Guyane
région et département français d'outre-mer / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Ne doit pas être confondu avec le Guyana (ancienne Guyane britannique), le Suriname (ancienne Guyane néerlandaise) et la Guyenne.
Pour les articles homonymes, voir Guyane (homonymie).
La Guyane (/gɥijan/[2] Écouter ; en créole guyanais : Lagwiyann) est une collectivité territoriale unique française située en Amérique du Sud, limitrophe du Brésil au sud-est et au sud et du Suriname à l'ouest. Elle est la seule collectivité française d'outre-mer de nature continentale[3]. Ses compétences, identiques aux autres régions et départements de France, sont regroupées depuis 2015 dans le cadre d'une collectivité territoriale unique dont l'organe délibérant est l'assemblée de Guyane. Son code Insee est le 973R[4]. Hors de France, la région est habituellement appelée Guyane française. Avec une superficie de 83 856 km2[5],[6],[7],[8],[9] et une population de 301 099 habitants (début 2023)[10], la Guyane est la deuxième région de France pour la superficie, la deuxième moins peuplée, et celle présentant la plus faible densité. C'est également le département le plus boisé, 97 %[11] du territoire étant couvert d'une forêt équatoriale qui reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentées du monde, la forêt guyanaise.
Guyane | |
Blason |
|
Logo de la collectivité territoriale de Guyane. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Statut | Collectivité territoriale unique |
Chef-lieu | Cayenne |
Arrondissements | Cayenne Saint-Georges Saint-Laurent-du-Maroni |
Communes | 22 |
Intercommunalités | 4 |
Assemblée délibérante | Assemblée de Guyane |
Président | Gabriel Serville (PG) |
Préfet | Antoine Poussier |
Code ISO 3166-1 | GUF, GF |
Code ISO 3166-2 | FR-973 |
Code Insee | 973R |
Démographie | |
Gentilé | Guyanais, Guyanaise |
Population | 286 618 hab. (2021 ) |
Densité | 3,4 hab./km2 |
Langues locales |
Français, créole guyanais, langues amérindiennes, langues bushinengue, langues hmong |
Géographie | |
Coordonnées | 3° 59′ 56″ nord, 53° 00′ 00″ ouest |
Superficie | 83 856 km2 |
Divers | |
Monnaie | Euro |
Fuseau horaire | UTC-3[1] |
Domaine internet | .gf |
Indicatif téléphonique | 594 |
Code postal | 973 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.ctguyane.fr |
modifier |
Les premières installations françaises commencent en 1503, mais la présence française ne devient réellement durable qu'à partir de 1643[réf. souhaitée] et la fondation de Cayenne. La Guyane, autrefois désignée comme « France équinoxiale », devient alors une colonie esclavagiste et voit sa population progresser jusqu'à l'abolition officielle de 1794 de l'esclavage au moment de la Révolution française.
Elle accède temporairement au statut de département français à partir de 1797 mais est progressivement transformée en colonie pénale avec l'instauration du bagne. Il s'agit plus précisément d'un réseau de camps et de pénitenciers répartis sur l'ensemble de la côte guyanaise dans lesquels les détenus sont condamnés aux travaux forcés.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Félix Éboué est l'un des premiers à se ranger derrière le général de Gaulle dès le . La Guyane rallie officiellement la France combattante en 1943[12]. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. De Gaulle, devenu président, décide[13] d'y établir le centre spatial guyanais à partir de 1965. Il est aujourd'hui exploité par le Centre national d'études spatiales (CNES), Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).
Le territoire guyanais fait partie des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. C'est le seul territoire continental de France et de l'Union européenne en Amérique du Sud et le dernier territoire français en Amérique continentale.
La limite de la partie du plateau continental sur laquelle la France dispose d'un droit exclusif d'exploitation y a été étendue à 350 milles marins des côtes en 2015, soit 72 000 km2 de plus au large de la Guyane[14], après l'avis favorable de l'Organisation des Nations unies[15], la zone économique exclusive (ZEE) s'étendant toujours jusqu'à 200 milles marins concernant les ressources halieutiques et biologiques[16].
