Guerre Iran-Irak
guerre qui a opposé l'Iran à l'Irak entre septembre 1980 et août 1988 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La guerre Iran-Irak, connue en Iran sous le nom de guerre imposée (en persan : جنگ تحمیلی, Jang-e-tahmili) ou Défense sacrée (en persan : دفاع مقدس, Defā'e moghaddas) et en Irak sous le nom de Qādisiyyah de Saddam (en arabe : قادسيّة صدّام) est une guerre qui a opposé l'Iran à l'Irak entre le , date de l'invasion irakienne de l'Iran, et le . La guerre s'inscrit dans la lignée des multiples dissensions liées aux litiges frontaliers opposant les deux pays. Elle est également due aux appréhensions des conséquences de la révolution iranienne de 1979 qui porte l'ayatollah Khomeini au pouvoir, le gouvernement sunnite irakien de Saddam Hussein craignant que cette dernière n'attise les desseins révolutionnaires de la majorité chiite longuement réprimée. Le conflit s'explique également par la volonté de l'Irak de remplacer l'Iran en tant que puissance dominante du golfe Persique.
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Date |
– (7 ans, 10 mois et 29 jours) |
---|---|
Lieu | Iran, Irak, golfe Persique |
Casus belli | Invasion de l'Iran par l'Irak |
Issue |
Militairement indécise
|
Iran
|
Irak
Soudan[2] OMPI FDRLA[3] |
(1980) 290 000 hommes 1 710 chars 1 900 blindés 1 100 canons 210 avions 250 hélicoptères (1988) 850 000 hommes 800 chars 1 000 blindés 700 canons 300 avions et hélicoptères |
(1980) 250 000 hommes 1 750 chars 2 350 blindés 1 350 canons 295 avions 300 hélicoptères (1988) 800 000 hommes 3 300 chars 4 000 blindés 2 700 canons 1 500 avions et hélicoptères |
200 000 à 600 000 morts 40 000 prisonniers |
250 000 à 500 000 morts 70 000 prisonniers |
Guerre Iran-Irak
Batailles
- Opération Opéra (raid israélien)
- Incident de l’USS Stark
- Vol Iran Air 655
Espérant tirer profit de l'instabilité politique postrévolutionnaire régnant en Iran, l'Irak attaque sans avertissement formel en bombardant des bases aériennes iraniennes le , pénétrant sur le territoire iranien deux jours plus tard. Malgré l'effet de surprise, l'invasion irakienne ne connaît pas le succès escompté, ne réalisant que des gains territoriaux très limités, et est rapidement repoussée par une série de contre-attaques iraniennes. En , l'Iran parvient à regagner le territoire perdu après l'attaque irakienne, et adopte une posture offensive pour le reste du conflit. Les deux pays comptent sur leurs revenus pétroliers pour subvenir à leurs besoins militaires, induisant une forte augmentation des exportations de barils, directement liée au conflit.
La guerre Iran-Irak a souvent été comparée à la Première Guerre mondiale du fait de la nature des tactiques militaires employées par les deux camps. Le conflit se caractérise par une forme de guerre de tranchées, du fait des grandes armées dont disposaient les deux belligérants, contrastant avec le peu de blindés, d'aviation, et d'aptitude pour des opérations combinées. La guerre voit ainsi l'utilisation de fils de barbelés s'étendant le long des tranchées, de postes de mitrailleuse, de charges à la baïonnette, ainsi que d'attaques par vagues humaines, tactiques militaires induisant un nombre considérable de pertes pour les armées des deux camps. Le conflit se démarque également par l'utilisation intensive d'armes chimiques par l'Irak, et par de multiples attaques visant les populations civiles.
L'Irak reçoit le soutien d'une grande partie de la communauté internationale, notamment des soviétiques, ainsi que de nombreux pays occidentaux et arabes. L'Iran demeure quant à lui largement isolé tout au long du conflit. Après huit années de guerre, la lassitude du conflit qui s'installe, associée à la dégradation rapide des relations entre les États-Unis et l'Iran, mais aussi au déclin du soutien de la communauté internationale pour l'Irak, mène à l'acceptation d'un cessez-le-feu négocié par l'ONU. Le conflit se conclut de fait par un statu quo ante bellum, les deux pays acceptant de revenir aux accords territoriaux d'Alger de 1975.
