Les Sept Samouraïs
film d’Akira Kurosawa, sorti en 1954 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Les Sept Samouraïs (七人の侍, Shichinin no samurai?) est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa, sorti en 1954.
Titre original |
七人の侍 Shichinin no samurai |
---|---|
Réalisation | Akira Kurosawa |
Scénario |
Akira Kurosawa Shinobu Hashimoto Hideo Oguni |
Musique | Fumio Hayasaka |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Tōhō |
Pays de production | Japon |
Genre |
chanbara jidai-geki action drame aventure |
Durée |
de 130 à 207 minutes (plusieurs versions) |
Sortie | 1954 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
L'histoire se déroule dans le Japon médiéval de la fin du XVIe siècle et montre comment un village paysan recrute sept samouraïs pour lutter contre les bandits qui ravagent les campagnes environnantes.
Ce film a largement contribué à la renommée internationale de son réalisateur[1],[2], bien plus encore que Rashōmon sorti quatre ans plus tôt[3]. De même, le rôle de Kikuchiyo a amplement participé à la notoriété mondiale de Toshirō Mifune.
C'est l'un des films japonais les plus célèbres dans le monde. Même si sa version intégrale a longtemps été inconnue en dehors de son pays d'origine, le film a obtenu un Lion d'argent à la Mostra de Venise en 1954 puis a connu un grand succès commercial dans le monde, notamment grâce à l'universalité de son histoire et à l'interprétation des acteurs[4]. Il s'agit aussi de l'un des films de samouraïs[N 1] de référence[5] et il est parfois considéré comme l'un des meilleurs films d'action de l'histoire du cinéma[6]. Il n'a cessé d'exercer une grande influence sur le cinéma mondial et a connu plusieurs adaptations plus ou moins libres, dont le western Les Sept Mercenaires en 1960.
En 1586[N 2], à l'époque Sengoku, dans un Japon médiéval ravagé par des guerres civiles[5], les paysans sont fréquemment opprimés par des brigands qui les rançonnent. Une troupe de bandits à cheval s'apprête à attaquer un village mais décide de reporter l'attaque en attendant la prochaine récolte. Un des paysans, Yohei, a surpris la discussion et court aussitôt avertir les autres villageois. Ces derniers sont effondrés, à l'exception de Rikichi, qui essaie de trouver une solution. Ils finissent par consulter Gisaku, l'Ancien du village, qui, à la surprise de tous, rejoint l'avis de Rikichi et conseille d'engager des samouraïs pour défendre le village.
Quatre villageois partent donc dans le bourg le plus proche pour recruter des samouraïs. Ils logent avec des ouvriers saisonniers. La tâche s'annonce délicate : le premier qu'ils abordent, offusqué par leur demande, refuse violemment, invoquant une question d'honneur. Dix jours passent et le découragement gagne les paysans qui finissent par se disputer. Ils sont alors témoins d'un évènement qui provoque un attroupement : un vieux samouraï, Kanbei, a accepté de sauver un enfant qu'un voleur retient en otage dans une grange. Il se déguise en bonze afin de déjouer la méfiance du bandit, qu'il tue. Alors que les paysans suivent Kanbei, bien décidés à l'aborder, ils sont devancés par deux samouraïs ayant assisté à la scène : Katsushiro, le plus jeune, implore respectueusement Kanbei de le prendre comme disciple, mais celui-ci, annonçant qu'il est un rōnin, cherche à l'en dissuader ; Kikuchiyo, l'autre guerrier, s'approche ensuite mais ses manières rustres et son allure de fanfaron déplaisent au vieux samouraï qui s'éloigne avec Katsushiro.
Les paysans parviennent toutefois à aborder Kanbei mais celui-ci est perplexe : il estime qu'au moins sept samouraïs seront nécessaires pour défendre le village, alors que Gisaku n'avait demandé de n'en engager que quatre. Kanbei semble sur le point de refuser, évoquant à la fois sa lassitude des combats et la difficulté de recruter autant de bons samouraïs contre des repas pour unique récompense, mais l'intervention d'un ouvrier lui fait alors prendre conscience du sacrifice consenti par les paysans : ceux-ci offrent du riz aux samouraïs alors qu'eux-mêmes ne se nourrissent que de millet. Kanbei accepte ainsi de les aider.