Étymologie
Le nom Guyane est d'origine amérindienne : « Guiana » signifie « terre d'eaux abondantes » en arawak[17]. Une variante désuète du nom en français s'écrivait avec deux n : « Guyanne »[18].
Nom officiel
Dans une partie de la France autrefois dite « France équinoxiale »[19] c'est-à-dire équatoriale, le nom officiel de la région est « Guyane ». L'ajout de l'adjectif « française » dans les dénominations courantes est une commodité de langage, facultative dans la mesure où en France, Guyane tout court désigne généralement la seule Guyane française, bien que dans d'autres pays elle soit habituellement qualifiée par l'adjectif de française (French Guiana en anglais ou Guayana Francesa en espagnol).
Historiquement, il a existé plusieurs autres Guyanes :
- Guyane britannique (Guyana) ;
- Guyane espagnole (Guyane vénézuélienne et Guayana Esequiba) ;
- Guyane néerlandaise (Suriname) ;
- Guyane portugaise (Amapá).
Ces Guyanes s'intègrent au sein du plateau des Guyanes, ensemble géographique délimité au nord et à l'ouest par le fleuve Orénoque au Venezuela, au nord et à l'est par l'océan Atlantique, au sud et à l'est, au Brésil, par le río Negro et l'Amazone jusqu'à son embouchure.
Situation
La Guyane est frontalière du Brésil sur 730 km et du Suriname sur 520 km[20], faisant du Brésil le pays ayant la plus grande frontière terrestre avec la France (Suriname sixième). S'étendant sur 86 504 km2[5],[6],[7], c'est la deuxième plus vaste région de France derrière la Nouvelle-Aquitaine[21].
Au sud-ouest, au triangle Itany-Marwini, un territoire de 6 000 kilomètres carrés inhabité et revendiqué par le Suriname dépend de la Guyane française. Il n'est pratiquement pas visité, à part quelques orpailleurs et des militaires français. La réestimation de la superficie de la Guyane n'est pas liée à ce différend frontalier, mais à une erreur commise par l'ancien Service géographique des Colonies, qui avait attribué 91 000 km2 au territoire du fait d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. L'erreur a été corrigée dans les années 1960 par l'IGN[22].
Elle possède un climat équatorial et est essentiellement couverte d'une vaste forêt tropicale humide bordée de mangroves côté mer, la forêt guyanaise. Le sous-sol est constitué d'un bouclier rocheux ancien, riche en latérite, pauvre et acide, qui forme un relief dit en peau d'orange parsemé d'inselbergs et entaillé par les réseaux de fleuves et rivières. Ces derniers sont les principaux axes de circulation depuis des siècles ou millénaires. Ils constituent sept bassins fluviaux, 953 masses d'eau et sont alimentés par 2,5 à 4 m de précipitations annuelles[23].
Topographie
Le relief de la Guyane s'est modelé à partir d'un socle ancien bordé par une plaine littorale. L'essentiel de la région se trouve à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres, signe d'une très ancienne évolution morphologique et géomorphologique dont résulte la faiblesse des contrastes topographiques. Néanmoins, les plus hauts sommets du territoire sont :
- la montagne Bellevue 851 m (point culminant) ;
- le mont Itoupé 830 m ;
- le mont Machoulou 780 m ;
- la montagne Kotika 730 m ;
- la montagne Galbao 730 m ;
- le massif du Mitaraka 690 m.
Deux grandes régions topographiques peuvent être distinguées :
- la plaine côtière ou « terres basses » qui s'étend sur quelques dizaines de kilomètres depuis la frontière maritime. Elle représente environ 450 000 ha recouverts de marécages et de savanes. C'est une plaine alluviale, plus ou moins inondable d'une altitude le plus souvent inférieure à 30 mètres ;
- les terres hautes qui se développent sur le plateau des Guyanes et représentent près de 95 % du territoire. L'absence de mouvement tectonique depuis l'ère primaire et l'érosion importante qu'il a subie ont sculpté des formes de relief diverses dont la plus importante et caractéristique est une colline convexe qualifiée de demi-orange, grossièrement circulaire, haute de plusieurs dizaines de mètres pour un diamètre supérieur au kilomètre. Ces demi-oranges, présentes en grand nombre, donnent aux terres hautes l'aspect d'une mer de collines.
