Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X
société sacerdotale de vie commune sans vœux visant à former des prêtres traditionalistes / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (sigle : FSSPX), nommée aussi Fraternité des apôtres de Jésus et Marie[1], est une société de prêtres traditionalistes voire intégristes[2], sans statut canonique au sein de l'Église catholique avec laquelle elle maintient des relations complexes[3]. Son but est « le sacerdoce et tout ce qui s'y rapporte »[4] (principalement, de former des prêtres et de tenir des séminaires). Elle a son siège à Menzingen, dans le canton de Zoug (Suisse)[5]. Elle est nommée en l'honneur de Pie X, pape de 1903 à 1914, qui fut canonisé en 1954.
Fondation |
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Type |
Société de vie apostolique, Sodalité |
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Mouvement |
Traditionaliste ou Intégriste, selon les points de vue |
Objectif |
Célébration des sacrements selon la forme tridentine du rite romain, spiritualité catholique et mariale |
Siège |
Fondateur | |
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Supérieur général |
Davide Pagliarani (depuis ) |
Site web |
Fondée le , cette société, dont les statuts avaient été reconnus et approuvés par l’évêque diocésain de Fribourg en 1970 à titre de « pieuse union », perd sa reconnaissance canonique par l'Église catholique en 1975. La décision de son fondateur, Marcel Lefebvre, d'ordonner des prêtres sans permission du Saint-Siège lui vaut d’être sanctionné en juillet 1976 par la suspense a divinis. Il est frappé d’excommunication latae sententiae (en) en 1988, lorsqu’il consacre quatre évêques sans permission du pape Jean-Paul II et en dépit de l'interdiction explicite de ce dernier.
Si Marcel Lefebvre et les membres de la communauté Saint Pie X se considèrent comme « traditionalistes », pour certains, ainsi que l'explique Émile Poulat, le mouvement fait partie de l'« intégrisme »[6], dans un débat sémantique qui n'est pas tranché[7]. Par ailleurs, les liens de la Fraternité avec l'extrême droite sont « notoires » en France[8]. Plusieurs actions de ses membres, voire de ses institutions, ainsi que des prises de position de ses dirigeants, ont suscité la polémique.
Des négociations avec le Saint-Siège amènent Benoît XVI à lever l'excommunication des évêques en 2009, sans que cela signifie le retour à la pleine communion de la FSSPX, qui doit reconnaître l'autorité du pape et du concile Vatican II[9]. Les contacts continuent au sein de la commission pontificale Ecclesia Dei, et, le , Bernard Fellay rencontre le pape François[10].
En 2016, dans sa lettre apostolique Misericordia et misera clôturant le jubilé de la Miséricorde, le pape François rend licite le sacrement de confession donné par les prêtres de la fraternité « jusqu'à ce que soient prises de nouvelles dispositions ». L'année suivante, il crée des dispositions pour assurer la reconnaissance catholique des mariages de la Fraternité « lorsqu’il n’y a pas d’autre prêtre qui puisse recevoir le consentement des mariés »[11]. En 2019, il supprime la commission Ecclesia Dei, considérant que les débats avec la FSSPX sont principalement de nature doctrinale.
La Fraternité est accusée de tenter d'étouffer des abus sexuels commis par plusieurs de ses membres.
Buts
Selon ses statuts, la FSSPX, a pour but « le sacerdoce et tout ce qui s'y rapporte et rien que ce qui le concerne », principes qui impliquent, entre autres, « d'orienter et réaliser la vie du prêtre vers ce qui est essentiellement sa raison d'être : le saint sacrifice de la Messe » tout en évitant « avec soin les erreurs modernes, en particulier le libéralisme et tous ses succédanés ». En pratique, cela sous-entend le maintien de la forme tridentine du rite romain et une critique virulente des « erreurs modernes »[1].
Droit canonique
Du point de vue du droit canonique de l'Église catholique, si la FSSPX fut une œuvre d'Église entre 1970 et 1975, elle ne l'est plus aujourd'hui et ne reçoit de Rome aucune forme d'approbation ou de reconnaissance officielle. En effet, cette société de vie commune sans vœu fut approuvée par Charrière, évêque de Fribourg, et érigée dans son diocèse le ; le , le préfet de la Sacrée Congrégation pour les religieux, le cardinal Wright, signe un décret d'approbation des statuts de la Fraternité[12]. Cependant, une lettre de la Sacrée congrégation pour les institutions d'enseignement, signée d'une commission de trois cardinaux, fait savoir à Marcel Lefebvre que sa déclaration du – ainsi que la « profession de foi » dénonçant « la Rome néo-moderniste et néo-protestante du concile Vatican II »[13] – est « en tous points inacceptable »[14].
