Racing Club de Roubaix
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Le Racing Club de Roubaix, abrégé en RC Roubaix, est un club de football français fondé en 1895, disparu en 1948 ou 1990[note 1], et situé à Roubaix dans le Nord.
Nom complet | Racing Club de Roubaix |
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Noms précédents |
Racing Club roubaisien (1895-1905) Racing Club de Roubaix (1905-1948) |
Fondation | 1895 |
Disparition | 1948 ou 1990[note 1] |
Statut professionnel | 1933-1945 |
Couleurs | Bleu ciel et noir |
Stade | Parc Jean-Dubrulle |
Siège | Rue du Chemin-Neuf, Roubaix |
National[note 2] | Championnat de France de l'USFSA (5) |
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Fondé le , le RC Roubaix est l'un des premiers clubs du Nord. Il devient rapidement le meilleur club de France, remportant cinq fois entre 1902 et 1908 le championnat de France de l'USFSA, le premier championnat national de football organisé en France. Après la Première Guerre mondiale, le club continue sa suprématie, devenant quatre fois champion du Nord entre 1923 et 1930 et atteignant ensuite deux fois la finale de la Coupe de France en 1932 et en 1933. Le RC Roubaix s'y incline les deux fois, dont la deuxième lors d'un derby contre les Roubaisiens de l'Excelsior AC, fait unique dans l'histoire de la Coupe de France pour une ville de province.
Le RC Roubaix passe professionnel en 1933. Il participe alors à trois saisons de Division 2 puis à trois saisons de Division 1. En 1945, les dirigeants du RC Roubaix s'entendent avec ceux de l'Excelsior de Roubaix-Tourcoing et ceux de l'US Tourcoing pour unir leur section professionnelle au sein d'un nouveau club, le CO Roubaix-Tourcoing, qui devient champion de France en 1947. Dans la foulée, en 1948, la section football du RC Roubaix disparait finalement en fusionnant avec le CO Roubaix-Tourcoing.
En 1964, les dirigeants de la structure omnisports du RC Roubaix décident de quitter le giron du CO Roubaix-Tourcoing et de reformer une équipe de football dans le but de faire revivre les heures de gloire du RC Roubaix. Ils s'associent avec le Stade roubaisien, qui change son nom en Racing Stade de Roubaix, mais le club ne parvient pas ensuite à monter dans la hiérarchie. Le RS Roubaix finit par être absorbé en 1990 par Roubaix Football, issu du CO Roubaix-Tourcoing, mettant définitivement fin au club.
Les débuts du club (1895-1919)
Genèse du RC Roubaix (1895-1901)
En 1892, un groupe de jeunes roubaisiens, qui pratiquait auparavant le cricket au sein d'une association informelle créée en 1885 sous le nom de Batting Club, ayant appris ce sport lors de leurs études en Angleterre, se rassemble au sein d'une nouvelle entité baptisée French Club[a 1]. Ils jouent à la fois au football-association et au football-rugby, et organisent des matchs contre les Crusaders, club composé d'ouvriers anglais patronné par la firme de peignage de laine Holden basée à Croix. Les rencontres se déroulent d'abord sur un terrain près de la gare de Croix - Wasquehal puis sur une prairie à proximité de la rue de Roubaix à Tourcoing[1]. Désirant se donner une structure plus importante, les membres du French Club de Roubaix-Tourcoing décident en 1895 de fonder un club sportif. Ils fondent alors, le à la brasserie La Terrasse au 13 rue de la Gare[note 3] le Racing Club de Roubaix, nom sans doute influencé par celui du renommé Racing Club de France[note 4], avec Henri Lesur comme premier président du club[a 1],[d 2]. Le RC Roubaix est fondé en tant que club omnisports, avec à l'origine une section football, confiée à Albert Waeles, et une section course à pied, gérée par Maurice Dubly[1]. Rapidement, le club crée aussi une section de lancer de poids, de boxe, de savate et de tir à la corde, puis en 1897 de saut à la perche et de tennis[1].
