Les Saisons (James Thomson)
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Les Saisons (The Seasons en anglais) est un ouvrage en vers de James Thomson (1700-1748). Publié chez John Millan en 1730, il a fait ensuite l'objet de plusieurs modifications parues successivement en 1744 et en 1746 sous les auspices d'Andrew Millar et G. Strahan ou encore de Robert Bell. Il se compose de quatre poèmes consacrés aux différentes saisons de l'année ; le premier, L'Hiver, écrit en , est suivi de L'Été en , Le Printemps en 1728 et L'Automne en 1730. Traduit en allemand dès 1745, le poème a inspiré l'oratorio de Haydn Les Saisons par l'intermédiaire de Gottfried van Swieten.
Les Saisons | ||||||||
Frontispice de The Saisons | ||||||||
Auteur | James Thomson | |||||||
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Pays | Grande-Bretagne | |||||||
Genre | Poème descriptif et préromantique | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | Anglais britannique | |||||||
Titre | The Seasons | |||||||
Éditeur | John Millan, puis Andrew Millar et Robert Bell | |||||||
Lieu de parution | Londres | |||||||
Date de parution | 1730 | |||||||
Version française | ||||||||
Traducteur | Paul Moulas | |||||||
Éditeur | Chapitre.com - Impression à la demande | |||||||
Nombre de pages | 264 | |||||||
ISBN | 4736246189 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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L'ensemble se présente comme une suite de poèmes, mais est découpé selon le calendrier de l'année. Chaque Saison est dédiée à une personnalité différente et est précédée d'un argument résumant son déroulement factuel et la logique ayant présidé à sa construction. Si l'intention didactique est affichée, l'ensemble se démarque des poèmes généralement consacrés à la nature en cette première moitié du XVIIIe siècle, Les Saisons insufflant au genre une vitalité nouvelle.
De plus, des sources d'intérêts inusitées apparaissent, comme la prédominance accordée à la nature et non plus à l'homme ; de même, des thèmes insolites se font jour, essentiellement d'inspiration scientifique, issus de la philosophie de l'observation qui, à la suite de Locke et de Newton, s'oppose à la logique de l'apriorisme entretenue sur le continent par la tradition de Descartes et Leibniz. D'autres influences encore se font sentir : le retour à une certaine tradition chaucérienne, la présence de Spenser (1552-1659) quoique moins sensible que dans Le Château d'Indolence, et surtout celle de Milton (1608-1674), ne serait-ce que par l'emploi du vers blanc qui permet à Thomson de se libérer du carcan du distique héroïque (heroic couplet).
En ce sens, bien que Thomson ne se soit jamais inscrit en rupture avec Pope — qui d'ailleurs révisa les dernières éditions —, avec Les Saisons, il n'est plus tout à fait dans son temps tout en faisant corps avec lui, s'en inspirant sans cesse et s'en échappant toujours, à la fois résolument classique, mais portant des signes annonçant les prémices du romantisme.
De fait, Les Saisons a été écrit et publié dans le désordre.
Thomson avait abandonné ses études de théologie à l'université d'Édimbourg[JT 1] et quitté son Écosse natale en 1725 et, après quelques mois d'errance à Londres, avait obtenu le poste de précepteur du fils de Charles Hamilton, Lord Binning.
Le jeune homme s'installa non loin de leur vaste propriété de East Barnet (en) et aussitôt s'essaya à un nouveau moyen d'expression, le vers blanc ; bien que rien n'indique si une partie en avait déjà été rédigée avant son départ de Leith[alpha 1], L'Hiver était prêt dès la fin de la saison froide et parut en . Une deuxième édition fut publiée le , bientôt suivie de deux nouvelles réimpressions avant la fin de l'année[1]. Aaron Hill, l'un des oracles littéraires de l'époque, le trouva particulièrement à son goût[2], et le dédicataire, Spencer Compton (1er comte de Wilmington), speaker de la Chambre des communes[3], octroya 20 guinées au jeune poète qui, peu comblé par ce don[2], mais réconforté par la faveur du public, se lança dans le deuxième volet de sa série, L'Été, qui fut publié en [1].
