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reine d'Angleterre de 1558 à 1603 (1533-1603) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Élisabeth Ire, née le au palais de Placentia à Londres et morte le au palais de Richmond dans la même ville, fut reine d'Angleterre et d'Irlande de 1558 à sa mort.
Élisabeth Ire | ||
Portrait de la reine Élisabeth par Segar, 1585. | ||
Titre | ||
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Reine d'Angleterre et d'Irlande | ||
– (44 ans, 4 mois et 7 jours) |
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Couronnement | en l'abbaye de Westminster |
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Prédécesseur | Marie Ire | |
Successeur | Jacques Ier | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison Tudor | |
Nom de naissance | Élisabeth Tudor | |
Surnom | The Virgin Queen (« La Reine vierge ») |
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Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Palais de Placentia, Greenwich Royaume d'Angleterre |
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Date de décès | (à 69 ans) | |
Lieu de décès | Palais de Richmond, Londres Royaume d'Angleterre |
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Sépulture | Abbaye de Westminster | |
Père | Henri VIII | |
Mère | Anne Boleyn | |
Religion | Anglicanisme | |
Résidence | Palais de Richmond Palais de Whitehall Palais de Hampton Court Palais de Hatfield |
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Monarques d'Angleterre | ||
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Élisabeth était la fille du roi Henri VIII, et le cinquième et dernier membre de la dynastie des Tudor sur le trône anglais. L'exécution de sa mère Anne Boleyn, trois ans après sa naissance, lui fit perdre son titre de princesse, reçu à sa naissance et entériné par le Second Acte de Succession. Son demi-frère Édouard VI nomma comme successeur, par lettre patente, sa cousine Jeanne Grey, ce qui écarta ses demi-sœurs Marie et Élisabeth de la succession au trône. Cependant, cette lettre patente d'Édouard VI fut interprétée comme acte de trahison et Jeanne Grey fut exécutée. Marie — fille d'Henri VIII et de la catholique Catherine d'Aragon — devint reine en . Élisabeth lui succéda cinq ans plus tard, après avoir passé près de deux mois en prison en raison de son soutien supposé aux rebelles protestants et plus de quatre ans en résidence surveillée, entre le palais de Woodstock et Hatfield Palace.
Élisabeth Ire s'entoura d'un groupe de conseillers de confiance mené par William Cecil pour définir sa politique. Comme reine, l'une de ses premières décisions fut de restaurer l'autorité de l'Église protestante anglaise aux dépens de l'Église catholique promue par sa demi-sœur Marie, comme seule religion d'État, et elle devint le gouverneur suprême de l'Église anglicane. Ce règlement élisabéthain évolua par la suite pour devenir l'Église d'Angleterre.
Elle était politiquement plus modérée que l'avaient été son père, Henri VIII, son demi-frère Édouard VI, et sa demi-sœur Marie Ire d'Angleterre ; l'une de ses devises était video et taceo (littéralement « je vois et je me tais »). Élisabeth Ire était relativement tolérante sur le plan religieux, ce qui ne l'empêcha pas de mener une politique de persécution à l'égard des catholiques après qu'en 1570, le pape l'eut excommuniée, encourageant ses sujets catholiques à ne plus lui obéir. La reine, qui échappa à plusieurs complots, adopta une diplomatie prudente et ménagea les grandes puissances européennes qu'étaient la France et l'Espagne. Elle ne soutint qu'à contrecœur plusieurs campagnes militaires dans les Pays-Bas, en France et en Irlande qui échouèrent en grande partie du fait du manque de ressources. Pendant son règne éclata la guerre anglo-espagnole qui vit l'Armada espagnole (Invincible Armada) tenter d'envahir le royaume d'Angleterre en 1588.
