Guerre du Viêt Nam
conflit du XXe siècle en Asie du Sud-Est / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La guerre du Viêt Nam (également appelée deuxième guerre d'Indochine, guerre civile vietnamienne ou guerre des dix mille jours par les Vietnamiens, qui ne la considèrent pas comme un conflit indépendant de la guerre d'Indochine[8]) est une guerre qui se déroule au Viêt Nam et oppose, de 1955 à 1975, d'une part la république démocratique du Viêt Nam (ou Nord Viêt Nam) avec son armée populaire vietnamienne — soutenue matériellement par le bloc de l'Est et la Chine — alliée au Front national de libération du Sud Viêt Nam, dit Viet Cong, et d'autre part, la république du Viêt Nam (ou Sud Viêt Nam), militairement soutenue par l'armée des États-Unis, elle même appuyée par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines). Le Canada dirigé par John Diefenbaker refuse de s'engager avec les États-Unis dans cette guerre ; l'expérience depuis 1961 et les contradictions concernant Cuba, l'Afrique du Sud et le Viêt Nam n'améliorent pas les relations avec Kennedy et Johnson. Robert McNamara, Secrétaire à la Défense, est le bras armé de 1961 à 1968 sous les présidences Kennedy et Johnson pendant la guerre du Viêt Nam[9].
Date |
– (19 ans, 5 mois et 29 jours) |
---|---|
Lieu | Viêt Nam |
Casus belli |
Partition du Viêt Nam après les accords de Genève Incidents du golfe du Tonkin en 1964 |
Issue |
Victoire du Front national de libération du Sud Viêt Nam et du Nord Viêt Nam. Défaite du Sud Viêt Nam et des États-Unis. • Création de la Troisième République du Vietnam[Quoi ?] |
Changements territoriaux | Réunification du Viêt Nam |
Nguyễn Văn Thiệu Lam Quang Thi (en) Nguyễn Cao Kỳ Ngô Đình Diệm Lê Quang Tung (en) Ngo Quang Truong (en) Nguyễn Văn Toàn Dwight David Eisenhower John Fitzgerald Kennedy Lyndon B. Johnson Robert McNamara William Westmoreland Richard Nixon Gerald Ford Creighton Abrams Frederick C. Weyand Elmo Zumwalt Robin Olds Park Chung-hee Thanom Kittikhachon Robert Menzies Harold Holt Keith Holyoake Ferdinand Marcos |
Hô Chi Minh Lê Duẩn Tôn Đức Thắng Trường Chinh Nguyễn Chí Thanh (en) Võ Nguyên Giáp Phạm Hùng Văn Tiến Dũng Trần Văn Trà Lê Đức Thọ Đồng Sỹ Nguyên Lê Đức Anh Tran Do (en) Le Trong Tan (en) Hoàng Minh Thảo Nguyễn Minh Châu Tran The Mon (en) Vo Minh Triet (en) Khieu Samphan Souphanouvong Phoumi Vongvichit Kaysone Phomvihane Khamtai Siphandon Mao Zedong Zhou Enlai Nikita Khrouchtchev Léonid Brejnev Yumjagiyn Tsedenbal |
Sud-Viêt Nam 900 000 soldats États-Unis 543 482 soldats (30 avril 1969) Corée du Sud 320 000 soldats Thaïlande 10 000 soldats Australie 4 000 soldats Total : 1 770 482 soldats |
Nord-Viêt Nam 650 000 soldats (1975)[1] Front national de libération du Sud Viêt Nam 300 000 guérilléros (1968)[2] Chine 320 000 soldats Union soviétique 6 359 soldats Total : 1 280 000 soldats |
250 000 morts 58 209 morts[3],[4] 4 407 morts 469 morts 351 morts 55 morts 25 morts [5] Total : 320 000 soldats tués, provenant majoritairement du Sud-Vietnam et des États-Unis. |
1 100 000 morts[6] 1 400 morts |
Batailles
Phase de guérilla (en) :
Intervention américaine (en) :
- Nui Thanh
- Chu Lai
- Starlite
- Piranha
- Plei Me
- Minh Thanh
- Hump
- Gang Toi
- Bau Bang (1re)
- Ia Drang
- Crimp
- Masher/White Wing
- Suoi Bong Trang
- Kim Son Valley
- New York
- Utah
- A Shau
- Oregon