On estimera à la fin du conflit que seraient morts plus d'un demi-million de soldats iraniens et irakiens, et en outre un nombre équivalent de civils. Le nombre de blessés approchait également 500 000 pour chacun des deux camps. Considérée comme l'un des conflits les plus importants du XXe siècle, la guerre Iran-Irak ne donnera lieu à aucune réparation, et n'induit pas de changements territoriaux. Plusieurs milices locales prennent part au conflit : l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien s'allie à l'Irak baassiste, et de l'autre côté les milices kurdes irakiennes du Parti démocratique du Kurdistan et de l'Union patriotique du Kurdistan combattent aux côtés des forces armées iraniennes. Ces milices sortiront, pour une grande partie, largement affaiblies à l'issue du conflit.
En 1979, le Shah d'Iran est renversé par la révolution islamique. L'ayatollah Rouhollah Khomeini proclame la république islamique après le départ forcé du souverain déchu, en . Khomeini s'était exilé en Irak de 1964 au , puis en France jusqu'au mois de , après avoir été expulsé d'Irak pour son activisme pro-chiite. Après le succès du référendum sur l'installation d'un régime islamique en Iran, remporté officiellement à 98 % par le « oui », il appelle dès 1980 les Irakiens à renverser le régime de Saddam Hussein arrivé au pouvoir un an plus tôt. Son objectif est de promouvoir le mouvement islamique à travers tout le Proche-Orient.
Il s'ensuivit une longue série d'incidents frontaliers d'ampleur croissante : suivant un mémorandum officiel irakien, les forces iraniennes auraient commis, du au , pas moins de « 244 actes de violation de frontières ou d'agression contre l'Irak », faisant l'objet de 240 notes officielles de protestation de Bagdad à Téhéran. Le président Saddam Hussein, selon son habitude, aura voulu précéder l'événement et contenir un déferlement de la révolution khomeiniste que ses services de renseignement jugent, à travers plusieurs indices, imminent.
C'est pourquoi Saddam Hussein, redoutant l'ascension de Khomeini et son regain de popularité dans le monde musulman, attaque l'Iran le , sous le motif du désaccord frontalier. Lorgnant depuis longtemps plusieurs territoires iraniens, il espère ainsi faire disparaître le régime fondamentaliste et réduire son influence sur le mouvement islamique, souhaitant lui-même prendre la gouvernance dans le monde arabe. Ses objectifs affichés sont :
- obtenir le déplacement de la frontière entre l'Irak et l'Iran sur la rive orientale du Chatt-el-Arab pour assurer une meilleure sécurité à la région de Bassorah ;
- obtenir la restitution des trois îles du détroit d'Ormuz annexées par le Shah en 1971 et soustraire ainsi le détroit à une emprise exclusivement iranienne ;
- provoquer éventuellement un soulèvement dans la province iranienne du Khuzestan, peuplée d'Arabes (Arabistan pour l'Irak), et l'annexer.
À cette époque, l'Irak est un pays économiquement et militairement puissant dans le golfe Persique, grâce aux revenus des pétrodollars et à une politique de modernisation que Saddam Hussein a mise en place dans son pays (école obligatoire pour les garçons et les filles, politique volontariste et croissance de l'élite irakienne). Les grandes puissances, inquiètes de l'apparition de la République islamique iranienne, voient en l'Irak un pays qui pourrait évoluer vers la laïcité et le modernisme et faire contrepoids à l'Iran. C'est pourquoi elles ne s'opposent pas dans un premier temps à l'offensive irakienne, allant jusqu'à la soutenir ensuite. C'est en particulier le cas de l'URSS, de la France et des États-Unis. L'Iran est alors un pays trois fois plus peuplé et quatre fois plus vaste que l'Irak.
Le , la résolution 479 de l'ONU (en) demande un cessez-le-feu immédiat mais sans exiger le retrait par l'Irak des territoires iraniens qu'elle occupe[6].
