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Basilique Saint-Pierre
basilique catholique de la Cité du Vatican De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Saint-Pierre de Rome
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La basilique Saint-Pierre (en latin : Sancti Petri et en italien : Basilica di San Pietro in Vaticano) ou la basilique papale Saint-Pierre au Vatican (Basilica Papale di San Pietro in Vaticano) parfois appelée Saint-Pierre de Rome est l'édifice religieux le plus important du catholicisme. Elle est située au Vatican, sur la rive droite du Tibre, et sa façade s'ouvre sur la place Saint-Pierre.
Elle a été construite là où, selon la volonté de l'empereur Constantin Ier, les premiers pèlerins venaient rendre un culte à saint Pierre, sur l'emplacement du cirque de Caligula et de Néron.
Inscrite à la liste du patrimoine mondial, établie par l'UNESCO, la basilique Saint-Pierre est considérée comme la plus grande conception architecturale de son temps et demeure l'un des monuments les plus visités au monde. Sa construction, à l'emplacement de l'antique basilique vaticane construite sous le règne de Constantin Ier, commence le et est achevée en 1626. Ses architectes les plus importants sont Bramante, Michel-Ange, Maderno et Le Bernin.
La basilique Saint-Pierre est un important lieu de pèlerinage qui rassemble sur sa place au minimum 150 000 catholiques chaque dimanche pour l'angélus pontifical. Ce n'est pas la cathédrale du diocèse de Rome, puisque l'évêque de la ville siège à Saint-Jean-de-Latran, mais c'est l'église du pape et de l'État pontifical. Elle est également l'une des deux églises paroissiales de la cité du Vatican (l'autre étant l'église Sainte-Anne-des-Palefreniers). Bien que le Nouveau Testament ne mentionne pas la présence de l'apôtre Pierre, premier chef de l'Église chrétienne à Rome, ou son martyre dans cette ville, la tradition catholique indique que la tombe de saint Pierre est située sous le maître-autel, au centre de l'église, sous le baldaquin baroque.
La basilique Saint-Pierre est la deuxième des quatre basiliques majeures de Rome, après Saint-Jean-de-Latran, avant Sainte-Marie-Majeure et Saint-Paul-hors-les-Murs.
Avec une superficie de 2,3 ha et une capacité de plus de 60 000 personnes, elle est l'église catholique la plus grande au monde. Elle est aussi l'un des lieux les plus saints du christianisme, puisque la tradition situe en ce lieu la sépulture de Pierre, qui, selon la tradition catholique, fut le premier évêque de Rome, donc le premier pape.
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Historique
Résumé
Contexte
Site sous l'Empire romain

Au début de l'Empire romain, le site était occupé par quelques villas, bâties autour de jardins impériaux qui appartenaient à Agrippine l'Aînée. Son fils, Caligula (37-41 apr. J.-C.), y fit construire un cirque privé, le Circus Vaticanus ou cirque de Caligula et de Néron, dont l'actuel obélisque constitue l'un des rares vestiges.
C'est dans ce cirque, ainsi que dans les jardins adjacents, qu'eut lieu le martyre de nombreux chrétiens de Rome à l’époque de Néron (54-68). La tradition place le martyre de l'apôtre Pierre dans l'enceinte même du cirque — inter duas metas (« entre les deux bornes ») de la spina (mur central bas autour duquel tournaient les chars). Le centre était occupé par l'obélisque. Selon la tradition transmise par des ouvrages apocryphes (tels les Actes de Pierre (Ac Pierre 38), Pierre fut crucifié vers 65, la tête en bas par humilité, car il ne se jugeait pas digne de mourir comme le Christ. Selon une autre version, il peut s'agir d'une cruauté supplémentaire volontairement infligée par les Romains[1].
Sépulture de l'apôtre Pierre
L’emplacement traditionnel de la tombe de l'apôtre est indiqué par une pierre rouge, au sein d'une nécropole située au nord du cirque de Caligula et de Néron.
