Opération Epsom
opération militaire Alliée en France en 1944 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L’opération Epsom est une offensive britannique de la Seconde Guerre mondiale qui se déroule entre les 26 et au cours de la bataille de Normandie. Le but de cette manœuvre est de reprendre la ville de Caen, alors occupée par les Allemands : c'est l'un des principaux objectifs alliés lors du débarquement de Normandie et dès le début de la bataille de Normandie.
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Date | Du 26 au [1] |
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Lieu | Caen, France[2] |
Issue |
- Indécise tactiquement - Victoire stratégique alliée |
Royaume-Uni | Reich allemand |
Bernard Montgomery[3] Miles Dempsey[3] Richard O'Connor[4] |
Friedrich Dollmann[5] Leo Geyr von Schweppenburg[6] Sepp Dietrich[7] Paul Hausser[8] Wilhelm Bittrich[5] |
2 divisions d'infanterie[9] 1 division blindée[9] 1 brigade blindée[9] 1 brigade de chars[9] |
3 Panzerdivisions SS[7] 5 groupes de bataille ad-hoc[10] 1 bataillon de chars lourds SS[11] |
4 020[note 1] ou 4 078 hommes [note 2] (selon les sources) | - Plus de 3 000 hommes[note 3] - 126 chars détruits[note 4] |
Batailles
Opérations de débarquement (Neptune)
Secteur anglo-canadien
Secteur américain
Fin de la bataille de Normandie et libération de l'Ouest
Mémoire et commémorations
Coordonnées | 49° 17′ nord, 0° 18′ ouest |
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Précédée d'attaques destinées à garantir l'avancée des lignes, l'opération Epsom est lancée aux premières lueurs du 26 juin, par des unités de la 15e division d'infanterie (Scottish) progressant derrière un tir de barrage de l'artillerie. Un soutien supplémentaire de bombardiers est initialement prévu, mais de mauvaises conditions météorologiques forcent son annulation. Du coup, la couverture aérienne restera faible pendant une grande partie de l'opération. Appuyée par les chars d'assaut de la 31e brigade blindée, la division d'infanterie fait des progrès réguliers et, à la fin de la première journée, dépasse largement la première ligne allemande, malgré encore quelques difficultés à conquérir les flancs de la percée. À la suite de violents combats au cours des deux jours suivants, un point de passage est finalement pris sur l'Odon, et des manœuvres supplémentaires sont menées afin de capturer des sites stratégiques autour de celui-ci, grâce à la 43e division d'infanterie (Wessex). Toutefois, face à de puissantes contre-attaques allemandes, certaines des positions britanniques sont abandonnées le , poussant le commandement britannique à mettre fin à l'opération.
Les historiens militaires ont des interprétations très différentes quant au but réel et à la manière dont a été menée l'opération Epsom, toutefois il existe un consensus concernant ses effets sur l'équilibre des forces en Normandie. Bien que les Allemands aient réussi à contenir l'offensive, ils ont été obligés d'engager toutes leurs forces disponibles, y compris deux divisions de Panzers fraîchement arrivées dans la région et affectées à l'origine à un projet d'offensive contre les positions britanniques et américaines autour de Bayeux.
Les pertes ont été lourdes des deux côtés mais, contrairement au général Bernard Montgomery, le commandement allemand n'a pu permettre à ses unités de se replier pour les laisser se reposer après la bataille, car elles ont été nécessaires au maintien de la ligne de front. Les Britanniques ont conservé l'initiative, lancé de nouvelles opérations au cours des semaines suivantes et capturé Caen le .
La ville normande de Caen est un des objectifs du Jour J pour la 3e division d'infanterie britannique qui débarque sur Sword Beach le [16]. La capture de la ville, bien qu'« ambitieuse », est décrite par l'historien L. F. Ellis comme l'objectif le plus important du débarquement normand assigné au Ier corps du lieutenant général Crocker[note 5]. L'opération Overlord prévoit que la 2e armée britannique sécurise la ville puis forme une ligne de front depuis Caumont-l'Éventé jusqu'au sud-est de Caen, dans le but de prendre le contrôle des terrains d'aviation et de protéger le flanc gauche de la 1re armée américaine pendant qu'elle évolue vers Cherbourg[20]. La prise de Caen et de ses environs fournit à la 2e armée une zone de manœuvre satisfaisante pour ensuite pousser au sud et capturer Falaise, qui permettra à son tour d'avancer vers la droite sur Argentan puis finalement vers le fleuve Touques[21].
