Palestine (État)
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La Palestine Écouter, en forme longue l'État de Palestine (arabe : دولة فلسطين, Dawlat Filasṭīn), est un État souverain de jure (loi palestinienne). Située au Moyen-Orient, elle est présente sur les territoires palestiniens occupés et revendique Jérusalem-Est et l'entièreté de la Cisjordanie. Ses frontières sont, de facto et depuis 1994 (accords d'Oslo), celles des zones A et B de la Cisjordanie, gouvernée par l'Autorité palestinienne, et celles de la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas depuis 2007 mais revendiquée par l'Autorité palestinienne. Sa capitale est de jure Jérusalem, cependant le siège du gouvernement palestinien se situe à Ramallah en raison de l'annexion de Jérusalem-Est par Israël.
Cet article concerne la Palestine en tant qu'État souverain. Pour la Palestine en tant que région géographique et historique, voir Palestine (région). Pour la Palestine en tant que territoires conquis par l’Égypte et la Jordanie de 1948 à 1967 puis par Israël, voir Territoires palestiniens occupés. Pour les autres significations, voir Palestine.
État de Palestine
(ar) دولة فلسطين
Drapeau de la Palestine |
Armoiries de la Palestine |
Hymne | en arabe : فدائي Fida'i[Note 1] (Fida'i, « Guerrier fedayin ») |
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Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Forme de l'État | République semi-présidentielle unitaire[1] |
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Reconnu par | 139 États[2], plus 12 sous des statuts particuliers |
Président | Mahmoud Abbas |
Premier ministre | Mohammad Mustafa |
Parlement | Conseil législatif |
Langues officielles | Arabe |
Capitale |
Jérusalem (de jure)[3] Ramallah (de facto)[4],[Note 2] |
Plus grande ville | Gaza |
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Superficie totale | 6 020 km2 |
Fuseau horaire | UTC +2 |
Gentilé | Palestinien(s), Palestinienne(s) |
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Population totale (2023[5]) | 5 483 450 hab. |
Densité | 911 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
19,698 milliards de $ + 10,81 %[6] |
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PIB (PPA) (2022) |
33,403 milliards de $ + 10,52 % |
PIB nominal par hab. (2022) |
3 681,841 $ + 8,27 %[7] |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
6 243,442 $ + 7,98 % |
Taux de chômage (2022) |
25,6 % de la pop. active - 2,65 % |
Dette publique brute (2022) |
Nominale 27,411 milliards d’ILS - 3,13 % Relative 44,617 % du PIB - 9,47 % |
Monnaie |
Aucune, de facto : Shekel (ILS), Livre égyptienne (EGP) (Bande de Gaza), Dinar jordanien (JOD) (Cisjordanie) |
IDH (2021) | 0,715[8] (élevé ; 106e) |
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IDHI (2021) | 0,584[8] (88e) |
Coefficient de Gini (2016) | 33.7 |
Code ISO 3166-1 |
PSE, PS |
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Domaine Internet | .ps |
Indicatif téléphonique | +970 |
Organisations internationales |
UNESCO (membre depuis le 31 octobre 2011[9]) |
Anciennement intégrée à l'Empire ottoman, puis passée sous mandat britannique après la Première guerre mondiale, elle émerge comme État indépendant à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948-1949. La déclaration du de l'Organisation de libération de la Palestine en exil à Alger a été retenue par l'État de Palestine comme sa déclaration d'indépendance et acceptée comme telle par la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique. En 2011, la Palestine adhère à l'UNESCO. Le , l'État de Palestine adhère à l'Organisation des Nations unies (ONU) en tant qu'État observateur non-membre.
Sa souveraineté nationale, sa reconnaissance internationale, ses réfugiés, son territoire et ses frontières, sa capitale même sont l'objet de conflits armés et de débats politiques. En 2017, l'État de Palestine est reconnu par 139 États (72 % des 193 États membres que compte l'Organisation des Nations unies), mais ne l'est pas par les pays d'Amérique du Nord, ainsi que la plupart de l'Europe de l'Ouest, notamment les pays du G7.
Période antique
La partie sud du Levant sur le territoire actuel de la Palestine a été occupée par le peuple des Philistins au XIIe siècle av. J.-C. Ils s'installèrent sur la côte allant de Gaza à Jaffa en s'intégrant à la population cananéenne locale.
