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La Barbe bleue

conte de Charles Perrault De Wikipédia, l'encyclopédie libre

La Barbe bleue
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La Barbe bleue est un conte populaire communément dénommé Barbe bleue, dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault, parue en dans Les Contes de ma mère l'Oye. C'est également le nom du personnage central du récit.

Faits en bref Auteur, Pays ...
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Résumé

Résumé
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Un homme est doté d'une barbe bleue, lui donnant un aspect laid et terrible. Il a déjà eu plusieurs épouses par le passé, et on ne sait pas ce qu'elles sont devenues. Il propose à ses voisines de l'épouser, mais aucune ne le souhaite. Finalement, l'une d'elles, séduite par les richesses de Barbe-Bleue, accepte.

Un mois après les noces, celui-ci annonce à sa femme qu'il doit partir en voyage. Il lui confie un trousseau de clés ouvrant toutes les portes du château, mais il y a un cabinet où il lui interdit formellement de pénétrer[1]. Curieuse, elle enfreint l'interdit, entre dans la pièce et y découvre les corps des précédentes épouses, accrochés au mur. Terrifiée, elle laisse tomber la clef, qui se tache de sang. Elle essaye d'effacer la tache, mais le sang ne disparaît pas car la clef est magique.

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Barbe bleue s'apprête à égorger son épouse en prière mais les frères d'icelle accourent à cheval pour la sauver ; on distingue sœur Anne au sommet de la tour.
Gouache ornant un manuscrit des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault, 1695.

La Barbe-Bleue revient à l'improviste et découvre la trahison de sa trop curieuse femme. Furieux, il s'apprête à l'égorger, comme les précédentes épouses. Ce jour-là, la malheureuse attend la visite de ses deux frères  l'un dragon et l'autre mousquetaire  et elle supplie son mari de lui laisser assez de temps pour prier avant de mourir. Il lui accorda un quart d'heure.

Pendant ce temps, la sœur de l'infortunée épouse, prénommée Anne, monte au sommet d'une tour d'où elle cherche à voir si ses frères sont sur le chemin. L'épouse éplorée demande à plusieurs reprises à sa sœur Anne si elle les voit venir, mais cette dernière répète qu'elle ne voit que « le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie ». Barbe-Bleue crie et s'apprête à l'exécuter avec un couteau, la tenant par les cheveux, lorsque les frères surgissent enfin et le tuent à coups d'épée.

La rescapée hérite de toute la fortune de son époux, aide sa sœur à se marier et ses frères à avancer dans leur carrière militaire. Elle épouse ensuite un honnête homme qui la rend enfin heureuse.

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Le personnage de la Barbe-Bleue

La Barbe-Bleue est à l'origine inspiré de la tradition orale. C'est une variante de l'ogre qui s'attaque à ses femmes successives et aux enfants quand il en a. À la suite de la publication du récit de Perrault, on l'a associé à différents personnages, historiques ou mythologiques :

  • Conomor, personnage semi-légendaire breton, qui aurait tué ses femmes, dont la quatrième, Tréphine, est conforme au personnage du conte de Charles Perrault[2]. Ce roi était appelé Baro glaz (« barbe grise » en breton mais l'adjectif glaz a également l'acception de bleu ou vert, comme Maen glaz qui désigne l'ardoise bretonne grise, bleue ou verte). Ce pourrait être à une mauvaise interprétation que cette locution bretonne se serait transformée en Barbe bleue[3].
  • Gilles de Rais, compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, a été qualifié de « Barbe-Bleue ». Il fut exécuté après avoir été accusé d'avoir violé et assassiné nombre d'enfants et jeunes gens mais, mis à part les meurtres en série, sa vie et ses actions sont loin de celles du personnage du conte[4].
  • Henri VIII[5], roi d'Angleterre et d'Irlande, connu pour avoir condamné à mort deux des femmes qu'il a épousées.

Analyse

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Gravure sur cuivre, taille-douce (au burin) d'Antoine Clouzier, d'après la gouache du manuscrit de 1695.
Illustration ornant l'édition originale des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault, Paris, chez Barbin, 1697.

