Victoria (reine)
reine du Royaume-Uni entre 1837 et 1901 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
Cher Wikiwand IA, Faisons court en répondant simplement à ces questions clés :
Pouvez-vous énumérer les principaux faits et statistiques sur Reine Victoria?
Résumez cet article pour un enfant de 10 ans
Pour les articles homonymes, voir Victoria, Victoria du Royaume-Uni (homonymie) et Victoria de Saxe-Cobourg.
Victoria[n 1], née Alexandrina Victoria le au palais de Kensington, à Londres et morte le à Osborne House sur l'île de Wight, étant appelée « Grand-mère de l'Europe », est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du jusqu'à sa mort. À partir du , elle devient également reine du Canada, ainsi qu'impératrice des Indes à compter du , puis enfin reine d'Australie le .
Victoria est la fille du prince Édouard-Auguste, duc de Kent et de Strathearn, le quatrième fils du roi George III. Le duc et le roi meurent en 1820 et Victoria est élevée par sa mère d'origine allemande, la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld. Elle monte sur le trône à l'âge de 18 ans après la mort sans héritiers légitimes des trois frères aînés de son père. Le Royaume-Uni était déjà une monarchie constitutionnelle dans laquelle le souverain avait relativement peu de pouvoir politique. En privé, Victoria essaye d'influencer les politiques gouvernementales et les nominations ministérielles. En public, elle devient une icône nationale et est assimilée aux normes strictes de la morale de l'époque.
Victoria épouse son cousin germain, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha en 1840. Leurs neuf enfants épousent des membres de familles royales et nobles européennes diverses, ce qui vaut à Victoria le surnom de « grand-mère de l'Europe ». Après la mort d'Albert en 1861, Victoria sombre dans une profonde dépression et se retire de la vie publique. En conséquence de ce retrait, le républicanisme gagne temporairement en influence, mais sa popularité remonte dans les dernières années de son règne grâce à ses jubilés d'or et de diamant qui donnent lieu à de grandes célébrations publiques.
Son règne de 63 ans et 7 mois est le deuxième plus long de toute l'histoire du Royaume-Uni après celui d'Élisabeth II, son arrière-arrière-petite-fille. Connu sous le nom d'époque victorienne (bien que cette époque eût commencé en 1832), il marque une période de profonds changements sociaux, économiques et technologiques au Royaume-Uni et une rapide expansion de l'Empire britannique. Victoria est le dernier monarque britannique de la maison de Hanovre à régner sur les îles Britanniques depuis 1714, car son fils et héritier Édouard VII appartenait à la lignée de son père, la maison de Saxe-Cobourg et Gotha.
Naissance et famille
Le père de Victoria était le prince Édouard-Auguste de Kent et de Strathearn, le quatrième fils du roi George III. Jusqu'en 1817, la nièce d'Édouard, la princesse Charlotte Augusta de Galles, était la seule petite-fille légitime de George III. Sa mort en 1817 entraîna une crise de succession au Royaume-Uni et le duc de Kent et ses frères célibataires furent invités à se marier et à avoir des enfants. En 1818, le duc épousa la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld, une princesse allemande dont le frère Léopold était le veuf de la princesse Charlotte Augusta. La princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld — dorénavant connue sous le titre de duchesse de Kent — avait déjà deux enfants issus de son premier mariage avec Émile-Charles de Linange (1763 – 1814) : Charles de Leiningen (1804 – 1856) et Théodora de Leiningen (1807 – 1872). Plus tard dans sa vie, Victoria maintient des contacts étroits avec sa demi-sœur. Le duc et la duchesse eurent un seul enfant, Victoria, née à 4 h 15 le au palais de Kensington à Londres[1].
Baptême de la princesse
La princesse Alexandrina Victoria est baptisée en privé par l'archevêque de Cantorbéry, Charles Manners-Sutton, le dans la Cupola Room du palais de Kensington[n 2]. Elle est baptisée Alexandrina d'après l'un de ses parrains, l'empereur Alexandre Ier, et Victoria d'après sa mère. D'autres noms proposés par ses parents, Georgina (ou Georgiana), Charlotte et Augusta, furent abandonnés sur les instructions du frère aîné du duc, le prince régent (futur George IV[2]).
Ordre de succession au trône
À sa naissance, Victoria est en cinquième place dans l'ordre de succession au trône britannique, après son père et les trois frères aînés de ce dernier : le prince régent, le duc d'York et le duc de Clarence (futur Guillaume IV[3]). Le prince-régent et le duc d'York sont séparés de leurs épouses et sont d'un âge avancé ; il est donc improbable qu'ils aient d'autres enfants. Les ducs de Kent et de Clarence se marient le même jour, un an avant la naissance de Victoria, mais les deux filles du duc de Clarence (nées respectivement en 1819 et 1820) meurent en bas âge. Le grand-père et le père de Victoria meurent en 1820 à moins d'une semaine d'écart et le duc d'York meurt en 1827. À la mort de son oncle George IV en 1830, Victoria devient l'héritière présomptive de son dernier oncle encore en vie, Guillaume IV. Le Regency Act (en) de 1830 charge la duchesse de Kent d'assurer la régence dans l'éventualité où Guillaume IV mourrait avant que Victoria ait 18 ans[4]. Le roi n'avait pas confiance en la capacité de la duchesse à jouer le rôle de régente et en 1836, il déclare en sa présence qu'il veut vivre jusqu'au 18e anniversaire de Victoria pour éviter une régence[5].