La section football du RC Roubaix reste cependant la principale vitrine du club, qui se fixe sur le terrain du vélodrome roubaisien, ouvert en peu après la création du club[3]. Le club joue régulièrement des matchs amicaux contre les Crusaders de Croix, mais aussi contre les clubs belges du FC Bruges et du SC Bruxelles, et même contre les Parisiens du RC France, qu'ils battent à la surprise générale une première fois cinq buts à quatre à Roubaix le puis une deuxième fois trois buts à un le à Paris[1]. Dans le même temps, en 1894, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, première fédération française à reconnaître le football, crée un championnat de France auquel seuls les clubs parisiens sont autorisés à participer dans un premier temps. En réponse, le Sporting Club de Tourcoing crée en 1898 un challenge international du Nord, compétition qui regroupe des clubs du Nord, de Normandie et de Belgique[4]. Dès la première édition, les Roubaisiens arrivent en finale mais sont défaits par le Léopold Club de Bruxelles sur le score de trois buts à un[5].
Affilié à l'USFSA, le RC Roubaix participe en 1898 à la première édition du championnat du Nord USFSA, premier championnat provincial mis en place par la fédération. Le RC Roubaix termine deuxième derrière l'Iris Club lillois[6]. L'année suivante, l'USFSA modifie ses compétitions : désormais, chaque champion régional se qualifie pour le championnat de France, joué en tournoi à élimination directe. Les clubs parisiens devront alors se mesurer aux clubs provinciaux. Les Roubaisiens ne parviennent pas à se qualifier lors des premières éditions, devancés en championnat du Nord par l'Iris Club lillois en 1899[7] et en 1901[8] et par l'US Tourcoing en 1900[9].
Mainmise sur le championnat USFSA (1901-1919)
Par la suite, le RC Roubaix continue à participer au championnat du Nord USFSA, qu'il remporte sept fois de suite entre 1902 et 1908. En 1902, champion du Nord, le RC Roubaix est qualifié pour le championnat de France USFSA 1902, qui regroupe cette année les champions des quatre championnats régionaux alors existants, celui de Paris, du Nord, de Normandie et de Champagne. En demi-finale, le RC Roubaix est opposé au champion de Champagne, le SA sézannais, qu'il écarte très facilement douze buts à un. En finale, les Roubaisiens sont opposés au RC France le . La rencontre est serrée. Des prolongations avec but vainqueur doivent être disputées. Au terme d'un match de plus de 2 h 30 marqué par trois prolongations de vingt minutes, le RC Roubaix finit par l'emporter sur le score de quatre buts à trois et remporte ainsi son premier titre de champion de France[o 1],[a 2],[10]. La saison suivante, après avoir éliminé Le Havre AC en demi-finale du tournoi national, les Roubaisiens sont de nouveaux opposés au Racing Club de France. Le titre doit cette fois se disputer en deux matchs. Le premier est joué le devant 5 000 spectateurs et se termine sur un résultat nul deux buts partout malgré une longue prolongation[note 5]. La deuxième rencontre a lieu le à Lille au stade de l'Iris Club lillois et cette fois, les Roubaisiens parviennent à prendre le dessus sur les Parisiens et s'imposent trois buts à un[11].
D'autre part, le RC Roubaix prend aussi part au challenge international du Nord de 1902 à 1904, auquel des clubs parisiens participent désormais. Pour l'édition 1903, le club est battu en finale le à Tourcoing par le Racing Club de Bruxelles[12], qui enlève son troisième titre, tandis qu'il déclare forfait en demi-finale en 1902 et en 1904[13],[14].
De 1904 à 1906, le championnat du Nord est divisé en deux groupes, le groupe Maritime et le groupe Terrien auquel prend part le RC Roubaix. Le champion du Nord est alors le vainqueur d'une finale opposant le premier de chaque groupe. Pour la saison 1904, les Roubaisiens battent le Racing Club de Calais en finale du championnat du Nord. En championnat de France, le club écrase en demi-finale le Stade rennais par douze buts à un pour affronter de nouveau en finale le champion de Paris, tout comme les deux années précédentes. Il s'agit cette fois-ci de l'United Sports Club, composé majoritairement d'Anglais. Les Parisiens mènent rapidement deux buts à zéro et tiennent le score jusqu'à la mi-temps, mais les Roubaisiens inscrivent quatre buts en deuxième mi-temps pour s'adjuger leur troisième titre de champion de France consécutif[15]. Pour la saison 1905, le RC Roubaix élimine l'US Boulogne en finale du championnat du Nord, puis l'Amiens Athlétic Club en demi-finale du championnat de France par cinq buts à un. Cependant, les Roubaisiens ne remportent pas leur quatrième titre, battus en finale par les Parisiens du Gallia Club. Le match, serré, a lieu le au Parc des Princes, le Gallia ne s'imposant qu'un but à zéro grâce à une réalisation d'Albert Jouve au bout de 118 minutes de jeu[16].
