Mutinerie de Yên Bái
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La mutinerie de Yên Bái, ou « Yen Bay » est un soulèvement de soldats vietnamiens dans l'armée coloniale française le en collaboration avec le Việt Nam Quốc Dân Đảng (VNQDĐ, le Parti nationaliste vietnamien), dont le but était d'amener l'ensemble de la population à renverser le régime colonial français et de rétablir l'indépendance. La mutinerie doit son nom au lieu où elle s'est déroulée, Yên Bái, capitale de la province du même nom.
Date | 10 février 1930 |
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Lieu | Yên Bái, protectorat du Tonkin (Nord du Viêt Nam actuel) |
Issue |
Révolte écrasée Le VNQDĐ durement touché par des morts et des arrestations, des sentences de prison et des exécutions décidées par les autorités françaises[1] |
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Nguyễn Thái Học[1] Nguyễn Khắc Nhu Phó Đức Chính | Résident Joseph-Antoine Massimi, Commandant Aimé Le Tacon[1] |
ca. 100[1] | ca. 600[1] |
Nombre de victimes inconnu 13 personnes exécutées ultérieurement[1] | 2 officiers français et 3 sous-officiers français tués 3 sous-officiers français blessés Nombre inconnu de victimes parmi les soldats vietnamiens de l'armée française[1] |
La révolte de Yên Bái constitue le trouble le plus sérieux dirigé contre la colonisation française du Viêt Nam depuis le mouvement monarchiste Cần Vương de la fin du XIXe siècle. Auparavant, le parti nationaliste VNQDĐ avait essayé de s'engager dans des activités clandestines pour miner l'autorité française, mais une surveillance accrue de ses activités de la part des Français amena leur groupe de dirigeants à prendre le risque d'organiser une attaque militaire de grande envergure dans le delta du fleuve Rouge au Nord Viêt Nam.
Peu après minuit, le , des soldats vietnamiens intégrés à la garnison de Yên Bái, dont certains étaient membres du VNQDĐ, se retournèrent contre leurs supérieurs français avec l'aide de membres civils du VNQDĐ qui avaient envahi le camp de l'extérieur. La mutinerie échoua dans les vingt-quatre heures, quand la majorité des soldats vietnamiens de la garnison refusèrent de participer au complot et restèrent loyaux envers l'armée coloniale. D'autres attaques sporadiques se produisirent à travers la région du delta, sans grandes conséquences. Les représailles à l'attaque, de la part de la France, furent promptes et décisives. Les principaux dirigeants du VNQDĐ furent arrêtés, jugés et mis à mort, ce qui mit un terme à la menace militaire de ce qui constituait auparavant la plus importante organisation révolutionnaire nationaliste vietnamienne.
La sanction judiciaire civile fut suivie par des réformes radicales concernant l'emploi de soldats vietnamiens dans l'armée coloniale française. La confiance des Français en la loyauté des soldats vietnamiens, colonisés mais à la fois chargés de faire respecter l'ordre colonial, ne fut jamais élevée, et la mutinerie eut comme conséquence le renforcement des garanties les concernant, dans le but d'empêcher de futurs incidents. Environ 80 % des soldats vietnamiens au Tonkin furent mutés dans d'autres districts de façon à enrayer les complots secrets qui auraient pu se fomenter, et certains soldats qui étaient revenus du service à l'étranger furent démobilisés, de crainte que leur expérience acquise outre-mer les aient rendus moins susceptibles d'accepter la domination coloniale. Les réformes internes ont vu s'assouplir les règles concernant l'expulsion de l'armée de soldats vietnamiens, et une enquête à l'intérieur du renseignement militaire déboucha sur une coopération plus étroite entre celui-ci et les renseignements civils coloniaux français, tandis que l'ordre était donné aux officiers français d'améliorer leur connaissance de la langue vietnamienne. Les autorités françaises décrétèrent que la proportion de soldats vietnamiens était trop élevée et réduisirent la proportion de Vietnamiens en les remplaçant par des Européens, des Cambodgiens, des Laotiens et des membres de la minorité ethnique des « Montagnards ».