Pierre Mamie, nouvel évêque de Fribourg, se voit reconnu le droit d'annuler le décret d'érection promulgué par son prédécesseur en 1970[15], ce qu'il fait par lettre le [13]. Un recours de Lefebvre est rejeté par le cardinal Staffa au nom du canon 1556. Le , après l'ordination de trois prêtres à Écône, le pape Paul VI déclare qu’il fait siennes les conclusions de la commission cardinalice et ordonne l’entrée en vigueur immédiate de ses conclusions[15] et réclame la soumission de Lefebvre. Le , Marcel Lefebvre est frappé de suspense a divinis[13] suivant le canon 2279[16].
Par la suite, lors des consécrations d'évêques en 1988, Lefebvre, son cocélébrant Antônio de Castro Mayer, et les quatre nouveaux évêques sont excommuniés[17].
Pour sa part, la FSSPX considère que son retrait d'approbation prononcé en 1975 est juridiquement nul car entaché d'irrégularités[18].
Droit français
Du point de vue du droit français, le Tribunal administratif de Paris estime en 1997 que la FSSPX peut constituer une association cultuelle[19] indépendamment de savoir si « l'Église dont elle se réclame a exclu de ses rangs son président fondateur »[20].
Implantation géographique et développement
À ses débuts, la Fraternité Saint-Pie-X s’étend prioritairement en France où s’établit son premier district, le , sous la houlette de l’abbé Paul Aulagnier qui fonde les premiers prieurés au Pointet (Allier), à Lanvallay (Côtes-d’Armor) et à Suresnes (Hauts-de-Seine). Peu à peu, les prêtres ordonnés à Écône viennent prêter main-forte aux prêtres diocésains qui ont maintenu la liturgie traditionnelle et le catéchisme tels qu’il était dispensé avant le Concile. C’est le cas en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, occupée de manière irrégulière par des traditionalistes depuis 1977, où les abbés Michel Simoulin et Philippe Laguérie assistent François Ducaud-Bourget dès 1980. Au fil des ans, les prêtres de la Fraternité s’installent dans plusieurs églises, certaines leur étant confiées par les maires, tel Gaston Defferre qui met à leur disposition l'église Saint-Pie-X, rue du Tapis-Vert à Marseille[21]. La FSSPX dessert dans tout l’hexagone près de 200 lieux de culte, comme la collégiale de Thouars (Deux-Sèvres)[22], la chapelle du Bon-Conseil à Bordeaux (Gironde), ou la chapelle de l’ancien séminaire d’Amiens (Somme)[23]. Elle assure également l’aumônerie de Saint-Michel, près de Châteauroux (Indre)[24] ou de l’Étoile du Matin à Bitche (Moselle)[25].
Marcel Lefebvre a fondé en 1978 le séminaire du Sacré-Cœur de Jésus à Zaitzkofen (de), en Bavière[26]. La Fraternité y dessert des dizaines d’églises réparties dans toute l'Allemagne, comme à Bonn la chapelle de l’hôpital régional de Rhénanie, ou l'église Saint-Boniface d'Essen, ou encore l’église Saint-Pierre de Berlin, qu'elle a construite. En Autriche, elle a son siège au château de Jaidhof, légué par Rosa Gutmann[27].
Selon la FSSPX elle-même, depuis 1975 le nombre de prêtres de la FSSPX croît chaque année pour atteindre près de 700 prêtres en 2022[28]. En 2019, la Fraternité Saint-Pie-X dessert 772 centres de messe répartis dans 72 pays[29].
Le nombre de laïcs qui fréquentent les messes de la FSSPX est estimé entre 150 000 (Henri Tincq)[30] à 600 000 (FSSPX)[31], le cardinal Hoyos l'estimant en 2017 à « environ un demi-million de personnes »[32]. En réalité, ce chiffre est flou par nature, puisque certains fidèles viennent chaque dimanche quand d'autres viennent plus rarement, et que d'autres encore fréquentent à la fois des églises de la Fraternité et des églises où est célébré le rite sous la forme ordinaire. Une étude de 2013 indique que 49 % (15 % « la plupart du temps » et 34 % « de temps à autre ») des fidèles de la FSSPX en France seraient prêts à retourner dans leur paroisse territoriale s'ils y trouvaient la liturgie traditionnelle[33].
Par ailleurs, plusieurs communautés religieuses se sont agrégées à la Fraternité Saint-Pie-X au fil des ans, par attachement à la liturgie traditionnelle et pour conserver leurs constitutions telles qu’observées jusqu’aux réformes consécutives au concile Vatican II. C’est le cas de la Fraternité de la Transfiguration, des dominicaines enseignantes du Saint Nom de Jésus de Fanjeaux (Aude) et de Saint-Pré (Var) dont les religieuses – environ 250 – tiennent des écoles pour filles. Plusieurs communautés contemplatives se réclament aussi de la Fraternité Saint-Pie-X, comme les dominicaines d'Avrillé (Maine-et-Loire), les capucins et les clarisses de Morgon (Rhône), les bénédictins de Bellaigue (Puy-de-Dôme) ou les franciscaines du Trévoux (Finistère)[34].