- Texas
- Birmingham
- Xa Cam My
- Hawthorne
- Hill 488
- Dong Ha (1re)
- Wahiawa
- Hastings
- Minh Thanh Road
- Prairie
- Colorado
- Duc Co
- Long Tan
- Attleboro
- Bong Son
- Tan Son Nhut airbase
- Lam Son II
- Firebase Bird (en)
- SS Baton Rouge Victory (en)
- Paul Revere IV
- Deckhouse V
- Cedar Falls
- Tuscaloosa
- Desoto
- Tra Binh Dong
- Bribie
- Junction City
- Prek Klok (1re)
- Prek Klok (2e)
- Ap Gu
- Suoi Tre
- Bau Bang (2e)
- Francis Marion
- Beaver Cage
- Union
- The Hill Fights
- Con Thien (1re)
- Malheur I and Malheur II
- Baker
- Nine Days in May
- Union II
- Vinh Huy
- Concordia
- Buffalo
- Con Thien (2e)
- Hong Kil Dong
- Suoi Chau Pha
- Swift
- Dong Son
- Wheeler/Wallowa
- Con Thien (3e)
- Medina
- Ong Thanh
- Loc Ninh (1re)
- Kingfisher
- Kentucky
- Lancaster
- Dak To (1re)
- Mekong Delta
- Tam Quan
- Thom Tham Khe
- Phoenix
- Vuon Dieu - Bau Nau
- Auburn
1968, année charnière :
- New Year's Day Battle of 1968
- Khe Sanh
- Coburg
- Offensive du Tết
- Saïgon (1re)
- Hue
- Quang Tri (1re)
- Ban Houei Sane
- Lang Vei
- Lima Site 85
- Massacre de Mỹ Lai
- Pegasus
- Toan Thang I
- Scotland II
- Delaware
- Dong Ha (2e)
- Allen Brook
- May '68
- Kham Duc
- Coral–Balmoral
- Mameluke Thrust
- Robin
- Duc Lap
- Maui Peak
- Meade River
- Speedy Express
Désengagement américain (1969–1971) :
- Bold Mariner
- Dewey Canyon
- Taylor Common
- Tết (1969)
- Purple Martin
- Massachusetts Striker
- Maine Crag
- Montana Mauler
- Oklahoma Hills
- Virginia Ridge
- Apache Snow
- Hamburger Hill
- Twinkletoes
- Binh Ba
- Bu Prang
- Texas Star
- Chicago Peak
- FSB Ripcord
- 1st Cambodia
- Kompong Speu
- Prey Veng
- Cambodge (2e)
- Snuol
- Tailwind
- Jefferson Glenn
- Hat Dich
- Lam Son 719
- Son Tay
- Chenla I
- Chenla II
- FSB Mary Ann
- Long Khanh
- Nui Le
- Quang Trị (2e)
- Quang Trị (3e)
- Loc Ninh (2e)
- An Lộc
- Dong Ha (3e)
- Dak To (2e)
- Kontum
- Thunderhead
Post-accords de paix de Paris (1973–1974) :
- Cửa Việt
- Ap Da Bien
- Svay Rieng
- Iron Triangle
- Thường Đức
- Phuoc Long
- Ban Me Thuot
- Hue–Da Nang
- Phan Rang
- Xuân Lộc
- Newport Bridge
- Rach Chiec Bridge
- Saïgon (2e)
- Farm Gate
- Chopper
- Ranch Hand
- Pierce Arrow
- Barrel Roll
- Pony Express
- Flaming Dart
- Iron Hand
- Rolling Thunder
- Steel Tiger
- Arc Light
- Tiger Hound
- Shed Light
- Thanh Hoa
- Bolo
- Popeye
- Yen Vien
- Niagara
- Niagara II
- Do Luong (1re)
- Do Luong (2e)
- Igloo White
- Giant Lance
- Commando Hunt
- Menu
- Patio
- Freedom Deal
- Bat 21 Bravo
- Linebacker I
- Enhance Plus
- Linebacker II
- Homecoming
- Tan Son Nhut
- Babylift
- New Life
- Eagle Pull
- Frequent Wind
- Yankee & Dixie Stations
- Golfe du Tonkin
- Market Time
- Vung Ro Bay
- Game Warden
- Double Eagle
- PIRAZ
- Sea Dragon
- Deckhouse Five
- Bo De River, Nha Trang, Tha Cau River
- Sealords
- Hai Phong Harbor
- Đồng Hới
- Pocket Money
- Custom Tailor
- End Sweep
- Iles Paracels
- Truong Sa
- Incident du Mayagüez
Cette guerre ne fut jamais déclarée. Aussi l'année exacte de son commencement fait débat. En 1998, le gouvernement fédéral des États-Unis détermine que les militaires américains tombés après le — date de la création du premier groupe de conseillers militaires américains au Sud Viêt Nam, plongé dans une situation insurrectionnelle à la suite de la guerre d'Indochine — peuvent être considérés comme morts durant la guerre du Viêt Nam[10].