Dans la basilique constantinienne, un édicule, situé à la butée des nefs, signalait l'emplacement de la sépulture de Pierre. Placé sur une petite estrade de marbre, il prenait la forme d'un baldaquin supporté par des colonnes torses en bronze et prolongé par un portique à colonnes. Au centre, sous le baldaquin, se trouvait un édicule de marbre donnant accès, les jours de fête, à la sépulture. Ce dispositif est l'une des premières manifestations du culte des reliques des saints.
En 1939, lors de travaux d'excavation pour la construction de la tombe du pape Pie XI, une sépulture est découverte sous la crypte de la basilique, inaccessible depuis le IXe siècle. Il s'agit d'un modeste monument du IIe siècle élevé sur l'emplacement d'une tombe datée du Ier siècle et inséré dans les vestiges de la basilique de Constantin. Le cardinal Ludwig Kaas dirige 10 ans de recherches archéologiques, couronnées par la déclaration de Pie XII, le sur Radio Vatican, annonçant la découverte du tombeau de l'apôtre[2]. Divers éléments permettent de formuler une hypothèse d'identification, sans cependant imposer de conclusion[3].
Ces restes sont accessibles par l'escalier de marbre situé au niveau de l'autel papal. Ainsi, le pape Paul VI annonce, en 1968, après avoir pris connaissance des études archéologiques, qu'il doit s'agir selon toute probabilité des restes du corps de saint Pierre[4].
Ancienne basilique constantinienne

L'ancienne basilique était due conjointement à l'empereur Constantin Ier et au pape Sylvestre Ier. Commencée en 326[5],[6], elle nécessita la démolition du cirque de Caligula et de Néron ou Circus Vaticanus qui s'étendait sur la partie sud du chantier. Constantin décida de raser les sépultures de la nécropole païenne alignées le long d'un sentier, car la tradition y fixait la tombe de saint Pierre[7]. L'empereur pensa ainsi construire l'autel de sa basilique paléochrétienne au-dessus de cette tombe, faisant de l'édifice une basilique cémétériale avec un pavement souvent ouvert pour pouvoir y descendre des sarcophages. La basilique fut consacrée le par le pape Sylvestre Ier[8].
C'était une basilique de 8 052 m2 (soit 122 × 66 m), comportant une nef à cinq vaisseaux, c'est-à-dire un vaisseau principal bordé par deux doubles bas-côtés, séparés par des colonnes de marbre coloré, puis un transept saillant et terminée par une abside semi-circulaire, construite autour de la tombe de saint Pierre. L'édifice était précédé d'un grand péristyle ou atrium, dit parfois quadriportique, cour à portique au centre de laquelle se trouvait une fontaine à ablutions décorée d'une pomme de pin et de paons en bronze. Celui-ci se situait sur la partie ouest de l'actuelle place Saint-Pierre.
De grandes dimensions, l'édifice était long d'environ 103 mètres. Il occupait la majeure partie de la superficie de l'édifice actuel. Il était relativement sombre et tout un apparat de luminaires venait compléter l'éclairage[9].
La basilique était un des principaux lieux de pèlerinage au Moyen Âge. Le cœur de la basilique était l'autel de la « Confession de Saint-Pierre » dont une ouverture, la fenestella confessionis, permettait aux pèlerins de voir les reliques de l'apôtre[10].
En , lors du pillage de Rome, la basilique fut profanée par les Sarrasins. Le pape Léon IV fit alors édifier de 848 à 852 la cité léonine pour défendre la basilique contre les incursions musulmanes. Cela ne l'empêcha pas d'être pillée par les Normands en 1084[11].
Au début du XIVe siècle, lors du départ des papes pour Avignon, la basilique menaçait de tomber en ruine[12].
Reconstruction

Horace Vernet, 1827,
musée du Louvre[13].