Cependant, en dépit de la puissance de l'armée irakienne, le conflit s'enlise rapidement. L'erreur initiale de Saddam Hussein est de croire que les importantes purges menées au sein des forces armées par Khomeini ont considérablement affaibli le potentiel militaire et défensif du pays (les forces armées iraniennes sont alors passées de 500 000 hommes en 1979 à 250 000 hommes à la veille de la guerre[7]). En fait, la plus forte résistance à l'avancée des troupes irakiennes viendra surtout de la milice chiite créée par Khomeini le , le « corps des Gardiens de la révolution islamique », que plus de 500 000 personnes rejoindront au cours du conflit. La seconde erreur du président irakien vient de sa surestimation de la puissance militaire de son pays. Si l'armée irakienne est largement pourvue en équipements modernes, elle manque d’encadrements de qualité et d'expérience pour mener une guerre de cette envergure. Cette situation se ressentira particulièrement pour l'armée de l'air dont les échecs initiaux (bombardements peu précis, problèmes de logistique) faciliteront grandement la contre-offensive iranienne.
Début 1981, l'armée iranienne contre-attaque et parvient à libérer l'essentiel de son territoire début 1982. En juin de cette même année, l'Irak décrète un cessez-le-feu, mais voit son territoire envahi à son tour le mois suivant.
Après deux ans de guerre, la position de l'Iran se radicalise : il s'agit désormais de réduire la puissance de l'Irak, de destituer Saddam Hussein et de le remplacer par un régime islamique.
L'affrontement militaire se double d'une guerre des symboles. L'offensive irakienne de 1980 est baptisée Kadisiyya, en référence à la conquête de l'Iran par les Arabes au VIIe siècle. Les contre-offensives iraniennes sont nommées Kerbala 1, 2, etc., évoquant le combat des premiers chiites contre le pouvoir sunnite.
Du côté iranien, l'enrôlement de masse, y compris de très jeunes garçons, s'accompagne d'une exaltation des martyrs. Il est arrivé que les jeunes volontaires endoctrinés se précipitent sur les champs de mines. La population civile est fortement mise à contribution, pour compenser les graves carences (dues aux purges khomeinistes) de l'armée régulière.
Du côté irakien, on bénéficie de techniciens professionnels formés à l'occidentale (Garde républicaine). La faible capacité offensive de l'armée et la médiocrité des généraux irakiens pourraient être compensées par l'utilisation d'armements toujours plus sophistiqués (bombes à guidage laser, chars de nouvelles générations), mais les conscrits, souvent chiites et kurdes, sont peu armés et ne servent qu'à freiner le premier élan des attaques ennemies.
La ligne de front se stabilise à la frontière commune, malgré de nombreuses offensives de part et d'autre, il n'y a pas de percée majeure pendant plus de six ans.
L'Irak compte sur la puissance et la modernité de son aviation, alors très largement supérieure à l'aviation iranienne (très affaiblie par les purges et l'embargo économique) et l'armée iranienne sur l'enrôlement de masse de sa population dans ses milices.
En 1988, l'armée irakienne reprend le dessus, avant d'être vaincue lors de l'opération Mersad (26 – ) qui est la dernière grande bataille de la guerre[réf. nécessaire]. Le , Khomeini accepte le cessez-le-feu exigé par la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations unies et le secrétaire général de l'Organisation peut annoncer la fin des hostilités actives pour le à 3 h 00 GMT.
Dans une lettre datée du , Saddam Hussein accepte de revenir aux accords d’Alger de 1975 : il libère une partie des prisonniers de guerre (les derniers prisonniers de guerre ne seront libérés que plus de dix ans après la fin des hostilités)[8] et l'armée irakienne quitte les territoires occupés. Dans les faits, c'est un retour au statu quo ante bellum. Cependant, aucun traité de paix ne viendra formaliser ce retour et ce n'est qu'en 2005 que Hoshyar Zebari (ministre des Affaires étrangères irakien) annonce que les deux pays envisagent un tel traité[9].
Au total, les dépenses militaires, pertes en produit intérieur brut et capitaux non investis auraient dépassé 500 milliards de dollars pour les deux pays. L’Iran estime officiellement à 300 milliards de dollars le prix de la reconstruction de son économie. L’Irak, pour sa part, l’évalue entre cinquante et soixante milliards de dollars.