Si la Philistie en tant qu'entité politique disparut à la fin du VIe siècle av. J.-C., le nom hellénisé de Palestine (Palaistinê) apparaît dans les écrits d'Hérodote au Ve siècle av. J.-C. Il parle de Palestine de Syrie pour désigner les régions levantines proches de l'Égypte.
Plus tard sous domination romaine, l'empereur Dioclétien appelle Palestine la province correspondant au Levant méridional[11].
- Palestine à l'époque hellénistique (en)
Période ottomane
Lors de la victoire des Turcs ottomans sur les Mamelouks égyptiens en 1517, la région passa sous autorité turque et fit partie de l'Empire ottoman pendant 400 ans, jusqu'à l'hiver 1917-1918. La région de Palestine fit partie intégrante de la « province de Damas » (Dimashq al-Shâm), gouvernée depuis Istanbul et englobée dans les districts recouvrant la région moyen-orientale. Le turc était la langue officielle de l'administration, alors que l'arabe syro-libanais restait la langue de la majorité des populations locales. La province de Damas fut progressivement et informellement appelée par les Turcs Arz-i Filistin pour désigner la zone située entre la Méditerranée et le Jourdain[12].
Malgré la mainmise turque et musulmane sur la région, les communautés chrétiennes et juives conservèrent une certaine autonomie : les Capitulations assurent une certaine protection aux prêtres chrétiens, puis à l'ensemble des chrétiens de l'Empire ottoman[13], et la communauté juive de Jérusalem possède à sa tête un grand-rabbin, appelé en hébreu Rishon LeTzion (ראשון לציון - le premier à Sion) depuis le XVIIe siècle[14]. La Palestine bénéficia de la prospérité de l’Empire ottoman au cours du premier siècle de l'occupation ottomane, mais déclina lentement à partir du XVIIe siècle[15]. Ce déclin eut des répercussions sur le commerce, l’agriculture et la démographie, et il se prolongea jusqu’au XIXe siècle. Au début du XIXe siècle, la population de la Palestine avait été réduite de la moitié par rapport à ce qu'elle avait été au XVIe siècle ; il ne restait environ que 280 000 habitants, pour passer à 470 000 en 1880, alors que commençaient à se développer l'immigration juive et les achats de terres[16].
Au cours des années 1880, des colons allemands et des immigrants juifs[17] apportèrent des machines modernes et des capitaux nécessaires au développement du pays. On estime que la Palestine abritait quelque 24 000 Juifs[18] et majoritairement à Jérusalem[19], alors que la population totale s'élevait à environ 470 000 habitants[16] ; les langues les plus utilisées étaient l'arabe et le turc. Le gouvernement ottoman imposa de sévères restrictions à l'immigration et à l'achat de terres par les Juifs. À la fin du XIXe siècle, la région est divisée en trois districts, ceux d'Acre, de Balqa et de Jérusalem, les deux premiers appartenant à la wilayet de Beyrouth[20].
Émergence du nationalisme palestinien
L'effondrement de l'Empire ottoman vers 1923 a été accompagné par l’émergence du nationalisme dans ses provinces arabes, particulièrement en Syrie, considérée à cette époque comme incluant le Liban et le nord de la Palestine[21]. En 1917, la Déclaration Balfour prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif ». En 1919, est signé l'Accord Fayçal-Weizmann en tant qu'élément de la Conférence de paix de Paris. Dès 1920, le mufti Mohammed Amin al-Husseini, devient l'un des principaux dirigeants du nationalisme palestinien. Il s'oppose activement au sionisme et est considéré comme l'instigateur de 1921 à 1937 des émeutes en Palestine, dont le massacre d'Hébron en 1929.
En 1925, Izz al-Din al-Qassam prône la lutte armée comme action politique[22] ; en 1930, il fonde une organisation paramilitaire, la Main noire qui se lance dans des attaques contre les juifs et les Britanniques. De 1921 à 1935, ses actions étaient coordonnées avec celles de Mohammed Amin al-Husseini[23]. Le nationalisme palestinien est conforté par les déclarations antisionistes de l'ensemble des régions arabes limitrophes lors de la Conférence de Bloudan de 1937.