Le règne d'Élisabeth Ire appelé ère élisabéthaine est associé à l'épanouissement du théâtre anglais représenté par William Shakespeare et Christopher Marlowe, à l'émergence d'un style architectural, à l'installation permanente de colonies anglaises au Nouveau Monde ainsi qu'aux prouesses maritimes d'aventuriers comme Francis Drake et Walter Raleigh. Certains historiens ont cependant nuancé cet âge d'or supposé et qualifié Élisabeth Ire de souveraine irascible et indécise qui eut plus que sa part de chance. Vers la fin de son règne, une série de problèmes économiques et militaires affectèrent sa popularité. Élisabeth Ire est néanmoins reconnue pour son charisme et son caractère obstiné, à une époque où les monarques des pays voisins affrontaient des difficultés internes qui mettaient leurs trônes en péril. Ce fut par exemple le cas de sa rivale Marie Ire d'Écosse, qu'elle fit emprisonner en 1568, puis exécuter en 1587. Après les brefs règnes de ses demi-frère et demi-sœur, ses 44 années sur le trône ont apporté une stabilité bienvenue au royaume et aidé à forger une identité nationale.
En vieillissant, elle fut surnommée the Virgin Queen, la « Reine Vierge », et cet aspect fut célébré dans de nombreuses œuvres artistiques. Élisabeth Ire ne se maria jamais et la lignée Tudor s'éteignit avec elle, sur le trône des royaumes d'Angleterre et d'Irlande, ouvrant la voie à la dynastie des Stuart, à l'orée du XVIIe siècle naissant.
Son père était le roi Henri VIII. Ce dernier était marié en premières noces à Catherine d'Aragon avec qui il avait eu plusieurs enfants, dont seule Marie, née en 1516, parvint à l'âge adulte. En 1522, Anne Boleyn fait son entrée à la cour royale et attire tout de suite l'attention du roi. Désespérant d'avoir un héritier mâle, Henri entama une procédure de divorce en 1533 et se rapprocha d'Anne Boleyn (qui refusa de devenir une maîtresse et résista avec intelligence aux avances du roi). Ils se marièrent secrètement le et l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, prononça le divorce de Henri et Catherine le 1533.
Élisabeth Tudor naquit au palais de Greenwich le , et fut prénommée d'après ses grands-mères Élisabeth d'York et Élisabeth Howard[1]. À sa naissance, Élisabeth devint donc l'héritière présomptive à la place de sa demi-sœur Marie, devenue illégitime et bâtarde[2],[3]. Elle fut baptisée le , et ses parrains et marraines furent Thomas Cranmer, Henri Courtenay, Élisabeth Howard, duchesse de Norfolk, et Marguerite Wotton, marquise de Dorset.
Après plusieurs fausses couches, Anne Boleyn fut répudiée par le roi et exécutée le , alors qu'Élisabeth avait moins de trois ans[4]. Après l'exécution de sa mère, Élisabeth est déclarée illégitime et, avec sa demi-sœur aînée Marie, exclue du trône, Henri souhaitant un fils pour lui succéder[5]. Onze jours après la mort d'Anne, Henri épousa Jeanne Seymour, mais celle-ci mourut peu après avoir donné naissance à un fils, Édouard, en ; ce dernier devint donc le prince héritier. Élisabeth apporta en cadeau sa propre robe de baptême lors de la cérémonie de baptême de son demi-frère. Ensuite, Édouard et sa cour rejoignirent Élisabeth et Marie dans leur résidence de Hatfield Palace[6].
Ce n'est que sous l'influence de la sixième et dernière épouse de Henri, Catherine Parr, que les deux filles aînées d'Henri retrouvèrent leur place dans l'ordre de succession, et ce par une résolution parlementaire de 1544. Les précepteurs d'Élisabeth, Richard Cox, John Cheke, William Grindal et Roger Ascham lui donnèrent une éducation stricte et complète. Même à un jeune âge, elle maîtrisait parfaitement l'italien et le français et était également capable de communiquer en espagnol.