Il ne faut attendre qu'un an pour voir le RC Roubaix récupérer son titre de champion de France. Le titre de champion du Nord est cette année de nouveau remporté aux dépens de l'US Boulogne, puis les Nordistes se qualifient pour la finale nationale en battant largement le Stade rémois[note 6] sept buts à zéro. En finale, ils sont une fois encore opposés au champion de Paris, le Cercle athlétique de Paris, qu'ils battent par quatre buts à un[17].
Édition | Vainqueur | Score | Finaliste |
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1902 | RC Roubaix | 4 - 3 | RC France |
1903 | RC Roubaix | 3 - 1 | RC France |
1904 | RC Roubaix | 4 - 2 | United SC |
1905 | Gallia Club | 1 - 0 | RC Roubaix |
1906 | RC Roubaix | 4 - 1 | CA Paris |
1907 | RC France | 3 - 2 | RC Roubaix |
1908 | RC Roubaix | 2 - 1 | RC France |
Lors de la saison 1907, le championnat du Nord retourne à une formule à un seul groupe, que le RC Roubaix remporte une nouvelle fois. Pour la sixième fois consécutive, les Roubaisiens accèdent ensuite à la finale du championnat de France, où ils affrontent comme en 1902 le RC France. Cette finale tourne cette fois à l'avantage des Parisiens qui l'emportent trois buts à deux[18]. En 1908, le club remporte son septième titre consécutif de champion du Nord. Lors du tournoi national, le RC Roubaix élimine d'abord l'Union Athlétique du Lycée Malherbe en quart de finale puis Le Havre sports en demi-finale pour accéder à la finale, jouée le à Tourcoing, encore une fois contre le RC France. Les Parisiens ouvrent le score par Raoul Matthey avant que les Roubaisiens n'égalisent par Charles Renaux puis prennent définitivement l'avantage par André François[19]. Le RC Roubaix remporte ainsi son cinquième et dernier titre de champion de France USFSA, en ayant réussi à participer à sept finales consécutives, performance qui ne sera jamais égalée. Grâce à ce nouveau titre, le club dépasse de plus au palmarès le Standard Athletic Club, vainqueur de cinq titres entre 1894 et 1901, pour aucune place de vice-champion[20].
Entre 1909 et 1914, le RC Roubaix perd sa suprématie régionale. Le club ne parvient plus à remporter le championnat du Nord et ne se qualifie donc pas pour le championnat de France. Les Roubaisiens sont battus alternativement par l'US Tourcoing et par l'Olympique lillois, qui remportent chacun un titre national, perpétuant la domination des clubs du Nord sur le championnat de France[21],[22]. D'autre part, le club participe encore trois fois au challenge international du Nord, qui prend de l'importance avec la participation de clubs néerlandais, suisses et même anglais[5]. Il n'atteint pas la finale en 1908 et en 1914[23],[24], au contraire de l'édition 1909 où le RC Roubaix affronte en finale un club anglais, Eastbourne Town (en). Les Anglais s'imposent cependant largement par cinq buts à un[25].
Au-delà des tournois officiels, la renommée internationale acquise par le RC Roubaix lui permet d'affronter à plusieurs reprises des clubs anglais en tournée en Europe continentale. Les Roubaisiens reçoivent par exemple une sélection du sud de Londres en 1905 (victoire cinq buts à trois), Hampstead Heathens (en) le (défaite cinq buts à trois) ou encore Plumstead en 1913 (défaite neuf buts à un)[26].