Organisation
La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X est une société de vie commune gouvernée par un supérieur général élu pour un mandat de douze ans. À la suite de Marcel Lefebvre (1970–1982) puis de l'abbé Franz Schmidberger (1982–1994), Bernard Fellay est élu une première fois en 1994, pour un mandat de 12 ans ; il est réélu pour un second mandat de 2006 à 2018. L'abbé Davide Pagliarani lui succède le .
Le supérieur général est assisté dans son gouvernement par les membres de son conseil où siègent les assistants généraux, également élus pour une période de douze ans, ainsi que le secrétaire général. En 2006, l'abbé Niklaus Pfluger est nommé premier assistant général, l'abbé Alain-Marc Nély deuxième assistant général et l'abbé Christian Thouvenot secrétaire général.
Le chapitre est une assemblée qui élit le supérieur général et ses deux assistants. En sont membres de droit[35] :
- le supérieur général et ses deux assistants ;
- les évêques membres de la Fraternité ;
- les anciens supérieurs généraux ;
- le secrétaire général et l'économe général ;
- les directeurs des six séminaires ;
- les supérieurs de districts géographiques ;
- les supérieurs de maisons autonomes ;
- les prêtres les plus anciens de la FSSPX, « dans la proportion d'un tiers des membres par office[35] ».
La Fraternité est organisée en 14 « districts », c'est-à-dire des pays ou groupes de pays où elle possède plus de 3 prieurés formés et en 6 « maisons autonomes », qui sont des districts en préparation. Ces districts sont sous la responsabilité d'un « supérieur ».
Elle assure la formation de ses futurs prêtres dans six séminaires[36], qui correspondent à son extension géographique :
- le séminaire Saint-Pie-X, à Écône en Suisse (fondé en 1971) est le plus ancien et le plus célèbre. Les cours y sont en français ;
- le séminaire Saint-Curé-d'Ars, à Flavigny-sur-Ozerain en France. Les futurs séminaristes d'Écône y font leur première année, les frères de la FSSPX y sont formés ;
- le séminaire Saint-Thomas-d'Aquin[37], à Dillwyn en Virginie. Il s'est d'abord tenu à Armada dans le Michigan (de 1974 à 1979) puis à Ridgefield (de 1979 à 1988) et à Winona (de 1988 à 2016). Les cours y sont en anglais ;
- le séminaire de la Sainte-Croix[38], en Australie. Il forme des séminaristes issus d'Asie, d'Océanie et d'Afrique. Les cours y sont en anglais ;
- le séminaire Notre-Dame-Co-Rédemptrice[39], à La Reja (Buenos Aires) en Argentine. Les cours y sont en espagnol ;
- le séminaire Cœur-Sacré-de-Jésus[40], à Zaitzkofen en Bavière. Les cours y sont en allemand.
Pour ce qui est des manquements au droit canonique, Fellay est reconnu par Rome depuis au moins 2004 comme juge en 1re instance pour les membres de la FSSPX[41]. La Fraternité peut donc juger ses prêtres qui auraient commis des fautes graves, et ils peuvent ensuite faire appel devant les tribunaux romains. Ce fait n'est toutefois connu publiquement que depuis 2015[42].
La branche sacerdotale de la Fraternité Saint-Pie-X (prêtres, frères et séminaristes) reste la plus connue du grand public mais l'œuvre est composée de trois autres branches :
- les Sœurs de la Fraternité Saint-Pie-X ;
- les Sœurs oblates de Saint-Pie-X (fondées en 1982)[43]
- le Tiers-Ordre Saint-Pie-X (fondée en 1980)[44].
Le symbole de la FSSPX se lit ainsi : « deux cœurs entrelacés symbolisent l’union parfaite qui existe entre Jésus et Marie. Ils sont unis dans le plan divin de rédemption, dans leur charité pour Dieu et dans leur miséricorde pour les hommes[45] ».
Débuts (1969–1988)
En 1970, Marcel Lefebvre fonde à Écône (Suisse) la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Les buts de cette fraternité sacerdotale sont « le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne »[1].
Avec l'autorisation de Paul VI, l'institution est érigée canoniquement par Charrière, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en tant que « pieuse union » pour une durée de trois ans ad experimentum renouvelables. De son côté, l'évêque de Sion l'autorise à fonder un séminaire à Écône.[réf. nécessaire]
Par la suite, Lefebvre continue de critiquer, plus ou moins violemment, la politique d'ouverture post-conciliaire, attaquant en particulier le dialogue inter-religieux auquel s'essaie l'Église catholique. Le , il publie un manifeste résumant ses positions :
« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la Foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité. Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. […]
Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l'Église depuis dix-neuf siècles. […]
Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d'adopter cette Réforme et de s'y soumettre de quelque manière que ce soit. […]
C'est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l'étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la Sainte Église catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures[46]. »
En conséquence, au printemps 1975, le nouvel évêque de Fribourg, Pierre Mamie, retire l'autorisation accordée par son prédécesseur[14] à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X[47].
