagé par Reg Parnell, John Campbell-Jones devait piloter un modèle identique, mais la casse de la boîte de vitesses lors du dernier Grand Prix de Rome, quelques jours plus tôt, a contraint le Britannique à déclarer forfait pour Monaco. L'aristocrate néerlandais Carel Godin de Beaufort ayant renoncé à participer, le pilote amateur français Bernard Collomb a pris sa place et aligne sa Lotus 24 personnelle, dotée d'un moteur V8 Climax à carburateurs.
- Cooper T66 "Usine"
Le constructeur de Surbiton a engagé deux de ses nouvelles T66 pour Bruce McLaren et Tony Maggs. Évolution de la T60 de 1962, également conçue par Owen Maddock, la T66 possède un châssis tubulaire. Dotée d'un moteur V8 Climax à injection, accouplé à une boîte de vitesses à six rapports, elle pèse environ 460 kg à sec[1].
- Cooper T60 privée
Rob Walker a racheté à l'usine une de ses Cooper T60, confiée au Suédois Joakim Bonnier qui a rejoint l'équipe à la suite du retrait de Porsche. Elle est équipée de la dernière version du moteur V8 Climax, à injection[13].
- Ferrari 156 "Usine"
Après une saison 1962 très décevante, le directeur technique de la Scuderia Ferrari, Mauro Forghieri, a redessiné le châssis de la Ferrari 156, concevant un treillis plus compact et plus léger que sur le modèle 1962. Le moteur V6 est désormais doté d'un système d'injection directe Bosch, développant environ 200 chevaux à 10500 tr/min. Pesant 480 kg, la nouvelle voiture conserve les principaux éléments mécaniques de sa devancière mais bénéficie d'une nouvelle suspension arrière, avec bras latéraux tirés comme sur les Lotus. Les roues à fils ont été remplacées par des jantes en magnésium[14]. Testée lors de l'International Trophy, à Silverstone (hors championnat), la 156-63 n'a pas donné entière satisfaction à John Surtees, nouvelle recrue de la Scuderia, qui déplore un manque de rigidité de la coque. La Scuderia a engagé deux monoplaces de ce type pour Monaco, Surtees conservant celle utilisée à Silverstone tandis que son coéquipier Willy Mairesse étrenne un châssis neuf, en remplacement de celui accidenté en Angleterre[15].
- Brabham BT3 & BT7 "Usine"
Recruté par Jack Brabham après l'arrêt du programme F1 de Porsche, Dan Gurney pilote la nouvelle BT7, Brabham continuant à utiliser sa BT3 de la saison passée. Ces deux monoplaces à châssis tubulaire, techniquement très proches, sont équipées du moteur V8 Climax à injection. Le cockpit de la BT7 est cependant plus grand que celui de la BT3, tenant compte de la haute stature du pilote américain, et les réservoirs de carburant sont latéraux. Si la BT3 a conservé la boîte Colotti à six rapports, la monoplace de Gurney étrenne la nouvelle boîte Hewland à cinq rapports. Ainsi équipée, la BT7 pèse 470 kg à vide, contre 465 pour la BT3[1].
- ATS 100 "Usine"
Ayant quitté la Scuderia Ferrari durant l'hiver 1961-1962, Carlo Chiti, Giotto Bizzarrini, Romolo Tavoni et Gerolamo Gardini ont fondé, avec l'appui financier du comte Giovanni Volpi, la société Automobili Turismo e Sport (ATS), basée à Pontecchio Marconi, près de Bologne. En plus d'un projet de voiture de grand tourisme, la nouvelle compagnie a pour objectif de battre Ferrari en Formule 1 ! Baptisée ATS 100, la première monoplace est achevée à la fin de l'année 1962 et a effectué ses premiers tours de roues aux mains du pilote-essayeur britannique Jack Fairman. Également transfuges de la Scuderia Ferrari, Phil Hill et Giancarlo Baghetti ont été engagés pour la saison 1963. Une deuxième monoplace a été réalisée durant l'hiver, mais les essais ne se sont pas suffisamment montrés concluants pour envisager une participation aux épreuves hors championnat courues jusqu'alors. Ces monoplaces de 460 kg à moteur V8 maison de 190 chevaux doivent débuter à Monaco, bien que leur mise au point laisse encore à désirer[16].
- De Tomaso 801 "Usine"
Alejandro de Tomaso avait initialement engagé sa 801 à moteur huit cylindres à plat pour l'Argentin Nasif Estéfano, mais l'équipe n'a pu réparer l'embrayage endommagé lors du Grand Prix de Rome la semaine précédente et a dû déclarer forfait[13].
- Lola Mk4 privées
Reg Parnell aligne deux Lola Mk4 pour Chris Amon et Maurice Trintignant. Ces deux monoplaces ont été rachetées à l'équipe Bowmaker Racing. Pesant 490 kg, elles sont équipées d'un moteur V8 Climax à quatre carburateurs double corps. Amon dispose de la version Mk4A, avec boîte de vitesses Colotti à six rapports, Trintignant d'une version un peu plus ancienne à boîte cinq vitesses[17].
- Scirocco SP
Le jeune mécène américain Hugh Powell avait retenu deux engagements pour l'épreuve monégasque, pour faire débuter ses Scirroco SP, des monoplaces dérivées de l'Emeryson Mk3 et équipées d'un moteur V8 BRM. Le programme de réalisation ayant pris du retard, seule la monoplace de Tony Settember est achevée pour la date, son coéquipier Ian Burgess devant déclarer forfait. Estimant cependant qu'il était risqué de faire courir la nouvelle monoplace à Monaco sans essai préalable, Settember a finalement renoncé à participer alors que le transporteur se rendait sur le circuit[18] !
- Porsche 718 privée
Jugeant le coût de développement des monoplaces trop onéreux, Porsche a mis un terme à son implication en Formule 1[19], mais la marque allemande reste cependant présente sur les grands prix grâce à l'écurie Maarsbergen du pilote amateur Carel Godin de Beaufort. Initialement engagé sur son ancienne Porsche 718 (une ancienne F2 de 1960), l'aristocrate hollandais a cependant annulé son déplacement en principauté, estimant ses chances de qualification trop faibles[20].