Deux paysans, dont Manzo, retournent au village pour annoncer la nouvelle. Gisaku n'est pas étonné de devoir recruter sept samouraïs et avoue même avoir pensé qu'il en fallait dix. Au bourg, les recherches se poursuivent : Gorobei accepte le premier, avant tout pour la personnalité de Kanbei, lequel est ensuite rejoint par Shichiroji, un de ses anciens compagnons d'armes. Gorobei rencontre par hasard Heihachi, un samouraï plein d'humour et de bon sens, qui fend le bois d'un aubergiste en échange de nourriture. Kanbei et Katsushiro sont enfin témoins d'un duel entre deux samouraïs, facilement gagné par Kyuzo, dont la maîtrise impressionne les deux hommes. Mais Kyuzo refuse dans un premier temps la proposition de Kanbei.
Le soir venu, Kanbei déclare ne pas considérer Katsushiro comme un membre de l'équipe, à cause de son trop jeune âge, mais Rikichi, soutenu par les autres samouraïs, parvient à le faire changer d'avis. Kyuzo apparaît alors et les informe laconiquement qu'il a finalement décidé de les rejoindre. L'ouvrier déjà intervenu plus tôt fait alors irruption en annonçant avoir trouvé un samouraï féroce. Il s'agit en fait de Kikuchiyo, qui arrive saoul et tente vainement de prouver à Kanbei qu'il est un vrai samouraï, à l'aide d'un makimono qui mentionne la généalogie d'une famille de samouraïs. Il parvient seulement à provoquer l'hilarité de Kanbei et de ses compagnons car la personne dont il revendique l'identité est censée avoir treize ans[N 3]. Kanbei décide de partir pour le village dès le lendemain bien qu'ils ne soient que six.
Pendant ce temps, au village, Manzo coupe de force les cheveux de sa fille, Shino, et lui ordonne de s'habiller en garçon, pour la protéger du danger que représentent à ses yeux les samouraïs. Cet acte, commis par un des paysans ayant participé au recrutement, ne passe pas inaperçu et provoque une grande inquiétude chez les autres villageois. De leur côté, les samouraïs se mettent en route, accompagnés par Kikuchiyo qui s'entête à les suivre malgré leur évident désaccord. À l'annonce de leur arrivée au village, au lieu de les accueillir, tous les paysans courent se cacher, laissant la place déserte. Tandis que Gisaku reçoit le groupe, une alerte retentit soudain : les villageois affolés sortent des maisons et se pressent autour des samouraïs. Mais il s'agit d'une fausse alerte, feinte par Kikuchiyo, qui s'adresse de façon railleuse aux paysans pour les sermonner. Ayant ainsi démontré son utilité, il est finalement admis parmi les samouraïs qui sont dorénavant au nombre de sept.
Le lendemain, Kanbei et Gorobei, accompagnés par Katsushiro, inspectent les lieux avec une carte, afin de déterminer la tactique défensive à adopter, pendant que les autres samouraïs préparent les paysans au combat. Katsushiro, qui s'est éloigné pour contempler la nature, croise Shino, qu'il prend d'abord pour un jeune homme cherchant à se soustraire à l'entraînement. C'est seulement en se jetant sur elle pour la maîtriser qu'il réalise qu'elle est une femme. Tous deux restent troublés par cette rencontre.
Kikuchiyo découvre chez Manzo un stock d'armes et d'armures qu'il ramène fièrement à ses compagnons. Ils s'en indignent car elles ont certainement été prises à des samouraïs tués par les paysans. Kikuchiyo, vexé, laisse exploser sa colère, dressant un portrait peu flatteur des paysans, affublés de tous les vices, qu'il justifie cependant par les exactions dont les samouraïs sont fréquemment coupables. Kanbei, ému, comprend alors qu'il est fils de paysan. Secoué, Kikuchiyo s'isole puis va passer la nuit dans la grange en compagnie de Rikichi (qui loge les samouraïs dans sa propre maison).
Plus tard, Kyuzo surprend Katsushiro venu en cachette donner du riz à Shino qui préfère l'apporter à une vieille femme indigente. Apprenant cela, les samouraïs prennent conscience de la condition misérable des villageois. Leur générosité les pousse à redistribuer une partie de leur ration de riz aux enfants du village. En aparté, Katsushiro remercie Kyuzo de ne pas avoir révélé sa relation avec Shino.
Les samouraïs, après s'être enquis de la date et de la durée des récoltes, exposent leur stratégie : après la moisson, les champs seront inondés, un pont devra être détruit et les quelques maisons situées de l'autre côté de la rive seront évacuées. Ceci émeut leurs habitants qui songent à se défendre seuls mais Kanbei rappelle à tous avec autorité que l'intérêt collectif doit l'emporter sur les préoccupations individuelles. La moisson s'organise ensuite par groupe, sous la protection des samouraïs postés dans les champs. La présence des nombreuses femmes, jalousement cachées jusque-là, rend Kikuchiyo euphorique. Avec humour, Heihachi conseille à Rikichi de se marier car les couples, dit-il, travaillent mieux ; cette remarque provoque chez le paysan une réaction violente, qui reste alors inexpliquée.