Géologie
La Guyane se situe sur le plateau des Guyanes qui s'est constitué dans des terrains encaissés qui ont disparu sous l'action de l'érosion, ne laissant que quelques lambeaux métamorphisés au contact des plutons granitiques. On trouve aujourd'hui deux ensembles géologiques : des formations sédimentaires récentes et des formations précambriennes.
L'absence de couverture sédimentaire, érodée au cours du temps, laisse affleurer les formations précambriennes qui ont chacune leur forme de relief caractéristiques : « collines en amandes » pour les schistes de l'Orapu, semis de collines identiques de même hauteur et à pentes convexes pour le granite guyanais. Outre une influence sur l'exploitation forestière (peuplements, accessibilités…), la géologie explique la richesse en divers minerais (or, bauxite, tantalite…) à la base des activités minières de Guyane, comme l'orpaillage.
Hydrologie
Pluviométrie, qualité de l'eau de pluie
La pluviométrie est élevée en Guyane. La pluie résulte en grande partie de la condensation de l'évapotranspiration des arbres de la forêt tropicale humide.
Elle est naturellement acide (avec un changement de pH qui peut significativement évoluer entre saison sèches et humides)[réf. nécessaire].
Climat
La Guyane possède un climat équatorial humide ; la température moyenne est de 25,5 °C. La précipitation annuelle est en moyenne de 2 816 mm à Cayenne sur la période 1981 - 2010, selon les relevés de Météo France.
Cayenne connaît une saison humide de décembre à juillet et une période plus sèche durant le reste de l'année. Les précipitations commencent à décroître en juillet (155 mm), avec pour creux les mois de septembre et octobre qui sont dits « mois secs » (respectivement 39 et 51 mm en moyenne), puis remontent dès le mois de novembre (105 mm). Le mois le plus humide est le mois de mai avec une hauteur moyenne des précipitations atteignant 518 mm[24].
Transports
Le principal moyen de transport en Guyane est la voiture. Pour les habitants des fleuves (l'Oyapock, fleuve frontalier avec le Brésil et le Maroni (fleuve), frontalier avec le Suriname), il s'agit de la pirogue. Les scooters sont très prisés des jeunes mais durant le tour de Guyane, en août, les vélos sont à la mode. Par ailleurs les communes de Saül (Guyane), Maripasoula, Grand-Santi, Camopi et Saint-Laurent-du-Maroni sont accessibles par voie aérienne depuis Cayenne.
Armature urbaine
La Région / Département doit relever d'importants défis, dont celui d'une démographie très élevée (doublement de la population tous les 20 ans[25], présence de nombreux orpailleurs illégaux, croissance sans précédent de l'habitat illégal, qui appellent des besoins en équipements et infrastructures) dans un contexte socioéconomique difficile et biogéographique (pluviométrie élevée, risques sanitaires, biodiversité exceptionnelle et localement menacée par les mines, l'orpaillage illégal, les coupes et la fragmentation écopaysagère…).
Depuis la parution du décret no 2016-1736 du 14 décembre 2016, les principaux pôles urbains de Guyane font l'objet d'une opération d'intérêt national (OIN) : Guyane, territoire d'avenirs.
La Guyane dispose aussi d'un Établissement public foncier d'aménagement (EPFA) de la Guyane, opérateur de l'État et de la région, associant les compétences d'un EPF (établissement public foncier, en charge notamment du portage foncier et de la constitution de réserves foncières, empiétant sur la Forêt guyanaise pour le compte des collectivités) et d'un EPA (établissement public d'aménagement), pour notamment contribuer à l'Opération d'intérêt national (OIN) guyanaise mise en œuvre à partir de 2017 sur un ensemble d'environ 5.800 hectares, englobant plusieurs milliers de quartiers d'habitat informel, où créer 21.000 logements sur 100 hectares à urbaniser sur 15 ans (ce qui ne répondra qu'à 50% des besoins estimés sur la période, mais aussi des infrastructures de transports, hospitalières, etc.)[25].