Malgré cela Lefebvre décide de continuer son action de formation de prêtres, et en il ordonne treize prêtres sans lettres dimissoires[N 1]. L’abbé Paul Aulagnier, premier prêtre ordonné, est nommé supérieur du district de France. Plusieurs propriétés sont alors acquises pour y créer des prieurés (le Pointet, Sainte-Anne) et des maisons de retraite (Saint-Michel-en-Brenne).
Le , Paul VI frappe Marcel Lefebvre d'une suspense a divinis[48] pour son opposition au concile Vatican II et son opposition aux réformes qui s'y rattachent et la Fraternité est dissoute [réf. nécessaire]. En réponse, dans une interview au Figaro, Lefebvre décrit Vatican II comme « un concile schismatique »[49]. Et le , Lefebvre célèbre la « messe de Lille »[50].
Ainsi, le , l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet est occupée par des catholiques traditionalistes proches de la Fraternité, menés par les abbés François Ducaud-Bourget, Louis Coache et Vincent Serralda, qui y célèbrent alors une messe. Cette action a lieu après neuf demandes[Lesquelles ?] restées sans suite auprès du cardinal et archevêque de Paris François Marty. Les traditionalistes s’y installent donc, puis remettent l’église à la Fraternité, qui y demeure depuis cette date, au dépendant des affectataires légitimes de l’archidiocèse de Paris, et malgré un arrêté d'expulsion obtenu par lui, les autorités craignant un trouble plus grand à l'ordre public s’il était appliqué.
De même, le 8 septembre 1977, les premières postulantes voulant rejoindre le groupe initial des Sœurs de la Fraternité Saint-Pie-X, formé dès septembre 1974, entrent à l'abbaye de Saint-Cyran-en-Brenne, qui en était devenu la maison mère dès juin 1975[51]. D’autres propriétés sont acquises à la même période par la Fraternité, comme le prieuré Notre-Dame-du-Pointet, dans la commune de Broût-Vernet (03), ou celui de Sainte-Anne à Lanvallay (22)[52].
En , l'abbé Paul Aulagnier crée le magazine Fideliter, organe de communication du district français de la Fraternité[53]. Dans un acte daté du , Lefebvre accorde à ses prêtres nombre de pouvoirs et facilités canoniques ou liturgiques, parmi lesquels, le « pouvoir » de dispenser de certains empêchements de Mariage et également des « pouvoirs » de Confirmer[54]. Durant la même année, Lefebvre crée l'Institut universitaire Saint-Pie-X à Paris.
Le , Rome publie la lettre Quattuor abhinc annos libéralisant sous certaines conditions la célébration de la forme tridentine du rite romain, sous la juridiction des évêques[55].
En décembre 1985, Franco Munari, Francesco Ricossa et Curzio Nitoglia, prêtres italiens du district d'Italie de la Fraternité, la quittent pour fonder à Turin l'Institut Mater Boni Consilii, qui adopte la thèse dite de Cassiciacum du père Guérard des Lauriers, selon laquelle Paul VI et ses successeurs, bien que canoniquement élus au pontificat, ne possèdent pas vraiment l’autorité pontificale.
Lefebvre critique sévèrement la visite d'une synagogue par Jean-Paul II, ou les rencontres interreligieuses d'Assise en 1986. À l'occasion de cette rencontre, donnant lieu à des prières pour la paix mondiale, tous les représentants religieux présents avaient prié chacun leur Dieu. Pour la tradition catholique, cela peut sembler dire que « toutes les religions se valent », ce qui fut toujours condamné par l'Église catholique[56].
Consécrations épiscopales et excommunication (1988)
Les rapports sont maintenus avec Rome, et une tentative de normalisation de la situation de la FSSPX a lieu le , par la signature d'un accord entre le cardinal Ratzinger et Lefebvre[57]. Cet accord[58] reconnaissait le principe de la consécration d'un évêque, le maintien de « la discipline spéciale concédée à la Fraternité par une loi particulière ». Mais le lendemain, , Lefebvre revient sur sa signature[57].
Se sentant vieillir, voulant garantir la pérennité de son œuvre, et pensant qu'on négociait en attendant sa mort, Lefebvre décide de procéder à des sacres d'évêques, même sans l'accord de Rome. Ce qu'il fait, malgré une mise en garde canonique[59], le . Lefebvre, assisté de Antônio de Castro Mayer, évêque émérite de Campos, ordonne quatre évêques, Alfonso de Galarreta, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais et Richard Williamson.
Ces ordinations d'évêques malgré l'interdiction de Rome relèvent de l'excommunication latæ sententiæ (en) : l'individu s'excommunie lui-même, du simple fait de son acte, mais l'excommunication doit faire l'objet d'une déclaration publique. C'est ce que fait le cardinal Gantin — alors préfet de la Congrégation pour les évêques — le par le décret Dominus Marcellus Lefebvre[60]. Il avertit toute personne de bonne volonté que Lefebvre a « posé un acte schismatique » en citant les canons 1364-§1 et 1382 du Code de droit canonique de 1983:
« L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latæ sententiæ. » « L'évêque qui, sans mandat pontifical, consacre quelqu'un évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet évêque encourent l'excommunication latæ sententiæ réservée au Siège apostolique[17]. »
Il déclare donc excommuniés Lefebvre lui-même, Castro-Mayer, évêque coconsécrateur, et les quatre nouveaux évêques. Le par le motu proprio Ecclesia Dei[61], Jean-Paul II rappelle aux fidèles que nul ne doit ignorer que « l'adhésion formelle au schisme constitue une grave offense à Dieu et comporte l'excommunication prévue par le droit de l'Église ».