De l'amateurisme au professionnalisme (1919-1945)
Domination sur le championnat du Nord (1919-1932)
Les compétitions reprennent après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle le Racing Club de Roubaix perd 85 de ses membres[a 3]. Alors que l'USFSA régissait seule à l'origine la pratique du football en France, plusieurs autres fédérations se sont créées entretemps. Toutes ces fédérations disparaissent en 1919, pour laisser place à une fédération unique, la Fédération française de football association (FFFA), qui gèrera désormais les compétitions de football[note 7]. La FFFA est alors découpée en Ligues régionales, chacune organisant un championnat, dont le premier niveau s'appelle la Division d'Honneur. Naturellement, le RC Roubaix est l'une des neuf équipes qui prennent part à la première édition de la Division d'Honneur de la Ligue du Nord lors de la saison 1919-1920. L'équipe termine le championnat à la troisième place derrière l'US Tourcoing et l'Olympique lillois et juste devant ses voisins du Stade roubaisien[27]. Cette saison est aussi l'occasion pour le club de participer pour la première fois à la Coupe de France, en éliminant dans un derby le Stade roubaisien en 32e de finale par cinq buts à un avant de tomber au tour suivant face au Gallia Club par deux buts à un. En 1921 et en 1922, le RC Roubaix termine deux fois vice-champion du Nord derrière l'Olympique lillois. La première fois, les Roubaisiens ne sont devancés qu'à la moyenne de buts, puis sont battus l'année suivante en phase finale dans une formule opposant les vainqueurs de trois groupes[27].
Il faut attendre la saison 1922-1923 pour voir le RC Roubaix remporter la Division d'Honneur et redevenir ainsi le meilleur club du Nord, en parvenant à devancer son rival lillois de deux points, mais aussi les deux autres clubs roubaisiens que compte la division cette saison, le Stade roubaisien et l'Amical Club des Arts Roubaix[a 4],[27]. Dans le même temps, le club atteint cette saison les quarts de finale de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Les Roubaisiens sont défaits le à Rouen par le futur vainqueur de l'épreuve, le Red Star Amical Club. Outre la concurrence féroce que le RC Roubaix entretient en Division d'Honneur avec les deux autres grands clubs de la conurbation Lille-Roubaix-Tourcoing, à savoir l'Olympique lillois et l'US Tourcoing, il va désormais en entretenir une nouvelle avec les Picards de l'Amiens AC, les deux clubs se partageant les titres entre 1923 et 1927. En effet, le RC Roubaix remporte deux autres titres de champion du Nord en 1925 et 1926[28], mais doit se contenter de places d'honneur en 1924 et en 1927, avec une troisième et une cinquième place[27]. La saison 1927-1928 est difficile pour les Roubaisiens, qui échappent de peu à la relégation en Promotion d'Honneur. Dans une division à dix équipes où les deux derniers sont relégués, ils terminent sixièmes, un point seulement devant le neuvième, son voisin du Stade roubaisien, qui lui est relégué[27]. La même année, la ville gagne un nouveau derby avec la fusion du Football Club de Roubaix et de l'Excelsior Club de Tourcoing pour former l'Excelsior Athlétic Club de Roubaix, qui évoluera lui aussi en Division d'Honneur[d 3]. Cette saison 1928-1929 se passe mieux puisque le club termine deuxième à trois points de l'Olympique lillois, avant de remporter en 1930 son quatrième et dernier titre de Division d'Honneur du Nord, en devançant assez largement son dauphin de l'US Tourcoing. Le club retombe ensuite en 1931 à une décevante cinquième place[27]. Dans le même temps, malgré les titres de champion du Nord, le RC Roubaix peine à s'illustrer en Coupe de France entre 1924 et 1931, ne dépassant pas le stade des huitièmes de finale[note 8].
Double finaliste de la Coupe de France (1932-1933)
Après plusieurs parcours consécutifs mitigés en Coupe de France, le RC Roubaix va cette fois s'illustrer lors de l'édition 1931-1932. Les Roubaisiens inscrivent d'abord douze buts face à l'US auchelloise au 4e tour préliminaire puis éliminent l'US quevillaise en 32e de finale par quatre buts à zéro. Le club sort ensuite le RC lensois cinq buts à un, le Red Star Olympique trois buts à zéro, le FC rouennais trois buts un et l'OGC Nice trois buts à zéro. Il se qualifie ainsi pour la finale de la Coupe, après avoir survolé l'épreuve en marquant dix-huit buts en phase finale pour seulement deux encaissés[29]. Le , le RC Roubaix est opposé en finale à l'AS Cannes au stade olympique Yves-du-Manoir de Colombes, sous l'arbitrage de Louis Raguin. En dépit de l'importance du football nordiste, il s'agit de la première participation d'un club du Nord à une finale. Mais à l'issue du match, la Coupe ne partira toujours pas au Nord. En effet, l'enjeu paralyse les Roubaisiens, qui jouent en dessous de leur niveau, et les Cannois, qui ne jouent plus qu'avec neuf joueurs valides après les blessures de leur buteur Charles Bardot et de leur demi centre Stanley Hillier pendant le match, parviennent tout de même à marquer à la 83e minute de jeu. Le seul but du match est marqué le capitaine Louis Cler, qui reprend de la tête un centre de Marius Besson, battant le gardien roubaisien François Encontre[29],[30],[note 9].