Selon le psychanalyste Bruno Bettelheim, le conte représente de manière déguisée l'infidélité de l'épouse de Barbe-Bleue et le crime commis par un mari jaloux. Cet auteur rappelle que dans La Barbe bleue de Charles Perrault « une grande fête eut lieu dès que le triste héros eut tourné le dos. Il est facile d'imaginer ce qui se passa entre la femme et ses invités en l'absence de Barbe bleue : l'histoire dit nettement que tout le monde prit du bon temps. Le sang sur l'œuf [variante dans un conte de Grimm] et sur la clé symbolise que les héroïnes ont eu des relations sexuelles. On comprendra donc le fantasme d'angoisse qui leur montre le cadavre des femmes qui ont été tuées en raison de leur infidélité. À l'écoute de ces histoires, on est frappé par le fait que l'héroïne est fortement tentée de faire ce qui lui est interdit. […] Ainsi, sur un plan qui est facilement obscurci par les détails macabres de l'histoire, Barbe bleue est un conte relatif à la tentation sexuelle[6]. » Perrault ne fait nullement l'apologie du comportement meurtrier de Barbe-Bleue en réponse à sa femme. La mort de celui-ci peut être perçue comme une condamnation de la démesure avec laquelle il s’emporte[7].

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Mannequin représentant la Barbe-Bleue au château de Breteuil.

Catherine Velay-Vallantin[8] consacre un chapitre de son ouvrage L'Histoire des contes (voir Bibliographie) au conte de La Barbe Bleue, qu'elle met en regard avec deux chansons traditionnelles : Renaud, le tueur de femmes (déjà signalé par Paul Delarue) et La Maumariée vengée par ses frères, connue surtout au Québec. Elle cite en intégralité une version de cette romance, ou complainte, due à François-Paradis de Moncrif, ainsi qu'une autre chanson québécoise sur le même thème, Parle tout haut, parle tout bas (il existe aussi des versions en langue d'oc, quoique moins nombreuses). Elle note que dans certaines variantes italiennes du conte, le héros mange des cadavres[9], même si c'est surtout le côté sadique et déviant sexuel du personnage qui prime ici ; elle s'attache aussi au motif du sang. Certaines versions, notamment bretonnes, font mention d'un enfant assassiné ; Moncrif insiste, lui, sur les facultés « presque magiques » de l'épouse pour apprivoiser les bêtes sauvages (ce qui rapproche sa complainte des versions dans lesquelles c'est un animal qui joue le rôle de Sœur Anne). À la suite de Claude Bremond, Catherine Velay-Vallantin développe encore le thème du mari roturier à l'origine, qui n'a été assimilé à un seigneur que plus tard. Quant à Gilles de Rais, « il est inutile de chercher dans ce fait divers l'origine du conte », ce n'est que par amalgame que les histoires de Barbe-Bleue et de Gilles de Rais ont été assimilées. Enfin, elle étudie un rapprochement entre l'héroïne du conte et une sainte bretonne dont la légende apparaît en 1531, Sainte Tryphine, et dont le mari, Conomor, qui l'avait épousée en l'an 544, aurait été un criminel sanguinaire notoire[10].

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« Anne, ma sœur Anne »

L'épouse de Barbe-Bleue menacée de mort demande à plusieurs reprises à sa sœur si elle ne voit rien venir, en commençant par ces mots : « Anne, ma sœur Anne… »

« Anna Soror (« Anne, ma sœur ») est l'apostrophe par laquelle s'ouvre le discours de Didon dès le début du chant IV de l'Énéide de Virgile (Ier siècle av. J.-C.) ; cette expression sera reprise sous la forme d'une répétition (Anna soror, soror Anna) dans la 7e Héroïde d'Ovide (Ier siècle av./ apr. J.-C.), avant de passer à la postérité française dans la transposition célèbre de La Barbe bleue »[11].

Dans l’Énéide, ces paroles ouvrent les confidences de Didon à sa sœur Anna Perenna au sujet de l'amour secret qu'elle éprouve pour Énée et qui la trouble parce qu'elle avait juré fidélité à son défunt mari.

