Jeanne d'Arc
sainte catholique et héroïne de l'histoire de France (1412-1431) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Jeanne d'Arc, dite « la Pucelle », née vers 1412 à Domrémy, village du duché de Bar[n 1] (actuellement dans le département des Vosges en Lorraine), et morte sur le bûcher le à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession anglaise, est une héroïne de l'histoire de France, chef de guerre et sainte de l'Église catholique, surnommée posthumement « la Pucelle d’Orléans ».
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Jeanne d'Arc | ||
Seule effigie contemporaine connue de Jeanne d'Arc, représentée à tort avec une robe féminine et des cheveux longs. Ce dessin d'imagination est esquissé en marge d'un registre par Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris, le , consécutivement à la levée du siège d'Orléans (Archives nationales). | ||
Surnom | « La Pucelle » (« la Pucelle d'Orléans » est un surnom posthume qui se diffuse tardivement aux XVIe – XVIIe siècles) |
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Naissance | vers 1412 Domrémy (Bar, France) |
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Décès | (à l'âge approximatif de 19 ans) Rouen (Normandie, France) |
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Origine | Duché de Bar | |
Allégeance | Royaume de France | |
Années de service | 1428 – 1430 | |
Conflits | Guerre de Cent Ans | |
Faits d'armes | Siège d'Orléans Bataille de Jargeau Bataille de Meung-sur-Loire Bataille de Beaugency Bataille de Patay Chevauchée vers Reims Siège de Troyes Bataille de Montépilloy Siège de Paris Siège de Compiègne |
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Famille | Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée ; 3 frères et 1 sœur : Jacquemin, Jean, Pierre et Catherine d'Arc | |
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Au début du XVe siècle, cette jeune fille d'origine paysanne affirme qu'elle a reçu de la part des saints Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine d'Alexandrie la mission de délivrer la France de l'occupation anglaise. Elle parvient à rencontrer Charles VII, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d'Orléans et à conduire le roi au sacre, à Reims, contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Capturée par les Bourguignons à Compiègne en 1430, elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, comte de Ligny, pour la somme de dix mille livres. Elle sera brûlée vive en 1431 après un procès en hérésie conduit par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et ancien recteur de l'université de Paris. Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès voit sa révision ordonnée par le pape Calixte III en 1455. Un second procès est instruit qui conclut, en 1456, à l'innocence de Jeanne et la réhabilite entièrement. Grâce à ces deux procès dont les minutes ont été conservées, elle est l'une des personnalités françaises les mieux connues du Moyen Âge.
Béatifiée en 1909 puis canonisée en 1920, Jeanne d'Arc devient une des deux saintes patronnes secondaires de la France en 1922 par la lettre apostolique Beata Maria Virgo in cælum Assumpta in gallicæ. Sa fête nationale est instituée par la loi en 1920 et fixée au 2e dimanche de mai[1].
Elle est dans de nombreux pays une personnalité mythique qui a inspiré une multitude d'œuvres littéraires, historiques, musicales, dramatiques et cinématographiques.
L'intervention de Jeanne d'Arc s'inscrit durant la seconde phase de la guerre de Cent Ans, qui voit le conflit séculaire entre les royaumes anglais et français s'enchevêtrer avec une guerre civile résultant de l'antagonisme des princes du sang de la dynastie royale des Valois[2].
Depuis 1392, le roi de France Charles VI, dit « le Fol », est sujet à des troubles psychiques intermittents qui le contraignent progressivement à délaisser le pouvoir au profit de son Conseil, devenu bientôt le siège de sourdes luttes d'influences entre son frère, le duc Louis d'Orléans, et son oncle, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. La discorde entre les princes des fleurs de lys s'exacerbe lorsque Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi, succède à son père défunt en 1404. Le nouveau duc de Bourgogne finit par faire assassiner son rival et cousin Louis d'Orléans en , acte déclencheur d'une guerre civile entre les Bourguignons et les Orléans. Les partisans de la maison d'Orléans sont ensuite appelés « Armagnacs » eu égard à l'engagement du comte Bernard VII d'Armagnac aux côtés de son beau-fils Charles d'Orléans, fils et successeur du duc assassiné[3].
- Assassinat du duc Louis d'Orléans.
Paris, BnF, vers 1470-1480.
Profitant de ce conflit fratricide, le roi Henri V d'Angleterre, jeune, déterminé et déjà rompu aux armes, relance les hostilités franco-anglaises en réclamant des pans entiers du royaume de France. En 1415, l'armée du monarque Lancastre débarque en Normandie, assiège Harfleur puis taille en pièces la chevalerie française à Azincourt[4]. À compter de 1417, Henri V entame la conquête méthodique de la Normandie et la parachève en s'emparant de la capitale ducale, Rouen, en 1419[4].
- Bataille d'Azincourt, enluminure de l’Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, Paris, BnF, département des Manuscrits, ms. Français 2680, fo 208, XVe siècle.
- Siège de Rouen par Henri V, British Library, Cotton MS Julius E IV/3, fo 19 vo, quatrième quart du XVe siècle.