Action Logement Immobilier a créé une Société immobilière et foncière d'aménagement de la Guyane (Sifag), avec l'Établissement public foncier et d'aménagement (EPFA) de Guyane pour « accompagner les communes dans leurs projets de revitalisation des centres-bourgs. Présidée par Thara Govindin, la Sifag est détenue à égalité entre les deux opérateur »[26].
Frontières
Dans le sud-ouest, au niveau du triangle dessiné par les rivières Itany et Marwini, un territoire de 6 000 km2 est revendiqué par le Suriname depuis 1885.
Un haut lieu de la biodiversité
Ce département fait partie d'une des régions les plus riches du monde en matière de biodiversité, tant animale que végétale.
La forêt guyanaise est pour presque toute sa surface une forêt primaire à très haut niveau de biodiversité, protégée par un parc national, créé en 2007, et six réserves naturelles. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'Union européenne (UE) y recommandent des efforts particuliers de protection[27],[28].
À la suite du Grenelle de l'environnement de 2007, le projet de loi Grenelle II (dans son article 49) a proposé (en 2009, et sous réserve de modification) la création d'une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien (avec compétence dans les domaines de la faune, flore, les habitats naturels et semi-naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes). Il contribuera à appliquer les politiques environnementales conduites par l'État et les collectivités territoriales et leurs groupements. L'article 64 du projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d'orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l'environnement[29].
5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d'un millier d'arbres, 740 espèces d'oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons dont 45 % lui sont endémiques (les poissons « limon » et les poissons à écailles) et 109 espèces d'amphibiens. Les micro-organismes seraient bien plus nombreux encore, notamment dans le nord qui rivalise avec l'Amazonie brésilienne, Bornéo et Sumatra. Cette zone a toujours conservé des refuges pour toutes ses espèces lors des périodes sèches ou des glaciations, et une partie des forêts tropicales primaires sont très anciennes. Malgré une certaine homogénéité du biome et de la topographie à l'échelle départementale, cette forêt abrite des écosystèmes plus originaux qui en diversifient la composition à l'échelle locale : mangroves et savanes au Nord, inselbergs perdus dans forêts au Sud, et partout de nombreux types de zones humides.
La moitié de la biodiversité française est en Guyane : 29 % des plantes, 55 % des vertébrés supérieurs (mammifères, oiseaux, poissons…) et jusqu'à 92 % des insectes[réf. souhaitée]. Tout cela dans un seul département de 83 846 km2[5],[6],[7]. Un parc national et six réserves naturelles œuvrent à la préservation de milieux et d'espèces aussi divers qu'uniques.
Les plages de la réserve naturelle de l'Amana, sur la commune d'Awala-Yalimapo, dans l'ouest, constituent pour les tortues marines un site de ponte exceptionnel. C'est l'un des plus importants au niveau mondial pour la tortue luth. Quant à la réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, celle-ci abrite la seule colonie d'oiseaux marins entre Tobago et Fernando de Noronha soit sur plus de 3 000 km de littoral.
La forêt humide de Guyane s'est paradoxalement épanouie sur un des sols les plus pauvres du monde, en azote, en potassium, en phosphore et en matières organiques. L'acidité des sols est également à l'origine de cette médiocrité des sols. Elle contraint les agriculteurs à chauler les champs, et a conduit au mode traditionnel d'agriculture sur brûlis : les cendres participent à l'élévation du potentiel hydrogène (pH) en plus de l'apport de sels minéraux. Des sites de Terra preta (sols anthropogéniques) ont été découverts sur le territoire, notamment près de la frontière avec le Brésil. Des recherches sont activement menées par des acteurs de disciplines multiples pour déterminer le mode de création de ces sols les plus riches de la planète. L'hypothèse a été avancée que l'existence même de la forêt tropicale est due à ces interventions humaines intelligentes du passé (voir l'article Terra preta), où le brûlis était remplacé par le charbonnage.
Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont la fragmentation par les routes, qui reste très limitée comparativement aux autres forêts d'Amérique du Sud, les impacts immédiats et différés du barrage de Petit-saut d'EDF, de l'orpaillage (Opération Harpie), d'une chasse chaotique et du braconnage (chasse d'espèces protégées), facilités par la création de nombreuses pistes et l'apparition des quads. L'exploitation forestière reste modérée en raison du manque de route, du climat, du relief et de la productivité relativement faible de la forêt tropicale. Une ordonnance du 28 juillet 2005 a étendu le code forestier français à la Guyane, mais avec des adaptations et dérogations importantes. Dans une approche qui se veut durable, des concessions ou des cessions gratuites peuvent être accordées par des collectivités territoriales ou d'autres personnes morales pour leur utilisation par des personnes tirant traditionnellement leur subsistance de la forêt, mais les moyens utilisés n'étant plus toujours les moyens traditionnels, et l'écosystème guyanais étant vulnérable, les impacts de l'exploitation ou de la chasse pourraient être importants.
L'environnement de la frange littorale est celui qui, le long de la RN1, a historiquement connu le plus de modifications anthropiques, mais une forte artificialisation est localement constatée le long de la RN 2, ainsi que dans les zones où les orpailleurs opèrent dans l'Ouest de la Guyane.
- Liste des zones protégées en Guyane française (de)
Risques naturels
Risque sismique
Les séismes répertoriés ci-dessous indiquent la localité estimée être la plus proche de l'épicentre ainsi que l'intensité mesurée sur l'échelle MSK de 1964, qui va de 1 (secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments) à 12 (changement de paysage énormes : crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées…)[30] :
- , à Cayenne, séisme d'intensité 6[31] ;
- aux Montagnes de Kaw (Cayenne), d'intensité 6,5[32] ;
- sur la frontière guyano-brésilienne (E. de Saint-George), intensité 3,5[33] ;
- à Saül, d'intensité 7[34] ;
- sur la frontière guyano-brésilienne, territoire d'Amapa (Oïapoque), d'intensité 5[35] ;
- sur la frontière guyano-brésilienne (W. Saint-George), intensité 5[36] ;
- à 16 h 29 à Cayenne, séisme d'intensité 5[37].
Problèmes environnementaux
En 2014 paraît le livre Les abandonnés de la république, qui relate la pollution de l'environnement au mercure par les chercheurs d'or clandestins. La santé de la population locale, dont la subsistance dépend largement de la pêche, est dite en péril[38]. D'après le fonds mondial pour la nature, 12 000 hectares de la forêt amazonienne en Guyane ont été détériorés par cette activité clandestine.
La recherche de mines et sources d'hydrocarbures liquides ou gazeux au large de la Guyane est une autre menace pour le tourisme et la pêche (troisième secteur de l'économie guyanaise)[39]. Total a déposé un permis dit « Guyane Maritime » en 2011, accordé en septembre 2017 puis prolongé par le gouvernement jusque juin 2019. Mi-mai 2018 Total a déposé une demande de forage d'exploration ; l'Autorité environnementale lui a demandé de compléter son étude d'impact pour mieux évaluer l'impact d'un possible accident (éruption de puits, polluants présents dans les boues de forage, pollution sonore induite lors des tirs d'explosifs…) et de préciser sa démarche éviter, réduire, compenser encore « très partielle », en s'appuyant mieux sur les retours d'expérience par exemple de l'explosion de la plate-forme pétrolière DeepWater Horizon de BP[40].
Depuis 2016, les permis d'exploitation minière se sont multipliés. En mai 2018, près de 300 000 hectares étaient déjà concernés par des activités d'extraction ou des projets de recherches minières[41].
L'espace maritime guyanais reste très peu exploré, permettant d'accueillir dans ses eaux une biodiversité particulièrement riche, dont de nombreuses espèces de dauphins et de baleines. Cependant, à quelques kilomètres plus au sud dans les eaux brésiliennes, des compagnies pétrolières envisagent de forer le sous-sol marin, ce qui inquiète les défenseurs de l'environnement[42].
Autochtones et Européens
Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres, polissoirs…) de peuples amérindiens entre l'Oyapock et le Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. Nombre de leurs successeurs dans la même zone géographique appartiennent principalement au groupe linguistique des Tupi-Guarani.
On estime qu'à la fin du IIIe siècle, des Indiens arawaks et palikurs, originaires des rives de l'Amazone, s'installent sur le littoral guyanais. Ils sont suivis au VIIIe siècle par les Kalinago ou Karibes, les Kali'na (Galibis) et Wayana.