Après la moisson, les paysans fortifient sommairement le village et creusent un fossé qu'ils inondent. Lors du battage, ils s'étonnent que les bandits ne soient pas encore venus et espèrent même qu'ils puissent ne jamais venir, mais Kanbei est persuadé qu'il faut rester vigilant. Alors que Katsushiro et Shino continuent de se voir secrètement dans le bois, ils découvrent la présence de trois cavaliers sur la colline. Katsushiro se précipite pour en informer Kanbei, déjà prévenu par Shichiroji. La nouvelle se répand et la panique menace de s'emparer des villageois. Les trois hommes, que Kanbei identifie aussitôt comme des éclaireurs, ont manifestement remarqué la présence des samouraïs et ces derniers décident donc de les intercepter. Deux d'entre eux sont tués et le troisième est interrogé avant que les villageois ne le lynchent. À partir des indications recueillies, les samouraïs décident de monter une expédition contre les bandits afin de réduire leur nombre, estimé à quarante environ. Kyuzo, Heihachi et Kikuchiyo, guidés par Rikichi, chevauchent jusqu'à leur camp, mettent le feu aux bâtiments où dorment les bandits mais aussi des jeunes femmes. L'une d'entre elles, à l'air mélancolique, aperçoit les premières flammes mais ne donne pas l'alarme. Les samouraïs sabrent les brigands qui fuient dans une grande confusion. Alors qu'ils s'apprêtent à se replier, la femme, qui les a aidés sans le savoir, apparaît sur le seuil d'une des bâtisses en flammes mais, après avoir vu Rikichi, préfère retourner dans le brasier. Il s'agit en fait de l'épouse du villageois, qui avait été enlevée par les brigands. Alors que Rikichi tente désespérément de la rejoindre, Heihachi l'en empêche. Ce dernier est alors touché par un tir d'arquebuse et succombe à sa blessure.
Au village, tout le monde est rassemblé pour rendre un dernier hommage à Heihachi. Kikuchiyo va chercher l'étendard que celui-ci avait confectionné pour les représenter, paysans et samouraïs, unis. Le bruit de cet étendard flottant au vent se confond soudain avec celui, venant de la montagne, de chevaux au galop : les bandits apparaissent sur la crête et dévalent la pente mais ils sont bloqués par les barricades et le fossé inondé. Les samouraïs dénombrent trente-trois brigands et trois fusils en leur possession. Gorobei s'étonne que Kanbei ait décidé de laisser un passage non protégé au nord ; le sensei lui répond que toute forteresse a besoin d'un point faible pour attirer l'ennemi.
Les villageois détruisent le pont sous la supervision de Kikuchiyo. Celui-ci autorise un jeune couple avec enfant à traverser vers le mauvais côté pour rejoindre Gisaku, resté dans le moulin avec la volonté d'y mourir. Un peu plus tard, les bandits mettent le feu aux maisons abandonnées et Kikuchiyo tente de sauver Gisaku et sa famille. Il ne peut secourir que l'enfant. Effondré, il révèle à Kanbei sa véritable nature : lui aussi a été orphelin. La nuit, des bandits essaient de pénétrer dans le village mais ils sont facilement maîtrisés. Kanbei est persuadé qu'une attaque sera lancée au nord le matin suivant et préconise une tactique à suivre pour les piéger un à un. En attendant l'aube, Kyuzo se charge de dérober un des fusils en s'infiltrant dans le camp des bandits. Lorsqu'il revient en annonçant aussi la mort de deux bandits, Katsushiro lui avoue son admiration.