Après le retour des papes avignonnais à Rome en 1378, le premier pape qui, au milieu du XVe siècle, semble avoir pensé sérieusement à une reconstruction de la basilique fut Nicolas V qui se fit exposer, à partir de 1451 par Bernardo Rossellino le projet d'un nouvel édifice ou d'une rénovation complète de l'ancienne basilique. Le projet n'aboutit pas en raison du décès du pontife en 1455[14]. Son successeur, Calixte III suspend tous les projets de construction afin de consacrer les ressources financières à la mobilisation contre l'Empire ottoman[14]. Les travaux de rénovation de l'antique basilique reprennent sous Pie II sous la direction de Francesco del Borgo[14]. Dès la fin du XVe siècle, il semble évident que l'édifice dévasté par les incendies, les pillages, les tempêtes et les tremblements de terre, ne peut pas durer : les murs de la nef penchent d'un mètre[15]. En 1505, le pape Jules II décide dans un premier temps de faire construire un mausolée à proximité de la basilique. Celui-ci est destiné à accueillir le monument à son image, déjà commandé à Michel-Ange[16]. Durant l'été, le pape se ravise et décide de démolir l'ancien édifice pour construire à la place un bâtiment[14] plus vaste et plus moderne, plus à même de remplir les fonctions d'une basilique pontificale. Ce projet donne lieu à un concours d'architectes, auquel prennent part un grand nombre d'artistes qui se succèdent pendant environ 120 ans. Les travaux se poursuivent depuis le pape Léon X au pape Innocent X.
Le pape Jules II, puis son successeur Léon X, ont recours aux indulgences pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre, ce qui provoque la réaction de Martin Luther. Le moine allemand condamne le commerce des indulgences dans ses 95 thèses () comme une pratique abusive de l'Église catholique qu'il assimilait à une manipulation de la volonté de Dieu. Cette date symbolique correspond à la naissance du protestantisme[17].


Projet de Bramante
Le projet du pape Jules II suscite un grand nombre de propositions émanant de nombreux architectes. C'est finalement le plan de Bramante qui est choisi pour la future basilique. Celui-ci est en rupture avec le plan de l'antique basilique[18]. Le plan est certainement choisi dès 1506, année où est frappée une médaille avec d'un côté le portrait de Jules II et de l'autre le projet de la nouvelle basilique[15]. Le projet initial est un édifice à plan central en forme de croix grecque contenue au sein d'un cercle[18], avec quatre éléments plus petits en croix grecque dans les angles ; la croisée doit être surmontée d'une coupole hémisphérique soutenue par une colonnade[15]. Cette forme de croix grecque symbolise le Christ universel[18]. Le choix d'un édifice à plan central tient compte de la combinaison du martyrium des débuts du christianisme, presque toujours avec plan central, et du plan central vu comme l'expression de la perfection mathématique symbolisant la perfection divine. Lors de l'élaboration des plans de la nouvelle église, Bramante rencontre cinq problèmes majeurs : la position du tombeau de saint Pierre, placé devant le maître-autel et destiné à devenir le centre sous le dôme, la présence derrière l'abside de fondations creusées pour un nouveau chœur dans les années 1450 et jamais achevé, la place limitée par les bâtiments du Vatican d'un côté et le besoin de laisser aux pèlerins l'accès au tombeau de l'apôtre, la nécessité d'une loggia sur la façade pour la grande cérémonie annuelle de la bénédiction Urbi et orbi du pape[15].
Bramante dessine une basilique deux fois et demie plus longue que l'ancienne mais aussi trois fois et demie plus large, pour une surface de 24 000 m2[18]. Le plan de Bramante fut toujours contesté : forme difficile de point de vue liturgique, il n'offrait pas assez de place aux processions et grands rassemblements, les sacristies et chapelles étaient trop nombreuses, il faisait reculer la façade de l'église au-delà de l'atrium existant et perdait ainsi une partie de l'espace qui aurait pu servir à l'intérieur, mais la forte personnalité de Jules II rendit vaine toute protestation[19].
Le pape Jules II fait poser la première pierre le [20]. Le dôme est inspiré du plan du Panthéon à Rome[21], à la différence que le dôme du Panthéon est soutenu par un mur cylindrique continu, alors que celui du projet de Bramante n'était soutenu que par quatre piliers, suivi en cela par l'actuelle coupole construite par Michel-Ange. Ce dôme devait être surmonté d'une lanterne sur le modèle de celle de la cathédrale de Florence conçue par Michelozzo pour Brunelleschi[22].