La côte de Guyane est reconnue par Christophe Colomb en 1498. Malgré le partage du Nouveau Monde organisé en 1494 par le traité de Tordesillas entre le Portugal et l'Espagne, les nations européennes sont à l'origine de nombreuses tentatives de colonisation en Guyane dès le XVIe siècle.
Dès 1503 commencent les premières implantations dans la zone de Cayenne, notamment celle des Français, par le voyage de Nicolas Guimestre en 1539, suivie de celle de l'Anglais Robert Baker (1562) et de celle de Gaspard de Sotelle (1568-1573), qui implante plus de 120 familles espagnoles dans l'île de Cayenne.
De 1596 à 1598, les Anglais John Ley et Lawrence Keymis, et le Néerlandais Abraham Cabeliau effectuent des reconnaissances géographiques précises des côtes de la Guyane. Les vraies implantations européennes apparaissent surtout au XVIIe siècle, par des occupations ponctuelles (quelques années) d'embouchures fluviales, et sont l'œuvre de la France, de l'Angleterre et des Pays-Bas.
En 1604, la colonie de Guyane prend le nom de France équinoxiale.
Esclavage et tentative de peuplement
Si les premières tentatives importantes de colonisations françaises datent des années 1620, elles sont souvent mises à mal par les dissensions internes des colons, les rapports humains médiocres avec les Amérindiens, voire la dureté des conditions de vie, notamment avec la fièvre jaune[44]. De leur côté, les nations amérindiennes doivent faire face à un important taux de mortalité, dû aux guerres menées face aux colonisateurs, mais aussi à l'action d'épidémies nouvellement importées d'Europe.
Longtemps, la tutelle du roi de France sur la Guyane est régulièrement contestée ; ce n'est qu'avec la reprise de Cayenne en décembre 1676 par l'amiral Jean d'Estrées que les Français s'implantent définitivement. Et encore ne contrôlent-ils que l'île de Cayenne et, par intermittence, quelques postes militaires aux estuaires fluviaux. C'est cette présence humaine et militaire faible qui explique en grande partie l'extrême facilité avec laquelle les Portugais du Brésil se sont emparés de l'île de Cayenne pendant les guerres napoléoniennes, île qu'ils ont occupée de 1809 à 1817.
La colonisation de la Guyane est d'abord le fait de travailleurs européens, les « engagés », également appelés les « trente-six-mois » parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d'origine africaine, utilisés dans les habitations (exploitations agricoles) à la culture des produits coloniaux : sucre, épices, chocolat et café.
Comme dans les autres colonies françaises, l'esclavage est en grande partie régi par les textes du Code noir (1685).
Cette société d'habitation reste le modèle économique dominant en Guyane jusqu'à la deuxième abolition de l'esclavage en 1848. Elle n'a toutefois pas apporté un vrai développement à la Guyane, qui reste la région pauvre et sous-peuplée, de l'ensemble colonial français en Amérique. En 1713, lors du Traités d'Utrecht, le roi de France Louis XIV, afin de limiter les conflits locaux avec la colonie portugaise du Brésil, pose les bases de la frontière entre le Brésil et la France[45].
L'expédition de Kourou qui débuta à partir de 1763 est très mal préparée. Elle fut menée à la demande de Choiseul et dirigée par le chevalier Étienne-François Turgot, gouverneur, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon, intendant et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant, pour établir une vraie colonie d'agriculteurs d'origine européenne dans les savanes de l'Ouest guyanais. Cependant, cela sera un échec retentissant : presque tous les colons « survivants » s'enfuient de Guyane pour rejoindre la métropole. Seuls restent en Guyane des colons allemands et canadiens, qui s'implantent durablement à Kourou, Sinnamary, Malmanoury, Corossony et Iracoubo, et y fondent une société originale (et métissée) d'agriculteurs exploitants en Guyane.
La Guyane française est occupée par les Britanniques de 1778 à 1783, puis de 1785 à 1788.