L'année 1932 marque un tournant important dans l'histoire du football français. Le professionnalisme est instauré en même temps qu'un nouveau championnat de France. Mais le RC Roubaix, même s'il est l'un des meilleurs clubs de France, ne souhaite pas passer professionnel, au contraire de son voisin de l'Excelsior, et reste sous statut amateur en Division d'Honneur du Nord. Malgré cela, le club continue à briller en Coupe de France lors de l'édition 1932-1933. Des 32e de finale aux demi-finales, les Roubaisiens inscrivent dix-huit buts sans en encaisser un seul, en éliminant surtout trois clubs professionnels sans difficulté, le SC Nîmes, les SO montpelliérains et l'AS Cannes[31]. La finale oppose le le RC Roubaix à l'Excelsior AC Roubaix. Cette finale est exceptionnelle à plus d'un titre. Elle oppose pour la première et dernière fois deux clubs de la même ville de province[note 10], et oppose les amateurs du Racing aux professionnels de l'Excelsior, un an seulement après l'instauration de ce statut en France. Différence notable de préparation entre professionnels et amateurs, l'Excelsior arrive en Île-de-France deux jours avant le match, tandis que le Racing n'arrivent que le matin de la rencontre[d 4]. Le match tourne rapidement à l'avantage des professionnels, qui mènent déjà trois buts à zéro après une demi-heure de jeu malgré un jeu défensif du Racing, dont l'équipe est de plus rapidement diminuée après une blessure de son capitaine Marcel Lechanteux. L'avant André Van Vooren réduit bien l'écart à la 72e minute de jeu d'un tir puissant de près sur une passe d'André Chauvel, mais le Racing s'incline finalement trois buts à un et perd sa deuxième finale de Coupe de France consécutive[o 2],[31],[32]. La Coupe part tout de même à Roubaix et à leur retour, les deux équipes sont longuement fêtées à la gare[a 5].
Premières saisons en professionnel (1933-1945)
Le RC Roubaix franchit le pas du professionnalisme en 1933. La FFFA accepte la participation du club au championnat de France, mais l'affluence des nouvelles équipes professionnelles oblige la Fédération à créer une Division 2, dans laquelle démarre les Roubaisiens pour la saison 1933-1934. Les vingt-trois équipes participantes sont réparties en deux groupes Nord et Sud. Le club termine sa première saison professionnelle à la sixième place du groupe Nord, à sept points du RC Strasbourg, promu en Division 1[33]. Un grand nombre d'abandons du professionnalisme permet à la FFFA d'organiser la Division 2 avec un groupe unique pour la saison 1934-1935, où les deux premières équipes sont promues en Division 1. Le RC Roubaix manque de peu la montée avec une quatrième place, avant de finalement gagner sa promotion à la fin de la saison 1935-1936. Avant la dernière journée, le FC rouennais, qui compte un match en retard, et les Roubaisiens possèdent tous deux 51 points contre 50 points pour l'AS Saint-Étienne. Les Stéphanois, qui se déplacent sur le terrain de l'OGC Nice, possèdent la moins bonne moyenne de buts. Le hasard du calendrier fait que le FC rouennais et le RC Roubaix s'affrontent lors de la dernière journée, un match nul envoyant les deux clubs en Division 1. De son côté, l'AS Saint-Étienne doit prendre les deux points de la victoire et espérer que Rouennais ou Roubaisiens s'imposent. Si les Stéphanois battent les Niçois six buts à un, l'autre rencontre accouche d'un non-match. Les deux équipes s'arrangent pour ne pas jouer et faire zéro à zéro, malgré les protestations des spectateurs. Le RC Roubaix assure ainsi sa promotion en terminant deuxième du classement, ne devançant qu'à la moyenne de but l'AS Saint-Étienne[33],[34].