L'attaque intervient comme prévu et la stratégie de Kanbei fonctionne. Les bandits cessent leurs offensives après plusieurs échecs. Le village fait le bilan et se repose. Kikuchiyo s'aventure dans les bois sans en avertir les autres : il voit le chef des brigands tuer ceux qui tentent de fuir, puis il dérobe un autre fusil. À son retour, Kanbei le réprimande pour son acte isolé. Quelques bandits parviennent alors à entrer dans le village et à tuer plusieurs villageois, dont Yohei. D'autre part, Gorobei est tué d'un coup de fusil à la lisière du village. Le soir, Kanbei note que le bilan est désormais plus lourd pour le village et qu'il reste encore treize bandits. Kyuzo et Kanbei s'inquiètent de la fatigue qui guette les villageois, même si les bandits ont aussi besoin de répit. Les paysans leur offrent du saké et de la nourriture, puis Kanbei va réconforter Kikuchiyo, qui est resté près des tombes. Katsushiro rencontre Shino, qui s'effondre dans ses bras. Alors que la jeune femme a ensuite l'air apaisée et heureuse, son père les surprend et se précipite sur elle avec fureur. Kanbei, qui passe par là, retient les coups de Manzo. Les cris ont ameuté d'autres villageois, Shichiroji puis Rikichi demandent à Manzo de faire preuve de tolérance. La pluie s'abat alors sur le village et tout le monde se retire peu à peu, laissant Shino en pleurs et Katsushiro immobile et muet.
Au matin, Kanbei conseille de laisser entrer les derniers brigands pour pouvoir les encercler au carrefour du village. Kikuchiyo et Kanbei en tuent près de la moitié dès les premiers instants. Le chef des bandits se réfugie dans la maison où sont regroupées les femmes. De là, il fusille Kyuzo. Kikuchiyo se précipite à l'intérieur où il est lui aussi gravement touché mais il poursuit son effort pour tuer le chef avant de succomber à son tour. Katsushiro, désespéré, veut venger la mort de Kyuzo et de Kikuchiyo, mais Kanbei lui annonce que tous les bandits sont morts. La bataille est terminée. Des sept samouraïs, seuls Kanbei, Katsushiro et Shichiroji ont survécu ; mais le village est sauvé.
La vie quotidienne peut finalement reprendre son cours. Les femmes piquent les champs de riz en chantant au rythme de la musique jouée par les hommes. Les trois samouraïs observent cette scène de loin, en quittant le village. Alors qu'ils marquent un arrêt vers les tombes de leurs quatre camarades, reconnaissables aux sabres qui y sont plantés, Katsushiro croise Shino. Ils échangent un regard puis Shino rejoint les autres paysannes dans le champ. A la surprise de Shichiroji, Kanbei prononce alors ces paroles amères : « C'est encore un combat perdu. Ce sont les paysans les vrais vainqueurs. Pas nous ». Kanbei et Shichiroji se tournent alors une dernière fois en direction des tombes.
- Titre : Les Sept Samouraïs (parfois écrit Les 7 Samouraïs)
- Titre original : Shichinin no samurai (七人の侍?)
- Titre anglais : The Magnificent Seven, puis Seven Samurai[N 4]
- Réalisation : Akira Kurosawa
- Scénario : Akira Kurosawa, Shinobu Hashimoto et Hideo Oguni
- Musique : Fumio Hayasaka (orchestration : Masaru Satō[11])
- Photographie : Asakazu Nakai
- Premier assistant opérateur : Takao Saitō
- Montage : Akira Kurosawa
- Décors : Takashi Matsuyama
- Costumes : Kōhei Ezaki et Mieko Yamaguchi
- Collaboration artistique : Kōhei Ezaki et Seison Maeda[12],[13]
- Son : Fumio Yanoguchi[14]
- Éclairages : Shigeru Mori
- Réglage des combats : Yoshio Sugino
- Premier assistant réalisateur : Hiromichi Horikawa
- Scripte : Teruyo Nogami
- Production : Sōjirō Motoki
- Société de production : Tōhō
- Sociétés de distribution :
- Budget : 100 000 000 ¥[16]
- Pays d’origine : Japon
- Langue originale : japonais
- Format : noir et blanc - 1,33:1 ou 1,37:1 - mono - 35 mm
- Genres : chanbara, jidai-geki, action, drame et aventure
- Durée[N 5] :
- Dates de sortie :
- Japon : [15],[17]
- Italie : (première projection hors Japon lors de la Mostra de Venise)
- France : (sortie nationale), (nouvelle sortie, version intégrale), (reprise)
- Belgique :
- États-Unis : (sortie limitée : Los Angeles), (sortie nationale)
- Allemagne de l'Ouest :
Samouraïs
- Takashi Shimura : Kanbei Shimada (島田 勘兵衛, Shimada Kanbei?)[N 6], le sensei (chef des samouraïs), ou tateyaku[N 7],[18]
- Toshirō Mifune : Kikuchiyo (菊千代?), le « faux » rōnin
- Yoshio Inaba : Gorobei Katayama (片山 五郎兵衛, Hatayama Gorobei?)