Ce n'est cependant qu'à partir de 1965 que les États-Unis interviennent massivement au Viêt Nam, après la résolution du golfe du Tonkin d'. La politique de contre-insurrection des États-Unis, accompagnée de bombardements massifs — notamment l’opération Rolling Thunder de mars 1965 à novembre 1968 contre le territoire nord-vietnamien — échoue cependant à faire cesser la guérilla au Sud : l'offensive du Tết de 1968 confirme l'enlisement militaire du conflit vietnamien. Les Nord-Vietnamiens utilisent le territoire du Laos, en guerre civile depuis 1959, et le Cambodge pour envoyer leurs soldats au Sud Viêt Nam. Les opérations américaines ont également frappé ces pays. La guerre du Viêt Nam a également contribué à provoquer la guerre civile cambodgienne entre le gouvernement cambodgien soutenu par les États-Unis et les Khmers rouges soutenus par les Nord-Vietnamiens.
Le conflit étant dans l'impasse et de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique américaine, les accords de paix de Paris décident en 1973 du retrait militaire américain. En 1975, le Nord Viêt Nam lance une offensive contre le Sud Viêt Nam et remporte la victoire (chute de Saïgon). Le pays, officiellement réunifié l'année suivante, devient la république socialiste du Viêt Nam. En même temps que le Viêt Nam, le Cambodge et le Laos deviennent, eux aussi, des pays communistes.
À la suite de la guerre d'Indochine et de l'échec de la France pour se maintenir en Indochine à la suite de la victoire du Việt Minh à la bataille de Diên Biên Phu le , les accords de Genève divisèrent le pays en deux par une zone démilitarisée au niveau du 17e parallèle nord. Les deux parties du Viêt Nam connurent alors la mise en place de gouvernements idéologiquement opposés :
- au nord, la république démocratique du Viêt Nam (RDVN), régime communiste fondé par Hô Chi Minh en septembre 1945, soutenue par la république populaire de Chine à partir d'automne 1950 ;
- au sud, la république du Viêt Nam (RVN), régime nationaliste soutenu par les États-Unis et proclamé par Ngô Đình Diệm en août 1955, à la suite d'un coup d’État contre Bảo Đại déguisé en référendum.
Ngô Dinh Diêm et son gouvernement refusèrent de tenir le référendum prévu au plus tard à l'été 1956 par les accords de Genève de 1954. De son côté, la république démocratique du Viêt Nam reprit les manœuvres contre le régime sud-vietnamien, en annonçant son souhait de réunifier tout le pays sous son régime ; sa stratégie consista à s'appuyer sur le Front national de libération du Sud Viêt Nam (FNL), également appelé « Viêt-Cong »[11], en réactivant la guérilla au Sud par des ex-éléments du Viêt-Minh dès 1957 ; puis, dès 1958, à effectuer des infiltrations de cadres communistes et de matériels grâce à la réutilisation de la piste Hô Chi Minh.
Dès le début du conflit, la RDVN fut soutenue par des aides logistiques sino-soviétiques, alors que de son côté la RVN fut progressivement « coadministrée » par un interventionnisme américain croissant au fil des années. Les États-Unis inscrivirent ce conflit dans la logique de la guerre froide en s'appuyant sur une stratégie anticommuniste. L’expansion du communisme devait être stoppée conformément à la doctrine américaine de l’endiguement, afin d'empêcher un « effet domino » en Asie du Sud-Est. L'autoritarisme croissant de Diêm, et la répression de l'ensemble des opposants s'avérèrent cependant inefficaces pour contenir l'insurrection, et ne firent au contraire que l'entretenir. En 1963, le président sud-vietnamien est renversé et tué au cours d'un coup d'État militaire approuvé par les Américains. Mais le nouveau régime, dénué de stabilité politique comme de réel soutien populaire, s'avère tout aussi inefficace que Diêm face aux insurgés, ce qui décide les États-Unis, jusque-là présents par le biais de conseillers militaires, à renforcer leur engagement. En 1964, les incidents du golfe du Tonkin, dont l'importance est délibérément gonflée par le gouvernement américain, permettent au président Lyndon B. Johnson de faire adopter une résolution du Congrès qui lui laisse les mains libres pour intervenir au Viêt Nam. À partir de 1965, des troupes américaines sont massivement déployées au sol supportée par la Septième flotte des États-Unis.