Bramante avait envisagé un dôme central entouré de quatre dômes plus petits, dans les axes diagonaux. Le chœur, la nef et les transepts étaient conçus à deux travées finissant en une abside. À chaque coin du bâtiment serait érigée une tour, afin d'obtenir un plan carré, avec des absides en projection, chacune pourvue de deux grands contreforts radiaux, qui devaient équarrir sa forme demi-circulaire[23].
Sangallo et Raphaël
Après la mort du pape Jules en 1513, Bramante, mort en 1514, fut remplacé par Giuliano da Sangallo et Giovanni Giocondo, qui moururent tous deux en 1515, puis par Raphaël. Le changement principal dans le plan de Raphaël fut la nef à cinq travées, ajoutant l'équivalent de trois travées à l'est[19], avec une série de chapelles absidiales dans les allées latérales. Le plan de Raphaël pour le chœur et les transepts renforçait encore davantage l'aspect carré des murs extérieurs en réduisant les tours, et soulignait les absides semi-circulaires en les entourant chacune d'un déambulatoire[24].
Peruzzi
En 1520, Raphaël mourut à son tour, à l'âge de 37 ans. Son successeur, Baldassarre Peruzzi, maintint les changements que Raphaël avait proposés pour l'arrangement intérieur des trois absides principales, mais apporta d'autres modifications, se rapprochant du plan en croix grecque et d'autres détails du plan de Bramante[25]. En 1527, Rome fut pillée par l'empereur Charles Quint. Peruzzi mourut en 1536 sans voir l'achèvement de son plan[21].
Sangallo le Jeune

Prenant la suite, Antonio da Sangallo le Jeune soumit un plan combinant dans son apparence les caractéristiques de ceux de Peruzzi, Raphaël et Bramante, en dynamisant la perspective de l'édifice et en le prolongeant par une nef courte pourvue d'une large façade et d'un portique. Par rapport à celui de Bramante, son nouveau dôme était beaucoup plus compliqué, tant au niveau de la structure qu'à celui de la décoration, et il était pourvu de côtes extérieures. Comme Bramante, Sangallo proposa une lanterne surmontant le dôme, conçue sous une forme plus grande et beaucoup plus compliquée. L'essentiel du travail de Sangallo fut finalement de renforcer considérablement les piliers centraux, qui commençaient à donner des signes de faiblesse[26].
Œuvre déterminante de Michel-Ange
Le , sous le règne du pape Paul III, Michel-Ange, déjà septuagénaire, succéda à Antonio da Sangallo le Jeune comme capomaestro, surintendant de la construction de la basilique[27]. On peut le considérer comme le principal auteur des bâtiments tels qu'ils se présentent aujourd'hui et comme l'architecte grâce à qui le projet fut achevé. Ce n'est pas de gaîté de cœur qu'il s'engagea dans cette entreprise, presque contraint par le pape Paul III, contrarié à la fois par la mort du candidat qu'il avait choisi, Giulio Romano, et par le refus de Jacopo Sansovino de quitter Venise. Michel-Ange a écrit : « Je n'entreprends cette tâche que pour l'amour de Dieu et en l'honneur de l'Apôtre ». Et il exigea carte blanche pour achever le projet par tous moyens qu'il jugerait utiles[26].
Michel-Ange reprit le chantier de construction au moment où les quatre énormes piliers, surpassant par leur taille tous ceux bâtis depuis la Rome antique, s'élevaient en arrière de la nef restante de l'ancienne basilique. Il hérita également des nombreux projets conçus par quelques-uns des plus brillants architectes et ingénieurs du XVIe siècle. Certains éléments étaient communs à tous ces projets : le dôme devait rivaliser en grâce avec celui conçu par Filippo Brunelleschi un siècle plus tôt pour la cathédrale Santa Maria del Fiore, qui dominait la Florence de la Renaissance, et le plan devait adopter une forme fortement symétrique, celle de la croix grecque, à l'exemple de la Basilique Saint-Marc à Venise, ou bien de la croix latine, avec des transepts et un chœur de forme identique, à l'exemple de la cathédrale de Florence.