Devant le péril Lancastre, Jean sans Peur et le dauphin Charles, héritier du trône, se rencontrent le sur le pont de Montereau en vue d'une réconciliation mais le duc de Bourgogne est assassiné au cours de l'entrevue, peut-être à l'instigation du dauphin lui-même ou de certains de ses conseillers armagnacs. Fortuit ou prémédité, le meurtre de Montereau entraîne dans l'immédiat « des conséquences calamiteuses » pour le parti delphinal[5] puisqu'il empêche moralement toute entente entre les princes Valois de France et de Bourgogne. Fils et successeur de Jean sans Peur, le duc Philippe le Bon forge conséquemment une alliance « de raison et de circonstance » avec les Anglais. Au demeurant, l'entente anglo-bourguignonne est émaillée de nombreuses dissensions car le nouveau duc de Bourgogne se voit réduit au rôle de vassal et conseiller des Lancastre alors qu'il envisageait de devenir à tout le moins régent ou lieutenant général du royaume. Freiné dans ses ambitions françaises, Philippe le Bon poursuit par ailleurs l'extension septentrionale des « États bourguignons », vaste ensemble territorial composant ses domaines[6]. Le duc de Bourgogne se garde donc d'épuiser toutes ses forces en guerroyant contre son cousin Charles, dauphin et futur roi de France, de telle sorte que ce dernier n'a « pas à lutter contre deux adversaires également déterminés, mais contre un seul adversaire, lui-même à l'occasion secondé par un autre », précise l'historien médiéviste Philippe Contamine[7].
- Charles VI et Isabeau de Bavière durant le traité de Troyes.
Chroniques de Jean Froissart, British Library, Harley 4380, fo 40, vers 1470-1472.
Pour l'heure, forts de l'appui bourguignon, les Anglais sont en mesure d'imposer le traité de Troyes, signé le entre le roi Henri V d'Angleterre et Isabeau de Bavière, reine de France et régente. Selon les termes de ce contrat visant une « paix finale », Henri V devient le régent du royaume de France et l'époux de Catherine de Valois, fille du roi Charles VI « le Fol »[8]. À la mort de celui-ci, la couronne et le royaume de France doivent échoir à son gendre Henri V d'Angleterre, puis perpétuellement aux héritiers successifs du roi anglais. Les historiens dénomment « double monarchie » l'entité politique définie par le traité, à savoir l'union des deux royaumes sous la férule d'un souverain unique[9].
- Charles VII,
roi de France. - Jean de Lancastre, duc de Bedford et régent anglais du royaume de France.
Or le traité de Troyes spolie de son droit à la succession le dernier fils survivant du roi fou, le dauphin Charles, stigmatisé en tant qu'assassin du duc Jean de Bourgogne. En 1422, à la suite des décès successifs des souverains Henri V d'Angleterre et Charles VI de France, la dynastie des Lancastre revendique « l'union des deux couronnes » en la personne d'un enfant âgé de neuf mois : Henri VI, roi de France et d'Angleterre[9]. Dans le cadre de la double monarchie, le duc Jean de Bedford, frère cadet de Henri V, devient le régent du royaume de France durant la minorité de son neveu Henri VI. Pour sa part, le dauphin Charles se proclame également roi de France sous le nom de Charles VII. Résolu à recouvrer l'ensemble du royaume, il poursuit la guerre contre les Anglais.
Cette lutte pour la prépondérance délimite trois grands ensembles territoriaux, « Trois France » respectivement gouvernées par les Lancastre, le duc de Bourgogne et le roi Charles VII[10], que ses ennemis anglais et bourguignons auraient désigné sous le sobriquet dépréciatif de « roi de Bourges »[11], bien que le souverain Valois soit reconnu par la moitié du royaume[12].
La double monarchie franco-anglaise englobe diverses provinces : le Sud-Ouest du territoire français demeure traditionnellement soumis à la couronne anglaise, détentrice du duché d'Aquitaine depuis trois siècles[13]. Dans le Nord, les Anglais contrôlent le duché de Normandie, personnellement réclamé et conquis par Henri V en 1419, puis administré par le duc de Bedford[14]. « Cœur et chef principal du royaume »[15], Paris a subi les massacres successifs de la guerre civile avant de tomber sous la coupe des Bourguignons durant la nuit du 28 au ; « dépeuplée et affaiblie », la capitale passe sous domination anglaise le , deux semaines avant que le traité de Troyes ne soit conclu[16]. Par la suite, les Anglais se lancent à l'assaut du comté du Maine en 1424 et en achèvent la conquête l'année suivante[17],[18], ce qui leur permet de menacer les frontières du duché d'Anjou[n 2].
Par ailleurs, le duché de Bretagne tente de préserver sa relative indépendance en oscillant entre les couronnes de France et d'Angleterre, suivant « la voie de la neutralité opportuniste » choisie par le duc Jean V de Bretagne, dont la politique demeure « sensible néanmoins aux événements et soumise à des oscillations conjoncturelles »[20].