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Versions régionales françaises

Différentes versions régionales ont été recensées en France au XIXe siècle[12] :

Émile Souvestre, dans Le Foyer breton (1844), publie Comorre[13]. Dans une note, il signale que « Nous devons faire observer ici que la tradition populaire s'écarte, en beaucoup de points, de la version écrite donnée par Albert de Morlaix. Le récit des Discrevellers est comme d'habitude beaucoup plus détaillé, plus merveilleux, plus dramatique surtout que celui du légendaire. Nous renverrons, du reste, ceux qui voudront en faire la comparaison, à la version d'Albert de Morlaix ». Dans une autre, il affirme « Au dire du légendaire Albert de Morlaix, Comorre ne périt point dans cette ruine du château, et se réfugia ailleurs ; mais, sur la plainte de Guerok, les évêques de Bretagne s'assemblèrent « pour retrancher ce membre pourri du corps de l'Église. Cette assemblée se fit en la montagne appelée Menez-Brée, prés Louargat, entre Belle-lsle et Guingamp; car ils n'eussent osé s'assembler en aucune ville, de peur de ce tyran, lequel ayant tué le roy Johava et Jugduval, son fils, hors du pays, faisoit ce qu'il vouloit par tout ce bas pays. » Les évêques fulminèrent du lieu de leur réunion une excommunication contre Comorre, qui, selon l'historien Le Bault, « vida aussitôt ses entrailles comme Arius, » ou, selon d'autres, « vomit son àme avec son sang. » ».

Toujours en Bretagne, François-Marie Luzel intègre dans ses Contes populaires de Basse-Bretagne (1887) Le Prince turc Frimelgus[14]. À la fin de la première partie, il explique : « C’est jusqu’ici, comme on le voit, une variante du conte de Barbe-Bleue de Ch. Perrault. Doit-on croire à une réminiscence ou à une imitation directe de cet auteur ? Je ne saurais le dire, mais, je dois faire remarquer que mon conteur ne savait ni lire ni écrire. Cette première partie du conte semble du reste parfaitement étrangère à la seconde, qui appartient à un autre cycle et à un tout autre ordre d’idées ; mais, comme toujours, j’ai cru devoir reproduire intégralement le récit de mon conteur ». De son côté, Paul Sébillot rapporte, dans sa Littérature orale de la Haute-Bretagne (1881), Barbe-Rouge[15].

Wentworth Webster, prêtre anglican, collecta des contes traditionnels du Pays basque qu'il réunit dans son Basque Legends (1877), dont Le cordonnier et ses trois filles (The Cobbler and his Three Daughters), ainsi qu'une autre version que lui a raconté une de ses conteuses, Estefanella Hirigaray[16]. Dans la même région, Jean-François Cerquand rapporte le conte Le Riche Homme (1882) dans son Légendes et récits populaires du Pays basque recueillis principalement dans les provinces de Soule et de Basse Navarre[17]. En 1886, Jean-François Bladé publie ses Contes populaires de la Gascogne, où figure Barbe-Bleue[18] dans le premier volume. Antoinette Bon, dans la Revue des Traditions populaires, a publié une version de Barbe Bleue qu'elle a entendue dans le Cantal (1887)[19]. En Dordogne, Claude Seignolle a découvert à Saint-Martin-de-Gurson intitulée Les Neuf frères, qu'il a publié dans Contes populaires de de Guyenne (1946).

En dehors de France

Le conte connaît aussi des variantes en Allemagne. Les frères Grimm en ont publié quatre. Une sous le titre Le Fiancé brigand (de) (Der Räuberbräutigam, 1812), une autre appelée L'Oiseau d'Ourdi (de) (Fitchers Vogel, 1812), une autre encore intitulée La Barbe bleue (Blaubart, 1812), une dernière appelée Le Château aux meurtres (de) (Das Mordschloß, 1812)[20].

Concernant l'Angleterre, le folkloriste britannique Joseph Jacobs a relevé un conte semblable, Mr. Fox[21], qu'il a publié dans ses English Fairy Tales (1890). Un autre conte homonyme figure aussi dans les English Fairy Tales de Flora Annie Steel (1918)[22].

En Italie, l'écrivain suisse né à Florence, Marc Monnier, intègre dans Les Contes populaires en Italie (1880) Barbe-bleue à Florence[23]. De même, le folkloriste américain Thomas Frederick Crane collecte ses Contes populaires italiens (Italian Popular Tales, 1885), dans lequel il amène un conte semblable, Comment le diable a épousé trois sœurs (en) (How the Devil Married Three Sisters)[24]. Il indique que c'est un conte vénitien, que lui ont raconté Georg Widter et Adam Wolf, sous le titre Der Teufel heirathet drei Schwestern. Dans une note, il indique : « Une autre version vénitienne se trouve dans Bernoni, n° 3. Voir aussi Nov. fior. p. 290 ; Gradi, Vigilia, p. 53 ; Fiabe Mant. N° 39 ; et Schneller, n° 32. ».