La première gouvernante d'Élisabeth, Margaret Bryan, écrivit qu'elle était « une enfant aussi prometteuse et de dispositions aussi douces que j'en ai jamais rencontrées dans ma vie »[7]. À l'automne 1537, Élisabeth fut confiée à Blanche Herbert (en), Lady Troy, qui resta sa tutrice jusqu'en 1546[8]. Catherine Champernowne, plus connue sous son nom de mariage d'Ashley, fut nommée gouvernante en 1537, et elle resta l'amie d'Élisabeth jusqu'à sa mort en 1565[9] ; elle lui apprit le français, le flamand, l'italien et l'espagnol[10]. En plus de son propre cursus, elle bénéficia des tuteurs et de l'enseignement dispensé au futur roi, comme les arts libéraux qui comprennent entre autres, la géométrie, la rhétorique ou l'astronomie ; autant de nouvelles matières propres à satisfaire la curiosité d'une élève particulièrement douée. Lorsque William Grindal (en) devint son tuteur en 1544, Élisabeth pouvait écrire en anglais, en latin et en italien et, sous son enseignement, elle progressa en français et en grec[11]. Après la mort de Grindal en 1548, Élisabeth fut éduquée par Roger Ascham et, à la fin de son apprentissage en 1550, elle était l'une des femmes les plus cultivées de sa génération[12]. À la fin de sa vie, elle parlait également le gallois, le cornique, le scots et l'irlandais en plus de l'anglais. L'ambassadeur vénitien avança en 1603 qu'elle « maîtrisait [ces] langages si parfaitement que chacun d'eux semblait être sa langue natale[13] ».
Élisabeth se trouve au manoir d'Enfield avec son demi-frère lorsqu'ils apprennent par Edward Seymour la mort d'Henri VIII, leur père, le . Son fils devient roi à l'âge de neuf ans sous le nom d'Édouard VI. La veuve du souverain défunt, Catherine Parr, se remaria rapidement à Thomas Seymour, l'oncle d'Édouard VI et le frère d'Edward Seymour, devenu lord-protecteur. Le couple obtint la garde d'Élisabeth qui s'installa dans leur résidence de Chelsea. Certains historiens considèrent qu'elle y affronta une crise émotionnelle qui l'affecta jusqu'à la fin de sa vie[14]. Seymour, qui approchait de la quarantaine mais conservait son charme[14], se lançait dans de nombreuses facéties avec Élisabeth, alors âgée de 14 ans[15]. À une occasion, il entra dans sa chambre en robe de chambre pour la chatouiller et la frapper sur les fesses. Parr ne s'opposa pas à ces activités inappropriées et y participa à plusieurs reprises ; elle immobilisa ainsi Élisabeth alors que Seymour déchirait sa robe noire « en milliers de morceaux[16] ». Néanmoins, quand elle les trouva enlacés, elle mit un terme à ces activités[17], et Élisabeth fut renvoyée en .
Thomas Seymour continua toutefois à comploter pour contrôler la famille royale et essayer de se faire nommer gouverneur du souverain[18],[19]. Lorsque Parr mourut en couches le , il recommença à s'intéresser à Élisabeth et avait l'intention de l'épouser[20]. Les détails de son comportement antérieur avec elle furent révélés[21], et cela fut trop pour son frère et le Conseil de Régence[22]. En , il fut arrêté et accusé de vouloir épouser Élisabeth et de renverser le roi. Élisabeth, qui se trouvait à Hatfield Palace[23], fut interrogée mais ne dit rien, et son interrogateur, Robert Tyrwhitt, rapporta « je peux voir sur son visage qu'elle est coupable[22] ». Seymour fut décapité le .
Le roi Édouard VI mourut le à l'âge de 15 ans. La lettre patente qu'il écrivit avant son décès excluait Marie et Élisabeth de la succession et désignait comme successeur au trône Jeanne Grey, petite-fille de la duchesse de Suffolk Marie Tudor, la sœur d'Henri VIII. Jeanne Grey fut proclamée reine par le Conseil privé majoritairement protestant, mais ses soutiens s'affaiblirent au fur et à mesure que les lords rejoignaient Marie, la reine légitime.
La lettre patente d'Édouard VI fut reconnue comme trahison en vertu de l'Acte de Trahison de 1547 : celui-ci, adopté peu avant la mort d'Henri VIII, rendait coupable de haute trahison toute personne interrompant l'ordre de succession tel qu'établi dans le Troisième Acte de Succession. Jeanne Grey fut renversée au bout de neuf jours et sera exécutée l'année suivante. Marie entra triomphalement dans Londres, à cheval, avec sa demi-sœur Élisabeth à ses côtés[24].
