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Conçue en premier lieu pour être jouée par des marionnettes, la pièce a donné lieu à de nombreuses ébauches. Dans une lettre sans date, Lorca annonce à M. F. Almagro qu’il fait "une pièce de théâtre grotesque : Amours de don Perlimplín avec Bélise en leur jardin[1]". André Belamich pense que cette lettre date de la fin de , tandis que Gallego Morell la situe à l’automne 1924, et Christopher Maurer à l’été 1925. Quoi qu’il en soit, la pièce est achevée en , puisque la troupe “El Caracol” la met en répétition ; cependant, la pièce est jugée immorale et interdite par la dictature de Jose Antonio Primo de Rivera[2]. Les copies en sont saisies. Lorca la récrira de mémoire pendant son voyage aux États-Unis, pendant l’été 1929. Elle est créée au théâtre en 1933 au Teatro Español de Madrid, en complément de La Savetière prodigieuse. La pièce, qui ne sera jamais reprise du vivant de l’auteur[3], sera encore jouée au Festival du XXe siècle à Paris en 1952 dans des décors et costumes d'Antoni Clavé.
Lorca indique au cours du texte certains des costumes des personnages ; nous les reproduisons ici.
L'histoire est celle d'un bourgeois, Don Perlimplín, qui, sur les conseils de sa gouvernante Marcolfa, prend pour épouse une jeune femme volage et impudique, Bélise, qui n'hésite pas à le cocufier avec cinq hommes la nuit même de son mariage.
La jeune femme est de plus en plus attirée par un homme mystérieux enveloppé dans une cape rouge qu’elle a vu passer sous les fenêtres de la maison.
Sur ordre de Perlimplín, Marcolfa remet à Bélise un billet l’invitant à rejoindre le jeune homme dans le jardin. Elle s’y rend et rencontre d’abord Perlimplín ; celui-ci feint de comprendre qu’elle a donné rendez-vous à son amant et annonce qu’il va le tuer et sort son poignard. Il disparaît de scène et apparaît sur scène un homme enveloppé de la cape rouge, le poignard planté dans sa poitrine. Il s’agit en fait de Perlimplín lui-même. Il meurt sur scène. C’est Marcolfa qui révèle la clef du mystère : « Nous allons maintenant l’ensevelir dans la cape rouge de jeune homme qu’il mettait pour passer sous ses propres balcons[4]. »
Originellement conçue comme « grotesque », la pièce a beaucoup évolué entre les premières ébauches et la version finale. Ainsi, étaient originellement présents la Mort personnifiée, des jeunes gens, une danseuse et quatre voisines de Perlimplín. Ces personnages disparaissent dans la version finale, se trouvent intériorisés (la Mort), évoqués (les jeunes gens, la danseuse) ou bien réduits — les quatre voisines deviennent deux lutins.
La pièce porte le sous-titre générique d’aleluya erótico. Les aleluyas étaient originellement des estampes distribuées par l’Église, portant un dessin commenté par un distique, et le mot “alléluia”. Par la suite, les aleluyas devinrent également profanes. Le personnage même de don Perlimplín est le protagoniste de plusieurs aleluyas, mais Lorca n’en retient en fait que le nom, et le transforme radicalement — ces transformations faisant écho à celles que subit la pièce au fur et à mesure des ébauches.
Le mot aleluya est traduit par André Belamich en “estampe”, et par Jean Camp en “imagerie”.
Il y a dans Les Amours de Don Perlimplín de nombreuses interventions musicales. Il s’agit soit de chansons (voix de Bélise dans le prologue, chanson de Perlimplín au premier tableau, scène III, sérénade au troisième tableau, scène II), soit de musique qui parvient à la scène (dans le prologue « on entend un piano », à la scène II du premier tableau, « Douce musique de rêve, des flûtes résonnent », outre plusieurs interventions de carillon, en particulier à la fin de la pièce).
Par ailleurs, une pianiste, Pura Lago, interprétait à la création, en 1933, cinq sonates de Domenico Scarlatti[5].
Il n’existe, à notre connaissance, que deux traductions françaises de cette pièce qui soient régulièrement citées. Nous indiquons à chaque fois le titre adopté par le traducteur. Une troisième traduction datant de 1944 et faite par Jean-Marie Soutou et publiée à Lyon aux Editions L'Arbalète en 1944 avec un tirage de 700 exempaires est quasiment introuvable
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