La stratégie américaine, qui influe également sur les situations au Laos et au Cambodge, s'avère cependant incapable de réduire l'insurrection du FNL : les trois pays de l'ex-Indochine française sont massivement bombardés, mais les frappes américaines - notamment l'opération Rolling Thunder qui vise directement le territoire du Nord Viêt Nam - échouent à interrompre la piste Hô Chi Minh par le biais de laquelle le Nord Viêt Nam ravitaille les combattants communistes du Sud.
Après huit ans de combats intensifs et un lourd bilan humain et matériel, l’intervention directe et massive des États-Unis prit fin avec la signature des accords de paix de Paris en 1973. Les combats entre forces vietnamiennes s'achevèrent avec la chute de Saïgon, capitale de la RVN, le (elle fut rapidement rebaptisée Hô Chi Minh-Ville). Après la victoire de la RDVN, les deux Viêt Nam furent réunifiés pour former l'actuelle république socialiste du Viêt Nam et la capitale installée à Hanoï, jusqu'alors capitale de la RDVN ; le Parti communiste vietnamien devint parti unique.
Côté américain, cette guerre marqua toute une génération et dégrada considérablement l'image du pays. Considérée comme la première défaite militaire de l'histoire des États-Unis, cette guerre impliqua plus de 3,5 millions de jeunes Américains envoyés au front entre 1965 et 1972. Parmi les cinéastes influençant cette image figurent entre autres Stanley Kubrick, Michael Cimino, Francis Ford Coppola et Oliver Stone, vétéran du Viêt Nam au sein de la 25e division d'infanterie, qui réalisera une trilogie sur ce conflit avec les films Platoon, Né un 4 juillet et Entre ciel et terre. Avec plus de 400 films sur la guerre du Viêt Nam et ses conséquences, ce conflit a été l'un des sujets de prédilection des cinéastes hollywoodiens[12].
La guerre du Viêt Nam trouve son origine dans la guerre d'Indochine (1946-1954), conflit qui opposa la France au Việt Minh, fondé et dirigé par le leader révolutionnaire Hô Chi Minh.
Dès 1948, le département d'État américain commença à déplorer son « incapacité à offrir la moindre solution praticable au problème de l'Indochine », étant donné « le fait désagréable que le communiste Hô Chi Minh est le personnage le plus fort et peut-être le plus compétent qui soit en Indochine et que toute solution proposée dont il serait exclu ne serait qu'un expédient à l'issue incertaine »[13].
Après l'occupation par les troupes japonaises durant la Seconde Guerre mondiale jusqu'en , les guérilleros du Việt Minh, profitant du vide créé par la capitulation du Japon, s'emparèrent de la capitale Hanoï. L'empereur Bảo Đại, replacé sur le trône par les Japonais, abdiqua pour devenir conseiller suprême du premier gouvernement de la nouvelle république démocratique du Viêt Nam (RDVN), dont l'indépendance fut déclarée à Hanoï le . En 1945, la reconquête de l'Indochine par la France puis l'échec des gouvernements vietnamien et français à s'accorder sur un modus vivendi conduisirent en à la première guerre d'Indochine. Le conflit décisif eut lieu au printemps 1954 avec la bataille de Diên Biên Phu. Après un siège de 55 jours, les Français capitulèrent le .
Entre-temps, lors d'une réunion des quatre « Grands » à Berlin en , il avait été décidé d'organiser une conférence à Genève à partir du , où l'on traiterait de la guerre de Corée et de la guerre d'Indochine.
Les délégués de la RDVN et de l'État du Viêt Nam y rencontrèrent les délégations de la France, du Royaume-Uni, de l'Union soviétique, des États-Unis, de la république populaire de Chine et des deux États voisins, le royaume du Laos et le royaume du Cambodge, afin de discuter du futur de toutes les anciennes possessions françaises en Indochine. La conférence de Genève prit fin le , par un accord signé entre Pierre Mendès France et Phạm Văn Đồng, respectivement au nom de la France et du Viêt Nam. Avec cet accord était également signée une déclaration commune par les neuf participants, sauf par les États-Unis et par l'État du Viêt Nam.
L'indépendance du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam était reconnue. Ce dernier étant partagé en deux zones de regroupement militaire des forces armées françaises et vietnamiennes de part et d'autre du 17e parallèle. La réunification du pays pourrait intervenir après des élections générales qui devaient être organisées dans un délai de deux ans (1956), et la constitution d'un gouvernement.
Dès 1955, un nouveau mouvement se développait : le Front national de libération du Sud Viêt Nam comptant un certain nombre d'anciens cadres Việt Minh. Celui-ci s'opposa au régime de la république du Viêt Nam et affronta les États-Unis lors de l'intervention américaine.