Même si le travail avait peu progressé depuis quarante ans, Michel-Ange ne rejeta pas les idées des architectes précédents, mais s'attacha plutôt à les inclure dans le développement d'une vision globale du projet. Avant tout, Michel-Ange reconnut la qualité essentielle du dessin original de Bramante. Il abandonna donc le plan en croix latine[28].
La basilique telle qu'on peut la voir aujourd'hui a été prolongée par une nef conçue plus tard par Carlo Maderno. C'est le chœur, dominé par l'immense dôme, qui est proprement l'œuvre de Michel-Ange. À cause de son emplacement à l'intérieur de la cité du Vatican et parce que la perspective de la nef et de la façade cache le dôme depuis la place Saint-Pierre, le travail de Michel-Ange est mieux apprécié à une certaine distance. Il est toutefois évident que l'architecte a beaucoup réduit les formes géométriques du plan de Bramante, clairement inscrites dans un plan carré, et aussi celles dessinées par Raphaël, sur plan carré à projections semi-circulaires[29].
Michel-Ange a estompé la disposition géométrique d'origine en établissant une maçonnerie externe massive et en comblant les angles par des sacristies ou des cages d'escaliers. L'effet créé donne l'impression d'une surface de mur continue, seulement fractionnée de saillies et de décrochements, mais les angles droits qui définissent habituellement le changement de direction aux coins d'un bâtiment ont bel et bien disparu. Cet agencement extérieur est ponctué de pilastres corinthiens. Au-dessus d'eux, l'énorme corniche se déroule en une bande continue qui comprime l'ensemble du bâtiment[30].
Dôme et plans successifs
Le dôme s'élève à une hauteur totale de 136,57 mètres, depuis le sol de la basilique jusqu'au sommet de la croix qui le surmonte. C'est le second plus haut dôme du monde après la basilique Notre-Dame-de-la-Paix de Yamoussoukro. Son diamètre intérieur est de 41,47 m, donc légèrement inférieur à celui du Panthéon de Rome ou de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence. Ce diamètre est cependant supérieur à celui de la coupole de la basilique byzantine de Sainte-Sophie à Constantinople, édifiée en 537. Les architectes successifs de la basilique se sont largement inspirés des coupoles préexistantes de la cathédrale de Florence et du Panthéon pour définir les plans du dôme[31] ; ce dernier était déjà annoncé pour être le plus grand de la Chrétienté et du monde[N 1].
- Les énormes piliers qui soutiennent le dôme, vus de la coupole.
- Vue intérieure de la coupole.
- Des rayons du Soleil traversent le dôme de la basilique Saint-Pierre. Mai 2022.
Bramante et Sangallo

Le plan de Bramante pour le dôme de Saint-Pierre suit de près celui du Panthéon. Il était conçu pour être construit, comme lui, en béton de tuf, dont Bramante avait retrouvé une formule. À l'exception de la lanterne, le dôme de Saint-Pierre était en coupe assez semblable à son modèle, à ceci près qu'à Saint-Pierre, le mur de soutien devait céder la place à un tambour reposant sur quatre piliers massifs.
À la mort de Bramante en 1514, les fondations des piliers de la croisée et du chœur sont prêts, mais les piliers sur lesquels il voulait construire son immense dôme sont insuffisants. Apparemment, il ne laisse pas de plans détaillés et transmet à ses successeurs les difficultés rencontrées et le problème des dimensions imposées par l'espace intérieur de la croisée. Son élève Peruzzi, Raphaël et Antonio da Sangallo le Jeune tentent de trouver des solutions en modifiant les plans, tout en conservant le plan central de la partie est[15].
