Menace du stéréotype
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La menace du stéréotype est l'effet d'un stéréotype ou d'un préjugé sur une personne appartenant à un groupe visé par ce préjugé : dans une situation où il s'applique, où il risquerait de se manifester, cette personne se sent jugée et éprouve des sentiments d'anxiété ou d'insécurité. De plus, une personne victime de préjugé a souvent peur de le confirmer elle-même et d'ainsi nuire à son groupe. Par exemple, si une femme joue aux fléchettes avec des amis masculins, alors qu'un stéréotype dit que les femmes ont des difficultés à viser, le malaise qui s'ensuit a un impact sur ses facultés, si bien qu'elle risque effectivement de réussir moins bien. Le préjugé est donc une sorte de prophétie auto-réalisatrice. On peut illustrer la chose par une plaisanterie de la forme :
« Si un homme se montre mauvais aux fléchettes (ou en maths, ou à trouver son chemin), c'est parce qu'il n'est pas doué ; si une femme s'y montre mauvaise, c'est parce que c'est une femme. »
Ce phénomène a été mis en évidence par Claude Steele et Joshua Aronson en 1995. Ceux-ci s'intéressaient aux causes de l'échec scolaire des minorités ethniques telles que les Afro-Américains, car il existe aux États-Unis un stéréotype selon lequel ils seraient moins intelligents que les Blancs. Steele et Aronson se sont dès lors intéressés à l'impact que cette croyance pouvait avoir sur la performance intellectuelle des Noirs. Depuis, c'est une des notions les plus étudiées en psychologie sociale[1] : en effet, son application est très large car de nombreux domaines et groupes sociaux sont visés par des préjugés, si bien que la menace du stéréotype est susceptible d'affecter très fréquemment la vie d'un grand nombre de gens. Mais la reconnaissance de stéréotypes est très dépendante du contexte, et certaines stratégies permettent d'aller à son encontre.
Des études diverses tendent à largement soutenir l'existence de la menace du stéréotype, ainsi que son inverse, que les gens réussissent mieux en son absence : par exemple, lorsqu'on présente une tâche scolaire comme du dessin plutôt que de la géométrie, les filles réussissent aussi bien voire mieux que les garçons. Cependant, le concept fait aussi l'objet de critiques. Pour certains chercheurs, les preuves avancées sont faibles voire non significatives. De plus, ce domaine de recherche peut faire l'objet de biais de publication.