Taïwan
pays insulaire d'Asie orientale dont la reconnaissance est limitée / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Cet article traite de l'île de Taïwan sous l'angle de l'histoire et de la politique, et de la république de Chine depuis son repli sur cette île. Il aborde tous les domaines concernant ce pays (politique, économie, diplomatie, culture, etc.). Les questions liées à la géographie de l'île sont traitées dans l'article Taïwan (île).
Taïwan[alpha 2] (chinois traditionnel : 臺灣 ; chinois simplifié : 台湾 ; pinyin : Táiwān) désigne de manière usuelle la république de Chine, son nom officiel (中華民國 / 中华民国, Zhōnghuá Mínguó). Elle est aussi parfois désignée en tant que république de Chine (Taïwan)[alpha 3] ou « Taipei chinois »[alpha 4]. Le territoire de cet État souverain[alpha 5] de l'Asie de l'Est s'étend sur 168 îles dont la principale est Taïwan.
(zh-Hant) 中華民國
(zh-Latn) Zhōnghuá Mínguó
Drapeau de la république de Chine |
Emblème de Taïwan |
Hymne |
en chinois : 三民主義歌 (San Min Chu-i, « trois principes du peuple ») |
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Forme de l'État | République unitaire à régime semi-présidentiel |
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Revendiqué par | République populaire de Chine |
Présidente de la République | Tsai Ing-wen |
Vice-président de la République | Lai Ching-te |
Premier ministre | Chen Chien-jen |
Parlement | Yuan législatif |
Langues officielles | Mandarin de Taïwan (sinogrammes traditionnels) |
Langues régionales officielles | langues reconnues : taïwanais, hakka, langues formosanes, dialecte de Fuzhou, min |
Capitale | Taipei (de facto)[alpha 1] |
Superficie totale |
35 980 km2 (classé 139e) |
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Fuseau horaire | UTC +8 |
Entité précédente | |
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Perte de la guerre civile chinoise | 1949 |
Présidence de Tchang Kaï-chek | – |
Démocratisation du régime | 1978-1987 |
Gentilé | Taïwanais |
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Population totale (2023[1]) |
23 588 613 hab. (classé 57e[1]) |
Densité | 656 hab./km2 |
PIB nominal (2022) | 762,67 milliards de dollars américains (21e/193) |
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PIB nominal par hab. (2020) | 28 310 $[2] |
PIB (PPA) par hab. (2020) | 55 720 $[2] |
Monnaie |
Nouveau dollar de Taïwan (TWD ) |
Coefficient de Gini (2014) | 33,6 %[3] |
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Indice de performance environnementale (2022) | 45,3[4] (74e) |
Code ISO 3166-1 |
TWN, TW |
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Domaine Internet | .tw, .台灣, .台湾 |
Indicatif téléphonique | +886 |
L'île de Taïwan est partiellement conquise par les Mandchous[7] de 1683 à 1895 sous la tutelle des Qing, puis cédée au Japon, par le traité de Shimonoseki (1895), à la suite de la première guerre sino-japonaise. Ce pays entreprend le développement de Taïwan, la dotant d'infrastructures importantes. En 1945, à la suite de la capitulation du Japon qui met fin à la Seconde Guerre mondiale, la république de Chine recouvre Taïwan. En 1949, le gouvernement de la république contrôlé par le Kuomintang s'y installe, après avoir perdu la guerre civile contre les communistes en Chine continentale. Cette installation s'accompagne d'un transfert massif de population. En , Hainan est à son tour occupée par l’armée populaire de libération ; la république de Chine ne contrôle alors plus que l'île de Taïwan et quelques autres territoires insulaires plus petits.