- Seiji Miyaguchi : Kyuzō (久蔵?)
- Minoru Chiaki : Heihachi Hayashida (林田 平八, Hayashida Heihachi?)
- Daisuke Katō : Shichiroji (七郎次?)
- Isao Kimura : Katsushiro Okamoto (岡本 勝四郎, Okamoto Katsushiro?), le nimaime[N 7],[18]
Paysans
- Yoshio Tsuchiya : Rikichi (利吉?)
- Yukiko Shimazaki : la femme de Rikichi
- Keiko Tsushima : Shino (志乃?)
- Kamatari Fujiwara : Manzo (万造?), le père de Shino
- Yoshio Kosugi : Mosuke (茂助?)
- Bokuzen Hidari : Yohei (与平?)
- Kokuten Kōdō : Gisaku (儀作?), le vieil homme
- Jirō Kumagai : le fils de Gisaku
- Haruko Toyama : la belle-fille de Gisaku
- Junpei Natsuki : un paysan
- Toku Ihara : un paysan
- Noriko Honma : une paysanne
Dans le bourg
- Jun Tatara : un ouvrier
- Chisao Sakai : un ouvrier
- Takeshi Seki : un ouvrier
- Atsushi Watanabe : le vendeur de manjū
- Sōjin Kamiyama : le prêtre aveugle, joueur de biwa
- Noriko Sengoku : la fille du riche fermier
- Yasuhisa Tsutsumi : un paysan devant la ferme
- Isao Yamagata : le puissant rōnin
- Gen Shimizu : le samouraï qui repousse violemment la demande du paysan
- Tatsuya Nakadai : un rōnin marchant dans le bourg
- Ken Utsui : un rōnin marchant dans le bourg
- Eijirō Tōno : le bandit kidnappeur
- Toranosuke Ogawa : le grand-père de l'enfant kidnappé
- Hiroshi Sugi : l'aubergiste
Brigands
- Shinpei Takagi : le chef des brigands
- Toshio Takahara : le brigand au fusil
- Masanobu Ōkubo : le brigand du toit
- Kichijirō Ueda : le premier espion
- Senkichi Ōmura : le brigand qui s'enfuit
- Shin Ōtomo : le second du chef
Contexte de production et écriture du scénario
Après la capitulation du Japon en 1945, le gouvernement d'occupation américain (SCAP) assimile le bushido, code d'honneur des samouraïs, aux kamikazes et au nationalisme japonais, et décide ainsi pendant un temps de limiter la production de jidai-geki[6],[19], genre cinématographique historique au Japon. Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre, le quatrième long métrage qu'a réalisé Kurosawa, tourné en août et , est ainsi interdit à cause de son histoire féodale et n'obtient son visa d'exploitation qu'en 1952[2],[20]. Kurosawa ne peut donc réaliser son premier véritable film historique qu'avec Rashōmon, sorti en 1950, avant la fin de l'occupation du Japon (1945-1952). Lorsqu'il s'attelle aux Sept Samouraïs, Kurosawa commence donc un projet qui lui tient à cœur. Après avoir exploré les XIe et XIIe siècles dans Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre et Rashōmon, le cinéaste traite pour la première fois d'une période turbulente de l'histoire japonaise, dite des « provinces en guerre » (1490-1600), qui servira à nouveau de cadre à quatre autres de ses films[N 8].
Les gendaigeki d'Akira Kurosawa ne sont alors pas très appréciés dans son propre pays, car jugés trop critiques vis-à-vis du Japon d'après-guerre[21], le réalisateur étant plutôt écarté des grands studios de son pays[21] et souvent perçu comme un « réalisateur occidentalisé »[5]. Après le succès international de son film précédent, Vivre, Kurosawa peut toutefois lancer son projet plus ambitieux des Sept Samouraïs mais doit néanmoins lutter ardemment pour achever son film[22]. L'écriture du scénario est déjà une épreuve importante car Kurosawa et ses coscénaristes procèdent à d'importantes recherches historiques, le cinéaste souhaitant en effet se baser le plus possible sur des évènements réels[2]. Kurosawa collabore pour la deuxième fois avec Hideo Oguni et pour la troisième avec Shinobu Hashimoto[N 9]. Au départ, Kurosawa souhaite raconter le quotidien d'un samouraï en montrant une journée du héros, qui se terminerait par un hara-kiri à la suite d'un échec[23]. Après trois mois de recherches, Hashimoto annonce qu'il croit le projet impossible[23], ce qui provoque une grande colère de la part de Kurosawa[23]. Les trois scénaristes finissent toutefois par se replier sur une autre idée et écrivent un scénario très long et très découpé : alors que Rashōmon ne comportait que 57 scènes, celui-ci en comprend 284[24].