Les estimations des pertes en vies humaines sont de 300 000 à plus d'un million de morts iraniens et de 200 000 Irakiens, ce qui est très élevé pour un conflit régional. En Iran, lors de commémorations, les politiques et associations d'anciens combattants évoquent toujours le chiffre d'un million de morts, dont une grande partie des pertes étaient constituées de mineurs, de moins de 18 ans.
Lorsque le Chah était au pouvoir, des dissensions existaient déjà entre l'Iran et l'Irak. Les accords d'Alger (1975) furent conclus pour redéfinir les frontières. Cependant, après , un certain nombre d'incidents éclatèrent le long de la frontière :
- entre avril et , 30 000 Irakiens considérés comme d'origine iranienne par le gouvernement baassiste[10] furent chassés d'Irak ;
- en , le président Saddam Hussein annula les accords d’Alger de 1975.
Le , l'aviation irakienne bombarda un certain nombre de terrains d'aviation iraniens. Deux jours plus tard, l'armée irakienne entrait en Iran. L'Irak affirmait vouloir exercer à nouveau sa souveraineté sur les voies navigables et sur les territoires du Chatt el'Arab, cédés en 1975.
Les forces irakiennes avançaient le long de trois axes : vers Qasr-e Chirin au nord, Mehran au centre, et surtout Susangard et Khorramchahr dans le sud. L'Irak espérait qu'un tel mouvement entraînerait rapidement la chute du nouveau régime. L'Irak réussit à franchir la frontière, mais la profondeur de pénétration variait considérablement d'une percée à l'autre. Le plus gros succès fut obtenu au sud, après la chute de Khorramchahr au prix de très durs combats. L'armée iranienne livra au nord et au centre des contre-attaques peu importantes, en général à l'aide d'un léger support de blindés et d'artillerie. Elle regagna ainsi quelques territoires perdus.
Le se déroule une bataille navale près du port d'Umm Qasr : l'opération Morvarid durant laquelle des échanges de tirs de missiles Maverick et Silkworm ont lieu : six navires irakiens et un navire de la marine iranienne sont coulés[11]. La marine irakienne restera ensuite pratiquement inactive pendant tout le reste du conflit.
En , les Iraniens menèrent une contre-attaque de plus grande envergure, au sud de Susangerd, qui se solda par un échec, dû à l'absence d'infanterie pour soutenir l'action des chars et à la nature du terrain, très mou à cette époque de l'année, et donc impropre au déplacements des chars. Dans ces combats, l'Irak a probablement perdu une cinquantaine de chars T-62 et l'Iran une centaine de chars Chieftain et de M-60A1.
Au cours de la première année de guerre, l'Iran et l'Irak ont perdu environ le même nombre de chars, entre deux cent cinquante et trois cents. Certains observateurs supposent que l'Irak avait capturé en un an une cinquantaine de Chieftain en bon état, ainsi que des M-60A1 et des Scorpion.
Lorsqu'ils furent bien dirigés, les Chieftains iraniens (dotés de leur canon de 120 mm), se révélèrent bien supérieurs aux char T-54 et T-55 armés d'un 100 mm, ainsi qu'aux T-62 avec leurs 115 mm de l'armée irakienne.
En 1981, les deux armées commencèrent à avoir de nouveaux besoins en équipements. Les Iraniens réussirent à obtenir d'Israël des pièces détachées de chars M-48 et M-60. La Syrie, la Libye (jusqu'en 1987 pour cette dernière[12],[13]) et plusieurs pays communistes leur en fournirent également. L’Irak continuait à être approvisionné par la France (y compris en missiles antichars), par l'Union soviétique, la Corée du Nord, le Viêt Nam et l'Égypte, essentiellement en munitions de char T-54 et T-55, que les livraisons en matériel américain rendirent rapidement inutiles. Au début de 1983, l'Irak commença à recevoir de nombreux équipements de la république populaire de Chine dont le char Type 63, qui transita par l'Arabie saoudite.