Pendant la Révolution elle devient pour la première fois (Collot d'Herbois et Billaud-Varenne), lieu de déportation politique; ceux-ci seront suivis en 1798, alors que La Guyane est érigée en un département, des « déportés de fructidor » et de prêtres réfractaires : Counamama et Sinnamary seront le cimetière de la plus grande partie d'entre eux.
L'esclavage est aboli en 1794 dans toutes les colonies par la Révolution, mais Napoléon Ier le rétablit en 1804, avant que l'abolition ait eu le temps de prendre effet.
Sous Napoléon Ier, le Portugal envahit et occupe la Guyane, de 1809 à 1817, en représailles de l'invasion par la France de la partie européenne du pays : cette période d'occupation va marquer le créole guyanais, qui va intégrer de nombreux mots portugais dans son vocabulaire. Bien que rendue aux Français, à la suite des applications du traité de Vienne de 1815, le retour effectif des Français est à situer en avril 1817, avec l'envoi d'un gouverneur.
L'esclavage n'est définitivement supprimé par le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848 de la IIe République, sous l'impulsion notamment de l'abolitionniste Victor Schœlcher.
La disparition de la main-d'œuvre servile met un point d'arrêt à l'économie coloniale traditionnelle.
Pour pallier le manque de main-d'œuvre mais surtout pour débarrasser la métropole d'opposants politiques républicains et de délinquants de droit commun, le Second Empire crée des bagnes en Guyane. Ils accueillent des transportés, des déportés puis également des relégués jusqu'en 1946. Dans les années 1930, les Établissements Pénitentiaires Spéciaux, dits aussi « bagnes des Annamites » (voir Camp Crique Anguille), sont implantés dans le Territoire de l'Inini. Peuplés d'opposants politiques et d'intellectuels indochinois, mais aussi de petits délinquants, voleurs et proxénètes, ces bagnes seront un échec cuisant.
Les essais de peuplement de la Guyane par des ouvriers « libres » issus de l'immigration (Afrique, Inde, États-Unis, Madère…) ne seront pas plus durables.
Le « Contesté »
En 1713, les traités d'Utrecht fixent une frontière entre les territoires français et portugais du plateau des Guyanes. C'est une rivière qui doit servir de frontière, mais le traité n'est pas certain quant à la rivière qu'il désigne. En 1822, le Brésil devient indépendant. Plusieurs centaines de kilomètres carrés sont contestés entre la France et le Brésil.
Le « Contesté » devient un territoire neutre, refuge d'aventuriers, de bagnards échappés ou d'esclaves en marronnage.
À la fin du XIXe siècle les deux pays se mettent d'accord pour recourir à l'arbitrage de la Suisse. La diplomatie brésilienne s'investit fortement dans cet arbitrage alors que la France ne met guère de moyens dans la négociation. L'arbitrage suisse est rendu en 1900 en faveur du Brésil, le fleuve Oyapock est retenu comme frontière entre la Guyane française et le Brésil. Les ressortissants français ne peuvent s'installer sur la rive désormais brésilienne[46].
Ruée vers l'or
En 1855, un site aurifère est découvert dans l'Est guyanais sur l'Arataye, un affluent de l'Approuague. Dans l'Ouest, de l'or est extrait de la rivière Inini (Haut-Maroni). Le début du XXe siècle est marqué par une ruée vers l'or, avec 10 000 chercheurs en activité, entraînant une croissance du commerce local souvent artificielle, et l'arrêt des dernières activités agricoles par manque de main-d'œuvre[47].
L'existence éphémère de la République de la Guyane indépendante (Amapá, 1886-1891, puis État Libre de Counani (1904-1912)) est liée à cette ruée vers l'or.
Bagne
Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et les îles du Salut furent des lieux de déportation pour les condamnés aux travaux forcés de 1852 à 1946, sur décision de Napoléon III. Le capitaine Alfred Dreyfus y fut envoyé en 1894.
La Guyane restera alors une colonie française jusqu'au , où elle obtient le statut de département d'outre-mer. La France attendait des détenus qu'ils fussent aussi des colons. Mais ce fut un échec. La fermeture du bagne a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la publication de 27 articles d'Albert Londres et sous l'impulsion de Gaston Monnerville. C'est en 1938 que le dernier convoi de bagnards a fait route vers la Guyane, mais ce n'est qu'en 1945 que l'Assemblée constituante décida de rapatrier les survivants qui le souhaitaient (très peu sont restés). L'opération prit huit ans.