Michel-Ange et Giacomo della Porta


Après la mort de Sangallo en 1546, Michel-Ange reprend la conception du dôme, en tenant compte de tout ce qui avait été fait auparavant. Son dôme, comme celui de Florence, est constitué de deux coques, l'extérieure en pierre comportant 16 côtes principales (16 arêtes ou nervures rayonnantes sur cintres relayées entre chacune d'elles par trois nervures secondaires), ces arcs de soutien renforçant la solidité du dôme), deux fois plus qu'à Florence, mais moins que dans le projet de Sangallo. Comme dans les plans de Bramante et Sangallo, le dôme est élevé sur un tambour supporté par des piliers[36]. Le péristyle de Bramante et l'arcade de Sangallo sont ramenés à 16 paires de colonnes corinthiennes, chacune de 15 mètres de haut. Visuellement, elles semblent supporter chacune des côtes du dôme, mais structurellement elles sont probablement tout à fait surabondantes. La raison en est que le dôme est de forme ovoïde, montant abruptement, à l'imitation de la coupole florentine, et exerçant donc moins de poussée vers le sol que ne le fait un dôme hémisphérique, comme celui du Panthéon, qui doit être soutenu par un solide mur de soutènement[21],[26].
Le profil ovoïdal du dôme a été le sujet de beaucoup de spéculations et de débats universitaires durant les siècles passés. Michel-Ange mourut en 1564, ayant achevé le tambour du dôme et considérablement renforcé les piliers de Bramante. Après sa mort, le travail fut poursuivi par son assistant Vignola, assisté de Giorgio Vasari, chargé par le pape Pie V de veiller au strict respect des plans de Michel-Ange. En 1585, l'énergique pape Sixte Quint désigna Giacomo della Porta, aidé de Domenico Fontana. Son pontificat de cinq ans devait voir l'avancement rapide de la construction[26].
Michel-Ange a laissé des plans, dont une des premières esquisses du dôme et quelques dessins de détail. On a aussi les gravures très détaillées publiées en 1569 par Étienne Dupérac, qui les présentait comme le dernier jet voulu par le maître. Michel-Ange, comme Sangallo, a laissé un grand modèle en bois. Giacomo della Porta a modifié ce modèle par la suite, conformément aux changements qu'il a effectués dans l'architecture de la basilique. Ces changements ne dénaturaient pas, pour la plupart, l'œuvre originale et consistaient en de petites améliorations, comme l'ajout d'impostes de lions sur le tambour en l'honneur du pape Sixte Quint et celui d'un bandeau de pinacles autour de la flèche au sommet de la lanterne, ainsi que le proposait Sangallo. Le seul changement important apporté au modèle par della Porta — à moins qu'il ne l'ait été par Michel-Ange lui-même juste avant sa mort — fut la décision d'élever la coque extérieure du dôme extérieur plus en hauteur[26].
Achèvement du dôme
Giacomo della Porta et Domenico Fontana achevèrent la construction du dôme en 1590, dernière année du pontificat de Sixte V.
Avant de placer le cintre, où il n'entra pas moins de onze cents poutres, dont cent avaient cinq pieds de diamètre, les deux artistes tracèrent le dessin complet de la coupole, avec toutes ses proportions, dans la vaste basilique de Saint-Paul ; puis ils se mirent à l'œuvre. Commencée le , « la coupole, qui a été voûtée en vingt-deux mois par six cents hommes qui travaillaient tous les jours, et souvent la nuit, a été bâtie à la hâte, sans aucune précaution[N 2],[37]. Le , on en plaça la dernière pierre bénie par le pontife, au bruit de l'artillerie du château Saint-Ange. On avait employé cinq cent mille livres pesant de cordages pour élever les matériaux, trente milliers de fer pour lier la coupole qui est double et serrer l'intérieur par deux cercles, un million de livres de plomb pour le revêtement extérieur et dépensé pour les seules voûtes deux cent mille écus d'or »[38].