Tournage
Les difficultés vont surtout intervenir durant le tournage. À cette époque, c'est le premier assistant réalisateur qui est chargé de définir le plan de travail. Or, celui qui assume cette fonction, Hiromichi Horikawa, prévoit seulement trois mois de tournage[25] mais celui-ci s'étale sur plus d'un an[4],[25], à partir du [15],[N 10], dans un village entièrement reconstitué dans la péninsule d'Izu (district de Tagata) à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tokyo[27]. Dès lors, les producteurs reprochent à Kurosawa ses nombreux dépassements de budget, surtout dus à l'utilisation d'une quantité considérable de pellicule car il tourne parfois avec trois caméras[15],[22]. Le financement est ainsi interrompu à plusieurs reprises[22] mais Kurosawa parvient à chaque fois à convaincre la production de relancer le tournage, en démontrant que les plans tournés ne suffiraient pas à monter un film[22]. En fait, le cinéaste prévoit intentionnellement de tourner des scènes indispensables à la fin du tournage pour garder la main sur son projet[22].
Kurosawa justifiait l'utilisation de plusieurs caméras pour certaines scènes spécifiques : « Pour la bataille sous la pluie, quand les bandits attaquent le village ou pour l'incendie du moulin, là où l'on ne peut refaire le décor, j'ai adopté le système de prises de vues avec trois caméras simultanées. Si j'avais filmé selon la méthode traditionnelle, en découpant plan par plan, je n'aurais eu aucune garantie que la même action puisse être reprise deux fois exactement de la même façon. Le résultat s'est montré satisfaisant. Pour les œuvres suivantes, j'ai continué à appliquer cette méthode »[28],[29],[N 11]. En fait, Kurosawa utilise aussi plusieurs caméras pour de longues scènes de dialogue afin d'en conserver la fluidité, mais aussi pour que les acteurs soient plus naturels : « Quand l'acteur sait où se trouve la caméra, automatiquement, sans en être conscient, il va se tourner d'un tiers ou de moitié dans sa direction »[28]. Le choix de plusieurs caméras contraint Kurosawa à réfléchir au rythme et au montage de son film dès le tournage : « Le système que j'utilise en général consiste à mettre la caméra A aux places les plus orthodoxes, à utiliser la caméra B pour les plans rapides, décisifs, et la caméra C comme une sorte de détachement de guérilla pour les interventions rapides »[28].
Les conditions de tournage elles-mêmes sont dures, comme le confirme Kurosawa lui-même : « Il arrivait toujours quelque chose. Nous n'avions pas assez de chevaux ; il pleuvait tout le temps. C'était exactement le type de film qu'il était impossible de faire dans ce pays »[30]. Pour les scènes de combat final, le film nécessitait néanmoins une forte pluie artificielle, pour laquelle Kurosawa a demandé de prévoir six camions-citernes alors que son assistant, Hiromichi Horikawa, n'en avait prévu que trois[25]. L'humidité sur le lieu de tournage est telle que tous les membres de l'équipe doivent se déplacer avec des bottes et s'enfoncent dans la boue[25]. De plus, l'équipe ne bénéficie pas d'une grande accessibilité car le tournage a lieu dans un village montagnard très reculé[31]. La Tōhō essaie à plusieurs reprises, en vain, de rapatrier le tournage dans des studios à Tokyo[30]. Le tournage de ce film est à l'origine du surnom de Kurosawa, « Tenno »[4] (« l'Empereur »[21]), qui fait référence à sa gestion relativement autoritaire des tournages, mais il semble que l'équipe du film n'ait jamais utilisé ce terme popularisé par la presse japonaise[30],[32].
Les Sept Samouraïs devient le film le plus cher de l'histoire de la Tōhō[2],[4], qui évite de peu la faillite[2]. Il reste aussi pendant longtemps le plus gros budget de l'histoire du cinéma japonais, avec plus de cent millions de yens[16] (d'autres sources évoquant le chiffre de 500 000 dollars[31]), seulement dépassé par Kagemusha[33], autre film de Kurosawa, sorti en 1980.