Palestine mandataire
La Palestine mandataire désigne le statut politique établi par la Société des Nations en Palestine et en Transjordanie à partir de 1920. Ses termes exacts et sa délimitation furent l’objet de tractations entre Britanniques, Français, Arabes et Juifs dans le contexte des différents accords et promesses passés entre eux. Elle fut le terrain du conflit de plus en plus violent entre Arabes et Juifs palestiniens dont les revendications nationalistes respectives ne purent être conciliées par les Britanniques. En conséquence, ces derniers remettent la question de la Palestine et leur mandat à l’ONU en .
Le mandat avait pour objectif la mise en place en Palestine d’un « foyer national pour le peuple juif […], étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine », tel que défini par la Déclaration Balfour de 1917 et repris dans les dispositions du mandat. Sa population passa de 55 000 Juifs pour 560 000 Arabes en 1918[24] à 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes en 1948.
Livre blanc
Après la révolte de la population arabe (qui fait plus de 5 000 morts[25]) et afin d'apaiser le soulèvement de la population arabe de la Palestine mandataire, mais craignant de faire basculer les Arabes dans le camp de l’Allemagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques publient, en 1939, un troisième Livre blanc par lequel ils réduisent drastiquement l’immigration juive à la veille de la Seconde Guerre mondiale, limitent la vente de nouvelles terres aux Juifs et annoncent que sous 10 ans, la Palestine pourra devenir un État indépendant unitaire, comme l’exigent les dirigeants arabes palestiniens[réf. nécessaire].
En , les Britanniques remettent la question de la Palestine et leur mandat à l’ONU. Celle-ci vote la partition de la Palestine en deux États, un État juif et un État arabe. Ce plan est rejeté par les Pays arabes et les Arabes de Palestine[26].
Plan de Partage de la Palestine mandataire et le conflit de 1947-1948
Le conflit entre la communauté juive et la communauté arabe de Palestine conduit à l'abandon par les Britanniques du Mandat qu'ils décident de remettre à l'ONU. Celle-ci procède à un vote de partage du territoire en vue d'y créer un État juif et un État arabe, tout en faisant de Jérusalem et de ses alentours un corpus separatum sous statut international. Le Plan de partage est voté à l'assemblée générale de l'ONU le .
Les Arabes palestiniens et les États arabes voisins s'opposent à ce plan et réclament l'indépendance de toute la Palestine[19]. Le plan est malgré tout voté par l'ONU le . Il prévoit la création d'un État arabe et d'un État juif. Le plan est rejeté par la partie arabe, mais accepté par la partie juive. Le , la veille de l'expiration du mandat britannique, David Ben Gourion proclame l'indépendance de l’État d'Israël. La Ligue arabe refuse le plan de partition des Nations unies et proclame le droit à l'autodétermination pour les Arabes de la Palestine mandataire. Cinq états arabes déclarent la guerre à l'État d'Israël immédiatement après sa proclamation[27]; des contingents de quatre des sept pays membres de la Ligue arabe à cette époque, l'Égypte, l'Irak, la Jordanie et la Syrie ainsi que l'Armée de libération arabe, envahissent le territoire de l'ex-mandat britannique de Palestine.
La guerre se solde par la défaite des armées arabes et des milices palestiniennes. Les Palestiniens qualifient cette défaite de « Naqba » (la catastrophe).
En 1949, Israël signe des armistices séparés avec l’Égypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie. Selon ces accords d'armistice, le territoire d'Israël comprend environ 78 % de la Palestine mandataire (soit 18 % de plus que défini par proposition de partition de l'ONU)[28]. Ces lignes de cessez-le-feu ont été dénommées la « Ligne verte ». La bande de Gaza et la Cisjordanie sont respectivement occupées par l’Égypte et la Jordanie qui annexe cette région, ainsi que la Vieille ville de Jérusalem. Israël sera reconnu dans ces nouvelles frontières, mais les annexions de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est ne sont pas reconnues par la communauté internationale.
À la suite de ce conflit, environ 700 000 des 900 000 Arabes palestiniens ont fui ou ont été expulsés des territoires qui sont devenus l’État d'Israël[29].