Le pontificat de son successeur, Grégoire XIV, vit la réalisation de la lanterne par Fontana et la gravure de l'inscription en l'honneur de Sixte Quint. Le pape suivant, Clément VIII, fit mettre en place la croix, événement qui prit toute une journée durant laquelle sonnèrent les cloches de toutes les églises de la ville. Les bras de la croix renferment deux coffrets de plomb, l'un contenant un fragment de la Vraie Croix et une relique de saint André, l'autre contenant des médaillons de l'Agneau Saint.
Consolidation du dôme
En 1741, des fissures apparaissent sur la coupole intérieure. L'année suivante, le pape Benoît XIV prend conseil auprès de nombreux mathématiciens et physiciens, dont Ruggiero Giuseppe Boscovich, François Jacquier, et Thomas Leseur. Finalement le pape mandate en 1743 le physicien italien Giovanni Poleni, pour la vérification statique de l'équilibre de la coupole[39],[40]. Ce dernier[41] constate dans son rapport au pape[N 3], que Michel-Ange, puis son successeur Giacomo della Porta se sont éloignés de la courbe idéale de la « chaînette renversée[42] » qui permet de suivre et de contenir la ligne de poussée. En conséquence, il suggère au pape, le , par sécurité, le renforcement du dôme, par cinq anneaux métalliques, (plus un sixième anneau, posé en remplacement d'un des trois anneaux d'origine, inclus dans la maçonnerie, qui est apparu cassé), qui seront installés, de 1743 à 1748, par Luigi Vanvitelli, l'architecte responsable de la basilique. Ces six anneaux la ceinturent encore aujourd’hui[43]. Son rapport au pape Benoît XIV, de 1743, sera publié ultérieurement dans « Memorie istoriche della Gran Coupola del Tempio Vaticano » en 1748[44],[N 4].
Restauration de la coupole
Simultanément aux travaux de consolidation du dôme, a commencé la restauration de la coupole intérieure. Elle a pu être menée à bien, grâce au maître maçon de la basilique Nicola Zabaglia, qui a inventé des ponts-échelles, ponts suspendus et autres échafaudages concaves, afin de pouvoir réaliser le comblement des fissures, et la restauration des fresques[45].
Sur le pourtour interne de la coupole est écrit, en lettres de 2 mètres de haut :
Sous la lanterne est inscrit :
Changement de plan et achèvement de la basilique par Maderno

Sous le pape Paul V, le , premier jour du Carême, fut achevée la démolition de la partie restante de la basilique constantinienne. Les croix de marbre fixées à la partie supérieure du fronton par le pape Sylvestre et l'empereur Constantin furent abattues. Les poutres furent récupérées pour la construction du toit du Palais Borghese, et deux colonnes de marbre noir, les plus grandes connues de cette nature, furent soigneusement mises de côté pour être plus tard réutilisées dans le narthex. Les tombeaux de plusieurs papes furent ouverts, et les trésors qu'ils contenaient retirés avant leur réinhumation dans la nouvelle basilique[26].
Le pape nomma Carlo Maderno en 1602. Maderno était un neveu de Domenico Fontana, qui s'était montré lui-même comme un architecte dynamique. L'idée de Maderno était d'entourer de chapelles le bâtiment de Michel-Ange, mais le pape hésitait à s'écarter du plan du maître, même si celui-ci était mort depuis quarante ans. Pour la Fabbrica ou Comité de la construction, qui regroupait des experts de diverses nationalités, généralement méprisés par la Curie, qui voyait la basilique comme appartenant à Rome plutôt qu'à la chrétienté, c'était un dilemme de décider de la façon dont on devait continuer la construction. L'un des facteurs qui influençait leur pensée était le courant de la Contre-Réforme, qui de plus en plus associait le plan en croix grecque avec le paganisme et voyait dans la croix latine le véritable symbole du christianisme[26].