La république de Chine occupe le siège de la Chine à l'ONU jusqu'en 1971, date à laquelle la république populaire de Chine la remplace. La république de Chine et la république populaire de Chine revendiquent chacune la pleine et légitime souveraineté sur la totalité du territoire chinois (Chine continentale et Taïwan). Dans les faits, Taïwan a une indépendance administrative, politique, diplomatique et militaire par rapport au continent, mais son indépendance n'a jamais été proclamée ni par le gouvernement de l'île, ni par celui du continent. La république populaire de Chine considère Taïwan comme sa 23e province et refuse toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissent la république de Chine. Elle était considérée comme une province de la république de Chine (selon les dispositions de sa constitution d'avant 1949) par le gouvernement de Taïwan jusqu’à la démocratisation du pays dans les années 1990. Taïwan entretient des relations diplomatiques officielles avec une douzaine de pays, et des relations officieuses avec de nombreux autres.
Une réforme agraire réussie puis un développement économique rapide et soutenu pendant la deuxième moitié du XXe siècle ont transformé Taïwan, un des quatre dragons asiatiques, en un pays industrialisé développé jouissant d'un niveau de vie équivalant à celui du Japon, de la Corée du Sud ou des pays occidentaux. Cette ascension économique est souvent appelée le miracle taïwanais. Ses industries de haute technicité jouent un rôle essentiel dans l'économie mondiale. Les entreprises taïwanaises fournissent une bonne partie des produits électroniques du monde, mais la grande majorité de ceux-ci sont fabriqués dans leurs usines en république populaire de Chine et dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est. Ce développement économique s'est réalisé parallèlement à la démocratisation de la vie politique locale, après plus de quarante années passées sous un régime autoritaire.
En 2021, Taïwan se classe au 15e rang mondial pour le PIB par habitant (en parité de pouvoir d'achat), et au 21e rang pour le PIB en dollars courants[8].
Le mouvement démocratique de la fin des années 1980 a fait passer Taïwan d'une dictature à parti unique à un État démocratique. Le niveau moyen d'instruction est élevé. Le taux de fécondité est très bas.
Selon les enquêtes annuelles de Reporters sans frontières, Taïwan se classe au premier rang en matière de liberté d'expression et de liberté de média en Asie, et au 35e rang mondial[9]. En 2019, Taïwan est devenu le premier pays d'Asie à légaliser le mariage homosexuel[10],[11].
Sur le plan politique, l'histoire officielle de la république de Chine débute par la première période républicaine, après la chute de l'empire Qing en 1911 et la proclamation de la République le de l'année suivante. À partir de 1945, elle se confond ensuite avec l'histoire de Taïwan, quand l'île, annexée par l'empire du Japon depuis la première guerre sino-japonaise, est rétrocédée par les Japonais à la suite de leur défaite par l'armée américaine, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale.
Histoire ancienne de l'île de Taïwan
Les traces d'occupation humaine de Taïwan sont anciennes : des restes humains datés au carbone 14 de 30 000 ans ont été retrouvés à Taïwan ; on a donné à ces restes humains le nom d'Homme de Zuozhen. Vers l'an 4000 avant notre ère, les ancêtres des populations austronésiennes actuelles arrivent à Taïwan en provenance du sud-est de la Chine. Selon la théorie dite Out of Taiwan (« sortie de Taïwan »), ils peuplent ensuite les Philippines vers 2500 av. J.-C., puis d'autres régions d'Asie du Sud-Est.
Les populations anciennes de Taïwan sont proches génétiquement des anciennes populations de la culture Lapita. Elles partagent également beaucoup d'allèles avec les populations du sud de la Chine de langues taï-kadaï. Ces résultats renforcent l'hypothèse selon laquelle les populations de langue taï-kadaï sont à l'origine de l'arrivée de l'agriculture dans l'île il y a près de 5 000 ans[12].
Les cultures austronésiennes à Taïwan se développent sans ingérence extérieure majeure jusqu’au début du XVIIe siècle et l’arrivée des Européens.
En 1542, une expédition portugaise en route vers le Japon (sans doute de Fernão Mendes Pinto) aperçut pour la première fois l'île, à 180 km des côtes chinoises. Face aux falaises luxuriantes qui transperçaient l'azur, les marins ne purent que s'exclamer : « Ilha formosa! », « La belle île ! ». Une légende qui explique l'origine du nom qu'on donna à cette terre à l'époque : Formose[13].