Pour sa première saison en Division 1, le RC Roubaix rejoint l'Excelsior AC Roubaix. Il s'agit de la seule fois dans l'histoire du championnat de France, avec les deux saisons suivantes, qu'une ville de province possède deux clubs en Division 1. Lors de la première journée, disputée le , le RC Roubaix l'emporte facilement quatre buts à un face au FC Mulhouse et s'empare ainsi de la première place du classement[35]. Le premier derby roubaisien a lieu le jour de Noël 1936. Il tourne à l'avantage de l'Excelsior, qui l'emporte trois buts à deux. Le Racing est alors rentré dans le rang, et pointe à la seizième place du classement sur dix-huit équipes à la moitié du championnat, les deux dernières équipes étant reléguées en Division 2[36]. Condamné à jouer le maintien, le club termine bien son championnat, avec trois victoires et un nul lors des cinq dernières journées, dont une victoire importante quatre buts à trois contre le Stade rennais UC, concurrent direct au maintien[37],[38]. Les Roubaisiens terminent finalement à la douzième place. Lors de la saison 1937-1938, le club réalise sa meilleure saison en Division 1 en terminant à la huitième place. La saison est de plus ponctuée par une double victoire dans le derby roubaisien, un but à zéro puis deux buts à un[39],[40]. La troisième saison en Division 1 sera difficile pour le club, qui termine dernier avec seulement quatre victoires et avec la moins bonne moyenne de buts. Le RC Roubaix est alors relégué en Division 2[41].
Mais le début de la Seconde Guerre mondiale vient perturber les championnats. La Division 2, à laquelle devait prendre part le RC Roubaix, est annulée, tandis qu'une Division 1 s'organise sur la base du volontariat[42],[note 11]. Lors des saisons 1940-1941 et 1941-1942, les clubs professionnels de la zone interdite ne peuvent plus participer aux compétitions. Pour la saison 1941-1942, douze clubs du Nord, dont le RC Roubaix, doivent alors organiser leur propre championnat[o 3]. Les Roubaisiens continuent tout de même à participer à la Coupe de France sur cette période, mais peinent à bien y figurer, battus notamment lors de l'édition 1944-1945 en 32e de finale par l'Excelsior AC Roubaix, par cinq buts à trois[43].
Le temps des fusions (1945-1990)
Fusion au sein du CO Roubaix-Tourcoing (1945-1964)
Après la Libération de la France, les compétitions reprennent leur cours à partir de la saison 1945-1946, se basant sur les résultats de la saison 1938-1939. Le RC Roubaix, dernier de Division 1 cette saison-là, doit alors démarrer en Division 2 pour la saison 1945-1946, tandis que l'Excelsior AC Roubaix continue en Division 1. Cependant, en juin 1945, un rapprochement a lieu entre les deux clubs pour fusionner afin de former un seul club d'envergure à Roubaix. La proposition est d'abord repoussée en assemblée générale[o 4], avant qu'Albert Prouvost, président de l'Excelsior, patron du peignage Amédée Prouvost et propriétaire du stade Amédée-Prouvost, ne recontacte Robert Motte et Georges Verriest, les dirigeants du Racing Club, mais aussi Charles Van de Veegaete et Ernest Lefèvre, ceux de l'US Tourcoing, afin que les trois clubs mettent leurs forces en commun[44]. La négociation débouche sur la fusion des équipes professionnelles uniquement, afin de conserver la personnalité de chacun des trois grands clubs, dont les sections amateurs subsistent[o 4],[d 4]. Le nouveau club prend le nom de Club olympique Roubaix-Tourcoing, prenant la place de l'Excelsior en Division 1, tandis que le nom RC Roubaix continue d'exister avec l'équipe amateur, qui repart en Division d'Honneur de la Ligue du Nord. Pour cette saison 1945-1946, l'équipe amateur du RC Roubaix ne termine que douzième sur quatorze équipes, en position de premier relégable[45]. L'équipe amateur du RC Roubaix est alors reléguée en Promotion d'Honneur, et ne rejoindra plus jamais le plus haut niveau du championnat du Nord[46].
