Agence spatiale européenne
agence spatiale regroupant 23 pays européens De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'Agence spatiale européenne Écouter (ASE ; en anglais : European Space Agency Écouter ; en allemand : Europäische Weltraumorganisation Écouter), le plus souvent désignée par son sigle anglais ESA, est une agence spatiale intergouvernementale fondée en 1975 qui coordonne les projets spatiaux menés en commun par 22 pays européens. L'agence spatiale, dont le budget est de 7,15 milliards d'euros en 2022, est la troisième dans le monde après la NASA et l'Administration spatiale nationale chinoise.
Nom officiel | Agence spatiale européenne European Space Agency |
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Pays |
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Siège social | 8-10, rue Mario-Nikis Paris (France) |
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Création | ||
Effectif | 2 200 (2021)[1] | |
Budget annuel | 7,15 Mrd € (2022) | |
Directeur général | Josef Aschbacher (2021-) | |
Site Internet | www.esa.int | |
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Ses activités couvrent l'ensemble du domaine spatial civil : les sciences (particulièrement l'astrophysique, l'exploration du Système solaire, l'étude du Soleil et la physique fondamentale) ; l'étude et l'observation de la Terre par des satellites spécialisés ; le développement de lanceurs ; les vols habités à travers sa participation à la Station spatiale internationale et à Orion ; la navigation par satellite par le programme Galileo ; les télécommunications spatiales pour lesquelles l'agence finance la mise au point de nouveaux concepts ; et la recherche dans le domaine des technologies spatiales.
La stratégie est définie par un conseil dans lequel chaque pays membre dispose d'un représentant. Les programmes initiés par l'agence, qui représentent 75 % du budget, sont financés directement par les pays membres. Ceux-ci versent une contribution proportionnelle à leur PIB pour le financement de 20 % du budget (programme scientifique et frais généraux) et participent dans des proportions de leur choix aux programmes facultatifs. Le quart du budget est fourni par l'Union européenne et EUMETSAT pour le développement du segment spatial de ces programmes gérés par ces institutions (programme Galileo, satellites météorologiques, GMES/Copernicus). Certains des pays membres conservent, à côté de leur participation aux programmes européens, des programmes spatiaux purement nationaux.
L'Agence spatiale européenne, dont le siège est à Paris, confie, après sélection et sur appel d'offres, les travaux de recherche et le développement des engins spatiaux aux universités, instituts et industriels des pays membres en appliquant le principe du « retour géographique » : les dépenses de l'agence dans chaque pays sont au prorata de la contribution. L'agence dispose de plusieurs établissements spécialisés. Son centre principal est l'ESTEC, aux Pays-Bas, qui est voué à la conception et aux tests des engins spatiaux. Les autres centres importants sont l'ESOC en Allemagne (suivi et contrôle des missions en cours) et l'ESTRACK (réseau mondial d'antennes paraboliques, pour assurer la liaison avec les engins spatiaux). L'ESA utilise aussi les installations du centre de lancement de Kourou, établissement du CNES, pour le lancement de ses fusées.
L'Agence spatiale européenne regroupe vingt-deux États membres[2] qui mettent en commun leurs ressources pour développer un programme spatial civil comprenant des satellites scientifiques (étude de la Terre, du Soleil, du Système solaire, astronomie, cosmologie…), des technologies spatiales, des satellites d'application nécessitant un programme d'envergure européenne (Galileo, Copernicus) et des moyens de lancement (installations au sol et lanceurs).
Le rôle et le fonctionnement de l'Agence spatiale européenne sont définis dans la Convention de l'ASE et le règlement intérieur du conseil, dont les versions initiales ont été rédigées en 1975 et qui sont ratifiés par chaque état membre lors de son adhésion[3]. L'agence a pour mission de développer la coopération entre les États européens dans le domaine spatial. Elle élabore et met en œuvre une politique spatiale européenne à long terme ainsi que des activités et des programmes. Elle coordonne le programme spatial européen et les programmes nationaux, en intégrant progressivement ces derniers. Comme la NASA américaine, l'agence se limite aux activités pacifiques (article II de la convention)[4]. Le développement des programmes spatiaux militaires (satellite de reconnaissance, satellite de télécommunications militaires…) relève donc des programmes nationaux des états membres. Cette convention stipule que « l'objectif de l'agence spatiale est de fournir et de promouvoir, à des fins exclusivement pacifiques, la coopération entre les États européens en matière de recherche et de technologie spatiales et leurs applications spatiales, en vue de leur utilisation à des fins scientifiques et pour des systèmes d'applications spatiales opérationnelles ».
Les activités de l'agence couvrent l'ensemble du domaine spatial civil :
L'ESA participe également à des programmes spatiaux initiés par d'autres agences spatiales, en particulier la NASA, l'agence spatiale américaine, et les agences spatiales nationales de l'Europe.
La participation de la France à l'ESA est assurée par le Centre national d'études spatiales (CNES).