En 1626, le gouverneur général (espagnol) des Philippines envoya une expédition sous la conduite du capitaine Antonio Carreño, avec le père Bartolomé Martínez, qui avait déjà visité auparavant la côte de la Formose. Cette expédition parcourut la côte de l'île, et mouilla l'ancre dans le port de Keelung, où ils fondèrent la ville de San Salvador, en lui donnant le nom de la fête tous les Saints et en créant en 1632 quelques missions chrétiennes très actives.
Les Hollandais qui entreprennent la colonisation de l’île encouragent la migration chinoise à ses débuts, notamment dans le but de cultiver les terres. Cette migration s'accélère et entraîne un changement irrémédiable pour les populations aborigènes et pour l'avenir de l'île, en particulier à travers le métissage de la population. Zheng Chenggong, plus connu en Occident sous le nom de Koxinga, chasse les Hollandais de Taïwan en 1662 et la migration chinoise continue vers l'île. Pourtant, Zheng Chenggong, fidèle à la dynastie Ming chassée de la gouvernance de la Chine par les Mandchous, puis son fils Zheng Jing considèrent alors surtout Taïwan comme une base arrière en vue de reconquérir la Chine continentale. Les estimations donnent à l'époque des Zheng une population de 100 000 Chinois, contre 50 000 à l’époque des Hollandais, et autant d'aborigènes. Cette migration étant à ses débuts quasi exclusivement masculine, beaucoup de Chinois prendront comme épouses des aborigènes. Taïwan est prise aux Zheng par les Mandchous (dynastie Qing) en 1683 et reste sous son contrôle, jusqu'en 1895. Initialement considérée comme une simple possession chinoise, objet de rébellions fréquentes[14], elle devient une province indépendante en 1887[15]. Au début du XIXe siècle, Taïwan compte déjà plus de deux millions de Chinois.
Ère industrielle, colonisation européenne puis japonaise
Lors de la guerre franco-chinoise, la France bombarde Formose en août 1884, puis en 1885 assure son blocus avant de débarquer sur les îles Pescadores. En 1885, comprenant l'importance stratégique de l’île, les Qing élèvent Taïwan au rang de Province et Liu Mingchuan en devient le premier gouverneur.
En 1895, à la suite de la défaite face à l'empire du Japon dans la première guerre sino-japonaise, la Chine signe le traité de Shimonoseki, par lequel elle cède Taïwan ainsi que les îles Pescadores (îles Penghu) au Japon. Taïwan déclare alors son indépendance en mai 1895 sous le nom de république de Taïwan mais ne résiste que quelques mois, jusqu'en octobre 1895, à la prise de contrôle de l'île par le Japon. Taïwan fera ainsi partie pendant 50 ans de l’empire colonial japonais qui y pratique une politique d'assimilation. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les troupes japonaises se rendent à l'armée américaine (voir Capitulation du Japon), le (voir Jour de la Rétrocession), et sont alors contraintes de rendre Taïwan et les îles Pescadores à la république de Chine, tout en plaçant ces dernières sous tutelle des États-Unis, ce qui a été confirmé par le traité de San Francisco, signé en 1951 entre les États-Unis et le Japon[16].
Régime de Tchang Kaï-chek à Taïwan
Les troupes du Parti nationaliste chinois (Kuomintang) de Tchang Kaï-chek arrivent à Taïwan en 1945, dès le retrait des troupes japonaises, et la république de Chine recommence à gouverner l’île. L’île a été globalement épargnée par les destructions. À leur arrivée, les soldats chinois s'en étonnent et décrivent un pays développé et presque intact. Rapidement toutefois, des pénuries alimentaires apparaissent et des épidémies de peste bubonique et de choléra se propagent[17].