Ce témoignage de solidarité entre les deux sœurs ne dura pas longtemps. Marie Ire, catholique fervente (de mère espagnole), était déterminée à écraser la foi protestante dans laquelle Élisabeth avait été éduquée et ordonna que tous ses sujets assistent à la messe catholique ; Élisabeth fut obligée de s'y conformer en apparence. La popularité initiale de Marie Ire s'effrita en 1554 quand elle épousa le prince Philippe d'Espagne, catholique et fils de l'empereur (et roi d'Espagne) Charles Quint[25]. Le mécontentement se propagea rapidement dans tout le pays et beaucoup se tournèrent vers Élisabeth.
En janvier et , Thomas Wyatt mena une révolte contre les politiques religieuses de l'intransigeante Marie Ire, mais elle fut rapidement écrasée[26]. Élisabeth fut convoquée à la cour pour y être interrogée sur son rôle; elle déclara avec véhémence qu'elle était innocente mais elle fut emprisonnée le à la tour de Londres accompagnée de ses dames de compagnie dont Isabella Markham et Ethelreda Malte[27]. Même s'il est improbable qu'elle ait comploté avec les rebelles, on sait que certains d'entre eux l'avaient approchée. L'ambassadeur de Charles Quint et plus proche conseiller de Marie Ire, Simon Renard, affirma que son trône ne serait jamais sûr tant qu'Élisabeth serait en vie, et le lord chancelier Étienne Gardiner travailla pour organiser son procès[28]. Les soutiens d'Élisabeth dans le gouvernement, dont William Paget, convainquirent néanmoins la reine d'épargner sa demi-sœur en l'absence de preuves solides contre elle. Le , Élisabeth quitta la prison de la tour de Londres et fut emmenée au palais de Woodstock où elle passa près d'un an en résidence surveillée sous la supervision d'Henry Bedingfeld. Les foules l'acclamèrent sur tout le trajet[29],[30]. Sortie en 1555, Élisabeth gagna Hatfield Palace, sa nouvelle résidence surveillée sous la responsabilité de Sir Thomas Pope jusqu'à la fin du règne de Marie.
Le , Élisabeth fut rappelée à la cour pour assister aux dernières étapes de l'apparente grossesse de Marie Ire mais, lorsqu'il devint évident qu'elle n'était pas enceinte, plus personne ne crut qu'elle pourrait avoir un enfant[31]. Le roi Philippe, fils de Charles Quint, qui monta sur le trône d'Espagne en 1556, reconnut la nouvelle réalité politique et se rapprocha de sa belle-sœur. En effet, la reine Marie Ire d'Écosse, cousine d'Élisabeth, pouvait également revendiquer la couronne d'Angleterre. Or elle était fiancée au dauphin de France avec qui l'Espagne était en guerre ; Élisabeth représentait donc une alternative préférable[32]. Lorsque son épouse tomba malade en 1558, le roi Philippe dépêcha le duc de Feria pour consulter Élisabeth[33]. En octobre, Élisabeth préparait déjà son gouvernement, et, le , fut reconnue comme son héritière par Marie Ire[34]. Cette dernière mourut le , et Élisabeth monta sur le trône.
Lors de la procession triomphale dans Londres le , Élisabeth fut acclamée par la foule, et son attitude ouverte et enjouée enthousiasma les spectateurs[35]. Le lendemain, elle fut couronnée dans l'abbaye de Westminster[36].
Les convictions religieuses d'Élisabeth Ire ont fait l'objet de nombreux débats. Elle était protestante mais conservait des symboles catholiques comme le crucifix, et minimisait l'importance des sermons malgré leur importance capitale dans la foi protestante[37]. Par rapport à son intransigeante demi-sœur catholique Marie Ire, elle était, dans un premier temps, plutôt tolérante. De manière générale, elle privilégiait le pragmatisme pour les questions religieuses. Élisabeth Ire et ses conseillers craignaient une possible croisade catholique contre l'Angleterre hérétique. La reine chercha alors une solution protestante qui n'irriterait pas trop les catholiques tout en satisfaisant les désirs des protestants anglais. Elle ne tolérait cependant plus les puritains radicaux qui demandaient des réformes profondes[38]. Le Parlement commença alors en 1559 à légiférer sur une nouvelle Église basée sur les réformes d'Édouard VI, avec le monarque à sa tête, mais avec de nombreux éléments catholiques comme les habits sacerdotaux[39].