Dès les premiers lancements de satellite à la fin des années 1950, la France et le Royaume-Uni, qui ont par ailleurs engagé des programmes de missiles balistiques intercontinentaux, mettent en place des programmes spatiaux nationaux[N 1]. Mais les moyens financiers engagés et les objectifs sont modestes par rapport à l'Union soviétique et aux États-Unis. Au début des années 1960, des personnalités européennes issues de différents domaines et en particulier des scientifiques, qui constatent qu'un nouveau champ de recherche vient de s'ouvrir, demandent la création d'un programme spatial scientifique européen animé par un organisme analogue au Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN).
Le , une conférence réunissant onze pays européens à Meyrin en Suisse décide de la création de la Commission préparatoire européenne pour la recherche spatiale (COPERS). Les travaux de cette instance aboutissent en 1962 à la création de l'ESRO (European Space Research Organisation, en français Conseil européen de recherches spatiales ou CERS) dont l'objectif est la réalisation de satellites scientifiques et qui réunit neuf pays européens. La même année, six d'entre eux décident de s'associer au sein de l'ELDO (European Launcher Development Organisation, en français Centre européen pour la construction de lanceurs d'engins spatiaux ou CECLES) pour le développement d'un lanceur européen baptisé Europa. Les deux organisations deviennent opérationnelles en 1964. Par ailleurs, l'émergence de la technique des télécommunications par satellite suscite la création de la Conférence européenne des télécommunications par satellite (CETS) en .
Les différentes organisations ont du mal à atteindre leurs objectifs. Le lanceur européen, dont la conception résulte d'un compromis politique et qui manque d'un véritable maître d'œuvre, est un échec complet et l'ESRO n'obtient que des résultats modestes. La stratégie spatiale des pays européens fait l'impasse sur les applications pratiques de l'espace qui commencent à émerger. Les principaux pays membres ont des priorités différentes, ce qui freine l'avancement des programmes. En 1968, on évoque pour la première fois la création d'une agence spatiale unique qui piloterait à la fois le développement des lanceurs et des satellites. Celle-ci comprendrait des programmes obligatoires et des programmes supplémentaires facultatifs pour prendre en compte les priorités différentes des pays membres. Finalement, l'échec de la fusée Europa (sept échecs dont le dernier en 1972 sur sept lancements) impose une remise à plat de l'organisation du programme spatial européen.
Après de délicates négociations entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, un accord est trouvé en pour permettre le financement des programmes attendus par les principaux pays membres :
Signée le entre onze États membres européens, la Convention de l'Agence spatiale européenne fonctionne de facto à compter du et a une existence juridique à compter du , date de ratification de cette convention[5]. La mise en place de l'Agence spatiale européenne s'accompagne d'une forte augmentation du budget spatial. La première année (1975), l'agence dispose de 342,4 millions d'unités de compte (MUC, ancêtre de l'euro) en augmentation de 76,3 % par rapport à 1974 et de 180 % par rapport à 1973[6]. Toutefois, cette augmentation est complètement absorbée par les trois projets phares : MAROTS, Spacelab et Ariane.
En tant que successeur de l'ELDO, l'ESA prend en charge le développement des lanceurs européens. Ariane 1 effectue son premier vol en 1979 et après quelques échecs étend son domaine d'intervention aux satellites commerciaux à compter de 1984. Les deux versions suivantes de la fusée Ariane, Ariane 2 et Ariane 3, sont des étapes intermédiaires qui aboutissent à la version la plus puissante Ariane 4. Ce lanceur qui vole de 1988 à 2003 profite des déboires de la politique spatiale américaine pour devenir dans les années 1990 le leader mondial sur le marché des lancements commerciaux.
L'Agence spatiale européenne collabore avec la NASA sur l'International Ultraviolet Explorer (IUE), le premier télescope à orbite haute du monde. Celui-ci est lancé en 1978 et exploité avec succès pendant 18 ans. En 1986, l'ESA lance Giotto, sa première mission dans l'espace lointain, pour étudier les comètes Halley et Grigg-Skjellerup.
En 1983, le programme scientifique de l'Agence spatiale européenne traverse une grave crise financière. La part budgétaire relativement réduite qui lui a été attribuée à la création de l'ESA (13 % du budget total) ne permet pas de faire face aux nombreux surcouts qui touchent les différentes missions en préparation occasionnant délais et annulations. Le physicien Roger Bonnet responsable du programme scientifique de l'agence décide d'établir une stratégie à long terme. Fin 1983, l'ESA reçoit 77 propositions de mission dont 35 dans le domaine des sciences du système solaire et 33 touchent à l'astronomie. Après dépouillement et à l'issue d'une dernière réunion qui a lieu à Venise les et le programme scientifique de l'Agence spatiale européenne, baptisé Horizon 2000, est figé pour les 20 années suivantes. Trois classes de mission sont identifiées en fonction de leur coût : les plus lourdes dites « pierres angulaires » représentent deux années du budget attribué aux missions scientifiques, la classe suivante 1 année, et la dernière 0,5 année. La réalisation du plan nécessite que le budget consacré aux sciences progresse entre 1985 et 1991 de 7 % passant de 130 MUC