Entre ses forces progressivement diluées et son soutien blindé retardé du fait de la congestion des plages du débarquement, la division ne dispose pas d'assez d'élan pour atteindre Caen le Jour J et se retrouve stoppée juste à sa périphérie par la 21e Panzerdivision à Biéville et à Périers[22]. Les attaques suivantes restent infructueuses car la résistance allemande s'est consolidée. Abandonnant l'approche directe, l'opération Perch (une attaque en tenaille menée par le Ier et le XXXe corps[23]) est lancée le dans l'intention d'encercler Caen depuis l'est et l'ouest[24]. Le Ier corps, frappant au sud de la tête de pont sur l'Orne, est stoppé par la 21e Panzerdivision à Buron[25] et l'attaque du XXXe corps s'enlise à l'ouest de Caen devant Tilly-sur-Seulles face à la farouche opposition de la Panzer-Lehr-Division[24]. Afin de forcer la Panzer Lehr à reculer ou à capituler[26], une partie de la 7e division blindée avance au travers d'une brèche créée au sein des lignes allemandes et tente de capturer la ville de Villers-Bocage[27]. Le résultat de cette bataille, qui dure la journée entière, se termine par le retrait de la ville de l'avant-garde de la 7e division blindée. Mais le , la Panzer Lehr est à son tour contrainte à battre en retraite et le XXXe corps capture finalement Tilly-sur-Seulles[28].
Bien que toujours planifiée, une nouvelle attaque menée par la 7e division blindée n'est finalement jamais lancée[29] et d'autres opérations offensives sont abandonnées quand, le , une importante tempête s'abat sur la Manche. Cette dernière dure trois jours et retarde de manière non négligeable l'avancée alliée[30]. La plupart des convois de barges de débarquement et de navires déjà en mer doivent faire demi-tour et regagner les côtes britanniques ; des chalands et d'autres charges (dont 4 km de routes flottantes destinées aux ports artificiels) sont perdus et le port Mulberry A de Saint-Laurent-sur-Mer est détruit ; de plus, 800 bateaux sont abandonnés à leur sort sur les plages de Normandie en attendant les prochaines grandes marées prévues en juillet[31]. Malgré cette déconvenue, une seconde offensive est alors planifiée[32], nom de code « opération Dreadnought », prévue pour être menée par le VIIIe corps depuis la tête de pont sur l'Orne, et dont le but est d'encercler Caen par l'est. Dreadnought est annulée à la suite des objections du général Richard O'Connor, commandant le VIIIe corps, et une attaque sur Évrecy est planifiée en lieu et place. Cette dernière est finalement aussi annulée[note 6].
La météo cloue au sol l'aviation alliée du 19 au [34] et les Allemands en profitent pour renforcer leurs défenses notamment en consolidant leurs positions d'infanterie avec des champs de mines et des mitrailleuses lourdes placés dans les bois aux alentours de Caen[30].
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Le , le feldmarschall Erwin Rommel, commandant les forces allemandes en Normandie, reçoit l'ordre d'Hitler de lancer une contre-offensive face aux Alliés entre les villes de Caumont et Saint-Lô. L'objectif est de créer une brèche entre les armées américaines et britanniques en reprenant la ville de Bayeux (capturée par les Britanniques le ) jusqu'à la côte au-delà[36]. Quatre Panzerdivisions SS et une Panzerdivision de la Heer (armée allemande) sont assignées à cette tâche. L'assaut doit être lancé par la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen et la 10e Panzerdivision SS Frundsberg du 2e Panzerkorps SS récemment arrivé d'Ukraine[37]. La 1re Panzerdivision SS Leibstandarte Adolf Hitler, la 2e Panzerdivision Das Reich[36] et la 2e Panzerdivision doivent appuyer l'attaque[38]. La majorité des chars utilisés par cette formation sont des Panzer IV, des Panther et des Tiger I, ainsi que des canons d'assaut[39].
Le , le général Bernard Montgomery, commandant en chef de toutes les forces terrestres alliées en Normandie, donne l'ordre au lieutenant général Miles Dempsey de lancer une attaque en tenaille[40] dans le but de capturer Caen[41]. Le plan initial prévoit que le Ier et le XXXe corps attaquent à l'ouest de Caen durant quatre jours avant que le VIIIe corps ne lance l'assaut principal depuis la tête de pont sur l'Orne, située à l'est de Caen, le . Cependant, il devient rapidement évident que le VIIIe corps aura le plus grand mal à se regrouper dans le minuscule périmètre de la tête de pont, ainsi, le jour suivant, le plan est modifié[41].
Le nouveau plan prévoit de lancer une première opération au cours des trois premiers jours précédant l'assaut principal. La 51e division d'infanterie (Highland) du Ier corps reçoit l'ordre de frapper au sud de la tête de pont sur l'Orne, afin de fixer sur place les éléments de la 21e Panzerdivision[41]. L'opération Martlet[2] doit commencer un jour avant Epsom avec les 49e division d'infanterie et la 8e brigade blindée du XXXe corps dont le rôle est de sécuriser le flanc du VIIIe corps en se rendant maître des hauteurs sur la droite de son axe d'avancée[2].
Le rôle principal de l'opération Epsom est assigné au VIIIe corps fraîchement arrivé, composé de 60 244 hommes placés sous le commandement du lieutenant général Sir Richard O'Connor[42]. Il doit lancer son offensive depuis Juno Beach, secteur où a débarqué la 3e division d'infanterie canadienne. L'opération du VIIIe corps doit se dérouler en quatre phases avec comme objectif ultime les hauteurs près de Bretteville-sur-Laize, au sud de Caen[43]. Il sera appuyé par la puissance de feu de 736 canons[note 7], de trois croiseurs et du HMS Roberts (de type monitor). La Royal Air Force doit effectuer un bombardement préalable (250 appareils mobilisés) puis offrir par la suite un soutien aérien à l'opération[45].