Ce deuxième volet comportait une préface dans laquelle Thomson faisait part de son désir de compléter la série et surtout définissait sa posture artistique, centrée sur la Nature[JT 1] :
« I know no subject more elevating, more amazing, more ready to the poetical enthusiasm, the philosophical reflection, and the moral sentiment than the works of nature. Where can we meet such variety, such beauty, such magnificence? All that enlarges and transports the soul. »
« Je ne connais point de sujet plus élevé, plus divertissant, plus prompt à susciter l'enthousiasme du poète, la réflexion philosophique, le sentiment moral que les œuvres de la nature. Où trouver une telle variété, semblable beauté, une égale munificence ? De quoi embellir et transporter l'âme[alpha 2]. »
Cette préface, supprimée des éditions complètes des Saisons publiées du vivant de Thomson, est incluse dans l'édition Oxford Standard Authors de ses œuvres poétiques, dirigée par J. L. Robertson en 1908, en pages 239-242.
L'Hiver comporte quatre mouvements dans chacun desquels la nature est décrite selon un schéma similaire : d'abord, l'accent se focalise sur un aspect dysphorique avant que les vers n'amorcent un redressement : au morne et cruel succède une « philosophie mélancolique » ; le blizzard glacial est suivi par la pénétration de la majesté des éléments, que concluent des considérations sur Dieu ; le cœur de la saison enferme le poète en ses murs avec ses livres pour seuls compagnons, « compagnie paradisiaque » (Society Divine) mêlant le plaisir esthétique au sentiment moral ; en définitive, la saison des frimas, par la brièveté des jours, aura hâté le pas vers l'Éternité tout en régénérant les sols (Life undecaying) et préparant le printemps[1].
En , Thomson, qui avait quitté son poste chez Lord Binning, officiait dans une école réputée de Londres, la Watts Academy, comme précepteur de Lord George Graham, le fils cadet du duc de Montrose[2]. L'établissement préconisait l'enseignement de Newton (1642-1727) auquel Thomson voua un culte toute sa vie[1]. De fait, L'Hiver comprenait déjà des passages dévolus à divers phénomènes scientifiques : les vapeurs du bitume, l'éclair, le brouillard, etc., et L'Été poursuivait dans la même veine : publié en 1727 et dédié à George Dodington, 1er baron de Melcombe (Bubb Dodington)[2], il se préoccupait en effet de gravitation ou de réfraction optique, etc., toutes disciplines débattues à la Royal Society[1]. L'argument de ce dernier poème fait état de la progression d'une journée d'été avec, en prélude, quelques réflexions sur les « corps célestes » auxquels le poète revient dans sa conclusion, et au milieu un panégyrique de la Grande-Bretagne[JT 2].
Le Printemps, publié l'année suivante (1728) par Andrew Millar qui, selon le Dr Johnson, « fit monter le prix de la littérature »[CCom 1], est dédié à la comtesse de Hertford, future duchesse de Somerset, elle-même dévouée aux belles lettres[2]. Il propose comme développement la montée de la nouvelle saison dans la nature, selon la hiérarchie des choses, minérales et vivantes, ses effets sur les légumes, les animaux et enfin sur l'homme. La conclusion est consacrée à l'amour dont le poète blâme les passions, par essence irrégulières et sans limites, et loue la mesure d'un sentiment « pur et heureux »[JT 3].
L'Automne paraît en 1730, mais dans un recueil comprenant l'ensemble des quatre poèmes[2]. Il est dédié à Mr Onslow, le speaker de la Chambre des communes. Le poète y offre la vue de la campagne prête pour la moisson, mais bientôt soumise à un orage de saison. Suivent les horreurs de la chasse et une parodie de la chasse à courre, avec son habituelle beuverie[JT 4]. Le brouillard conduit à une digression sur les cours d'eau, puis le poète s'attache aux oiseaux et à leur mode d'habitation, notant au passage le prodigieux nombre de volatiles présents sur les îles des côtes Ouest et Est de l'Écosse. La fin de la journée approche, le crépuscule envahit l'espace et les bois apparaissent sous leurs couleurs fanées. Quelques météores trouent la nuit et le matin s'éveille au Soleil radieux ; les moissons rentrées, la joie envahit la campagne, ce qui conduit à un panégyrique de la vie rurale[JT 5].