Très vite, le malaise s’installe entre les nouveaux venus et la population taïwanaise et le éclatent, sous le nom d'Incident 228, des émeutes et leur violente répression, provoquant la mort d'environ 30 000 Taïwanais, et la loi martiale est proclamée, c'est le début de la « Terreur blanche ». Après sa défaite face au Parti communiste chinois de Mao Zedong, Tchang Kaï-chek se replie à Taïwan en décembre 1949[18], avec près de deux millions de continentaux qui fuient le nouveau régime.
Tchang Kaï-chek reprend la présidence à vie de manière officielle en . Taïwan vivra alors pendant plusieurs décennies sous une dictature dirigée par le Kuomintang, avec l'appui des États-Unis, qui visait encore à cette époque la reconquête de la Chine continentale, Taipei n'étant considérée que comme capitale administrative provisoire en attendant le retour à Nankin[19],[20],[21].
En 1971, à la suite d'une demande formulée par 17 de ses membres, puis du rejet par la république populaire de Chine d'une proposition des États-Unis de reconnaître les deux nations chinoises[22], l'ONU vote la résolution 2758, par laquelle la république de Chine perd son siège au profit de la république populaire de Chine, qui devient le seul représentant de la Chine à l’ONU.
En 1978, Chiang Ching-kuo, fils de Tchang Kaï-chek mort trois ans plus tôt, devient le président de la république de Chine. Le régime, très autoritaire, s'assouplit peu à peu, comme en témoigne l'émergence d'un nouveau cinéma taïwanais (représenté par des cinéastes comme Hou Hsiao-hsien, Edward Yang et Tsai Ming-liang entre autres), qui aborde des questions historiques et d'identité de l'île. La parole devient plus libre, pour aboutir en 1987 à la levée de la loi martiale. En 1988, Lee Teng-hui lui succède et continue sa politique.
Régime démocratique
Dans les années 1980 et 1990, Taïwan évolue vers la démocratie[23].
Le premier parti d'opposition, le Parti démocrate progressiste (Minjindang) est créé en 1986. En 1996, Lee Teng-hui organise la première élection présidentielle au suffrage universel direct, qu'il remporte largement.
En 2000, l'opposition de Chen Shui-bian et la coalition pan-verte gagnent les élections : Chen Shui-bian est le premier président du pays à ne pas appartenir au Kuomintang. Il entreprend la consolidation de l'identité taïwanaise.
En 2004, il est réélu de justesse au cours d'une élection controversée et à la suite d'une tentative d'assassinat contre lui-même et la vice-présidente Annette Lu.
Le , le Kuomintang sort largement vainqueur des élections régionales.
En , Ma Ying-jeou, candidat du Kuomintang, est élu à la présidence de la République. Il est réélu pour un second mandat le avec 51,6 % des voix[24] contre la candidate du Parti démocrate progressiste Tsai Ing-wen.
En janvier 2016, le parti démocrate progressiste remporte à la fois les élections présidentielles et législatives, ce qui ne s'était encore jamais produit. L'indépendantiste Tsai Ing-wen remporte l’élection présidentielle avec 56 % des voix contre 31 % pour Eric Chu, le candidat du parti jusqu’ici au pouvoir, le Kuomintang. Tsai Ing-wen devient par ailleurs la première femme présidente de Taïwan[25]. Le Parti démocrate progressiste (Minjindang) dont elle est issue remporte de son côté 68 des 113 sièges du Parlement, lui offrant ainsi une majorité parlementaire solide.
Deux ans plus tard, lors des élections provinciales et municipales du , le parti démocrate progressiste sort perdant du scrutin, ne conservant que six sièges municipaux sur 22, tandis que 15 sièges reviennent au Kuomintang[26].
Le 11 janvier 2020, Tsai Ing-wen est néanmoins réélue avec 57,1 % des voix et un taux de participation record de 74,9 %[27] devant Han Kuo-yu, le candidat pro-Pékin. Avec 61 députés sur 113, son parti conserve la majorité au parlement malgré la perte de sept sièges.