Le , la Ligue arabe déclare la création d'un gouvernement palestinien, et le un gouvernement arabe de toute la Palestine[30],[31] est établi dans la Bande de Gaza occupée par l'Égypte. Cette décision n'est pas acceptée par la Jordanie qui annexe les territoires qu'elle occupe. Quelques jours plus tard, une Assemblée constituante se réunit, élit comme Président le Mufti Hadj Mohammed Amin al-Husseini et prend le nom de Conseil national palestinien. L'Assemblée vote également une Constitution provisoire[32], mais cette proclamation n'est suivie d'aucune reconnaissance internationale.
Naissance de l'OLP
Le nationalisme palestinien connaît un regain en à l'issue de la Guerre des Six Jours, au cours de laquelle Israël conquiert les territoires annexés par la Jordanie en 1949, Jérusalem-Est incluse, ainsi que la bande de Gaza gérée par l'Égypte et le Golan appartenant à la Syrie.
Un « État dans l'État » jordanien
Le Fatah, une des organisations regroupées au sein de l'OLP de Yasser Arafat dont l'infrastructure est chassée de Cisjordanie, installe un véritable « État dans l'État » en Jordanie. Les régions de Jordanie où les Palestiniens rejettent en masse l'autorité du roi Hussein se multiplient. Depuis ces zones palestiniennes, l'OLP effectue des raids et des attaques terroristes contre le reste du territoire jordanien et contre Israël. Yasser Arafat appelle ouvertement au renversement de la monarchie hachémite en s’appuyant sur le fait que 75 % des habitants de la Jordanie sont alors Palestiniens.
Le , Hussein de Jordanie déclenche des opérations militaires contre les fedayins de l'Organisation de libération de la Palestine, pour restaurer la légitimité de sa monarchie à la suite de plusieurs tentatives palestiniennes de la renverser. La violence des combats fait de nombreux morts (plus de 10 000), en majorité des civils palestiniens. Le conflit entre l'armée jordanienne et l'OLP dégénère et se poursuit jusqu'en , date à laquelle Arafat et ses combattants sont finalement expulsés de Jordanie et trouvent refuge au Liban, sous protection de la Syrie.
Dans la bande de Gaza
À Gaza, à partir des années 1990, une lutte entre le Hamas et l'OLP déstabilise la région[réf. souhaitée].
« Fatahland » au Liban
Après son installation au Liban, l'OLP prend le contrôle du sud du pays qui devient un « Fatahland » à partir duquel il lance des attaques contre le nord d'Israël. En 1982, Israël déclenche l'Opération Paix en Galilée qui vise à expulser l'OLP du Liban du Sud et à y établir un État chrétien allié d'Israël. Après le siège de Beyrouth, l'OLP quitte le Liban et se réfugie à Tunis. C'est l'époque du massacre de Sabra et Chatila pendant la guerre civile libanaise et une nouvelle défaite pour le nationalisme palestinien. La victoire israélienne n'est de son côté que partielle : les forces israéliennes, puis leur allié chrétien doivent se retirer à leur tour et le Fatah est remplacé par un nouvel ennemi, le Hezbollah.
Première Intifada
Fin 1987, la population palestinienne se révolte contre l'administration israélienne dans l'ensemble des Territoires occupés, ce qui s'accompagne d'une vague d'attentats-suicides. Ce soulèvement populaire, indépendant de l'OLP[réf. nécessaire], va aboutir à la relance des revendications nationalistes palestiniennes.
Proclamation de l'indépendance à Alger en 1988
Reconnaissance de l'indépendance de la Palestine par l'Assemblée générale de l'ONU, puis par de nombreux pays
Le , Yasser Arafat s'adresse à l'Assemblée Générale de l'ONU à Genève et réitère la déclaration d'indépendance de l'État de Palestine avec Jérusalem pour capitale. Il réaffirme le droit au retour des réfugiés palestiniens et leur droit à l'autodétermination. Il ajoute son souhait de voir les États de la région bénéficier de la paix, la sécurité et la stabilité et il condamne le terrorisme sous toutes ses formes[33]. À la demande des États-Unis qui lui avaient refusé son visa pour faire la Déclaration à New-York[34], il précise de nouveau le que ses vœux de paix concernent « l'État de Palestine, Israël et les autres voisins », qu'il « renonce à toute forme de terrorisme, incluant le terrorisme individuel, de groupe ou d'État » et qu'il reconnaît les résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité comme base de négociation. Il conclut : « Nous voulons la paix. Nous voulons la paix. Nous sommes engagés pour la paix. Nous voulons vivre dans notre État palestinien »[35].