Choix et performances des acteurs
Le style et le succès du film doivent aussi beaucoup aux acteurs choisis. De nombreux critiques et historiens du cinéma ont fait remarquer que l'interprétation de Toshirō Mifune a largement contribué au dynamisme du film[4],[34]. Il s'agit de la septième collaboration entre Kurosawa et Mifune sur un total de seize films au cours de leurs carrières[31],[N 12] et le rôle de Kikuchiyo reste parmi les plus marquants de la filmographie de l'acteur[35]. Kurosawa a pu compter sur les compétences de Toshirō Mifune, dont la maîtrise du kendo et de l'aïkido a participé à la crédibilité du rôle de Kikuchiyo[35]. Tadao Satō a d'autre part noté la spécificité de cet acteur qui, contrairement à la majorité des vedettes japonaises utilisées à l'époque dans les films historiques, n'avait pas été formé par le kabuki mais par Kurosawa lui-même[36]. Le style de jeu de Mifune est parfois comparé aux danses du hataraki, le démon dans le théâtre nô, que Kurosawa affectionnait[37].
La bouleversante interprétation de Takashi Shimura est, elle aussi, souvent soulignée[38],[39]. Mifune et Shimura sont d'ailleurs tous deux nommés dans la catégorie du meilleur acteur étranger aux BAFTA[40] et Shimura est récompensé en Finlande quelques années plus tard dans la même catégorie des Prix Jussi. L'acteur Seiji Miyaguchi, qui interprète le samouraï Kyuzo, n'avait pour sa part jamais touché de sabre de sa vie avant le tournage[41] et ne savait pas comment manier cette arme[42]. Il a également éprouvé des difficultés à monter à cheval puisqu'une scène de galop a finalement été abandonnée au cours du tournage à cause de son incapacité à la jouer[42]. Reconnaissant plus tard que la qualité de sa performance devait beaucoup à Kurosawa lui-même[42], Miyaguchi a malgré tout été salué pour son rôle, notamment en étant choisi comme meilleur second rôle masculin de l'année pour le Prix du film Mainichi[43]. Kurosawa a également utilisé un comédien de shingeki, style d'acteur alors très apprécié pour les seconds rôles au cinéma[44], avec l'apparition brève mais marquante d'Eijirō Tōno[44] dans le rôle du bandit kidnappeur tué par un samouraï.
Le sort personnel des acteurs ayant joué les sept samouraïs est étonnamment inverse du sort de leurs personnages[45]. Minoru Chiaki, dont le personnage est le premier des samouraïs à succomber dans le film, est le dernier des sept acteurs à mourir, en 1999. Inversement, Daisuke Katō, Isao Kimura et Takashi Shimura, qui jouent les trois samouraïs survivants, ont été les trois premiers à décéder, respectivement en 1975, 1981 et 1982. Entre-temps, Seiji Miyaguchi est mort en 1985, Toshirō Mifune en 1997 et Yoshio Inaba en 1998.
Musique
Kurosawa porte un intérêt particulier à la musique de ses films[46]. Pour Les Sept Samouraïs, il collabore pour la septième et avant-dernière fois avec le compositeur Fumio Hayasaka[N 13], son meilleur ami[47],[48], qui écrit l'une de ses meilleures bandes originales[11]. Hayasaka est déjà gravement malade lorsque Kurosawa lui rend visite pendant le tournage des Sept Samouraïs[48] et il meurt prématurément de la tuberculose le , à l'âge de 41 ans, pendant le tournage de Vivre dans la peur[47], le film suivant de Kurosawa, dont Hayasaka n'a pu terminer la musique.
Pour la musique des Sept Samouraïs, Hayasaka signe une composition plutôt symphonique[46] qui, selon André Labarrère, explique en partie les rapprochements possibles entre ce film et les westerns américains[49]. Philippe Haudiquet relève quant à lui la grande variété d'utilisation de la musique, qui peut souligner l'aspect comique du film, notamment par le choix d'une musique à tonalité guerrière[50], mais aussi, de façon plus mélodieuse, faire appel à la « gravité du thème musical des samouraïs »[50] ou encore mettre en valeur la menace des bandits avec une musique plus simple, dominée par les tambours[50]. Kurosawa a voulu utiliser différents thèmes en fonction des groupes de personnages mais aussi des thèmes attachés à chaque personnage important du film[51]. Les thèmes liés à chaque groupe participent à rendre compte de la distanciation entre les personnages selon s'ils sont paysans, samouraïs ou bandits[52].
Initialement orchestrée par Masaru Satō[11], la musique utilise essentiellement des bois, des cuivres et des percussions[11] alors que les cordes sont représentées par l'utilisation brève d'une guitare acoustique dans l'un des thèmes d'amour[11]. Pour le personnage de Kikuchiyo, Kurosawa souhaitait une musique proche du mambo[11] et Hayasaka a utilisé un saxophone baryton[11].