Avant la guerre, l'Iran et l'Irak comptaient sur leurs revenus pétroliers pour subvenir à leurs besoins militaires : 3,5 millions de barils par jour exportés par l'Irak et 1,6 million par l'Iran. Au début de 1980, les deux pays n'exportaient plus chacun que 600 000 barils par jour. En raison de cette diminution considérable, l'Irak dut recourir à l'aide de l’Arabie saoudite, entre autres.
Le budget militaire irakien atteignait 2,8 milliards de dollars et le budget iranien 4,5 milliards en 1980.
En 1984, commencèrent les attaques systématiques par les deux camps d'installations pétrolières et de navires pétroliers.
En , l'Iran lança deux grandes offensives : Kerbala 5 et Kerbala 6. Kerbala 5 porte sur l'est de Bassorah, où Téhéran voulait établir un gouvernement provisoire d'une République islamique irakienne, constitué avec les chefs des opposants chi'ites irakiens réfugiés en Iran ; cette offensive a été précédée par une opération de diversion, Karbala 4. Kerbala 6 est une offensive à 150 km au nord de Bagdad, en direction des grands barrages de l'Euphrate. Les pertes furent énormes de part et d'autre, mais les forces iraniennes furent finalement bloquées.
En , l'Iran entreprit de contrôler la navigation maritime dans le golfe. Un total de 546 navires de commerces étrangers furent attaqués par les deux belligérants, causant la mort de 430 marins civils[14]. Les navires koweïtiens furent alors placés sous pavillon des États-Unis.
- opération Zafar 7 (en)
En l'armée Irakienne subit une défaite locale limitée à Halabja, contre les Peshmergas kurdes aidés des Iraniens. En représailles s'ensuivra le massacre de Halabja.
Du au mois de , l'Irak lance l'offensive dénommée « opération En Dieu nous croyons » qui aboutit finalement à la reconquête de la majeure partie des territoires Irakiens occupés par les Iraniens.
Le , le vol 655 d'Iran Air, un vol commercial assurant la liaison entre Téhéran, la capitale de l'Iran, et Dubaï aux Émirats arabes unis via Bandar Abbas est abattu au-dessus du golfe Persique par un tir de missile provenant du croiseur américain USS Vincennes. La catastrophe, qui fit 290 victimes civiles, dont 66 enfants, serait due à une « méprise ».
Le , Téhéran accepta le cessez-le-feu, qui prit effet le 22 du même mois. Le , les moudjahidines du peuple, mouvement soutenu par Saddam Hussein, franchissent la frontière irako-iranienne pour tenter de renverser le régime iranien (opération Mersad). La manœuvre échoue, et entraîna une violente répression de Téhéran.
Armée de terre irakienne (1980)
- 1er corps d'armée (secteur entre Rawanduz et Marivan)
- 7e division d'infanterie (QG Souleimaniye, Irak)
- 11e division d'infanterie (QG Suleimaniyeh, Irak) (-) (113e brigade d'infanterie)
- 2e corps d'armée (secteur entre Qasr-e Chirin, Ilam et Mehran, blindés déployés entre Mehran et Dezfoul)
- 6e division blindée (QG Bakouba, Irak) 300 (T-62) (BMP-1)
- 9e division blindée (QG Baqubah, Irak) 300 (T-62) (BMP-1)
- 10e division blindée (QG Baqubah, Irak) 300 (T-62) (BMP-1)
- 2e division d'infanterie (QG Kirkouk, Irak)
- 4e division d'infanterie (QG Mossoul, Irak)
- 6e division d'infanterie (QG Baqubah, Irak)
- 8e division d'infanterie (QG Erbil, Irak)
- 3e corps d'armée (QG al-Qurnah, Irak, secteur entre Dezfoul et Abadan)
- 3e division blindée (QG Tikrit, Irak) 300 (T-62) (BMP-1)
- 10e division blindée (QG Bagdad, Irak) 300 (T-62) (BMP-1)
- 12e division blindée (QG Dahuk, Irak) 300 (T-62) (BMP-1) (en réserve)
- 1re division mécanisée (QG Divaniyeh, Irak) 200 (T-55) (véhicule de transport de troupes OT-64/BTR-50 tchèque)
- 5e division mécanisée (QG Bassorah, Irak) 200 (T-55) (OT-64 APC/BTR-50 APC tchèque)
- 31e brigade des forces spéciales indépendantes (-) (2 bataillons) (l'un rattaché à la 5e division mécanisée, l'autre à la 3e division blindée).