Enfance familiale
Victoria décrit plus tard son enfance comme « plutôt triste »[6]. Sa mère était extrêmement protectrice et Victoria fut en grande partie élevée à l'écart des autres enfants sous ledit « système de Kensington », une série de règles et de protocoles stricts rédigés par la duchesse et son ambitieux et dominateur contrôleur de gestion, John Conroy, dont la rumeur prétendait qu'il était son amant[7]. Ce système empêchait la princesse de rencontrer des personnes que sa mère et Conroy jugeaient indésirables (dont la plus grande partie de la famille de son père) et était conçu pour la rendre faible et dépendante[8]. La duchesse évitait la cour car elle était scandalisée par la présence des enfants illégitimes du roi[9], et est peut-être à l'origine de la morale victorienne en insistant pour que sa fille ne fût pas exposée à l'inconvenance sexuelle[10]. Victoria partageait sa chambre avec sa mère chaque nuit, étudiait avec des tuteurs privés selon un emploi du temps précis et passait ses heures de jeu avec ses poupées et son King Charles Spaniel, Dash[11]. Elle apprit le français, l'allemand, l'italien et le latin[12], mais elle parlait uniquement anglais à la maison[13].
Premiers voyages
En 1830, la duchesse de Kent et Conroy emmènent Victoria dans le centre de l'Angleterre pour visiter les collines de Malvern. Ils s'arrêtent dans de nombreuses résidences aristocratiques sur le trajet[14]. D'autres voyages similaires furent organisés en Angleterre et au pays de Galles en 1832, 1833, 1834 et 1835. Au grand agacement du roi Guillaume IV, Victoria est accueillie avec enthousiasme à chacune de ses étapes[15]. Guillaume IV compare les voyages à des Joyeuses Entrées et s'inquiète de voir Victoria présentée comme une rivale plutôt que comme son héritière présomptive[16]. Victoria appréciait peu ces déplacements ; les constantes apparitions publiques la fatiguaient et elle avait trop peu de temps pour se reposer[17]. Malgré ses plaintes, appuyées par la désapprobation du roi, sa mère refuse d'interrompre ces déplacements[18]. À Ramsgate en , Victoria développe une forte fièvre, ce que Conroy ignore d'abord en considérant qu'il ne s'agissait que d'un caprice enfantin[19]. Pendant la maladie de Victoria, Conroy et la duchesse tentent sans succès de la convaincre de prendre Conroy comme secrétaire particulier[20]. À l'adolescence, Victoria résiste encore aux tentatives répétées de sa mère et de Conroy pour que ce dernier soit officiellement nommé dans son entourage[21]. Devenue reine, elle le bannit de la cour, mais il demeura dans la résidence de sa mère[22].
Relations avec Léopold Ier
En 1836, le frère de la duchesse, Léopold, devenu roi des Belges en 1831, espère marier sa nièce avec son neveu, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha[23]. Comme Léopold, la mère de Victoria et le père d'Albert (Ernest Ier de Saxe-Cobourg et Gotha) sont frères et sœur ; Victoria et Albert sont cousins germains. En , Léopold organise une réunion de ses proches appartenant à la famille Saxe-Cobourg et Gotha avec la mère de Victoria dans l'objectif de présenter Albert[24]à Victoria. Guillaume IV est cependant peu favorable à une union avec les Saxe-Cobourg et Gotha et préférait le parti d'Alexandre des Pays-Bas, le second fils du prince d'Orange[25]. Victoria était consciente des nombreux projets matrimoniaux la concernant, et elle évaluait de manière critique les différents candidats[26]. Selon son journal, elle apprécia la compagnie d'Albert dès leur première rencontre. Après sa visite, elle écrivit « [Albert] est extrêmement beau ; ses cheveux sont de même couleur que les miens ; ses yeux sont grands et bleus et il a un beau nez et une bouche très douce avec de belles dents ; mais le charme de sa contenance est son atout le plus délicieux »[27]. À l'inverse, Alexandre était jugé « très quelconque »[28].
Victoria écrivit à son oncle Léopold, qu'elle considérait comme son « meilleur et plus gentil conseiller »[29], pour le remercier « de la perspective de l'immense bonheur que vous avez contribué à me donner en la personne de ce cher Albert… Il possède toutes les qualités qui pourraient être désirées pour me rendre parfaitement heureuse. Il est si raisonnable, si gentil et si bon et si aimable aussi. Il a en plus l'apparence et l'extérieur les plus plaisants et les plus délicieux qu'il vous est possible de voir[30] ». À 17 ans, Victoria, bien qu'intéressée par Albert, n'est cependant pas prête à se marier. Les deux parties ne s'accordent pas sur un engagement formel, mais supposent que l'union se fera en temps et en heure[31].