Ce qui influait aussi sur la pensée à la fois de la Fabbrica et de la Curie, c'était un sentiment de culpabilité à la suite de la démolition de l'ancien bâtiment. Le terrain sur lequel lui-même et ses différentes chapelles, vestries et sacristies avait résisté si longtemps était sanctifié. La seule solution était de construire une nef qui engloberait tout l'ancien espace. En 1607, un comité de dix architectes fut convié, et il fut décidé de prolonger le bâtiment de Michel-Ange par une nef[N 5]. Les plans de Maderno, à la fois pour la nef et la façade, furent acceptés. La construction commença le , avec une armée de 700 travailleurs. La construction de la façade commença l'année suivante et, en , la touche finale fut ajoutée par la décoration en stuc de la voûte, puis, au début de 1615, le mur de séparation entre les deux tranches de travaux fut mis à bas. Les gravats furent évacués juste à temps pour le dimanche des Rameaux[26].
La basilique fut consacrée par le pape Urbain VIII, le [47].
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Architecture de la basilique
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photographie de Gioacchino Altobelli, 1874.

Le plan de Saint-Pierre est une croix latine à trois nefs. Lors de la rénovation, les plans furent sans cesse remis en question pendant près de 200 ans. C'est dans la nef centrale que s'est tenu le concile Vatican II de 1962 à 1965. Dans les piliers de la nef centrale, du transept et de l'abside sont creusées trente-neuf niches, chacune contenant une statue de saint. La voûte est décorée des paroles (en grec ancien et en latin) que le Christ aurait adressé à saint Pierre et qui, selon les catholiques, fondent le pouvoir pontifical : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16:18).
Elle a pour dimensions extérieures 219 m de long pour 136 m de haut et pour dimensions intérieures 188 m de long, pour 154,60 m de large et 119 m de haut[48].
Façade

L'immense façade conçue par Carlo Maderno s'étend sur une longueur de 144 m sur 45 m de hauteur. Elle a été réalisée en travertin, avec des colonnes corinthiennes géantes et un fronton central qui émerge d'un attique surmonté de statues du Christ, de Jean-Baptiste (deux œuvres du sculpteur lorrain Siméon Drouin) et de onze des apôtres.
L'inscription énonce :
(HOC FACERE CURAVIT)
en français :
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Cloches

La basilique ne possède pas de clocher indépendant, les cloches sont placées dans une fenêtre ouverte au-dessous de l'horloge située à l'extrémité sud de la façade. La basilique Saint-Pierre possède six cloches de volée, trois seulement sont visibles depuis la place Saint-Pierre[N 6]. Ces cloches servent également de sonnerie pour l'horloge. Le bourdon a été fondu en 1785, pèse près de 9 tonnes et a un diamètre de 2,30 mètres.
Liste des cloches de la basilique par ordre décroissant du poids[50] :
- Il Campanone (bourdon)[N 7] : Mi2, fondue en 1785, masse : 8 950 kg, diamètre : 231,6 cm
- Il Campanoncino : Sib2, fondue en 1725, masse : 3 640 kg, diamètre : 177,2 cm
- Campana della Rota : Ré3, fondue au XIIIe siècle, masse : 1 815 kg, diamètre : 136,1 cm
- Campana della Predica[N 8] : Fa3, fondue en 1909[N 9], masse : 830 kg, diamètre : 108,5 cm
- Campane Ave Maria : Si3, fondue en 1932, masse : 250 kg, diamètre : 75 cm
- Campanella (benjamine) : Do4, fondue en 1825, masse : 235 kg, diamètre : 73 cm
Le plénum des six cloches n'est sonné que quelquefois dans l'année à l'occasion des grandes fêtes religieuses (Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption et Toussaint) ainsi que pour la fête de Saint Pierre, le .
Depuis le conclave de 2005, les cloches de Saint-Pierre ont un rôle essentiel : leur son est le signe de l'issue positive du conclave. Cette mesure a été mise en œuvre pour éliminer tout doute quant à la couleur de la fumée précédant l’annonce Habemus Papam[51]. Cette nécessité a encore été prouvée lors du conclave de 2013 : à 19 h 6, une fumée assez foncée sort abondamment de la cheminée, puis sa teinte oscille entre blanc et foncé, mais, après une quinzaine de secondes, les six cloches se mettent à sonner à toute volée, confirmant ainsi la fumée blanche, qui continuera à jaillir sept minutes durant[52].
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