Des consécrations épiscopales à la levée des excommunications (1988–2009)
Communautés Ecclesia Dei
Certaines communautés de la mouvance traditionaliste, comme les bénédictins du Barroux, n'acceptent pas la situation de schisme provoquée par les ordinations d'évêques du . Ils sont canoniquement accueillis dans l'Église catholique en . Quelques prêtres de la FSSPX quittent alors la fraternité pour fonder la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, sur le modèle des accords du . Une commission cardinalice — la Commission pontificale Ecclesia Dei — veille aux applications pratiques du motu proprio.
Union Saint-Jean-Marie-Vianney de Campos
Une des communautés de la mouvance de la fraternité Saint-Pie-X, l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney, de Campos au Brésil, dirigée par Rangel, continue quant à elle les pourparlers avec le Vatican, reconnaît le concile Vatican II interprété à la « lumière de la tradition » et la validité et licéité de la messe de Vatican II et obtient le le statut « d'administration apostolique de caractère personnel » soumise directement au pape[62].
Nouveaux ralliements
Au sein de la Fraternité Saint-Pie-X, ce genre d'accord paraît satisfaisant à certains. Ainsi, au cours de l'année 2003, l'abbé Paul Aulagnier, ancien supérieur du district de France, exprime son soutien aux « accords de Campos » ; il est exclu de la FSSPX en . En 2004, l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet exprime son mécontentement quant au fonctionnement des séminaires et à certains choix de la Fraternité ; il fait l'objet d'une mutation disciplinaire au Mexique, qu’il refuse. Bernard Fellay déclara alors que l’abbé Laguérie « ne faisait plus partie de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X ». La sanction est la même pour ceux qui lui avaient manifesté son soutien, tels les abbés Guillaume de Tanoüarn, Christophe Héry et Henri Forestier.
Le , les abbés Philippe Laguérie, Guillaume de Tanoüarn, Paul Aulagnier, Christophe Héry et Henri Forestier rejoignent la pleine communion avec l'Église catholique romaine au sein de l'Institut du Bon-Pasteur[63], avec l'usage exclusif des livres de 1962 et le droit à une « critique constructive » du concile Vatican II[64].
Ralliements à la Fraternité Saint-Pie-X
La Fraternité Saint-Josaphat, fondée en 2001, regroupant des prêtres en Ukraine, se place dans la mouvance FSSPX en demandant à celle-ci des professeurs pour son séminaire. Bernard Tissier de Mallerais ordonne un prêtre de cette communauté en 2003[réf. nécessaire].
Motu proprio Summorum Pontificum
Par le motu proprio Summorum Pontificum, publié le , le pape Benoît XVI remet en valeur la forme tridentine du rite romain. Dans sa lettre aux évêques qui accompagne le motu proprio, le pape précise que l'un des buts de ce texte est la « réconciliation interne au sein de l’Église ».
Ces dispositions sont saluées par Bernard Fellay au nom de la FSSPX. Pour lui, ce « climat favorable instauré »[65] par Benoit XVI, et cette « indéniable avancée liturgique »[66] doivent précéder le retrait des excommunications et l'ouverture de vraies discussions doctrinales[67].
Levée de l'excommunication des évêques et Ecclesiae unitatem (2009)
Levée des excommunications
Par décret de la congrégation pour les évêques du [N 2] signé par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation, l'excommunication latae sententiae (c'est-à-dire de facto) qui frappait les quatre évêques consacrés par Lefebvre, Bernard Fellay, Alfonso de Galarreta, Bernard Tissier de Mallerais et Richard Williamson, est levée[68].
Ce même décret ajoute qu'« on espère que ce pas sera suivi de la réalisation rapide de la pleine communion avec l'Église, de toute la Fraternité de Saint-Pie-X »[69], signifiant que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X n'est pas encore considérée comme en pleine communion[70] avec l'Église de Rome. D'après le droit de l'Église, la levée de l'excommunication n'est pas la réconciliation ou la réhabilitation, mais l'ouverture de la voie vers la réconciliation ; les quatre évêques demeurent suspendus (suspens a divinis), ce qui fait qu'il ne leur est toujours pas permis d'exercer un ministère au sein de l'Église catholique[68].