La 15e division d'infanterie écossaise mènera l'assaut. Au cours de la première phase, nom de code « Gout », elle devra prendre les villages de Saint-Manvieu et Cheux[43]. Pour la deuxième phase, nom de code « Hangover », la division devra avancer afin de capturer plusieurs points de passage sur la rivière Odon ainsi que les villages de Mouen et Grainville-sur-Odon[43]. Si la résistance au cours de la première phase s'avère faible, la 11e division blindée devra capturer les ponts sur l'Odon grâce à une attaque coup de poing[46]. Au cours des deux premières phases, la 43e division d'infanterie (Wessex), qui recevra des renforts de la brigade d'infanterie de la division blindée des Guards le [47], devra rester sur ses positions afin de fournir une base solide[44].
Au cours de la troisième phase, « Impetigo », la 43e division devra avancer afin de soulager l'infanterie écossaise au nord de l'Odon[43]. La 15e division devra ensuite se regrouper de l'autre côté de la rivière, afin d'élargir la tête de pont en capturant plusieurs villages importants. Pour la phase finale de l'opération, nom de code « Goitre », les éléments de la 43e division devront traverser la rivière pour sécuriser la zone sous contrôle, tandis que la 15e division devra continuer à élargir la tête de pont[43]. La 11e division blindée devra tenter de forcer le point de passage sur l'Orne et avancer sur son objectif final, Bretteville-sur-Laize[44]. La 4e brigade blindée, bien que toujours rattachée à la 11e division blindée, sera limitée aux opérations entre l'Odon et l'Orne, afin de protéger le flanc du corps et d'être en position pour attaquer vers l'ouest, ou vers Caen, si nécessaire[44].
Si l'attaque du VIIIe corps réussit, le Ier corps devra ensuite lancer deux opérations de soutien, appelée « Aberlour » et « Ottawa ». Dans la première, la 3e division d'infanterie, appuyée par la 9e brigade d'infanterie canadienne, devra attaquer au nord de Caen ; quant à la deuxième opération, elle consistera en une manœuvre effectuée par cette même division, et appuyée par la 2e brigade blindée canadienne, afin de prendre le village et l'aérodrome de Carpiquet[48].
D'abord planifiée pour le [3], Epsom est finalement reportée au afin de pallier les manques en main-d'œuvre et de matériel[49]. L'opposition que les Britanniques s'attendent à rencontrer devrait venir des unités restantes de la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend (« jeunesses hitlériennes »)[34], ainsi que d'éléments de la 21e Panzerdivision et de la Panzer Lehr[50].
Comme planifié, le , des éléments de la 152e brigade d'infanterie (Highland), rattachée à la 51e division d'infanterie (Highland), lancent une attaque préliminaire à l'offensive principale[note 8]. Avant l'aube et sans tir d'artillerie, l'infanterie Highland avance en silence vers le village de Sainte-Honorine-la-Chardonnette. Elle prend la garnison allemande par surprise et se rend maître du village avant le lever de soleil. Dans la matinée, les Highlanders font face à une contre-attaque d'éléments du Kampfgruppe von Luck de la 21e Panzerdivision ; les combats durent toute la matinée, mais vers midi les Britanniques tiennent solidement le village[52]. Ce succès détourne l'attention et les ressources des Allemands loin du front du VIIIe corps, tandis que ce dernier se prépare à mener ses attaques depuis la tête de pont sur l'Orne[53].
À 4 h 15 le , la 49e division d'infanterie (West Riding), appuyée par la 8e brigade blindée et par 250 canons, lance l'opération Martlet, face à une partie des Panzer Lehr et 12e Panzerdivisions SS[30]. Le premier objectif, le village de Fontenay-le-Pesnel, est le théâtre de combats durant toute la journée, la résistance allemande obstinée empêchant sa capture par les Britanniques. Un bataillon d'infanterie de la 49e West Riding, soutenu par des chars, contourne le village par l'ouest et s'empare du bois bordant la commune de Tessel avant de subir une série de contre-attaques allemandes. L'artillerie britannique et l'appui aérien viennent à bout de ces attaques, mais à la fin de la journée, la 49e West Riding n'est pas en mesure d'atteindre le village de Rauray[54], laissant le terrain surplombant le flanc droit du tracé que doit suivre le VIIIe corps aux mains des Allemands[55]. L'opération Martlet contraint le Ier Panzerkorps SS à engager les derniers chars de la 12e Panzerdivision SS sur le front du XXXe corps afin de contre-attaquer le jour suivant[56]. Au cours de la nuit, les Allemands de Fontenay-le-Pesnel se replient afin de renforcer la ligne de front et l'infanterie de la 49e West Riding prend le contrôle du village avant l'aube[57].