- 33e brigade des forces spéciales indépendantes
- 10e brigade blindée indépendante (T-72) (BMP-1)
- 12e brigade blindée indépendante (T-72) (BMP-1)
- 113e brigade d'infanterie (détachement de la 11e division d'infanterie)
Forces aériennes de l'Irak
La force aérienne irakienne (acronyme anglais : IQAF) a joué un rôle important dans ce conflit. En 1980, ses 300 avions sont majoritairement de fabrication soviétique (MiG, Sukhoi) qui se révéleront inefficaces face aux chasseurs iraniens (de fabrication américaine). Très affaiblie après l'opération Kaman 99 et l'attaque sur H-3 (60 % de la force de frappe détruite par l'Iran), elle sera reconstituée avec des appareils plus modernes qui seront beaucoup plus efficaces contre la chasse iranienne. Elle se révélera déterminante pour compenser les faiblesses de l'armée de terre irakienne (conscrits peu formés et peu armés) et infligera de lourdes pertes à l'armée iranienne (opération En Dieu nous croyons).
Elle comptera 950 appareils modernes à la fin de la guerre.
Armée de terre de la république islamique d'Iran (1980)
- 16e division blindée (QG Qazvin, Iran) (Char M60A1) (M113)
- 81e division blindée (QG Kermanshah, Iran) (Chars Chieftain) (M113)
- 92e division blindée (QG Khuzestan, Iran) (Chieftain) (M113)
- 21e division d'infanterie (QG Téhéran, Iran)
- 28e division d'infanterie (Sanandaj, Saqez et Marivan, Iran) (1 brigade blindée) (M60A1) (M113)
- 64e division d'infanterie (Orumiyeh, Iran)
- 77e division d'infanterie (Khorasan, Iran) (1 brigade blindée) (M48) (BTR-50)
- 37e brigade blindée (Shiraz, Iran)
- 88e brigade blindée (Zahedan, Iran) (Chieftain) (couvrant les frontières avec l'Afghanistan et le Pakistan)
- 30e brigade d'infanterie (Gorgan, Iran)
- 84e brigade d'infanterie (Khorramabad, Iran) (déployée sur le front, faisant la liaison entre les positions de la 81e et de la 92e division blindée)
- 23e brigade des forces spéciales (Téhéran, Iran) (déployée le long de la frontière irakienne dans 13 détachements séparés)
- 55e brigade aérienne (Shiraz, Iran) (un bataillon déployé à Sardasht, et une compagnie chacune à Sanandaj et à Dezful, Iran)
- 11e groupe indépendant d'artillerie
- 22e groupe indépendant d'artillerie (Khuzestan, Iran)
- 33e groupe indépendant d'artillerie
- 44e groupe indépendant d'artillerie
- 55e groupe indépendant d'artillerie (Khuzestan, Iran)
Forces aériennes de la république islamique d'Iran
La Force aérienne de la république islamique d'Iran (acronyme anglais : IRIAF), affaiblie par les purges qui suivent la révolution de 1979 et par les sanctions internationales, a cependant réagi avec efficacité aux premières offensives irakiennes. À partir de 1984, l'IRIAF est confrontée à l'usure du matériel face à un adversaire de mieux en mieux équipé. À partir de 1987, la confrontation avec les forces aéronavales américaines constitue une épreuve supplémentaire pour l'IRIAF.
Dès 1983, des armes chimiques (sarin, cyclosarin, tabun et gaz moutarde) sont utilisées par l'Irak, à la fois contre l'armée iranienne mais également contre les populations civiles et plus particulièrement kurdes, sans réactions notables de la communauté internationale bien que l'Irak soit signataire en 1931 du protocole de Genève de 1925, interdisant l'utilisation des armes chimiques.
Le groupe Australie estime à 70 000 le nombre de victimes iraniennes, dont 10 000 morts (dans leur très grande majorité des soldats) à la suite de l'emploi de ces armes[15]. Selon une source officielle iranienne chargée du traitement des blessés chimiques, les pertes iraniennes par armes chimiques pendant la guerre seraient même de 100 000 blessés ou tués[16].