Le , la proclamation d'indépendance est reconnue dans la résolution 43/177 de l'Assemblée générale des Nations unies par 104 votes pour, 36 abstentions et 2 contre (les États-Unis et Israël)[36]. Dans les mois qui suivent le vote de l'ONU, l'État palestinien est reconnu par un total de 92 États[37].
Accords d'Oslo et accords intérimaires
Le , les accords dits d'Oslo sont signés et établissent un accord de principe entre Israël et les Palestiniens représentés par l'OLP. Ils arrêtent le principe d'une future autonomie palestinienne à Jéricho et à Gaza. Signature le en présence du président Bill Clinton par le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Élaborée à Oslo et signée à Washington, cette déclaration aboutit à la reconnaissance mutuelle de l'OLP et d'Israël[26]. En préalable à cette reconnaissance mutuelle le , le Parlement israélien abroge la loi interdisant les contacts avec l'OLP. En contrepartie, l'OLP abrogera, le , les articles de sa charte affirmant que le « combat armé est le seul chemin pour libérer la Palestine »[38].
Le , L'OLP et l'État d'Israël signent l'accord « Oslo I » au Caire (Égypte), prévoyant l'autonomie de la bande de Gaza et de la ville de Jéricho (Cisjordanie)[26]. Le , Israël et l'OLP signent à Washington l'accord intérimaire sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, négocié à Taba (parfois appelé « Oslo II »), qui étend l'autonomie en Cisjordanie et prévoie une série de retraits israéliens par étapes. Mais l'assassinat d'Yitzhak Rabin, par Yigal Amir (un extrémiste israélien)[39], en novembre 1995, mettra à mal ce processus.
La concrétisation sur le terrain de l'État palestinien, aux termes des accords d'Oslo, aurait dû intervenir en décembre 1998 selon des modalités préparées en commun par le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne. Signature des accords de Wye Plantation qui préparent de nouveaux retraits israéliens en Cisjordanie. Cependant Israël annonce vouloir garder le contrôle sur de nombreuses régions en Cisjordanie, même si les accords de paix aboutissent. Par ailleurs, malgré le mécontentement de l'Union européenne et des États-Unis, le gouvernement israélien englobe plusieurs colonies dans la supermunicipalité de Jérusalem qu'il vient de créer[26]. Le , l'Union européenne se prononce en faveur du droit à l'autodétermination des Palestiniens et à celui de créer un État. Signature a lieu le suivant du mémorandum de Charm el-Cheikh ouvrant la voie à un traité de paix[26].
Durant toute cette période, Israël intensifie la colonisation des territoires occupés, tandis que le Hamas et d'autres groupes terroristes palestiniens lancent des campagnes d'attentats au cœur d'Israël.
Seconde Intifada
Le , après un nouveau retrait de l'armée israélienne de 6 % de la Cisjordanie, l'Autorité palestinienne reprend le contrôle — total ou partiel — sur 40 % du territoire. Ariel Sharon, alors chef du Likoud, visite le l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, ce qui suscite des émeutes en Israël et en territoires palestiniens. C'est le point de départ de la seconde intifada[26]. En , 55 ans après le vote de la résolution 181 instituant le partage de la Palestine, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la résolution 1397 qui évoque pour la première fois un État palestinien aux côtés d'Israël. Cette résolution a été adoptée par quatorze voix et une abstention, celle de la Syrie.
Commençant par une insurrection populaire, la seconde Intifada est ensuite marquée par une série d'attentats-suicides commis par le Hamas. En réaction, les Israéliens réoccupent les villes palestiniennes autonomes au cours de l'opération Rempart en et entament la construction d'une barrière de séparation. En 2004, l'armée israélienne mène des opérations militaires dans la bande de Gaza (opérations Arc-en-ciel et Jours de pénitence).
