Musique concrète
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La musique concrète[Note 1] — en tant qu'art acousmatique — est un genre musical permis par les techniques électroacoustiques : de l'enregistrement microphonique à l'invention, littéralement, de sons (en utilisant tant les synthétiseurs que les infinies manipulations du son enregistré sur divers supports) jusqu'à leur écoute, de la sorte agencés et composés, rendue possible par l'intermédiaire de haut-parleurs.
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Ces fondations théoriques et esthétiques ont été développées en France par Pierre Schaeffer dans les années 1940 pour la démarche « concrète » et l'écoute acousmatique[Note 2]. Jérôme Peignot en 1960, rend synonyme "musique acousmatique" et "musique concrète". François Bayle s'approprie l'expression au milieu des années 1970. De plus, le Traité des objets musicaux, écrit par Pierre Schaeffer et publié en 1966 aux Éditions du Seuil, inaugure l'entrée de cette musique dans l'histoire secrète de la pensée, bien que dans la réédition de 1977 il écrive que l'aspect acousmatique n'est pas attaché[pas clair] à la musique électro-acoustique.
Michel Chion, dans de nombreux livres et essais, continue aujourd'hui à défendre le terme premier de « musique concrète » en tant qu'« art des sons fixés »[1], insistant sur la dépendance foncière de ce genre musical au phénomène de l'enregistrement, au soulignant l'importance du support permettant de fixer le son, tout comme son écoute uniquement possible via les haut-parleurs.
Dans la même lignée, en croisant les idées de François Bayle et de Michel Chion, Lionel Marchetti insiste, dans ses essais, sur l'importance d'une poétique spécifique à une telle expérience perceptive. Il parle ainsi de l'espace de la projection haut-parlante en tant que possibilité, imagée et symbolique — puisque la chaîne électroacoustique reproduit l'appareil audio-phonatoire des mammifères — d'un idéal technique réalisé qui serait de produire, pour l'humain, avec sa bouche, tous les sons du monde[2]. Si la musique concrète, en tant qu'art acousmatique, est une façon d'écouter sans voir, elle est surtout, selon lui, une façon de voir autrement le monde.
Denis Dufour, conscient de la nécessité d'élargir le champ des créations issues d’une réalisation élaborée dans le studio de composition, fixées sur support audio et livrées à l’écoute par l'intermédiaire de haut-parleurs, regroupe l'ensemble de ces pratiques dans ce qu'il nomme dès 1982 « art acousmatique[3] ». Christian Clozier, ancien co-directeur du GMEB/IMEB, a toujours défendu l'utilisation du terme « musique électroacoustique » et réfuté celle du terme « musique acousmatique ». Il s'en explique dans un texte caustique intitulé Prédicat pour la musique électroacoustique[4]
Ce genre musical, riche de compositeurs et compositrices aux styles très divers, se développera dans les pays francophones (France, Belgique, Québec), ainsi qu'au Royaume-Uni et dans tous les pays d’Europe, ainsi qu'en Amérique latine, tout comme au Japon.