Le , l'Iran accuse l'Irak d'avoir utilisé l'arme chimique sur les villages frontaliers d'Alout et de Kandar près de la ville de Baneh, affirmant également que 10 villageois sont blessés lors de ces attaques[17] et accusant ensuite l'Irak d'avoir utilisé l'arme chimique le dans la région de Baneh et Sardasht et d'y avoir blessé 60 personnes[18]. Un rapport d'experts de l'ONU envoyés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter en Iran sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques daté du confirme que des militaires et des civils de la région de Baneh ont été blessés au gaz moutarde. En particulier, les rédacteurs de ce rapport déclarent : « Dans un hôpital de Téhéran nous avons vu les effets de l'ypérite sur une famille de paysans, en particulier la mère et ses deux petites filles âgées de 2 et 4 ans. Nous avons eu une expérience bouleversante ayant assisté aux souffrances endurées par la fillette de quatre ans moins de deux heures avant sa mort. En outre, nous avons vu les effets extrêmement nocifs de l'ypérite sur la jeune mère qui était enceinte de quatre mois »[19].
Le , l'Irak utilise l'arme chimique sur la ville de Sardasht en Iran, tuant une centaine de personnes et en blessant au moins 2 000. C'est la seconde fois que l'arme chimique est utilisée sur une population urbaine[20] depuis la Seconde Guerre mondiale (l'Égypte avait utilisé de l'ypérite sur des villages du Nord-Yémen dans les années 1960[21]).
Le , l'armée irakienne utilise des armes chimiques et biologiques sur la ville kurde d'Halabja qui causent la mort de près de 5 000 habitants. La poursuite de l'utilisation des armes chimiques dans la guerre est énergiquement condamnée par la Communauté européenne le et par le Conseil de sécurité de l'ONU le [22].
Le régime irakien a expliqué que c'était l'œuvre de l'armée iranienne. Cette thèse a été à l'époque également défendue quelque temps par l'administration américaine.
On estime que durant cette période, plus de 150 000 Kurdes ont été exposés à des armes non conventionnelles.
Joost R. Hiltermann, un des directeurs de l'International Crisis Group, a fait remarquer à ce sujet que l'administration Reagan n'a jamais apporté une seule preuve de ses allégations d'usage d'armes chimiques par l'Iran[23]. D'ailleurs, la démoralisation des soldats iraniens du fait des attaques chimiques de l'armée irakienne, l'impossibilité pour l'Iran de pouvoir riposter de la même manière et la peur d'une attaque chimique sur Téhéran, qui aurait eu des conséquences désastreuses, expliquent en partie la volonté de Khomeini d'accepter le cessez-le-feu du [24].
Jean-Pascal Zanders, spécialiste des armes chimiques du SIPRI, a lui aussi mis en doute les allégations américaines[25].
Le l'aviation irakienne utilise les armes chimiques sur le village iranien de Zarde : 275 habitants sont tués et des centaines blessés[26]. Le a lieu la dernière attaque chimique irakienne de la guerre : la ville d'Oshnaviyeh est bombardée par un avion irakien et au moins un millier de personnes sont blessées[27].
Selon les déclarations écrites de l'Irak à l'ONU en 2002 sur son programme chimique, tout le matériel et les connaissances ayant pour but de mettre au point ce programme viennent des pays suivants : Singapour, Pays-Bas, Égypte, Inde, RFA, Luxembourg, Brésil, France[28], Autriche, Italie et États-Unis. Il est à souligner en revanche que l'URSS ne semble avoir fourni aucune aide à l'Irak dans ce programme[29].
L'intérêt pour l'Irak d'avoir utilisé l'arme chimique pendant cette guerre semble en partie due à son faible coût. En effet d'après un document récemment déclassifié de la CIA, le programme chimique irakien aurait coûté 200 millions de dollars de 1974 à 1984 contre 75 milliards de dollars de dépenses militaires irakiennes totales sur la même période. Le coût du programme chimique irakien ne représenterait donc que 0,27 % des dépenses militaires irakiennes totales sur cette période[30].