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Adaptations

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Barbe bleue, illustration d'Edmund Evans, vers 1888.

Arts plastiques

  • En el castillo de Barba Azul, Eduardo Arroyo (1993)
  • Mais où se cache la Barbe-Bleue, installation-exposition de France Everard (2014)

Filmographie

Cinéma

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Affiche d'Henri Gray pour le film Barbe-Bleue (1907) réalisé par Étienne Arnaud.

Le conte est aussi cité dans :

  • Monsieur Verdoux, réalisé en 1947 par Charlie Chaplin. Le personnage principal, inspiré par l'assassin Henri-Désiré Landru, est plusieurs fois qualifié, d'abord par lui-même puis par la police, de « Barbe-Bleue ».
  • La Leçon de piano (The Piano), en 1993 par Jane Campion. Une pièce de théâtre sur le conte de La Barbe bleue est monté par les enfants de l'école.
  • Cure, réalisé en 1997 par Kiyoshi Kurosawa. La femme du détective lit un extrait à son docteur au début du film.

Télévision

Téléfilm

Littérature

Recueil

Les Sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux d'Anatole France (Paris, Calmann-Lévy, 1909)[27].

Romans

  • La Barbe Bleue, réécriture par Pauline Pucciano (1995).
  • L'Affaire Barbe-Bleue de Yak Rivais (2000).
  • Trois histoires de Barbe Bleue racontées dans le monde, recueil jeunesse, cinquième tome de la collection Le tour du monde d'un conte par les Editions Syros - on y retrouve La Barbe Bleue de Perrault dans sa version intégrale, la version israélienne Abu Freywar et la version écossaise Le cheval gris (2011).
  • Barbe bleue d'Amélie Nothomb (2012).
  • Les Portes closes, de Lori Saint-Martin (2013), s'inspire du personnage.
  • Les Sangs, d'Audrée Wilhelmy (2013) met en scène les femmes de Barbe-Bleue.
  • Blue, d'Annabelle Blangier (2020), réécriture du conte chez l'éditeur spécialisé Magic Mirror.
  • A l'ombre de Barbe Bleue, album jeunesse réécrit d'un point de vue féministe par Charlotte Moundlic et illustré par François Roca (2021).
  • Barbe Bleue de Steve Laflamme, réécriture pour un public averti dans la série Les contes interdits (2022)
  • La veuve de Barbe-bleue d'A. D. Yriez (2024), réécriture de conte chez l'éditeur spécialisé Magic Mirror, met en scène la vie de la protagoniste du conte après les évènements de celui-ci.

Bande dessinée

Livre animé

Nouvelle et contes

  • Le sixième mariage de Barbe-Bleue, dans Contes à soi-même, d'Henri de Régnier (1893)[29].
  • La Voluptueuse, dans Le Livre de Monelle, de Marcel Schwob (1894)[30].
  • The Bloody Chamber, Angela Carter, réécriture du conte sous forme de nouvelle dans le recueil du même nom (1979) publié en France sous le titre La Compagnie des loups en 1985.
  • A Room of His Own, Suniti Namjoshi, réécriture du conte sous forme de micronouvelle dans le recueil Feminist Fables (1981).

Audio

Essai

  • Le cabinet de Barbe-Bleue, essai de Thomas O. St-Pierre présentant le cabinet où reposent les épouses assassinées comme une métaphore psychologique (2023).

Musique

Opéras

Opéra-comique
Opéra-bouffe
Conte musicale

Ballets

Chanson

Théâtre

  • Barbe-Bleue (1823), folie-féerie en 2 actes de Dupetit-Méré et Brazier[32] ;
  • Les sept pendues de Barbe-Bleue[33] (1862) Alphonse Daudet.
  • Barbe Bleue, l'espoir des femmes (1999) de Dea Loher ;
  • La Barbe bleue (2011), texte et mise en scène de Jean-Michel Rabeux ;
  • Beards, trilogie de Stefan Oertli[34]
  • Les Femmes de Barbe-Bleue (2019), mise en scène Lisa Guez, prix Impatience[35] ;
  • La Barbe Bleue (2021), mise en scène de Luc Cerutti, interprété par Magali Moreau.
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Notes et références

Bibliographie

Textes complets sur Wikisource

Liens externes

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