Le soulèvement prend fin, selon certains observateurs, en 2003 avec l'amorce de la Feuille de route pour la paix du Quartet pour le Moyen-Orient, l'accord sur une trêve avec Israël entre les différentes factions palestiniennes, et le début des pourparlers de paix entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas[40]. D'autres auteurs considèrent qu'il a pris fin en 2004 avec la mort de Yasser Arafat[41], ou encore avec un cessez-le-feu observé par le Hamas, conséquence de mesures politiques et diplomatiques pour certains[42], ou de la force de dissuasion des assassinats ciblés pour d'autres[43]. Marquée notamment par la rencontre de Charm-el-Cheikh entre Sharon et Abbas, et le désengagement unilatéral israélien de Gaza contre la paix, l'année 2005 est une autre date communément admise pour le terme de ces événements[44],[45],[46].
Plan de désengagement de la bande de Gaza
Le , le Premier ministre israélien Ariel Sharon annonce le démantèlement des colonies à Gaza[26] et le retrait unilatéral des forces armées israéliennes du territoire. Le plan concerne les 21 colonies de la bande de Gaza et 4 colonies de Cisjordanie. Le , toutes les colonies de Gaza sont démantelées et les derniers soldats retirés. La bande de Gaza passe alors en partie sous l'administration de l'autorité palestinienne, tandis qu'Israël conserve le contrôle total des frontières, des eaux territoriales et de l'espace aérien[26],[47].
À la suite de ce retrait israélien de la bande de Gaza, achevé le 12 septembre 2005, le point de passage de Rafah est géré par l'Autorité palestinienne sous surveillance vidéo de l'Union européenne. Rapidement, de nombreux accrochages opposent miliciens du Fatah et du Hamas jusqu'à la victoire de ce dernier en juin 2007. Les autorités égyptiennes ferment leur frontière en réponse à l'avancée du Hamas.
Mort de Yasser Arafat et élection de Mahmoud Abbas
Yasser Arafat décède le . Le , Mahmoud Abbas est élu président de l'Autorité palestinienne. Il déclare vouloir faire avancer le projet de création de l'État palestinien. Il déclare, le , qu'il organisera un référendum national sur la base du texte connu comme le document des prisonniers qui appelle à la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967, si le Hamas ne répond pas favorablement à sa proposition dans un délai de dix jours. La question posée aux Palestiniens serait alors : « Acceptez-vous, ou non, le document élaboré au début du mois par des dirigeants palestiniens détenus en Israël ? »[48]. Ce document appelle à un État palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est, territoires conquis par Israël à l'occasion de la guerre de 1967. Le document a été négocié pendant quatre semaines par d'importants prisonniers appartenant au Hamas et au Fatah dans la prison israélienne de Hadarim, où se trouve actuellement en détention le dirigeant du Fatah, Marouane Barghouti[réf. nécessaire].
Mahmoud Abbas déclare, lors d'une réunion de dirigeants palestiniens, qu'il existait un consensus national sur les frontières du futur État palestinien : « Tous les Palestiniens, du Hamas jusqu'aux communistes, nous tous voulons un État palestinien dans les frontières de 1967. Voilà ce qui est à notre portée, ne parlons pas de nos rêves. » Il a précisé que, si dix jours de dialogue entre le Hamas et le Fatah (dialogue qui a commencé) ne débouchaient pas sur un programme commun, il organiserait un référendum dans les quarante jours qui suivraient. Interrogé sur le soutien dont auraient besoin les Palestiniens pour créer leur État indépendant, Abbas dit : « Les États arabes attendent que nous adoptions cette attitude de réalisme, pour pouvoir travailler en harmonie et faire avancer la cause palestinienne. Ils ne peuvent rien faire pour la cause palestinienne si les Palestiniens s'opposent à tout[49]. »
Prise de contrôle de Gaza par le Hamas
Le et le le Hamas chasse l'OLP de Gaza dans une offensive contre les attributs du pouvoir présidentiel de Mahmoud Abbas et plus généralement contre les forces du Fatah. Cette ultime offensive fait suite aux tensions interpalestiniennes qui éclataient régulièrement depuis plusieurs mois. La Croix-Rouge internationale estime que plus de 550 personnes ont été blessées et au moins 116 tuées au cours de ces affrontements entre Palestiniens[50].