En différentes additions, Thomson incorpora peu à peu d'autres données à son poème, inspirées de diverses sources, mais notablement des Géorgiques de Virgile[JT 6]. Ainsi, tout en gardant son schéma principal, la ronde et les tâches de la vie à la campagne, Les Saisons se firent peu à peu plus didactiques et finirent par synthétiser un grand nombre de sujets, l'économie, l'histoire, l'hydrographie, la météorologie, l'optique, la théologie, le travail du paysan s'en trouvant d'autant enrichi par ce que Sambrook appelle « toute une panoplie d'harmonies — naturelles, historiques, culturelles, sociales et cosmiques — »[CCom 2].
Les Saisons s'étoffèrent donc d'éditions en éditions, passant de 4 464 vers en 1730 à 5 541 en 1746 ; le Printemps et l’Automne restèrent à peu près stables, en revanche l’Été et l’Hiver connurent les additions les plus importantes[JT 7].
Le cycle se clôt par un poème autonome intitulé Un hymne aux Saisons (A Hymn on the Seasons) de 118 vers, où les quatre saisons sont passées en revue et tour à tour offertes à Dieu, sans que d'ailleurs le texte ne précise la nature de cette divinité qui se teinte de touches panthéistes[RF 1].
La première partie du XVIIIe siècle, l'Augustan Age, est nommée « l'âge de Pope », tant la personnalité d'Alexander Pope l'a dominée, du moins dans le domaine de la poésie à laquelle il s'est presque entièrement consacré[RF 2]. Pour autant, les plus grands écrivains de la période ont été des prosateurs, Jonathan Swift, Joseph Addison et Richard Steele, ainsi que Daniel Defoe, hommes vieillissants certes, mais autant de sommités auprès desquelles Thomson a dû paraître insignifiant[RF 2].
Une poésie urbaine
La poésie proprement dite a été soumise à des changements importants. Après les débordements de la Restauration anglaise et les souvenirs encore vivaces du puritanisme, le public aspirait à des règles de conduites plus sages et à se garder des extrêmes aussi bien moraux que passionnels[4]. Aussi, les poètes de cette époque se méfiaient du lyrisme, se vouant à l'intellect, pratiquant un art didactique aussi bien que critique, favorisant la satire[4]. Prévaut alors une forme de poésie essentiellement urbaine, qui délaisse les humbles aspects de la vie des villages, les beautés des paysages, le chant des oiseaux, le spectacle d'une fleur[4], encore que la poésie pastorale rappelle, artificiellement, une certaine rusticité désincarnée, mais passant pour le comble de l'élégance[RF 2] .
Si Pope prône le retour à la nature, ce n'est pas celle des champs et des arbres qui l'intéresse, mais celle de l'expression, autrement dit le « naturel », comme l'appelait Philippe Néricault Destouches (1680-1754)[5], devenu nécessaire après les exagérations des pratiques précédentes[RF 3]. Désormais, « [l]'étude propre de l'homme est l'homme » (The proper study of mankind is man)[alpha 3]. C'est là une poésie de la civilisation, soit émanant de la « cité »[RF 3], comme l'a noté Chesterton en qualifiant Pope de « dernier grand poète de la civilisation »[CCom 3], ce par quoi il entendait que ce poète s'identifiait pleinement avec elle[RF 3].
Les règles, en effet, ont déjà été énoncées en 1711 dans l'Essai sur la critique[9]. Elles émanent de l'exemple des Anciens et sont fondées sur la raison qui unit les hommes — à l'opposé de la passion qui les divise —, et par voie de conséquence, s'ensuivent les qualités d'ordre permettant de classer les données selon un schéma logique, la discipline qui guide l'inspiration, l'universalité, enfin, qui réduit l'originalité au minimum[RF 3]. Cette poésie s'adresse à un honnête homme, que représente par excellence Lord Chesterfield, certes connu pour sa vie frivole, mais aussi critique, poète, diplomate, qui s'acharna à inculquer à son fils Philip durant vingt-cinq années un goût parfait, qu'il s'agisse du maintien du corps, des manières de se cultiver ou de se conduire en société[10].