La Chambre des communes était largement en faveur de ces propositions, mais la loi de suprématie rencontra l'opposition des évêques de la Chambre des lords. De nombreux évêchés étaient cependant vacants à ce moment, de même que la fonction d'archevêque de Cantorbéry[40],[41]. Les partisans de la réforme étaient donc plus nombreux que les évêques et les lords conservateurs. Élisabeth Ire fut néanmoins forcée d'accepter le titre de gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre plutôt que le titre de chef suprême que beaucoup ne voulaient pas accorder à une femme. Le nouvel Acte de suprématie fut adopté le , et tous les fonctionnaires durent prêter un serment de loyauté au monarque sous peine de perdre leur poste ; les lois d'hérésie furent annulées pour éviter une répétition des persécutions pratiquées par Marie Ire. Une nouvelle loi d'Uniformité fut adoptée au même moment pour rendre obligatoires la présence à l'église et l'utilisation de la version de 1552 du Livre de la prière commune ; les peines pour les récusants ou le non-respect de la loi n'étaient cependant pas excessives[42].
En 1563, la reine Elisabeth intègre au Book of Common Prayer les Trente-neuf articles régissant la foi anglicane. On parle donc d'anglicanisme élisabéthain.
Dès le début de son règne, il était attendu qu'Élisabeth Ire se marie, et la question était de savoir avec qui. Malgré les nombreuses demandes, elle ne se maria cependant jamais, pour des raisons qui restent peu claires. Les historiens supposent que Thomas Seymour l'avait découragée à avoir des relations sexuelles, ou encore qu'elle se savait stérile[44],[45]. Elle considéra plusieurs prétendants jusqu'à l'âge de 50 ans, et le dernier fut le duc François d'Anjou de 22 ans son cadet. Même si, comme sa sœur qui était manipulée par le roi Philippe II d'Espagne, elle risquait de perdre son pouvoir, un mariage ouvrait la possibilité d'un héritier[46]. Le choix d'un époux pouvait également provoquer une instabilité politique voire une insurrection[47]. La reine refuse cependant de devoir céder son pouvoir à qui que ce soit et refuse donc le mariage. Par la suite, elle se présente au peuple comme la reine souhaitant rester vierge. C'est ainsi que naquit son surnom de « Reine Vierge ».
Le fait qu'elle ne se soit jamais mariée, son usage outrancier de cosmétiques[48] et sa volonté de ne pas être autopsiée après sa mort ont fait naître la rumeur que la reine était un homme. Selon cette légende, la jeune princesse Élisabeth fut envoyée vers 1543 au château de Berkeley, pour l'éloigner de Londres où sévissait la peste. Elle mourut malgré cette mesure prophylactique, si bien que sa gouvernante, craignant que le roi Henri VIII ne la fasse décapiter pour s'être mal occupée de sa fille, prit le risque de lui trouver un sosie, à Bisley, village proche du château ; il s'agissait d'un garçon, le « Bisley Boy ». Cette thèse substitutionniste a été forgée au XIXe siècle par un pasteur de Bisley et connaît une certaine popularité depuis qu'elle a été exposée dans le livre Famous Impostors (en) de Bram Stoker en 1910[49].
Au printemps 1559, il devint clair qu'Élisabeth Ire était amoureuse de son ami d'enfance, Robert Dudley[50]. Il était dit qu'Amy Robsart, son épouse, souffrait « d'une maladie dans l'un de ses seins » et que la reine épouserait Dudley si sa femme venait à mourir[51]. À l'automne de la même année, plusieurs prétendants étrangers se pressaient autour de la reine, leurs émissaires impatients se lançaient dans des discours toujours plus scandaleux et rapportaient qu'un mariage avec son favori ne serait pas bien accueilli en Angleterre[52]. Amy Dudley mourut en septembre 1560 après une chute dans les escaliers et, malgré le rapport du médecin légiste concluant à un accident, de nombreuses personnes suspectèrent Dudley d'avoir provoqué sa mort pour pouvoir épouser la reine