La bande originale a été plusieurs fois éditée. Au Japon, un album a été édité en 33 tours par la Tōhō en 1971[53] puis par le label Victor Music Industries en 1978[53]. Aux États-Unis, Varèse Sarabande a sorti en 1984 un album réunissant les musiques de Rashōmon et des Sept Samouraïs, proposé à la fois en 33 tours et en CD[53]. Du fait de la faible qualité d'enregistrement des morceaux originaux, la musique du film a été réenregistrée au Japon en 1991[54]. En 2001, THM Tōhō Music a édité une bande originale complète en CD, d'une durée totale de près de 62 minutes[53]. Les titres originaux de cet album[55], avec leur traduction littérale en français et leur durée respective, sont les suivants :
- Title Back[N 14] (タイトル・バック, Taitoru bakku?, 03:17)
- Vers le petit moulin à eau (水車小屋へ, Suisha-goya e?, 01:00)
- À la recherche de samouraïs 1 (侍探し 一, Samurai sagashi ichi?, 00:49)
- Kanbei et Katsushiro - Le Mambo de Kikuchiyo (勘兵衛と勝四郎~菊千代のマンボ, Kanbei to Katsushiro - Kikuchiyo no mambo?, 03:43)
- Les Larmes de Rikichi ? Riz blanc (利吉の涙?白い飯, Rikichi no namida ? Shiroi meshi?, 02:09)
- À la recherche de samouraïs 2 (侍探し 二, Samurai sagashi ni?, 01:30)
- Gorobei (五郎兵衛?, 02:18)
- Allons-y (やりましょう, Yarimashō?, 01:04)
- Le Poisson tombé en le pêchant (釣り落とした魚, Tsuri otoshita sakana?, 01:43)
- Les Six Samouraïs (六人の侍たち, Roku-nin no samourai-tachi?, 02:51)
- Un homme qui sort de l'ordinaire (型破りの男, Katayaburi no otoko?, 01:13)
- Le Matin du départ (出立の朝, Shuttatsu no asa?, 01:02)
- Paysage de voyage - Notre forteresse (旅風景~俺たちの城, Tabi fūkei - Oretachi no ki?, 02:51)
- Venue des guerriers des champs (野武士せり来たり, Nobushi seri kitari?, 00:35)
- Les Sept Hommes au complet (七人揃いぬ, Shichi-nin soroinu?, 01:24)
- Katsushiro et Shino (勝四郎と志乃, Katsushiro to Shino?, 02:43)
- Katsushiro, reviens (勝四郎、帰る, Katsushiro, kaeru?, 00:11)
- Changement de lit (寝床変え, Nedoko kae?, 00:57)
- Dans la forêt du dieu de l'eau (水神の森にて, Suijin no mori nite?, 01:34)
- Champ d'orge (麦畑, Mugi-batake?, 00:27)
- La Colère de Kanbei (勘兵衛の怒り, Kanbei no ikari?, 02:15)
- Interlude (間奏曲, Kansōkyoku?, 05:18)
- Moisson (刈り入れ, Kariire?, 02:05)
- Les Troubles de Rikichi (利吉の葛藤, Rikichi no kattō?, 01:51)
- Heihachi et Rikichi (平八と利吉, Heihachi to Rikichi?, 00:57)
- Paysage rural (農村風景, Nōsonfūkei?, 02:35)
- Mauviette, bien que samouraï (弱虫、侍のくせに, Yowamushi, samurai no kuse ni?, 01:49)
- Le Présage des guerriers des champs (野武士の予兆, Nobushi no yochō?, 00:26)
- Vers l'attaque de nuit (夜討へ, Youchi e?, 00:55)
- Drapeau (旗, Hata?, 00:20)
- Confrontation soudaine (突然の再会, Totsuzen no saikai?, 00:25)
- Les Samouraïs magnifiques (素晴らしい侍, Subarashii samurai?, 02:29)
- Les Guerriers des champs sont vus (野武士は見えず, Nobushi wa miezu?, 01:00)
- Kikuchiyo reprend courage (菊千代の奮起, Kikuchiyo no funki?, 00:49)
- Récompense (代償, Daishō?, 01:07)
- Rendez-vous (逢瀬, Ōse?, 01:02)
- Manzo et Shino (万造と志乃, Manzo to Shino?, 01:02)
- Le Chant du repiquage du riz (田植え唄, Taue uta?, 01:22)
- Ending[N 14] (エンディング, Endingu?, 00:43)