Depuis , à la suite de la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, l'autorité palestinienne est contestée dans ce territoire. Il y existe un président de fait, Abdel Aziz Doweik depuis 2009.
Affrontements militaires avec Israël
En , l'État d'Israël lance l'opération militaire Plomb durci. L'objectif est de faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur des villes israéliennes proches de Gaza. Le , Israël déclare et applique un cessez-le-feu unilatéral à 2 h (heure locale)[51]. Cette opération militaire suscite une large réprobation dans l'opinion internationale, en raison du caractère jugé « disproportionné » de la riposte israélienne, du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens et des allégations d'utilisation par l'armée israélienne d'armes dont l'usage est restreint ou limité par le droit international humanitaire.
Offensive diplomatique palestinienne
À la suite du gel du processus de paix, le Président palestinien Mahmoud Abbas opte pour l'offensive diplomatique[réf. nécessaire].
Le , il demande officiellement à la tribune des Nations unies l'adhésion de l'État palestinien à l'ONU[52]. La demande est votée par l'Assemblée Générale et passe favorablement devant le Conseil de Sécurité mais les États-Unis mettent leur véto.
Le , l'UNESCO admet la Palestine en tant qu'État membre. Comme elle n'est pas encore un État membre des Nations unies, son admission a dû se faire par la recommandation du Conseil exécutif qui s'est ensuivie d'un vote favorable à la majorité des deux-tiers des États membres de l’ONU présents et votants à la Conférence générale[9]. Le vote a été obtenu avec 107 voix pour, 14 voix contre, et 52 abstentions[53]
Le , date anniversaire du vote du Plan de partage de la Palestine, la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État non-membre de l'ONU est portée au vote de l'Assemblée générale[54],[55]. L'Assemblée générale des Nations unies accepte la Palestine en tant qu’État observateur non membre par 138 voix pour (dont la France), 9 contre (dont les États-Unis, le Canada et Israël), et 41 abstentions (dont l'Allemagne et le Royaume-Uni), officialisant la reconnaissance d'un État palestinien au niveau international[56].
Le , la Palestine devient le 123e membre de la Cour pénale internationale[57].
Après l'accord de consensus national
Le , l'OLP et le Hamas signent un accord de consensus national qui « vise à mettre fin à la division politique et à la partition de fait entre la bande de Gaza et la Cisjordanie »[58]. Cet accord prévoit sept points dont les principaux sont : la formation d'un gouvernement d'union, des élections après six mois, la restructuration de l'OLP, la libération des prisonniers politiques respectifs, et des commissions de réconciliation[58]. Le , Rami Hamdallah, premier ministre en poste est chargé de former un nouveau gouvernement de consensus national[59] et, le , le nouveau gouvernement prête serment[60].
Toutefois, un an plus tard, la feuille de route agréée par les deux parties n'a pas avancé et Fatah et Hamas sont à couteaux tirés[61] : les élections n'ont pas eu lieu et selon un responsable du Hamas, Mahmoud al-Zahar, c'est l'Autorité Palestinienne qui s'oppose à la réouverture du terminal égyptien de Rafah et à la réouverture des points de passage avec Israël[61]. Le , le président palestinien Mahmoud Abbas annonce la prochaine démission du gouvernement, ce que ne confirme pas Ehab Bseiso, porte-parole du gouvernement d'Union palestinien, qui lui parle seulement d'une rencontre le entre Mahmoud Abbas et le premier ministre Rami Hamdallah. Mahmoud Abbas dénonce le fait que le Hamas ait continué à gouverner seul la bande de Gaza[62]. Le , Rami Hamdallah remet la démission de son gouvernement au président palestinien qui lui demande de former le nouveau gouvernement[63].
La guerre civile syrienne
En , les 18 000 réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk près de Damas en Syrie sont entrainés dans la guerre civile syrienne quand les djihadistes de l'État islamique prennent le contrôle de 90 % du camp, forçant le gouvernement palestinien à s'exprimer sur le conflit. En effet, selon Georges Malbrunot du Figaro, le camp est menacé par la pénurie tandis que les combats et exactions s'y poursuivent, rendant, selon l'ONU, les conditions de vie « inhumaines » . Un représentant de l'Autorité palestinienne à Damas a affirmé que les groupes palestiniens participeraient aux combats avec les forces loyalistes syriennes, mais à Ramallah, l'OLP, dans un communiqué, « refuse […] de devenir une des parties au conflit »[64].