L'expression littéraire se fonde sur un langage dit « approprié » (appropriate) dont la vertu cardinale est de s'adapter au sujet et, de ce fait, d'en bannir les effets sans rapport avec lui[RF 4]. Au choix du vocabulaire spécifique s'ajoute un mode prosodique compact et fini, comme verrouillé, ou alors, grâce aux enjambements, scintillant et léger : le distique héroïque, deux pentamètres iambiques rimés[RF 4]. Thomson, quant à lui, n'a employé que le vers blanc (blank verse)[LL 1], à l'exception de la strophe spensérienne dans son Château d'Indolence[RF 5].
Place des Saisons
Spenser avait déjà traité le sujet et son Cortège des saisons (The Procession of the Seasons) a servi de matrice à tous les poètes qui l'ont suivi, Thomson y compris. Sa composition est plutôt brève, générale, et pour autant exhaustive, la structure de l'année allégorisant les âges de l'homme, comme l'avait fait Shakespeare dans Comme il vous plaira (As You Like It) :
« O forth issued the seasons of the year. |
Ainsi apparurent les saisons de l'année, |
Ce poème utilise la strophe spensérienne, composée de huit pentamètres iambiques et d'un hexamètre iambique final rappelant l'alexandrin français, selon un schéma de rimes croisées : ABAB BCBC C. La séquence poétique se décline sous la forme d'une allégorie en quatre tableaux, chaque saison personnifiant une phase de la vie humaine : le printemps est un guerrier débordant d'enthousiasme et d'énergie ; l'été est plus posé, tel le chasseur sachant doser ses efforts ; l'automne a mûri et perdu quelque peu de sa vigueur, et sa faucille annonce la dernière saison[alpha 4], l'hiver, marqué par l'âge, affaibli et s'acheminant vers la mort[12].
Thomson n'a certes pas copié Spenser, mais son poème, s'il revigore l'approche de la nature par l'observation, les découvertes scientifiques, la méditation philosophique, garde une certaine forme allégorique, fondée toutefois sur la personnalisation des traits principaux de chaque saison. La forme même du recueil, quoique artificielle en apparence, renvoie tant aux cycles de la nature, qu'aux structures intimes de la psyché[PC4 1].
Originalité du poème
Une composante essentielle des Saisons est la teneur géorgique que Thomson a peu à peu instillée dans son poème d'après le modèle virgilien, traduit en anglais en 1589. Il y a trouvé la division en quatre chants, le style élevé et la célébration de la vie paysanne[RF 6]. Ainsi, à mi-chemin entre la pastorale et l'épopée, il emprunte certains de ses paysages à la convention, mais se penche sur leur dimension humaine et, du même coup, découvre le sublime généré à la fois par la crainte et la terreur qu'inspire la nature[RF 6], notion théorisée par Addison après son Grand Tour en 1699[13].
Pour autant, bien que Lady Winchilsea (1661-1720) et John Dyer (1699-1757) aient revendiqué leur sincérité et leur spontanéité dans leur traitement de la nature, c'est bien James Thomson qui s'est, le premier, éloigné des conventions d'abord imposées par Cowley, puis une génération plus tard, par Pope[14]. Cela ne signifie pas qu'il a rompu avec Pope, mais plutôt qu'il en est devenu le complément, appliquant à des scènes rurales la même qualité d'observation que ce dernier mettait à dépeindre les mœurs de la ville. En ce sens, sa poésie a représenté une sorte de réaction où il a laissé libre cours à son enthousiasme pour ce qu'il appelle « les œuvres de la Nature » (the works of Nature)[RF 7].