La vive émotion qui naît au sein de l'Église catholique, à la suite des propos négationnistes de l'un des quatre évêques (Richard Williamson) et face à la position de la FSSPX par rapport au concile Vatican II[71], amène Benoît XVI a préciser que la levée de l’excommunication pour les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X « ne signifiait pas de soi le retour à la pleine communion du mouvement intégriste, et qu’elle ne pouvait se faire que dans le respect de l’enseignement du Concile Vatican II »[72].
Les quatre évêques écrivent une lettre de remerciement au pape, mais précisent qu'ils n'acceptent toujours pas le concile Vatican II[73].
La peine du Saint-Siège ne touchait que les prêtres ordonnés par Lefebvre à partir de [74]. L'ouverture dans la recherche du rapprochement se poursuit alors.
Ecclesiæ Unitatem
Le , le Vatican publie le motu proprio Ecclesiae unitatem qui rattache la Commission Ecclesia Dei à la Congrégation pour la doctrine de la foi dirigée par le cardinal américain William Levada. C'est dans ce cadre qu'auront lieu les négociations en vue d'une éventuelle réintégration de la FSSPX dans la pleine communion de l'Église catholique.
Il rappelle toutefois que « la Fraternité ne jouira d'aucun statut canonique dans l'Église et ses ministres ne peuvent exercer de façon légitime aucun ministère » tant que les questions doctrinales demeurent[75]. Une semaine plus tôt, l'un des responsables de la FSSPX, Bernard Tissier de Mallerais, considéré comme le théologien de la FSSPX[76], déclare pour sa part que « les discussions n'avanceront que si Rome réforme sa manière de voir et reconnaît les erreurs dans lesquelles le Concile a mené l'Église[77].»
La libération de la célébration de la messe selon la forme tridentine du rite romain et la levée des excommunications remplissent les conditions émises par Bernard Fellay[78] et permettent aux deux parties d'entamer des discussions portant sur des points de la doctrine considérée comme étant à l'origine de la division[79].
Négociations avec le Saint-Siège (2009–2012)
Le , Bernard Fellay et deux assistants sont reçus à Rome[80] par le cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Luis Ladaria et Guido Pozzo[81], qui transmettent à la fraternité un « préambule doctrinal » considéré par Rome comme indispensable à une réintégration de la fraternité au sein de l'Église catholique. Le préambule souligne en particulier le rôle doctrinal irrévocable du concile Vatican II, le respect de son authenticité et de la légitimité de son enseignement[82], jusqu'ici toujours réfuté par la fraternité.
Début , un premier document de la FSSPX est envoyé à Rome mais il n'est pas considéré comme une réponse par les autorités vaticanes, qui demandent un complément d'information[83]. Bernard Fellay envoie un deuxième document début indiquant son refus du préambule doctrinal[84],[85].
Le , le Vatican publie un communiqué expliquant que la réponse fournie en janvier n'était pas suffisante pour parvenir à un accord[86]. La fraternité signe alors le préambule doctrinal mais en modifiant le texte original comme le permettaient les négociations[87]. La Congrégation pour la doctrine de la Foi analyse ces modifications, puis, avec l'assentiment du pape, modifie le texte original du préambule pour inclure une reconnaissance complète de Vatican II et des textes du magistère relatif au concile.
En , la FSSPX répond qu'elle ne peut accepter le préambule dans sa forme définitive[88].
Le 2 juillet, après trois ans de négociations, le cardinal Levada ayant atteint la limite d'âge, Benoît XVI le remplace par l'un de ses proches collaborateurs, Gerhard Ludwig Müller, évêque de Ratisbonne comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi[89]. Il s'ensuit une période de flottement concernant la suite à donner aux discussions jusqu'en septembre 2012, où le préfet déclare qu’après une dernière discussion avec les intégristes, les négociations ont abouti à un échec ; ces derniers persistent alors à refuser de reconnaitre l’entière validité du magistère du concile, dont Benoît XVI a fait la « boussole » de son pontificat ; les négociations ne reprendront pas[90],[91],[92].
Rappelant que Vatican II « ne contredit pas la tradition de l’Église mais corrige seulement de fausses interprétations de la foi catholique », le préfet marque la fin des négociations, la décision sur l'attitude à adopter à l'égard de la FSSPX restant entre les mains du pape[93].
Malgré cette tendance à la normalisation entre les autorités vaticanes et la FSSPX, une opposition interne à ce rapprochement existe au sein du mouvement[94],[95]. En , Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta – trois des quatre évêques consacrés par Marcel Lefebvre — adressent un lettre à Bernard Fellay, quatrième évêque consacré par Lefebvre et supérieur de la FSSPX à l'époque. Dans cette lettre, les trois évêques expriment à Fellay leur opposition quant à la possibilité d'un accord « purement pratique » avec le Saint-Siège[96],[97].
Au cours de l’année, Richard Williamson fustige notamment les tentatives de rapprochement de la FSSPX avec le Vatican, critiquant vivement l’action de Fellay. Il est ainsi exclu par ses pairs de la participation au chapitre général de la Fraternité, réuni à Ecône en juillet, selon l’agence APIC[98].