La Palestine est une république semi-présidentielle unitaire. En 2020, son indice de démocratie la place 113e parmi 167 pays[65].
La Mouqata'a désigne les bureaux gouvernementaux de l'Autorité palestinienne. Principalement deux « Mouqata'as » ont été utilisées par le pouvoir palestinien, à Ramallah en Cisjordanie (actuelle) et dans la ville de Gaza.
Dirigeants actuels
Fonction | Nom | En fonction depuis le |
---|---|---|
Président | Mahmoud Abbas | |
Premier ministre | Mohammad Mustafa | |
Président du Conseil législatif | Abdel Aziz Doweik |
Pouvoir exécutif
La Palestine est dirigée par un Président élu au suffrage universel et par un Premier ministre nommé par le Président et issu de la majorité parlementaire du Conseil législatif. La dernière élection présidentielle a eu lieu en 2005.
Pouvoir législatif
Les élections législatives palestiniennes de 2006 ont élu les 132 membres du Conseil législatif palestinien (Parlement palestinien) parmi les candidats issus des 16 districts des territoires palestiniens occupés.
La Palestine dispose également d'un Parlement en exil, le Conseil national palestinien qui compte 669 élus. Les membres du Conseil législatif en font automatiquement partie mais il comprend également des représentants de toutes les communautés palestiniennes de la diaspora. Son bureau principal est établi à Amman mais il dispose également d'une branche à Ramallah. C'est lui qui déclara l'indépendance de la Palestine à Alger en 1988.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a assuré qu'au moins sept sièges seraient réservés aux candidats chrétiens au sein du Parlement après les élections législatives de mai 2021, les premières depuis quinze ans[66].
Partis politiques palestiniens
Conflit Fatah-Hamas
Après la mort de Yasser Arafat en 2004, la « vieille garde » du Fatah était en proie au népotisme, à la corruption, et sa politique a conduit à une forte hausse de la criminalité ainsi qu'au déclin des prestations des services publics. Cette situation fut propice à la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006. Le Hamas obtenant 48,3 % des suffrages, le Fatah 43,8 %[67]. La période de mars à a été marquée par des tensions lorsque les commandants du Fatah ont refusé d’obéir aux ordres du gouvernement dominé par le Hamas tandis que l'Autorité palestinienne lançait une campagne d'assassinats et d'enlèvements contre des dirigeants du Hamas. Le Hamas entreprit des représailles du même ordre[68]. Le conflit prit de l'ampleur après l’échec de tentatives des deux factions palestiniennes à parvenir à un accord de partage du pouvoir. Cette confrontation déboucha sur des affrontements violents. Plus de 600 Palestiniens furent tués dans les combats à Gaza de à [69].
La conséquence politique de ce conflit a été la scission de l’Autorité palestinienne en deux régimes politiques revendiquant chacun être les véritables représentants du peuple palestinien. Le Fatah dirige l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, le Hamas contrôle la bande de Gaza. Plusieurs tentatives de réconciliation, dont les accords du Caire en 2011 et de Doha en 2012, n'ont pas abouti.
Régime juridique
Loi fondamentale
La Loi fondamentale palestinienne dont la dernière version date de 2003 fait office de constitution à la Palestine[70].
Droit civil
Selon un rapport de la Commission de Venise « le régime légal palestinien est particulièrement complexe puisqu'il a des origines très diverses[71].
Le droit civil est constitué par la coutume islamique ('urf) et la loi islamique (charia), le droit foncier ottoman, les règles du Mandat britannique, le droit civil jordanien pour la Cisjordanie, le droit civil égyptien pour la bande de Gaza et les lois et décrets élaborés par l'Autorité palestinienne »[71].
Les premières discussions sur le régime juridique palestinien et sa mise en œuvre dans les territoires palestiniens eurent lieu lors des accords d'Oslo en 1993 relatifs aux processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne[71].