Ainsi, grâce aux Saisons, Thomson devint vite « le poète par excellence », non seulement des lettrés, mais de la classe moyenne cultivée, et pendant un siècle, de 1750 à 1850, sa popularité resta au sommet[14]. Charles Lamb le mentionne dans Detached Thoughts on Books and Reading : « Les Saisons de Thomson sont encore meilleures — je tiens à ce point — lorsqu'elles sont quelque peu déchirées et écornées »[CCom 4],[alpha 5].
Les académiciens du Royal College of Art illustrent certaines de leurs compositions par des vers des Saisons et Joseph Haydn, sur une idée et un arrangement de Gottfried van Swieten, compose un oratorio à partir d'une traduction allemande éditée en 1745 à Hambourg[14]. En France, le succès n'est pas moindre[16] : Voltaire, qui rencontre le poète à Eastbury, en mentionne la simplicité et l'amour de l'humanité ; Montesquieu lui consacre un mémorial sylvestre et Rousseau est plongé par sa lecture dans un « délire rural ». En prison, Mme Roland récite ses vers en attente de la guillotine[14]. De nombreux imitateurs férus de la veine sentimentale adaptent les poèmes avec plus ou moins de succès, parmi lesquels Léonard que Sainte-Beuve qualifie de « diminutif de Thomson[17] ». Même influence en Allemagne où Klopstock et Lessing l'apprécient[14].
Le Dr Johnson, cependant, influencé par la lecture du traité Laocoon de Lessing établissant une nette différence entre la peinture et la poésie[18], lui trouve un défaut majeur, « le manque de méthode. Mais pour cela [ajoute-t-il] je ne vois aucun remède. Lorsque diverses occurrences co-existent côte-à-côte, aucune règle n'impose que l'une soit traitée avant l'autre »[CCom 5]. Lord Byron écrit avec perfidie qu'il eût été meilleur avec des rimes[14]. En effet, le choix du vers blanc (blank verse) était osé par la seule raison qu'il se démarquait de l'usage de Pope, reprenant un mode d'expression cher à Milton[RF 8]. Cependant, les raisons ayant poussé Thomson étaient seulement poétiques : le blank verse, assurait-il, était « bien plus harmonieux que la rime »[C 1], et il plaçait la « musique » comme l'une des principales caractéristiques de la poésie, bien au-delà de l'image, du sentiment et de la pensée, comme en témoigne sa lettre à Sir John Clerk du [20],[PA 2].
Succès du poème
Les Saisons compte parmi les rares poèmes à avoir été très souvent réédités et aussi bien portés aux nues que critiqués[21]. Dans l'ensemble, la langue de Thomson a été remarquée pour sa « luxuriance », que ce soit déploré, par Johnson, Hazlitt ou Wordsworth, ou admiré par Burns, auteur d'une Address To The Shade Of Thomson On Crowning His Bust at Ednam, Roxburghshire, with a Wreath of Bay où il l'appelle « le suave poète de l'année »[CCom 6], ou encore John Moore en 1777 et Robert Bell dès 1850, sans compter la réhabilitation universitaire qu'a connue le poète au XXe siècle[23].
Son succès dépassa les frontières et connut les honneurs d'une école française portée par Saint-Lambert (1716-1803) et Delille (1738-1813) : dans ses Saisons (paru en 1769), le premier reconnaît sa dette envers Thomson : « Ce poème a été imité chez nous par Saint-Lambert, et ne fut pas sans influence sur l'école descriptive de Delille[24] ». Voltaire, très entiché de ce nouvel adepte de la poésie descriptive et qui le préférait à son modèle anglais, n’hésite pas à le ranger parmi les « ouvrages de génie » et affirme que : « C’est le seul ouvrage de notre siècle qui passera à la postérité ». D’autres, comme Grimm ou Diderot, signalent le manque de verve et d’invention, la froideur du style, l’abondance des chevilles et des épithètes creuses. « Ce Saint-Lambert, écrivait Madame du Deffand à Walpole, est un esprit froid, fade et faux ; il croit regorger d’idées, et c’est la stérilité même ; sans les oiseaux, les ruisseaux, les ormeaux et leurs rameaux, il aurait bien peu de choses à dire[25]. »