Seconde Guerre Mondiale
La déclaration de guerre à l’Allemagne Nazie est accueillie avec enthousiasme en Guyane et dans les Antilles[48]. Plus de 1 200 Guyanais furent initialement mobilisés pour combattre en Europe, mais la moitié d’entre eux sont renvoyés chez eux. Sur les six cents restants, seuls trois cents guyanais furent embarqués pour la métropole entre octobre 1939 et octobre 1940. L’amiral Robert est nommé Haut-Commissaire de la République pour les Antilles-Guyane afin de surperviser les colonies et les forces françaises de l’Atlantique Ouest. Après l’Armistice, malgré le vote des conseils généraux antillais pour la poursuite de la guerre, l’Amiral Robert choisit le ralliement au régime de Vichy.
Sous l’autorité du gouverneur Robert Chot, nommé en janvier par Gaston Monnerville, les autorités vichystes mènent une politique répressive. La suspension des importations de métropole et d'Etats voisins provoquent des pénuries alimentaires et de ressources. La sympathie pour la France Libre grandit progressivement, à mesure que la vie locale se dégrade.
Les premiers actes de résistance se manifestent dès mars 1942, notamment à travers des opérations de sabotage[49]. Une partie des Guyanais fuient clandestinement la colonie pour rejoindre les formateurs gaullistes stationnés dans les Antilles britanniques. La possible entrée en guerre du Brésil contribue également à gonfler les rangs de la Dissidence guyanaise, qui dirigent des manifestations dans les rues[50].Le , après une manifestation de masse à Cayenne, le gouverneur René Weber, ayant succédé à Chot, déclare la Guyane en dissidence et quitte la colonie avec ses collaborateurs. L’Amiral Robert transmet ses pouvoirs à Henri Hoppenot, mandaté par le CFLN, et part pour les États-Unis. Celui-ci ratifie le ralliement à la France Libre[51], incitant une centaine de Guyanais à prendre part aux débarquements de Corse et de Provence.
Le giraudiste Jean Rapenne, soutenu par les États-Unis, succède à Weber en tant que gouverneur de Guyane, au détriment du gaulliste Maurice Berthaud[52]. Rapenne fait notamment fermer le bagne de Saint-Jean-du-Maroni en septembre 1943 et met l'aéroport de Cayenne-Rochambeau à disposition de l’armée américaine. Pointé du doigt pour sa résistance aux ordonnances du CFLN et ses concessions aux Américains, il est relevé de ses fonctions en Novembre 1943 au profit de Jules Eucher Surlemont.
La Guyane reste une colonie française jusqu'au , où elle obtient le statut de département d'outre-mer.
Base spatiale européenne
En 1964, le général de Gaulle prend la décision de construire une base spatiale en Guyane, destinée à remplacer la base saharienne située en Algérie à Hammaguir. La position du département est privilégiée, proche de l'équateur avec une large ouverture sur l'océan. Le Centre spatial guyanais, depuis les premières fusées « Véronique », s'est largement développé au fil des années. Port spatial de l'Europe avec des lanceurs comme Ariane 4 et Ariane 5, qui se révèlent un véritable succès commercial dans le monde[53],[54], le Centre spatial guyanais développe aussi le Programme Vega, et une base de lancement Soyouz construite à Sinnamary. D'ici le deuxième trimestre 2022, la Guyane va assister au lancement de la nouvelle fusée Ariane 6, projet développé en 2014.
En 1982, les lois de décentralisation entrent en vigueur et un transfert de compétences s'opère vers les collectivités territoriales qui vont devenir acteurs du développement de la Guyane[55].
Crise sociale du printemps 2017
Fin mars 2017, un large mouvement de manifestations et de grèves se développe en Guyane et amène le déplacement sur place des ministres de l'Intérieur et de l'Outre-Mer. L'accord proposé par le gouvernement est refusé par les représentants des manifestants et grévistes le 2 avril[56].