Richard Williamson est expulsé de la FSSPX en ; il était l'un des opposants les plus acharnés qui œuvraient contre le rapprochement avec le Saint-Siège. Dans une lettre ouverte, il avait demandé à son supérieur, Bernard Fellay, « de démissionner »[99].
Trois prêtres de la FSSPX sont relevés de leur apostolat après la publication d'une lettre qu'ils avaient adressée à Bernard Fellay. La lettre, signée par 37 prêtres de la Fraternité, reprochait à Fellay de négocier avec le Saint-Siège[100].
Depuis l’élection du pape François (2013)
Élection de François et retour de Pozzo à la commission Ecclesia Dei
Le 13 mars, le cardinal Bergolio est élu pape et prend le nom de François ; de tendance plus libérale que son prédécesseur Benoît XVI, il est décrit comme un moderniste avéré par Bernard Fellay. Cependant, le retour de l'archevêque Guido Pozzo au secrétariat de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le 3 août, est perçu comme une main tendue envers la FSSPX, Pozzo étant un expert reconnu pour les relations avec les traditionalistes[101],[102].
Ainsi, en décembre 2013, Bernard Fellay se rend au Vatican, pour une rencontre avec Guido Pozzo et Augustine Di Noia, alors vice-président de la commission Ecclesia Dei. À cette occasion, alors qu’il déjeune à la Maison Sainte-Marthe avec ses hôtes, Fellay salue très brièvement le pape François[103].
Reconnaissance en Argentine
En 2015, le cardinal Mario Aurelio Poli demande au ministère argentin des cultes de considérer la FSSPX comme une association de fidèles de droit diocésain. Le 17 mars, la FSSPX est donc inscrite sur le registre des instituts de vie consacrée catholiques. En effet, en Argentine, le catholicisme bénéficie d’un statut protégé par la Constitution et tout institut se disant catholique doit obtenir une reconnaissance de l’Église catholique pour bénéficier de ce statut. Selon un juriste argentin interrogé par le blog Adelante la Fe « c’est un geste unique qui dépasse toutes les avancées faites par Benoît XVI ». Il ajoute qu’« un tel geste n’a pu être posé sans l’aval de Rome », d’autant plus que Poli est le propre successeur du cardinal Bergoglio à la tête de son diocèse ; ce dernier ayant déjà aidé la FSSPX à obtenir des visas pour son séminaire[104].
En parallèle, l'opposition interne à la reconnaissance adopte des positions plus radicales. À partir de 2015, Williamson ordonne des évêques hors de la Fraternité Saint-Pie-X : Jean-Michel Faure[105],[106], Miguel Ferreira da Costa, dit Thomas d’Aquin[107], Gerardo Zendejas[108] et Giacomo Ballini[109].
De plus, Williamson fonde en 2014 avec les dominicains d’Avrillé, l'Union sacerdotale Marcel-Lefebvre (USML)[94], une association de prêtres intégristes en rupture avec la FSSPX, à laquelle ils reprochent de vouloir transiger avec le Saint-Siège. L'association comptait en 2019 une soixantaine de prêtres[110],[111].
En plus de l’abbaye dominicaine d’Avrillé, en France, Williamson a pour allié celle bénédictine de Santa Cruz, fondée par Miguel Ferreira Da Costa en 1987, près de Nova Fiburgo, au Brésil[94].
Rencontres avec le Vatican
À l'occasion de la nouvelle excommunication de Richard Williamson déjà exclu de la FSSPX depuis 2012, Pozzo affirme, en , que des rencontres ont lieu avec certains prélats de la FSSPX pour aplanir les difficultés doctrinales subsistant ; expliquant qu'en outre, les problèmes sont « internes à la fraternité »[112].
Le samedi 2 avril 2016, le pape François reçoit Bernard Fellay au Vatican ; le contenu de cette rencontre n’a pas été divulgué[113].
Validité des confessions et des mariages
Le , le pape François, complétant la bulle Misericordiae vultus en donnant conseils et instructions quant au jubilé de la Miséricorde, permet une mesure d'exception valable le temps du jubilé. Pendant cette période, allant du au , les fidèles pourront se rapprocher de prêtres de la FSSPX afin de se confesser et auront la possibilité de recevoir l'absolution, licite et valide, pour leurs péchés[114],[115].
Dans un communiqué, la fraternité salue le « geste paternel » du pape[115]. L'abbé Franz Schmidberger estime que le pape « va certainement finir par normaliser complètement la FSSPX en lui conférant une structure canonique », que ce soit une prélature personnelle ou un ordinariat personnel[116].
Dans la lettre Misericordia et misera signée le jour de la clôture du jubilé, le pape François décide de prolonger cette autorisation « jusqu’à ce que soient prises de nouvelles dispositions »[117]. De même, le , par une lettre de la commission pontificale Ecclesia Dei, explicitement approuvée par le pape, le Saint-Siège autorise et fixe les règles pour les mariages de fidèles catholiques par des prêtres de la FSSPX[118],[119].