Pendant ce temps, le CO Roubaix-Tourcoing réalise de très bonnes performances, à un tel point que l'ambition initiale des dirigeants des trois clubs fusionnés se concrétise lorsque le club remporte le titre de champion de France 1946-1947. L'année suivante, les sections amateurs des deux clubs roubaisiens sont rattachées au CO Roubaix-Tourcoing[d 5]. Plus aucune équipe ne joue alors sous le nom RC Roubaix. Le CO Roubaix-Tourcoing connaît ensuite des saisons difficiles, en raison notamment de problèmes de trésorerie qui subviennent au club parallèlement à la crise de l'industrie textile qui touche les villes de Roubaix et de Tourcoing[o 5]. Le club est relégué en Division 2 à l'issue de la saison 1954-1955, puis l'US Tourcoing reprend son indépendance en 1957. Le club réalise de piètres performances en Division 2, finissant même dernier à la fin de la saison 1961-1962[note 12]. Finalement, le club abandonne le professionnalisme à la fin de la saison suivante et repart en Promotion d'Honneur de la Ligue du Nord au cinquième niveau de la hiérarchie. Dans le même temps, les dirigeants du RC Roubaix décident de quitter l'association et de reprendre leur indépendance[d 3],[d 4].
Retour à l'indépendance, fusions et épilogue (1964-1990)
En 1964, le stade Maertens du Stade roubaisien, un autre club de la ville, situé dans la même rue que le Parc Jean-Dubrulle du RC Roubaix, est en pleine rénovation et inutilisable. La structure omnisports du RC Roubaix se propose alors d'accueillir l'équipe de football du Stade roubaisien et l'idée d'un rapprochement entre les deux clubs est alors lancée[a 5]. Le , le Stade roubaisien change son nom en Racing Stade de Roubaix, qui a la particularité d'avoir été en avril 1919 le premier club affilié à la FFFA et donc de posséder le prestigieux no 1[d 4],[47],[48],[note 13]. En mélangeant le nom des deux clubs, le club devient le Racing Stade de Roubaix et décide de garder le no 1 du Stade roubaisien auprès de la FFF[48]. L'incontournable Georges Verriest du Racing devient le président du nouveau RS Roubaix, avec pour ambition de gravir les échelons du football français pour remettre le club parmi les meilleurs de France[a 5]. Malgré ce rapprochement, le RS Roubaix ne rejoindra jamais la Division d'Honneur du Nord[46] et va rester dans les divisions inférieures de la Ligue du Nord et du District de Flandre, ne revenant au mieux qu'en Promotion d'Honneur, deuxième niveau régional, pour la saison 1969-1970[a 6].
Parallèlement, le CO Roubaix-Tourcoing finit définitivement sa dislocation et reprend le nom d'Excelsior AC Roubaix en 1970. En 1977, il absorbe un autre club de la ville, le Sporting Club de Roubaix, qui bénéficie des solides infrastructures de l'Union Roubaix Omnisports dont il est membre-fondateur[o 6],[note 14], et devient le Roubaix Football[49],[50]. Le club parvient à obtenir des résultats corrects en jouant régulièrement en Division 4 et en Division 3, accrochant même une saison en Division 2 lors de la saison 1983-1984[51]. Afin de créer un club roubaisien plus fort, comme à l'époque de la création du CO Roubaix-Tourcoing, le Roubaix Football, qui évolue alors en Division 4, absorbe en 1990 le RS Roubaix et devient le Stade Club olympique Roubaix[49]. Le Racing Club de Roubaix, devenu entretemps le Racing Stade de Roubaix, s'éteint donc définitivement. Dans le même temps, le prestigieux no 1 du RS Roubaix se retrouve donc radié de la FFF[48]. Mais en 1996, alors que le SCO Roubaix joue en National 1 au troisième échelon national, le maire de Roubaix René Vandierendonck ne renouvelle pas son aide financière au club. En manque d'argent, celui-ci est contraint de déposer le bilan. Le club est refondé sous le nom SCO Roubaix 59 et repart en Ligue du Nord-Pas-de-Calais[49]. Le SCO Roubaix 59, descendant du RC Roubaix, club historique et pionnier du football français, joue désormais au niveau régional en Ligue du Nord[52].