Possibilité de reconnaissance
Le , l’hebdomadaire La Vie estime que la réconciliation entre la FSSPX et le Saint-Siège « n'a jamais été aussi proche », et cite à l'appui Guido Pozzo et plusieurs de ses déclarations précédentes. En outre, « l’unité a déjà été rétablie » du fait des diverses juridictions (confessions, mariages) reconnues aux prêtres de la FSSPX, et la volonté personnelle du pape François serait d'un grand poids, en particulier le fait qu'il privilégie une approche pastorale qui se « révèle finalement plus efficace que l’approche doctrinale »[120].
En , le pape autorise l'un de ses proches, l'« ultraconservateur » Huonder, évêque de Coire, à s'installer dans un des centres de la FSSPX à l'issue de son mandat. Pour la revue Monde & Vie, cette annonce est « une illustration de ce “statut par morceaux” dont jouit la Fraternité […] et une preuve supplémentaire de la normalisation de [celle-ci] », mouvement « qui s'est amorcé il y a vingt ans et qui est désormais presque entièrement entériné[121] ».
Élection de Davide Pagliarani et suppression de la commission Ecclesia Dei
Pour Jean-Marie Guénois, l'éviction de Fellay et l'élection de Davide Pagliarani au poste de supérieur général de la FSSPX en seraient en partie dues à l'influence « au sein de la Fraternité Saint Pie X » d'une « forte opposition au rapprochement avec Rome » dont les membres se nomment eux-mêmes « résistants ». D'après lui, cela semble d'autant plus vraisemblable qu'Alfonso de Galarreta et l'abbé Christian Bouchacourt, supérieur du district de France, ont été élus « assistants » du nouveau supérieur[122].
Davide Pagliarani rencontre au Vatican, le 22 novembre, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président de la Commission Ecclesia Dei, en charge du dialogue avec les intégristes catholiques, afin de « faire ensemble le point sur les relations entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint-Pie-X, depuis l’élection de [Pagliarani] ». Ce dernier affirme le lendemain que le problème de fond qui persiste entre Rome et la FSSPX « est bel et bien doctrinal » et cela ne peut être « éludé » ; il demande donc « à reprendre la discussion théologique »[123].
Le , par une lettre apostolique en forme de motu proprio, le pape François, considérant que les questions qui restent ouvertes sont principalement de nature doctrinale, supprime la commission pontificale Ecclesia Dei, dont les compétences sont entièrement attribuées à la Congrégation pour la doctrine de la foi, et qui reprendra ses activités au sein d’une section spéciale[124].
Le suivant, c'est Patrick Descourtieux qui est choisi par le souverain pontife pour devenir le premier chef de ce nouveau service. Pour L'Homme nouveau, « comme second personnage de la Commission disparue, Mgr Descourtieux a toujours eu le souci d'aider l’ensemble des groupes traditionnels, mais il a spécialement tissé avec les divers représentants de la FSSPX des liens d’autant plus aisés et confiants qu'il était connu, dans le traitement du dossier, pour son « ouverture » (la perspective d’une reconnaissance canonique sans exigences onéreuses). Sa nomination a toutes les apparences d’un signal favorable »[125].
Les points sensibles
Ainsi la FSSPX refuse l’aggiornamento et ce qu'elle nomme les mesures libérales du concile Vatican II, notamment :
- la liberté religieuse qui, selon elle, s'opposerait aux encycliques précédentes Mirari vos et Quanta cura[126],[127] ;
- la collégialité, qui diluerait et lierait l'autorité pontificale en accordant trop de pouvoir aux conférences épiscopales ;
- l'œcuménisme selon la doctrine issue de Vatican II, qui serait l'abandon du prosélytisme ou de la mission. La FSSPX, estime que :
- sur le plan symbolique, par exemple, « l'image du Pape priant en même temps que des chefs de (fausses) religions induit invinciblement dans l’esprit la conviction que toutes les démarches religieuses sont légitimes et plus ou moins égales[128] »
- sur le plan doctrinal, la FSSPX résume ainsi la doctrine œcuménique issue de Vatican II : « Il y a ainsi diverses sphères d’appartenance à l’Église du Christ, et l’Église est unie même à ceux qui ne sont pas dans l’Église catholique. C’est la “communion imparfaite” : l’Église du Christ “subsiste” dans l’Église catholique (ce qui produit la communion parfaite) et “existe” dans les autres Églises, selon divers modes (ce qui produit la communion imparfaite)[129] ». Selon la FSSPX, cette doctrine nouvelle contredirait la doctrine traditionnelle sur l’œcuménisme[130], à laquelle elle reste attachée.
- les modifications dans la liturgie.
Liturgie
La FSSPX célèbre exclusivement la messe selon le rite dit « de saint Pie V » ou forme tridentine du rite romain en latin dans sa version de 1962.[réf. nécessaire] La FSSPX reconnaît la validité de la messe de saint Paul VI (Novus Ordo Missae)[réf. nécessaire][131][source insuffisante].